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Bonjour tout le monde. Nous entamons la 9
e séance du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration en ce mardi 15 novembre 2011.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions les retards dans le traitement des demandes d'immigration à la lumière du Plan d'action pour accélérer l'immigration.
Ce matin, nous accueillerons trois témoins de nos missions à l'étranger. D'abord, Sharon Chomyn, directrice générale, région internationale, qui est à Ottawa. Je crois comprendre qu'elle va nous présenter les autres témoins dont l'un va nous parler depuis l'Inde, un autre depuis le Pakistan et le dernier depuis les Philippines.
Chacun des trois intervenants disposera de huit minutes pour une déclaration d'ouverture après quoi nous passerons aux questions des membres du comité. Vous pourrez bien évidemment prendre la parole, madame Chomyn, si le coeur vous en dit, mais vous devrez le faire dans la limite du temps que j'ai indiquée.
Bienvenue à notre comité, madame Chomyn. Vous allez donc nous aider dans cette étude des retards dans le traitement des demandes d'immigration et je vous demande de bien vouloir nous présenter vos collègues.
Merci de nous avoir invités. Pour ce qui est du Plan d'action visant à accélérer l'immigration, je me propose de vous parler des répercussions de ce plan sur notre réseau à l'étranger.
Permettez-moi d'abord de vous présenter quelques chiffres sur la réalisation du plan d'immigration de cette année, chiffres qui ont été déposés au Parlement l'automne dernier. Comme vous le savez sans doute, notre réseau à l'étranger contribue à 85 p. 100 des admissions par la délivrance de visas dans les trois grandes catégories de résidents permanents, soit l'immigration économique, le regroupement familial et les personnes protégées. À la fin du mois d'octobre, nous étions sur la bonne voie ayant atteint 83 p. 100 de notre cible. À la fin de décembre, nous devions être à un ou deux points de pourcentage du niveau de délivrance de visas que nous avions fixé.
En ce qui concerne le Plan d'action pour accélérer l'immigration, je souhaite aborder deux questions: l'établissement de priorités en matière de traitement et les possibilités liées à la modernisation.
D'abord, l'établissement de priorités en matière de traitement.
[Français]
les cibles ou objectifs de délivrance de visas sont assignés aux missions et modifiés pendant l'année en fonction des niveaux annuels présentés au Parlement, du nombre prévu de nouvelles demandes, du nombre de cas à traiter, des ressources disponibles dans les missions, des normes de service, du nombre prévu de demandes de résidence temporaire ainsi que de la stabilité politique et des désastres naturels à l'étranger.
[Traduction]
Il y a à peine quelques années, le traitement des priorités pour les missions se traduisait encore généralement par les priorités liées au regroupement familial — c'est-à-dire les époux et les enfants à charge — et aux personnes protégées. Les priorités relatives aux travailleurs qualifiés, à l'échelon fédéral, et aux autres catégories des courants économiques, sont traitées selon le principe de la première entrée, première sortie. Depuis la mise en place du Plan d'action pour accélérer l'immigration, le traitement des priorités se fait également dans les catégorie des travailleurs qualifiés à l'échelon fédéral.
Comme vous le savez, les instructions ministérielles visent à réduire l'arriéré et les cas à traiter, à diminuer les délais de traitement et à répondre ponctuellement aux besoins du marché du travail.
Outre qu'elles doivent respecter les priorités établies pour les résidents permanents, les missions doivent traiter, par ordre de priorité, les demandes de résidence temporaire comme les demandes de visiteurs d'affaires, de touristes, de travailleurs temporaires et d'étudiants. Non seulement les missions doivent relever le défi que représente la gestion simultanée de nombreuses priorités, mais elles doivent également prendre d'autres mesures d'adaptation pour les afflux saisonniers et les changements de personnel qui se produisent généralement durant les mois d'été.
[Français]
Il ne faut pas oublier les nouvelles politiques ou les nouveaux programmes qui s'ajoutent en cours de route. Vous vous souviendrez des annonces de notre ministre, il y a quelques semaines, à propos de son plan d'action pour accélérer la réunification familiale. Notre ministère n'acceptera pas de nouvelles demandes de parents et grands-parents pendant deux ans, mais notre réseau devra émettre un plus grand nombre de visas pour réduire plus rapidement l'inventaire dans cette catégorie.
[Traduction]
Pour ce qui est des possibilités, l'imposition de plafonds sur les nouvelles demandes présentées pour les travailleurs qualifiés à l'échelon fédéral nous permettra d'avoir au bout du compte des cas plus faciles à gérer dans l'ensemble et de disposer de meilleurs délais de traitement.
En outre, dans le contexte des demandes toujours croissantes à l'égard de nos services et de la restriction des ressources, nous tenons compte de l'efficacité et de l'amélioration du service par la modernisation. L'application du Système mondial de gestion des cas, que nous appelons SMGC, parallèlement à des initiatives de simplification comme le recours aux services des centres de réception des demandes de visa, la rationalisation de nos formulaires de demande et l'utilisation d'un code à barres 2D pour les demandes, nous permet de travailler plus efficacement. Il nous sera alors plus facile de diminuer les délais de traitement ce qui, en soi, est une bonne nouvelle pour nos clients.
Je vais maintenant céder la parole à mes collègues de New Delhi. M. Frank se trouve actuellement à Islamabad en visite dans cette région. Mme Zadravetz est à Chandigarh et Kent Francis est à Manille. Ils vont vous présenter leur point de vue sur la gestion du plan d'action.
Merci.
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Je vais terminer en français.
[Français]
Deux centres de demande de visa, l'un situé à Chandigarh et l'autre à Jalandhar, facilitent le traitement des demandes de résidence temporaire. La vaste majorité des demandeurs décident de s'adresser à ces centres.
[Traduction]
Le bureau des visas de Chandigarh a ouvert ses portes en 2004. Cinq agents canadiens y travaillent actuellement et on y retrouve 18 employés recrutés sur place qui sont remplacés pendant l'été par des agents canadiens en affectation temporaire.
Nos programmes de permis de séjour, d'études et de travail ont connu une croissance rapide depuis l'ouverture du bureau; en fait, le nombre total de demandes a doublé depuis 2004. En 2010, nous avons reçu près de 35 000 demandes dont 20 000 de permis de séjour, près de 13 000 de permis d'études et plus de 1 000 de permis de travail. En outre, plus de 1 000 demandes ont été faites pour des titres de voyage pour des résidents permanents.
La période de pointe des demandes de permis de séjour se produit à l'été et coïncide avec celle des demandes de permis d'études en vue du trimestre de septembre et avec celle des demandes du programme de Kabbadi. D'une part, malgré l'affectation temporaire d'agents au cours de l'été, il est difficile pour le bureau de Chandigarh de gérer des volumes élevés de demandes pendant cette période. D'autre part, le bureau de Chandigarh délivre maintenant un nombre de plus en plus élevé de visas à long terme pour entrées multiples à des visiteurs réguliers, ce qui sera plus pratique pour les clients et allégera le fardeau du traitement pour le bureau de Chandigarh.
Les programmes de Kabbadi et des travailleurs religieux, qui sont importants pour la communauté pendjabi canadienne, nécessitent plus de mesures de traitement et un contrôle accru, ce qui requiert plus de ressources. En 2011, nous avons reçu environ 1 600 demandes de travailleurs religieux. Le nombre de demandes du programme de Kabbadi a été supérieur à 800 en 2011, ce qui représente le double par rapport à 2010 et qui est quatre fois plus élevé qu'en 2008 et en 2009. Nous collaborons avec les représentants des gurdwaras et des centres sportifs à l'amélioration du processus, mais il y a encore certains problèmes à régler.
Afin d'améliorer l'efficacité de nos activités et de diminuer les délais de traitement, nous recherchons constamment des façons de simplifier le traitement. Par contre, nous travaillons dans un milieu à risque élevé où la fraude est endémique. D'ailleurs, nous constatons de nombreux cas confirmés et présumés de fraude, peu importe le secteur d'activité, c'est-à-dire qu'il s'agisse de permis de séjour, d'études ou de travail. Nous devons en tenir compte dans nos mesures de gestion du risque afin de protéger l'intégrité de nos programmes.
Malgré la croissance économique qui se produit en Inde, il existe de solides facteurs d'incitation dans l'État du Punjab. Des consultants sans scrupules sont actifs sur ce plan et amènent des gens à présenter une demande à l'aide de documents frauduleux; c'est ainsi qu'ils les dupent. De faux « agents de visa » ont même visité des villages en se prétendant des employés du consulat. Heureusement, les autorités chargées de l'application des lois dans l'État du Punjab sont de plus en plus actives dans la prise de mesures de lutte antifraude et quelques consultants ont récemment été arrêtés.
Je dois préciser que le taux moyen d'approbation des demandes de visa de résident temporaire au bureau de Chandigarh augmente lentement et se chiffre actuellement à environ 50 p. 100.
Je vous ai présenté un tour d'horizon rapide des activités du bureau de Chandigarh. Je serai heureuse de répondre à toutes vos questions.
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Merveilleux. Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le comité de m'avoir invité à prendre la parole. Je m'appelle Sidney Frank, je suis gestionnaire du programme d'immigration au bureau des visas de New Delhi et directeur de zone pour l'Asie du Sud.
J'aimerais vous donner un bref aperçu des activités du bureau des visas de New Delhi, en mettant l'accent sur les sujets qui, je crois, vous intéresseront le plus.
[Français]
Le bureau de New Delhi est le bureau des visas canadiens le plus important. Il compte plus de 150 employés. Nous sommes responsables de l'exécution du programme d'immigration en Inde, au Népal et au Bhoutan. Un bureau satellite situé à Chandigarh traite les demandes de résidence temporaire qui viennent principalement des États du Panjab et de l'Haryana.
Nous exploitons un réseau de centres de demandes de visa dans neuf grandes villes indiennes et au Népal afin de faciliter le traitement des demandes de visiteurs, de touristes, de gens d'affaires, d'étudiants ainsi que de travailleurs temporaires.
[Traduction]
Je suis convaincu que vous savez que, malgré le ralentissement économique qui sévit actuellement à l'échelle de la planète, l'économie de l'Inde poursuit sa croissance rapide. Par conséquent, nos programmes de permis de séjour, d'études et de travail ont connu une croissance très rapide au cours de la dernière décennie; en fait, ils ont à peu près triplé. Cette tendance s'est maintenue en 2010, puisque nous avons constaté une augmentation d'environ 20 p. 100 par rapport aux volumes de 2009.
Le bureau de New Delhi a évalué plus de 96 000 demandes de résidence temporaire en 2010 et il reçoit plus de 1 500 passeports par jour en période de pointe. Cela ne nous empêche pas d'appliquer constamment nos normes de traitement pour tous les secteurs d'activité liés aux résidents temporaires.
Il faut dire qu'une proportion importante de la population indienne n'a pas profité de la croissance économique. Il existe donc encore de solides facteurs d'incitation à la migration. Par ailleurs, la fraude et les fausses déclarations sont fréquentes. Malgré les niveaux élevés de fraude, nous approuvons environ 75 p. 100 des demandes de visa de résident temporaire que nous recevons.
Nous avons aussi mis au point plusieurs programmes novateurs dans le cadre desquels nous collaborons étroitement avec des intervenants à la facilitation des déplacements des voyageurs qui posent le plus de risques. Par exemple, notre programme prioritaire pour gens d'affaires, qui est le fruit d'une collaboration avec 55 grandes entreprises de bonne réputation qui font régulièrement des affaires au Canada, offre des documents simplifiés, assure un traitement dans un délai de 24 à 48 heures et a un taux d'approbation de plus de 98 p. 100.
Notre programme des partenaires étudiants, lancé en 2009 et auquel participent maintenant 43 collèges communautaires, a permis d'accroître le taux d'approbation et de quadrupler le volume des demandes, tout en gérant le risque grâce à des exigences plus strictes quant aux documents et à la confirmation de l'inscription aux programmes d'études.
Dans chacun des secteurs d'activité liés aux résidents temporaires, les délais de traitement diminuent. Par exemple, dans le cas des demandes de visa de visiteur, 92 p. 100 sont traitées dans un délai d'une semaine et un nombre sans cesse croissant le sont dans un délai de deux jours.
L'Inde vient au deuxième rang des pays d'origine des résidents permanents du Canada. Le bureau de New Delhi a délivré plus de 25 000 demandes de visa de résident permanent l'an dernier.
New Delhi est le bureau qui a, de loin, été le plus important programme relatif à la catégorie du regroupement familial au Canada et c'est également ce bureau qui traite le plus grand nombre de demandes de la catégorie économique. Le bureau de New Delhi délivre 20 p. 100 de tous les visas d'immigrants membres de la catégorie du regroupement familial qui sont délivrés chaque année dans le monde.
Dans notre catégorie prioritaire — celle des époux et des enfants à charge —, nous traitons 80 p. 100 des cas à l'intérieur de six mois, le délai de traitement médian étant de trois mois. Les mariages de complaisance sont courants, mais la vaste majorité des mariages sont authentiques. En fait, 82 p. 100 des demandes sont approuvées dans le cadre du processus normal.
Dans la catégorie des parents et des grands-parents, le traitement est géré à l'échelle mondiale. Nous traitons suffisamment de cas chaque année pour réaliser l'objectif attribué au bureau. Le délai de traitement actuel est de 31 mois, ce qui n'inclut pas le délai de traitement des demandes de parrainage au Centre de traitement des demandes de Mississauga.
En ce qui concerne les parents et les grands-parents parrainés, la principale difficulté concerne les fausses déclarations à l'égard des enfants à charge. Beaucoup de familles fournissent des documents frauduleux qui indiquent que leurs enfants étudient à plein temps ou encore ajoutent des enfants avec lesquels elles n'ont pas de lien à leurs dossiers. Comme les demandeurs sont en général âgés, le traitement des cas est aussi souvent retardé par la présence de problèmes de santé complexes.
C'est le bureau de New Delhi qui a reçu le plus grand nombre de demandes de travailleurs qualifiés avant la publication des instructions ministérielles à la suite de l'adoption du projet de loi . On a réalisé des progrès importants en 2008-2009 pour ce qui est de la réduction du nombre de demandes à traiter, qui est passé de plus de 140 000 avant 2008 à 119 500 à l'heure actuelle, soit une diminution de 15 p. 100. Le délai de traitement de ces demandes continue de s'allonger et il était de 79 mois en 2010.
En raison de la quantité de nouveaux cas soumis dans le cadre des instructions ministérielles, nous n'avons pas traité, en 2010, beaucoup de cas qui se trouvaient en arriéré. En ce moment, nous consacrons toutes les ressources disponibles au traitement rapide des nouvelles demandes reçues dans le cadre de la deuxième série et de la troisième série d'instructions ministérielles. En 2010, nous avons traité 80 p. 100 des cas dans un délai de 10 mois.
Le bureau de New Delhi a délivré plus de 11 900 visas de travailleur qualifié en 2010, soit une augmentation de 8 400 par rapport à 2009.
Je voudrais également mentionner que l'Inde est en train de devenir rapidement l'un des principaux pays sources des programmes des candidats des provinces. Ce n'était qu'un petit programme en Inde jusqu'à tout récemment, mais il a presque triplé pendant la période de 2008 à 2010.
Le volet fédéral du programme des investisseurs était auparavant très petit au bureau de New Delhi et il n'y a eu que quelques demandes avant 2007. Le nombre de demandes a toutefois explosé au cours des deux dernières années. En 2010, nous avons traité 80 p. 100 des cas dans un délai de 28 mois.
Je tiens à vous assurer que les membres de l'équipe en Inde se vouent au traitement rapide de tous les types de cas et qu'ils travaillent avec ardeur à la promotion des intérêts du Canada en Inde.
Je serai heureux de répondre aux questions éventuelles du comité.
Merci.
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Je m'appelle Kent Francis et je suis gestionnaire intérimaire du programme d'immigration à Manille.
Je crois comprendre que le comité étudie actuellement l'arriéré des demandes d'immigration compte tenu du plan d'action pour accélérer l'immigration. Je vais donc vous renseigner à ce sujet dans le contexte des activités du bureau de Manille.
[Français]
Manille est un centre important, à la fois pour la migration permanente et la migration temporaire. Dix-sept agents canadiens travaillent actuellement au bureau des visas de Manille, dont un médecin et un agent d'intégrité des mouvements migratoires. On y trouve également 77 employés recrutés sur place. Ce bureau couvre un vaste territoire des îles du Pacifique. Cependant, en pratique, la grande majorité des demandes que nous recevons viennent des Philippines.
[Traduction]
Pour vous donner une idée de la taille de notre programme et vous mettre en contexte sur le plan de la migration temporaire, nous recevons quelque 30 000 demandes de visa de résident temporaire par année. Nous recevons aussi chaque année un grand nombre de demandes de travailleurs étrangers temporaires, nombre qui tend à fluctuer en fonction de la santé du marché du travail canadien. Par exemple, en 2008, le bureau des visas de Manille a reçu tout près de 29 000 demandes de travailleurs étrangers temporaires, mais ce nombre a fléchi de moitié l'année suivante et encore plus en 2010. La baisse de 2009-2010 nous a permis de réduire considérablement l'accumulation des cas et les délais de traitement.
Par ailleurs, nous disposons d'un programme appréciable d'aides familiaux résidants et faisons des percées importantes pour réduire les cas accumulés et les délais de traitement dans cette catégorie.
En ce qui concerne la migration permanente, nous avons délivré plus de 27 000 visas de résident permanent l'année dernière et nous en délivrons de 25 000 à 26 000 cette année. Il convient de mentionner la hausse importante du programme des candidats des provinces à Manille au cours des dernières années. Près de 10 000 visas ont été délivrés dans cette catégorie en 2010. En 2011, nous aurons délivré plus de 10 000 visas, dont la grande majorité aura été traitée en moins d'un an.
On retrouve également à Manille un volet important du Programme des travailleurs qualifiés à l'échelon fédéral. Nous avons pu traiter la majorité des demandes de travailleurs qualifiés que nous avons reçues après juillet 2010, ceux qu'on appelle les cas visés par le deuxième ensemble d'instructions ministérielles, ou IM-2, du projet de loi C-50. Enfin, nous n'avons traité que quelques cas préalables au projet de loi C-50 dans le cadre du Programme des travailleurs qualifiés à l'échelon fédéral. L'accumulation de cas demeure importante, mais nous tentons de la réduire.
Les programmes économiques pour les immigrants, qui touchent notamment les candidats des provinces et les travailleurs qualifiés à l'échelon fédéral, nous permettront de délivrer cette année environ 15 000 visas de résident permanent. Les autres visas seront délivrés à des personnes à charge d'aides familiaux résidants et à des membres de la catégorie du regroupement familial.
À Manille, un nombre élevé et sans cesse croissant de demandes touchent des membres de la famille à charge d'aides familiaux résidants au Canada. Pour la deuxième année consécutive, nous avons délivré 6 000 visas à des personnes de cette catégorie et c'est ce qui se produira de nouveau cette année. Dans la catégorie du regroupement familial, nous avons délivré plus de 4 000 visas en 2010 et le délai de traitement des cas prioritaires — conjoints, partenaires et enfants — respectera de nouveau les normes de service ministérielles.
Quand nous sommes passés du système STIDI au SMGC pour le traitement des cas, nous avons examiné chaque étape afin de déterminer comment nous pourrions nous y prendre pour réduire les délais et éliminer des étapes pour certains cas à faible risque. Nous avons apporté des changements qui permettront de traiter certains cas en quelques mois. Nous en avons également profité pour régler les cas les plus anciens. Pour les parents, les grands-parents et d'autres membres de la famille de la catégorie du regroupement familial, nous nous attendons à délivrer plus de 900 visas cette année, mais l'accumulation de cas se maintiendra et le délai de traitement est d'environ deux ans et demi. Nous continuons de connaître les inconvénients que cela peut causer et nous faisons preuve de souplesse pour délivrer des visas de visiteur aux parents et aux grands-parents qui attendent le règlement de leurs demandes d'immigration.
Il y a bien des cas de fraude dans le cas du programme d'immigration à Manille, mais ils ne sont pas aussi répandus que dans d'autres programmes. Cela n'empêche pas le bureau de Manille de réaliser des exercices d'assurance de la qualité et de lutte antifraude dans le but de détecter les cas de fraude et de réduire le risque. Il y a toutefois des défis propres à Manille, notamment le fait que la communication à l'extérieur des grands centres urbains n'est pas toujours fiable. Cela s'applique particulièrement au service postal dans les régions rurales. D'autres facteurs aident le bureau de Manille à traiter les demandes rapidement, y compris le fait que la majorité de nos demandeurs viennent des Philippines et qu'ils peuvent se rendre assez facilement à Manille pour une entrevue, s'il le faut.
En terminant, monsieur le président, je tiens à dire que le bureau de Manille est en bonne voie de respecter ses engagements encore une fois cette année et de réduire davantage les délais de traitement dans les principales catégories. Cependant, dans un programme aussi vaste que celui du bureau de Manille, nous devons tenir compte des importantes fluctuations qui se produisent dans certaines catégories et de l'aide que nous apportons à d'autres missions dans la région. Nous devons aussi toujours être prêts à établir des priorités et à réaffecter les ressources selon les besoins, et à revoir constamment nos procédures internes pour les rendre plus efficaces et pour fournir un meilleur service à nos clients. C'est d'ailleurs ce que nous faisons.
Par exemple, à l'échelle locale, nous sommes en train d'apporter plusieurs changements, comme la mise en oeuvre du Système mondial de gestion des cas et d'une suite électronique de services qui commencent à avoir d'intéressantes répercussions sur notre travail.
Le bureau de Manille exploite le SMGC depuis maintenant un an et nous constatons déjà des améliorations dans le traitement, la redistribution du travail et le suivi des cas. Nous exploitons ces capacités afin de mieux gérer nos cas de résidents permanents par catégorie d'immigrants et étape de traitement.
Nous avons appris ces techniques, nous les avons développées et les partageons avec d'autres bureaux au moyen du Wiki de CIC et nous avons également bénéficié des leçons apprises et des meilleures pratiques d'autres bureaux, comme celui de New Delhi.
Merci.
Une des façons de compter les fraudes, consiste à tenir compte du nombre de candidats que nous jugeons inadmissibles en raison de fraudes confirmées. Ils sont inadmissibles pendant deux ans en raison de la fraude qu'ils ont commise.
L'année dernière, nous avons eu 654 demandes où nous avons découvert une fraude vérifiée. Nous donnons aux demandeurs la possibilité de se justifier. S'ils répondent, nous évaluons leurs réponses et prenons une décision. C'est un long processus, surtout quand nous leur donnons le temps de répondre. Nous leur accordons 30 jours.
Nous procédons ainsi, mais pas dans tous les cas. Si nous trouvons des documents très suspects et s'il existe d'autres raisons qui nous mènent à la conclusion que le demandeur ne répond pas à nos exigences ou qu'il n'est pas admissible, nous pouvons tout simplement rejeter sa demande.
Nous n'avons pas de données complètes quant au nombre de cas. Le chiffre de 654 est ferme, mais je dois dire que nous avons découvert des fraudes dans un certain nombre d'autres cas sans pour autant passer par tout ce processus pour déclarer la personne non admissible.
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Vous devez m'excuser. Je n'ai que cinq minutes, je vais donc tenter d'aborder trois points et je vous demanderai ensuite d'essayer, entre nous quatre, de nous limiter à cinq minutes.
Premièrement, en ce qui concerne le super visa et le visa pluriannuel, je pense qu'il est important de savoir que de nombreuses personnes aux Philippines et en Inde craignent que, s'ils ont un fils ou une fille au Canada, ils risquent fort de ne pas se voir accorder le visa nécessaire. Par conséquent, ils se disent qu'il ne vaut pas la peine de demander un visa pluriannuel pour la simple raison qu'ils ont plus de chance d'être approuvés pour un visa d'un an ou de six mois.
J'aimerais que nos ambassades règlent ce problème. Elles doivent essayer de rendre ces visas plus accessibles. C'est ce que commence à dire mon critique du NPD. C'est une chose de les avoir, c'en est une autre de les rendre accessibles. J'insiste en particulier sur les visas de cinq ans et les visas multiples. Les témoins peuvent répondre à ce sujet, en particulier ceux des Philippines et de Chandigarh.
Monsieur Francis, vous avez parlé des étudiants qui ne sont plus des personnes à charge. En raison des délais de traitement, nous avons des demandeurs dans la catégorie des parents et des grands-parents qui, au départ, avaient une personne à charge, mais qui n'en ont plus ensuite parce que le traitement de leur cas dure six ans. Ce ne sont plus alors des personnes à charge. Le nombre d'étudiants diminue donc avec le temps. Avez-vous des statistiques sur le nombre d'étudiants qui sont perdus en raison des délais de traitement? Si vous n'avez pas cette réponse, vous pourriez la faire parvenir à la greffière plus tard.
Je voulais également mentionner que les représentants de l'Inde et des Philippines ont parlé du programme des candidats des provinces. L'Inde a dit que leur nombre avait quadruplé je crois, quadruplé ou triplé. Il y a eu des augmentations massives dans les deux pays. Je pense que nous allons avoir des temps de traitement encore plus longs ou bien nous aurons de nouveaux arriérés dans le cadre du programme des candidats des provinces. J'aimerais que vous me répondiez là-dessus.
Voilà pour moi. Veuillez essayer d'être le plus bref possible sur les trois points.
Nous pourrions peut-être commencer par Manille.
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Merci. C'est un plaisir et un honneur d'être ici.
L'an dernier, j'ai sillonné le Canada pour parler individuellement à un millier d'immigrants qui m'ont raconté leurs histoires et leurs difficultés. En réalité, les immigrants ne réussissent pas selon leurs capacités. Pourtant, nous sommes toujours un pays de choix pour eux, ce qui conduit naturellement aux longues listes d'attente dont nous allons parler ici aujourd'hui. Comme le ministre Kenney l'a fait remarquer avec justesse, la principale raison pour laquelle il y a des listes d'attente, c'est que nous recevons plus de demandes que ce que nous pouvons en traiter. Selon moi, la solution n'est pas d'augmenter le nombre d'approbations, mais de réduire les demandes en renforçant certains critères importants. Nous serons ainsi certains d'attirer les immigrants les mieux adaptés qui, de ce fait, s'installeront plus rapidement.
Avant de modifier ces critères, nous devons examiner et évaluer toutes les demandes de plus d'un an et éventuellement recommencer depuis le début. Les immigrants figurant sur la liste d'attente attendent leur visa depuis des années et nombreux sont ceux qui ont plus de 50 ans. Il n'est déjà pas facile pour un Canadien de 50 ans d'obtenir un emploi, alors imaginez les difficultés d'un nouvel arrivant qui ne parle pas bien notre langue et ne possède pas les titres de compétence voulus.
Je ne l'aurais jamais dit dans une perspective humanitaire, mais en juin dernier, en raison des changements apportés aux instructions, 80 p. 100 des quotas d'immigration annuels sont réservés à ceux qui font partie de l'arriéré. C'est très bien pour résorber l'arriéré, mais le problème, c'est que celui qui a fait une demande lorsqu'il avait 42 ans et était banquier dans son pays a maintenant 56 ans et a du mal à s'en sortir à Mississauga. Il s'agit d'un exemple réel d'un nouvel immigrant qui était vice-président d'une banque dans son pays.
Les personnes choisies en priorité sont celles qui appartiennent au 29 catégories professionnelles, jusqu'à concurrence de 500 par catégorie sur la base du premier arrivé, premier servi, avec un plafond fixé à 10 000. Nous n'avons pas de nouvelles demandes en dehors de ces 29 catégories. À première vue, cette liste des professions contient essentiellement des professionnels agréés dans les soins de santé et les métiers ou des cuisiniers et des journaliers. Où sont les vendeurs? Où sont les spécialistes des RH et les autres professionnels non agréés qui ont des compétences générales et qui ne connaissent pas les problèmes d'équivalence de titres de compétences faisant obstacle à la réussite?
Cette liste a été créée à partir des recherches menées sur les besoins en main-d'oeuvre au Canada, mais sans tenir compte des obstacles que sont les agréments et les titres de compétences auxquels sont confrontés de nombreuses professions. Par exemple, les médecins spécialistes, les dentistes, les psychologues et les électriciens sont acceptés au Canada parce que leur profession figure sur la liste. J'estime que cette liste et d'autres exigences d'immigration condamnent les immigrants à l'échec.
Nous devrions commencer à prendre de nouvelles demandes, mais en insistant davantage sur l'âge et la langue. Je vais y revenir. Cela dit, le premier critère qui doit être modifié est celui de l'âge. Actuellement, il faut avoir entre 21 et 49 ans pour obtenir le maximum de points afin d'entrer au Canada. Je crois que cette fourchette est trop large. Il faut la diviser et établir des tranches de 10 points. Par exemple, les demandeurs entre 21 et 31 ans recevraient 10 points, ceux ayant entre 32 et 42 ans recevraient huit points et ainsi de suite. Les jeunes immigrants apprennent la langue et les compétences générales dont ils ont besoin pour réussir plus rapidement.
Deuxièmement, augmentons les points pour la capacité linguistique et abandonnons ce qui est actuellement la capacité de base et la capacité modérée ou l'absence de capacité linguistique. Les rapports de recherche publiés année après année sont sans équivoque: les immigrants qui ont des compétences linguistiques limitées sont condamnés à l'échec et à un niveau de subsistance inférieur. Actuellement, si on a un doctorat, l'expérience de travail requise et des compétences linguistiques modérées dans une des langues officielles, on peut être admis au Canada, mais cela ne va pas se traduire nécessairement par un emploi. C'est la réalité. Nous n'aidons pas ces immigrants en les laissant venir au Canada. Ils ne participeront pas à notre croissance économique. Cela limitera immédiatement le flux des demandes à ceux qui ont les outils nécessaires pour réussir. Ceux qui ne satisfont pas aux exigences linguistiques ne viendront pas encombrer la liste.
Troisièmement, nous devons veiller à ce que les immigrants soient pleinement conscients des obstacles qu'ils vont rencontrer avant d'immigrer. Ils doivent savoir combien de temps cela prendra: en moyenne 5 à 10 ans. Et ils doivent ensuite savoir combien d'années il leur faudra pour trouver un emploi dans leur domaine, en particulier pour les médecins et les ingénieurs. Actuellement, les immigrants qui font une demande dans la catégorie des travailleurs qualifiés, selon la liste des professions, savent que si l'on occupe une de ces professions, c'est qu'on est recherché, qu'on a besoin de vous et qu'on va trouver sans problème du travail et réussir. C'est ce que leur dit la liste, mais ce n'est pas vrai, car il existe un énorme écart entre les besoins du marché du travail et la capacité des immigrants d'y répondre, la question des agréments étant complètement séparée.
Il faut s'arranger pour que les demandeurs appartenant aux professions agréées, comme les soins de santé et les métiers, commencent à faire reconnaître leurs titres de compétences avant d'arriver au Canada. Avant que les visas ne soient accordés, le Canada devrait être sûr qu'ils ont communiqué avec l'organisme d'attribution des agréments approprié au Canada, qu'ils ont compris le processus de renouvellement des agréments et même entamé le processus. En fait, même les professionnels non agréés auraient intérêt à connaître les obstacles auxquels ils devront faire face lorsqu'ils sont confrontés au fameux « pas d'expérience canadienne ».
Même avec d'excellentes compétences linguistiques, les immigrants n'ont d'habitude pas les compétences générales que les employeurs canadiens attendent de leur personnel. On doit leur offrir un cours en auto-formation, ce qui leur manque, et bien entendu un cours sur la culture organisationnelle et sur le travail au Canada. Si un immigrant détenait un certificat prouvant qu'il a compris la différence entre travailler au Canada et travailler dans son propre pays, avant d'entrer au Canada, les employeurs hésiteraient moins à les engager.
Ce sont des décisions difficiles à prendre, mais nous devons agir au mieux pour l'avenir du Canada. Et surtout, le Canada a besoin d'immigrants qualifiés qui peuvent parler la langue, commencer à travailler immédiatement, être porteurs d'innovation, créer des emplois et payer des impôts.
Merci.
Heureusement, M. Noorani et moi-même partageons bon nombre d'idées.
Par habitant, le Canada gère un des systèmes d'immigration les plus importants des économies avancées du monde. Le flux annuel d'immigrants au Canada, qui est d'environ 260 000, est à peu près équivalent à 0,8 p. 100 de la population totale. Cela se compare à un flux d'immigrants annuels d'environ 0,9 p. 100 de la population australienne, de 0,6 p. 100 de la population de Grande-Bretagne et de 0,4 p. 100 de la population des États-Unis, pour les programmes d'immigration.
En raison de l'importance du système d'immigration canadien par rapport aux autres, il est aussi plus complexe à gérer. La récente récession mondiale, associée à la performance relativement forte du marché du travail par rapport aux autres pays avancés, permet au Canada d'attirer les plus compétents et les plus qualifiés.
Le Canada a plutôt bonne réputation sur la scène internationale. Même si l'arriéré des demandes modère l'attrait du Canada, notre marché du travail relativement fort contribue à compenser certains effets négatifs de l'arriéré et à augmenter probablement les compétences moyennes des nouveaux demandeurs. Si le marché du travail des autres pays devait s'améliorer, les aspects négatifs de l'arriéré sur la qualité des demandeurs potentiels s'accentueraient.
En réalité deux grands problèmes caractérisent le système d'immigration canadien, le premier étant l'arriéré des demandes. Les délais de traitement moyen des demandes au Canada sont encore plus longs que les délais moyens de six mois en Australie. De nombreux demandeurs risquent de renoncer et de chercher ailleurs.
Autre problème important, les immigrants récemment reçus ne réussissent pas aussi bien que leurs homologues canadiens sur le marché du travail. Ils ne comblent pas l'écart au fil du temps aussi rapidement qu'ils le faisaient autrefois. Cela se manifeste en partie par l'aggravation de l'écart des revenus entre les immigrants et la population canadienne. Bon nombre de nouveaux arrivants sont sous-employés et retournent chez eux ou se rendent dans un autre pays.
Pour réduire l'arriéré, les décideurs ont trois possibilités: premièrement, augmenter les admissions, deuxièmement, limiter les demandes et, troisièmement, limiter le nombre des demandes approuvées. Une des solutions populaires, qui consiste à augmenter les niveaux d'immigration en général, risque d'exacerber les écarts sur le marché du travail entre les nouveaux immigrants et la population canadienne.
Une nouvelle étude de l'Institut C.D. Howe qui évalue la réussite sur le marché du travail des nouveaux immigrants, selon des données historiques prenant en compte tous les immigrants au Canada, le confirme. Par exemple, le fait de relever le taux d'immigration annuel à 1 p. 100 de la population, soit augmenter le nombre des immigrants d'environ 85 000 personnes par an, réduirait les revenus moyens au niveau d'entrée de tous les demandeurs d'environ 3 p. 100, soit plus ou moins 1 300 $ par an pour les hommes et 900 $ pour les femmes. Cela s'explique par le plus grand nombre de demandeurs marginaux moins instruits et connaissant mal les langues officielles qui sont plus susceptibles d'entrer à mesure que le nombre total des immigrants augmente.
L'autre moyen de réduire l'arriéré des demandeurs dans la classe des familles consisterait à réduire la part de la catégorie économique dans le cadre du plafonnement du niveau total d'immigrants. On réduirait ainsi par exemple la part de la catégorie économique de 60 p. 100 du total des immigrants à 50 p. 100 environ. Mais cela impliquerait une réduction des revenus moyens à l'entrée de 7,5 p. 100 environ pour les hommes et pour les femmes, grosso modo 3 400 $ par an.
L'Australie place environ 70 p. 100 de tous les immigrants dans la catégorie économique, alors que la part du Canada est beaucoup plus faible, entre 55 à 60 p. 100 en moyenne depuis cinq ou six ans.
Les décisions en matière d'immigration ne devraient pas dépendre entièrement de critères économiques tels une rémunération élevée au niveau d'entrée. La réunification des familles, par exemple, représente une valeur intrinsèque pour de nombreux immigrants récemment reçus et potentiels. Cela dit, les conséquences économiques ont leur importance, en particulier dans la mesure où elles contribuent aux conséquences positives de l'immigration dans la perspective des immigrants eux-mêmes et de la société en général.
Compte tenu de ces constatations, je ne suis pas convaincu que l'augmentation du niveau total des immigrants ou la modification de la part des immigrants dans certaines catégories offre des solutions faciles au problème des arriérés. Ce faisant, on réduirait certainement l'arriéré, mais ce serait au prix d'une exacerbation des écarts déjà problématiques entre la réussite sur le marché du travail des nouveaux immigrants et celle des Canadiens d'origine.
Une meilleure solution, et qui pourrait également présenter l'avantage de gains plus élevés, serait de faire une meilleure sélection préalable des demandeurs avant leur arrivée. Prenons l'exemple de l'évaluation linguistique. Les réformes et les annonces récentes visant à effectuer une évaluation linguistique menée par une tierce partie devraient être louées pour leur capacité à mieux sélectionner les demandeurs. Leur taux de réussite serait ainsi réduit. Dans le système des points, on donnerait moins de poids à l'expérience professionnelle et davantage aux jeunes demandeurs. Il faudrait donc adopter une structure de points qui mette l'accent sur les jeunes immigrants en donnant plus de poids à ceux qui appartiennent à cette catégorie, comme cela se fait au Québec et en Australie.
Même si aucun de ces changements proposés au système de sélection fédéral des immigrants qualifiés ne réduira nécessairement l'arriéré des immigrants dont les dossiers sont antérieurs à 2008, à mesure que l'arriéré diminuera, on pourra desserrer le filtre actuel — une sorte de filtre préalable — pour les demandes qui sont fonction des besoins professionnels et le remplacer par un système de points qui fera le gros du travail.
Concernant les réformes des politiques d'immigration de ces dernières années, on doit reconnaître qu'elles ont été adoptées pour remédier aux longues périodes d'attente des demandeurs, aux pénuries de main-d'oeuvre dans certaines régions, aux différences de revenus entre les immigrants et les Canadiens d'origine et à l'incapacité du programme fédéral des travailleurs qualifiés de prendre en compte les compétences spécifiques des emplois de cols bleus, par rapport aux attributs et aux compétences des cols bleus en général.
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D'accord, je vais ralentir. Excusez-moi.
J'ai vécu directement une séparation familiale pour des raisons d'immigration et je compatis entièrement avec les familles qui attendent depuis plus de sept ans qu'on traite leur demande de réunification. Nous connaissons les nombreux arguments en faveur de la réunification des familles. Les parents et les grands-parents contribuent au bien-être de la communauté et du pays. Avec davantage d'adultes au travail, les revenus du ménage peuvent augmenter. La réunification des familles favorise la consommation dans les grandes familles qui, inévitablement, consomment davantage de biens et de services. Notre recommandation à cet égard consiste à réduire les temps d'attente pour les parents et les grands-parents et d'envisager un projet pilote qui approuverait au préalable les demandes qui comprennent la famille élargie.
J'aimerais commencer en exprimant mon soutien aux récentes annonces concernant l'augmentation du nombre de parents et de grands-parents parrainés qui seront admis au Canada l'an prochain. Nous estimons qu'il s'agit d'une mesure très positive. Les chiffres visés pour les parents et les grands-parents ont régulièrement diminué de 20 000 en 2006 à 15 000 en 2010. L'augmentation des cibles à 25 000 en 2012 aura un effet évident sur le nombre des familles qui seront finalement réunies.
Des mesures ont été prises pour augmenter le nombre de parents et de grands-parents parrainés, mais on peut faire davantage pour les immigrants d'autres catégories. Chacun sait que l'augmentation de la population canadienne sera bientôt le fait de l'immigration nette. Nous devons veiller à remplacer notre population active vieillissante et à élargir nos secteurs des ressources et du savoir. Actuellement, nous recevons en moyenne 250 000 immigrants par an: 232 868 en 2007, 271 028 en 2008, 258 853 en 2009 et 244 401 en 2010. Ces demandes ont été traitées dans le cadre du système actuel. En regardant ces chiffres, il devient évident que nous ne pouvons pas réduire l'arriéré à moins d'augmenter la cible d'immigration annuelle. Notre recommandation, contrairement aux intervenants qui nous ont précédés, consiste à relever la cible d'immigration annuelle de 240 000 à 265 000 actuellement à 320 000 à 340 000, soit environ 1 p. 100 de la population canadienne.
Malheureusement, l'aspect positif de l'annonce récente concernant la nouvelle cible pour les parents et grands-parents parrainés est contrebalancé par des mesures inquiétantes qui auront certainement un effet négatif sur les familles canadiennes. La récente proposition du gouvernement fédéral prévoyait un délai de 24 mois pour l'acceptation des nouvelles demandes de parrainage de parents et de grands-parents à compter du 5 novembre 2011. Nous estimons qu'il est inhumain d'empêcher les familles de présenter des demandes. Chaque famille devrait pouvoir présenter une demande de réunification. Nous estimons que, pour éliminer l'arriéré de 165 000 demandes de parents et de grands-parents, il faut engager davantage de personnel pour étudier les demandes plutôt que de refuser de les étudier.
Je ne peux pas imaginer ce que je ressentirais si on me disait que ma famille n'a même pas la possibilité de présenter une demande, même si celle-ci était pleinement fondée. Nous recommandons d'éliminer la pause temporaire de 24 mois au maximum pour l'acceptation des nouvelles demandes de parrainage de parents et de grands-parents. Notre deuxième recommandation à cet égard est de consacrer le budget de Citoyenneté et Immigration Canada au renforcement des capacités du ministère afin d'éliminer les retards dans le traitement des réunifications familiales et les demandes de résidence permanente.
Le gouvernement fédéral a également annoncé récemment le nouveau super visa pour les parents et grands-parents qui sera valide pendant 10 ans. Le visa à entrées multiples devrait permettre à un demandeur de rester au Canada jusqu'à 24 mois à la fois sans avoir à demander un renouvellement. Il est prévu que le visa qui entrera en vigueur le 1er décembre 2011 sera délivré dans les huit semaines de la demande. Les demandeurs devront obtenir une assurance-maladie privée canadienne pendant leur séjour au Canada.
Même si, à première vue, cette mesure semble viser l'élimination de l'arriéré, en y regardant de plus près, il devient évident qu'il s'agit au mieux d'un palliatif plutôt que d'un remède. Les visas à entrées multiples font déjà partie de notre système. En fait, nous avons déjà un visa de cinq ans à entrées multiples depuis de nombreuses années qui n'a eu aucun effet réel sur l'arriéré.
En réalité, le taux de refus des familles qui demandent des visas de visiteur est extrêmement élevé. Un visa de visiteur n'est finalement qu'un piètre substitut du statut de résident permanent, surtout s'il n'est pas accompagné d'un mécanisme permettant aux demandeurs de devenir immigrants permanents après un certain nombre d'années de résidence au Canada.
Finalement, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le super visa de parent et de grand-parent avant de pouvoir en faire une vraie solution. Nous serions heureux de collaborer avec le gouvernement pour combler les lacunes de cette initiative afin de répondre aux besoins de tous les intervenants. Nous recommandons à cet égard de revoir le super visa de parent et de grand-parent afin de créer des mécanismes de résidence permanente après un certain nombre d'années de résidence au Canada.
Nous croyons également qu'il faut examiner la façon dont on peut utiliser les programmes actuels pour répondre aux besoins des familles canadiennes. Nous pourrions notamment élargir les catégories économiques canadiennes pour permettre l'admission des résidents à long terme et des travailleurs temporaires. Pendant des années, nous avons exprimé nos préoccupations concernant le changement de politique du ministère de l'Immigration, à savoir que les immigrants sont de plus en plus considérés et traités comme une main-d'oeuvre bon marché et exploitable que l'on fait venir ici au moyen de visas temporaires.
Ce gouvernement a apporté de nombreux changements pour donner plus de souplesse aux bureaux des visas afin de faire venir des travailleurs qualifiés pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre. Les employeurs crient à la pénurie de main-d'oeuvre, surtout en ce qui concerne les travailleurs très spécialisés et peu spécialisés, cette pénurie étant plus particulièrement marquée dans les secteurs à faible niveau de compétences.
Selon le système des points actuel, les travailleurs peu spécialisés n'auront jamais assez de points pour rester au Canada à titre de résidents permanents et ne se qualifieront jamais comme citoyens ou ne pourront jamais faire venir leur famille au Canada.
Nous avons entendu de nombreux témoignages d'employés qui craignent que ces programmes de travailleurs temporaires soient inefficaces, car ces travailleurs restent au pays quelques années seulement avant d'être obligés de partir après avoir reçu une formation et avoir commencé à travailler. Il est clair que les employeurs veulent que leurs travailleurs restent au Canada de façon permanente et stable. C'est une question de bon sens.
Finalement, ces demandeurs résident déjà au Canada et ont des liens avec nos entreprises et nos communautés. De plus, ils ont déjà fait l'objet de vérifications sur le plan des antécédents criminels et de la santé. Nous recommandons d'élargir la classe économique canadienne pour permettre aux résidents de longue durée et aux travailleurs temporaires de rester ici. Nous recommandons également que le gouvernement modifie ses exigences en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et fasse venir des travailleurs au Canada de façon permanente plutôt que d'accélérer la venue de ces immigrants potentiels comme journaliers temporaires bon marché.
J'aurais autre chose à ajouter, rapidement, mais je vais m'arrêter ici par manque de temps. Il s'agit des immigrants sans statut, si vous voulez me poser des questions à ce sujet.
Pour conclure, nous espérons que grâce à un débat et à un dialogue ouverts et transparents, nous pourrons finalement trouver un moyen d'éliminer l'arriéré de l'immigration et transformer notre système inefficace en un système qui répond aux besoins de tous les Canadiens.
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Ce problème me hante depuis un certain temps. Ma mère est décédée l'an dernier. Elle faisait partie de ceux qui voulaient venir au Canada, mais elle n'a jamais pu car il fallait attendre des années. C'est mon témoignage personnel.
Mais je pense que ce qui s'est produit... Et je vais prendre l'analogie citée par le , celle de l'avion et du nombre de sièges. En fait, nous vendons plus de sièges que nous en avons. Les gens qui arrivent à l'aéroport ne sont pas les 100 qui peuvent monter dans l'avion, mais les 800 qui ont fait une demande. Donc l'aéroport va connaître notre problème: un engorgement.
Je pense que la recommandation du ministre Kenney doit être louée: premièrement, augmenter les chiffres pour pouvoir commencer à résorber l'arriéré. Deuxièmement, je pense que le super visa est une très bonne idée. J'ai parlé à beaucoup d'immigrants. Beaucoup de parents ne veulent pas venir au Canada, car ils ont leur propre réseau chez eux. Ma belle-mère vit avec nous. Elle passe toute sa journée à regarder la télévision. Ce n'est pas une vie. Elle ne parle à personne sauf lorsqu'elle va à l'église.
Je pense que cela permettrait aux parents de venir et de repartir. La seule raison pour laquelle beaucoup d'entre eux font une demande de visa dans la catégorie familiale c'est qu'ils ont du mal à obtenir un visa de visiteur. Je pense que le super visa remédiera à bien des problèmes. Va-t-il résoudre tous les problèmes? Je ne le pense pas. Mais je pense qu'il y aura un débat à l'échelle du Canada, ce qui est important dans un esprit démocratique, et j'y suis donc favorable.
Merci.
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Monsieur Busby, j’aimerais dire quelque chose et savoir ce que vous en pensez.
Il existe une idée selon laquelle il y a un nombre optimal d’immigrants que le Canada peut absorber dans une année. Le gouvernement actuel dit envisager d'accueillir 250 000 à 260 000 immigrants. Le Canada en tant que pays a grandi, et il va de même pour notre économie. Certains des immigrants qui ont le mieux réussi, si on calcule par habitant, sont arrivés durant les années 1990, et non pas au cours des deux dernières années. Je sais que ça risque de choquer certaines personnes ici. C’est parce que c’est fondé sur le pourcentage de la population, sur la composition. Si on a 200 000 immigrants d’une catégorie, cela ne représente pas nécessairement une saine politique d’immigration. Il faut un mélange judicieux — le bon nombre de grands-parents, de parents, de groupes d’investisseurs, de catégories économiques, et ainsi de suite.
N’êtes-vous pas d’accord sur l’importance de la combinaison? Si on arrive à un mélange harmonieux, pourrait-on envisager d’atteindre une cible de 1 p. 100, cible qu’on a déjà dépassée et que l’on pourrait atteindre de nouveau, je crois?
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Merci, excellente question.
Parlons de l’âge. C’est le facteur le plus important. C’est un fait que certains de nos immigrants ont 50 ans. C’est un problème. Je me sens mal à l'aise. Ces personnes sont sans aucun doute devenues différentes de ce qu’elles étaient dans leur pays d’origine. Ça ne fonctionnera pas.
Si vous examinez la structure des âges, la fourchette de 21 à 49 ans ne représente qu’une seule catégorie de points. Il faut diviser cette fourchette en catégories plus petites afin de donner davantage de points à une personne plus jeune qui aura une plus grande incidence économique sur notre pays qu’une personne âgée de 49 ans. Si celle-ci obtient autant de points qu’une autre personne âgée de 21 ans, le temps qu’elle n’obtienne ses documents d’immigration, elle a 55 ans. Voilà une chose.
Une deuxième chose qui pose un grand problème pour moi est la question de la langue. Nous parlons sans cesse du problème des immigrants qui ne réussissent pas. Demandons-nous donc pourquoi. Lorsque vous avez des immigrants plus âgés, des immigrants qui ne parlent pas la langue, comment vont-ils obtenir du travail sans ces compétences générales? J’ai parlé avec des immigrants qui ne savent pas ce qui les attend, mais leur nom est sur la liste.
J’ai lu les comptes rendus des dernières réunions du comité. Un avocat spécialiste de l’immigration a parlé de faire venir des médecins, et ça me hérisse. Ne savent-il pas qu’ils ont une meilleure chance de gagner à la LOTTO 6/49 que de devenir médecin? C’est un problème humain. On nous perçoit comme un pays compatissant. C’est ce qui me contrarie: nous laissons entrer les personne avec des résultats inadaptés.
Je pourrais avoir un doctorat, 10 ans d’expérience et le plus faible niveau de compétences linguistiques, et je satisferais toujours aux exigences des points. Mais est-ce que je trouverai du travail? J’espère avoir répondu à la question.
Enfin, dans le cadre de mon travail avec les immigrants au cours des 13 dernières années, depuis que je suis arrivé au pays, j’ai constaté une chose: les immigrants ont des problèmes avec les compétences générales. Si on s’occupe des compétences générales, si on leur explique ce que sont ces compétences, cela les aidera à travailler. Ils ont besoin de compétences linguistiques, ils ont besoin de compétences générales.
J’espère avoir répondu à votre question.
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Merci, monsieur le président.
Notre gouvernement vient récemment d’introduire un super visa pour parents et grands-parents. Mon collègue du NPD dans l’opposition a mentionné que nous avons en fait introduit cela au mois de juillet dernier avec le visa pour entrées multiples valide pour 10 ans, ce qui n’est pas exact. Le nouveau super visa pour parents et grands-parents comporte des différences considérables, y compris la possibilité de permettre aux grands-parents et aux parents de venir au Canada pour rendre visite à leur famille pendant de longues périodes allant jusqu’à 24 mois.
En outre, dans cette réunion, j’ai entendu Mme Sahar Zerehi dire du visa pour entrées multiples valide pour cinq ans qu’il est très semblable au visa pour entrées multiples valide pour 10 ans. Mais ces deux visas permettent seulement des visites au Canada d’un maximum de six mois, il est par conséquent très avantageux pour les familles d’utiliser les nouveaux super visas pour parents et grands-parents.
En outre, nous sommes ici pour étudier les arriérés, et nous entendons les témoins répéter qu’il faut attendre jusqu’à huit ans pour que les parents et grands-parents viennent au Canada pour la réunification. De fait, monsieur Noorani, vous avez dit que durant cette période, un de vos proches parents est décédé. Ce nouveau super visa pour parents et grands-parents nous permettra de traiter ces demandes en huit semaines, on passe donc de huit ans à huit semaines. C’est le visa le plus généreux jamais offert dans le système d’immigration au Canada.
Monsieur Noorani, je me demande si vous pourriez nous donner votre opinion à ce sujet, et au sujet du super visa en général.
Le plus grand avantage est que les immigrants ne veulent pas que leurs parents viennent ici. Ils ne veulent pas les extirper de leurs réseaux sociaux. Ma belle-mère, avant de venir au Canada, avait un réseau social plein de vie. Tous les jours, elle appelait des gens pour débattre du prix des poules et des œufs. Elle ne peut malheureusement pas faire cela au Canada. Alors les déraciner et les faire venir...
Ma belle-mère a obtenu un visa de la catégorie de famille non pas parce qu’elle veut habiter avec nous, mais parce que c’est très difficile... Après être venue au Canada pour six mois, on lui a refusé un visa de séjour pendant deux années consécutives. La troisième fois, on a finalement demandé le visa de catégorie de famille.
Il est intéressant de noter que le ministre a inclus qu’on paierait soi-même un régime de soins médicaux sur le marché privé. Madame James, puis-je en parler un instant? J’ai acheté un régime de soins médicaux privé pour ma belle-mère avant qu’elle ne devienne résidente permanente — le membre le plus âgé de notre famille à être résident permanent — et le montant que j’ai payé pour une assurance privée est le même que je paie pour le régime de soins médicaux.