:
Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux d'être invité à votre dernière rencontre sur ce sujet important. Je suppose que la dernière rencontre est une rencontre moins importante ou bien plus importante, en fonction de ce qui s'est passé avant.
Je vais faire de mon mieux pour être utile aux travaux de votre important comité. À cet égard, je suis accompagné de deux collègues de mon ministère: M. Simon Page, sous-ministre adjoint de l'Approvisionnement maritime et de défense, et Mme Siobhan Harty, sous-ministre adjointe de la Revue de l'approvisionnement en matière de défense.
Nous remercions le Comité de son invitation. Nous reconnaissons le travail important que vous faites.
Tout d'abord, la semaine dernière, nous avons souligné les 1 000 jours de l'invasion barbare et injustifiée de la Russie en Ukraine. Le gouvernement canadien réitère son soutien inébranlable à l'Ukraine et au peuple ukrainien.
Depuis le début de ce conflit, le gouvernement canadien a soutenu l'Ukraine en accordant une aide de 4,5 milliards de dollars en soutien militaire. Nous avons également renégocié l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine afin de mieux appuyer le peuple ukrainien dans sa lutte pour son indépendance.
Il y a deux semaines, j'étais à Saint‑Jean-sur‑Richelieu, où nous avons annoncé un contrat d'acquisition avec Rheinmetall Canada d'une valeur estimée de 374 millions de dollars pour mieux appuyer nos forces armées. Notre collègue membre du Comité et députée de Saint‑Jean était d'ailleurs présente à cette importante annonce. Je souligne son partenariat et son leadership pour sa communauté.
J'ai pu échanger avec des membres des Forces armées canadiennes qui ont participé à la formation des soldats ukrainiens lors de l'opération REASSURANCE en Lettonie. Ces membres des forces armées me disaient comment et à quel point l'opération REASSURANCE et la contribution du Canada pour la formation des Ukrainiens, qui se battent présentement pour leur indépendance et leur démocratie, changeaient considérablement les choses.
[Traduction]
Nous devons investir dans nos forces armées pour mieux les soutenir. Selon la politique « Notre Nord, fort et libre », et comme le prévoit le budget 2024, nous allons faire de nouveaux investissements de 8,1 milliards de dollars dans notre défense nationale au cours des cinq prochaines années et 73 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années. Il est prévu que, grâce à ces investissements, le ratio des dépenses en défense du Canada par rapport au PIB, qui se chiffre présentement à environ 1,4 %, dépassera 1,7 % en 2029‑2030 et atteindra, d'ici 2032, le 2 % prévu par l'OTAN en matière de dépenses.
« Notre Nord, fort et libre: Une vision renouvelée pour la défense du Canada » reflète notre engagement à revoir le système canadien d'approvisionnement de la défense. Nous devons voir autrement l'approvisionnement de la défense, et, dans le cadre de cet examen, nous posons des questions à chaque étape du processus sur la manière dont le ministère de la Défense nationale définit ses exigences et sur la rapidité avec laquelle nous pouvons fournir de nouveaux équipements, tout en assurant un processus concurrentiel qui est ouvert, équitable et transparent, dans la mesure du possible.
Nous passons en revue les règles et les règlements qui régissent les achats militaires, ainsi que les processus internes qui permettent de définir les exigences des projets approuvés. Nous cherchons des moyens d'accélérer le processus des acquisitions importantes du gouvernement sans compromettre la diligence raisonnable que nous devons exercer, et nous collaborons avec nos partenaires de l'industrie pour changer la façon dont nous la consultons, en vue d'adopter une approche plus stratégique.
Nous voulons également faire des choix plus judicieux dans la manière dont nous investissons dans l'innovation, ainsi que dans la façon dont nous acquérons les innovations canadiennes et les intégrons aux capacités des Forces armées canadiennes. Bien entendu, nous aiderons toujours l'industrie canadienne à être plus compétitive sur la scène mondiale, au fur et à mesure que de nouvelles occasions se présentent dans un marché de la défense en constante évolution.
[Français]
De plus, nous allons collaborer plus étroitement avec nos alliés en ce qui concerne la définition de nos exigences et la conception de nouveaux équipements et systèmes qui favorisent l'interopérabilité et renforcent notre défense conjointe.
Nous procédons actuellement, en collaboration avec les autres ministères et organismes, à l'examen et à la réforme de tous nos processus d'approvisionnement de défense pour que nous puissions mieux atteindre nos objectifs. Ces changements devraient être annoncés au cours des mois à venir.
En parallèle, nous continuons de faire avancer de grands projets d'approvisionnement de défense à plusieurs égards et avec le plus d'efficacité possible.
[Traduction]
Par exemple, pendant la conférence sur l'approvisionnement de la défense, organisée lundi, à Ottawa, par l'Institut canadien des affaires mondiales, le , moi‑même et d'autres personnes avons entamé des négociations touchant un partenariat stratégique avec L3Harris pour le dépôt destiné à la maintenance des cellules de F‑35. Grâce à ce partenariat stratégique, nous serons prêts à assurer la maintenance de la nouvelle flotte de chasseurs F‑35, dont la livraison commencera en 2026.
En conclusion, les investissements dans nos Forces armées canadiennes, comme ceux soulignés dans notre nouvelle stratégie de défense, visent à nous assurer que le Canada peut collaborer avec des nations aux vues similaires, pour faire respecter les règles internationales et défendre la paix, la justice et la liberté, tout en créant de bons emplois pour la classe moyenne.
[Français]
Je suis maintenant prêt à répondre aux questions des membres du Comité.
:
Monsieur le ministre, si vous voulez comparer des pommes avec des pommes, la Bibliothèque du Parlement vient tout juste d'établir que les dépenses pour la défense nationale ont été de 0,95 %, cette année. Vous êtes à moins de 1 %. C'est seulement grâce à la comptabilité créative que vous avez pu atteindre ce chiffre. Vous devez ajouter les pensions des anciens combattants, la Garde côtière et Affaires mondiales.
Je vais changer de sujet, parce que je ne crois pas que vous avez des arguments valables.
Si vous ne voulez pas répondre à la question sur la façon dont vous allez recouvrer l'argent des contribuables qui a été siphonné, dans le scandale ArriveCAN, pour l'entreprise Dalian, passons à une question que je vous ai posée l'année dernière.
Nous parlions d'envoyer des missiles tirés à l'épaule à nos troupes, en Lettonie. J'avais demandé si des exercices de tir réel et des tests de tir avaient été effectués pour les différents systèmes. Le ministère de la Défense nationale a dit qu'il n'y en avait pas eu. Et nous entendons présentement que le système Spike LR2 a des problèmes. Il n'est pas aussi précis qu'il devrait l'être.
Pourquoi est‑ce que vous n'avez pas mis les options à l'essai avant d'acquérir un système qui ne répond pas aux attentes de nos forces armées?
:
Madame Lambropoulos, c'est une excellente question. Je vous remercie.
Nous avons plusieurs objectifs. Je vais les énumérer rapidement. Le premier, l'objectif le plus important, est de répondre aux besoins de nos forces armées. Nous devons les aider à servir le Canada et les Canadiens du monde entier. Nous devons le faire plus rapidement et de manière plus stratégique sans faire de compromis sur la rigueur de notre système. En fin de compte, le plus important, c'est de fournir le bon équipement, au bon moment et de la bonne manière à nos forces armées.
Pendant que nous faisons cela, la réforme de l'approvisionnement nous permettra également de renforcer la résilience et la capacité du secteur de la défense du Canada. C'est nécessaire, parce que d'autres pays font face à des défis semblables pour ce qui est de livrer le bon équipement au bon moment. J'aimerais rapidement parler d'un exemple, soit le récent accord que nous avons signé avec la Finlande et les États-Unis. C'est le Pacte de collaboration sur les brise-glaces. Ce Pacte est un magnifique exemple de ce que l'industrie canadienne peut soutenir et de la façon dont l'industrie canadienne répond aux besoins, dans ce cas‑ci, des forces armées et de la Garde côtière, tout en répondant aux besoins de la Finlande, des États-Unis et de nombreux autres pays alliés pour ce qui est des brise-glaces. C'est un exemple incroyablement important qui illustre comment nous pouvons faire les choses plus rapidement et collaborer davantage avec nos industries et nos pays alliés.
J'ai mentionné, dans ma déclaration préliminaire, un récent exemple, l'annonce concernant L3Harris. L3Harris est un acteur important du secteur de la défense du Canada. Grâce à cette collaboration stratégique, L3Harris pourra, dans les prochaines semaines et les prochains mois, aménager un dépôt national pour les F‑35 à venir. Cela permettra également aux États-Unis d'entrer en partenariat avec nous pour créer un dépôt régional nord-américain destiné à la maintenance des cellules des F‑35, au Canada.
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C'est une excellente question. Certaines des réponses figurent dans le rapport que le Comité a déposé en juin 2024.
J'aimerais souligner deux recommandations parmi les plus importantes, les recommandations 15 et 17, qui traitent de l'importance de développer des capacités industrielles souveraines au Canada. Évidemment, cela doit se faire d'une manière qui est liée à des questions comme l'interopérabilité et la collaboration avec les alliés. Il ne s'agit pas seulement d'investir dans l'industrie canadienne dans un contexte souverain. Il s'agit aussi, encore une fois, de se connecter en ce qui concerne l'échange d'informations et de sécuriser les échanges de contrats, tant au Canada qu'avec nos alliés. Vous en parlez dans le rapport.
Les autres choses dont vous parlez dans le rapport sont les recommandations 12 et 13, où vous présentez un système d'acquisition plus moderne qui utilise des moyens électroniques, comme le système d'acquisition électronique que nous avons mis en place ces dernières années, la plateforme AchatsCanada, qui est une plateforme ouverte, transparente et facilement accessible.
Voilà le genre de choses qui, nous croyons, soutiendront la réforme de l'approvisionnement que nous devons mettre en place.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, nous sommes heureux que vous soyez avec nous, aujourd'hui, et de vous revoir après la belle annonce que vous avez faite à Saint‑Jean-sur‑Richelieu.
Je vais faire un long préambule à ma première question.
Lorsque vient le temps de discuter d'approvisionnement, on entend plusieurs plaintes de l'industrie disant que, d'une part, il y a trop de ministères impliqués et que, d'autre part, il ne semble pas que la défense soit une priorité pour le gouvernement.
C'est dans ce cadre que le Comité a soumis cette recommandation:
Que le gouvernement du Canada crée un secrétariat au sein du Bureau du Conseil privé où travailleront tous les fonctionnaires concernés par les approvisionnements en matière de défense.
Ce serait peut-être une façon de réduire le nombre de ministères ou, à tout le moins, de centraliser les décisions et de s'assurer que c'est une priorité.
Vous avez personnellement répondu ceci à cette recommandation: « Le gouvernement reconnaît qu’une organisation qui regroupe tous les fonctionnaires pertinents est essentielle ».
Vous vous référiez à la Stratégie d'approvisionnement en matière de défense, qui date de 2014.
J'aimerais savoir ce qui a été fait depuis. Dans votre réponse, outre le fait que vous êtes d'accord sur une telle organisation, on n'a pas l'impression qu'il y a du mouvement pour la création d'un comité au sein du Bureau du Conseil privé, par exemple.
Nous avons reçu comme témoin, il y a quelques semaines, M. Philippe Lagassé. Celui-ci mentionnait qu'il y avait une tendance à sous-estimer les demandes d'approvisionnement qui sont faites, afin de mieux les faire passer au Conseil du Trésor.
On se retrouve, par la suite, avec des projections qui, dans certains cas, quadruplent. On nous donnait l'exemple des navires de guerre, dont les coûts passent de 26 milliards à 100 milliards de dollars. M. Lagassé mentionnait que cette façon de faire était souvent utilisée afin d'obtenir des approbations. Par la suite, ou bien on scinde les contrats pour n'en réaliser qu'une partie, ou bien on se retrouve à manquer de fonds.
J'avais demandé à Mme Beck son opinion sur ce point. Elle m'avait répondu qu'il était difficile, à la base, d'évaluer les dépenses en défense.
Êtes-vous d'accord avec Mme Beck ou y a-t-il réellement un problème de sous-évaluation chronique dans les demandes en matière de défense?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, et merci aux fonctionnaires.
Je voudrais juste préciser quelque chose, parce que l'on a abordé plusieurs sujets. Je suis assurément très déterminée à utiliser l'argent des contribuables au Canada pour l'approvisionnement que nous recherchons, afin d'obtenir les meilleurs résultats possible et de créer de bons emplois syndiqués au Canada. Il y a d'excellents exemples de ce que nous avons fait, même dans ma propre circonscription, avec les véhicules blindés légers, mais il y a aussi des exemples qui ne vont pas dans ce sens.
Premièrement, j'aimerais avoir une précision. Les membres du syndicat des machinistes du Québec exigeaient, pour l'entretien futur des F‑35, que l'on pense à eux, qu'on leur donne le contrat pour continuer à effectuer le travail. Vous avez mentionné le dépôt régional de L3Harris. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet, compte tenu de la demande de l'Association internationale des machinistes et travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale, l'AIMTA, qui concerne les emplois de ces employés d'entretien en particulier?
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Merci de cette excellente question.
En effet, nous avons annoncé lundi l'atteinte de plusieurs de ces objectifs.
Il est possible de transformer le dépôt national de L3Harris en dépôt régional pour l'entretien des cellules des 88 F‑35 que nous achetons et que nous commencerons à recevoir en 2026. Voilà un excellent exemple d'une relation stratégique qui, comme vous l'avez dit, soutient de bons et solides emplois pour la classe moyenne — dont beaucoup sont syndiqués — tout en développant une résilience et une capacité au Canada qui seront importantes pour les États-Unis, qui ont également besoin de notre aide pour la maintenance des F‑35, de leur côté, selon ce qu'ils nous disent.
Nous sommes un grand continent. Nous sommes des alliés et nous devons nous soutenir mutuellement. Ce soutien collectif prend aussi la forme, comme vous l'avez dit, d'un soutien aux emplois de la classe moyenne du Canada.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur, d'être ici aujourd'hui.
Je voudrais dire une chose aux fins du compte rendu. J'ai une réponse de M. Sousa, votre secrétaire parlementaire, qui révèle que 199 citoyens chinois, 22 citoyens russes et quatre citoyens du régime iranien étaient des étudiants internationaux, des travailleurs temporaires ou des visiteurs, ici, ce qui leur a permis d'accéder à des choses comme des plans, des diagrammes et des logiciels concernant des moteurs à réaction militaires, des avions, le FLIR, le système infrarouge à vision frontale, l'avionique, la technologie des missiles et l'équipement de contre-mesure électronique.
Je peux vous montrer ce document plus tard, si vous le souhaitez, mais je voulais que cela soit inscrit au compte rendu, monsieur le président.
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Nous pouvons lui en envoyer une.
Je faisais des recherches ce matin sur certaines initiatives en matière d'approvisionnement. Ce qui est drôle, c'est que la première chose qui est apparue était une publicité qui disait: « Découvrez le remède à la mauvaise gestion des services. » Cela m'a envoyé dans toutes sortes de directions. Cela m'a fait penser aux délais d'approvisionnement de certains de nos équipements à usage militaire. Il faut plus de sept ans pour acheter des remorqueuses. Cela m'a intéressé. Il faut plus de 10 ans pour acheter des drones. Pendant ce temps, la Chine et la Russie nous menacent de plus en plus, ce qui donne à penser que les délais d'acquisition des équipements militaires devraient être raccourcis, compte tenu de ces menaces.
Je comprends que l'approvisionnement comporte un élément de gestion des risques, qu'il s'agisse des risques financiers ou des risques liés à l'équipement, mais pour le moment, les risques semblent peser sur les soldats, les membres des forces aériennes et de la marine, car ils ne reçoivent pas l'équipement dont ils ont besoin en temps voulu. Pouvez-vous m'expliquer comment nous pouvons améliorer notre système d'approvisionnement afin que les membres des Forces armées canadiennes obtiennent plus rapidement l'équipement dont leur vie dépend?
:
D'accord. Il y a deux choses.
Premièrement, on parle des dépenses de 2015. On sait quel était le PIB du Canada en 2015. Les conservateurs avaient investi moins de 1 % de celui-ci dans les Forces armées.
Deuxièmement, vous parlez de la gestion des risques, et vous avez tout à fait raison: il faut gérer les risques de manière à s'assurer que les Forces armées obtiennent l'équipement dont elles ont besoin. Il faut donc accélérer les processus, et c'est ce que nous sommes en train de faire. J'ai notamment fait une annonce, lundi dernier, avec l'entreprise L3Harris, et elle a été très bien reçue. Il va y avoir d'autres annonces prochainement au sujet de ce partenariat stratégique. Cela donne des résultats.
Au cours des deux dernières années seulement, on a fait l'acquisition de 200 avions neufs supplémentaires, ce qui est plus que ce qu'on a vu depuis plusieurs années. J'ai parlé des investissements dans la Stratégie nationale de construction navale et des dizaines de navires, y compris des brise-glaces, qui servent actuellement à protéger nos côtes. Ce sont des progrès importants, mais qui peuvent être faits seulement si on a les fonds nécessaires.
:
Encore une fois, il faut regarder les chiffres tels qu'ils sont.
C'était moins de 1 % en 2015, et on a maintenant atteint 1,4 %. On va approcher 1,8 % en 2028, puis on atteindra 2 % en 2032. Ce sont des chiffres très clairs. La tendance est évidente.
Tout en procédant à cette augmentation de budget pour les Forces armées, il faut s'assurer de répondre à leurs besoins et améliorer la résilience et la compétitivité de l'industrie canadienne, notamment pour établir un partenariat avec l'industrie américaine. Plus tôt, en parlant de la stratégie navale, j'ai donné l'exemple du Pacte de collaboration sur les brise-glaces, qui fonctionne très bien. On va pouvoir fournir à d'autres régions du Canada des brise-glaces, dont les autres pays alliés ont aussi besoin.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, bonjour. Bienvenue au Comité.
J'aimerais parler de l'Ukraine. Vous vous rappellerez que, à la même époque, l'an dernier, nous avons fait un marathon de votes au sujet du budget. Vous et votre équipe avez veillé à ce que notre engagement à soutenir le peuple ukrainien soit respecté.
Je vais vous poser des questions que l'opposition devrait peut-être vous poser. Nous savons que les conservateurs, depuis l'année dernière, lorsque leur chef a conseillé à son caucus de voter contre les ressources destinées à l'Ukraine, ne posent plus de questions à ce sujet au Comité. L'an dernier...
:
Merci, monsieur Collins.
Certains députés n'aiment vraiment pas que les choses soient dites clairement. Non seulement les députés conservateurs ne veulent pas en parler, mais en plus, leur chef les oblige à ne pas en parler.
Maintenant, c'est peut-être leur problème, mais le problème c'est que cela met en relief des différences frappantes, à l'approche des prochaines élections, comme vous l'avez dit. Ils devront expliquer aux Canadiens pourquoi ils disent tant de belles choses au sujet des forces armées alors qu'ils y ont investi moins de 1 % du PIB avant 2015. Ils devront expliquer pourquoi ils ont voté contre tous les investissements que nous avons faits pour soutenir l'Ukraine ces deux dernières années environ. Ils devront s'expliquer. Ils devront expliquer pourquoi ils ont voté contre un accord de libre-échange pour soutenir l'Ukraine. Ils ont tous voté contre cette proposition. Nous savons que nombre d'entre eux auraient aimé voter en faveur de cette proposition, mais que le chef du Parti conservateur les a obligés à ne pas le faire. C'est à eux de s'expliquer.
Ce que nous pouvons dire, toutefois, c'est que nous avons investi 4,5 milliards de dollars pour soutenir l'Ukraine. Nous avons formé et aidé à former des pilotes de F‑16. Nous avons soutenu les employés d'entretien ukrainiens qui sont si importants pour l'entretien de ces F‑16. Nous avons investi 650 millions de dollars dans des véhicules blindés de soutien au combat de dernière génération, lesquels étaient vraiment nécessaires.
Ce sont tous des exemples parmi tant d'autres où, malheureusement — nous savons qu'ils ne veulent pas en parler — les députés conservateurs ont voté systématiquement contre, non pas parce que c'était leur choix, mais peut-être parce qu'ils étaient obligés de le faire.
:
Sans vouloir ajouter de l'huile sur le feu, le directeur parlementaire du budget a réévalué les chiffres.
Cela dit, j'aimerais entendre votre opinion sur la politique industrielle qu'on attend dans le secteur de la défense, entre autres, parce qu'il y a des doléances de la part de l'industrie selon lesquelles il est difficile de communiquer avec les différents ministères. On entend aussi qu'il semble y avoir une tendance à choisir constamment le plus bas soumissionnaire, sans tenir compte, par exemple, de la capacité d'entreprises canadiennes à fournir les services ou de la capacité d'entreprises extérieures à fournir des services en ayant une production locale.
Pouvez-vous nous dire si on envisage de revoir les systèmes d'approvisionnement, afin de donner un pointage différent lorsqu'une entreprise souhaite installer sa production au Canada, même si cela coûte plus cher, et de ne pas nécessairement considérer le plus bas soumissionnaire?
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Merci. C'est encore une très bonne question.
Il y a des considérations stratégiques qui sont de plus en plus importantes. Celle à laquelle vous faites allusion est la résilience de notre industrie canadienne, y compris, évidemment, de l'industrie québécoise. On aura besoin que notre industrie soit plus résiliente et plus agile au cours des prochaines années, parce qu'il y aura des besoins additionnels en raison de l'environnement géopolitique complexe à venir. Ces besoins additionnels de l'industrie canadienne devront appuyer les besoins évolutifs, entre autres, des technologies de nos forces armées.
Comme je le mentionnais un peu plus tôt, il y a aussi beaucoup de pays alliés qui devront se fier au Canada encore plus pour soutenir leurs propres besoins de même que leur capacité de se déployer dans des régions critiques partout sur la planète. Il faut donc absolument que le gouvernement canadien prenne davantage en compte ces critères de résilience et de construction de notre industrie canadienne.
D'ailleurs, prenons l'exemple de l'annonce de lundi dernier concernant L3Harris MAS, qui est située à Mirabel, mais qui travaille aussi avec des centaines d'autres entreprises partout au Canada. On a ici l'exemple d'un choix stratégique, car on pense qu'il offre le meilleur rapport qualité-prix, si je peux m'exprimer ainsi, en matière d'investissement. Non seulement on pense que c'est le cas, mais on pense aussi qu'en investissant dans cette entreprise, pour l'industrie canadienne, on va atteindre les objectifs que vous avez bien résumés précédemment.
:
Je remercie la députée de sa question, monsieur le président.
[Traduction]
Je peux ajouter un petit commentaire à ce que mon ministre vient de dire.
L'exception au titre de la sécurité nationale est une disposition qui se retrouve dans la plupart des accords commerciaux nationaux et internationaux du Canada. Elle nous permet d'exclure certains approvisionnements des obligations qui sont indiquées dans ces accords commerciaux.
Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes ne peuvent invoquer l'exception au titre de la sécurité nationale que dans le cas où le respect de l'accord commercial pouvait poser un risque. De nombreux approvisionnements, présentement, sont liés dans une mesure ou une autre à ce risque. Nous soupesons leur valeur et les évaluons un par un, puis nous recourons à l'exception au titre de la sécurité nationale ou les approuvons.
J'examine personnellement toutes les demandes qui concernent l'approvisionnement de la défense et de la marine. Elles sont bien justifiées. Si vous regardez le monde et l'environnement dans lequel nous vivons aujourd'hui, vous verrez qu'il existe beaucoup de risques, donc il est logique que cette exception s'applique à une bonne partie de nos approvisionnements.
J'aurais deux autres choses à dire. L'application de l'exception au titre de la sécurité nationale...
:
Merci, monsieur le président.
L'Allemagne envisage d'invoquer l'article 5 de l'OTAN. Vous devrez attendre encore 13 ans avant que nos sous-marins soient fonctionnels, si tout va bien.
En cinq ans, notre gouvernement conservateur a acquis cinq C‑17 Globemasters; 17 Hercules C‑130J; 15 hélicoptères Chinook, dont l'achat avait été annulé précédemment par les libéraux, ce qui a fini par coûter bien des vies sur le terrain en Afghanistan; 100 chars d'assaut Leopard; des drones modernisés, des Aurora modernisés; et des frégates. Nous n'avons pas 13 ans; nous sommes possiblement au bord de la guerre.
Que pouvez-vous faire pour accélérer le processus, maintenant, pour que cet équipement soit remis à nos militaires, un équipement dont ils ont besoin maintenant, sur les lignes de front?
Je le répète, il s'agissait de moins de 1 % en 2015.
Pour ce qui est de la question des munitions, dans la nouvelle politique de la défense annoncée il y a quelques mois à peine, un budget de 9,5 milliards de dollars est consacré aux nouvelles capacités de production au Canada. Les Forces armées n'utiliseront pas seulement des munitions produites au Canada, mais il y en aura un nombre important qui vont venir du Canada. On sait qu'au Québec, à Repentigny, à Saint‑Augustin-de-Desmaures et Valleyfield, au Manitoba, à Winnipeg, et, en Ontario, à Kitchener et à beaucoup d'autres endroits — je pense à la compagnie Magellan —, il y a des capacités de production de munitions qui sont présentement sous-utilisées. Nous allons développer davantage ces capacités pour nous protéger contre les menaces que vous avez bien identifiées et qui pourraient survenir à l'avenir.
:
Merci beaucoup, madame Lapointe.
Il s'agit d'une excellente question. Je dirais qu'il y a trois éléments de réponse.
Le premier, c'est que nous investissons beaucoup plus que l'ont fait les conservateurs, à l'époque.
Le deuxième, c'est que nous investissons de manière stratégique, de plus en plus au moyen de partenariats stratégiques avec l'industrie canadienne. Par exemple — ce sera d'ailleurs important pour votre circonscription —, c'est tout ce que nous faisons sur le plan de l'entretien des appareils. Il arrive, comme dans le cas des avions F‑35, qu'on ne puisse pas bâtir ces appareils entièrement au Canada, mais qu'on puisse offrir à des partenaires canadiens la capacité de les entretenir. D'ailleurs, les contrats d'entretien ont souvent une valeur beaucoup plus grande que celle des contrats d'approvisionnement.
Troisièmement, cela fonctionne aussi pour les Forces armées. Beaucoup de nouveaux avions ont été achetés au cours des dernières années, dont 200 au cours des deux dernières années. Nous sommes en train de renouveler l'entièreté de la flotte de la Garde côtière canadienne. Ces importants contrats aident, entre autres, les chantiers de l'Ontario.
Il y a un impact énorme sur les emplois de la classe moyenne canadienne. Comme je l'ai dit, 81 000 emplois ont été créés au Canada, dont plusieurs dans votre circonscription. Ce sont des mesures concrètes pour les travailleurs et pour les entreprises. Ces mesures donnent des résultats concrets pour les membres des Forces armées, qui ont grandement besoin de ces investissements pour faire le travail au Canada et ailleurs dans le monde.
:
Nous allons devoir nous arrêter là.
Je ne sais pas, monsieur le ministre, combien de chaleur et de lumière ont été générées. Il semble y avoir un différend quant à savoir ce qui était de la chaleur et ce qui était de la lumière. Néanmoins, c'est une question fondamentale. Certains de nos intervenants à Halifax et à Montréal l'ont souligné la fin de semaine dernière. L'approvisionnement dans un certain nombre de pays se met sur le pied de guerre, car il y a cette idée que certains pays doivent se préparer à une invasion. Je reconnais que chaque pays agit en fonction de sa perception de la menace.
J'ai l'impression que notre perception de la menace — c'est‑à‑dire celle du Canada — n'est pas aussi élevée, en toute honnêteté, que ce que le Comité voudrait. Je vous encourage dans le cadre de votre travail et je reconnais que vous vous trouvez dans une situation difficile, mais je pense que notre rapport et nos questions montrent que nous devons vraiment intensifier nos efforts.
Encore une fois, je tiens à vous remercier de votre présence.
Avant de vous laisser partir, je vous invite à reconnaître qu'il s'agit du dernier jour au Comité de l'une de nos députées. Mme Normandin est une membre très compétente et active de notre comité. Je vais personnellement m'ennuyer de ses questions, pas de toutes, mais de la plupart. Nous avons un petit cadeau pour souligner sa dernière journée.
Des députés: Bravo!
:
Dans ce cas, je vais le faire.
Est‑ce la volonté du Comité de mettre aux voix le budget supplémentaire des dépenses (B)?
Des députés: D'accord.
CENTRE DE LA SÉCURITÉ DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
ç
Crédit 1b—Dépenses du programme..........48 463 903 $
(Crédit 1b adopté avec dissidence)
MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE
ç
Crédit 1b—Dépenses de fonctionnement..........792 570 108 $
ç
Crédit 5b—Dépenses en capital..........1 747 202 986 $
ç
Crédit 10b—Subventions et contributions..........760 706 999 $
(Crédits 1b, 5b et 10b adoptés avec dissidence)
Le président: Dois‑je faire rapport de ces crédits à la Chambre?
Des députés: D'accord.
Le président: Un budget de 16 650 $ a été distribué le jeudi 21 février.
Quelqu'un veut‑il proposer l'adoption du budget d'étude?
Un député: Je le propose.
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Une dernière chose. M. Collins a déposé une motion. Je pense que c'est une bonne motion — pour ainsi dire —, mais il faut signaler que cela ne s'inscrit pas dans le mandat du Comité. Je vais simplement souligner que, même si la motion n'est pas proposée à ce moment‑ci, si elle doit être adoptée, nous devons le faire dans le cadre du mandat du Comité.
Merci, chers collègues, de votre coopération.
La sonnerie devrait retentir. Je ne sais pas quand ni comment cela influera sur notre temps. Habituellement, il est entendu que nous poursuivons nos travaux pendant quelques minutes lorsque la sonnerie retentit.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Ma collègue Mme Normandin a posé une question au ministre sur l'approvisionnement et les autres ministères. Nous entendons tout le temps parler de la question des vases clos et des ministères. C'est un vrai problème. Je suis ici depuis 20 ans, et le problème existe toujours 20 ans après mon arrivée.
Il n'y a probablement pas de solution facile, mais avez-vous des suggestions ou des recommandations, fondées sur votre expérience, concernant la façon de rationaliser le processus? Rappelez-vous que ce qui nous préoccupe beaucoup ici, c'est que lorsque nous nous décidons enfin à faire avancer les choses, soit elles prennent beaucoup de temps soit nous devons passer à travers un processus qui dure de nombreuses années, parce que nous constatons que certains de nos alliés peuvent se procurer des choses beaucoup plus rapidement. Ce n'est pas un système que vous avez vous-mêmes érigé, mais vous en faites maintenant partie. Vous le voyez. Vous en êtes probablement témoins tous les jours. Vous êtes probablement aussi frustrés que nous.
Avez-vous des solutions pour nous ou des pistes de réflexion pour améliorer le travail d'approvisionnement en équipement de défense — ou en n'importe quoi, vraiment — du gouvernement en temps opportun? Nous parlons ici de défense, alors nous nous en tiendrons à cela.
:
C'est une autre excellente question.
L'ingénieur en moi divise ce système d'approvisionnement en trois parties. La partie préalable à l'appel d'offres, la partie de l'appel d'offres, qui débouche sur l'attribution d'un contrat, et l'attribution du contrat et la livraison des biens et de l'équipement, dans la plupart des cas, pour nous.
En ce qui concerne votre question, la partie préalable à l'appel d'offres est souvent sous-estimée, car si vous voulez acheter un avion ou construire un navire, vous avez besoin d'un délai d'exécution approprié. Vous ne pouvez pas vous retourner et vous attendre à ce qu'un navire soit livré en deux ou trois ans. Vous avez besoin du délai d'exécution. Ce délai est parfois mal évalué dans les activités préalables à l'appel d'offres.
Dans le cadre des activités d'appel d'offres, nous sous-estimons aussi parfois la complexité de l'approvisionnement. Par exemple, dans un projet de construction navale, la phase de conception est importante. C'est payant de prendre un peu plus de temps dans cette phase avant la signature d'un gros contrat de construction d'un navire.
Après l'attribution du contrat, là où la responsabilisation robuste et rigide doit vraiment commencer, il y a un partenariat avec l'industrie, et nous devons mieux travailler avec elle. Cependant, cette phase de planification est aussi une phase où l'industrie doit jouer un rôle, et selon moi, nous pourrions mieux le faire.
Pour revenir à votre point particulier, parfois, oui, les projets resteront à une phase où nous demandons: « Que faisons-nous? Quel besoin voulons-nous vraiment? » et où nous sous-estimons le temps nécessaire pour livrer la marchandise.
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La planification de la capacité et les exigences viennent du ministère client. Ce serait une excellente question à poser au ministère client. Il dispose d'un processus pour planifier les capacités et cerner les besoins. Il est doté d'une commission particulière, la Commission indépendante d’examen des acquisitions de la Défense, qui examine toutes les exigences. Puis, les projets finissent par aboutir chez nous, à SPAC, simplement pour l'exécution du processus d'appels d'offres.
Prenons l'exemple des sous-marins. Si nous voulons un sous-marin pour l'année x, alors le marché devrait arriver à nous dans l'année x moins y. Ces deux données, x et y, doivent être abordées correctement. On pourrait presque penser que, pour les gros équipements dont les Forces armées canadiennes ont besoin — la grande flotte, les avions de chasse, les appareils en mer, les sous-marins, les hélicoptères maritimes —, nous aurions un cycle de planification de la capacité continu, car dès que vous recevez un nouvel aéronef, quelques années plus tard, il est temps de penser au suivant, surtout dans le monde d'aujourd'hui.
C'est une question fantastique, et je ne veux pas dire que c'est une de mes bêtes noires, mais s'il y a un élément que nous pourrions tous collectivement mieux faire en tant que pays, c'est la phase de planification avant d'arriver dans ce que j'appelle le processus d'appels d'offres pur et simple.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Page, puisque c'est votre marotte, j'ai envie de continuer un peu dans la même veine que M. Allison pour ce qui est de l'analyse de cycle de vie, du cycle de maintenance, et ainsi de suite.
Je comprends qu'une analyse systématique est faite dans le cas des acquisitions majeures.
J'aimerais entendre vos commentaires sur ce qui constitue un point faible dans l'analyse des coûts. Qu'est-ce qui fait qu'on n'arrive pas nécessairement à trouver le vrai montant?
Par exemple, est-ce parce qu'on ne fait pas suffisamment participer l'industrie à l'analyse?
Est-ce parce qu'à ce point, on n'analyse pas les meilleures pratiques d'autres pays?
Est-ce parce qu'on ne prend pas assez en considération la durée de vie réelle du matériel, dans la mesure où on sait que l'approvisionnement est lent et que, souvent, on doit étirer davantage cette durée de vie?
Quel est le point faible des analyses qui sont faites?
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Je remercie la députée de sa question.
En passant, c'est toute une question que vous me posez. Elle comporte plusieurs éléments.
En ce qui concerne le point faible de l'analyse des coûts, il faudrait qu'il y en ait un. Je pense que plusieurs points ont besoin d'être examinés et améliorés. Un peu comme le disait ma collègue Siobhan Harty, il y a une différence entre établir un prix pour la construction d'un navire et acheter un drone qui existe déjà.
Une grande partie de nos acquisitions sont les gros morceaux, par exemple, le navire de combat de surface canadien, le gros navire de guerre que nous allons construire à Halifax. Je pense qu'il faut prendre en considération le fait que nos pratiques doivent changer. Nous donnons une estimation des coûts beaucoup trop tôt à des projets d'une grande envergure.
Je dirais la même chose, non seulement pour les coûts, mais aussi pour les horaires. Nous fixons beaucoup trop tôt des paramètres autour des projets dont l'évaluation est plus ou moins faite. Nous avions d'ailleurs un prix et un horaire pour le projet de construction du navire, avant même de savoir quel bateau nous allions construire.
Ce n'est peut-être pas nécessairement un point faible, comme vous l'avez mentionné dans votre question, mais il y a un point sur lequel j'aimerais qu'on bouge davantage, et c'est la planification des estimations globales des coûts. Il faut que ce soit planifié.
L'industrie contribue parfois à cette planification. Pourrait-elle contribuer davantage? Peut-être.
À mesure que nous exécutons la sollicitation pour nous assurer que nous demeurons responsables, donnez-nous la responsabilité et le mandat de trouver le meilleur rapport qualité-prix, un meilleur retour sur l'investissement. C'est notre travail en tant que fonctionnaires. Donnez-nous un niveau de responsabilités plus élevé lorsque le contrat est signé.
Prenons par exemple les différences de prix, après que le contrat est signé et qu'on sait où on s'en va. Il y aura encore des écarts, mais ce sera plus acceptable.
Par contre, si on commence à examiner ce qu'on a dit, il y a sept ans, quand le premier navire était encore à l'horizon de six, sept ans, il y aura assurément des écarts. Il y aura évidemment des facteurs qu'on aura moins considérés, comme la pandémie, qui est un événement imprévisible, et l'inflation, qui est difficile à prédire.
Cela étant dit, certains projets, comme l'achat d'un drone, l'achat de pistolets, se passent assez bien. Toutefois, nous pourrions examiner cela d'un autre œil aussi, en faisant participer encore plus l'industrie.
Vous avez donné une réponse très détaillée, et je vous en remercie.
Je vais aborder une question qui relève d'un tout autre domaine.
Pourriez-vous me dire jusqu'où on devrait revoir certains aspects des retombées industrielles et technologiques?
Je pense notamment à la possibilité de faire des affaires avec des entreprises autochtones. Une des doléances que nous avons entendues, c'est que peu d'entreprises autochtones offrent des produits finis, ce qui fait que c'est difficile à trouver.
Devrait-on revoir certaines politiques qui peuvent bien paraître sur papier, mais qui, sur le terrain, ne fonctionnent pas concrètement?
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Encore une fois, il s'agit là d'une question qui pourrait faire l'objet d'une thèse complète. Je vous remercie de me l'avoir posée.
Je pense que ce point a été mentionné un peu plus tôt, mais notre système de gouvernance actuel veut que nous considérions principalement trois aspects: l'aspect technique, soit la performance de l'équipement qui est acheté; les coûts et le rendement sur le capital investi; et les retombées économiques pour le Canada. On accorde à chacun de ces aspects un certain nombre de points. Avec le système au moyen duquel nous procédons à l'acquisition, l'aspect technique l'emporte, pour ce qui est des points, dans une mesure de 50 % à 60 %. Les deux autres aspects se partagent donc les 40 % ou 50 % restants. Nous achetons de l'équipement pour les Forces armées canadiennes, ce qui est important et qui a une valeur impérative en termes opérationnels.
Comme je l'ai dit déjà, je vais céder la parole à ma collègue. J'aimerais cependant mentionner que nous pourrions, à mon avis, user d'une certaine flexibilité dans la façon d'appliquer la politique, selon la stratégie d'acquisition que nous utilisons. Si nous procédons à une acquisition dont nous savons qu'elle ne représente pas un problème, par exemple quelque chose que le Canada fait bien, nous pouvons ajouter des points. S'il s'agit de quelque chose où nous sommes très peu impliqués, qui est déjà très sophistiqué et pour lequel la chaîne d'approvisionnement est établie, nous pouvons chercher à faire des économies, à générer des retombées économiques, d'une manière différente en usant d'un peu de flexibilité.
Pour terminer, je vais parler de l'approvisionnement autochtone. Comme je viens du milieu de la défense, je me souviens du temps où cette réalité ne faisait pas partie du domaine de la défense et de la marine. Il n'y avait pratiquement aucun chevauchement entre ces domaines et les compagnies autochtones. Maintenant, il y en a énormément. À mon avis, il faut procéder au cas par cas, là où il y a des possibilités. S'il y a un domaine où il faut porter attention à ce que les gens de l'industrie autochtone nous disent, c'est bien celui-là. Il faut comprendre ce qu'ils peuvent apporter à notre portefeuille.
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Je pense que la plupart de ces statistiques concernent probablement le ministère client de la Défense nationale — les collègues avec lesquels nous traitons régulièrement — et d'autres ministères clients comme la Garde côtière et Transports Canada.
Pour SPAC, chaque fois qu'un projet doit nous être transmis pour que nous puissions réaliser une demande de soumissions, le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire du ministère client, nous donne les ressources nécessaires afin d'embaucher le spécialiste en approvisionnement dont nous avons besoin pour effectuer l'approvisionnement. Le principal avantage de cette façon de faire est que nous pouvons regrouper en un seul endroit tous les coûts associés au projet.
Mon équipe est actuellement bien dotée en personnel afin d'accomplir tout ce qui est demandé pour mener à terme la politique « Protection, Sécurité, Engagement » et pour répondre aux besoins en personnel. En ce qui concerne ces besoins, certains projets sont encore à l'étude. Par exemple, je n'ai pas tout le personnel nécessaire pour réaliser le projet des sous-marins, mais j'ai une toute petite équipe à mesure que le projet prend de l'ampleur et finit par être réalisé.
Mon équipe et moi-même procédons à l'approvisionnement en matière de défense et de marine. Nous sommes un nombre réduit, mais nous sommes prêts à démarrer.
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Je vais peut-être revenir à la partie sur la planification dont j'ai parlé plus tôt et essayer de faire en sorte qu'elle corresponde à ce à quoi pourrait ressembler une stratégie aérospatiale.
En ce qui concerne la planification, je m'attends parfois à ce que, lorsqu'on se lance dans l'approvisionnement, on ait peu de temps pour obtenir notre équipement, mais l'achat d'hélicoptères ou d'avions perfectionnés ou même d'un système d'aéronef télépiloté prend du temps. Cette planification est, pour moi, essentielle. Cette planification alimenterait la stratégie, car nous devons donner à l'industrie le temps de préparer le terrain pour les investissements et les achats que le Canada s'apprête à faire. Si nous ne lui donnons pas le temps, il ne sera pas prêt pour les achats qui s'en viennent.
Cela constituerait un élément clé de la stratégie. Cela lui permettrait de planifier et d'investir adéquatement dans ce qui s'en vient. Cela lui donnerait également le temps de se positionner dans une relation qu'il doit établir, puis d'être prêt lorsque viendra le moment du lancement et lorsque SPAC publiera une ébauche de demande de propositions ou une demande de propositions.
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Je vous remercie beaucoup de cette question, qui est une autre très bonne question.
Encore une fois, chaque processus d'approvisionnement est différent. Parfois, il y a trois ou quatre décisions clés et les choses avancent très vite, tandis que, d'autres fois, le dossier est plus complexe et doit revenir plusieurs fois.
En ce qui a trait à la Stratégie d'approvisionnement en matière de défense et au système de gouvernance que j'ai mentionnés un peu plus tôt, il y a trois principales étapes dans le processus décisionnel. D'abord, il s'agit d'entrer en contact avec l'industrie et d'entamer les activités de « présollicitation ». Ensuite, on décide de la stratégie d'approvisionnement. C'est une grande décision. Il peut y avoir plusieurs sous-éléments, alors il risque parfois d'y avoir un retour. Finalement, il s'agit d'octroyer le contrat, ce qui est une autre décision importante. Normalement, on revoit les évaluations, on décide à qui on va octroyer le contrat, on regarde ce qui est en place, et ainsi de suite. Voilà les décisions liées au processus de gouvernance.
Évidemment, il y a aussi les décisions relatives aux projets qui sont prises du côté du ministère de la Défense nationale. Cela représente probablement trois étapes de plus, parce qu'il y a le Comité des capacités de défense, le Conseil de gestion du programme et la Commission indépendante d’examen des acquisitions de la Défense. Ensuite, quand tout est en place de notre côté, il faut aller au Conseil du Trésor. Lorsqu'il s'agit de projets complexes, il y a un important contrat de définition qui précède le contrat d'implantation. Je pense notamment à mon projet favori, celui qui vise l'acquisition de navires de combat de surface. Le contrat de définition doit aussi passer par toutes les étapes que je vous ai expliquées, avant qu'on passe à l'implantation.
Le processus que je vous ai décrit a peut-être l'air complexe et intimidant, mais, quand les gens sont à la table et qu'on fait les choses de la bonne manière, c'est efficace.