Je suis désolé. À vrai dire, je renifle environ six mois par année. Je suis tout simplement fait comme cela. Je m'excuse auprès des traducteurs. Si je dois renifler, je vais essayer de me mettre en sourdine, car la dernière chose que je veux, c'est causer du tort aux traducteurs. Je vois qu'on approuve; donc, je m'excuse. Merci de votre travail.
Je vais reprendre où j'ai arrêté.
Je sais que M. Garrison et M. Housefather sont des membres du Comité et des députés consciencieux ainsi que des hommes de principe. Même si nous sommes souvent en désaccord, je pense que nous serions tous d'accord pour dire que nous défendons fermement nos principes. Je ne doute donc pas de leurs intentions.
Entre autres choses, j'ai dit que, en tant qu'avocat de la défense, j'ai déjà été saisi d'une affaire qui n'était pas nécessairement grave aux yeux de la société, mais que c'était néanmoins une affaire dans laquelle l'accusé faisait face à une lourde responsabilité devant les tribunaux, et je crois qu'il y a eu une erreur judiciaire. J'y repense tous les jours. Ce n'est pas une chose que je veux revivre.
En tant que comité — et nous portons peut-être même des œillères ou nous sommes peut-être tout simplement trop absorbés dans notre travail —, il est très facile de se concentrer sur les dossiers d'envergure. Quand je dis « dossiers d'envergure », je parle des personnes reconnues coupables et incarcérées longtemps. Lorsqu'une personne se présente devant un tribunal, c'est une journée importante pour elle, que ce soit la première ou la centième fois. Sa liberté est en jeu. C'est important. C'est la journée qui compte pour elle. Peut-être que pour certaines personnes, si elles sont déjà passées par là un certain nombre de fois, l'expérience ne sera pas la même que pour une autre personne qui comparaît pour la première fois devant un tribunal. Cela ne revient toutefois pas à dire que ce n'est pas important, car c'est assurément le cas.
Nous entendons souvent parler de personnes qui ont purgé des peines d'emprisonnement à vie, par exemple, et dont la disculpation a eu lieu après avoir passé des années en liberté conditionnelle et après avoir servi une grande partie de leur peine.
C'est une chose que je voulais mentionner pour le compte rendu. Lorsque nous nous penchons sur des condamnations injustifiées, nous devons tenir compte du contexte global. Par ailleurs, je ne pense pas que qui que ce soit ici aimerait voir cela.
M. Garrison et M. Housefather ont présenté deux amendements divergents. À mon avis, ils accomplissent des choses similaires en général. Ils nous ont tous les deux dit comment ils interprètent le libellé, et je vais être très franc: je ne suis vraiment pas doué. J'ai essayé de comprendre exactement ce que dit l'amendement LIB‑1, et je ne suis pas la meilleure personne pour l'examiner et dire exactement ce qu'il en est.
Madame Besner, Madame Dekker, l'une de vous pourrait-elle nous dire de façon indépendante quel serait le résultat de chacun de ces amendements, d'après vous, et à quel endroit se trouvent les grandes similarités et différences, s'il vous plaît?
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Merci, madame la présidente.
Je tiens d'abord à remercier Mme Besner pour ses commentaires concernant mon amendement.
Je vous dirai simplement que l'amendement prévoit en fait une exemption parallèle, conformément à la recommandation formulée par le représentant de l'Association du Barreau canadien qui a témoigné devant nous. Il n'est aucunement question de modifier de quelque manière que ce soit l'exemption déjà prévue dans le projet de loi.
L'intervention que je m'apprête à faire m'apparaît tout à fait recevable, même si je m'attends à des objections. Je vais vous parler des raisons pour lesquelles nous devons traiter sans tarder de cet amendement dont nous sommes saisis et des autres qui sont à l'étude aujourd'hui.
La présidence a prévu pour nous à cette fin une séance prolongée, ce qui devrait être suffisant pour nous permettre de régler le sort de ces quelques amendements. Je veux rappeler à tous que nous parlons ici d'un projet de loi que tous les partis ont appuyé en principe à l'étape de la deuxième lecture, et que chacun des partis pouvait proposer des amendements s'il avait des réserves concernant certaines dispositions.
Il y a deux éléments dont je souhaite traiter. Il y a d'abord le fait que M. Moore ne cesse de nous faire valoir que le processus en place est très efficace.
Au risque de me répéter un peu, je me dois de le contredire, car le processus en place n'est pas efficace. Depuis 2002, le ministre a recommandé le réexamen par les tribunaux de 20 causes seulement dans le cadre de ce processus. Aucune de ces causes ne concernait une femme. Une seule touchait une personne autochtone, et une seule autre, une personne de race noire.
Si je fais ressortir ces trois catégories, c'est qu'il s'agit justement des groupes qui sont les plus surreprésentés au sein de notre système carcéral. Ce sont aussi les groupes qui, du fait de leur marginalisation, risquent le plus d'être victimes d'erreurs judiciaires. Le système existant n'est pas vraiment efficace et semble exclure d'emblée les demandes de réexamen de ceux‑là mêmes qui en auraient le plus besoin.
Je veux aussi vous parler de notre situation de gouvernement minoritaire au Parlement. Le Parti conservateur a clairement fait savoir ce soir qu'il avait l'intention de repousser l'étude de ce projet de loi au printemps. Ainsi, notre comité reprendra ses travaux en février en se penchant sur ce même projet de loi, avec le même nombre restreint d'amendements. Il y a donc peu de chances que le projet de loi soit renvoyé à la Chambre avant le mois de mars au plus tôt.
Comme le gouvernement est minoritaire, la législature pourrait prendre fin à n'importe quel moment. Nous avons consacré des années de travail à ce projet de loi. Pour ma part, j'y ai travaillé au cours des cinq dernières années dans mon rôle de député. Je peux vous dire que l'ancien ministre de la Justice, M. Lametti, a aussi été très actif dans ce dossier. Nous avons pu discuter en profondeur de ces enjeux avec un large éventail d'experts très renommés.
J'aimerais maintenant vous lire aux fins du compte rendu quatre lettres provenant d'intéressés qui ont observé notre processus d'étude article par article. Je ne vais pas vous les lire au complet, même si j'estime qu'elles sont très importantes. Il y a un thème commun qui s'en dégage, et c'est la crainte que toutes ces années de travail devant mener à la création d'une nouvelle commission soient perdues si l'on poursuit ces tactiques d'obstruction dans le contexte d'un gouvernement minoritaire.
La première lettre est signée par deux représentants d'Innocence Canada, soit le coprésident, M. Ron Dalton, et un membre du conseil d'administration, M. James Lockyer. Cette lettre a été adressée au Comité, mais je vais vous la lire dès ce soir avec la permission de ses auteurs. Comme la Chambre des communes fonctionne au ralenti, il faudra compter une autre journée complète avant que la lettre soit officiellement distribuée à tous les membres du Comité, mais l'urgence de la situation ne nous permet bien sûr pas d'attendre.
Voici donc ce qu'on peut lire dans cette première lettre provenant d'Innocence Canada:
Nous sommes tous, à Innocence Canada, extrêmement troublés par le déroulement des séances tenues la semaine dernière et cette semaine par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes alors que certains membres dudit Comité ont fait de l'obstruction systématique pour entraver l'étude article par article du projet de loi C‑40.
Il est essentiel que le projet de loi C‑40 puisse passer à l'étape de la troisième lecture d'ici la fin de la présente session parlementaire. La séance que tiendra demain le Comité de la justice...
La lettre est datée d'hier.
... est notre dernière chance que cela puisse se produire.
Le projet de loi C‑40, qui vise notamment à établir un organisme indépendant, nommé Commission d'examen des erreurs du système judiciaire, représente une amélioration importante de notre système de justice, conformément à ce qu'Innocence Canada réclame depuis maintenant 31 ans. On trouve dans nos établissements de détention des hommes et des femmes qui purgent une peine pour un crime qu'ils n'ont pas commis...
J'ai une question pour M. Housefather concernant son amendement LIB‑1. Je sais que nous débattons maintenant de l'amendement NDP‑1, mais les deux sont si étroitement reliés que j'estime nécessaire d'en discuter simultanément. Je vous demanderais de bien vouloir me permettre de le faire.
Je ne sais pas si M. Housefather... D'accord, il est encore à l'écran.
Lorsque j'ai pris connaissance de l'amendement LIB‑1, je n'ai été guère surpris étant donné l'intervention de M. Housefather lors de la comparution de M. John Curtis. Je crois que c'était à notre séance du 23 novembre.
Voici la question que M. Housefather a alors posée à M. Curtis:
Ce qui m'inquiète le plus dans ce projet de loi est l'obligation d'épuiser les droits d'appel. J'ai de sérieuses réserves parce que les défendeurs concernés, qui sont souvent des personnes autochtones, noires ou marginalisées, ont rarement les ressources financières nécessaires pour payer les honoraires des grands avocats qui pourraient leur conseiller de poursuivre le processus d'appel.
Pouvez-vous me parler de l'étendue du pouvoir discrétionnaire de la commission britannique de contourner l'obligation d'épuiser les droits d'appel?
J'ai trouvé que c'était là une question tout à fait valable. M. Curtis lui a donné une réponse que je ne vais pas prendre la peine de lire aux fins du compte rendu. Vous souvenez-vous de ce qui vous est passé par la tête lorsque vous avez entendu M. Housefather poser cette question? Pour ma part, je me suis demandé si le problème ne résidait pas en fait dans l'aide juridique insuffisante qui est offerte au niveau de la première instance, et si M. Housefather n'était pas en train de préconiser un nouveau mécanisme dans le cadre duquel la personne reconnue coupable n'aurait rien à débourser de plus parce que des ressources financières seraient rendues disponibles.
Dans mes lectures préalables à la présente étude, je suis tombé sur une affaire qui a été jugée au Royaume-Uni. Je crois que c'est celle à laquelle M. Curtis faisait référence, bien qu'il ne l'ait pas citée expressément. J'aimerais vous lire un paragraphe de la décision rendue à la suite de cet examen d'une condamnation criminelle dans le cas Pearson. L'appelant demandait une révision judiciaire après avoir été débouté par la commission. L'extrait commence au milieu du paragraphe 8.
Voici ce qu'écrivait le Lord juge en chef Bingham:
Notre système de procès devant juge et jury est toutefois le principal mécanisme de protection pour un citoyen accusé d'un crime grave. Ce mécanisme est si connu que je n'ai pas besoin de le décrire ici. Nous nous devons cependant de souligner deux caractéristiques importantes d'un procès devant jury qui sont pertinentes à la requête de l'intimé. Premièrement, il s'agit d'une procédure accusatoire. Contrairement à une procédure inquisitoire, le juge d'instance n'est pas tenu de chercher à déterminer les moyens de défense qui pourraient servir la cause d'un défendeur. Il n'a pas non plus à convoquer des témoins ni à les interroger. Le rôle du juge consiste à orienter le jury quant aux lois applicables, à résumer (peut-être très brièvement) la preuve produite, et à cerner les questions soulevées par la poursuite et par la défense, y compris tout moyen de défense possible mis au jour par la preuve, même si le défendeur ne l'a pas invoqué. Le juge n'a pas besoin d'en faire davantage et ne devrait pas aller plus loin. Par ailleurs, la décision quant à la culpabilité du défendeur est rendue, à la suite d'un procès pouvant s'étendre sur plusieurs jours, par un jury qui est formé uniquement aux fins de ce procès et qui n'est aucunement responsable des procédures judiciaires préalables ou ultérieures à ce procès. Le tribunal décisionnel doit donc en arriver à sa décision définitive et irrévocable en fonction des arguments et de la preuve qui lui ont été soumis lors du procès.
Je tenais à lire cet extrait parce que nous sommes presque tous des avocats. Nous sommes conscients qu'une telle procédure accusatoire découle de la tradition de la common law. Il ne s'agit pas d'un mécanisme inquisitoire. Il semblerait que M. Housefather s'inquiète surtout du fait — et je sais qu'il s'agit d'une préoccupation sincère — que certains n'ont pas droit à un procès équitable dans le cadre de cette procédure accusatoire, parce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer un bon avocat. Le problème c'est que...
On devrait offrir une aide juridique plus sentie de telle sorte que les gens puissent bénéficier d'un procès équitable, plutôt que de créer une commission chargée de corriger toutes les erreurs commises par le juge d'instance parce que l'inculpé n'avait pas les moyens de s'assurer un tel procès. Je crois qu'il faut d'abord et avant tout garantir à tous un procès d'une plus grande équité.
Je veux ajouter ceci: la commission, en vertu de cette nouvelle loi, disposera de pouvoirs d'enquête. M. Housefather est peut-être plus à l'aise avec cela, plutôt qu'avec un système accusatoire — c'est-à-dire un système inquisitoire, comme en Europe continentale, où le juge participe à la présentation des preuves et fait partie de l'équipe d'enquêteurs. C'est ce que semble vouloir faire la commission, et je me demande si c'est ce que M. Housefather imagine pour la commission.
J'ajouterais une chose. Nous discutons pour déterminer si l'ensemble du processus d'appel devrait être épuisé. a comparu ici. Je ne sais pas si c'était le même jour ou... Quoi qu'il en soit, c'était le mois dernier. Je lui ai demandé si cette nouvelle commission et ces nouveaux mécanismes feraient ouvrir les vannes.
Il a dit:
Je pense qu'il y a des facteurs intégrés pour éviter que ces demandes franchissent toutes les étapes. Il faut tout de même respecter des critères de base. Il faut avoir épuisé tous les recours, du moins devant une cour d'appel ou, dans certains cas, jusqu'à la Cour suprême du Canada.
J'ai deux questions pour M. Housefather, s'il ne voit pas d'inconvénient à y répondre.
La première...
:
Non, je veux prendre la parole.
La présidente: Vous avez eu la parole. C'est pourquoi je vous posais la question.
L'hon. Rob Moore: J'ai un certain nombre de questions et d'observations sur les amendements NDP‑1 et LIB‑1, puisque nous étudions les deux en même temps.
La première chose que je veux souligner... Il y a peut-être un député ministériel qui pourra intervenir à ce sujet, s'il le souhaite, mais le gouvernement, dans sa grande sagesse — était ici il n'y a pas si longtemps pour discuter du projet de loi —, a choisi d'exiger qu'une personne ait fait appel de sa décision. Les amendements NDP‑1 et LIB‑1 suppriment tous les deux cette exigence. Il n'est plus nécessaire d'avoir porté votre décision en appel.
C'est un changement fondamental dans la loi telle qu'elle a été reçue par ce comité il y a peu de temps et telle qu'elle a été présentée à ce comité par le . C'est un changement fondamental parce que, dans un cas, une personne aurait été reconnue coupable dans le cadre d'un procès, aurait ensuite interjeté appel de la décision et, après avoir vraisemblablement vu sa condamnation maintenue, aurait recours à la commission. C'est ce que propose le projet de loi. Le projet de loi tel que modifié, si le NDP‑1 ou le LIB‑1 était adopté, éliminerait l'obligation d'une personne d'interjeter appel de la décision.
Je suppose que ma question, madame Besner, est la suivante: si le ministère a réalisé une analyse de la situation internationale... Nous avons entendu des témoignages ici de gens du Royaume-Uni et de la Caroline du Nord. C'était intéressant. La Caroline du Nord est le seul État américain à être doté d'une commission comme celle‑là. De tous les États, Il n'y en a qu'un seul qui a une commission de la sorte.
Il était intéressant d'entendre un membre de cette commission, qui a fait un témoignage sur l'« innocence factuelle », parler du critère en vertu duquel une personne pouvait avoir recours à la commission. Il faut qu'il y ait eu un verdict d'innocence factuelle. Le seuil pour faire appel à la commission est très élevé. L'un des critères pour recourir à notre système, tel qu'il est proposé par le projet de loi , est qu'une personne doit avoir interjeté appel de la décision. Il faut démontrer qu'on a un certain niveau de confiance dans notre système.
Je suis d'accord avec M. Van Popta. Nous essayons de régler, certainement en ce qui me concerne, les problèmes où une personne est innocente, où une personne est reconnue coupable d'un crime qu'elle n'a pas commis. Ces situations ne devraient arriver dans aucun pays. Il ne devrait pas arriver au Canada qu'une personne puisse être reconnue coupable d'un crime qu'elle n'a pas commis. Toutefois, en tant qu'humains, nous échouons. Tout le monde peut se tromper dans le système. La police peut se tromper, le procureur peut se tromper ou le juge peut se tromper, car nous sommes tous humains. Par conséquent, lorsque de nouvelles preuves font surface et démontrent qu'une personne n'a pas commis l'infraction, qu'elle a été condamnée à tort, comme cela a été le cas dans de nombreuses affaires très médiatisées au Canada, il y a un processus dans notre pays où les gens se prévalent de mesures de réparation.
Ma question porte sur l'expérience internationale. Quand le ministère a rédigé cette loi et a donné des conseils au , et que le ministre nous a présenté la mesure législative, il a choisi — le gouvernement a choisi — de maintenir une exigence qu'une personne doit interjeter appel de la décision. Ces deux amendements modifient fondamentalement cette exigence.
Si vous ne le savez pas, c'est correct, mais je veux vous poser la question suivante: une comparaison a‑t‑elle été faite avec des pairs internationaux sur cette exigence selon laquelle une personne doit avoir interjeté appel de la décision?
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Merci de votre réponse.
Cela se rattache à ces amendements, car nous devons regarder ce que font les autres pays et comment ils gèrent leur commission. C'est pourquoi nous avons reçu des témoins du Royaume-Uni et de la Caroline du Nord.
Sur le site Web de la U.K. Criminal Cases Review Commission, sous la rubrique « Nos pouvoirs et pratiques », on peut lire ceci:
Nos pouvoirs légaux signifient que nous pouvons souvent trouver des faits importants qu'il serait impossible à d'autres de trouver.
Nous pouvons également interroger de nouveaux témoins et interroger à nouveau les témoins initiaux. Au besoin, nous pouvons nous organiser pour obtenir de nouvelles preuves d'experts telles que des rapports psychologiques et des analyses d'ADN.
Nous examinons tous les cas de façon approfondie, indépendante et objective, mais les règles juridiques qui régissent le travail de la commission signifient que nous pouvons seulement renvoyer une affaire si nous estimons qu'il y a une « possibilité réelle ».
... et c'est là l'essentiel de mon point...
qu'une cour d'appel annulerait la condamnation ou, en cas d'appel contre la peine, modifierait la peine en question.
Cette possibilité réelle met déjà notre système... Le critère qui est proposé dans le projet de loi est qu'une erreur judiciaire a pu être commise. La notion « a pu être commise » est un seuil extrêmement bas.
Bien entendu, une erreur judiciaire peut avoir été commise dans une affaire, mais nous devons aspirer à quelque chose de plus que le minimum absolu. Le fait de suggérer que quelqu'un puisse avoir recours à une commission, à une nouvelle commission... J'espère que personne dans cette salle ne voudrait créer un système judiciaire parallèle ou encombrer nos tribunaux avec des affaires dont ils ne devraient pas être saisis, des affaires qui ont déjà été traitées. Si vous avez été reconnu coupable d'un crime et que vous avez interjeté appel de votre peine, ou pas, et que vous avez la chance de faire annuler la peine, pourquoi ne pas saisir cette chance?
Je dois mentionner que même avec ce seuil plus élevé au Royaume-Uni, quand cette commission a été mise sur pied, les gens se sont rués pour faire annuler leur condamnation. Ils ont établi une norme. Nous avons convoqué des représentants de cette commission à comparaître, mais notre norme est bien inférieure. Les amendements NDP‑1 et LIB‑1 auraient pour effet d'abaisser davantage le seuil à partir duquel une personne peut avoir recours à la commission.
Ils disent ce qui suit:
Nous pouvons seulement renvoyer une affaire si nous estimons qu'il y a une « possibilité réelle » qu'une cour d'appel puisse annuler la condamnation ou, dans le cas d'un appel contre une peine, puisse modifier la peine.
La CCRC est un organisme prescrit par la loi qui traite les communications de renseignements dans l'intérêt public ou dénonciations. Cela signifie qu'en plus de notre responsabilité légale de traiter les demandes que nous recevons, nous sommes l'organisme à qui les gens peuvent faire part de leurs préoccupations concernant des erreurs judiciaires réelles ou potentielles.
Ce qu'il faut pour renvoyer un cas en appel, c'est de nouveaux renseignements et une possibilité réelle. Aucun de ces éléments n'est exigé en vertu du projet de loi existant, et encore moins si nous adoptions l'amendement NDP‑1 ou LIB‑1. Ni de nouveaux renseignements ni une possibilité réelle ne constituent une exigence qui empêcherait quelqu'un de recourir à la commission, ce qui ferait perdre du temps et pourrait encombrer le système judiciaire alors que la commission n'a même pas besoin de croire qu'il existe une possibilité réelle qu'une erreur judiciaire ait été commise ou qu'une cour d'appel annule une condamnation.
C'est un critère en deux volets, comme on l'a entendu. Il introduit ce que je considère être un critère très raisonnable: premièrement, existe‑t‑il une possibilité réelle qu'une erreur judiciaire ait été commise? Si vous acceptez cela, deuxièmement, existe‑t‑il une possibilité réelle qu'une cour d'appel modifie la peine? Ce qu'ils tentent de faire, c'est de s'assurer qu'ils traitent des affaires qui, à partir des preuves à leur disposition, premièrement, ils croient qu'il y a eu une erreur judiciaire et, deuxièmement, ils croient qu'il y a une possibilité réelle qu'une cour d'appel annule une condamnation ou ne prononce pas de condamnation alors qu'il y en a déjà eu une.
Ils continuent en disant « Nous devons être en mesure de montrer à la cour d'appel » de « nouveaux » renseignements — encore une fois, ce n'est pas une exigence du projet de loi — « qui n'ont pas été utilisés au moment de la condamnation, ou du premier appel, et qui auraient pu changer le résultat de l'affaire si le jury en avait été informé. » Ils disent qu'il ne servirait à rien de simplement s'adresser « à la CCRC pour dire que le jury s'est trompé lorsqu'il a choisi de croire les arguments de la poursuite plutôt que ceux de la défense, à moins qu'il n'y ait de nouveaux renseignements convaincants pour étayer cette idée. »
Je veux parler plus précisément de cela: il ne servirait à rien de simplement s'adresser à la CCRC pour dire que le jury s'est trompé lorsqu'il a choisi de croire les arguments de la poursuite plutôt que ceux de la défense. Ce n'est pas ainsi que notre système fonctionne. Contrairement à ce qui était en place pour certaines condamnations erronées qui sont les plus connues au pays, nous avons maintenant la Charte des droits. Nous avons maintenant un système d'aide judiciaire amélioré. Nous avons un système judiciaire qui octroie des droits incroyables aux personnes qui sont condamnées.
Nous avons entendu des témoignages sur d'autres mesures législatives, comme le projet de loi . Les témoins ont dit que le projet de loi a fait en sorte que des personnes qui sont libérées devraient être incarcérées ou que des personnes qui n'obtiennent pas de condamnation devraient être condamnées. Nous avons entendu des victimes, qui nous ont dit que nous n'avons pas de système de justice — nous avons un système juridique. Le système est souvent défavorable aux victimes dans ce pays, et c'est ce qu'on oublie dans ce débat.
Je dois revenir sur le système britannique. La commission du Royaume-Uni est celle que nous avons choisi d'examiner attentivement. Il ne suffit pas de dire « Je n'ai pas eu un traitement équitable », « Je ne suis pas d'accord », « Le jury a fait erreur » ou « Le juge s'est trompé et je suis en fait innocent ». Cela ne suffit pas pour pouvoir avoir recours à la commission.
Ils ont ensuite dit ceci:
Pour renvoyer une affaire en appel, nous devons estimer que les nouveaux renseignements sont suffisamment convaincants pour qu'il y ait une ‘possibilité réelle’ que la cour d'appel annule la condamnation. Si nous renvoyons une peine en appel, [nous devons être convaincus qu'il y a] une ‘possibilité réelle’ que la cour réduise la peine.
Cela rejoint un point que M. Caputo a soulevé à propos des changements dans les lignes directrices sur la détermination de la peine pour les personnes qui ont été condamnées d'une infraction dans le passé, mais dont la gravité de l'infraction n'est plus la même maintenant. Au Royaume-Uni, elles peuvent faire appel à la commission pour demander une réduction de leur peine, mais la commission doit avoir la certitude qu'il y a une possibilité réelle que la cour réduise la peine.
Madame la présidente, ils disent ensuite « La majorité des gens font appel à la [commission] en raison de condamnations ou de peines qu'ils ont reçues d'une cour d'État ». Ils répètent que les critères sont qu'il y ait, premièrement, « de nouveaux renseignements » et, deuxièmement, « une possibilité réelle ».
Je reviens au projet de loi que nous a présenté le .
Premièrement, le projet de loi prévoit‑il qu'il y ait une possibilité réelle qu'une condamnation erronée ou une erreur judiciaire ait eu lieu? Non. Le projet de loi indique « a pu être commise ». Même en vertu de notre loi actuelle, sur laquelle le ministre exerce actuellement un contrôle, il y a une norme plus élevée que l'expression « a pu être commise ». Bien entendu, il serait impossible d'avoir une norme moins élevée que « a pu être commise ». Donc, ce qui m'a réconforté un peu avec le projet de loi lorsqu'on nous l'a présenté initialement, c'était cette exigence selon laquelle une personne doit au moins avoir interjeté appel de la décision.
Madame la présidente, il y a énormément de bruit de l'autre côté.
M. James Maloney: Je vous écoute.
L'hon. Rob Moore: Je sais que vous m'écoutez, mais ce n'est pas juste pour vous si vos collègues parlent en même temps. Je sais que vous voulez entendre tout ce que je dis.
Une députée: Mettez vos écouteurs.
Une députée: Désolée, mais je n'ai pas entendu.
Un député: Si vous pouviez simplement [inaudible]...
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Merci, madame la présidente.
Je parlais de la norme en vigueur au Royaume-Uni, dans le contexte des amendements NDP‑1 et LIB‑1, la norme de la « possibilité réelle ». Cette norme est perçue comme étant inférieure à la norme actuellement en vigueur au Canada.
Si je demandais à tout le monde ici s'il connaît la norme actuellement en vigueur au Canada, je ne suis pas sûre que chacun saurait quoi répondre. Dans le système actuel, il faut pouvoir conclure « qu'une erreur judiciaire “s'est probablement produite” ».
Dans notre système — et je fais ici le lien avec les amendements NDP‑1 et LIB‑1 —, il y a la norme « hors de tout doute raisonnable ». C'est la norme la plus élevée que nous utilisons. C'est la norme selon laquelle une personne doit être reconnue coupable; il faut pouvoir conclure « hors de tout doute raisonnable » qu'elle a commis l'infraction. On ne peut pas seulement conclure qu'il est possible que la personne l'ait commise, qu'il y a de bonnes chances qu'elle l'ait commise ou que, selon la prépondérance des probabilités, à 50‑50, on croit qu'elle l'a commise. Ce n'est pas la norme que nous utilisons au Canada. La norme que nous utilisons pour les déclarations de culpabilité est « hors de tout doute raisonnable ».
Il existe une norme moins stricte, applicable dans les affaires civiles et certains autres cas, qui s'appuie sur la prépondérance des probabilités. Cela signifie que tout compte fait, le scénario A est plus vraisemblable que le scénario B. C'est la prépondérance des probabilités.
À l'heure actuelle, pour conclure à une condamnation injustifiée, en droit canadien, il faut pouvoir conclure « qu'une erreur judiciaire “s'est probablement produite” ».
À la lumière de ces différentes normes, madame la présidente, la barre est assez haute quand on dit qu'une chose « s'est probablement produite ». Il faut que le ministre sente vraiment qu'il y a eu une erreur judiciaire. Ce n'est pas qu'elle « a pu être commise » et ce n'est pas « une possibilité réelle »; c'est un peu plus que cela. La norme n'est pas aussi élevée que celle qu'on trouve dans le Code criminel « hors de tout doute raisonnable », mais il faut pouvoir conclure que cela « s'est probablement produit ».
Au Royaume-Uni, il faut pouvoir conclure qu'il y a une « possibilité réelle » qu'une condamnation ne serait pas confirmée. La « possibilité réelle » est une norme beaucoup moins élevée que notre norme actuelle que cela « s'est probablement produit ». Cette différence explique en partie pourquoi la CCRC, la commission de révision des affaires pénales du Royaume-Uni, conclut beaucoup plus souvent à une condamnation injustifiée que le Canada, selon son propre processus de révision des condamnations criminelles.
Nous parlons ici, selon la façon dont nous comptons, d'au moins trois normes différentes. La première est notre norme actuelle selon laquelle « une erreur judiciaire “s'est probablement produite“ ». Il y a aussi la norme du Royaume-Uni selon laquelle il y a une « possibilité réelle » qu'une erreur judiciaire ait été commise, puis il y a la nouvelle norme contenue dans le projet de loi « qu'une erreur judiciaire a pu être commise ».
C'est pourquoi, madame la présidente, j'ai vraiment du mal à accepter les modifications proposées dans les amendements NDP‑1 et LIB‑1 et je ne vois pas comment cela n'ouvrirait pas la porte à un véritable tsunami de demandes. C'est une norme très subjective, et selon la façon dont la Commission choisira de fonctionner, cette norme pourrait ouvrir la porte à un nombre insensé de demandes frivoles.
Je ne dis pas nécessairement que la norme actuelle est la bonne. Selon la norme actuelle, il faut pouvoir conclure qu'une erreur « s'est probablement produite », ce qui signifie, je suppose, que le ministre doit estimer qu'il y a au moins 51 % des chances qu'il y a eu une erreur judiciaire. À mon avis, la norme du Royaume-Uni est plus raisonnable. C'est pourquoi après, quand nous aurons fini notre étude des amendements NDP‑1 et LIB‑1 — je n'en parlerai pas maintenant, mais plus tard —, vous nous entendrez proposer un amendement conservateur pour remplacer la norme actuelle « a pu être commise » par la norme britannique « s'est probablement produite ». Je pense que c'est tout à fait raisonnable. Cela protégerait la commission et améliorerait la perception que les Canadiens peuvent avoir de notre système judiciaire.
Je regardais les sondages. J'encourage tous les députés à consulter les sondages sur ce que les Canadiens pensent de notre système judiciaire. C'est assez lamentable. Les Canadiens sont vraiment préoccupés par le système judiciaire au Canada. Ils réclament notamment que les droits des victimes soient mieux protégés et que les personnes qui devraient être derrière les barreaux soient bel et bien derrière les barreaux. Nous devons être très prudents. Nous devons bien faire les choses dans le projet de loi . D'entrée de jeu, lorsque je parle de l'amendement NDP‑1, c'est directement la question de la norme selon laquelle une erreur judiciaire « a pu » être commise.
Il est évident que l'idée d'une commission canadienne d'examen des erreurs du système judiciaire inspirée du modèle de la CCRC, la commission britannique, reçoit beaucoup l'appui des experts et des diverses parties. Certains disent, cependant, qu'elle pourrait coûter trop cher. Le Canada ne compte qu'un faible nombre de condamnations injustifiées. Cela peut être attribuable à deux ou trois choses différentes. On peut croire que c'est parce qu'on ne décèle pas suffisamment de condamnations injustifiées, mais on peut croire aussi que c'est parce que notre système judiciaire est efficace pour prévenir les condamnations injustifiées. J'ai mentionné quelques-unes des mesures de protection que nous avons mises en place.
Je pense que c'est la personne que M. Caputo avait recommandée comme témoin, un ancien associé de M. Caputo qui a parlé en termes très élogieux de M. Caputo, qui a porté à l'attention du Comité un témoignage très intéressant.
Quel était son nom, déjà?
Un député: Était‑ce M. Wiberg?
L'hon. Rob Moore: Oui. Il a présenté un témoignage très intéressant.
Il a rappelé aux membres du Comité que le paysage de notre système judiciaire a remarquablement changé depuis quelques affaires très médiatisées de condamnations injustifiées au pays. Il y a eu l'entrée en vigueur de la Charte, les changements apportés à l'aide juridique et l'avènement de la preuve génétique. La preuve génétique n'existait pas au moment où ont été rendues certaines condamnations injustifiées. La preuve génétique peut servir à condamner ou à disculper quelqu'un.
Je dois parler de l'expérience de la Caroline du Nord. Je ne voudrais pas que quiconque s'imagine que ce qui est proposé ici s'apparente à l'exemple de la Caroline du Nord, à la lumière de ce témoignage.
La Caroline du Nord exige des preuves de l'innocence factuelle. J'ai demandé au témoin de la Caroline du Nord pourquoi on avait établi cette norme là‑bas. Elle a dit que c'était la norme qui serait acceptable pour les habitants de la Caroline du Nord. D'après ce que me disent mes électeurs sur le système judiciaire, parce que j'en parle avec eux, et d'après les commentaires que j'entends des autres députés de tous les partis au sujet de ce que leurs électeurs leur disent, je crois que les attentes des Canadiens concernant les condamnations injustifiées correspondent davantage à ce que la Caroline du Nord a proposé qu'à ce qui est proposé dans le projet de loi , s'il devait être élargi, c'est‑à‑dire que s'il y a de nouvelles preuves indiquant qu'une personne ayant été condamnée pour une infraction était probablement innocente, chacun d'entre nous devrait vouloir que cette personne soit complètement innocentée si on découvre, au moyen de preuves génétiques ou d'autres éléments de preuve, qu'elle a été condamnée à tort pour un crime qu'elle n'a pas commis.
Vous vous souvenez de l'affaire O. J. Simpson. Il a immédiatement indiqué qu'il chercherait la personne qui a réellement commis le crime. Eh bien, la plupart des gens étaient d'avis qu'on avait trouvé le véritable auteur du crime au départ. Voilà le genre de réaction qu'il faudrait avoir lorsque l'on découvre une condamnation injustifiée dans notre système. Les Canadiens devraient se dire: « Il faut trouver le vrai coupable. ». Ce n'est pas la norme du projet de loi .
Pourquoi est‑ce que je le mentionne? Le projet de loi est assez ténu, avec le... Je dirais qu'il nous faut un système robuste, évidemment, pour les personnes injustement condamnées. Nous avons un système; il relève, en fin de compte, du ministre de la Justice. Actuellement, le seuil est celui des « motifs raisonnables de conclure qu’une erreur judiciaire s’est probablement produite ». Quant à savoir si ce seuil est trop élevé, nous pourrions en débattre, mais je peux dire à mes collègues que si nous faisions un sondage auprès de nos électeurs sur la norme requise, ils seraient beaucoup plus portés à dire que le seuil devrait être « lors d'une réelle possibilité d'une erreur judiciaire », au lieu de permettre à une personne déclarée coupable qui ne fait pas appel de sa peine de sentence d'intenter un recours devant la commission. Quels critères la commission applique-t-elle? Eh bien, il « peut » y avoir eu une erreur judiciaire. Est‑ce fondé sur de nouvelles preuves? Pas nécessairement; c'est soumis aux caprices de la commission à ce moment‑là. Voilà ce qui nous attend si le projet de loi est modifié et que son champ d'application est élargi.
Je ne mettrai personne sur la sellette. Je répondrai à ma propre question. Lorsque le ministre et le cabinet ont examiné le projet de loi , avant son dépôt, et en fonction des conseils qu'ils ont reçu des fonctionnaires du ministère... Il y a une raison pour laquelle un individu, sauf dans des circonstances exceptionnelles, doit faire appel de la décision. Il y a une raison inhérente à cela, et c'est pour cette raison que cette norme est intégrée à cette exigence. La norme extrêmement basse selon laquelle une erreur judiciaire « peut » s'être produite exige l'étape de l'appel. Introduire la possibilité de ne pas avoir à interjeter appel du tout suscite encore plus de doutes au sujet de ce seuil très faible.
Voilà les raisons pour lequelles l'amendement NDP‑1 me préoccupe.
Le Comité a récemment fait une étude sur les obligations du gouvernement fédéral envers les victimes d'actes criminels. Je pense souvent à cette étude lorsque j'examine d'autres mesures législatives. Il s'agit d'une perspective — j'espère que nous sommes tous d'accord là‑dessus — que nous devrions prendre en compte, que nous devrions toujours avoir à l'esprit lorsque nous examinons des textes législatifs. Actuellement, j'examine le projet de loi et en particulier l'amendement NDP‑1 et, ce faisant, je veux tenir compte de la perspective des victimes d'actes criminels. Lorsqu'une personne estimera avoir été condamnée à tort — même si, selon cette disposition, elle peut avoir commis l'infraction —, que pensera la victime d'un acte criminel d'un processus qui aura pour effet de raviver ses inquiétudes et de la revictimiser? Je ne dis pas cela à la légère. Le processus victimise de nouveau les victimes. Voilà pourquoi nous devons faire les choses correctement.
Cela a été mentionné dans les témoignages au Comité, notamment par des victimes qui ont perdu un être cher. Par exemple, une victime a dit qu'avoir à assister aux audiences de libération conditionnelle, de savoir que sa fille doit assister aux audiences de libération conditionnelle, ou qu'après son décès, c'est sa fille qui devra assister aux audiences de libération conditionnelle de l'individu qui a assassiné son mari... Dans les témoignages, nous avons entendu que cela a pour effet de revictimiser les victimes. Les victimes ont assez souffert. Donc, lorsque nous créons un système qui pourrait avoir pour effet de rouvrir de profondes blessures chez les victimes, nous devons être certains de viser uniquement les cas qui doivent être examinés.
C'est pourquoi... Nous avons un système de justice. Je crois savoir que c'est M. Van Popta qui a indiqué, à juste titre, que certaines mesures correctives que l'on tente d'incorporer dans ce fourre-tout conviendraient mieux ailleurs, notamment dans l'accès à la justice et l'aide juridique. Il a été demandé au de doter les postes vacants de la magistrature, de s'assurer que les gens ont une audience, d'assurer un accès rapide à la justice — il y a le vieil adage, « justice différée est justice refusée » —, etc.
Cette commission ne peut pas être une solution unique à tous les problèmes du système de justice, mais doit être réservée pour les cas de personnes injustement condamnées. Je crains que l'amendement NDP‑1 ne nous éloigne de ce principe et nous engage dans une voie que les Canadiens n'appuieraient pas, à savoir la création d'un système de justice parallèle, d'une autre voie à laquelle peuvent recourir les personnes reconnues coupables d'un crime. La personne pourrait choisir de ne pas faire appel de sa condamnation, comme elle devrait le faire, mais qu'étant donné qu'elle est reconnue coupable, elle n'interjettera pas appel, mais intentera un recours devant cette nouvelle commission. Quelle est la norme pour cette commission? Je sais que dans le système de justice pénale, la norme est « hors de tout doute raisonnable ». Dans ce système, la norme est qu'une « erreur judiciaire a pu être commise ».
J'ai évoqué les victimes. Je regarde le traitement des victimes au Royaume-Uni. Dans un article intitulé « The Wrongful Convictions in Canada » — et je pense que c'est instructif pour nous —, on peut lire ce qui suit:
la CCRC a été critiquée pour son manque de normes objectives afin de déterminer la portée des enquêtes, sans minimum d’enquête obligatoire ni de point final logique à la tâche ouverte de prouver l’absence d’erreur.
Le Royaume-Uni a aussi ses propres problèmes, malgré ses normes plus élevées, mais il est clair, d'après les témoignages, que le Royaume-Uni prend cette obligation d'enquêter au sérieux. Concernant les victimes, la CCRC indique ce qui suit:
La CCRC ne communiquera pas avec une victime simplement parce qu'elle enquête sur un cas.
Écoutez maintenant ce qu'on ajoute:
Cela tient au fait que la plupart des cas que nous examinons ne sont pas renvoyés aux fins d'un appel.
Pourquoi? Parce que la norme est « l'existence d'une possibilité réelle que la condamnation ne soit pas confirmée ». La norme n'est pas que la condamnation pourrait ne pas pas être confirmée, mais qu'il y a « une possibilité réelle ».
La CCRC poursuit:
Nous savons que les victimes et leur famille ont déjà vécu des expériences stressantes. Apprendre que leur dossier fait l'objet d'un examen peut donner aux victimes l'impression qu'elles sont obligées de revivre tout cela et qu'on ne les croit pas. Nous faisons de notre mieux pour éviter de causer une détresse inutile lorsque nous le pouvons.
C'est le Royaume-Uni. On indique qu'on ne fera pas subir aux victimes une frivole... La CCRC reconnaît qu'elle ne sera pas saisie d'un grand nombre de cas ou de demandes en raison de cette norme. Elle indique son intention de ne pas faire subir cela aux victimes d'actes criminels simplement parce qu'un individu estime qu'il n'a pas eu droit à un traitement équitable, qu'il a été condamné à tort et qu'il va donc tenter sa chance auprès de la CCRC. Elle indique qu'elle n'informe même pas la victime immédiatement pour éviter de causer du stress à la victime et à sa famille, consciente des répercussions, pour ces gens, d'entendre que l'individu qui a été reconnu coupable du meurtre d'un ami ou d'un proche, par exemple, fait maintenant valoir qu'il a été injustement condamné.
La CCRC dit:
Si la CCRC décide de renvoyer un cas en appel, nous ferons toujours de notre mieux pour en informer la victime ou sa famille.
On indique également ce qui suit:
Toute victime ou famille qui estime que nous n'avons pas agi conformément à notre politique peut porter plainte par l'intermédiaire de notre mécanisme de plaintes. La question soulevée sera examinée en toute indépendance par le responsable du service à la clientèle.
Je n'ai pas entendu les observations des néo-démocrates ou des libéraux sur la façon dont ils concilient cela. J'aurais peut-être été plus disposé à examiner l'amendement plus attentivement s'il avait comporté deux parties, si on y précisait que nous ne voulons pas une exigence relative aux appels, mais que nous sommes d'accord pour avoir une norme plus élevée, même si l'exigence d'un appel pour le ministre de la Justice avait sa raison d'être.
Pour ces raisons, je vous invite à la plus grande prudence concernant les amendements NDP‑1 et LIB‑1. Ils ne s'inscrivent pas dans le contexte général du projet de loi, qui comprend un seuil extrêmement faible pour invoquer qu'« une erreur judiciaire a pu être commise ».
Je vais m'arrêter ici pour ce qui est de l'amendement NDP‑1. J'ai des questions pour les témoins qui sont ici. Je garderai peut-être cela pour plus tard.
Alors que nous examinons l'amendement NDP‑1, je tenais simplement à présenter à tous, et aux membres du Comité, des observations découlant des recherches plus approfondies que j'ai faites sur l'expérience du Royaume-Uni, car les aspects dont j'ai parlé ne faisaient pas partie des témoignages que nous avons entendus. Je trouve que leur souci des victimes, le raisonnement sous-jacent à l'établissement d'un seuil plus élevé et le nombre considérable de demandes, même avec ce seuil plus élevé, sont des aspects incroyablement convaincants et instructifs.
Nous devons être prêts à cela aussi. Nous aurons un volume énorme de demandes. À moins de vouloir faire abstraction de l'expérience du Royaume-Uni — qui compte des années d'expérience à cet égard — et à moins de vouloir ignorer totalement leur logique et leur expérience avec une telle commission, nous devrons non seulement composer avec un volume important de demandeurs, mais nous causerons aussi d'importantes perturbations dans la vie des victimes et de leur famille si nous n'arrivons pas à un projet de loi qui se tienne. Si le seuil est trop faible. Cela causera un préjudice énorme aux familles des personnes qui ont été tuées ou blessées par des individus qui ont été traduits en justice et reconnus coupables et qui n'ont même pas interjeté appel de cette condamnation.
C'est là‑dessus que je termine mes observations sur l'amendement NDP‑1, pour le moment.
:
Merci, madame la présidente.
Je vais examiner brièvement l'amendement NDP‑1. Ce que je vois, au début, c'est qu'il est question de modifier le projet de loi par substitution, à la ligne 37, page 2, de ce qui suit... Je procède ainsi parce que j'ai parfois de la difficulté à situer les choses si je ne lis pas l'ensemble du texte.
Il se lirait comme suit:
Pour l’application du paragraphe 696.4(3), la demande comporte des renseignements indiquant si la personne a épuisé ses droits d’interjeter appel de la déclaration ou du verdict et, sinon, des renseignements concernant les facteurs prévus au paragraphe...
Le texte actuel est le suivant:
...renseignements concernant les facteurs prévus au paragraphe 696.4(4).
Ces paragraphes se trouvent sous le paragraphe 696.4(4) proposé; je suis à la page 3 en ce moment. Cela se lit comme suit:
le temps écoulé depuis le jugement définitif rendu par la cour d’appel.
Si je comprends l'amendement du NPD, il supprimerait l'obligation de tenir compte de ces éléments, mais le temps écoulé depuis le jugement jusqu'au moment de l'appel est tout à fait pertinent.
Par la suite, on lit:
les raisons pour lesquelles aucun appel de la déclaration ou du verdict n’a été interjeté à la Cour suprême du Canada;
Nous avons entendu beaucoup de témoignages. Nous avons également entendu plusieurs observations des membres du Comité sur les raisons pour lesquelles une affaire peut avoir fait ou non l'objet d'un appel devant la Cour suprême du Canada, et sur les raisons pour lesquelles une affaire aurait pu faire l'objet d'un appel devant une cour d'appel provinciale. Encore une fois, je pense que c'est probablement un facteur pertinent pour déterminer si la commission doit examiner la demande ou non.
Ensuite, on lit:
la question de savoir s’il serait utile de demander la prorogation du délai pour signifier et déposer devant la Cour suprême du Canada un avis d’appel ou un avis de demande d’autorisation d’appel;
C'est un point intéressant dans l'alinéa 4c) proposé. Je le mentionne parce que nous avons parlé de l'aide juridique et du manque de financement de l'aide juridique. En fin de compte, le dernier mot quant à la décision d'interjeter appel revient à l'accusé, qui sera, évidemment, le client. Un avocat ne peut pas interjeter appel si son client ne souhaite pas interjeter appel.
C'est évidemment très pertinent. Je trouve cela intéressant, car il s'agit de savoir si la présentation d'une demande de prolongation d'un délai d'appel est utile lorsqu'une personne fait valoir qu'il y a eu une erreur judiciaire. Je me demande si les services d'aide juridique provinciaux interpréteraient cette disposition en disant, dans les cas d'erreur judiciaire potentielle ou allégée, qu'ils désigneront un avocat pour demander une prolongation du délai d'appel. Si j'ai bien compris, le problème que visent à corriger les amendements NDP‑1 et LIB‑1, c'est que certaines personnes n'auraient pas interjeté appel parce qu'elles n'en avaient pas les moyens. C'est un des problèmes, si je comprends bien.
Si l'alinéa 4c) proposé était, en fait, une façon d'inciter les services d'aide juridique provinciaux à financer ces appels, à demander une prolongation du délai d'appel et d'interjeter appel? Dans ce cas, il y a la possibilité qu'une cour d'appel dise, en fonction de l'appel, qu'il n'est pas nécessaire d'aller devant la commission.
Il ne faut pas oublier que le processus habituel est de s'adresser à une cour d'appel. Tout le monde ici présent sait que lorsqu'une personne est insatisfaite d'une décision, elle a le droit d'interjeter appel. C'est la façon principale de s'y prendre.
Quand on y pense, le projet de loi est assez révolutionnaire, parce que nous sommes en train de créer une commission. Le gouvernement nommera des commissaires qui, si je me souviens bien, n'ont pas nécessairement besoin d'avoir une formation juridique. Les procédures se feront en parallèle.
Il est tout à fait pertinent de se demander si une personne devrait avoir épuisé ses recours et si ce facteur devrait être important, surtout si les provinces — je pense à ce que nous avons dit et à ce que MM. Housefather et Garrison ont dit au sujet des gens qui n'ont peut-être pas suffisamment de moyens — demandent si le premier recours ne devrait pas d'abord être une cour d'appel. C'est la raison d'être de notre système. Quand on a été lésé, quand le tribunal de première instance se trompe, on monte à l'étage supérieur. C'est ce que nous dirions, n'est‑ce pas? Nous dirions qu'il est temps de monter à l'étage supérieur — à la Cour d'appel.
Je trouve cela intéressant et je me demande si on devrait contourner la nécessité d'un appel. Je me demande — je réfléchis à haute voix — si un amendement pourrait être apporté, et s'il pourrait y avoir... J’essaie simplement de penser aux cas qui ont trait au financement des appels, surtout s’il y a un potentiel réel d'erreur judiciaire. Si quelqu'un démontre de façon crédible qu'il « pourrait » y avoir eu une erreur judiciaire — même pas à un seuil élevé, parce qu'il n'est pas question de renverser l'appel, mais seulement de nommer un avocat pour aider quelqu'un à interjeter appel —, alors, dans ce cas, je ne pense pas que quiconque autour de cette table dirait: « Vous avez subi ce qui aurait pu être une erreur judiciaire il y a 30 ans. Vous n'aviez pas les moyens de faire appel. Par conséquent, ce projet de loi établira non seulement la commission pour que vous interjetiez appel, mais aussi un mécanisme qui vous permettra de le faire plus simplement. »
Je n'en suis pas certain. Je ne vais pas demander aux expertes de formuler des commentaires à ce sujet, car je sais que ce n'est pas une mince affaire, étant donné que mes réflexions à ce sujet ne sont pas encore claires dans mon esprit, mais...