[Français]
J'aimerais faire un rappel concernant deux choses.
[Traduction]
Avant de poursuivre, je vais présenter le préambule habituel.
Bienvenue à la 84e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre le 21 juin 2023, nous poursuivons l'étude du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et d'autres lois en conséquence et abrogeant un règlement.
La réunion se déroulera dans un cadre hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 23 juin 2022. Certains députés sont présents dans la salle et d'autres siègent à distance au moyen de l'application Zoom.
[Français]
Je confirme que tous les tests ont été effectués pour les témoins qui se joignent à nous en ligne.
[Traduction]
J'ai quelques consignes à donner aux témoins et aux députés qui participent aux travaux à distance.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous nous joignez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer, et désactivez‑le quand vous avez terminé votre intervention.
Je tiens à vous informer que je vais utiliser ces deux cartons. Celui‑ci indique qu'il reste 30 secondes au temps de parole, et celui‑ci indique qu'il est écoulé. Je vais essayer de me faire la plus discrète possible, mais je dois tenir compte de nos contraintes de temps et je vais donc interrompre les témoins et les députés au besoin. Vous devez toujours vous adresser à la présidence. Les députés dans la salle qui souhaitent intervenir doivent lever la main. Si vous utilisez Zoom, utilisez la fonction « Lever la main ». Le greffier et moi-même allons faire de notre mieux pour respecter l'ordre d'intervention. Nous vous remercions à l'avance de faire preuve de patience et de compréhension à cet égard.
Pour terminer, nous vous demandons de laisser le soin aux pupitreurs d'activer et de désactiver vos microphones. Il s'agit d'une nouvelle consigne. J'imagine que d'autres comités ont eu des problèmes, ce qui n'est pas le cas du nôtre. Plusieurs microphones activés en même temps peuvent produire des bruits parasites nuisibles aux interprètes.
[Français]
Les tests ont été effectués avec succès.
Avant d'entamer la première heure, j'aimerais vous parler des points suivants.
[Traduction]
J'ai maintenant deux points d'ordre administratif.
Premièrement, j'ai une motion à faire adopter et j'aimerais que quelqu'un la présente. Elle porte sur l'échéance pour soumettre les amendements proposés au projet de loi :
Que les membres du Comité fassent parvenir au greffier leurs projets d’amendement pour l'étude article par article du projet de loi C‑321, au plus tard à midi le mardi 28 novembre 2023.
Est‑ce que quelqu'un peut présenter la motion?
[Français]
La date est le 28 novembre et la rencontre se tiendra à midi, parce que l'étude article par article est le 30 novembre. Nous avons déjà confirmé les dates et elles sont inscrites au calendrier.
[Traduction]
On m'a demandé de faire quelques mises au point à ce sujet.
Je rappelle aux députés que tous les amendements et les sous-amendements proposés au projet de loi doivent être formulés par écrit et transmis au greffier du Comité. N'envoyez pas de directives de rédaction aux greffiers législatifs puisqu'ils ne rédigent pas les amendements. Ces directives doivent être transmises au conseiller législatif.
Est‑ce que quelqu'un peut présenter la motion afin que nous puissions l'adopter?
Merci, madame Brière.
Y a‑t‑il des objections?
D'accord. C'est adopté.
(La motion est adoptée.)
La présidente: Pour ce qui est du point suivant, le greffier vous a transmis un courriel plus tôt aujourd'hui concernant deux dépenses budgétaires liées aux projets de loi et .
Est‑ce que quelqu'un peut soumettre la motion portant qu’un budget d'étude de 16 500 $ soit alloué relativement à l'étude du projet de loi , et la motion portant qu’un budget d'étude de 19 700 $ soit alloué relativement à l'étude du projet de loi ?
Merci beaucoup, monsieur Moore.
Y a‑t‑il des objections?
(La motion est adoptée.)
La présidente: Merci.
Nous allons entamer notre première étude, qui porte sur le projet de loi .
[Français]
Nous recevons aujourd'hui...
[Traduction]
Je suis désolée. Nous allons procéder à l'étude du projet de loi .
[Français]
Nous recevons donc aujourd'hui, à titre personnel, M. Simon Roy, vice-doyen et professeur titulaire, Faculté de droit, Université de Sherbrooke.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Roy.
[Traduction]
Nous accueillons également deux témoins qui se joignent à nous par vidéoconférence. M. John Curtis est conseiller juridique interne à la Criminal Cases Review Commission du Royaume-Uni, et Mme Jessyca Greenwood est membre exécutive de la Criminal Lawyers' Association.
Distingués collègues, nous allons entamer la première période de questions avec les témoins. Vous aurez six minutes chacun pour leur poser vos questions.
Auparavant, chaque témoin va nous présenter une déclaration liminaire de cinq minutes.
[Français]
Monsieur Roy, vous avez la parole.
:
Je vous remercie d'abord de m'avoir invité à comparaître devant le Comité. C'est une occasion très intéressante.
De façon générale, j'estime que ce projet de loi est une belle initiative, qui s'inspire d'autres pays. J'ai eu l'occasion d'écouter les deux premières séances de cette étude. Il y a donc des choses sur lesquelles je ne reviendrai pas, mais je vais attirer votre attention sur trois points de vigilance.
Le premier point concerne le procès devant jury. À mon avis, le procès devant jury est une cause d'erreur judiciaire. Plusieurs auteurs de doctrine, dont M. Kent Roach, sont du même avis. En effet, dans le cas de personnes racisées, surtout les autochtones, il est difficile de trouver un jury représentatif.
De plus, ce sont très souvent des causes qui suscitent beaucoup d'émotion. Quand un meurtre est commis dans une petite localité, il est donc plus difficile de faire un procès devant jury. Il est aussi très difficile de porter un verdict en appel, parce que le jury n'a pas à présenter ses motifs. Pourquoi le jury a-t-il décidé ceci ou cela? On ne le sait pas. Le critère à appliquer en appel, c'est le critère du verdict déraisonnable. Cependant, il n'y a pas de motifs écrits concernant l'évaluation du caractère raisonnable du verdict. Cela peut donc donner lieu à des possibilités d'erreurs judiciaires.
Que pouvons-nous faire pour régler cela? Je vous propose de modifier l'article 649 du Code criminel. Selon cet article, un jury ne peut pas divulguer ce qui s'est passé pendant les délibérations, sauf dans le cas d'une enquête pour entrave à la justice, cas qui est prévu au paragraphe 139(2). Le projet de loi pourrait permettre à la nouvelle commission d'examen des erreurs du système judiciaire d'interroger les membres du jury sur le contenu des délibérations si l'une des raisons invoquées pour l'erreur judiciaire était un problème relevé dans les délibérations du jury.
Le deuxième point de vigilance concerne les pouvoirs d'enquête de la commission proposée. Selon votre projet de loi, la commission a les pouvoirs de la Loi sur les enquêtes. Elle n'a donc pas de pouvoir quant à la visite des lieux. Bien que ce soit peut-être rarement applicable, il pourrait être intéressant de donner ce pouvoir à la commission. Cependant, elle a aussi le pouvoir de contraindre des témoins à témoigner, ce qui peut inclure le demandeur, c'est-à-dire le condamné. La personne qui fait une demande pourrait donc être forcée de témoigner devant la commission si celle-ci l'exige. Elle n'aurait pas droit au silence dans ce contexte.
Je ne dis pas que c'est une bonne ou une mauvaise chose. Je fais juste vous signaler que c'est une possibilité présentement, selon le libellé actuel du projet de loi. Évidemment, le contenu de son témoignage ne pourrait pas nécessairement être utilisé contre le demandeur dans un procès ultérieur, parce qu'il y a des protections sur le plan constitutionnel. La personne pourrait cependant être contrainte de témoigner, tout comme des coaccusés, par exemple. Dans un procès, les coaccusés ont droit au silence alors que, devant la commission que vous proposez, un coaccusé pourrait être forcé de témoigner au sujet de ce qui s'est passé.
Le dernier point de vigilance concerne les cas de plaidoyer de culpabilité douteux ou de stratégie de la défense. Il y a eu l'affaire de l'ex-juge Jacques Delisle, que vous connaissez sûrement, et l'affaire Sarson, une décision rendue par la Cour suprême en 1996. Dans les deux cas, il y a eu des décisions stratégiques de la défense. M. Sarson avait décidé de ne pas contester la constitutionnalité de la loi; M. Delisle avait décidé de ne pas témoigner. Ils sont tous les deux revenus par la suite en disant qu'ils avaient été victimes d'un traitement injuste. Dans le cas de M. Sarson, la Cour suprême a dit qu'il y avait autorité de la chose jugée et qu'on ne pouvait plus rien faire. Dans le cas de M. Delisle, comme vous le savez, le ministre, à l'époque, avait fait droit à sa demande.
Je pense qu'il faut distinguer cela des cas d'innocence. Quelqu'un qui a commis un geste, mais qui est accusé pour un autre geste, pourrait décider de tenter de ne pas se faire condamner pour le geste principal. Prenons le cas de M. Sarson. Il a été accusé de meurtre et il a plaidé coupable d'homicide involontaire. C'est un choix stratégique pour la défense. Si on le déclare coupable de meurtre, c'est en effet une erreur judiciaire, mais ce n'est pas à l'endroit d'une personne innocente que cette erreur a été commise. Ce n'est donc peut-être pas le même critère qui devrait s'appliquer. Cela m'amène au pouvoir de réexaminer la peine, qui devrait peut-être être inclus dans votre projet de loi.
Je termine en parlant d'une question qui a été soulevée, à la dernière réunion, sur les plaidoyers de culpabilité douteux qui mènent à des erreurs judiciaires. Cela est possible. Je peux citer l'exemple de l'affaire Simon Marshall, qui a été jugée au Québec. M. Marshall, qui avait une déficience intellectuelle, avait plaidé coupable et on s'est aperçu par la suite que ce n'était pas lui qui avait commis le crime.
Les tests d'ADN l'ont innocenté.
Cet aspect est particulièrement important dans le cas des personnes racisées ou marginalisées, surtout dans celui des femmes autochtones victimes de violence conjugale. Ces femmes pourraient être condamnées à tort, parce qu'elles ne croient pas avoir de défense.
Merci.
:
Bonsoir à tous. Je suis très heureux d’être avec vous aujourd’hui et de contribuer à votre travail important.
Tout d’abord, il serait utile de donner un aperçu du rôle de la Commission au Royaume-Uni, de sa structure, de ses pouvoirs et du travail que nous effectuons au sein du système de justice pénale britannique.
La Criminal Cases Review Commission du Royaume-Uni a été créée par le Parlement en 1997 et relève de la Criminal Appeal Act, la loi sur les recours en matière pénale, de 1995. Le Parlement a voulu créer un organisme indépendant, qui est responsable de trouver d’éventuelles erreurs judiciaires, de faire enquête sur le sujet et de les renvoyer à un tribunal d’appel. Depuis sa création il y a 26 ans, la Commission a révisé plus de 31 000 affaires. Au cours de la même période, elle a fait 826 renvois aux tribunaux d’appel, ce qui équivaut à au moins 1 affaire toutes les 2 semaines et à une moyenne historique d’environ 31 affaires par année. Environ 70 % de ces renvois ont entraîné l’annulation des condamnations criminelles ou une réduction de peine.
La Commission est financée par une subvention annuelle du ministère de la Justice. Depuis 1997, notre subvention annuelle moyenne en espèces a été de 8,775 millions de livres sterling, compte tenu de l’inflation. L’année dernière, notre subvention s’élevait à 7,280 millions de livres sterling, un financement inférieur de 17 % par rapport à la moyenne historique.
Chaque année, nous recevons en moyenne 1 145 demandes de révision. Nous avons toutefois constaté une augmentation marquée au cours des dernières années, surtout à la suite de l’adoption d’un formulaire « facile à lire » de demande en ligne. Cette année, nous nous attendons à recevoir plus de 1 600 demandes provenant d'une population carcérale de plus de 80 000 personnes à l'échelle du Royaume-Uni. Nous n’avons actuellement pas de files d’attente ou de temps d’attente, mais la situation est de plus en plus difficile à maintenir. Nous avons pour objectif de réaliser au moins 85 % des révisions dans un délai de 12 mois. Nous y parvenions jusqu’à tout récemment mais, encore une fois, il sera difficile de maintenir le rythme. Inévitablement, les affaires plus complexes prennent plus de temps et leur révision peut prendre un, deux, voire trois ans.
Nous rendons des comptes au Parlement en lui présentant des rapports annuels. La supervision opérationnelle est assurée par un conseil d’administration présidé par Mme Helen Pitcher et qui comprend trois administrateurs indépendants. Nous avons environ 120 employés qui correspondent à 101 équivalents temps plein, ou ETP. Nous avons aussi 11 commissaires qui rendent les décisions; ils représentent 4 ETP et reçoivent un tarif journalier. Bon nombre des commissaires et des chargés de dossiers — mais pas tous — sont légalement qualifiés.
Nous croyons en une organisation collaborative et multidisciplinaire, formée de gens ayant des compétences juridiques et d’enquête, ainsi que de spécialistes en criminalistique et en criminalité financière.
Le Parlement a conféré un éventail unique de pouvoirs d’enquête à la Commission. Nous pouvons obtenir des éléments matériels auprès d’organismes publics ou de personnes physiques. Nous pouvons ordonner et diriger une enquête policière lorsqu’une affaire est particulièrement importante. Nous avons également certains pouvoirs, y compris celui d'interroger les jurés suivant les directives du tribunal. Nous pouvons réviser toute affaire pénale, de l’infraction la plus mineure à la plus grave. Nos pouvoirs s’étendent également aux tribunaux militaires.
La Commission est un organisme de dernier recours. Avant de lui présenter une demande, il faut généralement avoir épuisé ses droits d’appel. Cependant, dans des circonstances exceptionnelles, elle peut réviser des affaires même lorsqu’il n’y a pas eu d’appel, y compris dans le cas d’affaires mettant en cause des personnes en situation de vulnérabilité extrême en raison de troubles de santé mentale, par exemple. Nous pouvons aussi réviser une affaire qui concerne une personne décédée si la demande a été présentée par un proche parent.
En plus d’obtenir des dossiers de la police, des tribunaux ainsi que des poursuivants et de la défense, nous recevons souvent des éléments matériels provenant des écoles, des services sociaux, des médecins et des services de sécurité. Nous pouvons parler à des témoins, à des scientifiques, à des policiers et à des juges pour comprendre ce qui s’est passé. Nous pouvons également demander de nouveaux examens sur les pièces à conviction. La Commission est le seul organisme habilité à renvoyer une affaire en deuxième appel. Les renvois sont effectués sur la base d'un nouvel élément de preuve ou d’un nouvel argument juridique.
Je vais m'arrêter ici.
:
Madame la présidente, messieurs les vice-présidents, distingués membres du Comité, je vous remercie.
Merci d'avoir invité la Criminal Lawyers' Association, la CLA, à prendre la parole devant vous aujourd'hui. Notre organisme représente environ 2 000 avocats de la défense de l'Ontario et compte des membres partout au Canada. Jour après jour, nous sommes aux premières lignes pour défendre les personnes accusées devant les tribunaux.
Sur une note plus personnelle, j'ai grandi dans une petite ville de l'Ontario, mais j'exerce à Toronto. J'ai été admise au Barreau en 2009 et j'ai eu l'occasion unique d'intervenir dans des dossiers touchant des condamnations injustifiées.
Vous vous demandez peut-être s'il y a vraiment des condamnations injustifiées au Canada, un pays dont le système de justice est de calibre mondial, mais nous savons qu'il y a en a. Quand j'étais jeune avocate, j'ai fait du bénévolat pendant plus d'une dizaine d'années auprès de l'Association in Defence of the Wrongly Convicted, maintenant appelée Innocence Canada. Je m'occupais du dossier d'un jeune Autochtone qui avait été déclaré coupable de meurtre. C'est de loin l'affaire qui a le plus marqué ma vie personnelle et professionnelle.
Pour le Canada, la constitution d'une commission représente une étape extrêmement importante pour éviter que des Canadiens soient injustement condamnés à perpétuité. Sans le travail d'Innocence Canada, personne n'aurait entendu parler des erreurs judiciaires dans les affaires de Donald Marshall et de David Milgaard, ou de la preuve maintenant discréditée du Dr Charles Smith.
Les luttes partisanes n'ont pas leur place quand il s'agit de mettre un terme aux condamnations injustifiées. Nous devons en faire un objectif commun et travailler main dans la main. Les condamnations injustifiées causent préjudice aux victimes, aux contribuables, et surtout au lien de confiance entre le public et le système de justice. La CLA appuie le projet de loi . La réforme ambitieuse qu'il propose est longuement attendue.
La CLA estime que la solidité du régime d'examen repose sur deux éléments essentiels: l'indépendance institutionnelle et une infrastructure ainsi que des ressources suffisantes pour mener à bien ce travail indispensable. Ces deux éléments se retrouvent dans le projet de loi, mais il pourrait aller plus loin. En toute déférence, la CLA demande au Comité de réfléchir à l'ajout de trois autres éléments.
Premièrement, eu égard à la fonction de commissaire et aux ressources, nous recommandons de garantir l'inamovibilité pour assurer la révision des causes impopulaires. Il s'agit d'un travail difficile et souvent mal perçu, potentiellement sujet à l'ingérence politique. Nous recommandons que la Commission compte parmi ses effectifs des personnes sensibilisées à ces questions, aux difficultés auxquelles se butent les accusés racisés et autochtones ou qui ont des troubles de santé mentale et, surtout, qui sont prêtes à faire ce travail difficile.
Deuxièmement, le critère d'intervention appliqué jusqu'ici a toujours été la possibilité pour la personne qui sollicite une révision du ministre de prouver son innocence factuelle, ce qui place la barre très haut. Nous appuyons les réformes visant à autoriser la Commission à se saisir de causes dans lesquelles l'innocence factuelle n'est pas établie. Ce devrait être la norme, et non l'exception.
Aux yeux de la CLA, cette réforme est cruciale étant donné les multiples obstacles que rencontrent les personnes condamnées à tort, comme l'ont souligné les juges LaForme et Westmoreland-Traoré dans leur rapport.
Troisièmement, nous demandons l'élargissement du rôle de la nouvelle commission en matière de rapports et l'utilisation des données essentielles recueillies pour améliorer de manière continue notre système de justice. Dans sa forme actuelle, le projet de loi oblige la Commission à présenter un rapport annuel au ministre concernant ses activités. Nous demandons au Comité d'envisager l'élargissement de cette obligation afin que la Commission rende compte également des tendances systémiques en matière de condamnations injustifiées et qu'elle puisse faire des recommandations de grande portée aux services policiers, aux poursuivants et aux tribunaux afin d'assurer une utilisation diligente des données recueillies pour améliorer le système de justice.
Le projet de loi n'est pas une mesure ordinaire. Je sais par expérience qu'il peut changer la vie de ceux qui attendent une révision et qui y ont droit.
Une question se pose. Considérant que notre système est perçu mondialement comme un modèle d'excellence, faut‑il conserver le même critère ou en faire davantage pour protéger les personnes les plus vulnérables dans notre société et le droit de tous à l'équité et à la justice?
Je répondrai volontiers à vos questions. Comme nous avons des contraintes de temps aujourd'hui, je serai à votre disposition si vous souhaitez discuter en privé des points que je viens d'aborder et obtenir des précisions.
Madame la présidente, je vous remercie de nouveau pour le temps qui m'a été accordé.
:
Merci, madame la présidente.
Merci à l'ensemble des témoins de prendre part à cette importante étude.
Ma question s'adresse à M. Curtis.
Merci de comparaître devant le Comité et de nous parler de votre expérience alors que le Canada se prépare à écrire un nouveau chapitre.
Je crois que notre expérience se distingue de la vôtre à différents égards et j'aimerais avoir vos lumières à ce sujet.
Dans le régime actuel, comme vient de le souligner la témoin, le critère qui s'applique est « une erreur judiciaire a probablement été commise ». C'est ce que le doit établir avec le soutien d'experts du ministère de la Justice.
Le projet de loi, en plus de prévoir la création d'une commission, introduit ce qui pourrait s'avérer un seuil beaucoup plus faible en exigeant d'établir qu'une erreur judiciaire « a pu » être commise. Par définition… À mon avis, la formulation « une erreur judiciaire a pu être commise » pourrait probablement s'appliquer à toutes les causes.
Selon ce que je comprends de votre système, et vous pourrez nous en dire davantage, le critère pour obtenir la révision d'une erreur judiciaire… Le régime canadien, contrairement au vôtre, n'exige pas de nouvel élément de preuve ou de nouvel argument juridique. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet? Quel est le seuil à partir duquel vous procédez à la révision d'une affaire?
:
Est-ce absolument nécessaire? Cela ne l'est peut-être pas, sauf que c'est un pouvoir qui est présentement offert aux juges et aux jurys. Un juge qui travaille sur un dossier et qui estime avoir besoin d'aller sur les lieux pour comprendre la situation peut ordonner la visite. C'est la même chose quand il s'agit d'un juge et d'un jury.
Ainsi, il peut y avoir des dossiers où, effectivement, la commission aurait avantage à voir les lieux physiques. On peut penser à une situation qui est arrivée au Québec, il y a quelque temps, alors qu'une automobile était tombée dans une écluse. On se demandait si c'était un accident ou un meurtre. Le fait de se déplacer sur les lieux et de voir la configuration physique de l'accident permet souvent de mieux en évaluer les circonstances.
Je pense aussi que si les juges, qui ont un pouvoir de décision, ont le droit d'y aller, il serait un peu bizarre que la commission, qui a un pouvoir d'enquête, se prive de cet élément.
:
Je crois que c'est une excellente idée, surtout pour les personnes qui ont plaidé la culpabilité. Je vous parlais tout à l'heure de l'affaire Simon Marshall, mais je reviens aussi sur certaines décisions concernant des femmes autochtones. Dans l'affaire mettant en cause Mme Lavallee, on a reconnu la légitime défense de la femme battue. Souvent, quelqu'un peut énoncer sa culpabilité pour avoir tué son conjoint, mais, en droit, cet homicide n'est pas illégal parce qu'il y a une situation de légitime défense. Pourtant, dans son for intérieur, la personne peut se croire coupable et, si elle n'a pas la représentation adéquate, elle peut donc plaider coupable. Elle n'aura pas envie d'interjeter appel.
C'est compliqué de faire appel après un plaidoyer de culpabilité, puisqu'il faut retirer le plaidoyer en premier. Spécialement dans les cas de plaidoyer de culpabilité, l'idée d'épuiser les recours n'est pas la bonne solution. Même s'il y a moins d'erreurs judiciaires dans les cas de plaidoyer de culpabilité, cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas. L'affaire Marshall en est un très bon exemple. Je pense surtout aux clientèles vulnérables, aux populations marginalisées. Celles-ci auront peut-être un peu plus tendance à plaider la culpabilité par peur de ce qui pourrait arriver si elles ne le font pas ou par incompréhension des normes juridiques.
Parfois, une personne peut se sentir très coupable alors que, en droit, il n'en est rien. On peut penser aux affaires où la personne souffre de troubles mentaux. Elle peut se sentir coupable, mais elle pourrait présenter une défense fondée sur des troubles mentaux au moment du geste.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins qui sont avec nous, en personne ou en virtuel.
Je vous remercie aussi, monsieur Roy, d'être ici avec nous en personne. Je vais commencer par vous féliciter. Vous êtes associé à l'Université qui, à mon avis, est la meilleure du Canada.
Cela dit, j'aimerais entendre votre opinion sur un aspect qui a été évoqué par mon collègue M. Moore tout à l'heure. À propos du seuil, auparavant, on disait qu'il fallait qu'une erreur judiciaire se soit probablement produite. Maintenant, on dirait qu'il faut qu'une erreur judiciaire ait pu être commise. L'expression « ait pu être commise » m'apparaît un peu large à moi aussi. J'ai l'impression que tout le monde pourrait prétendre que, oui, il a pu y avoir une erreur judiciaire dans un dossier, alors que le seuil de probabilité m'apparaissait beaucoup plus raisonnable.
Que pensez-vous de cette question du seuil concernant les erreurs judiciaires?
:
À l'impossible, nul n'est tenu. Si la commission est ensevelie sous une avalanche de demandes, même s'il y a un délai maximal dans la loi, elle ne pourra pas le respecter. Si vous souhaitez imposer un délai, vous pouvez vous inspirer de l'exemple de la cour qui nous a donné des paramètres dans l'arrêt Jordan, soit un délai d'au plus 30 mois pour régler une affaire de meurtre, par exemple. Je sais que cela ne s'applique pas pour les causes en appel, mais cela donne quand même une idée quant au délai.
Ce que j'espère, c'est qu'il y ait plus de ressources qu'auparavant. Il va certainement y avoir plus de dossiers, mais, s'il y a plus de personnes qui s'occupent de ces dossiers, les délais seront peut-être réduits.
J'aimerais souligner un autre élément qui n'est pas dans le projet de loi et qui est important, à mon avis. Il faudrait prévoir les cas où quelqu'un pourrait faire deux, trois ou quatre demandes de révision. Par exemple, une personne présente une première demande, qui est refusée. Puis, deux ans après, elle trouve d'autres motifs. Aura-t-elle le droit de faire une deuxième demande? Trois ans après, peut-elle faire une troisième demande? Cela n'est pas prévu dans le projet de loi.
Les demandes multiples seraient peut-être facilement enlevées, parce qu'elles seraient jugées non recevables. Pour le moment, aucun nombre maximal de demandes par personne n'est prévu.
:
Merci, monsieur Garrison, de poser cette question.
J'ai bien vu cette recommandation dans le rapport du juge LaForme. Je comprends très bien l'importance d'avoir une diversité de points de vue et de confier la responsabilité d'une instance aussi importante à quelqu'un qui a une solide expérience du domaine.
Les deux avenues ont des avantages et des inconvénients. Si une personne d'expérience fait du bon travail à la tête de la Commission, il pourrait s'avérer judicieux de reconduire son mandat. En revanche, il s'agit d'un travail exigeant et il pourrait être avantageux d'avoir du sang neuf et des perspectives différentes.
Les deux solutions se défendent, mais je m'en remets au juge LaForme et à sa recommandation. J'ai pris connaissance de ses recommandations concernant le commissaire et les nominations de commissaires à temps partiel et par rotation. C'est à mon avis essentiel pour assurer qu'il y aura des effectifs suffisants pour accomplir le travail, comme l'a dit M. Roy dans ses réponses aux questions précédentes.
:
Merci, madame Greenwood.
Vous avez aussi évoqué l'importance de trouver du personnel sensible aux enjeux liés aux erreurs judiciaires, surtout quand des Canadiens marginalisés sont en cause. Si on se fie au bilan du processus actuel… Un témoin nous a dit que sur les 20 renvois accordés depuis 2002, un seul touchait une personne noire et un seul touchait une personne autochtone. Et si je ne m'abuse, toutes les personnes concernées étaient des hommes.
Considérant la composition de la population carcérale au Canada, ces chiffres donnent à penser que quelque chose ne va pas. Les proportions ne reflètent pas du tout la représentation parmi les personnes reconnues coupables.
Selon vous, à quoi devrait ressembler la composition du personnel de la Commission? Qui sont les personnes les plus susceptibles d'être sensibles à ces enjeux?
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur Roy, je reviens à vous. Ce n'est pas que les deux autres témoins ne sont pas importants, car ils ont mentionné des choses très intéressantes, mais vous, vous êtes ici.
Vous avez parlé tantôt du fait que nous devrions peut-être réfléchir à la possibilité d'élargir le pouvoir d'enquête d'une éventuelle commission pour inclure une visite des lieux. Il y aurait le droit de contraindre ou pas certains témoins à se présenter. Cela comprendrait évidemment le demandeur qui, comme vous l'avez mentionné, est en l'occurrence l'accusé. Ce sont toutes des questions qui m'apparaissent importantes. Cependant, une question me chicote.
En élargissant autant le pouvoir d'enquête d'une commission, cela ne reviendrait-il pas à refaire le procès, au bout du compte? En principe, cela ne devrait pas être possible, puisque le rôle de la commission est juste de voir s'il y a lieu de le refaire.
Ne craignez-vous pas que les choses aillent un peu trop loin?
:
C'est une question intéressante.
Tout à l'heure, la question était un peu de savoir s'il fallait se limiter à de nouvelles preuves. Évidemment, si on voit des preuves qui ont déjà été considérées, il y a peut-être alors double emploi. Toutefois, si quelqu'un veut présenter une nouvelle preuve, je pense que la commission devrait avoir les pouvoirs d'évaluer cette preuve qui n'a pas été présentée lors de la procédure initiale.
Par exemple, prenons l'argument voulant que ce soit quelqu'un d'autre qui a commis le crime. Si cet argument n'a pas été soulevé en première instance, je pense qu'il est pertinent que la commission veuille écouter ce témoin pour évaluer la possibilité d'erreur. Si le témoin a déjà été entendu en première instance, la commission a peut-être moins à gagner à l'entendre de nouveau.
:
Bienvenue à nouveau, distingués collègues. Nous allons poursuivre avec le second groupe de témoins.
La deuxième heure sera consacrée à l'étude du projet de loi .
[Français]
Nous recevons, à titre personnel, Mme Elizabeth Donnelly, professeure associée, School of Social Work, Université de Windsor, qui se joint à nous par vidéoconférence; Mme Linda Silas, présidente de la Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et infirmiers; et Mme Danette Thomsen, membre du conseil régional de la Colombie‑Britannique, région du Nord-Est, de la British Columbia Nurses' Union, qui se joint aussi à nous par vidéoconférence.
[Traduction]
Nous allons commencer avec des segments de six minutes par député.
Monsieur Brock, êtes-vous sur la liste?
Oh! je suis désolée. Avant les périodes de questions, vous avez chacun cinq minutes pour nous présenter vos déclarations liminaires. Nous passerons aux questions ensuite.
Je donne la parole à Mme Donnelly.
:
Je remercie sincèrement le Comité de son invitation. Je suis ravie. Il semble que la troisième fois sera la bonne et que je vais enfin pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Elizabeth Donnelly. Je suis professeure associée, mais je témoigne aujourd'hui essentiellement parce que j'ai consacré plus de 10 ans de ma vie aux problèmes de santé des ambulanciers paramédicaux. Je suis actuellement cochercheuse, avec M. Justin Mausz, au sein du Groupe de recherche sur la violence dans le secteur paramédical.
Parallèlement à mes travaux de recherche, je suis depuis plus de 20 ans une technicienne d'urgence médicale agréée. J'ai beaucoup travaillé aux premières lignes et mon point de vue n'a donc rien de théorique. Je prends la parole au nom de mes collègues parce que leur sécurité me tient à cœur.
Comme je devais témoigner le mois dernier, je vais faire un résumé des points que mon collègue vous a déjà présentés.
La violence subie par les ambulanciers paramédicaux est trop souvent passée sous silence, en partie à cause de la culture du silence, mais aussi parce qu'on en est venu à penser que tolérer la violence fait partie des compétences professionnelles attendues dans ce milieu. La croyance voulant que la violence soit inévitable tend à s'estomper depuis l'adoption d'une nouvelle stratégie de signalement et la mise en place de changements organisationnels importants. Les signalements des cas de violence sont en hausse et, bien qu'ils soient encore nettement insuffisants, notre recherche a établi que les ambulanciers paramédicaux signalent un cas de violence toutes les 18 heures, une agression toutes les 46 heures et un acte violent résultant en dommage physique tous les 9 jours.
La violence préoccupe la communauté des ambulanciers paramédicaux depuis des années. Il y a quelques années, les Chefs Paramédics du Canada ont publié un exposé de position dans lequel ils proposent la mise en œuvre de diverses stratégies pour protéger la sécurité des ambulanciers. Notamment, ils ont recommandé de mener des recherches pour comprendre l'étendue du problème, d'adopter des stratégies fondées sur des données probantes pour assurer la sécurité des ambulanciers paramédicaux aux premières lignes, de faire de la sensibilisation du public et, le plus important pour ce qui concerne le Comité et cette étude, de réformer les politiques et la législation.
Ces propositions ont été renforcées dans un Livre blanc publié par l'organisme sur l'avenir du secteur paramédical au Canada. Dans le Livre blanc, la violence est explicitement considérée comme un des problèmes de santé touchant la communauté des ambulanciers paramédicaux. Le même constat est formulé dans le rapport no 29 auquel M. Doherty a fait référence et dans lequel il est recommandé de modifier le Code criminel.
La communauté des ambulanciers paramédicaux fait ce qu'elle peut. De nombreux services ont déployé le nouvel outil de signalement et ont accepté de communiquer leurs données à mon groupe de recherche, ce qui nous permettra de mieux comprendre la situation. C'est un immense sujet de préoccupation pour notre communauté en raison des taux particulièrement élevés de maladie mentale parmi ses membres.
La collecte de données probantes commence à peine au Canada, mais une corrélation a déjà été établie avec la dépression, l'anxiété, le stress et l'épuisement professionnel dans d'autres populations. Un autre constat — qui n'est pas propre aux ambulanciers paramédicaux — a trait au lien entre l'exposition à la violence et l'intention de quitter la profession. C'est déjà difficile de trouver des fournisseurs de services pour répondre aux appels. Trouver du personnel qui montera à bord des ambulances est un véritable casse-tête. Nous ne pouvons nous permettre de perdre plus d'ambulanciers paramédicaux si nous voulons offrir les services auxquels les Canadiens s'attendent.
La communauté des ambulanciers paramédicaux a besoin de vous. Pour une foule de raisons, elle doit pouvoir compter sur le système de justice. La violence a été très longtemps perçue comme étant inévitable, et la capacité de la tolérer a déjà été considérée comme une des compétences professionnelles attendues, et nous avons besoin que les autres disent que c'est faux.
Les ambulanciers paramédicaux sont des aidants. Ils sont là quand il le faut. Ils suivent des formations. Ils se préparent. Ils vont répondre aux appels, de nuit comme de jour, ils vont se contorsionner, ils vont ramper dans les fossés. Ils vont toujours faire ce qu'il faut pour vous venir en aide.
Est‑il vraiment raisonnable de demander aux ambulanciers paramédicaux d'être là quand nous avons besoin d'eux, mais en même temps de leur dire qu'ils doivent endurer l'intimidation, les insultes racistes et le harcèlement sexuel? Est‑ce que c'est quelque chose que vous toléreriez dans votre milieu de travail? Est‑ce que c'est quelque chose que vos électeurs trouveraient acceptable? Je ne crois pas.
Il faudra plus qu'un projet de loi pour régler le problème. C'est complexe. Une approche globale sera nécessaire. Les services paramédicaux peuvent jouer un rôle en mettant en place des programmes axés sur la sécurité des ambulanciers. Les services policiers peuvent mener des enquêtes et porter des accusations. Le gouvernement canadien peut aussi y mettre du sien en modifiant le Code criminel.
La modification du Code criminel aura plusieurs effets.
Premièrement...
[Traduction]
Je suis désolée, madame Donnelly. Il n'y a rien de pire qu'être à court de temps.
Je vous remercie, madame la présidente, et je vous remercie, mesdames et messieurs les membres du Comité, de votre invitation. C'est un privilège de comparaître devant vous.
Je tiens d’abord à souligner que nous nous trouvons aujourd’hui sur le territoire non cédé de la nation algonquine Anishinabeg. Je suis une fière Néo-Brunswickoise qui vient du magnifique territoire des Micmacs.
Je suis ici en tant que présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers et au nom de nos 250 000 membres. Je suis fière que Mme Thomsen, qui est une de nos dirigeantes en Colombie-Britannique, présente bientôt ses observations préliminaires.
Nous sommes les infirmières et infirmiers qui travaillent. Comme les ambulanciers paramédicaux, nous sommes présents 24 heures sur 24, sept jours sur sept, pour prendre soin des malades.
Le personnel infirmier du Canada estime que le libellé du projet de loi complète les protections existantes et les modifications apportées au Code criminel par le projet de loi . J'y viendrai bientôt.
Les modifications au Code criminel prévues par le projet de loi visaient à mieux protéger le personnel de la santé, dont le personnel infirmier. À présent, le projet de loi propose d’étendre cette protection aux premiers répondants. Nous nous en réjouissons. Nous considérons que la violence envers tout professionnel de la santé ou premier répondant dans l'exercice de leurs fonctions constitue une circonstance aggravante dans la détermination de la peine.
Les faits sont choquants. Vous avez entendu Mme Donnelly parler des ambulanciers paramédicaux. Les deux tiers des répondants à un sondage pancanadien réalisé en 2023 auprès du personnel infirmier déclarent avoir subi une agression physique au cours de l’année écoulée et 40 % déclarent être victimes d'agression physique plus d'une fois par mois dans le cadre de leur travail.
Tout le monde a droit à un environnement de travail exempt de violence et d’agression. Ces comportements ne devraient pas être tolérés. Malheureusement, le personnel infirmier et le personnel soignant en sont régulièrement victimes. Nous devons nous pencher sur ces problèmes. Nous devons prendre de nouvelles mesures, comme modifier le Code criminel, mais nous parlerons également de modes de prévention.
Bien des gens au Canada sont conscients que le personnel de la sécurité publique — les policiers, les pompiers et les agents des services correctionnels — occupe des emplois à haut risque et qu’il est souvent victime de violence. La plupart des gens seraient toutefois surpris d’apprendre que le domaine de la santé est tout autant touché. Nos établissements de santé et notre système de santé ne sont pas des lieux de travail sécuritaires.
En plus des blessures physiques, la violence en milieu de travail est fortement corrélée à des conséquences négatives pour la santé mentale du personnel, et c'est un problème que connaît le personnel infirmier depuis de nombreuses années. L’exposition à la violence est un prédicteur de problèmes de santé mentale, y compris de trouble de stress post-traumatique. Il ressort de notre sondage auprès du personnel infirmier en activité que trois sur quatre, ou 78,5 %, déclarent avoir des symptômes d’épuisement professionnel. Ces données ressemblent à celles du personnel de la sécurité publique.
La FCSII a réalisé une étude similaire en 2019. Près d’une personne sur quatre interrogées présentait des symptômes de TSPT. M. Doherty se souvient de tout le travail que nous avons fait en 2019 sur un cadre fédéral sur le TSPT qui comprenait les professionnels de la santé, comme le personnel infirmier et les ambulanciers paramédicaux.
Malheureusement, la violence et les agressions sont normales dans le système de santé. De tels niveaux de violence seraient impensables dans toute autre profession. Il faut que cela s'arrête, mais dans le milieu de la santé, ces risques sont souvent acceptés.
Le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes s’est attaqué pour la première fois au problème de la violence généralisée envers le personnel infirmier dans une étude menée en 2019. Le projet de loi adopté en 2021 découlait d’ailleurs de l’une des recommandations du Comité. Le projet de loi étend ces protections.
Le personnel infirmier est solidaire des ambulanciers paramédicaux dans ce domaine, mais nous devons aller encore plus loin. Nous devons dire clairement que ce n'est pas suffisant. Nous devons informer les Canadiens et les législateurs des changements apportés au Code criminel et faire en sorte de mieux protéger le personnel de santé afin qu'il puisse travailler en toute sécurité dans nos établissements de santé et dans la collectivité. Je vous remercie.
Nous sommes encouragés par tout ce travail, mais nous savons aussi que bien d'autres recommandations du Comité doivent être mises en œuvre.
Nous appuyons ce projet de loi, mais nous encourageons tous les députés et tous les comités à continuer de chercher à rendre les soins de santé et la collectivité plus sûrs pour celles et ceux dont le métier est de prendre soin des malades et des blessés.
Je vous remercie, madame la présidente.
Je répondrai à vos questions.
Je tiens à souligner que je vis sur les territoires non cédés des Lheidli T'enneh, dont est originaire M. Doherty. Aujourd'hui, je suis des vôtres depuis les territoires des peuples salish du littoral — les peuples Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh.
C'est un immense privilège d'être des vôtres aujourd'hui pour parler au nom de nos membres.
Si l'on prend les actes de violence comme cause d'arrêt de travail toutes professions confondues, le personnel infirmier représente 30 % du total des demandes de congé, juste derrière les aides-infirmiers, les aides-soignants et les préposés aux bénéficiaires, qui sont les plus touchés. Entre 2018 et 2022, le personnel infirmier a signalé en moyenne 51 blessures par mois résultant d'actes de violence, rien qu'en Colombie-Britannique. Le nombre de blessures signalées en quatre ans, entre 2013 et 2017, a augmenté de 49 %, passant de 1 653 à 2 458. C'est inacceptable.
Le BCNU représente environ 48 000 membres en Colombie-Britannique.
Il suffit de regarder ou d'écouter les nouvelles pour se rendre compte de l'augmentation de l'agressivité dans notre société. Les temps d'attente dans les établissements de santé dus à des circonstances indépendantes de la volonté du personnel infirmier augmentent et, avec eux, le nombre d'incidents violents. Le personnel infirmier, qui travaille en sous-effectif, s’efforce avec diligence de donner les meilleurs soins aux patients et se retrouve être la cible de cette violence. Il faut protéger le personnel infirmier. C'est notre travail, à vous et à moi. Nous devons le faire aujourd'hui.
Les familles des infirmières et infirmiers ont besoin qu'ils rentrent chez eux sains et saufs. Pouvez-vous imaginer rentrer chez vous et ne pas pouvoir prendre votre enfant dans les bras parce que vous vous êtes fait agresser? Pouvez-vous imaginer un patient dans une salle d'attente qui appelle le 9‑1‑1 pour prévenir qu'un professionnel de la santé est sur le point d'être grièvement blessé, voire tué? Ce patient a ensuite agressé un de nos infirmiers et a essayé de l'étrangler. L'infirmier agressé assurait le service à la place de son épouse. S'il n'avait pas été là, cette agression ne se serait peut-être pas soldée pour une autre personne par un mois de convalescence comme pour lui.
Et que dire de l'infirmière en région rurale de la Colombie-Britannique qui, en janvier dernier, a été agressée après être entrée dans la chambre d'une patiente? Pouvez-vous imaginer être maintenu sur une chaise, recevoir coup sur coup, vous faire arracher des poignées de cheveux, en attendant désespérément d'être secouru par la GRC? Dans bien des collectivités rurales le soir, il y a seulement un agent de la GRC de service. Cette infirmière a été secourue par un autre patient qui l'a aidée.
Nous entendons des histoires terribles. Beaucoup sont tellement horribles que je ne peux même pas les raconter. Les conséquences psychologiques pour les infirmières et infirmiers victimes et pour les collègues qui essaient de les aider durent bien plus longtemps que les traumatismes physiques. Cela coûte cher à notre système de santé déjà mal en point, car les infirmières doivent maintenant soigner leurs propres problèmes de santé mentale et prendre des congés pour essayer de guérir. Nous perdons des infirmières et des infirmiers qui quittent le système de santé. Pour la première fois en Colombie-Britannique, il reste des places dans les programmes de sciences infirmières. Normalement, il y a une liste d'attente, mais nous n'affichons même pas complet.
Nous avons l'obligation de protéger celles et ceux qui protègent les autres. Nous avons l'obligation de prendre soin des soignants.
Je suis très heureuse d'être des vôtres aujourd'hui. Je vous remercie d'avoir invité la B.C. Nurses' Union. Je répondrai volontiers à vos questions.
Nous appuyons totalement le projet de loi .
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Je vous remercie infiniment.
Quelqu'un a demandé, quand ma collègue témoignait, pourquoi ce projet de loi est important et qu'est‑ce qu'il va changer.
Il va changer beaucoup de choses, car il dira aux ambulanciers paramédicaux qu'ils sont appréciés et que le gouvernement du Canada les soutient. Il sensibilisera davantage le public en disant qu'il est inacceptable que nos soignants se fassent agresser, que c'est une infraction grave et qu'elle sera traitée comme telle. Il dira aux policiers et au ministère public que ces agressions ne sont pas seulement des agressions, mais des menaces à la sécurité publique parce qu'elles nous font perdre des soignants. Quand nous perdons des soignants, nous perdons en sécurité pour l'ensemble de la collectivité.
Je pense aussi qu'il est très important de comprendre que le simple fait que la justice pénale s'en mêle ne veut pas dire qu'il y aura systématiquement des condamnations. Les possibilités sont nombreuses — la déjudiciarisation, le tribunal de la santé mentale — pour faire en sorte que les personnes qui ont des problèmes de santé reçoivent les soins appropriés. L'objectif est la justice réparatrice, pas nécessairement la punition.
Je vous remercie de ces quelques minutes de plus pour vous faire part de mes dernières réflexions. Je vous en sais gré.
Répond qui veut à la prochaine question.
J'aimerais faire observer qu'il n'est probablement pas étonnant que la profession infirmière soit en crise, compte tenu de tout ce que vous nous avez dit sur l'histoire de la profession et du fait qu'elle est depuis longtemps victime d'agressions. Voilà ce que vit le personnel infirmier, et aussi les intervenants de première ligne.
Je sais que la sous-déclaration est courante dans le personnel infirmier, ce même chez les ambulanciers paramédicaux et les premiers intervenants. Je suis marié à une infirmière. Vous représentez mon épouse. Depuis 20 ans, elle me donne exemple après exemple d'incidents où elle a été personnellement tourmentée, me dit que l'administration ne fait rien pour remédier à la situation, qu'il y a un manque de sécurité au sein même de l'hôpital et que la sécurité n'a pas d'effet dissuasif.
J'attire votre attention sur toute la question de l'information du public, du partage de l'information et du fait que la police doit comprendre qu'elle dispose d'outils pour porter des accusations.
Ce qui me préoccupe, c'est l'élément dissuasif. L'une des principales caractéristiques de la détermination de la peine dans une affaire donnée, qu'il s'agisse d'un vol à l'étalage ou d'un meurtre, est qu'il existe un élément dissuasif — une dissuasion personnelle, particulière au délinquant afin qu'il sache que son comportement a des conséquences, et une dissuasion générale pour la communauté, qui apprend que si quelqu'un adopte un comportement similaire, il y aura des conséquences.
Tel est, me semble‑t‑il, le message que vous souhaitez toutes partager.
Nous savons que depuis de très nombreuses décennies, bien des infractions prévues au Code criminel sont assorties de circonstances aggravantes. Si vous commettez une infraction contre une certaine personne dans certaines circonstances, il s'agit d'une circonstance aggravante dans la détermination de la peine.
Sachant cela, avez-vous des raisons de penser que le Code criminel aura une incidence sur la collectivité dans son ensemble et sur votre profession, si le fait d'agresser un professionnel de la santé ou un premier intervenant est considéré comme une circonstance aggravante?
Répond qui veut. Je vous en prie.
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Je commencerai. Merci à votre épouse et dites-lui de garder espoir, parce que j'ai, pour ma part, bon espoir.
J'ai siégé à beaucoup de comités, sur la violence ou sur la pénurie de personnel infirmier, et nous avons une crise dans ce pays. La crise va au‑delà du personnel infirmier. Elle touche tout autant les autres travailleurs de la santé.
Pour ce qui est de savoir pourquoi il est important de modifier le Code criminel, Mme Donnelly l'a dit: c'est une question de respect et c'est le fait de reconnaître qu'il y a un problème.
En tant que citoyens, si la police nous arrête et que nous crachons sur un policier, nous savons exactement où cela nous mène. Dans les soins de santé, les patients, la collectivité et les parents ne le savent pas. Nous devons changer la culture. Or, le changement de culture commence par les lois et les programmes de prévention. Il commence avec des députés comme vous qui en parlent et qui disent que ce qui se passe n'est pas normal.
Mes experts albertains en matière de santé et de sécurité au travail se rendront à Windsor la semaine du 5 pour examiner les détecteurs de métaux de l'hôpital de Windsor. C'est décourageant. Le budget de la santé devrait servir à augmenter le nombre d'infirmières et d'infirmiers, de médecins, de professionnels et de travailleurs de la santé, et pas à installer des détecteurs de métaux.
Je vais faire suite à la question de M. Brock, car j'allais dans cette même voie.
Madame Silas, vous avez dit que nous devons aller plus loin, mais vous avez parlé de prévention par opposition au Code criminel.
Corrigez-moi si je me trompe, parce que je ne fais que pontifier un peu.
Lorsque la police a affaire à quelqu'un, c'est probablement que cette personne se livre à des activités criminelles. Cependant, lorsque les gens ont affaire à des professionnels de la santé, comme des infirmières ou des ambulanciers paramédicaux, ils ne se livrent peut-être pas à des activités ou des comportements criminels, mais ils n'en sont pas moins impliqués dans la conduite dont nous parlons.
Nous sommes tous d'accord, je pense, sur ce projet de loi, à vrai dire, et je tiens à remercier M. Doherty de l'avoir présenté. Il s'agit d'un complément au projet de loi , comme vous l'avez très justement souligné. Est‑ce que ce sera suffisant? Il semble y avoir un problème beaucoup plus important, et je ne suis donc pas sûr que modifier le Code criminel pour dire ce que l'on encourt si l'on crache sur une infirmière, pour reprendre votre exemple, aura un effet dissuasif.
Que peut‑on faire d'autre? En tant que parlementaires, que pouvons-nous faire d'autre pour créer un environnement où nous pouvons empêcher ce genre de comportement? Je pose la question parce que les chiffres que j'entends sont stupéfiants.
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Je vous félicite de votre excellent choix. Bravo.
Je dirai que ce n'est pas l'un ou l'autre. Changer la loi, c'est de la prévention. Il y a un certain nombre d'exemples de réussite, comme dans la région de Peel, où, si l'on reçoit plusieurs signalements de violence, on peut contacter la personne concernée pour la mettre en garde et l'informer des conséquences possibles si elle continue d'agir ainsi.
De nouvelles mesures législatives changent l'attitude de la police et sa réaction face à la violence. Elles changent l'optique du ministère public lorsqu'il examine ces incidents. Il ne s'agit donc certainement pas d'un choix entre l'un et l'autre.
J'ai dit dans mes observations que la démarche doit être globale. Il est essentiel de modifier la loi, mais ce n'est qu'un élément, et les autres éléments que j'ai mentionnés précédemment sont toujours aussi nécessaires.
Je vous remercie.
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Pour changer une culture, tous les paliers de gouvernement doivent en parler et en faire une priorité. C'est ce que nous constatons aujourd'hui.
Nous parlons d'espoir. En septembre dernier, pour la toute première fois, la police d'Ottawa a lancé une alerte au sujet d'un homme au volant d'une camionnette rouge. Il avait agressé des infirmières et du personnel de santé dans un établissement. Nous devons cette toute première fois au projet de loi . À présent, nous devons aller encore plus loin. C'est le seul cas dont nous ayons entendu parler.
Pour la toute première fois, un homme du Nouveau-Brunswick a été condamné à deux ans de prison pour avoir agressé une infirmière. Elle ne travaillera plus jamais, mais pour la toute première fois, la justice pénale s'est prononcée. Cela a eu un effet domino qui a entraîné plus de prévention, plus de méthodes en matière de santé et de sécurité au travail pour prévenir la violence, en identifiant les membres de la famille et les patients. Quand je dis « identifier », je veux dire que si le patient a eu un comportement violent dans le passé, il y a des règles spéciales que l'équipe doit connaître.
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Je vous remercie, madame la présidente. Je tiens à remercier tous les témoins de leur présence aujourd'hui.
J'espère que ce processus fait partie de ce début de changement de culture et que vos comparutions ici aujourd'hui contribuent réellement à faire passer ce message.
Madame Donnelly, je suis particulièrement heureux de vous voir ici aujourd'hui, étant donné les problèmes techniques que nous avons eus auparavant. Je sais que vous avez trouvé ces contretemps très frustrants. Nous sommes dans une autre salle et tout semble bien fonctionner.
Il est particulièrement important de faire savoir aux travailleurs que nous les respectons et aussi d'adresser un message au public. Comme tout le monde dira toujours que les autres mesures coûtent de l'argent, j'aimerais parler un peu plus de ce que nous constatons et de ce que les témoins nous disent, qui est que la situation actuelle coûte de l'argent au système.
Je poserai d'abord des questions à Mme Donnelly sur les ambulanciers paramédicaux. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les coûts que la prévalence de la violence occasionne pour le système en ce qui concerne les congés et le maintien en poste des employés? Quelle est l'incidence sur les coûts relatifs aux ambulanciers paramédicaux?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie mes collègues de me permettre de siéger au Comité aujourd'hui et je remercie nos témoins.
Madame Silas et madame Thomsen, le projet de loi résultait des conversations que nous avons eues plus tôt, des conversations très honnêtes et très franches, lors de l'examen de mon projet de loi, le projet de loi sur le TSPT.
J'ai les questions et la fiche d'information que M. Fortin cherchait. Je les enverrai au Comité.
Je ne veux pas passer plus de temps à essayer de répondre à votre question, monsieur Fortin. Je vous transmettrai l'information dont je dispose. Je vous la ferai parvenir par l'intermédiaire de mon collègue ici présent.
Je pense que ce que nous devons entendre davantage, ce sont les voix de nos témoins aujourd'hui. Il y a deux ans, à l'invitation de Mme Thomsen, j'ai pris la parole devant un groupe d'infirmières et d'infirmiers dans le Nord de la Colombie-Britannique. Lorsque j'ai mentionné cette proposition de projet de loi, certains dans la salle ont pleuré. Ce fut un moment très émouvant.
Par votre intermédiaire, madame la présidente, j'aimerais poser cette question à nos témoins: pourquoi le simple fait d'évoquer cette proposition de projet de loi suscite‑t‑il autant d'émotion chez vos membres?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Je les remercie aussi de nous faire part de ce que vivent tous ceux et celles qui travaillent dans le système de santé. Je les remercie, enfin, de représenter la quasi-totalité des travailleurs de la santé au Canada.
Ma question est pour vous trois. Je vais poser toutes les questions, puis vous répondrez tour à tour.
Nous avons entendu vos témoignages. Ils sont très douloureux à entendre, surtout lorsque vous expliquez qu'en vous occupant de personnes au moment où elles sont le plus vulnérables, vous êtes vous aussi très vulnérables.
Pouvez-vous nous dire si la violence a commencé à augmenter avant ou après la pandémie? Comment expliquez-vous cette vague de violence et pourquoi la COVID a‑t‑elle, selon vous, exposé cette vulnérabilité des travailleurs de la santé?
Je commencerai par là. S'il y a autre chose, je poserai d'autres questions.
Je vous remercie toutes.
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Ma réponse sera un peu bancale. J'espère que vous me pardonnerez.
Quand vous demandez si la violence augmente, chez les ambulanciers paramédicaux, nous ne le savons pas parce que nous ne disposons pas de données. Nous avons toutefois beaucoup de données empiriques et de nombreux signalements.
Est‑ce que la violence augmente? Peut-être. Est‑ce que nos systèmes sont de plus en plus sollicités et est‑ce que nous essayons de faire toujours plus avec de moins en moins de moyens? Absolument. Est‑ce que les ambulanciers paramédicaux sont prêts à en parler davantage? Après avoir déclaré que la violence est inacceptable, une de mes collègues, Mandy Johnston, a créé tout un programme de recherche et toute une stratégie d'intervention qui ont permis de vous fournir ces données.
Est‑ce que la violence augmente? Nous ne le savons pas à l'heure actuelle. En revanche, nous savons qu'elle est tout à fait inacceptable.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie encore une fois les trois témoins qui sont avec nous de leur témoignage.
Vous nous dites à quel point la violence augmente depuis la pandémie, et ce, malgré les modifications apportées au Code criminel en 2021. Depuis deux ans, cette violence ne cesse d'augmenter. Sachez que je suis de tout cœur avec vous. Ma conjointe, qui est enseignante, me raconte chaque semaine des histoires d'horreur. Elle enseigne au primaire. Des travailleurs sociaux et des enseignants se font mordre ou frapper. Il semble y avoir un important problème de société. Vous parlez tous de la nécessité d'informer les gens ou, peut-être, de mieux les encadrer et les sensibiliser à cette situation problématique. C'est ce que je veux aborder avec vous.
Que pouvons-nous faire? Quelles sont les causes profondes du problème? Pourquoi les gens deviennent-ils plus violents envers le personnel de la santé, peu importe le poste qu'occupe la personne, ainsi qu'envers les enseignantes et les enseignants? Ce phénomène, dans les hôpitaux, est-il dû à l'attente, au fait que les gens attendent trop longtemps? Est-ce l'accès aux soins, le nombre insuffisant de médecins ou d'infirmières, un problème de santé mentale qui sont en cause? Comme vous travaillez dans ce domaine, j'aimerais entendre votre point de vue là-dessus. Mme Silas pourrait peut-être répondre en premier.
Quelle est la cause profonde de l'augmentation de la violence?