:
Oui, ils sont très heureux. Au moins, ils peuvent vous voir en direct. Ils peuvent voir que vous n'êtes pas avec quelqu'un d'autre et que vous êtes productifs, alors, c'est bien. Quoi qu'il en soit, je voulais rendre cela positif.
Bienvenue à la 50e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes. Conformément à l'ordre de la Chambre du 13 février 2023, le Comité entreprend son étude du projet le loi , Loi modifiant le Code criminel, aide médicale à mourir.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Les membres du Comité assistent à la réunion en personne dans la salle et à distance en utilisant l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des témoins et des membres du Comité. Les participants doivent attendre que je les reconnaisse par leur nom avant de prendre la parole. Les participants par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer et doivent se mettre en sourdine lorsqu'ils ne parlent pas.
En ce qui concerne l'interprétation, les participants sur Zoom ont le choix, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser l'écouteur et sélectionner le canal souhaité. Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence. Les participants qui sont dans la salle doivent lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Les participants sur Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ».
Je vais utiliser des cartons. Lorsqu'il vous restera 30 secondes, que ce soit durant votre exposé ou vos questions, je vais lever ce carton, afin d'éviter de vous interrompre. Lorsque votre temps sera écoulé, je vais lever le carton rouge et vous demander de conclure votre intervention. Si vous ne le faites pas, je vais devoir, malheureusement, vous interrompre.
Passons maintenant à notre étude du projet de loi .
:
Tout à fait. Merci de poser la question. Le greffier m'a confirmé que les tests de son ont tous été satisfaisants.
Commençons maintenant notre étude du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel, aide médicale à mourir.
Joignez-vous à moi pour souhaiter la bienvenue à l'honorable David Lametti, ministre de la Justice et procureur général du Canada. Il est accompagné des représentants suivants: Matthew Taylor, avocat général et directeur, Section de la politique en matière de droit pénal; de Joanne Klineberg, avocate générale intérimaire, qui comparaît par vidéoconférence; et de Myriam Wills, avocate.
Nous accueillons aussi, du ministère de la Santé, Sharon Harper, directrice générale, Direction des programmes et des politiques en soins de santé; Venetia Lawless, gestionnaire, Unité des soins en fin de vie, qui comparaît par vidéoconférence; et de Jacquie Lemaire, analyste principale des politiques, qui comparaît aussi par vidéoconférence.
Bienvenue à vous tous.
Monsieur Lametti, je vous cède la parole pour 10 minutes, si cela est suffisant.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de me donner l'occasion de m'adresser au Comité au sujet du projet de loi .
Je vous remercie tous de votre empressement à examiner cette importante mesure législative.
Je tiens aussi à remercier les représentants de Santé Canada et du ministère de la Justice qui m'accompagnent ce soir. Comme vous le savez tous très bien, ce projet de loi concerne différents ministères, et, par conséquent, il est essentiel que je bénéficie du soutien de Santé Canada ce soir, en plus du soutien habituel du ministère de la Justice.
[Français]
En mars 2021, l'ancien projet de loi , a élargi l'admissibilité à l'aide médicale à mourir aux personnes dont la mort naturelle n'est pas raisonnablement prévisible. Il a aussi exclu, de façon temporaire, qu'une maladie mentale puisse être le seul facteur invoqué pour demander à recevoir l'aide médicale à mourir. En l'absence de modifications législatives, cette exclusion sera automatiquement abrogée le 17 mars 2023, date à laquelle l'aide médicale à mourir deviendra légale dans ces circonstances.
Le projet de loi propose de proroger temporairement l'exclusion relative à la maladie mentale pendant un an, jusqu'au 17 mars 2024.
[Traduction]
L'objectif principal de ce projet de loi est de veiller à une évaluation et à une prestation sûres de l'aide médicale à mourir en toutes circonstances lorsqu'une maladie mentale constitue le seul fondement d'une demande d'aide médicale à mourir. Une prolongation de l'exclusion de l'admissibilité à l'aide médicale à mourir dans ces circonstances assurerait la préparation du système de soins de santé, notamment en accordant plus de temps au milieu médical et infirmier, y compris aux évaluateurs et aux fournisseurs de l'aide médicale à mourir, pour la diffusion et l'utilisation des ressources clés. Elle donnerait aussi au gouvernement davantage de temps pour examiner sérieusement le rapport du Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir, qui devrait être déposé d'ici le vendredi 17 février.
Je suis convaincu qu'une prolongation temporaire d'un an nous permettra d'avancer avec prudence et modération et de faire les choses correctement. Comme toujours, notre gouvernement demeure résolu à faire en sorte que notre loi reflète les besoins en évolution des Canadiens, protège les personnes vulnérables et appuie l'autonomie et la liberté de choix.
[Français]
Comme je viens de l'expliquer, l'ancien projet de loi a temporairement exclu l'accès à l'aide médicale à mourir dans les cas où une maladie mentale est le seul facteur. Cette exclusion temporaire est fondée sur la reconnaissance que ces cas sont souvent complexes, et qu'un temps de réflexion supplémentaire est approprié.
Au cours des deux dernières années, beaucoup de travail a été accompli. Le Groupe d'experts sur l'aide médicale à mourir et la maladie mentale a procédé à un examen indépendant portant sur les protocoles, les directives et les mesures de sauvegarde recommandés dans les circonstances où une maladie mentale constitue le fondement d'une demande d'aide médicale à mourir. Le rapport final du Groupe d'experts a été déposé au Parlement, le 13 mai 2022.
Dans le cadre de son étude parlementaire, le Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir s'est également penché sur les dispositions du Code criminel entourant l'aide médicale à mourir et leur application dans différents contextes, dont la maladie mentale. En juin 2022, le Comité a publié un rapport provisoire dans lequel il a résumé les témoignages qu'il avait entendus ou reçus. Ces témoins comprenaient des psychiatres et d'autres médecins, ainsi que des personnes vivant avec une maladie mentale et des représentants de divers groupes d'intervenants. Nous attendons avec impatience le rapport final du Comité mixte spécial, qui doit être déposé avant le 17 février, ce vendredi.
[Traduction]
Je félicite le groupe d'experts et le Comité mixte spécial pour le travail ardu et important qu'ils ont accompli. L'aide médicale à mourir est un sujet difficile et de nature très personnelle. Leur examen minutieux et leurs conseils nous sont donc fort utiles.
Outre le travail du groupe d'experts et du comité mixte spécial au cours des deux dernières années, les provinces, les territoires et le milieu des soins de santé travaillent avec Santé Canada pour s'assurer que le système de santé sera prêt. Ils ont mis en place des ressources pour soutenir les évaluateurs et les fournisseurs de l'aide médicale à mourir, notamment un programme de sensibilisation et de formation à l'intention des cliniciens. Ils ont élaboré les politiques et les normes de pratique nécessaires. Ce travail progresse très bien.
Certaines provinces auraient été prêtes à commencer à offrir l'aide médicale à mourir pour la maladie mentale aux patients admissibles et dûment évalués en mars 2023, comme prévu, mais de nombreuses autres provinces ont affirmé ne pas être entièrement prêtes. Une année supplémentaire permettra de s'assurer que l'ensemble des provinces et territoires seront prêts et bien outillés pour offrir l'aide médicale à mourir pour la maladie mentale d'une manière prudente et sécuritaire.
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler du besoin urgent de prolonger d'un an l'exclusion de l'admissibilité à l'aide médicale à mourir pour la maladie mentale, mais je m'en voudrais de ne pas profiter de l'occasion pour aborder certaines fausses informations au sujet de l'aide médicale à mourir que j'ai vues passer au cours des derniers mois. Je tiens à assurer à tous les Canadiens et à vous tous autour de la table que le régime canadien d'aide médicale à mourir est sûr. Il comporte de nombreux freins et contrepoids permettant de s'assurer que seules les personnes admissibles qui choisissent l'aide médicale à mourir en toute connaissance de cause et librement y ont accès.
En 2021, en réponse à l'arrêt Truchon de la Cour suprême, l'ancien projet de loi avait pour but d'étendre l'admissibilité à l'aide médicale à mourir aux personnes dont la mort naturelle n'était pas raisonnablement prévisible. Vu le degré supplémentaire de complexité relié à ces cas, nous avons créé un ensemble distinct de mesures de sauvegarde encore plus rigoureuses à respecter avant que l'aide médicale à mourir puisse être fournie.
Certaines de ces mesures de sauvegarde supplémentaires comprennent une période minimale de 90 jours pour l'évaluation de l'admissibilité, au cours de laquelle une attention minutieuse est accordée à la nature de la souffrance de la personne et à la possibilité d'obtenir un traitement ou de trouver d'autres moyens pour soulager cette souffrance. Cette mesure de sauvegarde interdit dans les faits à un praticien d'établir qu'une personne est admissible à l'aide médicale à mourir en moins de 90 jours.
En outre, l'un des praticiens qui évaluent l'admissibilité de la personne à l'aide médicale à mourir doit également posséder une expertise concernant la condition à l'origine de la souffrance de cette personne ou consulter un praticien qui a cette expertise. Les praticiens chargés de l'évaluation doivent également veiller à ce que la personne soit informée des autres moyens à sa disposition pour soulager sa souffrance, comme les services de counselling, les services de santé mentale et de soutien pour les personnes handicapées, les services communautaires et les soins palliatifs. Ils ne doivent pas simplement discuter des solutions de rechange, mais ils doivent s'assurer que la personne a eu la possibilité de consulter des professionnels compétents qui fournissent ces services. De plus, les deux praticiens doivent convenir que la personne a pris sérieusement en considération les autres options de traitement.
L'aide médicale à mourir pour la maladie mentale pose des défis encore plus complexes. C'est pourquoi nous devons prendre le temps nécessaire pour nous assurer que le système de soins de santé soit entièrement prêt avant d'étendre l'admissibilité à l'aide médicale à mourir aux personnes dont la seule affection sous-jacente est une maladie mentale. Nous reconnaissons que la maladie mentale peut causer des souffrances aussi intenses que la maladie physique.
Nous savons que des personnes attendaient de devenir admissibles à l'aide médicale à mourir en mars 2023. Nous reconnaissons que ces personnes souffrent et qu'elles seront déçues que nous prolongions la période d'inadmissibilité. Nous sympathisons avec elles.
Néanmoins, j'estime que cette prolongation est nécessaire pour assurer la prestation sécuritaire de l'aide médicale à mourir dans tous les cas où la demande est fondée sur une maladie mentale. Nous avons besoin de cette prolongation pour éviter de précipiter l'élargissement de l'admissibilité et pour apporter tous les changements nécessaires de façon prudente et mesurée. Notre principale priorité est d'assurer la prestation sécuritaire de l'aide médicale à mourir. Je suis certain que les tribunaux jugeront constitutionnelle cette courte prolongation.
[Français]
Le Canada a mis en œuvre des lois sur l'aide médicale à mourir qui appuient l'autonomie et la liberté de choix tout en protégeant les plus vulnérables. Nous croyons que le délai proposé dans le projet de loi C‑39 va faire en sorte que cela continue d'être le cas.
[Traduction]
Nous devons prendre le temps de faire les choses correctement. Cette prolongation d'un an nous donnera plus de temps pour nous assurer que le système de santé est prêt et nous donnera davantage de temps pour examiner sérieusement les recommandations du comité mixte spécial et y donner suite.
Merci. Je suis impatient de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, nous sommes ici aujourd'hui, car il y a deux ans, vous avez commis une erreur qui vous a mis en décalage par rapport à votre caucus. Nous savons que vous avez voté contre le premier projet de loi sur l'aide médicale à mourir parce que vous estimiez qu'il n'allait pas assez loin. Cela vous a mis en marge de votre caucus. Vous avez déclaré au Comité que le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (aide médicale à mourir), était constitutionnel.
Le Sénat non élu l'a modifié considérablement et a ainsi créé, je dirais, un tout nouveau projet de loi, prévoyant que les personnes souffrant d'une maladie mentale seraient admissibles à l'aide médicale à mourir. Cette prolongation est la preuve que vous aviez tort il y a deux ans.
Je sais que vous êtes professeur, mais vous n'êtes pas la seule personne à être professeur. J'ai ici une lettre, signée par 32 professeurs de droit, qui dit ceci:
Nous ne sommes pas d'avis, en tant que professeurs de droit, qu'il est constitutionnellement nécessaire d'offrir l'accès à l'aide médicale à mourir aux personnes dont la seule affection sous-jacente est une maladie mentale, ni que l'arrêt Carter c. Canada (procureur général) a créé ou confirmé un droit constitutionnel au suicide, comme le ministre Lametti l'a affirmé à maintes reprises. La Cour suprême du Canada n'a jamais conclu qu'il existe un droit constitutionnel général d'obtenir un suicide assisté par un fournisseur de soins de santé en fin de vie.
Monsieur le ministre, dites-nous rapidement qui a raison. Est‑ce vous ou les 32 professeurs de droit?
:
Monsieur le ministre, je n'ai que six minutes. Je vous ai donné du temps pour répondre à la question.
J'aimerais pouvoir dire que je suis étonné que vous pensiez que vous avez raison, alors que ces 32 professeurs affirment que vous avez tort. Ils disent dans cette lettre que vous avez tort.
Vous venez de dire, monsieur le ministre, qu'il existe une certaine obligation constitutionnelle d'offrir cela, mais il y a deux ans, vous vous êtes présenté devant le Comité avec ce qu'on appelle un énoncé concernant la Charte. Vous, en tant que ministre de la Justice et procureur général, devez certifier que toutes les mesures législatives émanant du gouvernement sont conformes à la Charte. Dans votre propre analyse de la Charte, en ce qui a trait à la maladie mentale, on peut lire ceci:
Elle est plutôt fondée sur les risques inhérents et la complexité que comporterait la possibilité d'obtenir l'aide médicale à mourir pour les personnes qui souffrent uniquement d'une maladie mentale. D'abord, les données probantes démontrent qu'il est particulièrement difficile d'évaluer la capacité décisionnelle des personnes qui sont atteintes d'une maladie mentale qui est suffisamment grave pour justifier la présentation d'une demande d'aide médicale à mourir, et le risque d'erreur est élevé lors d'une telle évaluation. Ensuite, il est généralement plus difficile de prévoir l'évolution d'une maladie mentale que l'évolution d'une maladie physique. Enfin, l'expérience récente dans les quelques pays où l'aide médicale à mourir est permise (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) a soulevé quelques préoccupations. Ces inquiétudes concernent l'augmentation de ce type de cas et le nombre élevé de cas où une aide médicale à mourir a été fournie aux personnes atteintes d'une maladie mentale.
Ce ne sont pas là les 32 professeurs qui parlent. C'est vous. C'est votre énoncé concernant la Charte.
Qui devons-nous croire? Est‑ce le ministre Lametti qui était assis il y a deux ans sur la même chaise qu'aujourd'hui avec en main cet énoncé concernant la Charte, ou le ministre qui est devant nous aujourd'hui et qui nous dit que c'est une obligation constitutionnelle?
Avez-vous mis à jour votre énoncé concernant la Charte, maintenant que nous sommes saisis d'un tout nouveau projet de loi qui vise à étendre l'aide médicale à mourir aux Canadiens souffrant d'une maladie mentale?
:
Monsieur le ministre, il ne me reste que 30 secondes.
Ce que vous venez de dire, et ce que tous ces professeurs de droit ont dit... Je ne veux pas induire les Canadiens en erreur. Hier, durant le débat, votre propre caucus a affirmé qu'il existe une obligation constitutionnelle, mais, il y a deux ans, vous nous avez dit qu'il n'existait pas d'obligation constitutionnelle.
Vous avez adopté un amendement radical apporté par un Sénat non élu, vous vous l'êtes approprié et maintenant vous affirmez que vous allez présenter un énoncé concernant la Charte. L'énoncé concernant la Charte n'est‑il pas censé précéder le projet de loi? Nous devrions déjà avoir cet énoncé.
Votre énoncé concernant la Charte fait valoir qu'étendre l'aide médicale à mourir aux personnes souffrant d'une maladie mentale est une erreur. C'est ce que vous avez déclaré au Comité, alors, qui a raison? Vous ou vous?
:
Je vous remercie de votre question, madame Brière.
Comme je viens de le dire, nous avons accompli beaucoup de travail. Cela inclut le Groupe d’experts sur l'aide médicale à mourir et la maladie mentale, le Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir, ainsi que le gouvernement fédéral et Santé Canada, avec les provinces et les territoires, les experts, les médecins et les infirmières.
Nous touchons presque au but. Il ne nous reste qu'à nous assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde. Pour cela, nous avons besoin d'une autre année pour intégrer le travail qui a été fait afin que les évaluateurs et les fournisseurs de soins de santé sur le terrain soient prêts à évaluer les demandes d'aide médicale à mourir de manière sûre et cohérente. Nous sommes donc ici pour prendre le temps de nous assurer que les lignes directrices et l'encadrement sont bien compris par tout le monde.
Nous sommes sur la bonne voie. Comme je l'ai dit, plusieurs experts pensent que nous y sommes déjà et que nous devrions aller de l'avant quand même, mais nous voulons nous assurer de procéder d'une manière sûre et prudente. C'est la raison pour laquelle nous demandons une autre année pour nous assurer que nous sommes tous sur la même longueur d'onde.
:
Six minutes de temps de parole, c'est court pour un sujet aussi délicat.
Monsieur le ministre, vous m'avez ouvert une porte et je vais saisir l'occasion que vous m'offrez. Contrairement à vous, je ne crois pas que ce que vous avez mis sur la table va nous permettre d'en faire plus en santé mentale; et je ne crois pas non plus que cela va nous aider à soigner nos concitoyens au cours des 10 prochaines années.
Dans le présent débat, il faut faire attention au sens de santé mentale. Des experts nous ont dit d'arrêter de parler de maladie mentale, car ce n'est pas un terme clinique. Il faut parler de troubles mentaux. Si on veut s'entendre, il faut adopter les termes utilisés par les experts.
Au sujet des troubles mentaux, les experts ont indiqué, dans leur rapport final, qu'il fallait établir des normes de pratique.
Dans une lettre envoyée aux membres du Comité, le sous-ministre de la Santé nous dit qu'un groupe de travail a été créé sur les normes de pratique en matière d'aide médicale à mourir. Ce groupe est composé de personnes ayant une expertise clinique. Qui sont ces gens?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis heureux d'être de retour au comité de la justice. Je ne pense pas y avoir siégé depuis la 42e législature.
Merci d'être ici aujourd'hui, monsieur ministre.
Je veux revenir à la discussion sur le projet de loi que vous avez eue avec M. Moore. Je siégeais à la Chambre avec vous à ce moment‑là. Nous avons franchi l'étape de la troisième lecture du projet de loi le 10 décembre 2020, ce qui signifie que la version que nous avons renvoyée au Sénat était conforme à votre énoncé concernant la Charte. Les personnes atteintes de troubles mentaux n'auraient toujours pas droit à l'aide médicale à mourir.
Le Sénat a examiné le projet de loi plutôt rapidement, et le troisième vote a donc pu avoir lieu le 17 février 2021, c'est‑à‑dire après un peu plus de deux mois. Il nous l'a renvoyé avec cet amendement.
Je veux juste y voir plus clair. Vous nous dites que pendant cette période de deux mois, vous avez changé d'avis. Je me demande quelle a été votre réflexion. La version que nous avons envoyée au Sénat vous convenait, mais lorsqu'on nous l'a renvoyée, après seulement deux mois, vous aviez changé d'avis et accepté les modifications apportées à la mesure législative.
Je crois que l'amendement n'a pas été inséré lors de l'étude en comité, mais plutôt à l'étape du rapport. Cela s'est fait au Sénat.
:
Si je peux intervenir, je pense qu'il y a une tendance ici, et c'est la raison pour laquelle cela a suscité autant de consternation chez différents députés. Vous avez présenté le projet de loi avant que l'obligation légale du projet de loi ait été respectée. Cette mesure législative prévoyait un examen législatif de la loi, mais le projet de loi C‑7 a été déposé.
J'ai été membre du Comité mixte permanent sur l'aide médicale à mourir, pendant la 43e législature et celle en cours. Il n'a pas fait son travail. Il a été interrompu par les élections de 2021, et je peux vous dire, monsieur le ministre, après avoir siégé à ce comité, que nous avions toujours l'impression d'avoir un couteau sous la gorge compte tenu de la disposition de caducité. C'était vraiment problématique.
Cela dit, je veux passer au groupe d'experts convoqué par votre gouvernement. Dans son rapport, il dit:
que les critères d'admissibilité et les mesures de sauvegarde existants concernant l'AMM, renforcés par les lois, les normes et les pratiques en vigueur dans les domaines connexes des soins de santé, peuvent fournir une structure adéquate pour l'AMM TM‑SPMI tant qu'ils sont interprétés de manière appropriée pour prendre en considération la spécificité des troubles mentaux.
Je m'interroge à ce sujet, car bien entendu, dans le Code criminel, pour satisfaire à tous les critères d'admissibilité à l'alinéa a), on doit « consentir de manière éclairée » et seulement après avoir été informé des moyens disponibles.
Je veux tout simplement connaître votre interprétation à ce sujet, car d'une part, on peut être informé d'une chose, mais d'autre part, nous savons que de nombreux témoins ont affirmé que dans beaucoup de régions du Canada, certains de ces services ne sont tout simplement pas offerts ou pas suffisamment.
Pensez-vous que le gouvernement pourrait envisager une modification du Code criminel pour changer l'expression « de manière éclairée », ou êtes-vous satisfait de ce que le groupe d'experts vous a remis?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, mesdames et monsieur les fonctionnaires, bienvenue. Merci de comparaître.
Monsieur le ministre, je veux revenir à la question de mon collègue à propos de l'énoncé concernant la Charte.
Le 13 décembre 2019, des modifications à la Loi sur le ministère de la Justice sont entrées en vigueur, créant une nouvelle obligation pour [vous de vous] assurer qu'un énoncé concernant la Charte soit déposé au Parlement pour chaque projet de loi du gouvernement.
Un énoncé concernant la Charte constitue une mesure de transparence visant à éclairer le débat parlementaire et public sur un projet de loi, et à accroître la sensibilisation et la compréhension de la Charte.
J'ai écouté votre témoignage. Vous avez dit que l'énoncé serait déposé.
Vous avez également mentionné, monsieur le ministre, que la journée d'hier a été mise de côté pour que l'ensemble des parlementaires débattent de la question, et nous avons surtout entendu des députés conservateurs; les libéraux n'ont pas dit grand-chose. En tout, environ 15 heures ont été réservées hier et demain pour tenir un débat parlementaire, mais les parlementaires n'ont pas reçu d'énoncé concernant la Charte pour pouvoir l'examiner à l'avance et tenir compte de ce genre d'analyse dans leurs discours. Vous empêchez les parlementaires de vraiment réfléchir à la légalité de ce projet de loi.
Ma question pour vous est très précise. Qu'entendez-vous lorsque vous dites que vous allez déposer un énoncé, et à quel moment les Canadiens et les parlementaires, ce qui est encore plus important, peuvent-ils s'attendre à le recevoir pour l'examiner en profondeur?
:
Je sais ce qui explique ces chiffres.
Tout d'abord, nous allons de l'avant parce que nous croyons que les tribunaux nous obligeront à le faire, et nous allons donc procéder prudemment.
Je suis également au courant de la désinformation qui circule et que, bien franchement — je vais être honnête —, un certain nombre de personnes propagent dans votre camp politique. On affirme qu'un jeune — et je l'ai entendu à la Chambre des communes hier — pourra s'adresser à son médecin, lui dire qu'il a des pensées suicidaires et qu'il aimerait obtenir l'aide médicale à mourir. Ce n'est manifestement pas le cas.
Nous parlons ici d'une fraction d'une fraction, monsieur Brock. Le nombre de personnes à la deuxième étape pour recevoir l'aide médicale à mourir, d'après ce que nous avons vu, est de 500 parmi 10 000, c'est‑à‑dire 0,5 %. Il sera question d'une fraction de cela.
C'est une minuscule proportion de personnes.
:
Merci, monsieur Van Popta, de votre question. J'apprécie la sincérité avec laquelle vous la posez. Je vous en félicite.
Je veux dire aux Canadiens, et à vous, que nous avons maintenant fait le travail. Je maintiens ce que j'ai dit en 2020 et 2019: d'après nos consultations, il n'y avait pas de consensus. J'ai respecté le processus parlementaire et nos rapports avec le Sénat. Au lieu d'adopter une loi et de dire ensuite que nous allons ajouter le critère de la maladie mentale, nous avons accepté la volte-face du Sénat et nous avons convenu d'imposer une limite de temps; à défaut de quoi, la disposition serait inévitablement entrée en vigueur.
Cela nous a obligés à faire le travail, et nous l'avons fait. Je pense qu'il existe maintenant un consensus très fort, notamment parmi les cliniciens et ceux qui travaillent auprès de personnes atteintes de troubles mentaux. Ce sont des gens qui ont essayé, de multiples façons, d'aider les personnes souffrant de troubles mentaux et qui, dans un certain nombre de cas, disent qu'il n'y a plus rien qu'ils puissent faire; le patient souhaite recourir à l'aide médicale à mourir.
Le délai à respecter et le travail à accomplir n'ont pas changé. L'ordre des choses, du point de vue de la technique législative, a changé, mais la substance de ce que j'avais à dire n'a pas changé. Nous sommes aujourd'hui dans une bien meilleure situation, et je crois que nous sommes prêts à aller de l'avant.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre et mesdames et messieurs les fonctionnaires, d'être des nôtres.
J'aimerais commencer par dire deux ou trois choses. Je n'étais pas ici il y a deux ans, et je ne siège pas au comité qui a été créé. Je dirai que l'aide médicale à mourir est un choix très personnel et très complexe qui touche vraiment chaque personne et chaque famille. Il s'agit généralement de situations très difficiles et douloureuses dans la vie d'une personne, ainsi que dans celle de ses proches. Je peux comprendre que le gouvernement du Canada doive faire de son mieux pour s'y prendre de la bonne manière. Je ne crois pas que la perfection existe. Nous savons tous que les lois changent. C'est pourquoi nous sommes ici. C'est la raison d'être des parlementaires et des tribunaux.
Cela dit, je me demande si vous pouvez apporter quelques précisions. Je veux vous donner suffisamment de temps.
Quels sont les critères d'admissibilité actuels pour l'aide médicale à mourir? Que se passera‑t‑il si nous n'acceptons pas d'accorder cette prolongation? Pouvez-vous me dire quelles sont les exigences législatives en vigueur et où nous en sommes aujourd'hui?
Par ailleurs, où en sont les provinces dans ce dossier?
:
C'est précisément ce qui est prévu dans la deuxième voie. Nous avons intégré ces mesures de sauvegarde après avoir soigneusement consulté un certain nombre de milieux différents, y compris des représentants de personnes en situation de handicap.
La période d'évaluation de 90 jours devait être suffisamment longue pour permettre, par exemple, à une victime d'un accident catastrophique d'avoir le temps, après cette période initiale, de réfléchir à son sort et aux options qui s'offrent à lui.
Comme je l'ai mentionné, un des critères veut que la personne soit informée des mesures de soutien possibles, qu'elle y réfléchisse sérieusement et qu'elle discute de ces pensées et des autres moyens de soutien avec un praticien.
L'autre critère, je le répète, c'est qu'il faut des évaluations menées par deux praticiens, dont l'un doit posséder une expertise dans le domaine. Pour revenir à la question précédente de M. Thériault, nous avons prévu une certaine souplesse. Dans certains endroits — comme dans le Nord —, les intervenants ont estimé que l'exigence de recourir à deux experts dans un domaine médical particulier, par exemple, pourrait constituer un obstacle. Nous avons donc fait preuve de souplesse. Évidemment, il peut revenir aux provinces de rendre cette exigence plus stricte si elles ont les ressources pour le faire.
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Le projet de loi était une loi épouvantable, une mauvaise copie de la loi québécoise, qui a fait en sorte que, pendant ce temps, des gens ont été obligés d'aller devant les tribunaux, comme Mme Gladu et M. Truchon. Ce sont des gens qui avaient une vie pleine et entière, même s'ils étaient en fauteuil roulant, et qui refusaient d'être infantilisés et considérés comme des personnes vulnérables. Ils avaient vécu assez de discrimination dans leur vie. Ils se sont battus jusqu'à la Cour suprême, tandis que d'autres ont été obligés de se déshydrater et d'arrêter de manger pour satisfaire au critère de mort naturelle prévisible. Cela, c'est épouvantable. Un État ne peut pas permettre cela.
Cela étant dit, le projet de loi a remédié à cela et, pour que ce projet de loi puisse être adopté, on a dû faire le compromis d'inclure les troubles mentaux. Des gens, au Sénat, prétendaient que cette loi, parce qu'elle n'incluait pas les personnes ayant des troubles mentaux, ne passait pas le test de la Charte canadienne des droits et libertés.
L'approche prudente a consisté à confier cela à des gens qui savent de quoi ils parlent, c'est-à-dire des professionnels, des experts en santé mentale, en maladies mentales. D'ailleurs, ces derniers nous ont demandé de cesser de parler de « maladies mentales », et de parler plutôt de « troubles mentaux ». De plus, ils nous ont présenté 19 recommandations que je vous invite à lire, qui permettraient d'y donner accès.
Il y a deux ans, j'étais de ceux qui étaient récalcitrants à cette inclusion. J'ai lu le rapport une vingtaine de fois. J'ai posé les questions que je pouvais poser et je pense que, effectivement, l'approche prudente est de mettre en place le projet de loi . Ainsi, on s'assure, par exemple, qu'une personne schizophrène, qui souffre depuis 30 ans et qui, dans certains cas et par moment, est devenue une loque humaine à cause de la médication, pourra y avoir accès si elle le demande. Cependant, il n'est pas question que cela s'applique à un jeune, même mineur, qui aurait fait une tentative de suicide. Le rapport indique que cela prendrait des décennies avant qu'il puisse y avoir accès. Il faudrait que son état soit irréversible, qu'il ait épuisé toutes les thérapies possibles.
Il faudrait, à un moment donné, remettre les enjeux dans leur juste proportion. Cependant, moi, je vais vous surveiller, monsieur le ministre, et je vais surveiller les gens qui nous disent que nous sommes prêts. Dans l'état actuel des choses, nous ne le sommes pas. Vous avez dit que nous étions prêts à aller de l'avant en mars. Or je ne crois pas que nous le soyons. Je ne sais pas qui prétendait que c'était possible, mais ce n'étaient sûrement pas les membres de l'Association canadienne des évaluateurs et prestataires de l'AMM, ou ACEPA, qui sont en train de mettre au point sept modules de formation.
Cela prend donc des formateurs, des évaluateurs. Il faut que les gens soient prêts sur le terrain pour ne pas faire d'erreur. Pour ne pas en faire, il faut mettre en place deux recommandations phares contenues dans le rapport, soit les recommandations 10 et 16. Cela deviendrait des mesures de sauvegarde qui dépasseraient tout ce qui se fait présentement en matière d'aide médicale à mourir.
Je n'ai pas de question à poser, mais je suis tanné d'entendre n'importe quoi.
:
Merci, monsieur le président.
Les êtres humains qui sont aux prises avec un trouble mental ayant atteint un niveau de chronicité auront vécu, tout au long de leur vie, de la stigmatisation et de la discrimination, à un point tel que même quelqu'un qui naît dans un milieu de vie aisé va probablement, à long terme, terminer sa vie avec peu de richesse. Quand on parle de personnes ayant un trouble mental sévère chronique, ce sont souvent des gens qui sont incapables de trouver un emploi, qui sont victimes de discrimination à l'embauche, et ainsi de suite. Les experts en droit diraient qu'ils savent cela et que c'est malheureux. Cependant, comme État, on pense que le bien commun doit les discriminer quant à leur capacité de décider du moment où ils ont atteint leur point de tolérance, soit l'incapacité de tolérer davantage leur souffrance.
Des juristes nous ont dit que, si l'État décidait d'exclure totalement les gens qui souffrent d'un trouble mental chronique et pour lesquels il n'y a aucun traitement, ce serait une discrimination qui ne réussirait pas le test de l'article 1 de la Charte canadienne des droits et libertés.
Qu'en pensez-vous?
Je ne sais pas trop ce qui se passe. On semble ne pas comprendre ma question.
Est-ce qu'on va m'accorder plus de temps?
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On parle d'un risque élevé et le Groupe d'experts n'a pas mis cette question de côté.
Les experts ont bien indiqué qu'effectivement, il ne fallait pas appliquer des règles générales et universelles; qu'il fallait faire de l'étude de cas, ce qu'ils appellent, eux, du cas par cas; qu'il fallait pouvoir connaître l'historique du développement de la maladie; qu'il fallait tenir compte du nombre de traitements tentés; qu'il fallait que l'évaluateur ne soit ni celui qui donne les soins ni l'équipe soignante, mais plutôt un prestataire indépendant de l'équipe de soins; qu'il fallait, enfin, que le cas soit également soumis à un psychiatre qui allait encore, lui-même, évaluer la situation. C'est donc dire qu'effectivement, le risque est élevé.
Tout cela est mis en place avec des principes de précaution et des mesures qui font qu'on doit procéder différemment.
D'un point de vue médical, l'état de Mme Gladu était facile à évaluer. Personne ne remet en question qu'un trouble mental est plus facile à évaluer. C'est la raison pour laquelle nous avons confié cette question à un comité d'experts, nous avons créé un comité mixte, qui a reçu le rapport du Groupe d'experts, lequel a mené une réflexion, a entendu des témoins et a posé des questions. Il me semble qu'il y a une appréciation de l'état de la question du risque élevé.
Qu'en pensez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Taylor, je vais commencer par vous.
Lors de la première série de questions, j'ai interrogé le sur l'article qui stipule qu'une personne doit être informée des moyens disponibles pour soulager ses souffrances, ce qui comprend les services de consultation psychologique, les services de soutien en santé mentale, les services de soutien aux personnes handicapées et les services communautaires. Pour la deuxième voie, tout cela est consigné à l'alinéa 241.2(3.1)g). Je pense que pour ceux qui souffrent d'un trouble mental et qui traversent cette profonde souffrance psychologique interne, nous pouvons à juste titre établir que leur mort ne sera pas raisonnablement prévisible. Ils doivent bénéficier des mesures de sauvegarde prévues pour la deuxième voie.
Ma question est la suivante. Le Code criminel utilise des formules comme « a été informé » et « qu'il lui a été offert ». Est‑ce là la limite de ce que le droit pénal peut faire au Canada?
Quelles sont les attentes du gouvernement fédéral à l'égard des provinces quant à la manière dont leurs systèmes médicaux vont s'organiser pour garantir...
D'après mon expérience personnelle en tant que député, je peux vous dire que dans ma collectivité — je représente une circonscription de l'île de Vancouver —, il y a beaucoup de gens qui souffrent de problèmes très graves de santé mentale, et cela provoque beaucoup de traumatismes sous-jacents. Ces problèmes sont en grande partie responsables de la crise des opioïdes.
Je comprends qu'il y a des mesures de protection supplémentaires. Personne ne peut arriver de la rue et se prévaloir de l'aide médicale à mourir. Je comprends très bien cela, mais j'essaie de comprendre où le libellé du Code criminel — la nécessité d'être informé et de se voir offrir telle ou telle chose — rejoint l'aspect provincial de la question.
J'aimerais que vous puissiez nous expliquer ce qu'il en est.
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Merci. Je suis désolé; je veux simplement m'assurer que j'ai le temps de poser des questions.
Vous avez mentionné les traitements et les thérapies. Je pense que ce sont les deux termes. J'ai rencontré des patients aujourd'hui, et nous avons entendu le témoignage du comité mixte spécial sur les thérapies non conventionnelles qui sont utilisées, comme la thérapie qui s'appuie sur la psilocybine. C'est prometteur. Je reconnais qu'en matière de recherche, il reste encore beaucoup à faire, et c'est la mise en garde que je tiens à mentionner.
Cela dit, cette méthode s'est révélée prometteuse dans une certaine mesure pour aider les personnes en soins palliatifs à soulager l'angoisse existentielle qu'elles ressentent lorsqu'elles savent que leur fin approche. Il y a aussi, peut-être, certains espoirs pour le traitement efficace des troubles mentaux.
D'après les conversations que j'ai eues avec eux, je sais qu'il y a encore beaucoup de difficultés à surmonter avant d'obtenir une approbation, que ce soit par l'intermédiaire de l'exemption prévue à l'article 56 ou du programme d'accès spécial. Que fait Santé Canada à l'égard de ces thérapies non conventionnelles? Vous devez être au courant. Des fonds et des recherches supplémentaires sont-ils prévus pour examiner sérieusement ces alternatives?
Nous avons affaire à un changement assez monumental de notre Code criminel, et nous voulons simplement nous assurer que toutes les thérapies non conventionnelles sont explorées à leur plein potentiel et mises à la disposition des patients.
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C'est une bonne question, je crois.
Selon moi, nous en aurons une très bonne idée quand les cliniciens auront l'impression d'être bien soutenus, de disposer des ressources dont ils ont besoin pour faire les évaluations, puis de comprendre ce qu'ils doivent faire pour évaluer les personnes dont la maladie mentale est le seul facteur invoqué.
J'estime que c'est là une étape absolument cruciale.
Il faudra du temps, car ils devront être en mesure d'adopter les normes de pratique clinique. Les provinces, les territoires et les organismes de réglementation pourront adopter et adapter ces normes, puis les fournisseurs de soins pourront faire de même et les appliquer dans diverses situations.
C'est intéressant: puisque le Groupe d'experts a déclaré que, dans une certaine mesure, les cas de maladie mentale n'étaient pas si différents d'autres cas de la voie 2, ils pourront aussi utiliser ces normes de pratique clinique pour évaluer les cas qu'ils traitent actuellement.
Je crois que l'année sera des plus formatrices. Ils pourront prendre ces normes de pratique clinique et établir comment se les approprier.
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Nous sommes d'accord qu'il doit y avoir... C'est une question très délicate.
Nous sommes conscients que le suicide est une préoccupation, et nous sommes d'accord pour dire qu'il est important de faire la différence entre les intentions suicidaires et une demande rationnelle et éclairée d'aide médicale à mourir faite par quelqu'un qui est depuis longtemps atteint d'un trouble mental.
Des professionnels de la santé nous ont dit que les psychiatres sont bien formés pour ce faire. Ils ont précisé que les évaluations du risque de suicide font déjà partie des pratiques d'évaluation des demandes d'aide médicale à mourir, tout comme les efforts de prévention du suicide quand elles s'imposent.
Le Groupe d'experts a formulé des recommandations pour aider les professionnels de la santé à faire la distinction entre une demande rationnelle d'aide médicale à mourir, ce qui veut entre autres dire de nombreuses évaluations au cours d'une période donnée, « y compris, dans la mesure du possible, pendant les périodes de rémission ou d'atténuation des symptômes, et non pendant les périodes de détresse émotionnelle aiguë ou de crise ». Le Groupe précise qu'« il faut prendre en compte et évaluer les idéations suicidaires [...] afin de déterminer au mieux si le souhait du demandeur de mettre fin à sa vie par l'entremise de l'[aide médicale à mourir] représente une appréciation qu'il était apte à faire de sa situation plutôt qu'un symptôme potentiellement traitable de son trouble mental ».
Les normes de pratique en matière d'aide médicale à mourir, qui seront disponibles en mars 2023, seront utiles à cet égard.
On a parlé de vulnérabilité. Y a-t-il plus vulnérable qu'un être humain aux prises avec une maladie incurable qui le fait souffrir à un point tel, qu'il a franchi son seuil de tolérance? C'est la raison pour laquelle je pense que le gouvernement a fait le choix judicieux de ne pas aller jusqu'en Cour suprême, alors que des gens faisaient des grèves de la faim pour se rapprocher du critère de mort naturelle vraisemblablement prévisible, parce qu'ils n'étaient plus capables de souffrir et qu'ils voulaient absolument l'aide médicale à mourir. C'est épouvantable.
La décision du juge, qui est critiquée ici par mes collègues d'à côté, consistait à dire qu'on portait atteinte au droit à la vie de la personne, étant donné que, plutôt que de s'assurer de l'aider au moment où elle franchissait son seuil de tolérance, on attendait qu'elle se suicide. Le message que cela envoie aux gens, c'est que leur seule porte de sortie est le suicide. C'est comme si on leur disait de se suicider et que ce n'est pas notre problème. De plus, ces gens auraient dû faire valoir leur cause jusqu'en Cour suprême, alors qu'ils étaient atteints d'une maladie qui les faisait souffrir de façon intolérable. Je pense que ce n'est pas le rôle de l'État. Le rôle de l'État est d'assurer des conditions nécessaires à l'exercice du libre choix.
Cela étant dit, combien de projets de loi sur l'aide médicale à mourir, à part le projet de loi , étaient des initiatives parlementaires? Il n'y en a aucun. Les projets de loi et ont été suscités par les tribunaux, parce que des citoyens ont été obligés d'aller se défendre devant les tribunaux.
Or mes collègues conservateurs affirment que, s'ils avaient été au pouvoir, Mme Gladu et M. Truchon n'auraient jamais eu accès à l'aide médicale à mourir, pas plus que tous les autres qui ont souffert et qui ont pu y avoir accès grâce au projet de loi , justement. Il faudrait donc peut-être se demander qui sont les plus vulnérables de notre société. À mon avis, ce sont les gens qui souffrent de maladies incurables et à qui on refuse l'aide médicale à mourir sous prétexte que l'État, bien pensant, sait mieux qu'eux ce qui bon pour eux. Au nom de quoi leur refuse-t-on cela, au juste?
Tout au long de leur vie, on consacre leur droit à l'autodétermination en leur disant: nul ne peut intervenir, dans un contexte biomédical, sans leur consentement libre et éclairé. Puis, au moment le plus intime de leur vie, soit la mort — ce n'est pas l'État qui va mourir à leur place ni leur voisin —, les conservateurs voudraient que l'État leur dise qu'il va décider à leur place parce qu'il sait ce qui est leur bien. Je regrette, mais je ne suis pas de cet avis. Je pense donc effectivement que c'était une bonne chose d'adopter le projet de loi .
Il faudra donc s'assurer d'être vraiment prêt, parce que des gens souffrent de troubles mentaux, mais ce n'est pas simple de mettre tout cela en place d'un océan à l'autre. On risque de rencontrer de la résistance sur le terrain, comme c'est le cas au Québec. En effet, certaines institutions ne veulent pas donner l'aide médicale à mourir à des gens en phase terminale, alors que ce critère fait l'objet d'un consensus d'un océan à l'autre. Ces institutions font en sorte qu'ils ne peuvent pas y avoir accès. C'est scandaleux et honteux. Il faut éviter cela.
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Merci, monsieur le président.
Le Comité mixte spécial a publié un rapport provisoire expressément là‑dessus. Il a été déposé l'an dernier. Je vais simplement citer en partie sa conclusion:
Il faut mettre en place des normes de pratique et des lignes directrices claires, offrir une formation adéquate aux professionnels, faire en sorte que les patients soient rigoureusement évalués et établir un cadre de surveillance utile pour permettre l'[aide médicale à mourir lorsqu'un trouble mental est le seul problème médical invoqué]. Pour y arriver, il faudra la collaboration des organismes de réglementation, des associations professionnelles, des comités institutionnels et de tous les ordres de gouvernement, et il est important que tous ces intervenants soient engagés et appuyés dans le cadre de ce travail important.
Bien que du travail soit déjà en cours pour mettre en œuvre les recommandations du Groupe d'experts, des inquiétudes demeurent quant aux efforts encore requis afin de s'assurer que toutes les mesures nécessaires soient en place d’ici mars 2023....
Maintenant, j'ai pris des notes, et vous avez dit être convaincue que, d'ici mars prochain, les normes seront en place. Je sais que les gouvernements provinciaux et les organismes de réglementation en discutent déjà. Je présume que ma question est donc la suivante: dans le cadre des discussions de Santé Canada avec ses homologues provinciaux, vous attendez-vous à ce que les gouvernements provinciaux, les organismes de réglementation et les associations professionnelles acceptent à 100 % ces normes, ou vous attendez-vous à des variantes dans certaines provinces?
C'est ce qui m'intrigue. Voyez-vous, je m'attends à ce qu'elles aient toutes un intérêt direct dans le travail effectué à ce jour. Je sais que beaucoup de gens très dévoués œuvrent là‑dessus. Avez-vous l'impression qu'il pourrait y avoir une variante ici et là, selon la province où l'on se trouve?
Et maintenant, elles ont un an de plus pour y penser.
Des voix: Ah, ah!
Dans un pays comptant 13 provinces et territoires, je m'attends à ce qu'il y ait des variantes, car ils s'intéressent beaucoup aux normes de pratique. Nous avons obtenu une excellente réaction quand nous les avons transmises à des fins de consultation et de rétroaction. Certains se sont engagés à les adopter telles quelles.
D'autres... Nous aimons bien l'expression « adopter ou adapter ». Ils vont les étudier, c'est sûr. Je crois qu'ils vont tous les étudier très attentivement, établir de quelle façon elles s'intègrent aux processus en place, puis adopteront celles qui, selon eux, renforceront leur système.
Je crois que c'est ainsi que les provinces et territoires vont probablement les aborder, mais ils sont fort enthousiastes à l'idée de pouvoir les consulter et les utiliser, puis de les intégrer à leur système.