Bienvenue à la 31e séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 8 février 2022, le Comité poursuit son étude sur les obligations du gouvernement à l'égard des victimes d'actes criminels.
Conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022, la réunion d'aujourd'hui se déroule suivant une formule hybride. Certains députés sont présents dans la salle; d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais transmettre certaines consignes aux témoins et aux députés.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. En ce qui concerne l'interprétation, ceux qui utilisent Zoom ont le choix, au bas de l'écran, entre l'anglais, le français ou le parquet. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'écouteur et choisir le canal désiré.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence. J'invite les députés présents dans la salle qui souhaitent prendre la parole à bien vouloir lever la main. Les députés participant via Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». Le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour tenir à jour une liste des intervenants. Nous vous remercions à l'avance de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
J'ai habituellement des cartons pour signaler le temps restant, mais je ne les ai pas ici avec moi, ce qui va me forcer à improviser. Lorsqu'il vous restera 30 secondes, je brandirai ce livre jaune. S'il ne vous reste plus de temps, je brandirai cette chemise brune. Je vous demanderais de porter attention à ces signaux ou encore de vous chronométrer vous-mêmes.
Avant que je présente nos témoins, permettez-moi une mise en garde pour la santé et le bien-être de chacun. J'aimerais informer le Comité qu'étant donné la nature de notre étude et du sujet dont nous sommes saisis, certains témoignages pourraient être difficiles ou éprouvants à entendre. J'aimerais rappeler à nos témoins, qui ont si gracieusement accepté de comparaître devant le Comité, en personne ou par Zoom, ainsi qu'aux députés et au personnel, que des ressources sont mises à leur disposition ici même au Parlement. Le greffier pourra certainement vous aider si vous en avez besoin. Vous n'avez qu'à communiquer avec lui.
J'accorderai, si nécessaire, une petite pause à nos témoins afin qu'ils puissent livrer leurs témoignages dans les meilleures conditions possible. La présente étude peut certes être émotivement éprouvante pour nos témoins. Nous admirons le courage dont ils font preuve en venant nous raconter une expérience très personnelle. Je suis certain que tous les membres du Comité en conviendront.
J'aimerais maintenant inviter nos témoins pour la première heure de séance à nous présenter leurs observations préliminaires. Vous avez droit à un maximum de cinq minutes. Nous passerons ensuite aux questions des membres du Comité.
Nos premiers témoins sont la Dre Tanya Sharpe et Mme Marie‑Hélène Ouellette.
Vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes.
Je m'appelle Marie‑Hélène Ouellette. Je suis coordonnatrice et intervenante au Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, un CALACS, dans les Hautes-Laurentides, au Québec. J'y travaille depuis près de 20 ans.
Le CALACS travaille auprès de femmes et d'adolescentes qui ont vécu des agressions à caractère sexuel. Il offre des services de prévention, de relation d'aide et de défense des droits.
J'ai écouté plusieurs témoignages présentés ici et je me suis demandé ce que je pouvais apporter de différent ou de complémentaire à tout ce qui a déjà été dit. Je ne suis pas une spécialiste du droit. Je suis une spécialiste des survivantes de violences sexuelles.
L'écrasante majorité des personnes qui consultent notre centre ne portent pas plainte. Elles n'ont donc pas le statut de victime d'acte criminel. Parmi celles qui portent plainte, plusieurs ont vécu une expérience vraiment éprouvante, mais quelques-unes ont la chance d'avoir vécu une expérience un peu plus douce.
Depuis plus de 20 ans, le CALACS reçoit en moyenne entre 60 et 80 femmes par année. Lorsqu'il y a une condamnation ou une reconnaissance de culpabilité, c'est la fête, au Centre. Chez les femmes qui nous consultent, ces événements se comptent sur les doigts d'une main. Ils sont donc très rares.
Les personnes qui ont subi de la violence sexuelle n'ont pas beaucoup d'accès à la justice. D'après notre analyse, les barrières à cet accès sont soit inhérentes au droit criminel, soit de nature humaine ou sociale.
Voici certains obstacles inhérents au droit criminel, qui sont importants. Si le gouvernement souhaite réellement apporter un soutien adéquat aux victimes d'actes criminels, il doit amorcer une profonde réflexion sur le droit criminel.
Les principes découlant de la présomption d'innocence, soit le « hors de tout doute raisonnable » et le fardeau de la preuve qui incombe à la Couronne, entraînent une iniquité de traitement. Le système est fait pour éviter de condamner des innocents, ce qui est très bien, mais il en résulte un effet pervers: les droits des accusés permettent de laisser en liberté des coupables et de malmener des victimes.
La violence sexuelle est un crime fréquent, commis très souvent dans l'intimité. Ainsi, pour la Couronne, prouver hors de tout doute raisonnable que l'agresseur est coupable est déjà en soi une lourde tâche. La violence sexuelle est un crime trop rarement dénoncé. Or, lorsque les victimes portent plainte, elles en ressortent rarement avec un sentiment de satisfaction. Je ne parle pas des peines imposées. Pour vraiment changer le traitement si inéquitable entre les parties, pourquoi n'inverserions-nous pas le fardeau de la preuve dans les cas de violence sexuelle? Je lance cette idée.
Parmi les facteurs humains ou sociaux qui nuisent à l'accès à la justice se trouvent d'abord les préjugés sexistes et racistes des acteurs du système. Ceux-ci sont bien souvent inconscients. Les préjugés sociaux sont nombreux, importants et intimement liés à la violence. Les personnes qui vivent le plus de violence sexuelle sont celles qui sont défavorisées par ces préjugés, souvent produits par les différents systèmes d'oppression.
On ne peut pas séparer la question des droits des victimes de celle des inégalités sociales et de genre. Les victimes de violence sexuelle le sont parce qu'elles sont femmes, vivent avec un handicap, sont lesbiennes, trans, noires, issues des Premières Nations, et ainsi de suite. Elles sont agressées par des personnes qui ont généralement plus de privilèges qu'elles, sont favorisées par les rapports de pouvoir et continuent d'être privilégiées dans leurs droits à cause du processus judiciaire. Le système de justice n'est pas imperméable à ces rapports de pouvoir.
De plus, l'incompréhension du fonctionnement du cerveau devant un traumatisme — on parle de la neurobiologie des traumatismes — dont font preuve les acteurs du système de justice et la façon dont on traite une victime dans le système peuvent déclencher des réactions traumatiques. Par exemple, un contre-interrogatoire très serré ou qui dure plusieurs heures peut déclencher chez la victime un très grand stress et embrouiller son témoignage. Elle ne cherche pas à mentir. C'est son cerveau qui réagit au traumatisme. La réponse traumatique peut causer à la victime des pertes de mémoire, la déstabiliser ou la faire douter d'elle-même. Le principe de droit du « hors de tout doute raisonnable » peut donc à lui seul faire en sorte que la justice s'arrête au moment du témoignage.
Les réponses à un événement traumatique peuvent être très variées. Certaines victimes ont des trous de mémoire et des souvenirs flous, alors que d'autres ont des souvenirs étonnamment vifs, clairs et détaillés.
On reproche souvent à celles qui ont du mal à se rappeler certaines choses que leurs souvenirs ne sont pas assez précis, et on reproche à celles qui se souviennent très bien, et même trop bien, que c'est louche d'avoir des images aussi claires et qu'elles doivent en inventer un peu.
Le système de justice canadien doit donc faire un travail d'introspection et regarder quelles sont les croyances des individus qui le composent. Il ne doit pas croire que le droit est froid et objectif. Ces croyances ont un effet sur l'administration de la justice.
La victime est considérée comme le témoin d'un crime extrêmement intime, dans le cas de violence sexuelle. Or il incombe à la Couronne de démontrer hors de tout doute raisonnable la culpabilité de l'agresseur, qui a déjà beaucoup de droits dans le processus.
Je le répète, je suis une spécialiste des survivantes d'agressions sexuelles, qui sont des actes criminels graves et fréquents. Ces victimes sont sous-représentées dans les victimes officielles.
Le droit criminel et l'administration de la justice offrent plusieurs freins à la justice dans l'histoire des survivantes.
Je vous remercie de votre écoute.
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Merci, monsieur le président.
Merci à notre témoin. Habituellement, nous accueillons plusieurs personnes à la fois. Vous êtes la seule à comparaître aujourd'hui, et nous sommes bien sûr ravis de vous accueillir. C'est la dernière réunion que nous consacrons à notre étude des obligations du gouvernement envers les victimes d'actes criminels, et nous avons pu entendre jusqu'à maintenant de nombreuses recommandations quant aux moyens à mettre en œuvre pour améliorer le système.
J'aimerais que vous puissiez nous en dire plus long sur un commentaire que vous avez fait au début de votre exposé. Vous avez indiqué que votre centre accueille chaque année de 60 à 80 femmes, mais qu'elles sont nombreuses à décider de ne pas porter plainte et que celles qui le font regrettent souvent leur décision. Vous avez ajouté que cette insatisfaction n'est pas seulement attribuable à la peine imposée.
Lorsqu'une affaire justifie que des poursuites soient intentées et que des accusations soient portées, quelles formes prennent ces obstacles à la justice qui empêchent les victimes de porter plainte? Qu'est‑ce qui les amène à prendre une décision semblable? Avez-vous des exemples à nous donner?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, madame Ouellette. Je suis content de vous voir ce matin.
J'écoutais votre témoignage jusqu'à maintenant, et je le trouve très intéressant.
Un peu comme mon collègue, M. Naqvi, je dirais qu'il est assez difficile de prétendre à un renversement du fardeau de la preuve. Nous vivons dans une société où nous souhaitons que les gens ne soient pas condamnés à moins que nous soyons convaincus de leur culpabilité. À tort ou à raison, nous avons un système fondé sur le principe que nous aimons mieux voir des coupables en liberté que des innocents en prison. Ce système de droit a des avantages, mais aussi des désavantages.
Cela dit, je pense que vous avez raison de dire que les victimes sont souvent laissées pour compte dans notre système judiciaire. Je le comprends très bien quand vous dites qu'une victime de violence sexuelle, par exemple, peut ressentir une certaine nervosité ou un certain stress ou peut avoir des trous de mémoire qui l'empêchent de livrer un témoignage qui soit à la hauteur pour démonter réellement sa crédibilité. Je me demande s'il ne faudrait pas travailler sur les outils avec lesquels nous pourrions accompagner les victimes et faire en sorte qu'elles soient mieux comprises lorsqu'elles témoignent.
En ce sens, j'allais aborder la question de l'information, mais vous venez de m'ouvrir la porte. Beaucoup de témoins nous ont dit que les victimes étaient peu informées de leurs droits. C'est une chose importante. Je pense que nous devrons en faire état judicieusement dans notre rapport.
J'aimerais aborder avec vous un autre sujet, celui de la participation au processus judiciaire. Selon vous, serait-il bon que les victimes soient partie prenante à toutes les étapes du procès plutôt que seulement être entendues à titre de témoins? Si elles participaient au processus, elles pourraient avoir plus d'impact sur les décisions, par exemple en matière de négociation de plaidoyer. Cela se fait souvent entre l'avocat de la défense et le procureur de la Couronne.
Selon vous, les victimes auraient-elles intérêt à participer à toutes ces discussions et y consentiraient-elles?
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Ce que vous dites est bien intéressant.
Je reviens à la participation des victimes. Si nous voulons aider ces dernières à participer plus efficacement au processus, n'y aurait-il pas lieu de penser à un service de consultations auprès de psychologues ou de travailleurs sociaux, par exemple, pour mieux préparer la victime avant qu'elle témoigne et lui expliquer le processus?
Je ne suis pas psychologue, mais il y a sûrement des façons de faire en sorte que la personne soit plus à l'aise devant les tribunaux. Ainsi, elle pourrait rendre un témoignage plus fluide, plus utile et plus facilement compréhensible pour le tribunal. Je ne veux pas utiliser le mot « sincère », car je tiens pour acquis que les victimes sont toutes de bonne foi et qu'elles rendent des témoignages exacts.
Un service professionnel de ce type pourrait-il être offert?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Il est malheureux que la Dre Sharpe n'ait pas pu être des nôtres pour cette dernière journée de témoignages. Je sais que le Comité a fait le nécessaire pour que nous puissions l'accueillir. Elle n'a pas pu comparaître parce que sa famille vit actuellement des moments particulièrement difficiles.
J'aimerais savoir si nous avons reçu un mémoire de la Dre Sharpe. Peut-être que notre greffier pourrait nous l'indiquer.
Comme nous n'en avons pas reçu, je vais essayer d'en obtenir un.
Les recherches de la Dre Sharpe portent sur la surreprésentation des personnes de couleur parmi les victimes d'homicide dans la région du Grand Toronto. Notre comité n'a pas entendu beaucoup de témoignages à ce sujet. Je pense qu'il est important que nous tentions d'obtenir ces informations en lui demandant de nous soumettre un mémoire écrit.
Madame Ouellette, vous avez fait allusion à ce phénomène de la surreprésentation des personnes racisées et marginalisées parmi les victimes d'actes criminels, et plus particulièrement d'agression sexuelle. Pourriez-vous nous en dire davantage — sans nécessairement citer des chiffres — quant à cette surreprésentation que vous êtes à même de constater dans le cadre de votre travail?
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Merci. C'est un plaisir et un honneur d'être ici. Merci à notre témoin.
Lorsque j'étais procureur, je m'intéressais principalement aux infractions sexuelles et, surtout, aux infractions sexuelles contre des mineurs. C'est donc vraiment un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui.
Je vais vous poser trois questions très concrètes en espérant que mes cinq minutes suffiront.
Nous discutons des mesures qui pourraient être prises. Il arrive que nous examinions les choses dans une perspective plus générale. Je veux vous parler de l'article 535 du Code criminel qui traite de l'enquête préliminaire, une procédure obligeant les gens à témoigner à deux reprises. Il y a aussi la question des témoignages vidéo. L'article 486.2 du Code criminel permet de témoigner sans être dans la salle d'audience. Enfin, si le temps le permet, nous traiterons de la possibilité de faire une déclaration en vertu de l'article 715.1 du Code criminel.
Je ne sais pas si bien des gens sont au courant, mais l'enquête préliminaire vise à s'assurer que la preuve est suffisante pour intenter un procès. L'enquête préliminaire n'est désormais plus requise pour les inculpés passibles d'une peine d'incarcération de 10 ans ou moins. Chose intéressante, la peine maximale pour une agression sexuelle contre un adulte est justement de 10 ans. Ainsi, un individu accusé d'une telle infraction n'a pas droit à une enquête préliminaire. En revanche, si c'est un enfant qui est victime d'une infraction sexuelle ou de contacts sexuels, le Code prévoit une peine minimale d'incarcération de 14 ans.
Voici où je veux en venir. Lorsque des accusations pour agression sexuelle sont portées par voie de mise en accusation, la victime mineure doit témoigner à deux reprises, alors qu'un seul témoignage est nécessaire pour un adulte dans la même situation. Cela ne vous apparaît‑il pas tout à fait illogique?
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D'abord, nous leur offrons aussi un soutien.
Ensuite, au sein de notre organisme, il y a deux éléments très importants que nous apportons aux personnes qui ont subi des agressions sexuelles. Nous reconnaissons ce qu'elles ont vécu et nous les croyons; par ailleurs, nous leur disons que ce qu'elles ont vécu n'est pas leur faute. C'est vraiment un gros morceau.
Ces deux facteurs importants détermineront si elles se tourneront vers le système de justice ou non. Ce sont donc deux éléments essentiels dans leur voie vers la guérison et pour reprendre du pouvoir sur leur vie. Le fait de croire qu'elles n'ont rien fait pour que cela leur arrive est crucial. Malheureusement, à cause de la structure du système, on laisse souvent entendre qu'elles ont peut-être fait quelque chose pour que cela leur arrive. En tant que victime, on ne veut pas être de nouveau exposé à cela.
L'essentiel est vraiment de leur dire que nous savons que ce qui leur est arrivé n'est pas leur faute. Ce sont vraiment les éléments importants qu'elles viennent chercher auprès de notre organisme. Ceux-ci se retrouvent dans notre prévention, dans l'aide que nous leur apportons et dans la défense de droits que nous faisons avec elles.
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Elles ont très peur d'être jugées. Elles craignent de se faire questionner sur les raisons de leur visite chez l'agresseur ou sur la façon dont elles étaient habillées.
Elles ont très peur d'être jugées, et elles ont aussi peur de ne pas être crues.
Au cours de notre accompagnement, nous leur disons souvent que, si leur objectif est de briser le silence, c'est déjà très bien, que leur plainte soit retenue ou non. Si leur objectif est de voir leur agresseur emprisonné, cela peut être difficile à atteindre. Cependant, nous aidons les victimes à trouver un objectif pour lequel, peu importe la conclusion, elles y trouveront une satisfaction.
Nous essayons de leur faire voir que de briser le silence est déjà très bien.
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Merci. Je ne savais pas que j'aurais l'occasion de poser une question. Je suis vraiment heureux de pouvoir le faire.
Madame Ouellette, merci d'être des nôtres aujourd'hui. Votre témoignage a été d'une grande utilité au Comité dans son étude sur les victimes d'agression sexuelle.
Vous avez parlé du traumatisme que doivent vivre les victimes lorsqu'elles ont à témoigner devant le tribunal, en faisant valoir qu'il serait peut-être préférable de faire passer en pareil cas le fardeau de la preuve de la Couronne à l'inculpé. Quelques-uns de mes collègues ont souligné que l'on s'éloignerait ainsi considérablement de notre façon traditionnelle de mener une instruction pénale.
Je me demande s'il n'existerait pas une solution mitoyenne ou une troisième option qui permettrait, si c'est ce que désire la victime, de tabler davantage sur la justice réparatrice, plutôt que de rechercher une condamnation au criminel.
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Je vous donne d'abord un exemple de justice réparatrice.
Je pense à une femme qui a suivi un processus de justice réparatrice avec un agresseur qui n'était pas le sien. Pour cette victime, le fait de prendre la parole et d'expliquer l'impact de l'agression à l'auteur d'un crime apparenté a eu un effet très positif sur sa reprise de pouvoir, ce dont je vous ai parlé.
De plus, le fait d'entendre un agresseur reconnaître sa culpabilité contribue aussi à la guérison. Cela fonctionne bien. Même si son propre agresseur n'a pas assumé sa responsabilité, la victime a entendu un autre agresseur reconnaître ce qu'il avait fait à quelqu'un d'autre.
En ce qui a trait à la formation des juges, forcément, personne ne peut pas être contre l'offre d'une meilleure formation. J'y vois là un élément de transformation qui s'attaque aux obstacles actuels, ne serait-ce que par une meilleure compréhension de l'impact des traumatismes sur les victimes.
Il arrive parfois que les victimes veuillent retirer leurs plaintes. Elles ne veulent plus aller au-delà de l'étape initiale, où elles ont porté plainte au poste de police, ou plus tard, à l'étape du procès. Parfois, le procureur ne veut pas que la plainte soit retirée. Il exerce une pression sur la victime, homme ou femme, qui en a peut-être assez et ne veut plus poursuivre le processus. On voit cela souvent.
Selon vous, existe-t-il un moyen de régler ce problème? Le procureur peut-il respecter le souhait de la victime? Lors de votre témoignage, vous avez aussi parlé de la volonté de la victime qui porte plainte. Pourriez-vous nous parler de cela, s'il vous plaît?