Bienvenue à la 58e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de la Chambre du 27 mars 2023, le Comité entame son étude sur le projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et d'autres lois en conséquence.
Conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022, la réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride. En fait, tout le monde y assiste en personne, donc je ne vais pas traiter du format hybride.
Pour le ministre et toute autre personne nouvelle au Comité, et il semble y avoir beaucoup de nouveaux visages aujourd'hui, sachez que je me sers de cartons de rappel. Lorsqu'il ne vous reste plus que 30 secondes, je lève le carton jaune. Lorsque votre temps de parole arrive à sa fin, je lève le carton rouge et je vous prie de conclure afin que je n'aie pas à vous couper la parole.
Nous sommes heureux d'accueillir le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, Marco Mendicino. Soyez le bienvenu, monsieur le ministre.
De Sécurité publique Canada, nous recevons également Sébastien Aubertin-Giguère, sous-ministre adjoint, Secteur de la sécurité et de la cybersécurité nationale. De la Justice, nous accueillons Robert Brookfield, directeur général et avocat général principal, Section de la politique en matière de droit pénal, et Glenn Gilmour, avocat, Section de la politique en matière de droit pénal. Enfin, d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, nous recevons Selena Beattie, directrice générale, Direction générale de la politique et sensibilisation, Secteur de l'Afghanistan.
Je crois qu'il pourrait y avoir d'autres témoins également. Soyez les bienvenus. Nous sommes heureux de vous compter parmi nous.
Monsieur le ministre, vous aurez la parole pendant 10 minutes, comme d'habitude. Votre déclaration liminaire sera suivie de questions des membres du Comité.
Je vous en prie.
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Merci beaucoup, monsieur le président et distingués collègues.
D'abord, pour régler les questions d'ordre administratif, je suis très heureux d'être accompagné d'un certain nombre de collègues de la Sécurité publique, d'Affaires mondiales, d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et, évidemment, de la Justice, comme vous l'avez souligné, monsieur le président. Je suis assis à côté de M. Aubertin-Giguère, qui est l'un de nos hauts fonctionnaires à la Sécurité publique.
Je crois que vous avez aussi dit que je suis ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Je sais que cela pourrait froisser mon collègue, le ministre . Je le dis avec le sourire, car il fait un très bon travail à titre de ministre de la Protection civile.
Maintenant, en ce qui a trait au sujet qui nous intéresse, je suis très heureux de pouvoir discuter avec vous tous du projet de loi , soit la Loi modifiant le Code criminel et d'autres lois en conséquence.
Chers collègues, comme vous le savez, le projet de loi crée un régime d'autorisation destiné à faciliter la prestation d'aide internationale dans les régions contrôlées par un groupe terroriste tel que défini par le Code criminel.
Comme vous le savez tous, et compte tenu de la situation en Afghanistan et dans d'autres régions instables du monde aux prises avec des conflits, ce projet de loi est crucial.
Permettez-moi de vous expliquer pourquoi. Comme j'ai exhorté tous les députés à l'admettre au dépôt de ce projet de loi par le gouvernement, il y a une crise humanitaire en Afghanistan. Après quatre décennies de conflit, d'instabilité politique et économique, puis une pandémie mondiale, la prise du pouvoir par les talibans en août 2021 a exacerbé une situation déjà critique.
Sous le régime des talibans, nous constatons des actes de violence, l'érosion des droits fondamentaux, de même que l'agression brutale, la torture et l'exécution des femmes, des filles et des membres des minorités religieuses et ethniques.
[Français]
Ils ont besoin d'aide en ce qui concerne des aspects fondamentaux tels que l'alimentation, les soins de santé, le logement, la protection et l'éducation.
[Traduction]
Le Canada continue de faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider les Afghans. Je soulignerais que notre engagement ambitieux, soit l'accueil d'au moins 40 000 réfugiés afghans, a atteint une étape marquante. Nous venons tout récemment d'accueillir le 30 000e réfugié afghan en sol canadien. Je crois que ce doit être célébré, puisque ces personnes auront maintenant accès à une vie meilleure.
[Français]
À l'heure actuelle, le Code criminel contient des dispositions rigoureuses pour lutter contre le financement du terrorisme. Plus précisément, en vertu de son alinéa 83.03b), il est interdit de fournir ou de mettre des biens à disposition en sachant qu'ils pourraient être utilisés par un groupe terroriste ou que ces derniers pourraient en bénéficier.
[Traduction]
Ces dispositions ont une incidence importante sur la capacité du Canada de fournir un soutien et d'autres formes d'aide internationale, notamment en Afghanistan. Ceci s'explique par le fait que l'autorité de facto en Afghanistan est actuellement les talibans, un groupe qui demeure inscrit à la liste des entités terroristes établie en vertu du Code criminel du Canada. Or, cette aide risque de leur être bénéfique, ce qui contreviendrait au Code criminel.
Par conséquent, les organisations canadiennes, ce qui comprend les groupes d'aide sans but lucratif et les ministères du gouvernement du Canada, risquent d'enfreindre la loi par inadvertance si elles tentent de fournir de l'aide en Afghanistan. Le projet de loi viendra clarifier la situation pour les organisations canadiennes et leur assurer qu'elles ne commettent pas de délit de terrorisme en agissant dans le cadre de leur autorisation prévue dans le présent projet de loi.
[Français]
Je tiens à souligner que le régime d'autorisation ne se limiterait pas à l'Afghanistan, mais s'appliquerait à toute zone géographique contrôlée par un groupe terroriste afin de pouvoir réagir à des situations similaires.
[Traduction]
Monsieur le président, notre gouvernement a étudié toutes les solutions possibles, y compris une exemption humanitaire à la loi en vigueur; toutefois, nous estimons qu'une exception aux obligations énoncées dans la loi n'offrirait pas les mêmes mesures de contrôle et de vérification, en plus d'accroître les risques d'un recours abusif à cette disposition. L'approche exposée dans le projet de loi est celle qui limite le mieux ces risques relatifs aux possibles agents terroristes.
Les banques et les institutions financières ont aussi demandé ces mesures de sécurité.
Permettez-moi de vous préciser les mesures de sauvegarde poussées prévues dans le projet de loi. Tout commence par la collaboration des différents ministères, certains étant représentés ici aujourd'hui. La ministre des Affaires étrangères ou le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté me font suivre les demandes, en ma qualité de ministre de la Sécurité publique.
[Français]
Le ministre ayant fait la demande devra également être convaincu que le candidat est capable d'administrer des fonds dans des environnements présentant un risque élevé et de rendre compte efficacement de cette administration.
Une fois la demande reçue, les services de sécurité nationale procéderaient à un examen de sécurité afin d'évaluer l'impact de l'octroi de l'autorisation sur le financement du terrorisme.
[Traduction]
Ce processus vérifierait si les demandeurs ont des liens avec des groupes ou des activités terroristes. L'autorisation pourrait être accordée une fois que j'aurai acquis la certitude, en tant que ministre de la Sécurité publique, que l'activité proposée ne peut être entreprise sans risque de financement du terrorisme et que les avantages de l'activité proposée l'emportent sur le risque de financement du terrorisme.
L'évaluation tiendra compte de la demande de la ministre des Affaires étrangères ou du ministre de l'Immigration, des conclusions de l'évaluation de sécurité, des mesures visant à atténuer les risques et de tout autre facteur jugé approprié. Si une demande est refusée, ces demandeurs pourraient avoir recours à un contrôle judiciaire.
[Français]
Les autorisations seraient accordées pour une période maximale de cinq ans et s'appliqueraient à toute organisation impliquée dans l'exercice de l'activité autorisée.
[Traduction]
L'autorisation pourrait également être révoquée si le demandeur ne respecte pas ses exigences. Le Service canadien du renseignement de sécurité, la GRC, le Centre de la sécurité des télécommunications et l'Agence du revenu du Canada seront également impliqués dans ce processus.
Afin de garantir que le régime d'autorisation soit tenu responsable, en tant que ministre de la Sécurité publique, je fournirai un rapport annuel sur le fonctionnement du régime et effectuerai un examen complet dans les cinq ans suivant l'entrée en vigueur du projet de loi.
Le projet de loi établit des lignes directrices opérationnelles claires, et le processus de demande est gratuit.
Comprenons-nous bien: le financement du terrorisme demeure un délit et une menace grave à nos intérêts tant au pays qu'à l'étranger, et l'autorisation n'exclut pas les efforts déployés au profit d'un groupe terroriste. De telles activités demeurent criminelles.
Il est essentiel que le Canada continue de fournir de l'aide internationale en Afghanistan, ainsi que dans d'autres régions où il y a un conflit prolongé. Les modifications proposées au Code criminel sont essentielles pour faciliter ce processus et nous préparer aux prochaines situations posant des contraintes semblables. Il est transparent et conforme à la Charte, et les dispositions établies dans le projet de loi sont conformes à la loi.
[Français]
Le projet de loi répondra aux besoins immédiats de l'Afghanistan tout en s'adaptant aux besoins futurs.
[Traduction]
Aujourd'hui comme hier, le Canada s'est toujours engagé à aider la communauté internationale.
Je tiens à vous remercier, monsieur le président, de me donner l'occasion de fournir une certaine mise en contexte. Je tiens également à remercier tous les membres de ce comité pour leurs activités de défense des droits et leur leadership afin d'attirer l'attention sur cette question importante. Nous avons maintenant l'occasion de remédier à certaines des contraintes qui ont antérieurement empêché le Canada d'en faire davantage pour aider les Afghans et d'autres personnes vulnérables sous le joug d'un régime autocratique ou oppresseur.
Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions et commentaires.
[Français]
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président, et merci, monsieur le ministre.
Je crois qu'il est important de souligner où se situe le débat au Parlement sur ce projet de loi. Personne au sein des partis d'opposition, je crois, ne nie la gravité de la crise humanitaire ou la nécessité d'une mesure législative. En fait, ce sont les retards importants dans ce dossier du côté du gouvernement qui posent problème, sans oublier les préoccupations quant à la capacité du régime de fonctionner efficacement pour les organisations qui doivent y recourir.
À la chute de Kaboul, votre gouvernement, plutôt que d'agir, a déclenché des élections. Nous avions un comité sur l'Afghanistan qui demandait ces changements il y a un an. Nous n'avons rien vu sur le sujet avant aujourd'hui. Le comité des affaires étrangères a adopté une motion, que j'ai proposée à l'automne, puis une deuxième motion plus tôt ce printemps.
Vous constaterez que nous sommes tous on ne peut plus d'accord qu'il faut agir et, je crois, d'accord en principe avec l'adoption de cette mesure législative. J'aurais aimé que le gouvernement agisse plus tôt, et je demeure préoccupé par l'efficacité du régime quant au soutien offert aux organisations pour apporter de l'aide là où elle est nécessaire.
Je souhaite vous demander précisément combien de temps vous estimez nécessaire pour approuver ce type de demandes. Pouvons-nous nous attendre à ce que tous les règlements d'application et les processus soient en place pour permettre aux organisations humanitaires de fournir rapidement l'aide nécessaire une fois cette mesure législative adoptée? Plus particulièrement, d'ici le début d'un autre hiver en Afghanistan, aura-t‑on adopté la mesure législative, mais aussi accordé ses exceptions afin qu'elles soient utilisées?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins.
Je vous remercie d'être là, monsieur le ministre. J'avais vraiment hâte de vous parler. Cela faisait longtemps.
Le 22 décembre 2021, la résolution 2615 de l'Organisation des Nations unies a été votée et demandait d'adapter nos lois pour permettre aux organisations humanitaires de faire le travail en Afghanistan.
Le 7 février 2022, j'ai posé la première question au Comité spécial sur l'Afghanistan afin de soulever le problème. Le 22 février 2022, j'ai déposé une motion demandant un consentement unanime pour permettre à nos organisations non gouvernementales, ou ONG, de travailler sur le terrain là-bas. Elle a été rejetée par votre gouvernement. D'ailleurs, je pense que c'est le qui l'avait bloquée à l'époque.
Vous êtes venu en comité parlementaire, monsieur le ministre, tout comme la , le et le . Vous avez tous comparu et avez convenu qu'il y avait un problème et qu'il fallait le régler.
Pourquoi cela vous a-t-il pris plus d'un an, monsieur le ministre?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Je suis heureuse de siéger à votre comité aujourd'hui.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être avec nous.
Je remercie tous les témoins d'être venus témoigner.
Je dois dire que j'ai travaillé pendant près de 20 ans dans le secteur humanitaire et du développement international à but non lucratif avant d'entrer en politique, et donc, après avoir attendu 18 mois le dépôt de ce projet de loi, je m'attendais à un bon produit. Ce n'est malheureusement pas ce que je vois dans le projet de loi , alors vous m'excuserez de parler aujourd'hui en m'appuyant sur mon expérience dans le développement international.
Vous avez parlé de l'équilibre nécessaire entre éviter de financer les terroristes et aider ceux qui s'occupent de l'aide humanitaire... Très respectueusement, monsieur le ministre, vous vous êtes trompé dans ce cas, et je le dis pour diverses raisons.
Premièrement, on érige ainsi des obstacles à l'aide humanitaire. Je vous ai écrit immédiatement après la publication du projet de loi, sans vraiment obtenir de réponse. J'ai mentionné précisément les raisons qui font que ce projet de loi n'accomplit pas ce que vous pensez qu'il devrait accomplir. Je m'inquiète beaucoup de sa mise en œuvre et du fait qu'Affaires mondiales Canada, déjà débordé et en manque de personnel, sera appelé à faire ce travail.
Au bout du compte, ce projet de loi porte atteinte au droit humanitaire international. Vous avez parlé d'équilibre. Vous avez dit croire que c'était la meilleure chose à faire.
Pourquoi pensez-vous que c'était la meilleure chose à faire pour le gouvernement canadien quand d'autres gouvernements — comme celui de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse, du Royaume-Uni et des États-Unis — et l'Union européenne ont tous choisi d'écouter les experts dans leur domaine? Ils ont écouté les experts qui font le travail et qui ont demandé une exclusion pour les organisations humanitaires.
Pourquoi le Canada n'a‑t‑il pas opté pour l'exclusion, alors que c'est le choix qu'ont clairement fait d'autres pays? Nous savons tous, je crois, que ces pays savent exactement ce qu'ils font sur le terrain. Ils respectent l'aide humanitaire. Ils respectent les lois contre le terrorisme.
Toutefois, le Canada est le seul pays à ériger des obstacles pour les organisations internationales, au lieu de faciliter leur présence sur le terrain pour qu'elles fassent leur travail et qu'elles aident les Afghans.
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Merci, monsieur le président.
L'une des choses que nous perdons de vue dans cette conversation, c'est que nous examinons la question dans le contexte de l'Afghanistan. Bien sûr, c'est en Afghanistan que cette situation est devenue très évidente, mais le projet de loi que vous avez présenté aura de vastes ramifications qui toucheront Gaza, le Nigeria, le Mali, la République centrafricaine, la Syrie — bref, tous ces différents pays. Il s'agit d'un énorme changement législatif pour le secteur du développement international et le secteur de l'aide humanitaire.
À entendre certaines des questions posées par vos collègues, je ne suis pas certaine qu'ils comprennent que cette mesure législative ne se limite pas à l'aide que vous avez apportée à l'Afghanistan. Elle vise à changer la façon dont les organisations internationales et humanitaires sont autorisées à travailler dans ce domaine.
Je dois revenir sur ce qu'a dit mon collègue, M. Brunelle-Duceppe.
À l'heure actuelle, le gouvernement — plus précisément, Affaires mondiales Canada — est incapable, la plupart du temps, de respecter ses obligations en matière de prise de décisions concernant les annonces de financement et le statut de réfugié. Le gouvernement actuel n'est pas doué pour prendre des décisions en temps opportun. Les crises humanitaires surviennent dans des endroits où il est vital de prendre des décisions en temps opportun.
Je voudrais également souligner que le fait de ne pas reconnaître l'urgence de la situation signifie que les organisations canadiennes ne peuvent pas intervenir sur place; elles ne peuvent pas être sur le terrain pour faire le travail qui s'impose.
Comment pouvons-nous être certains que l'adoption du projet de loi... Avec tout le respect que je vous dois, monsieur le ministre, je vous ai parlé. J'ai parlé au . J'ai parlé au . Personne ne s'est occupé de ce dossier pendant 18 mois.
Comment diable puis‑je m'adresser aux intervenants du secteur, aux représentants de Médecins sans frontières, de Vision mondiale, de tant d'organisations extraordinaires qui œuvrent dans ce domaine, et leur dire de ne pas s'inquiéter, car le gouvernement va bien faire les choses cette fois‑ci, même s'il n'y est jamais parvenu jusqu'ici?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie tous de témoigner aujourd'hui et de répondre à nos questions.
Vous avez expliqué comment cette décision a été prise en fonction des informations que vous avez reçues quand vous avez communiqué avec le secteur de l'aide humanitaire. Pourriez-vous remettre au Comité une liste des organisations qui ont réclamé ce processus au lieu d'une exception humanitaire? Si vous pouviez nous fournir une liste des organisations qui voulaient s'astreindre à ce lourd processus au lieu de bénéficier d'une exception, nous vous en saurions gré.
J'ai également quelques questions sur les délais. Je comprends que vous ne puissiez répondre avec exactitude à cette question, mais j'ai très rapidement texté une amie qui travaille dans le secteur. En mai 2022, elle a déposé une proposition afin de recevoir une subvention, et on l'informe maintenant qu'elle n'obtiendra pas de décision avant plusieurs mois.
Je ne blâme personne à Affaires mondiales Canada, car les employés sont sous-financés, manquent de ressources et sont accablés de travail. C'est ainsi depuis quelque temps. La réduction de 15 % de l'aide publique au développement n'améliorera pas la situation, mais je dirais que cela me fait craindre que le gouvernement n'ait pas la capacité de traiter les demandes en temps opportun. C'est un problème.
Madame Loten, vous avez indiqué dans votre témoignage que vous ne demanderiez pas de renseignements supplémentaires aux organisations; pourquoi faisons-nous cela alors? Si vous ne demandez pas de renseignements supplémentaires, pourquoi diable devons-nous passer par ce processus?
Il s'agit d'une question rhétorique, de toute évidence, mais vous pouvez comprendre à mon ton que je ne vois pas vraiment en quoi il est logique de prendre les mêmes renseignements que vous recueillez déjà pour traiter quelque chose... Ce qui me préoccupe le plus, c'est que les organisations et les travailleurs humanitaires et les personnes qui œuvrent dans le domaine de l'aide humanitaire sont déjà protégés par le droit humanitaire international. Il existe un cadre juridique à cet égard. Nous demandons déjà aux organisations de prouver qu'elles ne sont pas criminelles aux termes de notre loi antiterroriste. Ce projet de loi les oblige à le prouver encore. Cela n'a guère de bon sens. Ce projet de loi n'a pas de bon sens.
Quand on ajoute au fait que cette mesure n'a pas de bon sens le fait que vous ne recueillez pas de nouveaux renseignements pour compléter ceux vous colligez déjà et que vous demandez à trois ministres d'intervenir — alors qu'on ne réussit pas à avancer quand un seul ministre intervient —, comment diable ce processus pourra‑t‑il fonctionner? C'est tout simplement impossible.
Écoutez. Je vais proposer quelques amendements. Je ne vous pose pas de questions, car je ne pense pas que j'obtiendrai de réponse qui me plaira.
Les amendements que je proposerai visent notamment à remplacer la désignation de « groupe terroriste » par celle d'« entité inscrite » afin d'éclaircir les choses pour les organisations humanitaires. Un amendement exigera que le ministre de la Sécurité publique dresse et publie une liste des régions géographiques contrôlées par des entités inscrites, alors qu'un autre fera passer le délai de 180 à 30 jours ou éliminera entièrement ce délai. Un autre fait en sorte que la loi s'applique aux citoyens canadiens, aux résidents permanents et aux titulaires de visa.
Êtes-vous disposée à accepter ces amendements? Appuierez-vous de tels amendements afin de renforcer le projet de loi?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être ici. Ce n'est pas tous les jours que nous recevons de tels experts d'un aussi grand nombre de ministères du gouvernement du Canada. Nous vous sommes très reconnaissants de l'expertise que vous apportez.
C'est très compliqué. Nous savons, à la lumière de ce que le a dit, que le projet de loi est essentiel pour apporter une aide à la crise humanitaire en Afghanistan. Nous savons également qu'il n'y a pas que l'Afghanistan. De nombreuses régions du monde pourraient avoir besoin d'une aide humanitaire et en ont besoin.
Nous savons également que nous devons établir un équilibre. À mon avis, le Canada est bien connu pour son développement international et l'aide qu'il apporte aux pays du monde entier. Nous devons trouver un équilibre et atténuer le risque lié aux groupes terroristes potentiels, connus et inconnus. Nous savons qu'ils existent partout.
Tout cela est nouveau pour moi. Je n'ai siégé à aucun autre comité auparavant.
Le projet de loi dont nous sommes saisis a fait l'objet de nombreuses discussions si nous comparons à une autre solution de rechange que Mme McPherson et d'autres ont peut-être parlé.
En termes simples et en évitant le jargon juridique, pouvez-vous expliquer la différence et expliquer comment vous pensez être parvenu à la bonne combinaison?
Je ne sais pas à qui adresser ma question. Je vais demander au représentant du ministère de la Sécurité publique de répondre en premier.