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Bonjour. Je vous souhaite la bienvenue à la 59
e réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration.
La réunion se déroulera de 10 à 13 heures et sera télévisée.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudierons les articles 308 à 314 du projet de loi , Loi portant exécution du budget.
Nous accueillons aujourd'hui des gens que nous connaissons — M. Linklater, sous-ministre adjoint, Politiques stratégiques et de programmes, et ses collègues.
Bonjour à vous, monsieur, encore une fois. Vous pourrez faire un exposé de 20 minutes au plus.
Merci encore d'être venu, monsieur.
Permettez-moi de vous présenter mes collègues: Maia Welbourne, directrice de l'admissibilité responsable de l'autorisation de voyage électronique, et Marie Bourry, avocate générale principale.
Monsieur le président, membres du comité, merci de m' avoir invité à prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , intitulé , et plus précisément sur la section 16 de la partie 4. Mes observations porteront principalement sur un élément particulier de ce texte législatif: une mesure qui améliorera de façon extrêmement utile Ie système d'immigration du Canada.
[Français]
Comme le savent les membres de ce comité, le gouvernement du Canada a fait de la réforme du système d'immigration une grande priorité. Des initiatives récentes à cet égard ont d'ailleurs permis de favoriser un système d'immigration apte à remédier à d'importantes pénuries de main-d'oeuvre partout au pays, en plus de nous aider à répondre plus rapidement et plus efficacement aux besoins économiques. Ce système est conçu pour donner aux nouveaux arrivants la meilleure chance possible de réussir.
Ce faisant, le gouvernement est en train de mettre en place des politiques visant à protéger l'intégrité et à assurer la sécurité de notre système d'immigration. Toutes ces initiatives contribuent à vraiment transformer le système d'immigration.
[Traduction]
Monsieur Ie président, ce système n'est pas seulement essentiel à notre bien-être économique et à notre cohésion sociale. C'est également une composante importante du programme des relations internationales du Canada. Et dans Ie domaine des relations internationales, notre partenariat avec notre principal allié, les États-Unis, revêt une importance primordiale pour Ie Canada. En effet, les États-Unis sont, de loin, Ie plus grand partenaire commercial du Canada. Chaque année, les échanges bilatéraux entre nos deux pays se chiffrent à plus de 500 milliards de dollars. Et chaque jour, quelque 400 000 personnes traversent notre frontière commune par tous les moyens de transport.
[Français]
Comme vous le savez, l'année dernière, le Harper et le président Obama ont présenté officiellement le Plan d'action sur la sécurité du périmètre et la compétitivité économique. Cette entente témoignait du désir mutuel du Canada et des États-Unis de travailler en partenariat pour accroître la sécurité de nos frontières et faciliter la circulation des personnes et des biens entre nos deux pays. L'adoption de la permettra de respecter un des engagements importants pris par le Canada dans le cadre du plan d'action.
[Traduction]
C'est parce que l'une des mesures de ce projet de loi va permettre la mise en place d'une autorisation de voyage électronique ou AVE en abrégé.
L'AVE consiste en une mesure qui permettra d'apporter des améliorations précieuses au système d'immigration du Canada. Nous serons en mesure d'effectuer Ie contrôle des personnes avant qu'elles embarquent à bord d'un avion pour visiter notre pays, et nous pourrons déterminer si elles constituent ou non un risque en matière d'admissibilité ou de sécurité. En d'autres termes, nous serons en mesure de déterminer si les personnes ont un casier judiciaire ou si quelque chose dans leur dossier indique qu'elles présentent un risque pour Ie Canada. L'autorisation de voyage électronique ne s'appliquera qu'aux étrangers venant de pays dispensés du visa. La seule exception viserait les citoyens américains.
Suivant l'adoption de ce projet de loi, les visiteurs au Canada qui sont des ressortissants de pays dispensés du visa — à l'exception des États-Unis, comme je l'ai mentionné — devront demander une AVE pour venir au Canada. Ce nouveau système sera en place au plus tard au printemps 2015.
[Français]
Il s'agit là d'un progrès remarquable quant à la réforme de notre système d'immigration et à notre partenariat avec notre voisin du Sud. Conformément aux engagements que nous avons pris dans le Plan d'action Par-delà la frontière, le nouveau système s'attaquera aux menaces visant l'Amérique du Nord et garantira la sécurité du périmètre continental que nous partageons avec les États-Unis.
[Traduction]
II établira une façon de faire commune canado-américaine concernant Ie filtrage des voyageurs avant même qu'ils quittent leurs pays d'origine par avion à destination de I'Amérique du Nord. Les États-Unis sont déjà dotés d'un système analogue, c'est-à-dire Ie Système électronique d'autorisation de voyage ou ESTA. Le système américain s'est révélé un vif succès depuis sa création en 2008.
Grâce à cette collaboration, nos systèmes d'autorisation de voyage permettront non seulement d' éliminer les menaces éventuelles à la sécurité de I'Amérique du Nord, mais également de faciliter la circulation des voyageurs qui ne posent aucun risque potentiel pour nos pays. C'est pourquoi nous serons en mesure de détecter les personnes interdites de territoire pendant qu'elles se trouvent à I'étranger et de les empêcher de venir au pays, plutôt que de prendre des mesures à leur égard à I'arrivée à un point d'entrée canadien.
Voici comment cela fonctionnera. Les étrangers admissibles— ceux qui n'ont pas besoin de visa pour entrer au Canada — devront présenter une demande en ligne pour obtenir une autorisation de voyage électronique (AVE) avant de monter à bord d'un avion à destination du Canada. Notre système vérifiera ensuite les renseignements sur les voyageurs par rapport aux bases de données applicables.
[Français]
Dans la très grande majorité des cas, nous serons en mesure de leur délivrer une AVE en quelques minutes. Une faible minorité des demandes exigera que les agents canadiens des visas procèdent à un examen approfondi. Si l'agent des visas décide qu'un demandeur donné est interdit de territoire au Canada et qu'il n'a donc pas droit à une AVE, cet individu se verra refuser l'accès à bord d'un avion à destination du Canada.
[Traduction]
La beauté et I'efficacité de ce nouveau système sautent aux yeux. En effet, il donne aux autorités canadiennes la capacité d'identifier et de rejeter à I'étranger des individus interdits de territoire, plutôt que de prendre des mesures à leur égard seulement après leur arrivée à un point d'entrée canadien. Cela aura des avantages: une réduction des coûts et des ressources nécessaires pour traiter ces cas au Canada ainsi qu'une accélération possible de l'entrée au Canada des voyageurs étrangers présentant un faible risque. Une fois en place, l'AVE devrait également servir à dissuader les individus interdits de territoire qui ne voudront pas que leurs renseignements soient vérifiés avant de partir. En fait, Ie système les dissuadera même de tenter de venir au Canada.
[Français]
Monsieur le président, il importe de souligner encore une fois que l'autorisation de voyage électronique ne s'appliquera qu'aux étrangers venant de pays dispensés de visas. En effet, nous continuerons d'exiger des voyageurs venant de pays dont les ressortissants doivent être munis d'un visa qu'ils en fassent la demande conformément au processus actuel et qu'ils obtiennent un visa avant de venir dans notre pays. En outre, l'AVE ne s'appliquera pas aux citoyens américains qui voyagent au Canada tout comme les exigences du système américain ESTA ne s'appliquent pas aux citoyens canadiens.
Il est aussi important de savoir que toute la collecte, l'utilisation et l'entreposage des renseignements personnels dans le cadre de l'administration du système AVE se conformeront entièrement à la Loi sur la protection des renseignements personnels du Canada ainsi qu'au principe canado-américain de protection de la vie privée.
[Traduction]
En conclusion, monsieur Ie président, Ie gouvernement s'est fermement engagé à renforcer Ie système d'immigration pour Ie rendre véritablement proactif, ciblé, rapide et efficace, de manière à contribuer à la croissance économique et à la prospérité à long terme du Canada. Le gouvernement a aussi mis en place des politiques visant à protéger l'intégrité et à assurer la sécurité du système d'immigration.
Je vous remercie, et nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Monsieur le président, il est important de comprendre comment le processus fonctionne maintenant pour les personnes dispensées du visa qui viennent au Canada. Elles sont en mesure d'embarquer dans des avions en partance pour le Canada sans devoir se soumettre à beaucoup de vérifications avant le départ. L'ASFC reçoit à l'avance des renseignements sur les passagers, mais seulement une fois que l'avion a décollé; à ce moment-là, on fourni des manifestes, des données de base, aux agents de l'ASFC pour qu'ils puissent bien comprendre quel type de passagers vient au Canada. Bien entendu, ils ne peuvent composer avec les personnes qu'une fois que l'avion a atterri et qu'ils peuvent les voir devant eux au point d'entrée.
À ce stade, s'il y a des questions d'inadmissibilité, les personnes seront examinées par l'ASFC. Elles pourront choisir de présenter une demande d'asile; elles entrent donc dans le système et seront autorisées à demeurer au Canada pour que leur demande soit entendue si elles sont jugées admissibles. Dans le cas de questions de crimes ou de sécurité graves, elles seraient jugées inadmissibles à une demande d'asile, mais elles auraient toujours droit à faire l'objet d'un examen des risques avant renvoi, ce qui les ferait entrer dans le système. Dans certains cas, si elles présentent un risque important pour la sécurité, elles pourraient être détenues en attendant la procédure d'examen menée devant le CISR.
Ce que nous proposons avec l'AVE est de repousser à l'étranger les risques de cas semblables pour que ces personnes ne soient même pas en mesure de se rendre à un point d'entrée, à moins, bien entendu, d'avoir été soumises à une vérifications dans le cadre de l'AVE avant de partir. En gros, les personnes iront en ligne, elles fourniront des renseignements de base comme leur nom, leur date de naissance et leur pays de citoyenneté et, dans plus de 90 p. 100 des cas, le système pourra, selon moi, rendre une décision par voie électronique en quelques minutes. C'est ce qui arrive avec les systèmes des États-Unis et de l'Australie, qui fournissent des renseignements quasi instantanés.
Avec cette AVE, les transporteurs aériens seront en mesure de vérifier avant l'embarquement, au moment de l'enregistrement: « Avez-vous votre AVE? Oui, voici la confirmation. » Les agents d'intégrité des mouvements migratoires de l'ASFC pourraient vérifier une autre fois avant l'embarquement en tant que tel que les personnes possèdent une AVE valide. En gros, nous aurons l'assurance que les personnes auront été soumises à toutes ces vérifications avant l'embarquement et bien avant le décollage ou l'arrivée à un point d'entrée. Nous estimons que pour la population visée, dans les pays où aucune vérification n'est actuellement effectuée car les ressortissants sont dispensés de visas, cela permettra de réduire les coûts et de rendre l'expérience beaucoup plus utile et efficace pour les voyageurs légitimes tout en prévenant toute autre menace à l'étranger.
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N’est-ce pas notre objectif? Ne cherchons-nous pas à maintenir les dangers hors du Canada, à empêcher les gens qui présentent des risques d’habiter dans nos collectivités? Il me semblerait très prudent de les identifier avant même qu’ils montent à bord de l’avion à destination du Canada.
Permettez-moi simplement de répéter les paroles que Pierre Sabourin a prononcées. Comme vous le savez fort bien, Pierre est vice-président des Opérations à l'Agence des services frontaliers du Canada. Voici ce qu'il avait à dire: « Avec le système d’AVE, nous serons en mesure d'informer la compagnie aérienne, avant que l'avion n'ait décollé, qu'il ne faut pas que ce passager monte à bord. »
Il est important de mentionner de nouveau que quelqu’un qui possède un casier judiciaire ou qui peut poser un problème avant de venir ici sera identifié avant sa montée à bord de l’avion. Le personnel de la compagnie aérienne le force à quitter l’avion. Ainsi, nous éliminons le facteur de risque, en plus d’éviter les mesures qu’il aurait fallu prendre pour composer avec lui à son arrivée au Canada.
Permettez-moi de vous poser la question suivante. Une fois que nous aurons mis en oeuvre le système, que se passera-t-il si quelqu’un oublie de remplir l’AVE ou s’il ignore qu’il doit le faire et arrive à l’aéroport sans le document? Quel serait le processus à ce moment-là?
J’apprécie vraiment le fait que vous soyez venus témoigner aussi tôt, un lundi matin. Pour certains d’entre nous qui venons tout juste de changer de fuseau horaire, la séance semble encore plus matinale que pour les autres participants.
Premièrement, nous avons déjà indiqué clairement que le NPD appuie le principe qui sous-tend les systèmes d’autorisation de voyage électronique. Nous savons qu’ils ont déjà été mis en oeuvre avec succès dans de nombreux pays. Cela étant dit, nous avons quelques inquiétudes concernant la protection de la vie privée, l’incidence d’un tel système sur le tourisme et la capacité de CIC et de l’ASFC d’apporter un changement d’une telle envergure.
Il y a un mois, lorsque le projet de loi d’exécution du budget a été déposé, on pouvait lire dans le Vancouver Sun le gros titre suivant: « Les nouveaux règlements auxquels les visiteurs sont assujettis soulèvent des préoccupations au chapitre de la protection de la vie privée. »
Dans un mémoire présenté à notre comité, la commissaire à la protection de la vie privée, Jennifer Stoddart, a abondé dans le même sens. Elle a déclaré ce qui suit:
Une des préoccupations du Commissariat à propos du programme d’AVE est le manque de transparence et la mesure dans laquelle les détails du programme ont été insérés dans la réglementation. Des questions fondamentales à propos du programme d’AVE, notamment ce que seront les éléments de données fournis à CIC, comment cette information peut être utilisée et combien de temps elle sera conservée, ne se retrouvent pas dans l'acte législatif et nous croyons qu’elles devraient l’être. Il est évident que ces enjeux ont été en bonne partie façonnés à huis clos, notamment par des accords avec les États-Unis plutôt que dans le cadre d’un débat public et ouvert.
Manifestement, en tant que représentants officiels du ministère, vous ne serez pas en mesure de formuler des observations concernant certaines des questions politiques que cette déclaration soulève, relativement au secret qui entoure ce programme et aux raisons pour lesquelles ces changements ne sont pas décrits dans les textes de loi. Nous sommes déçus que le ministre ait décliné l’invitation que notre comité lui avait fait parvenir, dans laquelle nous l’encouragions à témoigner aujourd’hui afin de répondre à quelques-unes de ces importantes questions politiques.
Toutefois, la commissaire a émis un certain nombre de recommandations, et j’aimerais savoir ce que vous pensez de l’une d’elles, notamment celle dans laquelle elle déclare ce qui suit:
... CIC devrait mettre en place une formation proactive et des politiques relativement à la protection de la vie privée pour des contrôles adéquats sur l’accès au nouveau système d'AVE et son utilisation.
Compte tenu des restrictions budgétaires qui, nous le savons, touchent les services de première ligne de CIC, avez-vous l’impression que votre ministère dispose des ressources dont il a besoin pour veiller à ce que la mise en oeuvre du nouveau système s’accompagne d’une surveillance et de cours de formation sur la protection de la vie privée?
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
[Traduction]
Je suis très intrigué par les propos que vous tenez ce matin.
Je viens d'une circonscription où le tourisme est essentiel pour l'économie. Je me reporte à ce que vous avez dit dans votre déclaration préliminaire, monsieur Linklater, soit que la priorité est en partie de s'assurer que les changements que nous apportons cadrent avec les besoins économiques du Canada. J'entretiens des discussions continues avec l'Office du tourisme de Whistler et la Commission canadienne du tourisme. En fait, nous organisons une séance de discussion ouverte sur le tourisme en janvier pour évaluer les mesures prises par le gouvernement dans des domaines qui se rapportent à ce dont vous parlez ce matin.
Quelle sera, à votre avis, l'incidence de l'autorisation de voyage électronique sur le tourisme? Bien évidemment, chaque fois qu'un nouveau règlement prend effet, les gens du secteur touristique nous demandent si nous les aidons ou si nous ajoutons un obstacle de plus. Vous y avez certainement réfléchi. Pouvez-vous nous expliquer davantage ce que vous en pensez?
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Comme je l'ai dit au départ, la Loi sur les frais d'utilisation n'est qu'un aspect du régime des frais. La Loi sur la gestion des finances publiques est également très claire quant à la capacité des ministères de percevoir des droits qui ne peuvent excéder le coût de la prestation du service.
Essentiellement, prenons la biométrie, dans le contexte de l'AVE, prenons le recouvrement des coûts sous l'angle d'une plus longue durée afin de nous assurer que les frais vont être concurrentiels avec ceux d'autres pays, comme les États-Unis, le R.-U., l'Australie, pour nous assurer de ne pas exclure le Canada du marché à cause du prix, tout en veillant en même temps à pouvoir déployer ces programmes pour aider à protéger la santé du public, la sûreté et la sécurité. Nous ne pouvons pas prendre ces situations comme des possibilités pour le gouvernement d'accroître ces recettes. Nous sommes très limités par les dispositions de la LGFP.
Pour ce qui est de la Loi sur les frais d'utilisation, il y a la souplesse, la capacité de s'ajuster à la demande croissante, ce genre de choses, mais aussi il ne faut pas oublier qu'en vertu des régimes actuels de droits que nous avons, le gouvernement du Canada accorde une subvention importante en offrant des services de visa à l'étranger à des ressortissants étrangers et pas nécessairement à des Canadiens. Encore une fois, tout est justifié: parce que ces droits s'appliquent à des non-Canadiens ou à des résidents permanents, la souplesse additionnelle est utile.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, j'aimerais m'éloigner de ce dont vous parlez au sujet du fait que nous parlons... et je pense aux gens de l'industrie touristique pour qui ces questions tiennent vraiment à coeur, auxquels je peux envoyer la transcription de cette discussion ou qui peuvent même la regarder à la télévision. Je pense que le niveau de transparence dont nous faisons preuve dans nos travaux est vraiment très important. Peu importe si on est Canadien ou si on établit une comparaison avec ce qui se fait dans d'autres pays; nous avons examiné les aspects précis, nous avons examiné les menus détails, jusqu'au coût de ces choses — que nous n'avons pas encore déterminé — et vous avez fait preuve d'une très grande ouverture en disant que nous avons entrepris un processus qui vise à servir les Canadiens et les intérêts canadiens de la meilleure façon possible, conformément aux priorités établies par notre gouvernement.
Encore une fois, je vous félicite d'être venu, d'être ici pendant une heure et demie, d'être revenu, et de nous consacrer votre temps. Je pense qu'il est vraiment important que les Canadiens sachent que c'est ainsi que nous faisons les choses.
Monsieur Linklater, vous avez mentionné au passage les gens qui ont des problèmes liés à la conduite avec facultés affaiblies, notamment, et qui ne seront pas touchés par l'AVE s'ils arrivent des États-Unis, mais nous avons fait d'importants progrès ces dernières années pour dépister de tels cas. Cela répond directement aux préoccupations des gens de l'industrie touristique qui craignaient que l'on refoule injustement des gens ou qui pensaient que des gens se verraient refuser d'entrer au Canada. Pourriez-vous parler de cet aspect?
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Nous allons reprendre la séance.
De Vancouver, nous accueillons par vidéoconférence M. Martin Collacott, du Centre pour une Réforme des Politiques d'Immigration et, à titre personnel, nous recevons M. James Bissett, membre du conseil d'administration du Centre pour une Réforme des Politiques d'Immigration.
Ces deux hommes ont témoigné devant nous si souvent que je commence à mieux les connaître que les membres du comité.
Nous vous souhaitons encore une fois la bienvenue au comité et nous vous remercions de nous faire part de vos opinions sur ces articles du projet de loi .
Nous entendrons également M. Robert L. Bell, premier vice-président, Développement de l'entreprise et des affaires, NextgenID Canada Inc.
Vous avez déjà comparu devant le comité également, monsieur Bell. Je vous souhaite la bienvenue au nom des membres du comité.
Vous disposerez chacun de huit minutes pour faire votre exposé.
Vous pouvez commencer, monsieur Bell.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je suis ravi de témoigner aujourd'hui pour parler de l'autorisation de voyage électronique proposée, ou AVE.
Comme je travaille dans le domaine de la sécurité et de la modernisation des opérations à la frontière depuis près d'une décennie, je suis heureux de vous faire part de mes observations et de l'avis de mes collègues chez NextgenID au sujet des mérites de l'AVE.
L'AVE constitue essentiellement un moyen de savoir le plus tôt possible qui viendra au pays et, si un voyageur est interdit de territoire, des mesures peuvent être prises avant qu'il monte à bord de l'avion. Quand l'AVE sera intégrée aux processus des agents de voyage, des compagnies aériennes, des aéroports et du gouvernement, elle devrait offrir des avantages sur le plan de la sécurité à tous les intervenants, dont les voyageurs.
Il y a toutefois des coûts associés à l'établissement et à la mise en oeuvre du processus de l'AVE. Une grande partie de ces coûts seront assumés par le pays et les fournisseurs de services, dont les compagnies aériennes et les agents de voyage.
Nous croyons que l'AVE est une mesure importante pour assurer la sécurité de nos frontières.
Je vais parler du projet de loi. J'imagine qu'il y a de nombreux avocats dans la salle. Je ne suis pas avocat. Cela dit, j'ai lu le projet de loi et je vais donner mon interprétation de profane du projet de loi et de sa relation avec le plan d'action frontalier.
La section 16 modifie la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour mettre en place une autorisation de voyage électronique et faire en sorte que la Loi sur les frais d'utilisation ne s'applique pas à un frais pour la prestation de services liés à une demande d'AVE. Ces modifications appuient le plan d'action frontalier, qui engage le Canada à mettre en place un programme d'autorisation de voyage électronique pour établir une approche nord-américaine commune à l'égard du contrôle des voyageurs.
Le programme d'AVE sera semblable à celui actuellement en place aux États-Unis et permettra au gouvernement du Canada de contrôler la majorité des ressortissants étrangers exemptés de visa avant leur vol à destination du Canada. C'est essentiellement un visa électronique pour la majorité des voyageurs qui n'ont actuellement pas besoin d'avoir un visa conventionnel pour venir au Canada. Cette section modifie l'article 11 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en obligeant les personnes originaires de pays dispensés de visa qui veulent entrer au Canada de se soumettre à un contrôle électronique perfectionné avant leur départ. Il faudra forcément améliorer plusieurs aspects de la sécurité, dont les technologies d'intégration de bases de données et les logiciels analytiques de bases de données. Nous en avons longuement discuté avec les intervenants précédents.
Il sera essentiel de traiter la majorité des demandes d'AVE en temps quasi réel pour assurer le succès du processus. L'initiative sera autofinancée grâce aux frais d'utilisation également autorisés aux termes des modifications apportées à la section.
Qu'est-ce que je pense du projet de loi? L'AVE instaurera des mesures de contrôle à partir du nom du voyageur. C'est bien, mais la vérification des noms ne permet pas d'identifier les personnes qui voyagent avec de faux documents ou sous une fausse identité. C'est un problème connu qui persiste. Il y a toutefois une solution. Un certain nombre de pays ont réussi à mettre en place des contrôles biométriques pour régler le problème. Dans le cadre de l'ESTA aux États-Unis, tous les voyageurs autorisés dont le passeport a été délivré après 2006 sont tenus d'avoir un passeport électronique. Je me serais attendu à ce que le Canada ait la même exigence.
Chaque passeport électronique a une photo numérique codée sur la puce du passeport, ce qui assure une confirmation efficace de l'identité biométrique. Une photo peut être prise et comparée à celle sur la puce, ce qui permet de confirmer l'identité de la personne de façon rapide, facile et exacte. On pourra mettre la main au collet des personnes qui voyagent avec un passeport emprunté. La même photo peut être comparée à la liste des photos de personnes à surveiller. On pourra prendre en flagrant délit les fraudeurs qui voyagent sous une fausse identité.
Qui sont ces fraudeurs? Un intervenant précédent en a parlé. Ils représentent un danger pour la sécurité nationale et internationale. Ce sont des fugitifs nationaux et étrangers qui ont commis des infractions graves. Ce sont des criminels internationaux. Ce sont des individus interdits de territoire parce qu'ils ont perpétré des violations des droits de la personne. Ce sont des criminels expulsés et des demandeurs d'asile déboutés. Ce sont là les principales catégories. À l'heure actuelle, le système ne permet généralement pas de les attraper s'ils ont de bons documents pour leur nom d'emprunt.
Puisque l'objectif énoncé de l'AVE consiste à repérer les personnes interdites de territoire et à les empêcher d'entrer au Canada, nous recommandons d'ajouter au système une technologie biométrique de reconnaissance des visages aux points de départ à destination du Canada et aux points d'entrée au Canada.
Encore là, on a discuté tout à l'heure des deux principaux modèles qui existent: le système australien et le système américain. Celui de l'Australie est opérationnel depuis 1996 et celui des États-Unis, depuis 2010. L'ESTA des États-Unis et l'AVE de l'Australie sont semblables à bien des égards, à l'exception de certains détails, principalement en raison du plus grand nombre de visiteurs qu'accueillent les États-Unis. Les deux systèmes semblent bien fonctionner.
Les deux pays font des contrôles d'identité biométrique à la frontière. Les États-Unis effectuent des vérifications des empreintes digitales et des visages à partir de la liste de surveillance. L'Australie compare la photo sur la puce à celle prise sur place. Le Canada devra mettre en oeuvre des contrôles biométriques car nous ne pouvons plus continuer de dépendre uniquement des recherches à partir du nom.
L'ESTA des États-Unis émet un jeton d'authentification. Il s'agit d'un document que vous imprimez à la maison qui atteste que vous détenez une autorisation de voyage. Nous nous demandons si c'est nécessaire et nous pensons que cela pourrait affaiblir le système. Le système australien n'exige pas de jeton d'authentification et s'en remet aux dossiers électroniques fiables. Le Canada devrait envisager cette solution.
Nous avons discuté des frais tout à l'heure. Les deux pays exigent un frais pour l'AVE. Les États-Unis demandent 4 $ pour le traitement d'une demande et 10 $ pour l'ESTA. L'Australie exige 20 $.
Ces frais ont suscité des réactions de l'UE. Le Parlement européen a critiqué les États-Unis pour imposer un frais aux visiteurs étrangers et a évoqué la possibilité de faire de même pour les voyageurs américains qui vont dans les pays de l'UE. À ma connaissance, on ne l'a pas fait. L'Australie a conclu un accord de réciprocité avec l'UE pour ne pas imposer de frais et a récemment mis en place un document électronique pour les visiteurs équivalent à l'AVE, qui s'applique aux citoyens des pays de l'UE qui prévoient faire un voyage d'agrément de courte durée.
Nous appuyons l'initiative d'AVE. Nous ne pensions pas que le processus et les coûts associés à l'AVE seraient un facteur dans la décision d'un touriste ou d'un entrepreneur de visiter le Canada. Par conséquent, nous nous attendons à ce que le périmètre de sécurité sera élargi sans que cela ait des répercussions économiques mesurables sur le Canada.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
L'autorisation de voyage électronique est logique, surtout si elle assure le contrôle des ressortissants de pays qui n'ont pas besoin de visa et qui planifient voyager au Canada. Nous n'avons actuellement rien pour les contrôler.
Elle aide à identifier les personnes qui pourraient poser problème parce qu'on leur donne la permission d'entrer au pays avant d'embarquer à bord d'un avion à destination du Canada, ce qui nous fait économiser beaucoup d'argent et de temps et nous épargne bien des tracas.
Elle accélère également l'entrée des personnes qui ne posent pas de problème.
Le système ne sera pas parfait, puisqu'il est fondé sur la reconnaissance des noms et qu'il y a toujours la possibilité qu'une personne puisse entrer au pays sous une fausse identité. Il sera plus efficace lorsque le contrôle biométrique sera disponible, comme la reconnaissance des visages. Je pense que M. Bell vient de le mentionner.
Nous mettons en place le système d'autorisation électronique parce que c'est l'un des engagements que nous avons pris dans le cadre du plan d'action Par-delà la frontière que nous avons convenu avec les États-Unis en décembre de l'année dernière. Ce plan fera partie d'accords plus vastes que nous concluerons avec les États-Unis pour permettre aux gens de traverser plus aisément notre frontière commune et identifier les personnes que nous devons garder en dehors de nos pays.
Je dois dire que la mise en oeuvre de cet accord avec les États-Unis apportera d'énormes avantages pour le Canada.
Un article de l'Institut Fraser publié il y a trois mois a révélé une diminution du nombre de voyageurs américains au Canada depuis les événements du 11 septembre 2001, lorsque les États-Unis ont commencé à renforcer les mesures de sécurité à la frontière. Même si cette diminution peut être attribuable à la dépréciation du dollar américain et à la crise économique qui a débuté en 2008, ces deux facteurs ont commencé bien après qu'on enregistre une baisse du nombre de voyageurs américains au Canada.
Selon l'article de l'Institut Fraser, l'économie canadienne a perdu environ sept milliards de dollars par année à la suite de cette diminution des déplacements transfrontaliers. On pourrait récupérer une bonne partie de cet argent si nous mettions en oeuvre les accords de contrôle prévus dans le plan d'action Par-delà la frontière. Les auteurs de l'article ont également indiqué que la mise en oeuvre du plan d'action ferait économiser aux contribuables canadiens entre 600 millions et un milliard de dollars annuellement. Ils n'ont toutefois pas pu calculer la part de ces économies qui serait attribuable à la mise en oeuvre de l'AVE et aux éléments connexes du plan.
J'aimerais soulever quelques questions qui ont été évoquées concernant le plan d'autorisation électronique et d'autres éléments connexes. Il faut notamment déterminer si l'échange de renseignements avec les États-Unis et des mesures de ce genre seront conformes aux exigences en matière de protection des renseignements personnels du Canada. En ce sens, on consultera certainement la commissaire à la protection de la vie privée lorsque les diverses mesures seront examinées.
Dans le passé, nous avons tenu des débats assez musclés au Canada concernant les renseignements personnels qui devraient être rendus publics ou communiqués aux États-Unis. En 2003, lorsque le gouvernement de l'époque a révélé qu'il était à la recherche de 59 personnes soupçonnées d'être des criminels de guerre et visées par des mandats d'arrestation pancanadiens, le ministre de l'Immigration de l'époque a dit aux forces de l'ordre de l'Ontario qu'elles ne pouvaient pas fournir les noms et les photos de ces personnes car cela constituerait une atteinte à leur vie privée.
Une situation semblable s'est reproduite en 2005 quand le gouvernement était à la recherche de criminels de guerre et que l'Agence des services frontaliers du Canada a refusé de révéler leurs noms par crainte de porter atteinte à leur vie privée. Cette situation n'est pas survenue de nouveau en juillet 2011 quand le gouvernement fédéral a rendu publics les noms de 30 personnes soupçonnées de crimes de guerre qui auraient entré au pays illégalement et avaient disparu. Avec l'aide de la population, huit de ces personnes ont été retrouvées assez rapidement et, en août 2011, trois avaient été expulsées. Le gouvernement a plus tard publié les noms et les photos de 32 résidents permanents qui avaient commis des actes criminels graves pour essayer de les retrouver. Même si le gouvernement précédent se sentait obligé de respecter les règles sur la protection de la vie privée pour publier des renseignements au sujet de criminels en cavale, leur réticence n'était apparemment pas justifiée.
Même si les préoccupations relatives à la protection de la vie privée devraient être prises en considération lorsque des ententes précises seront élaborées au sujet de l'échange de renseignements avec les États-Unis, il ne faut pas croire que nous sommes limités par les règles relatives à la protection de la vie privée, comme l'avaient pensé les autorités gouvernementales en 2003 et en 2005.
De plus, si la mise en oeuvre des dispositions du plan d'action qui sont clairement bénéfiques aux Canadiens et qui accroissent notre sécurité entraîne un examen du caractère adéquat de nos présentes mesures législatives relativement à la protection des renseignements personnels, nous devrions être prêts à considérer la possibilité de modifier ces mesures. Cela devra avant, bien entendu, faire l'objet de débats au Parlement.
Monsieur le président, je conclurai en rappelant deux autres enjeux qui ont été soulevés en ce qui a trait à la mise en oeuvre de l'accord avec les États-Unis. Premièrement, avec l'adoption des diverses mesures du plan d'action, on affirme qu’il n'y aura aucune discrimination entre le traitement des citoyens et des résidents permanents tant aux États-Unis qu'au Canada. N'empêche que si un non-Canadien, y compris un résident permanent, est un criminel de guerre, est impliqué dans un acte terroriste, soutient le terrorisme ou a commis des crimes graves, nous n'avons pas les mêmes obligations à son égard que nous avons à l’égard d’un citoyen canadien.
C’est fondé en droit international. Les accords consulaires internationaux ne garantissent pas l'accès aux non-citoyens. En vertu des lois nationales, les résidents permanents n'ont évidemment pas le droit de voter ou d'avoir un passeport. Je crois que nous ne pouvons pas automatiquement accorder aux non-citoyens les mêmes droits qu’aux citoyens, tout simplement parce qu’il s’agit de résidents permanents.
Deuxièmement, nous nous demandons si l'application régulière de la loi doit être garantie à ceux qui se sont vu refuser le droit d'entrée au Canada à la suite de la mise en oeuvre du régime d'autorisation de voyage électronique ou de toute autre mesure du plan d'action. Si nous garantissons l'application régulière de la loi à ceux qui se sont vu refuser l'entrée au Canada, nous permettrons en fait à tous les non-Canadiens de partout dans le monde de contester les refus. Les avocats en droit de l’immigration seraient peut-être aux anges, mais ce serait une véritable catastrophe pour le système judiciaire canadien, et cela minerait gravement notre souveraineté.
Lorsque j'ai témoigné devant le comité il y a deux semaines, j'ai mentionné que nous avions déjà un problème avec des gens au Canada qui n'étaient pas citoyens canadiens. L'article 7 de la Charte des droits et libertés a été mal rédigé. C’est ce qui a mené en 1985 à une décision de la Cour suprême qui a permis aux demandeurs du statut de réfugié déboutés de faire retarder leur renvoi pendant des années, voire des décennies. Nous avons donc déjà un problème sur notre territoire avec des non-citoyens qui ont droit à une application régulière de la loi qu'aucun autre pays ne garantit. Nous ne voulons certainement pas étendre ce droit aux non-Canadiens qui ne sont même pas encore arrivés.
Je tenais à soulever ces deux enjeux, parce qu’ils l’avaient déjà été et qu’ils risquent de revenir dans les discussions.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Lorsque nous abordons la disposition sur l'autorisation de voyage électronique du projet de loi, je crois qu'il est extrêmement important de nous souvenir de la raison principale qui a mené à cette mesure. Tout débute bien étendu par les tragiques événements du 11 septembre, soit les attaques terroristes sur le World Trade Center et le Pentagone.
Ce triste événement a changé le monde, selon certains. Chose certaine, les États-Unis et le Canada se sont rendu compte du jour au lendemain qu'ils étaient vulnérables à de telles attaques. Les deux pays ont rapidement réagi pour essayer d'y remédier. Ils ont été obligés d'adopter une série de mesures qui ont été mises en oeuvre depuis le 11 septembre.
La plus importante mesure a peut-être été l'adoption par les deux pays de mesures législatives qui les ont autorisés à accorder des pouvoirs élargis à leurs forces de sécurité et du renseignement. Il y a également eu une mesure visant à restructurer l'administration publique. Les ministères ont été restructurés pour leur permettre de se concentrer plus attentivement sur les questions de sécurité. Ils ont également accordé plus de pouvoirs aux organismes chargés de la sécurité, particulièrement dans les domaines de la surveillance et de la collecte de renseignements.
Par contre, les événements du 11 septembre ont également mené à de meilleurs accords de coopération entre le Canada et les États-Unis, parce qu'ils ont reconnu qu’ils devaient coopérer pour lutter contre le terrorisme. Le premier accord a vu le jour deux mois après les attentats, soit en décembre 2001. Les deux pays ont alors signé ce qui était connu sous le nom du Plan d'action pour une frontière intelligente. Cet accord contenait un vaste programme de mesures élaborées en vue de mettre au point une approche digne du XXIe siècle à l'égard de la gestion de la frontière, comme les deux pays l’avaient présenté à l'époque.
L'accord mettait principalement l'accent sur le déplacement sécuritaire du personnel et des biens à faible risque entre les deux frontières. Il a également introduit une méthode de précontrôle des passagers à faible risque et le programme NEXUS, qui permet l'entrée aux frontières canadiennes et américaines de voyageurs préautorisés à faible risque en faisant l'objet d’un contrôle réduit. L'accord visait également l'amélioration de l'infrastructure maritime et routière, dont la construction de nouveaux ponts et de nouvelles installations aux points d'entrée, et chose encore plus importante, l'échange de renseignements et la coordination d'initiatives concernant l'application de la loi. Nous avons mis sur pied quatre équipes intégrées de la police des frontières dont faisaient partie des agents canadiens et américains et qui étaient à l'oeuvre des deux côtés de la frontière.
Tout cela semblait bien beau, et il s'agissait d'étapes essentielles, mais cela ne fonctionnait malheureusement pas très bien. En 2009, nous avons constaté que nous avions en fait militarisé la frontière, au lieu de faciliter le déplacement des biens et des services entre les deux pays. Nous avions des douaniers armés, de la surveillance électronique et mécanique et des appareils qui survolaient la frontière. Le déplacement des biens et des services était devenu incroyablement plus laborieux.
M. Collacott a déjà fait allusion aux répercussions sur le commerce et le tourisme. En 2009, par exemple, le nombre de visiteurs en provenance du Canada séjournant moins de 24 heures aux États-Unis a chuté de 21 millions. Toujours en 2009, du côté des États-Unis, le nombre de voyageurs en provenance des États-Unis séjournant plus de 24 heures au Canada n'avait jamais été aussi bas en 24 ans. Les autorités ont réalisé qu'il fallait agir, parce que la frontière que nous prenions un malin plaisir à appeler la plus longue frontière non protégée dans le monde commençait à ressembler de plus en plus à Checkpoint Charlie qui séparait Berlin-Est de Berlin-Ouest.
Pour aborder ces enjeux, le et le président Obama se sont rencontrés en février 2011 à Washington et ont émis une déclaration commune intitulée Par-delà la frontière: une vision commune de la sécurité et de la compétitivité économique à l'intérieur du périmètre. La déclaration était en gros une réaffirmation de ce qui avait été annoncé dans le Plan d'action pour une frontière intelligente, mais cette fois-ci il y avait un appui politique de haut niveau. Plus encore, cette déclaration engageait les deux pays à mettre en oeuvre un périmètre de sécurité commun.
Un plan d'action commun concernant le périmètre de sécurité a été élaboré, et le Groupe de travail par-delà la frontière a été mis sur pied pour examiner et mettre en oeuvre les mesures qui visaient à maintenir la frontière ouverte au commerce et aux voyageurs légitimes et à la fermer aux terroristes et aux criminels.
L'autorisation de voyage électronique fait partie de l'initiative Par-delà la frontière, et tous les Canadiens devraient, selon moi, l’appuyer. Comme nous le savons, l'Australie utilise depuis des années un tel système qui semble très bien fonctionner. Les États-Unis ont mis le leur en place en 2009. Les Canadiens et les Mexicains ne sont heureusement pas assujettis à ce programme, mais le régime américain semble également bien fonctionner.
Il s'agit d'un concept très simple; il vise à essayer d’identifier les gens qui, en vertu de la loi, sont inadmissibles à entrer au Canada et à empêcher leur entrée, parce que c'est extrêmement difficile, même impossible dans certains cas, de les renvoyer, s'ils entrent au pays.
De nombreuses raisons le justifient. Tous ceux qui sont au Canada sont bien entendu protégés en vertu de notre Charte, ce qui leur garantit par conséquent l'application régulière de la loi. De plus, pour renvoyer une personne dans son pays, il faut très souvent que le pays d'origine lui délivre un passeport, mais ce pays n'est pas très souvent emballé par le retour de cette personne. Il arrive d'attendre des mois, voire des années, pour obtenir le passeport d’une personne dont le renvoi a déjà été prononcé.
C'est également extrêmement dispendieux. Le ministère estime que le renvoi d'une personne coûte entre 1 500 et 15 000 $. Un renvoi a même coûté plus de 300 000 $. Dans le cas d'une personne très dangereuse, il faut noliser un avion, et c'est extrêmement dispendieux.
Le ministère prévoit avoir besoin de 540,7 millions sur cinq ans pour renvoyer uniquement des demandeurs du statut de réfugié déboutés, et nous ne parlons pas des autres cas. C'est beaucoup d'argent.
C'est donc logique d'essayer d'empêcher les gens inadmissibles en vertu de la loi de prendre l'avion et d'entrer sur notre territoire.
Certains ont dit que l’établissement d’un périmètre de sécurité commun avec nos voisins du Sud signifie une perte de notre souveraineté. Je crois que cette peur devrait être dissipée. La souveraineté est, après tout, l’expression du pouvoir ultime d'un État de décider par lui-même ce qu'il devrait faire au sujet de questions relatives à la sécurité nationale et à l'intérêt national. La ratification d'un accord mutuel avec un autre pays qui vise à améliorer la sécurité et à accroître la protection des Canadiens ne menace certainement pas notre souveraineté.
Je suis donc tout à fait favorable à cette mesure très simple. Comme nous l'avons entendu ce matin de la part de mon collègue, M. Bell, cela mènera à la surveillance biométrique. La vérification du nom est une première étape, mais ce n'est pas très efficace.
Je crois qu’un autre avantage de l'adoption de cette mesure est que, depuis le 11 septembre, les Américains considèrent que le Canada manque de fermeté à l’égard du terrorisme...
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence. J'ai certainement trouvé très encourageant de vous entendre appuyer cette mesure très importante dans vos témoignages. Au cours de notre étude plus approfondie, les témoins nous ont fait part de leurs commentaires au sujet de l'autorisation de voyage électronique. En tant que gouvernement, notre objectif principal est bien entendu de toujours garantir la sécurité de nos citoyens, et c'est d'une importance capitale pour nous.
Si vous me le permettez, je vais citer ce qu'a dit M. Linklater ce matin. Il est sous-ministre adjoint de Politiques stratégiques et de programmes au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Il a dit qu'il s'agissait d'un outil de plus pour nous aider à identifier les gens avant qu’ils arrivent au Canada et à empêcher les risques d'entrer. Nous avons certainement entendu des commentaires de la part de membres du comité au sujet de la difficulté potentielle pour certains voyageurs d'obtenir une autorisation de voyage électronique et des répercussions possibles sur le tourisme. Notre objectif principal est bien entendu la sécurité des Canadiens. Certains ont émis des réserves en ce qui a trait à la protection des renseignements personnels, particulièrement dans le cas d'étrangers, et cela peut en préoccuper certains ou même être une préoccupation principale pour eux. Dans notre cas, c'est la sécurité des Canadiens qui prime.
J'aimerais vous poser une question sur les déplacements, parce que cela semble être un thème récurrent, particulièrement du côté des députés de l'opposition. Certains voyageurs seront peut-être touchés. Connaissez-vous des études qui ont porté sur les répercussions sur le tourisme à la suite de la mise en oeuvre du régime d'autorisation de voyage électronique, en particulier aux États-Unis?
Débutons par vous, monsieur Collacott.
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Merci beaucoup à vous trois de votre exposé.
J'aimerais revenir aux questions qu'a soulevées la commissaire à la protection de la vie privée dans le document qu'elle nous a fait parvenir. Mme Stoddart remet très sérieusement en question le nouveau système, sa mise en oeuvre, etc. Elle affirme en particulier que les renseignements personnels de gens qui arrivent au Canada, que ce soit pour faire du tourisme, des affaires, ou pour rendre visite à leur famille, seront conservés pendant 15 ans.
D'un autre côté, on nous dit très clairement que l'approbation accordée aux termes de l'AVE pourrait s'appliquer deux, trois, quatre ou cinq ans — voire pendant une période indéterminée — alors qu'on va recueillir les renseignements personnels des gens et les conserver pendant 15 ans, ce qui me semble excessif.
Elle affirme également que le gouvernement du Canada devrait être plus transparent sur l'utilisation qu'il fait des renseignements personnels recueillis auprès des voyageurs et que le nouveau système devrait faire l'objet d'un examen approfondi.
On nous dit dans les témoignages précédents que l'on se penche sur les questions qui figureront dans le formulaire, mais on n'a pas pris de décision à ce sujet. Pour l'instant, on n'a pas l'intention de communiquer ces renseignements à qui que ce soit; mais tout ce qu'on dit, c'est: « pour l'instant », ce qui pourrait changer à tout moment.
Je vous pose donc, Robert, la question suivante: quelles recommandations feriez-vous, compte tenu de votre expertise technique, pour protéger la vie privée et assurer la surveillance et l'examen appropriés du nouveau système?
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Merci, monsieur le président.
Je pense à la personne qui vit en Europe et qui souhaite rendre visite à un frère ou à une soeur au Canada. Le gouvernement essaie de donner l'impression que cela ne présente aucun problème: il suffit d'aller sur Internet, de fournir quelques informations et le système envoie une approbation en quelques minutes.
Je n'arrive pas à m'expliquer comment on fait une vérification du dossier criminel sans avoir accès aux banques de données européennes et comment on règle toutes les questions de fausse représentation dont on doit souvent s'occuper lorsqu'un visa de visiteur est nécessaire. Il semble qu'on ait très peu réfléchi aux diverses étapes du processus.
Monsieur Bell, j'ai vraiment été intrigué par votre idée de l'intégration nécessaire des données biométriques. Cela apporte de l'eau à mon moulin. Le gouvernement a eu cette idée, il a une entente avec les États-Unis et il se sent aujourd'hui obligé de respecter cette entente. Il présente donc un budget dans lequel il veut faire passer cette initiative. Il n'y a pas vraiment réfléchi, mais l'intègre dans le budget dans l'espoir qu'elle sera adoptée et il s'occupera ensuite des problèmes liés à la réglementation.
Je vous pose donc la question suivante: pensez-vous que ce que nous sommes en mesure de voir aujourd'hui, ce que nous connaissons aujourd'hui, permettra de filtrer les indésirables? Autrement dit, y aura-t-il à l'étranger des gens qui pourront encore venir au Canada? Quel obstacle présentera cette initiative, à moins d'y intégrer des mesures touchant notamment les données biométriques? Est-ce que cette initiative va empêcher des gens très déterminés à venir au Canada en provenance de pays qui n'ont pas besoin de visa?
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Eh bien, je suppose qu'il y a deux ramifications à votre question, sinon plus.
Premièrement, comme je ne fais pas partie du gouvernement, je ne sais pas quelle information contiennent ses bases de données. Mais je suppose qu'il s'agirait d'information sur, disons, des gens qui ont violé les droits de la personne; sur des fugitifs connus à l'étranger, mais qui sont en possession d'un passeport canadien. Le gouvernement aurait donc certaines informations autres que celles qui découlent d'une activité, criminelle ou autre, au Canada. Il pourrait certainement reconnaître des gens dont le statut de réfugié a été refusé ou qui ont été déportés à la suite d'activités criminelles.
C'est là une série d'informations dont il dispose et ce sont des informations valables, mais les délinquants ont beaucoup d'imagination. Ils se demanderont par exemple, comment contourner les exigences relatives au nom, comment obtenir des documents authentiques, émis par un pays sous un autre nom, comment se forger une nouvelle identité et obtenir les documents correspondants. C'est à cette échappatoire que je pensais et elle est importante. Je pense que le Canada a été un peu lent à réagir. D'autres pays ont vu plus rapidement le problème et ont commencé à appliquer des vérifications des données biométriques en plus des vérifications d'identité.
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Le système que le Canada va mettre en place au début ne repose pas entièrement sur un système biométrique; par conséquent, ce que vous dites est probablement vrai. Il y a une possibilité de fraude et une possibilité qu'une personne fasse une fausse déclaration et réussisse à entrer. Je pense qu'il s'agit des faiblesses que M. Bell a déjà soulignées.
En plus, il est très rare, évidemment, qu'un terroriste bien connu, dont le nom peut figurer sur un avis de surveillance, voyagera sous sa propre identité. Il le fera sous une fausse identité et probablement avec un faux passeport. À moins qu'on utilise la technologie biométrique de reconnaissance faciale ou de l'iris, le système est sûrement inadéquat, mais je crois que c'est un premier pas dans la bonne direction. Dès le début, on a toujours présumé que la biométrie ferait partie du plan relatif à la frontière.
En outre, je crois que même si le système a ses lacunes, il sert de moyen de dissuasion. Je sais que bien des gens qui ont un casier judiciaire hésitent à présenter une demande, car il présument qu'ils se feront prendre. Par ailleurs, je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais moi, lorsque je voyage dans un pays étranger, je me sens toujours plus à l'aise si j'ai la certitude à l'avance que je pourrai entrer au pays sans problème à mon arrivée. Je pense que c'est un avantage important de ce système.
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Il n'y a donc pas vraiment de surprises dans cette partie.
M. James Bissett: Non.
Mme Roxanne James: D'accord.
Monsieur Collacott, ma prochaine question s'adresse à vous.
Je suis heureuse que vous ayez parlé de ce point parce que, parfois au comité, on entend certains membres de l'opposition insinuer que le système de citoyenneté au Canada présente les mêmes avantages aux non-citoyens ou même aux gens qui essaient de venir au Canada en tant que visiteurs.
Vous avez mentionné quelque chose que j'ai pris en note. Vous avez dit, et je cite: les « non-Canadiens qui ne sont même pas encore arrivés. » Je suis contente que vous ayez indiqué au comité que la citoyenneté a bel et bien une valeur au Canada et que les questions liées à la protection des renseignements personnels ou même les dispositions de la Charte s'appliquent différemment, selon qu'il s'agit de citoyens canadiens ou de personnes qui essaient de venir au Canada pour une visite, pour affaires ou pour toute autre raison.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet, s'il vous plaît?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être parmi nous.
Monsieur Bissett, d'après la note d'information préparée par nos analystes et d'après ce que vous avez dit tout à l'heure, nous savons que le premier ministre du Canada et le président des États-Unis ont publié une déclaration intitulée Par-delà la frontière: une vision commune de la sécurité du périmètre et de la compétitivité économique. Toujours selon les renseignements fournis par les analystes, le plan d'action qui en a découlé établit des priorités conjointes et des domaines de coopération, notamment l'établissement d'une approche commune pour la vérification des voyageurs. Cela rejoint, en quelque sorte, ce que vous avez dit tout à l'heure.
Pour revenir au point soulevé par Mme Sims concernant l'Australie, vous avez dit que notre système d'AVE comprendra des questions qui ressembleront probablement davantage à celles de l'Australie qu'à celles des États-Unis. Étant donné que c'est avec les États-Unis que nous avons conclu une entente de collaboration en vue d'adopter des normes de vérification semblables, nos questions ne seraient-elles pas plutôt conformes à celles de notre voisin du Sud — bien entendu, cela reste à voir —, compte tenu de nos efforts visant à rationaliser notre processus et à l'harmoniser avec celui des États-Unis? On optera pour des questions plus rigoureuses.
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Merci, monsieur le président.
Avant de me lancer en politique, je faisais beaucoup de voyages d'affaires; en tout, j'ai visité plus d'une trentaine ou quarantaine de pays. Je trouve que l'AVE ou même la demande de visa constituent des mesures tout à fait raisonnables parce qu'elles facilitent l'entrée au pays. Il y a toutefois deux points que j'aimerais porter à l'attention de M. Bell et peut-être de M. Bissett.
Nous entrons dans un monde de plus en plus internationalisé, un monde où les gens ont différents prénoms et où il faut se demander si on utilise le bon caractère chinois ou la bonne transcription de l'arabe; par exemple, faut-il mettre « al » ou « el »? Bref, je trouve que l'AVE est un outil beaucoup plus simplifié pour régler ces questions, parce qu'on ne se fie plus aux renseignements de base normalisés ni à la façon dont le nom d'une personne a été traduit au point d'arrivée, selon que l'agent était de souche francophone ou anglophone. Voilà donc pour le premier point.
L'autre point, c'est que dans la région de l'Asie-Pacifique — au Japon, à Taïwan et à Hong Kong —, je crois qu'on se fie énormément à ces types de données biométriques. En fait, j'aimerais avoir la confirmation que c'est bien le cas et que nous tenons compte de toute la dimension culturelle de ces questions.
Par ailleurs, lorsqu'on est un voyageur d'affaires, comme M. Bissett l'a mentionné... J'aurais certainement intérêt à savoir que j'ai le droit d'entrer dans un pays avant qu'on m'informe du contraire à mon arrivée sur les lieux. Voici quelques-unes des questions qu'on m'a déjà posées: vous a-t-on déjà refusé un visa d'entrée pour un pays? Avez-vous une maladie transmissible? Apportez-vous des produits commerciaux? Une autre question qu'on peut poser, c'est: vous a-t-on déjà refusé l'accès au pays? Ce sont là des questions assez courantes. En tant que voyageur d'affaires, je ne verrais aucun inconvénient à ce qu'on me pose l'une ou l'autre de ces questions.
Monsieur Bell.