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Bonjour, monsieur le président, membres du comité et éminents collègues, sans oublier les invités spéciaux.
C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui pour parler de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi .
Je considère aussi comme un grand honneur que seulement trois députés aient voté contre le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Je constate, et c'est un paradoxe, que deux d'entre eux ne cachent pas vouloir que le Canada échoue comme pays et que le Canada serait sûrement vaincu si les politiques du troisième étaient mises en oeuvre. Quant au reste d'entre nous, nous nous sommes ralliés à l'incroyable majorité, les nombreux acteurs, Canadiens de tous les horizons, conservateurs, libéraux, néo-démocrates et vaillants travailleurs de la circonscription de Calgary-Nord-Est ainsi que la population canadienne de l'Atlantique au Pacifique et des Grands Lacs au Grand Nord, qui veulent tous que cette mesure devienne loi.
Trois grands principes m'ont servi d'inspiration pour ce projet de loi: les nouveaux Canadiens ont besoin de plus de voies vers l'intégration; nos héroïques hommes et femmes en uniforme méritent notre plus grand respect; le Canada est le meilleur pays du monde. Nous ne devrions forcer personne à s'accrocher à la citoyenneté canadienne, avec les droits et obligations qu'elle comporte clairement, s'ils veulent détruire tout ce que représente ce merveilleux pays.
Ce sont des principes auxquels tiennent les Canadiens de tous les horizons qui, à l'instar de la plupart de nous dans cette pièce, veulent que l'on récompense ceux qui n'hésitent pas à mettre leur vie en jeu pour le Canada et les valeurs canadiennes. Ces Canadiens veulent aussi que ceux qui s'attaquent à nos gens disposés à mettre leur vie en péril pour défendre nos libertés et nos valeurs subissent le châtiment qu'ils méritent.
Si vous me le permettez, je voudrais vous raconter l'histoire peu connue d'un héros de guerre du nom de Buckam Singh. Arrivé au Canada en 1907, à l'âge de 14 ans, M. Singh s'est enrôlé dans le Corps expéditionnaire canadien en 1915. Il a servi dans les forces armées durant la Première Guerre mondiale. Membre du 20e bataillon d'infanterie canadien, il a servi dans les Flandres, où il a été blessé à deux reprises durant les combats. Soulignons que M. Singh a été initialement soigné à un hôpital administré par le docteur et lieutenant-colonel John McCrae, mieux connu pour son fameux poème Au Champ d'honneur.
M. Singh est décédé en 1919 dans un hôpital militaire de Kitchener, en Ontario. Il a été décoré de la médaille de la Victoire en reconnaissance du service rendu à son pays adoptif. De plus, sa femme et sa mère ont été décorées de la Croix du Souvenir en reconnaissance de son sacrifice. Il a donné sa vie pour défendre le Canada et la cause de la liberté à l'étranger. Cependant, même s'il a été reconnu pour son service rendu au pays, il n'est jamais devenu citoyen canadien; il n'y était même pas admissible.
Monsieur le président, c'est aux héros comme M. Singh que cette mesure tente notamment de rendre hommage. Si le projet de loi pouvait aider une seule personne comme M. Singh, ce serait sûrement à l'avantage du Canada.
Pendant que nous examinons l'histoire, jetons un coup d'oeil aux précédents pour la deuxième partie du projet de loi. Nombre de démocraties occidentales, notamment l'Australie et le Royaume-Uni, ont adopté il y a longtemps des lois semblables permettant la renonciation à la citoyenneté dans l'intérêt public, une norme bien plus faible et vague que ce que prévoit ce projet de loi.
En outre, le projet de loi n'est qu'une étape nécessaire de l'élargissement de la portée de la législation canadienne actuelle. En effet, l'article 10 de la Loi sur la citoyenneté prévoit déjà le retrait de la citoyenneté et l'article 46 du Code criminel dispose clairement que la trahison est un crime.
Jusqu'en 1977, le châtiment infligé aux personnes trouvées coupables de trahison était la perte de la citoyenneté canadienne. Les Canadiens voudraient bien que cette mesure soit rétablie. Mon projet de loi élargira la portée des lois pour que les personnes trouvées coupables de trahison subissent un châtiment adapté à leur crime, le mécanisme de surveillance et le droit d'appel étant énoncés dans le Code criminel et la Loi sur la citoyenneté. La population veut simplement que ces mesures soient rétablies dans les lois.
J'estime que ce comité a été mandaté par une écrasante majorité de Canadiens qui veulent que ce projet de loi soit adopté.
Pour ceux d'entre vous qui s'opposent au projet de loi et qui croient que j'ai des préjugés envers les immigrants, je dirai que 87 % des électeurs de ma circonscription que j'ai sondés à l'aide du bulletin parlementaire appuient le projet de loi. Ma circonscription compte plus de 50 % de minorités visibles et affiche le plus fort pourcentage de nouveaux Canadiens en Alberta. Cela montre que de nombreux nouveaux Canadiens sont favorables au projet de loi.
Le 30 octobre dernier, le National Post a fait état d'un sondage NRG réalisé auprès de 1 001 Canadiens de l'Atlantique au Pacifique et des Grands Lacs à l'océan Arctique. Le sondage montre que 8 Canadiens sur 10 sont favorables à l'idée que perde sa citoyenneté canadienne quiconque se rend coupable d'actes qui, par leur nature même, sont des attaques contre les valeurs que représente la citoyenneté canadienne.
De plus, l'équipe éditoriale du Calgary Herald, de concert avec Ahmadiyya Muslim Jama’at Canada, la Somali Canadian Education and Rural Development Organization, Immigrants for Canada, le Centre pour une réforme des politiques d'immigration, le Muslim Canadian Congress et B’nai Brith Canada, appuie mon projet de loi.
Monsieur le président, en tant qu'immigrant et député de , j'ai parlé à des Canadiens, de fraîche ou de longue date, de ma circonscription et d'ailleurs. Il est clair pour moi que les Canadiens de tous les horizons comprennent la valeur et le privilège d'être citoyen canadien. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont choisi le Canada. Ils ne veulent certainement pas que ce pour quoi ils ont travaillé si fort, la citoyenneté canadienne, soit corrompu par une poignée de gens ayant choisi d'en abuser.
Malgré tout, monsieur le président, j'estime que notre travail de député consiste à porter un regard critique sur tous les projets de loi. Dans le même esprit de coopération et d'ouverture dont j'ai fait preuve en présentant ce projet de loi, je continuerai de travailler humblement avec chacun d'entre vous pour répondre à vos questions et à vos préoccupations. Fait plus important, j'ai hâte d'entendre vos suggestions pour améliorer le projet de loi.
Dans cet esprit, monsieur le président, je voudrais réitérer que je laisse la porte ouverte aux amendements qui sont conformes aux buts et à l'objet du projet de loi.
Je vous remercie de nouveau et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Shory, merci de votre présence, d'avoir présenté ce projet de loi au Parlement et bien sûr de le soumettre à notre étude ici aujourd'hui. Je pense que c'est un projet de loi important.
En tant qu'ancien militaire, je vous remercie de vous préoccuper des militaires canadiens à l'étranger et des risques énormes qu'ils doivent déjà affronter. Les militaires canadiens n'ont pas besoin du risque supplémentaire que représentent les citoyens canadiens qui s'en prennent à eux au lieu de les appuyer et qui vont à l'encontre de l'intérêt du Canada.
Monsieur, que répondez-vous aux critiques qui prétendent que la citoyenneté canadienne est un droit inaliénable et que nous ne pouvons pas la retirer à ceux qui commettent des actes manifestement déloyaux envers le Canada et ses valeurs? Par exemple, les critiques pourraient dire que les gens qui s'opposent aux Forces canadiennes ou qui commettent des actes terroristes contre les Canadiens au pays ou dans les pays alliés doivent être en mesure de conserver la citoyenneté.
Pouvez-vous commenter la question?
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Bien sûr, monsieur Opitz.
Avant même de déposer ce projet de loi, j'ai réalisé un sondage dans ma circonscription de Calgary-Nord-Est. Au total, 87 % des répondants y accordent leur soutien. Je répète que 50 % de mes électeurs sont de nouveaux immigrants.
Ensuite, le sondage NRG mené partout au pays et publié dans le National Post a montré que 8 Canadiens sur 10 appuient l'idée selon laquelle celui qui attaque nos militaires renonce à la citoyenneté.
Le comité de rédaction du Calgary Herald a ensuite réalisé un sondage en ligne, avant d'appuyer mon projet de loi, comme Ahmadiyya Muslim Jama’at Canada, la Somali Canadian Education and Rural Development Organization, Immigrants for Canada, le Congrès musulman canadien et B’nai Brith.
J'ai parlé à bien des gens dans Calgary-Nord-Est, mais aussi partout où j'en ai eu la chance, à l'aéroport ou ailleurs. J'ai rencontré très peu de gens qui se montraient critiques à l'égard du projet de loi.
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Oui. En passant, je suis moi-même immigrant. Je vais vous expliquer comment j'ai eu cette idée.
À mon avis, ce n'est pas pour rien que les immigrants choisissent le Canada. Nous devons faire en sorte que les immigrants continuent de venir ici pour les mêmes raisons.
Je me souviens toutefois qu'à mon arrivée au Canada à la fin des années 1980, nous laissions souvent la porte déverrouillée avant de sortir. De nos jours, nous activons l'alarme avant de dormir à la maison. La différence, c'est que nous vivons désormais dans la crainte de toutes les activités suspectes qui se déroulent ici.
Je répète que 87 % des répondants dans ma circonscription, composée d'une majorité d'immigrants, soutiennent mon projet de loi. Je suis d'accord avec vous que les Canadiens de longue ou de fraîche date n'ont pas émis beaucoup de critiques. La bonne nouvelle, c'est que l'opposition appuie le projet de loi, et je la remercie.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je remercie notre témoin d'être parmi nous ce matin.
Je voudrais tout de même rappeler que l'opposition officielle reconnaît, bien évidement, l'ampleur des sacrifices qui ont été consentis par nos soldats et par nos anciens combattants, ainsi que toute l'importance de pouvoir reconnaître cette implication et cette bravoure. Nous appuyons nos Forces armées canadiennes ainsi que les objectifs de ce projet de loi. Par contre, comme nous l'avons déjà évoqué, certains aspects de ce projet de loi semblent contenir certaines lacunes et ambiguïtés, d'où les questions que nous allons vous poser ce matin.
Pour débuter, j'aimerais rappeler que lors des échanges qui ont eu cours à l'étape de la deuxième lecture, vous n'aviez pas été en mesure de nous informer du nombre de personnes que ce projet de loi pourrait toucher. Aujourd'hui, pouvez-vous chiffrer le nombre de résidents permanents qui s'enrôlent annuellement au sein des Forces armées canadiennes et qui pourraient bénéficier de ce projet de loi?
Monsieur Shory, merci de votre exposé.
[Français]
Selon moi, ce projet de loi comporte des faiblesses et un peu d'ambiguïtés. J'essaie de bien comprendre. J'aimerais avoir des précisions sur certaines questions. À cause de ces ambiguïtés, j'hésite encore à appuyer ce projet de loi.
J'aimerais vous citer. À l'étape de la deuxième lecture, vous avez dit ceci:
[Traduction]
Mon projet de loi élargira la portée des lois pour que les personnes trouvées coupables de trahison subissent un châtiment adapté à leur crime, le mécanisme de surveillance et le droit d'appel étant énoncés dans le Code criminel et la Loi sur la citoyenneté.
[Français]
Proposez-vous que des actes de trahison soient synonymes d'actes de guerre? En ce moment, votre projet de loi manque de précision à cet égard. Je veux bien comprendre. Pensez-vous que votre projet de loi bénéficierait d'une définition d'« acte de guerre »? Qu'est-ce qu'un acte de guerre, selon vous?
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J'aimerais vous faire part d'une expérience personnelle.
Je suis arrivé au Canada en 1968, parce que quand j'ai présenté une demande de visa étudiant aux États-Unis, la guerre du Vietnam battait son plein et je devais, pour obtenir ce visa, signer la conscription, si bien que les États-Unis auraient pu m'obliger à aller me battre au Vietnam. À l'époque, dans l'armée américaine, on obtenait automatiquement la citoyenneté si l'on acceptait de consacrer trois ans au service militaire de combat actif, et l'on en tirait également tous les avantages de la Loi sur l'éducation des G.I.
J'ai choisi à l'époque de ne pas signer ce document parce que je ne voulais pas être réquisitionné pour participer à une guerre contre laquelle je m'opposais, puisque je viens moi-même d'Asie. C'est la raison pour laquelle je suis venu au Canada. Je comprends que cela a changé tout le cours de ma vie. Après avoir passé plus de 40 ans au Canada, nous sommes maintenant en position de redonner au Canada par nos expériences communes, par tout ce que nous avons vécu depuis que nous sommes arrivés en tant qu'immigrants jusqu'à ce que nous soyons élus députés.
Malheureusement, je n'ai pas eu la chance d'être membre des Forces armées canadiennes, mais j'ai participé à diverses fonctions de maintien de la paix pour les Nations Unies à titre de conseiller civil. Je peux vraiment mesurer l'ampleur du sacrifice que font nos hommes et nos femmes en uniforme.
En quoi le fait d'ouvrir cette porte et de raccourcir la période d'immigration peut-elle accroître le sens du sacrifice ou l'attachement des gens envers le pays, en quoi cela peut-il bonifier la valeur de la citoyenneté canadienne?
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Shory, et je vous félicite que votre projet de loi d'initiative parlementaire soit rendu si loin. D'expérience, je sais que c'est un honneur de pouvoir présenter ses idées à un comité.
Quelques-uns de mes collègues de l'autre côté ont parlé de la définition d'« acte de guerre » et de la possibilité d'ajouter d'autres éléments au projet de loi, comme le terrorisme. Je sais que vous avez répondu à ces questions, mais j'aimerais vous parler un peu de ce que j'ai constaté dans ma propre circonscription de Scarborough-Centre. Vous avez mentionné que vous aviez vous aussi fait des sondages.
Pour ma part, j'ai envoyé une lettre à mes électeurs au sujet de la révocation de la citoyenneté pour cause de fraude relative à la résidence ou à la citoyenneté. Il a été annoncé l'an dernier que CIC menait enquête sur 11 000 personnes. J'ai demandé des réponses à mes électeurs. Je le mentionne maintenant parce qu'il y a un point commun qui ressort des réponses que j'ai reçues. En grande majorité, mes électeurs qui ont répondu nous demandent de renoncer aussi à la citoyenneté des personnes qui commettent des actes de terrorisme ou des actes de trahison contre le Canada. Je tiens à le souligner, parce que ce n'est pas propre à votre région. Je suis à Toronto, dans une circonscription à très grande diversité ethnique. C'est la communauté dans laquelle je vis, et elle appuie massivement ces deux mesures.
Je vous ai entendu dire aujourd'hui que vous étiez ouvert à l'idée d'ajouter le terrorisme parmi les motifs de renonciation, mais je dois également vous demander, au nom des électeurs de Scarborough-Centre, si vous êtes ouvert à l'idée d'y ajouter le mot « trahison ».
Récemment, nous avons découvert un citoyen canadien, une personne ayant une double nationalité qui n'avait pas vécu au Canada depuis son enfance... Il avait immigré au Canada, avait la citoyenneté du Canada et d'un autre pays, puis avait quitté le Canada alors qu'il n'était encore qu'un jeune enfant et était maintenant soupçonné d'attaque terroriste pour avoir fait éclater une bombe en Bulgarie, qui a causé plusieurs morts. C'est un exemple.
Il n'y a pas si longtemps, il y a un autre Canadien qui a fait les manchettes pour sa participation possible à une attaque terroriste, à un attentat à la bombe horrible. Nous en avons entendu parler plus en détail hier. Si je ne me trompe pas, il s'agit d'un Algérien, dont la citoyenneté canadienne a été confirmée grâce à ses empreintes digitales. J'entends parler de ces deux cas récents, et il n'y a pas si longtemps, nous avons également entendu parler du groupe terroriste Toronto 18.
Je viens moi-même de Toronto, et je dois vous dire qu'il y a quelque chose qui se passe. Je suis très inquiète. Mes électeurs me parlent constamment de ce genre de problème. Ils s'en inquiètent. Je me demande si vous croyez que la radicalisation est un problème grandissant au Canada.
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Exactement. En posant les gestes mentionnés dans mon projet de loi, soit en posant des gestes armés contre nos forces armées, ces personnes ne font pas attention au Canada, ne font pas attention aux valeurs canadiennes et ne font pas attention non plus à la citoyenneté canadienne. Rien de cela n'a de valeur pour eux.
Plutôt que de remplir une tonne de paperasse et de leur envoyer des avis, il faut essentiellement considérer qu'ils ont présenté une demande.
Bien sûr, dès qu'une personne présente une demande ou que le processus est enclenché, il faut respecter ses droits, comme on l'a mentionné. En bout de ligne, il y aura émission d'un certificat de renonciation.
Auparavant, la personne pourra se prévaloir du mécanisme d'appel. Avant qu'une décision ne soit rendue, je suppose que la personne pourra présenter ses doléances devant un juge de la citoyenneté. Une fois la renonciation établie, il y aura un mécanisme d'appel à la Cour fédérale. Je ne dis absolument pas qu'il faut éliminer les recours habituels.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
Je suis le colonel François Bariteau, directeur des Besoins en production du personnel pour le chef du personnel militaire. Je suis chargé de déterminer quel devrait être notre recrutement annuel sur le plan du personnel, aussi bien pour les effectifs généraux que pour les effectifs de chaque sous-catégorie.
[Traduction]
Je suis venu avec mon collègue, Ie colonel Michael Gibson, qui est Ie juge-avocat général adjoint pour la justice militaire. II est chargé de conseiller Ie juge-avocat général dans Ie domaine de la justice militaire; à ce titre, il examine les modifications proposées à la Loi sur la Défense nationale ou à d'autres lois qui pourraient avoir des incidences sur Ie système judiciaire militaire et il prépare des politiques juridiques liées à la justice militaire.
Étant donné que nous comparaissons en tant qu'experts techniques du droit militaire et des politiques sur Ie personnel militaire, nos observations sur Ie projet de loi d'initiative parlementaire se limiteront à nos spécialités respectives. Nous avons soigneusement examiné Ie projet de loi de nos points de vue respectifs.
Je tiens à souligner que les Forces canadiennes peuvent déjà recruter des résidents permanents lorsqu'il n'y a pas suffisamment de membres des Forces canadiennes dans des métiers particuliers et que Ie candidat possède un ensemble de compétences recherché permettant de répondre à un besoin spécial. Si Ie projet de loi était adopté, ces membres des Forces canadiennes pourraient obtenir la nationalité canadienne un an plus tôt.
[Français]
En ce qui concerne le paragraphe portant sur la citoyenneté réputée répudiée, le colonel Gibson voudrait attirer votre attention sur le fait que le terme « guerre » a un sens très limité en droit international. Ainsi, on entend généralement par « acte de guerre » un acte commis lorsqu'il y a un état de guerre officiel entre deux pays.
Monsieur le président, nous vous remercions de nous donner l'occasion de parler du projet de loi d'initiative parlementaire avec le comité.
Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
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Merci d'avoir soulevé cette question.
J'aimerais prendre quelques instants pour en parler, car l'utilisation du terme « acte de guerre » à l'article 2 du projet de loi pourrait poser problème. J'aimerais formuler quelques commentaires techniques à cet égard.
Le terme « guerre » ou l'expression « déclaration de guerre » n'est plus vraiment utilisé en droit international depuis la Seconde Guerre mondiale. Il n'y a pas eu de déclaration de guerre en tant que telle depuis ce temps-là. Le droit international a cherché à ne pas utiliser ce concept en faveur de « conflit armé ». C'est préférable dans ce cas parce que l'existence d'un conflit armé est essentiellement déterminée selon le contexte et ne dépend pas d'une déclaration de guerre officielle.
De façon similaire, l'expression « acte de guerre » ne se trouve, vraiment, dans aucun des principaux traités qui forment actuellement la jurisprudence internationale. L'expression « acte de guerre » est utilisée de façon limitée dans la loi canadienne, mais seulement dans un nombre très limité de dispositions et elle se rapporte strictement à des questions de responsabilité dans, par exemple, la Loi sur la responsabilité en matière maritime et la Loi sur les pêches, mais pas vraiment dans des contextes semblables à celui dans lequel elle est utilisée dans le projet de loi à l'étude.
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Comme je l'ai mentionné plus tôt, on parle de besoins précis. De plus, cela ne doit pas porter atteinte à l'intérêt national.
Pour l'enrôlement au sein des Forces canadiennes, nous considérons d'abord et avant tout les citoyens canadiens. Les Forces canadiennes sont une organisation complexe. Elles comprennent quand même plus de 95 métiers différents. Lorsqu'il y a une carence de personnel dans certains métiers, un des moyens utilisés par les Forces canadiennes est d'en chercher du côté des résidents permanents, notamment de l'Angleterre, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Si ces gens ont le statut de résident permanent, ils peuvent être considérés, tout dépendant de leurs qualifications.
Je peux vous donner un exemple. À un moment donné, un individu de l'Angleterre avait été chargé de ramener dans son pays l'équipement de l'Angleterre qui se trouvait en Afghanistan. C'est une qualification qui était très importante pour nous, puisque nous allions passer au travers de ce processus de rapatriement d'équipement. Une organisation au sein des Forces canadiennes cherchait l'expertise d'une telle personne, ce que nous n'avions pas encore, malheureusement. C'est un exemple.
Les travailleurs sociaux sont un autre exemple. À l'heure actuelle, ce métier est à 75 % de sa force autorisée.
Il s'agit donc de gens que nous pouvons considérer si jamais nous sommes dans l'incapacité de recruter au sein de la population canadienne, c'est-à-dire parmi les citoyens canadiens.
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Je peux voir dans le cas des travailleurs sociaux.
Col François Bariteau: Oui.
M. Ted Opitz: C'est un domaine très en demande pour bien des raisons dans la société, mais aussi, bien sûr, pour venir en aide à nos soldats canadiens qui souffrent eux-mêmes de stress post-traumatique ou d'autres problèmes sociaux. Je crois comprendre que c'est un poste très important à pourvoir, comme celui de pharmacien et les autres que vous avez mentionnés.
Je sais qu'auparavant, les résidents permanents pouvaient s'enrôler dans les Forces canadiennes, mais manifestement, le recrutement ne pose pas problème en ce moment, si j'en juge par certains chiffres que vous avez donnés.
Pouvez-vous parler des pilotes de CF-18, par exemple? Je sais que nous les recrutons de pays du Commonwealth. Lorsque je travaillais au CFC, il y avait deux ou trois exemples de pilotes de CF-18 recrutés par le Canada. Maintenant, vous dites que nous avons une pénurie de pilotes de ce type d'aéronef.
Comment nous y prendrions-nous pour recruter un pilote australien, disons?
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C'est une très bonne question, mais nous ne manquons pas de gens qui veulent s'enrôler pour devenir des pilotes. Il semble que tout le monde au sein de la population canadienne veuille voler dans les airs. Il n'y a pas de pénurie de postulants au métier de pilote.
Cela dit, les critères de sélection très rigoureux empêchent un grand nombre d'entre eux de se joindre aux forces pour faire ce métier particulier. L'instruction est un autre facteur dont nous devons tenir compte, car elle est très longue et très exigeante. Beaucoup de ceux inscrits dans la liste d'instruction élémentaire suivent des cours de pilotage, mais étant donné que l'instruction dure plus de deux ans, il y a évidemment un manque à un rang précis que nous devons combler par des personnes possédant des compétences approfondies.
Et c'est là que nous envisagerons les pilotes du Royaume-Uni, par exemple, qui sont résidents permanents au Canada. Nous considérerons leur candidature parce que notre formation ressemble beaucoup à la leur. En fait, certaines qualifications sont identiques, par exemple, la qualification d'instructeur est pratiquement la même que celle des pilotes canadiens qui donnent des cours.
Les recruter constitue pour nous une valeur ajoutée. Nous pouvons remplir les postes vacants à un rang particulier. Nous pouvons poursuivre l'instruction des nouvelles recrues des Forces armées canadiennes afin qu'elles puissent devenir des pilotes. Nous ne les mettons pas de côté en attendant d'avoir suffisamment d'instructeurs pour leur donner des cours.
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Monsieur le président, je pense qu'il est important de faire, pour les membres du comité, la distinction entre deux contextes différents.
Le projet de loi traite essentiellement d'un concept de droit administratif qui touche à la citoyenneté d'une personne, qui est membre d'un groupe armé ou des forces armées d'un autre État, qui est citoyen canadien et qui a commis des actes d'hostilité contre le Canada.
La justice pénale et la justice militaire approcheront cette situation d'un point de vue différent. Si la personne a commis un acte bien défini tel que la trahison, l'espionnage, un assaut ou un meurtre, alors oui, nous sommes habilités à la juger.
Je pense qu'il est important de faire la différence, sur le plan conceptuel, entre la justice pénale et ce qui est essentiellement un concept de droit administratif que l'on trouve dans le projet de loi.
J'espère que ma réponse est utile.
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Monsieur le président, il y a deux volets à ma réponse.
D'abord, pour ce qui est de la définition du terrorisme, il y a quatre références. Une définition se trouve aux articles 2 et 83.01 du Code criminel. On trouve des définitions très similaires du terrorisme et des actes terroristes dans la Loi sur la Défense nationale. L'article 2 de cette loi se réfère essentiellement à la terminologie utilisée dans le Code criminel. En bref, la Loi sur la Défense nationale reprend les définitions du terrorisme que l'on trouve dans le Code criminel, bien qu'il y ait des dispositions particulières.
La trahison, quant à elle, constitue une infraction aux termes du Code criminel. Elle pourrait être jugée dans le système de justice militaire en vertu de l'article 130 de la Loi sur la Défense nationale qui habilite les tribunaux militaires à juger toute infraction créée par une loi du Parlement. Un tribunal militaire, par exemple, une cour martiale, peut juger les infractions les plus graves. Il peut juger des infractions précises créées par le Parlement dans la Loi sur la Défense nationale elle-même, qui sont généralement des infractions de nature militaire comme la mutinerie, l'insubordination, la désobéissance à un ordre légitime ainsi que toute infraction au Code criminel. Dans le contexte hypothétique d'un citoyen canadien accusé de trahison, ce citoyen pourrait être jugé par une cour martiale. Il pourrait être poursuivi aux termes de l'article 130 de la Loi sur la Défense nationale pour crime de trahison conformément à l'article 46 ou à l'article 47 du Code criminel.