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Bonjour, et merci, monsieur le président.
Je suis accompagné du sous-ministre, Neil Yeates; de Les Linklater, sous-ministre adjoint, Politiques; de Robert Orr, sous-ministre adjoint, Opérations; et d'Amipal Manchanda, qui est l'administrateur principal des finances à CIC.
Merci beaucoup, chers collègues.
Je crois que le budget des dépenses que vous avez devant vous est simple et explicite. Toutefois, je concentrerai mes remarques sur une question cruciale qui a été l'objet d'une étude par votre comité permanent, soit la question de l'arriéré. Nous avons fait des progrès considérables dans la réduction de l'arriéré.
Comme vous le savez, un des problèmes les plus frustrants que présente notre système d'immigration depuis de nombreuses années a été l'énorme arriéré, qui faisait état du caractère quelque peu dysfonctionnel de notre système. Vous savez aussi qu'il y a deux ou trois ans, notre arriéré global d'immigration a atteint un plafond. Celui-ci s'est maintenu pendant deux ou trois ans à environ un million de personnes qui attendent une réponse à leur demande, dans bien des cas depuis plus de sept ans, à l'échelle de toute une gamme de nos programmes. Nous avons adopté des mesures déterminées visant à réduire cet arriéré afin de transformer un système d'immigration lent et passif en un système rapide et souple, mieux adapté aux besoins de notre marché du travail et de notre économie, de sorte que nous puissions mieux utiliser l'immigration comme outil de croissance économique.
J'aimerais rappeler aux membres du comité que cet arriéré n'était pas, et n'a jamais été le résultat d'une inefficience opérationnelle. Quand j'entends des membres suggérer, même après avoir étudié la question du nombre de demandes et de l'arriéré pendant des mois, que si nous recrutions simplement davantage de personnel qui puisse délivrer plus de visas, comme si cela était une sorte de remède, je suis déçu. J'aurais pensé qu'après l'étude qu'a menée le comité, les membres auraient assurément compris qu'en réalité l'arriéré n'était pas une question de ressources opérationnelles.
En fait, les sept dernières années, le ministère a atteint ses cibles opérationnelles, et a admis le nombre de résidents permanents qui était prévu. L'arriéré est plutôt le résultat d'une stratégie qui nous a forcés à recevoir et, en bout de ligne, à traiter un nombre potentiellement illimité de demandes dans un monde où, bien sûr, nous limitons le nombre d'immigrants que nous admettons.
Par conséquent, tous les ans nous vendions, pour ainsi dire, plus de places qu'il n'y en a dans l'avion qu'est le Canada. Nous vendions plus de billets qu'il n'y a de sièges.
Je crois que la meilleure métaphore pour illustrer comment l'arriéré s'est constitué est celle d'une compagnie aérienne que serait Immigration Canada, une compagnie qui aurait une capacité, disons, de 255 000 sièges, mais qui vend, tous les ans, environ 400 000 billets. Nous aurions pu tripler les équipages. Nous aurions pu recruter plus de pilotes. Nous aurions pu recruter un plus grand nombre d'agents de bord ou de préposés aux points d'entrée, mais il n'y aurait toujours que 255 000 sièges dans l'avion. Le nombre de possibilités de résidence permanente demeure limité, d'après le plan d'immigration qui, lui, est fondé en partie sur la compréhension qu'a le gouvernement de ce que le public considère une limite pratique d'immigration.
Le problème fondamental n'était pas le nombre d'employés que nous avions pour l'exploitation de cet avion, parce que nous remplissions entièrement l'avion tous les ans, remplissions tous les sièges disponibles. Le problème se situait au niveau des 150 000 personnes à qui des billets étaient vendus et pour qui il n'y avait pas de sièges.
Voilà ce qui s'est produit pendant de nombreuses années. Il ne s'agissait pas d'inefficience opérationnelle de la part du ministère — quoique celui-ci bénéficierait d'une plus grande efficience, et la recherche toujours —, mais plutôt d'une mauvaise stratégie. Ce sont nous, les politiciens, qui en sont coupables. En réalité, je crois bien que l'erreur stratégique a son origine dans la LIPR, et les décisions judiciaires subséquentes n'ont pas aidé les choses.
Il faut toutefois féliciter le gouvernement précédent qui, après l'adoption de la LIPR, a tenté de prendre, pour le programme des travailleurs qualifiés du moins, des mesures qui visaient à réduire l'arriéré mais que les tribunaux ont rejetées.
Nous avons fini avec un arriéré d'un million de personnes. Vous pouvez le voir dans les diapositives.
Monsieur le président, c'est ce point que je veux réellement mettre en relief pour vous.
[Français]
Si nous n'avions pas agi, nous aurions pu avoir un arriéré total de 2,23 millions de personnes d'ici 2015. Cela veut dire qu'en deux ans, nous aurions un arriéré de 2,2 millions de personnes, avec des temps de traitement ridicules.
[Traduction]
C'est dans ce sens que nous nous dirigeons.
Certaines personnes, monsieur le président, prétendent que la solution à tout cela pourrait et devrait être d'augmenter tout simplement les niveaux d'immigration. Agrandissons l'avion. Achetons un autre avion. Ajoutons des sièges dans l'avion en augmentant les niveaux d'immigration. Cette solution simpliste a au moins l'avantage de régler le problème mathématique de l'arriéré, mais de façon tout à fait inadéquate.
Vous pouvez voir dans une de ces diapositives — je n'ai pas les numéros ici — que si nous avions augmenté les niveaux d'immigration à 1 p. 100 de la population, ce qui a été préconisé par certains partis politiques, c'est-à-dire augmenter les niveaux au point d'admettre 340 000 résidents permanents plutôt que, disons 260 000, et si nous avions fait cela sans limiter le nombre de nouvelles demandes et sans des mesures dynamiques visant à réduire l'arriéré, en 2015, cet arriéré se situerait à 1,28 million de personnes. L'arriéré aurait continué à grossir. Vous pourriez augmenter les niveaux de façon considérable, de 260 000 à 340 000, mais si vous ne limitez pas l'acceptation de nouvelles demandes, cet arriéré continuerait à grossir.
Voilà le défi.
[Français]
En effet, monsieur le président, en proposant une augmentation des niveaux de l'immigration, on pourrait difficilement résoudre le problème de la croissance des arriérés.
[Traduction]
Dans la diapositive suivante, vous voyez une réduction considérable de l'arriéré. Nous sommes passés d'un arriéré total à la fin de 2011 d'un peu plus d'un million à, le mois dernier, 616 000, soit une réduction de 40 p. 100, monsieur le président. Vous pouvez constater que le plus grand écart ici se situe au niveau des catégories de l'immigration économique, avec une réduction de 688 000 à 326 000, et dans les catégories du regroupement familial, de 238 000 à 202 000.
Je trouve intéressant, monsieur le président, qu'après toutes les critiques que le gouvernement a subies pour ses efforts robustes de réduction de l'arriéré pour que nous puissions avoir un système d'immigration efficace, on m'accuse d'être allé trop loin dans la réduction de l'arriéré pour les catégories de l'immigration économique. Maintenant, on me demande pourquoi j'ai négligé les catégories du regroupement familial, et pourquoi je n'ai pas été aussi agressif dans la réduction de leurs arriérés.
Je trouve cela plutôt ironique, car la critique légitime qui pourrait m'être adressée serait de n'avoir pas adopté des mesures fermes plus rapidement pour la réduction de l'arriéré. Mais soyons francs, chaque mesure que nous avons adoptée, qu'il s'agisse de limiter le nombre de nouvelles demandes, d'imposer des moratoires sur plusieurs programmes et, bien sûr, la décision législative de renvoyer les demandes de quelque 280 000 personnes qui se trouvaient dans la file d'attente du programme des travailleurs qualifiés, toutes ces mesures ont été contestées.
Quoi qu'il en soit, en dépit de cette opposition, nous constatons que des progrès considérables ont été accomplis. Je vais vous dire rapidement comment pour certains de ces progrès. Vous pouvez voir une fois de plus, dans la diapositive suivante, l'arriéré total des demandes d'immigration. Nous aurions été en voie d'arriver à un arriéré bien au-delà de deux millions de personnes si aucune mesure n'avait été prise, et ce qui aurait été hautement irresponsable. J'estime qu'à ce stade, les temps d'attente auraient dépassé 14 ans et, bien sûr, cet arriéré continuerait à croître infiniment.
Par contre, comme vous pouvez le voir, avec l'introduction du plan d'action visant à accélérer l'immigration à la fin de 2008, qui se résumait, essentiellement, à commencer à utiliser le nouvel outil que sont les instructions ministérielles pour limiter le nombre de nouvelles demandes, dans le cas du programme des travailleurs qualifiés, nous avons réussi à atteindre un plateau de croissance de l'arriéré. Ensuite, en 2011, vous pouvez voir les répercussions du moratoire sur les nouvelles demandes dans le cadre du programme d'immigration des investisseurs et du programme des entrepreneurs, le moratoire sur les nouvelles demandes dans le cadre du programme des travailleurs qualifiés du volet fédéral et de l'interruption pendant deux ans des demandes dans le cadre du programme des parents et grands-parents.
Enfin, vous pouvez voir les répercussions de la réduction législative des demandes pré-2008 des travailleurs qualifiés, ce qui nous a ramenés à 436 000. Vous avez ensuite une répartition des écarts par programme.
Passons très rapidement sur cette ventilation, en ce qui concerne le programme des travailleurs qualifiés, volet fédéral, si aucune mesure n'avait été prise, nous nous dirigions vers un arriéré de 1,58 million de personnes avec un temps d'attente de 15 ans à la fin de 2015. Vous pouvez constater que nous sommes, plutôt, à un niveau inférieur à 100 000. Nous avons un arriéré de 90 000 personnes avec un temps d'attente de 12 mois, ce qui avait été promis dans le cadre d'un système « juste à temps » qui ne met que des mois plutôt que des années à traiter les nouvelles demandes de travailleurs qualifiés, avec un inventaire de travail — autrement dit, un inventaire qui est inférieur au nombre annuel d'admissions projeté.
Dans le même ordre d'idées, du côté des parents et grands-parents, vous pouvez voir qu'au troisième trimestre de 2011, nous avons adopté le plan d'action pour accélérer le regroupement familial qui a contribué à réduire l'arriéré de 167 000 personnes avec huit ans d'attente au niveau actuel de 125 000 personnes avec cinq ans d'attente. Si nous poursuivons cette démarche stratégique dans le cadre de laquelle le niveau d'admission est plus élevé que jamais, admettant 25 000 parents et grands-parents par année — ce qui représente, soit dit en passant, une augmentation de 60 p. 100 de la moyenne d'admissions dans ce programme, à long terme — et si nous continuons à accepter un nombre limité de nouvelles demandes, nous serions en voie d'atteindre deux ans d'attente d'ici 2015.
Laissez-moi vous dire, monsieur le président, que si vous déposez une demande pour faire venir vos parents au Canada, un temps d'attente de deux ans est de loin plus attrayant qu'un temps d'attente de huit ans qui a le potentiel d'atteindre 15 ans, ce qui est là où nous en serions, disons-le franchement, si nous avions suivi le conseil de certains et nous étions abstenus de prendre toute mesure.
Les catégories de gens d'affaires, comme vous le voyez, portent essentiellement sur le programme des entrepreneurs et le programme des investisseurs. Là encore, l'arriéré avait culminé à 107 000 avec un temps d'attente de neuf ans — et cela, l'an dernier — et nous nous dirigions vers un arriéré de 250 000 avec un temps d'attente de 20 ans. Oui, vous m'avez bien entendu, 20 ans, mais grâce à la pause appliquée aux nouvelles demandes, nous nous dirigeons vers une réduction graduelle dans ce programme.
Le programme pour lequel nous n'avons pas encore pris de mesure est celui des aides familiaux résidants, ce qui est un point d'inquiétude que je vous signale, chers collègues. Nous avons actuellement un arriéré de 45 000 personnes qui sont dans la file d'attente des résidences permanentes. Il y a une attente de cinq ans qui, à mon avis, est inacceptable. De fait, cela ne révèle même pas la réalité, car il y a encore les aides familiaux qui sont présentement ici avec un statut temporaire et qui n'ont pas encore obtenu le statut de résident permanent. Si nous comptons ces deux catégories ensemble, nous arriverons à plus de 80 000 personnes et un inventaire d'environ 10 ans.
Nous avons aussi accompli des progrès considérables non pas en limitant le nombre de nouvelles demandes, mais par le truchement d'autres mesures comme l'adoption de la Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada. Cette loi, bien sûr, restreint l'accès au processus de demandes pour des considérations d'ordre humanitaire dans le cas des demandeurs d'asile déboutés, remplaçant ce processus efficacement par les appels complets fondés sur les faits devant la Section d'appel des réfugiés dans le cas de la grande majorité des demandeurs.
Nous avons aussi, comme vous le savez, mis une restriction sur les demandes pour raisons d'ordre humanitaire dans le cas de criminels graves comme les terroristes et les membres des réseaux de crime organisé. Grâce à ces mesures, vous pouvez constater que l'arriéré, qui se situait autour de 25 000, baissera à 2 000 ou 3 000. Autrement dit, nous traiterons ces demandes pour raisons d'ordre humanitaire très rapidement, plutôt que pendant 18 mois environ.
Enfin, j'ai d'excellentes nouvelles. Elles ne se trouvent pas dans ces tableaux, mais grâce à la Loi sur les mesures de réforme équitables concernant les réfugiés adoptée en décembre dernier, conjuguée aux ressources supplémentaires qui ont été accordées à la CISR et à l'ASFC pour le système des asiles, nous pouvons voir une réduction radicale de l'arriéré au niveau des demandeurs d'asile.
Il avait plafonné à 60 000 il y a 18 mois, au début de 2012. Il y a maintenant environ 28 000 demandeurs d'asile qui attendent leurs audiences. C'est une excellente nouvelle, parce qu'avec les résultats meilleurs que prévu de la Loi sur les mesures de réforme équitables concernant les réfugiés, avec une réduction de 65 p. 100 du nombre de nouvelles demandes, cela signifie que nous sommes encore plus en avance dans la réduction de l'arriéré. Si la tendance actuelle se maintient, nous atteindrons probablement une réserve courante de cas à traiter qui respectent les nouvelles normes de durée pour le nouveau système d'asile d'ici deux ou trois ans.
[Français]
Nous avons vu un progrès énorme dans presque tous les domaines de notre système d'immigration, en ce qui a trait à cette accélération. Ce n'est pas simplement une question de chiffres; il est question de vies et de personnes. Nous voulons donner accès au Canada à ceux qui sont qualifiés de façon raisonnable.
Je rappellerais à mes collègues que nous sommes en concurrence en ce qui concerne le talent des meilleurs immigrants potentiels qui peuvent nous aider à bâtir le Canada. La Nouvelle-Zélande ou l'Australie acceptent les immigrants qualifiés dans un délai de quelques mois. Nous ne pouvons pas faire face à cette concurrence avec un système selon lequel il nous faut plusieurs années pour en faire autant.
Par ailleurs, pour lier les immigrants économiques potentiels aux emplois disponibles dans notre économie, avec notre marché de la main-d'oeuvre, il faut avoir un système accéléré, rapide et souple. Nous sommes presque arrivés à avoir un tel système. Nous sommes dans une très bonne posture. Nous arriverons bientôt au nouveau système de déclaration d'intérêt, c'est-à-dire cette grande réforme du système d'immigration économique, que nous allons mettre en place d'ici la fin de 2014.
[Traduction]
J'ai l'intention de proposer aux autorités législatives des modifications législatives — dans le cadre de la seconde Loi d'exécution du budget, je l'espère, monsieur le président — pour le système de déclaration d'intérêt, au sujet duquel j'ai présenté un exposé au comité et qui, nous l'espérons, sera mis en oeuvre d'ici la fin de 2014. Ce système repose sur un système souple et rapide. Grâce aux progrès considérables que nous avons accomplis et continuerons d'accomplir dans la réduction de l'arriéré, ce nouveau système nous permettra fonctionner et de donner des résultats aux Canadiens.
[Français]
Je vous remercie de votre attention. Je suis disposé à répondre à vos questions.
:
Je comprends mal la position du parti dont vous parlez. Il critique le programme des travailleurs temporaires, l'accusant de déplacer des travailleurs canadiens, et pourtant il veut que toutes ces personnes restent de façon permanente sur le marché du travail canadien. Il me semble que le déplacement allégué serait encore plus important. Ça me semble plutôt évident. Je ne comprends tout simplement pas.
Par exemple, j'étais au Comité du patrimoine où les membres de l'opposition officielle réclamaient que nous accélérions l'accès à des travailleurs étrangers temporaires pour les fabricants de jeux vidéo. Je crois que, essentiellement, ils demandaient que nous les exemptions de l'exigence d'AMT. Ils critiquaient les freins et contrepoids du système dans la mesure où il s'applique à ce secteur particulier. Quand j'ai fait remarquer que les personnes de cette profession qui arrivent, étant donné qu'elles sont hautement qualifiées, pourraient probablement accéder à la résidence permanente par suite de notre réforme — comme l'introduction de la catégorie de l'expérience canadienne —, ils m'ont critiqué, disant que cela déplacerait des travailleurs canadiens. Je crois que leur position est d'être contre quoi que ce soit que le gouvernement propose, quelle que soit la stratégie.
Nous estimons qu'environ 40 000 personnes qui entrent ici au titre de permis de travail obtiennent en fin de compte la résidence permanente, ou RP. Cela comprendrait, essentiellement, tous les aides familiaux résidants qualifiés au titre du programme actuel. Cela comprendrait de nombreux travailleurs hautement spécialisés qui viennent au titre de permis de travail et qui, après 12 mois de travail spécialisé, peuvent obtenir la RP par le truchement de la catégorie de l'expérience canadienne. Mais cela inclurait aussi, plus particulièrement, les personnes qui obtiennent la RP par le truchement des programmes des candidats des provinces, généralement pour des emplois hautement ou moyennement spécialisés.
Dans l'Ouest, une des raisons pour lesquelles on a une hausse très importante des niveaux d'immigration est le fait que des gens arrivent généralement avec un permis de travail puis se voient offrir un emploi permanent, et même une résidence permanente, dans leurs provinces. Les voies d'accès sont nombreuses.
Je crois que nous avons ici un certain nombre de malentendus. Par exemple, les deux plus grandes cohortes se situent au niveau des programmes de mobilité des jeunes. Il s'agit du programme vacances-travail, qui émet quelque 60 000 visas par année. Ce sont des permis de travail ouverts délivrés à des jeunes de 18 à 35 ans, pour 12, ou à l'occasion 24 mois, venant de l'un des 16 pays avec lesquels nous avons des ententes réciproques.
Ces pays sont des pays développés. Ces personnes n'envisagent généralement pas de rester ici de façon permanente. Un jeune Australien ou Kiwi, ou une jeune Française qui vient avec un visa vacances-travail vient pour faire l'expérience du Canada et peut-être apprendre une autre langue, et pour travailler pendant quelques mois, généralement dans le secteur des services, pendant qu'ils sillonnent le Canada. S'ils obtiennent un emploi spécialisé de 12 mois et souhaitent rester de façon permanente, ils peuvent maintenant le faire, en principe, par le truchement de la CEC. Il est tout simplement ridicule de laisser entendre que toutes ces personnes sont en quelque sorte des travailleurs temporaires vulnérables qui sont exploités, travaillent sous la main de fer d'employeurs terribles et souhaitent désespérément rester de façon permanente.
De même, l'autre gros élément du programme est le programme des travailleurs agricoles saisonniers. Celui-ci représente 34 p. 100 des entrées au titre des avis relatifs au marché du travail pour le programme des TET, avec quelque 24 000 visas émis par année.
Soyons clairs. Si nous devions mettre fin au programme des travailleurs agricoles saisonniers — je n'en suis pas sûr, mais je pense que l'opposition demande l'annulation du programme —, nous fermerions d'immenses éléments de l'industrie agricole canadienne. Si vous êtes intéressé, je vous invite à entendre comme témoin des représentants des cultivateurs de raisins de l'Ontario, des exploitants de vergers de l'Okanagan, des producteurs serricoles du Québec ou des cultivateurs d'arbres de Noël de la vallée de l'Annapolis. Ils vous diront tous qu'il leur est virtuellement impossible d'engager des Canadiens pour faire ce travail, mais que le programme des travailleurs agricoles saisonniers fonctionne extrêmement bien.
Là encore, ce programme est fondé sur des ententes réciproques que le Canada a avec de nombreux pays, généralement de l'Amérique centrale et des Caraïbes. Ces pays qualifient préalablement les travailleurs et les informent de leurs droits. Ces gouvernements étrangers assurent l'intégrité du programme.
Ces travailleurs viennent ici pendant quelques mois et gagnent considérablement plus qu'ils ne le feraient dans leurs pays. Ils épargnent de l'argent, puis retournent chez eux l'hiver avec d'énormes économies qui peuvent les aider à bâtir des maisons ou à lancer de petites entreprises. Bon nombre des participants sont tellement satisfaits du programme des travailleurs agricoles saisonniers qu'ils y participent d'année en année. Ce ne sont pas des personnes qui demandent une résidence permanente ou viennent ici en s'y attendant, et sans elles notre industrie de l'agriculture serait gravement perturbée.
C'est très beau de vanter ce programme, mais quand on l'examine de près et regarde ses divers éléments... Oui, il y a des problèmes qui doivent être réglés, mais nous devons aussi reconnaître que de nombreux éléments du programme sont essentiels pour l'économie canadienne, et les participants ne cherchent pas à obtenir la RP.
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Je l'apprécie, car c'est la première fois en mes 16 ans ici que je vois un membre ne pas permettre la réponse à une question lors du témoignage d'un ministre. J'apprécie donc cette possibilité.
Tout d'abord, M. Lamoureux a laissé entendre que toute la réduction de l'arriéré était fonction de l'élimination législative de 100 000 dossiers dans la loi d'exécution du budget. En fait, comme vous pouvez le constater, l'arriéré est passé de plus d'un million à un peu plus de 600 000, une réduction de 400 000.
Environ 280 000 de ces personnes — et non pas 400 000 — ont été touchées par la réduction imposée par la loi à l'arriéré de travailleurs qualifiés du volet fédéral l'an dernier. Le reste a été fonction de pauses ou de limites imposées aux nouvelles demandes qui ont été contestées par le parti de M. Lamoureux, et par une augmentation des admissions.
Le nombre moyen de résidents permanents admis entre 1994 et 2005 — autrement dit, pendant le mandat du gouvernement précédent — était de 222 000. Le nombre moyen de résidents permanents admis entre 2006 et 2012 a été de 256 000. Cela représente une augmentation de 14 p. 100 du nombre total d'admissions, ce qui a aidé modestement à la réduction du nombre des demandes non traitées, mais a été surtout...
Mais voici la chose. Si aucune de ces mesures n'avait été prise, nous serions sur la voie, comme je l'ai déjà signalé, d'un arriéré total de plus de deux millions.
Si M. Lamoureux a une autre occasion de s'adresser à ce comité, je lui demanderais d'expliquer ce qu'il aurait fait, lui, pour éviter que le système actuel n'accumule un arriéré de deux millions.
Je lui signale aussi que le gouvernement libéral précédent, quand occupait mon poste, a tenté d'éliminer des centaines de milliers de demandes en arriéré dans le programme des travailleurs qualifiés en essayant en 2003 d'appliquer rétroactivement les nouveaux critères de sélection du programme des travailleurs qualifiés.
Ainsi donc, le gouvernement libéral a essayé, dans les mots de M. Lamoureux, de « supprimer » des centaines de milliers de demandes dans cet arriéré. Oh, il a essayé. C'est remarquable qu'il ne sache même pas ce que le gouvernement libéral a essayé de faire. Mais, monsieur le président, la différence se situe dans le fait qu'il a été incompétent dans sa tentative, car la Cour fédérale a déclaré que l'application rétroactive de ces règles était illégale.
Cependant, je signale au comité que la Cour fédérale a répondu à la demande d'un examen judiciaire de notre réduction législative de l'arriéré il y a tout juste deux semaines en confirmant sa légalité, que c'est une application légitime de la loi. Nous avons donc fait avec succès et compétence ce que le gouvernement de M. Lamoureux a tenté de faire de façon incompétente, et en vain.
Je signale aussi qu'il a parlé du programme des parents et grands-parents. Il n'aime pas la pause temporaire de deux ans. Il n'a pas mentionné l'augmentation de 60 p. 100 des admissions dans ce programme. Il n'a pas mentionné le super visa, qui est une excellente solution dont 16 000 personnes se sont prévalues jusqu'à présent.
Là encore, je le défie de nous dire ce que le Parti libéral aurait fait du programme des parents et grands-parents, car sans la pause temporaire des demandes, nous serions sur la voie d'un arriéré estimatif de 251 000 personnes dans ce programme d'ici la fin de 2015, et ce avec une attente de 15 ans.
Le président: Nous devons avancer.