Je vous souhaite la bienvenue à la 52e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes. Conformément à l'article 108 du Règlement et à la motion adoptée le 30 janvier 2023, le Comité entreprend son étude sur le système canadien de mise en liberté sous caution.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté à la Chambre le 23 juin 2022. Les députés y participent en personne ou à distance via l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des témoins et des membres du Comité. En fait, je vais sauter cette étape, car je pense que tous les participants savent utiliser les fonctions de Zoom.
Pendant la première heure, nous accueillons l'honorable David Lametti, ministre de la Justice et procureur général du Canada, qui est accompagné de Matthew Taylor, avocat général et directeur, Section de la politique en matière de droit pénal, du ministère de la Justice, et un habitué au Comité.
Nous vous souhaitons la bienvenue à tous les deux et sommes heureux de vous avoir avec nous.
Monsieur le ministre, vous disposez de 10 minutes, après quoi nous passerons à la période de questions. Vous avez la parole.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie aussi mon collègue M. Fortin de s'assurer que les échanges vont bien se dérouler.
Avant de commencer, je souligne que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin anichinabé.
Je remercie aussi Matthew Taylor, qui m'accompagne aujourd'hui.
Je remercie le Comité de l'occasion qui m'est offerte de m'exprimer au sujet de la mise en liberté sous caution et de sa possible réforme au Canada. Je sais que c'est un enjeu important et qui préoccupe les Canadiens. Le besoin que les lois soient efficaces, justes, et qu'elles protègent les Canadiens tout en respectant la Charte canadienne des droits et libertés est certainement une priorité de mon gouvernement .
[Traduction]
J'aimerais d'abord présenter mes condoléances aux familles de l'agent Greg Pierzchala et de Michael Finlay, ainsi qu'à Katie Nguyen Ngo et à toutes les victimes des incidents violents et troublants dont nous avons été témoins ces derniers mois dans tout le pays. Chacun de ces incidents a été une tragédie personnelle et un coup dur pour nos collectivités.
Je suis content que le Comité se penche sur tous les aspects du système de libération sous caution au Canada. Les Canadiens méritent d'être et de se sentir en sécurité. Nous avons tous un rôle à jouer pour protéger nos collectivités.
Je crois que notre système est solide et rigoureux, mais nous sommes toujours ouverts aux propositions d'amélioration, qu'elles portent sur une réforme législative ou un meilleur soutien à l'administration de la justice et à nos agents de police. Les provinces ont un rôle de premier plan à jouer dans ce dossier. La Colombie-Britannique a déjà pris des mesures pour améliorer son système, et je trouve encourageant de voir que l'Ontario et le Manitoba lui emboîtent le pas.
J'attends avec intérêt la rencontre de vendredi avec le et nos homologues provinciaux et territoriaux pour discuter d'une réforme du système de mise en liberté sous caution et des façons de collaborer tous ensemble pour que les Canadiens se sentent en sécurité. Je prévois présenter ce que nous envisageons de faire au niveau fédéral, et j'espère entendre mes homologues parler de ce qu'ils comptent faire de leur côté.
En ce qui concerne le rôle du gouvernement fédéral, je tiens à souligner, et à rassurer les Canadiens à ce sujet, que la loi prévoie déjà que si un individu présente un danger important pour la sécurité publique, il ne doit pas être mis en liberté sous caution. Il n'existe pas de solutions faciles ou rapides. C'est pourquoi, sur mes instructions, nous avons commencé à examiner la question il y a quelques mois, encore une fois en collaboration avec nos homologues provinciaux et territoriaux, afin de trouver des solutions pour assurer la sécurité à long terme dans nos collectivités.
Il importe de souligner qu'une insuffisance de données risque de brouiller les cartes. D'une part, selon les données de l'opposition, les crimes sont à la hausse, en particulier chez les gens mis en liberté sous caution. D'autre part, selon les données de la police de Toronto, entre 2019‑2021, le pourcentage tant des gens qui ont obtenu une libération sous caution que de ceux qui ont été arrêtés de nouveau pendant qu'ils étaient en liberté sous caution a diminué.
[Français]
Dans la mesure où notre gouvernement cherche toujours des façons d'améliorer la sécurité publique et l'efficacité de notre système de justice, je me dois de corriger les nombreuses désinformations qui circulent au sujet de l'ancien projet de loi .
La Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d'autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois, issue du projet de loi C‑75, est le fruit d'une longue et étroite collaboration avec les provinces et les territoires.
Cette loi codifie les principes de mise en liberté sous caution, tels qu'ils ont été articulés dans le cadre de décisions contraignantes de la Cour suprême du Canada. Je veux réitérer que cette loi n'a apporté aucun changement fondamental au régime des mises en liberté sous caution. La loi n'a pas modifié les critères selon lesquels un accusé peut être libéré par le tribunal, et elle n'a pas touché les règles de base du régime. Au contraire, en inversant le fardeau de la preuve, cette loi a rendu plus difficile la mise en liberté sous caution dans le cas de certaines infractions, telles que la violence à l'endroit de partenaires intimes.
Il est tout simplement faux d'alléguer que les incidents tragiques que nous avons récemment vécus au Canada peuvent être attribués à cette loi découlant du projet de loi C‑75. C'est une question bien plus complexe que ce que pourrait résoudre une seule loi, et il est excessivement simpliste de prétendre qu'il en est autrement.
Notre gouvernement poursuit sa réflexion et son travail sur le système avec sérieux et dans un esprit de collaboration afin de trouver des solutions qui protègeront les membres de nos communautés.
[Traduction]
Une mesure que nous envisageons, et qui correspond à la demande faite dans la lettre des premiers ministres provinciaux, est d'établir une inversion du fardeau de la preuve pour d'autres infractions. Cela signifie que l'accusé se verra refuser la mise en liberté sous caution à moins qu'il puisse prouver au tribunal que sa libération ne poserait pas un risque important pour la sécurité publique ou ne minerait pas la confiance du public. Les travaux dans ce dossier progressent bien.
J'aimerais souligner également qu'il existe déjà une inversion du fardeau de la preuve pour diverses infractions commises avec une arme à feu, y compris lorsqu'un prévenu soumis à une interdiction de port d'arme est accusé d'une infraction liée aux armes à feu. Toutefois, il est important d'examiner soigneusement dans quels cas il conviendrait d'élargir l'inversion du fardeau de la preuve. J'ai hâte de discuter plus en détail de cette question avec les provinces et les territoires plus tard cette semaine.
Nous avons aussi entendu des appels à une réforme de l'application de la loi. En février, j'ai eu le plaisir de rencontrer des chefs de police de partout au pays. Je suis reconnaissant de leurs recommandations qui sont basées sur leur expérience sur le terrain.
Des travaux sont en cours pour concevoir des options législatives et non législatives afin de relever le défi particulier que représentent les récidivistes violents. J'en discuterai aussi vendredi avec mes collègues.
[Français]
Nous savons aussi que ce n'est pas seulement avec une réforme législative que nous allons complètement régler cet enjeu.
La police doit avoir les ressources nécessaires pour surveiller ceux qui bénéficient d'une mise en liberté sous caution et pour arrêter ceux qui ne respectent pas les conditions de cette mise en liberté. Nous avons déjà fourni un financement considérable et nous sommes ouverts à l'accroître là où il y a des besoins.
Il faut également du soutien et des soins pour la santé mentale, ainsi que des traitements pour les dépendances. Il faut un filet social. Le gouvernement précédent a fait des compressions dans les programmes sociaux et on en constate aujourd'hui les conséquences bien trop réelles et sérieuses. Notre gouvernement, lui, a fait des investissements sans précédent pour la santé mentale, dont 5 milliards de dollars pour les provinces et les territoires afin d'augmenter l'accès aux soins.
[Traduction]
Je félicite nos partenaires de la Colombie-Britannique pour les mesures qu'ils ont prises en novembre au sujet de la libération sous caution dans le cadre de leur plan d'action pour des collectivités sûres, et du Manitoba pour le financement de nouveaux postes de procureurs chargés des infractions graves commises avec une arme à feu et des crimes violents.
J'encourage toutes les provinces à utiliser les nombreux outils qui sont à leur disposition pour veiller à ce que les lois sur la libération sous caution soient appliquées de manière sûre, équitable et efficace. J'ai déjà communiqué avec nombre de mes homologues à ce sujet, de même qu'avec des dirigeants des organismes nationaux autochtones, et j'ai hâte de poursuivre nos discussions et notre collaboration.
Pour relever les défis particuliers que posent les récidivistes violents, il faut une approche globale qui transcende les frontières provinciales et territoriales et les ordres de gouvernement. Nous agirons à l'échelle fédérale et j'espère que mes homologues provinciaux voudront faire de même. La seule façon de résoudre ce problème est de travailler ensemble.
J'ai bon espoir qu'ensemble, nous pourrons examiner le produit de plusieurs mois de travail commun des fonctionnaires fédéraux et provinciaux et convenir d'un plan global à mettre en place.
[Français]
Nous savons qu'il n'y a pas de solution facile à un enjeu si complexe. Nous croyons fermement qu'il faut protéger les Canadiens.
[Traduction]
Parallèlement, nous devons nous assurer que toute mesure prise n'exacerbera pas la surreprésentation des Autochtones et des Canadiens noirs et racisés dans nos prisons. Nous ne devons pas marginaliser davantage les personnes vulnérables, notamment celles qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie. C'est un équilibre délicat à atteindre, mais le gouvernement est déterminé à y parvenir.
Je vous remercie.
C'est une question importante. M. Moore en a parlé un peu, mais je suis heureux de pouvoir en parler davantage.
Bien entendu, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour ce qui est du Code criminel et des poursuites criminelles dans le cas d'autres infractions aux lois fédérales qui peuvent ne pas y être prévues, et nous avons assurément un rôle à jouer concernant des infractions précises dans le Code criminel et des poursuites liées à toutes les infractions dans les territoires.
C'est le gouvernement fédéral qui s'occupe de cela, mais les gouvernements provinciaux et territoriaux sont responsables de l'administration de la justice dans le système canadien, si bien que la grande majorité des affaires criminelles sont traitées par les provinces et dans les tribunaux provinciaux. Les provinces sont responsables, en outre, des tribunaux supérieurs. Les provinces font beaucoup de travail.
Bien entendu, les forces de police ont aussi un rôle à jouer, car elles procèdent aux arrestations et à la mise en détention. Un agent de police a le pouvoir discrétionnaire de détenir un individu. Encore une fois, la sécurité publique est le premier critère qui entre en jeu ici, soit le risque de fuite, le risque pour la sécurité publique, afin que, encore une fois, tous se sentent en sécurité. Si un agent de police opte pour la détention, c'est un juge ou un juge de paix qui entendra les motifs officiels lors de l'audience sur la libération sous caution.
Différents acteurs jouent donc un rôle important et, bien entendu, il revient aux forces de police de faire respecter les dispositions et les conditions de la mise en liberté sous caution lorsqu'elles sont établies. Si ces conditions ne sont pas respectées, elles ont de nouveau un rôle à jouer.
Une somme considérable de travail doit être faite en collaboration. La position que j'ai adoptée, de concert avec le et notre gouvernement, c'est que nous devons tous travailler ensemble pour que le système fonctionne mieux à tous les niveaux, et que, je le répète encore une fois, les Canadiens se sentent et soient en sécurité.
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Je comprends. Cependant, monsieur le ministre, nous sommes ici pour discuter des conditions de mise en liberté sous caution qui sont prévues au Code criminel.
Excusez-moi, mais, en tout respect, je me demande si vous ne seriez pas en train d'éluder la question quand vous nous dites qu'il s'agit d'une responsabilité commune. Il y a les administrateurs de la justice que sont les provinces et territoires, il y a tout le personnel. Je veux bien, mais les règles que ces gens appliquent, ce sont les règles que vous dictez, monsieur le ministre.
En conséquence, il m'apparaît intéressant de regarder ce que sont ces règles. Actuellement, nous discutons de la possibilité de modifier le régime de mise en liberté sous caution. Nous constatons que votre gouvernement a, ces derniers temps, libéralisé ces règles avec, entre autres, l'ancien projet de loi C‑75, devenu la Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et d’autres lois et apportant des modifications corrélatives à certaines lois, qui introduit le principe de l'entrave minimale. Selon ce principe, les juges doivent remettre un accusé en liberté à la première occasion, dans la mesure où certaines conditions sont remplies. Je veux bien.
Ensuite, il y a eu la question des peines minimales qui ont été abolies pour plusieurs infractions, notamment celle de décharger une arme à feu intentionnellement. Cela a amené des accusés à dire que le législateur a décidé que ces crimes étaient moins importants, puisqu'il n'y a plus de peine minimale.
Il en va de même dans le cas des agressions sexuelles, où les peines avec sursis sont maintenant permises.
À mon humble avis, tout cela crée un climat — et vous me corrigerez si je me trompe — de liberté un peu plus grande et de rigueur moindre pour les accusés d'agressions criminelles. Après avoir regardé tout cela, croyez-vous que nous devrions, au contraire, être un peu plus rigoureux dans les modifications à apporter au régime de mise en liberté provisoire, être un peu plus réticents à l'élargir, et tenter de revenir à certaines peines minimales et peines avec sursis, entre autres, pour éviter les dérapages comme ceux que nous avons vus au cours des derniers mois?
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Merci, monsieur le président.
J'ai deux minutes et demie, monsieur le ministre.
D'abord, je suis tout à fait d'accord avec le principe de laisser une certaine latitude aux juges. Je fais confiance à notre système judiciaire. J'aime aussi le fait que nous avons déjà adopté des dispositions pour améliorer la formation des juges dans différents domaines. Tout cela, c'est de la tarte aux pommes, personne ne peut s'y opposer.
Il n'en demeure pas moins que le législateur envoie des messages aux tribunaux. Quand un juge s'apprête à appliquer des dispositions juridiques, il se fie à ce que le législateur en pense et a écrit. Vous savez comme moi qu'à de nombreuses reprises, ce juge doit interpréter les textes législatifs.
Comme je le disais tantôt, nous sommes dans une période où on libéralise certaines choses. Ainsi, avec l'adoption du projet de loi , on a aboli les peines minimales pour des crimes graves comme, par exemple, le fait de décharger une arme à feu avec intention. On a aussi aboli les peines minimales dans les cas d'agression sexuelle. Le message que cela envoie à nos tribunaux m'apparaît un peu contre-productif.
Ne croyez-vous pas qu'il pourrait être sage de revenir à des peines minimales dans le cas de ces infractions? Cela pourrait faire qu'il n'y ait plus de peines avec sursis, purgées à domicile, notamment dans des cas d'agression sexuelle, tout en permettant aux juges de déroger aux peines minimales obligatoires dans des circonstances exceptionnelles. Le tribunal serait alors tenu de justifier ces circonstances exceptionnelles et toute peine qui dérogerait aux principes de la peine minimale. Ce faisant, nous éviterions les peines avec sursis, nous rassurerions la population et nous enverrions aux tribunaux le message clair que nous prenons ces infractions très au sérieux.
Pour en revenir à la question des libérations conditionnelles, cela n'aiderait-il pas les tribunaux à mieux cerner la portée des infractions commises?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le ministre d'avoir exprimé son appui à mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , sur la conduite contrôlante ou coercitive. J'ai également travaillé en étroite collaboration avec la députée de Victoria, . Notre engagement, à titre de néo-démocrates, est de présenter bientôt ce projet de loi au Parlement, d'une façon ou d'une autre. Je vous remercie donc de l'avoir mentionné.
J'aimerais revenir directement sur la question des audiences sur le cautionnement. L'une des choses dont j'entends parler, c'est que, souvent, ceux à qui l'on demande de prendre des décisions ne disposent pas de tous les renseignements. L'article 518 du Code criminel permet aux procureurs de présenter des éléments de preuve concernant des infractions antérieures et d'autres circonstances pertinentes, mais il ne les y oblige pas.
Là encore, l'une des réformes proposées consiste à modifier le Code criminel pour exiger que, lors de chaque audience sur le cautionnement, le juge dispose de renseignements sur les infractions antérieures commises par la personne qui demande à être libérée sous caution. Est‑ce le genre de chose que le gouvernement serait prêt à envisager dans le cadre de la réforme du système de mise en liberté sous caution?
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Nous sommes de retour pour poursuivre l'étude sur le système canadien de mise en liberté sous caution.
J'aimerais souhaiter la bienvenue au surintendant principal Sydney Lecky, commandant de la Division G de la Gendarmerie royale du Canada. Je crois que vous vous joignez à nous par vidéoconférence depuis la magnifique Colombie-Britannique. Non, excusez-moi, vous êtes dans les Territoires du Nord-Ouest. Je me suis trompé. J'étais un peu emballé à l'idée que ce soit la Colombie-Britannique, mais il s'agit là de la Division E. Vous représentez la Division G.
Nous accueillons également le chef du service de police de Brantford, Robert Davis. Merci d'être parmi nous.
Enfin, nous recevons le chef du service de police des Six Nations, Darren Montour. Je vous souhaite la bienvenue.
Nous sommes tous heureux de vous accueillir. Vous disposez chacun de cinq minutes, après quoi nous passerons, comme d'habitude, à la période des questions.
Commençons par le surintendant principal Lecky, le commandant des Territoires du Nord-Ouest.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité aujourd'hui, avec mes collègues des forces de l'ordre, dans le cadre de votre étude sur le système canadien de mise en liberté sous caution.
Je suis le surintendant principal Syd Lecky, membre de la Gendarmerie royale du Canada et commandant de la Division G dans les Territoires du Nord-Ouest. En tant que membre de la nation des Peskotomuhkati, je tiens à souligner que je me joins à vous aujourd'hui depuis le territoire du chef Drygeese de la Première Nation des Dénés Yellowknives.
J'occupe mon poste actuel depuis octobre 2022, avant quoi j'étais l'officier responsable du détachement de la GRC de Kamloops, étant chargé des services de police de la ville de Kamloops, mais aussi d'une vaste région rurale comprenant trois communautés des Premières Nations.
La GRC est favorable à une approche équilibrée de la réforme du système de mise en liberté sous caution qui tienne compte de la sécurité de la communauté et des agents, de la surreprésentation des personnes racisées dans les prisons et du droit de l'accusé d'être présumé innocent jusqu'à preuve du contraire. Je suis ici aujourd'hui pour vous faire part de certaines des répercussions sur nos communautés, répercussions qui mettent en évidence la nécessité d'une réforme du système de mise en liberté sous caution afin d'atténuer non seulement les risques pour la sécurité du public, mais aussi ceux pour la sécurité des agents, causés par la mise en liberté sous caution de délinquants violents et de récidivistes dans nos communautés en attendant leur procès.
La GRC ne connaît que trop bien les incidents et les risques que les délinquants violents chroniques peuvent présenter pour la sécurité du public et des agents. Au cours de la dernière décennie, la GRC a été témoin du meurtre de l'agent David Wynn et, plus récemment, de l'agente Shaelyn Yang par des délinquants violents chroniques.
Les informations obtenues auprès de l'une de nos 11 divisions qui fournissent des services de police de première ligne ont révélé que sur les 91 homicides commis dans cette division au cours des trois dernières années, 44, soit 48 %, des personnes accusées étaient soumises à des conditions imposées par la police ou le tribunal.
Il y a un peu plus d'une semaine, un membre s'est fait tirer dessus lors d'un contrôle routier et a échangé des coups de feu avec le suspect. L'accusé avait été libéré deux semaines auparavant, moyennant une caution en espèces de 1 500 $, assortie de la condition de ne pas posséder d'arme. Les accusations en suspens comprenaient un crime violent et quatre infractions liées aux armes à feu.
Sans vouloir minimiser l'importance des crimes violents, c'est l'effet de ce que l'on appelle communément les crimes mineurs ou les crimes contre la propriété qui touche le plus les citoyens de plusieurs de nos communautés.
J'ai rencontré des maires, des conseils des Premières Nations, des associations d'amélioration des affaires et des groupes communautaires qui ont exprimé un sentiment d'anarchie. Ils s'interrogent régulièrement sur les raisons pour lesquelles les délinquants sont arrêtés et relâchés à plusieurs reprises pour ensuite récidiver. L'expression « attraper et libérer » est souvent utilisée pour décrire ce cycle. Le message principal est le suivant: ce qui est considéré comme un crime mineur pour certains ne l'est pas pour beaucoup de gens qui sont victimisés à plusieurs reprises. Cela se fait souvent à grands frais pour les entreprises qui expriment leur colère et se sentent abandonnées.
Ce cycle répété d'arrestations et de remises en liberté a eu une incidence importante sur de nombreuses personnes impliquées dans le système judiciaire, ajoutant des charges de travail à la police, au personnel de bureau et à tous les participants qui doivent traiter les volumes de documentation qui en découlent. Bon nombre de ces coûts de maintien de l'ordre sont assumés par la communauté.
J'ai également observé que les accusations liées à l'administration de la justice qui accompagnent les récidivistes font rarement l'objet de poursuites lorsqu'elles sont recommandées par la police. Il s'agit notamment des accusations de bris d'engagement, de non-respect des conditions de la probation et de non-comparution. Ce sont les principaux motifs prévus par le Code pénal pour justifier la détention. Dans une ville, 50 % des accusations de manquement à un engagement ont été suspendues, retirées ou rejetées au cours des trois dernières années.
Comme le soulignent les recommandations de différentes associations de police, la réforme du système de mise en liberté sous caution offre la possibilité de resserrer les règles sur le recours aux cautions, d'élargir le recours aux conditions de renversement du fardeau de la preuve pour les délinquants et d'étendre l'utilisation de la surveillance électronique lorsque cela est possible.
En vertu des ententes sur les services de police, la GRC fournit des services de police de première ligne à environ 22 % de la population du Canada sur environ 75 % de la superficie terrestre du pays. Cela comprend les services de police pour un grand nombre de nos communautés autochtones. Dans cette optique, la GRC accueillerait favorablement une approche holistique de la réforme du système de mise en liberté sous caution, c'est‑à‑dire une approche qui tient compte des traumatismes. D'après notre expérience, ce sont souvent les membres de nos communautés autochtones et marginalisées qui sont les plus menacés par les délinquants violents, souvent dans des collectivités éloignées et isolées.
Je vous remercie, et j'attends vos questions avec impatience.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui pour parler du sujet très important qu'est la réforme du système de mise en liberté sous caution.
Je m'appelle Rob Davis. Je suis le chef du service de police de Brantford. Je suis très fier d'être un Mohawk des Six Nations de la rivière Grand. C'est là que j'ai grandi.
Tout au long de ma carrière de policier, j'ai eu l'occasion de travailler auprès de plusieurs organisations policières partout en Ontario, dans l'extrême nord-ouest, dans les communautés isolées de la Nation nishnawbe-aski. Ma carrière m'a également conduit en Alberta, où j'ai travaillé au sein du service de police régional de Lethbridge avant de revenir en Ontario. J'ai également été détaché auprès de la GRC pendant cinq ans. Cela m'a amené à parcourir le pays pour former des chefs de police. Au cours de ma carrière, j'ai pu acquérir une vision unique de la manière dont le système judiciaire fonctionne dans les différentes provinces.
J'ai aussi consciemment, dans chacun de mes déplacements, opté pour des postes où je pouvais continuer de jouer un rôle actif auprès des services de police autochtones, que ce soit dans des réserves ou en milieu urbain. J'aimerais mettre à contribution mon expérience dans le cadre de nos discussions sur la réforme du système de mise en liberté sous caution parce que j'ai pu constater jusqu'à quel point les principes de l'arrêt Gladue — principes qui devaient initialement servir à la détermination de la peine — ont maintenant une incidence sur le système de mise en liberté sous caution, et je dirais, pour être tout à fait franc, qu'on en abuse. Il est beaucoup trop facile pour un accusé de prétendre qu'il est d'origine autochtone et de demander ainsi que ces principes soient pris en considération. J'ai également observé que, dans le système de mise en liberté sous caution, il y a bien souvent un manque d'examen des cautions qui sont proposées, ce qui est devenu problématique.
La mort de l'agent Greg Pierzchala est très tragique. Dans la première partie de la séance, M. Caputo a voulu savoir ce qu'en pensaient les policiers sur le terrain. Je vais vous donner un exemple de ce qui se passe. Vous pouvez ainsi l'entendre de première main.
Le 12 février, à Brantford, en Ontario, dans la communauté que je sers, nos agents ont reçu un appel anodin — quelqu'un s'était évanoui dans un taxi — à 4 h 45 du matin. À leur arrivée, ils ont réveillé l'individu. Ils l'ont identifié et ont découvert qu'il faisait l'objet d'une ordonnance de mise en liberté datant du 12 janvier 2023. L'individu devait se trouver dans la résidence en tout temps, selon les conditions de sa mise en liberté sous caution. Il s'agissait donc d'une violation flagrante. Lors de la fouille qui a suivi l'arrestation, une arme à feu chargée a été trouvée dans sa poche. L'arme était entièrement chargée, et des munitions supplémentaires étaient facilement accessibles. L'individu a été détenu en vue d'une audience sur le cautionnement. Aux dernières nouvelles, il a été libéré.
Ce qui m'a fait froid dans le dos, c'est que cet endroit se trouve littéralement à 35 kilomètres du lieu où Greg Pierzchala a été tué. Il faut compter 20 minutes de route — 10 minutes, avec les gyrophares et les sirènes, si nous avons de la chance. Il est donc révoltant qu'un tel incident se soit produit 47 jours après sa mort.
Le commissaire Carrique a déclaré que la mort de Greg aurait pu être évitée, et voilà que 47 jours plus tard, mes agents répondent à un appel à 4 h 45 du matin dans une ville-dortoir à proximité de la région du Grand Toronto. Il y a beaucoup de gens qui se déplacent à cette heure de la journée, et voilà qu'un individu, que le système judiciaire a mis en liberté sous caution, porte une arme à feu chargée à bloc. Ne perdons pas de vue que son lourd passé criminel comprend de nombreuses infractions liées aux armes à feu, des actes de violence et une interdiction à vie. Les circonstances de cet individu sont étrangement semblables à celles de McKenzie, la personne impliquée dans la mort de l'agent Pierzchala.
Monsieur Caputo, vous avez demandé tout à l'heure ce qu'en pensent les policiers: le système est brisé. Des individus de ce genre sont remis en liberté alors qu'ils sont détenus en vue d’une audience sur le cautionnement. En tant que policiers, nous faisons notre travail — nous essayons de faire notre travail — et ensuite, lorsque nous faisons comparaître ces gens devant les tribunaux pour obtenir un cautionnement, pour qu'ils soient maintenus en détention, ils sont constamment relâchés.
Ce qui est également préoccupant, c'est que les gens voient ce qui se passe. Les citoyens, les contribuables du pays voient cela. Ils perdent confiance dans le système. Les citoyens me disent sans cesse qu'ils perdent confiance dans le système judiciaire. Ma plus grande crainte, c'est que cette situation risque de provoquer le phénomène du justicier en incitant les gens à prendre les choses en main pour se sentir en sécurité.
Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
J'appuie sans réserve une grande partie des propos du chef Davis. Lui et moi travaillons ensemble pour assurer le maintien de l'ordre sur le territoire des Six Nations. J'ai grandi là‑bas. J'ai passé toute ma carrière sur le territoire des Six Nations de la rivière Grand. Je suis Mohawk. J'appartiens au clan du Loup. La sécurité de ma communauté me tient beaucoup à cœur. Comme l'ont dit le chef Davis et M. Caputo, le système est brisé.
Je pense à la mort de Greg Pierzchala, survenue le 27 décembre 2022. Je ne connaissais pas ce jeune homme, mais il travaillait avec mes jeunes agents. L'un des policiers qui travaillaient ce jour‑là était mon neveu. Il venait de commencer à travailler sur le territoire des Six Nations de la rivière Grand. Il avait fait le nécessaire, dès son adolescence, pour devenir policier. Le fils de notre chef adjoint par intérim travaillait également ce jour‑là. Par conséquent, un des agents des Six Nations aurait très bien pu perdre la vie ce jour‑là dans des circonstances aussi tragiques.
J'aimerais, moi aussi, parler des facteurs liés à l'arrêt Gladue. Comprenons-nous bien. Si l'on regarde l'historique de l'arrêt Gladue, on s'aperçoit qu'il fonctionne dans certaines circonstances. Toutefois, il y a un bémol. Pour les récidivistes violents qui demandent à être libérés sous caution, et à la lumière de tout ce qui se passe — d'après mon entretien avec le chef Davis au sujet du dernier cas de mise en liberté —, les facteurs liés à l'arrêt Gladue l'emportent sur la sécurité publique. À l'avenir... C'est ce que me disent les gens de ma communauté et les membres élus du conseil. Ils considèrent l'arrêt Gladue comme la carte de « sortie de prison ».
Je l'ai dit aux médias à plusieurs reprises. À mon avis, la race ne devrait pas entrer en ligne de compte dans les conditions de mise en liberté sous caution des récidivistes violents. Voici une question: si Randall McKenzie n'était pas autochtone, aurait‑il été libéré ce jour‑là? Je n'en sais rien. Je ne peux pas répondre pour les juges concernés, mais à mon avis et au vu de son casier judiciaire... Il devait résider sur le territoire des Six Nations de la rivière Grand. Sa caution n'était pas le meilleur choix, selon moi. Là encore, ces décisions étaient indépendantes de ma volonté. Mes agents ont répondu aux appels lorsqu'il a trafiqué son bracelet électronique avant de disparaître dans la nature. Le délai d'intervention était de 25 minutes. Le temps que nous arrivions sur place, il était déjà parti.
En octobre, il était à nouveau recherché par le service de police d'Hamilton pour d'autres infractions graves liées à l'utilisation d'une arme à feu et à la violence conjugale. Après des vérifications, nous avons frappé à la porte de la maison de sa caution à Ohsweken, sur le territoire. Sa mère nous a informés qu'elle ne l'avait pas vu depuis qu'il s'était débarrassé de son bracelet en juillet 2022.
Le 27 décembre, l'agent Pierzchala a été abattu. Cela m'a vraiment ébranlé, compte tenu de ce que je vous ai dit plus tôt. J'étais sur le terrain ce soir‑là, vêtu de mon uniforme et équipé de mon arme à feu. Mes collègues ont aidé la police provinciale à arrêter cet individu. La mort de cet agent m'a profondément peiné. Cela me touche de près. J'espère que les choses vont changer.
Comme je l'ai dit, le chef Davis et moi sommes amis. Je sais que beaucoup de membres de la Police provinciale de l'Ontario et du détachement du comté d'Haldimand traversent une période éprouvante en ce moment. À mon avis, cette réforme est tout à fait justifiée, car il faut que cela change. Il faut corriger le système.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci, chef Davis, chef Montour et surintendant Lecky d'être des nôtres aujourd'hui. Il s'agit d'un sujet d'une importance majeure. Nous tentons de rédiger un rapport afin que la Chambre des communes puisse amener des changements. C'est un sujet qui m'est très cher vu mon ancienne carrière.
Je vais essayer de diviser mon temps de la façon la plus équitable possible. Je vais commencer par vous, chef Davis.
Le ministre de la Justice, aussi appelé procureur général ou avocat et procureur en chef du Canada, a fait des déclarations que je qualifierais d'incendiaires et qui ne peuvent provenir que d'un universitaire. C'est son bagage: il est issu du milieu universitaire. Il a enseigné le droit. Il n'a pas exercé le droit dans les tranchées. Il y a actuellement quelques avocats au sein de cette équipe conservatrice. Je veux séparer la réalité de la théorie et de la rhétorique.
Le ministre a fait référence à certains sujets ou tenu certains propos tels que les suivants: il a déclaré que notre système de mise en liberté sous caution est solide et rigoureux; que la loi prévoie déjà que, si un individu présente un danger important pour la sécurité publique, il ne doit pas être mis en liberté sous caution; qu'il est faux d'associer des événements récents comme le meurtre d'un agent de la Police provinciale de l'Ontario au projet de loi ; que le projet de loi C‑ 75 a rendu l'obtention d'une mise en liberté sous caution plus difficile; et que les personnes qui, au titre de l'article 515, risquent de prendre la fuite ou constituent un danger pour la communauté, voire qui sont dans une situation où l'administration de la justice peut être discréditée, ce qu'on appelle le motif tertiaire, ne sont pas censées obtenir une mise en liberté sous caution.
Tout cela, c'est théorique. Parlons maintenant de la réalité. Qu'en dites-vous?
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Je fais écho aux propos du chef Davis.
Nous nous penchons sur la stabilité mentale d'une personne à son arrestation, le cas échéant. S'il est impérieux qu'elle reçoive une aide médicale d'un professionnel en santé mentale, nous veillons à ce qu'il y ait d'abord une évaluation de la santé mentale.
Pour ce qui est de la question de la toxicomanie, nous procédons à l'arrestation et portons des accusations. Je sais, pour avoir eu directement affaire à certaines personnes, que la dépendance demeure. Pour moi, cela devient une initiative communautaire où les organismes doivent œuvrer de pair, et je parle expressément des Six Nations de la rivière Grand.
Les forces de l'ordre ne sont qu'une pièce du puzzle. Nous appliquons les lois et portons les accusations connexes, puis veillons à la sécurité de la communauté, tandis que les services sociaux, les services de santé et les services de santé mentale de Six Nations prennent ici le relais, puisqu'ils ont un processus de nature communautaire où ils peuvent concrètement venir en aide à ces personnes. Évidemment, les personnes sont en crise quand nous les appréhendons, et nous voulons assurer la sécurité de la population, déjà, mais aussi de ces personnes.
Comme l'a dit le chef Davis, chaque situation est unique.
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Merci, monsieur Montour.
Puisque vous êtes tous les deux d'origine autochtone, si j'ai bien compris, je vais en profiter pour vous poser une question.
Tantôt, quand je lui parlais de l'ancien projet de loi , qui a aboli des peines minimales, le ministre a dit que le gouvernement l'avait fait parce qu'il y avait trop de personnes racisées ou autochtones dans les prisons.
Évidemment, nous sommes tous sensibles à cette situation et personne ne veut instaurer de régime discriminatoire. Cependant, les statistiques ne mentent pas: proportionnellement, il est vrai qu'il y a plus d'Autochtones que de non-Autochtones dans les prisons. Toutefois, je me demande pourquoi. Est-ce parce que les policiers sont trop sévères envers ces gens? Est-ce que ce sont les juges qui sont trop sévères? Est-ce parce qu'il manque de services dans les communautés pour les aider?
Comme je ne suis pas autochtone, j'ai toujours de la difficulté à comprendre le pourquoi de la chose, mais on se fait servir cet argument continuellement et j'aimerais entendre votre point de vue à ce sujet.
Je vous remercie, messieurs, de vous être joints à nous.
Chef Davis, chef Montour et surintendant principal Lecky, nous vous sommes vraiment reconnaissants du travail que vous et vos collègues réalisez. Le travail de première ligne peut être très dangereux. Je pense à Shaelyn Yang qui était au service du détachement de la GRC de Burnaby, près de chez moi. Je ne la connaissais pas personnellement, mais je connais des gens qui l'ont connue ou qui ont suivi une formation avec elle. Cela m'a donc touché de près.
Chef Davis, au cours de votre témoignage, vous nous avez dit à quoi ressemble le travail des agents de police et des personnes en première ligne — à quel point ce travail peut être dangereux et démoralisant. Cependant, vos propos ont été cités — je crois que c'était dans l'un des journaux locaux — lorsque vous avez déclaré que ce n'était pas la faute des juges, qu'ils appliquaient simplement les principes énoncés dans l'arrêt Gladue.
Je vais maintenant faire allusion à l'affaire McKenzie. Il s'agit de la personne qui est aujourd'hui accusée du meurtre de Pierzchala. Le juge a déclaré ce qui suit: « Je suis convaincu que le public estimerait que le plan strict actuel de détention à domicile, supervisée par la mère de l'accusé et accompagnée d'une surveillance indépendante et d'un encadrement, est une restriction raisonnable de la liberté de l'accusé jusqu'à son procès ».
Avec le recul, il est clair qu'il s'agissait d'une mauvaise décision, mais le problème résidait-il dans les principes de Gladue ou dans la manière dont le juge a appliqué ces principes?