Bonjour à tous.
Je vous remercie de permettre à la Conférence des associations de la défense et à l'Institut de la Conférence des associations de la défense de comparaître aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur la mise à jour de la politique de défense du Canada.
[Français]
La Conférence des associations de la défense, ou CAD, a été fondée en 1932. Aujourd'hui, elle regroupe 40 associations membres, qui représentent plus de 400 000 membres actifs et retraités des Forces armées canadiennes.
[Traduction]
La politique de défense part d'une prémisse désastreuse, mais tout à fait juste: l'environnement géopolitique s'est rapidement détérioré. Étant donné que la défense de la souveraineté territoriale du Canada est l'objectif primordial de la défense nationale, nous saluons l'accent stratégique mis sur la protection de l'Arctique canadien. La façon dont les répercussions des changements climatiques sont intégrées est également cruciale, car nous avons vu récemment que nos forces armées sont de plus en plus sollicitées dans la foulée des inondations, feux de forêt, ouragans et autres catastrophes.
Nous constatons deux changements importants et positifs par rapport au statu quo. Premièrement, dans la mise à jour de la politique de défense, il est prévu que les dépenses en matière de défense augmenteront au fil du temps, ce qui nous rapproche de la cible de 2 % à laquelle nous nous sommes engagés au sommet du pays de Galles. Deuxièmement, on propose une approche quadriennale pour que la politique de défense et de sécurité du Canada soit au diapason des événements mondiaux.
En ce qui concerne les nouvelles dépenses, disons que c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Le système d'approvisionnement ne fonctionne pas. Chaque année, des milliards de dollars en dépenses prévues au titre de la politique « Protection, Sécurité, Engagement » ne sont pas utilisés et se sont accumulés au fil du temps. Étant donné qu'on peine à dépenser entre 4 et 6 milliards de dollars par année en capital, comment peut‑on arriver à dépenser 14 milliards de dollars en 2026 sans une refonte de l'approvisionnement? Le système et ses coûts ont laissé les FAC dans un état de préparation lamentable.
[Français]
Les forces armées vont devoir recruter plus de 17 000 membres. Notre stock de munitions est suffisant pour quelques jours, mais les pays membres de l'OTAN devraient en avoir pour plus de 30 jours. Si le Canada était appelé à participer à une opération majeure, seulement 58 % des Forces armées canadiennes seraient disponibles pour y répondre, et 45 % de l'équipement des Forces armées canadiennes est actuellement indisponible ou inutilisable. Des décennies de sous-financement ont fini par nous rattraper.
[Traduction]
Nous atteignons un seuil de désuétude pour un trop grand nombre de capacités clés. Pendant ce temps, au cours de la dernière année, le ministère de la Défense nationale a vu son financement réduit d'environ 1 milliard de dollars, principalement dans ses budgets de fonctionnement et d'entretien, ce qui veut dire que les montants restent sensiblement les mêmes.
Ce qui est encore plus troublant, c'est que même si les nouveaux fonds doivent servir à l'acquisition de capacités futures, les réductions du budget de fonctionnement et d'entretien sont immédiates et elles ont une incidence sur la disponibilité opérationnelle aujourd'hui.
Nous avons constaté de bons progrès dans la recapitalisation de l'ARC et de la MRC; cependant, l'armée et les réserves semblent avoir été reléguées au second plan dans la planification des capacités et des missions futures de nos forces. Il y a aussi là une occasion manquée d'envisager le rôle des réserves et de les considérer comme un moyen d'atteindre les objectifs en matière de personnel, tant sur le plan du nombre que de la diversité.
La CAD est préoccupée par l'absence de discussion sur la capacité expéditionnaire: l'armée sera‑t‑elle cantonnée au territoire canadien pour ses opérations à l'avenir?
De plus, le document est plutôt muet sur la façon dont nous devrions rattraper le retard en matière de recrutement et de maintien en poste afin que les recrues potentielles puissent entrer rapidement en service. En l'absence d'un plan pour atteindre nos cibles en matière de personnel, le plan de dépenses pour la défense demeure théorique. Les nouvelles plateformes ne peuvent pas fonctionner sans personnel.
Il ne semble pas y avoir de lignes de financement pour les sous-marins, les chars de remplacement, la défense aérienne basée au sol, les laboratoires de remplacement, les missiles d'attaque à longue portée pour la MRC et l'ARC, les futurs véhicules d'artillerie et tout-terrain pour le Nord, ou le réapprovisionnement rapide des stocks de munitions dans le contexte de la guerre en Ukraine, bien qu'ils aient été identifiés comme besoins. Bon nombre de ces systèmes pourraient être simplifiés si nous les traitions comme des exemptions au titre de la sécurité nationale et les achetions sur le marché comme des systèmes éprouvés et facilement accessibles. Nous ne semblons pas pleinement saisir l'urgence des défis liés à l'état de préparation des FAC, à la sécurité mondiale et aux changements climatiques, comme le démontrent les multiples demandes d'aide de la part des autorités civiles.
Comparativement à la situation d'il y a quelques décennies, le Canada en est venu à se considérer comme un acteur beaucoup plus petit sur l'échiquier mondial qu'il ne l'est en réalité. Nous sommes la neuvième économie en importance sur la planète, et pourtant, nous croyons à tort que nous ne pouvons pas nous permettre d'être le neuvième joueur en importance. De nombreux pays, des pays plus petits que nous, ont plus d'influence sur les enjeux mondiaux, ce qui ne donne pas toujours des résultats heureux.
Une partie du problème découle probablement du fait que notre système des RIT, c'est‑à‑dire des retombées industrielles et technologiques, a créé un décalage énorme entre ce que nous dépensons pour la défense par rapport à la capacité que nous obtenons pour l'argent investi.
De plus, il faut mieux tirer parti des accords commerciaux et industriels avec les États-Unis pour réaliser des économies d'échelle.
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Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui pour parler de « Notre Nord, fort et libre », la nouvelle politique de défense du Canada.
Dans ma déclaration préliminaire, je vais parler de la politique elle-même, des considérations relatives à sa mise en œuvre et de la façon dont, selon moi, elle est perçue par nos alliés alors qu'approche à grands pas le sommet de l'OTAN à Washington, qui célébrera le 75e anniversaire de l'Alliance dans trois petites semaines.
« Notre Nord, fort et libre » est une politique un peu paradoxale, à mon avis. D'une part, elle s'appuie sur les politiques de défense antérieures qui remontent à 2005. Ce faisant, elle saisit bien le contexte de sécurité internationale tendu dans lequel nous vivons et la façon dont le Canada doit réagir pour faire face à la réalité actuelle. Elle prévoit également des investissements dans de nombreuses capacités nécessaires et un financement important pour une génération de militaires canadiens. D'après mes calculs, l'engagement financier qui a été pris depuis 2017 selon la comptabilité de caisse s'élève maintenant à environ un quart de billion de dollars sur environ un quart de siècle.
D'autre part, « Notre Nord, fort et libre » rate lamentablement la cible pour ce qui est d'affecter des ressources à la défense, parce que nous partons d'un point de départ très bas, et nous n'adoptons pas les comportements qui seraient nécessaires pour utiliser efficacement ces ressources.
Notre politique met également en évidence le fossé grandissant entre l'approche du Canada en matière de défense et celle de nos alliés, et elle ne démontre aucune intention de la part du Canada de respecter l'engagement clé en matière d'investissement dans la défense que nous avons pris envers nos alliés de l'OTAN il y a à peine un an. Étant donné que la politique a pris deux ans à voir le jour, c'est une grave lacune que d'annoncer seulement un examen plus approfondi de l'approvisionnement en matière de défense, au lieu de révéler comment nous allons réellement remanier l'approvisionnement en matière de défense.
De même, la politique offre peu d'indications sur la façon dont on améliorera le recrutement et l'enrôlement de nouvelles troupes canadiennes et décrit plutôt une période ridiculement longue de huit ans pour ramener les Forces armées canadiennes à leur effectif autorisé actuel. Je tiens à souligner que cet effectif sera insuffisant pour faire fonctionner une partie du nouvel équipement pour lequel des fonds ont été engagés, y compris les aéronefs aéroportés d'alerte avancée et de contrôle.
Étrangement, la politique mentionne aussi le besoin de nouvelles capacités, dont mon collègue vient de donner quelques exemples, et s'engage à explorer leur acquisition, sans toutefois prévoir les fonds nécessaires.
Par conséquent, si tout ce qui se trouve dans « Notre Nord, fort et libre » se déroulait exactement comme prévu le jour de sa publication, les dépenses du Canada en matière de défense n'auraient atteint que 1,76 % du produit intérieur brut d'ici 2029. Comme tout le monde ici le sait, le Canada s'est engagé à consacrer au moins 2 % de son PIB à la défense, mais cette politique indique clairement que notre engagement n'est que du vent.
« Notre Nord, fort et libre » semble, à mon avis, avoir été rédigée avec beaucoup moins de rigueur sur le plan de la mise en œuvre que la politique de défense précédente, soit « Protection, Sécurité, Engagement ». Cette initiative de 2017 s'accompagnait de nombreuses mesures de transparence améliorées dont je ne vois absolument aucun signe aujourd'hui, et je dirais que la mise en œuvre de la politique « Protection, Sécurité, Engagement » a été très inégale. Malgré des réussites comme les nombreux projets de l'Aviation royale canadienne, qui ont assez bien progressé au cours des dernières années, je rappelle au Comité que la toute première initiative de « Protection, Sécurité, Engagement » était, et je cite: « Réduire de façon considérable le temps requis pour s'enrôler dans les Forces armées canadiennes en procédant à la réforme de tous les aspects du processus de recrutement militaire. »
Si cette initiative avait été réellement mise en œuvre, je ne crois pas que le Comité se serait fait dire récemment que, malgré les plus de 70 000 candidatures reçues par l'armée canadienne, il n'y a eu que 4 000 enrôlements. La défense doit avoir comme priorité absolue le revirement de cette situation inacceptable, et ce, dans un délai plus court que les huit années prévues. Tant que ce problème ne sera pas réglé rapidement, la mise en œuvre de la partie restante de « Notre Nord, fort et libre » en souffrira.
Enfin, permettez-moi de vous dire comment la politique « Notre Nord, fort et libre » est probablement perçue par nos alliés dans le contexte du prochain sommet de l'OTAN à Washington.
Je reconnais que le Canada a fait et continue de faire d'importantes contributions opérationnelles à l'OTAN, y compris dans nos territoires du Nord, dans l'océan Atlantique et en Lettonie, mais ces efforts sont manifestement insuffisants en ce moment, et nous sommes de plus en plus décalés par rapport à nos alliés et nos propres engagements.
Le Canada se dirige vers le sommet de Washington en tant que seul allié qui ne respecte ni l'une ni l'autre des deux promesses d'investissement de l'OTAN, puisque nous ne consacrons pas 2 % du PIB à la défense et nous n'affectons pas 20 % de nos dépenses de défense à l'achat d'équipement et à la recherche et développement connexes. « Notre Nord, fort et libre » indique que nous atteindrons la cible en matière d'équipement l'an prochain, mais je vous rappelle que la politique « Protection, Sécurité et Engagement » indiquait elle aussi que nous allions atteindre cette cible en matière d'investissement, et nous ne l'avons pas fait.
Comme je l'ai mentionné, pour atteindre 1,76 % du PIB, il faudrait que chaque dollar affecté à « Notre Nord, fort et libre » soit dépensé comme prévu et que la projection économique sur laquelle la politique était fondée soit maintenue. Comme je l'ai mentionné, je vois de graves lacunes dans la mise en œuvre de la politique, alors je pense que les dépenses prévues sont problématiques.
De plus, depuis la publication de « Notre Nord, fort et libre », les projections économiques de l'OCDE utilisées dans ce calcul ont déjà été révisées à la hausse pour les deux prochaines années, ce qui signifie que la part de notre PIB consacrée à la défense diminuera.
Je tiens à souligner que les calculs qui sous-tendent la politique supposent que, d'ici 2029, l'économie canadienne sera inférieure de centaines de milliards de dollars aux prévisions du budget fédéral qui viennent d'être publiées, ce qui se traduira par une plus petite part du PIB consacrée à la défense. Par conséquent, à compter d'aujourd'hui, nos dépenses en pourcentage du PIB décrites dans la politique sont déjà inférieures à ce qui est prévu.
Je pense que cela expliquerait pourquoi la a dit qu'elle n'était pas au courant et qu'elle aurait à se renseigner lorsqu'un journaliste de CBC lui a posé une question le week-end dernier ou la fin de la semaine dernière au sujet d'un navire de la Marine canadienne qui mouillait à Cuba aux côtés de navires de la marine russe.
Le a affirmé en fin de semaine que tout cela avait été planifié, et pourtant, le communiqué publié par le ministère de la Défense nationale le 18 avril mentionnait que le NCSM Margaret Brooke allait participer à l'opération Caribbe et à l'exercice Tradewinds, sans mention d'une escale. Ensuite, le navire entre dans le port et l'annonce est faite le 12 juin que le navire « effectuera une visite portuaire à La Havane du 14 au 17 juin 2024, en reconnaissance de la relation bilatérale de longue date entre le Canada et Cuba ».
Cuba, bien sûr, est un régime communiste, auteur de multiples violations des droits de la personne, un pays qui a permis à ses citoyens de se joindre à l'armée russe et de faire la guerre en Ukraine. Leur propre armée participe à un entraînement au Bélarus, grand allié de la Russie. Je remets en question la logique selon laquelle des navires de guerre canadiens appuieraient un régime communiste comme Cuba.
Monsieur le président, je propose la motion suivante: compte tenu que, le NCSM Margaret Brooke a accosté à La Havane, à Cuba, en même temps que plusieurs navires de guerre russes; et que la ministre des Affaires étrangères semblait ne rien savoir de ce déploiement en disant à CBC News: « Écoutez, c'est quelque chose que je dois examiner de plus près. C'est une information qui est nouvelle pour moi. »; que le comité convoque le ministre de la Défense nationale et la ministre des Affaires étrangères à comparaître séparément pendant au moins une heure chacun dans les sept jours suivant l'adoption de cette motion.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous. C'est toujours un plaisir de les recevoir.
Mes questions portent sur la perception des alliés, entre autres choses, et elle s'adresse aux trois témoins.
Pour commencer, j'aimerais faire une mise en contexte. Je vous citerai un passage d'un article paru cette fin de semaine et dont le titre est « Dépenses militaires: Ottawa dit qu'il atteindra l'objectif de l'OTAN d'ici 2029 ».
Dans cet article, on peut lire ceci:
Bill Blair a indiqué qu'il s'attend à ce que les dépenses de défense du Canada atteignent au moins 1,75 % du PIB d'ici 2029, mais que d'autres investissements, notamment le remplacement de la flotte sous-marine vieillissante du pays ou l'achat de systèmes intégrés de défense aérienne et de missiles, pousseraient probablement ce chiffre au-delà des 2 % recommandés.
Le a aussi déclaré ceci:
Je pense que cela nous amène inévitablement à plus de 2 % des dépenses de défense. Mais j'ai du travail à faire pour pouvoir exprimer cela à la fois à mon propre pays et à nos alliés.
Ces déclarations ne sont-elles pas une tentative de ne pas arriver les mains complètement vides au sommet de Washington en juillet?
Quel message cela envoie-t-il, quand le ministre doit publiquement mentionner qu'il doit convaincre son propre ministère d'atteindre la cible de 2 %?
Cela ne donne-t-il pas l'impression qu'au bout du compte, ce n'est pas crédible comme commentaire, comme approche par rapport à la cible de 2 %?
L'une des choses que je trouve très bien dans la mise à jour de la politique de défense, c'est la description de la situation mondiale et des risques. Je pense que c'est très bien présenté.
En ce qui concerne l'Ukraine, je pense qu'il est vraiment fondamental que nous reconnaissions tous que si l'Ukraine perd, le monde deviendra beaucoup moins sûr. C'est que cela indiquerait à ceux qui cherchent à perturber le statu quo que cela peut se faire de la façon impériale, en partant à la conquête du pays voisin si cela leur chante, et que personne ne les tiendra nécessairement responsables de leurs actes ni ne les repoussera.
Lors de la première guerre en Irak et de l'offensive pour envahir le Koweït, on avait l'impression que le monde ne tolérerait pas une telle annexion. Même si les Américains sont débarqués en Irak des années plus tard, on n'a jamais eu l'impression que l'Irak deviendrait un État américain. Ce n'était pas une guerre d'annexion.
Quand on commence à permettre ce genre de chose, cela donne beaucoup d'idées aux autres États. Je ne pense pas que nous voulions vivre dans un tel monde, et je pense que le Canada aurait probablement beaucoup à perdre en tant qu'acteur de taille moyenne dans un monde sans règles.
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Merci de me donner l'occasion de m'adresser au Comité.
Mes observations porteront principalement sur la Force opérationnelle interarmées du Nord, ou FOIN, sur les Rangers canadiens et, si je dispose du temps nécessaire, sur le besoin de clarifier les choses au sujet des projets polyvalents, compte tenu de la vision Notre Nord, fort et libre, ou NNFeL, qui est axée sur l'Arctique.
Bien que je ne sois pas d'avis que la souveraineté canadienne est menacée, je pense qu'il faut évaluer la défense et la sécurité dans l'Arctique et adopter une approche pangouvernementale.
La FOIN est unique en ce sens que parmi les six forces opérationnelles interarmées régionales, ou FOIR, du Commandement des opérations interarmées du Canada, c'est elle qui est responsable de la région géographique la plus vaste. Cependant, contrairement aux autres, ce n'est qu'un utilisateur de forces, ce qui signifie que pour toute activité militaire d'une certaine ampleur qui est menée dans le Nord, des troupes et des équipements sont fournis à partir du Sud. Contrairement aux divisions de l'Armée canadienne ou aux FOIR qui ont l'avantage de pouvoir puiser dans de vastes réserves de membres de tous les grades, le quartier général principal de la FOIN à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, et ses deux détachements à Whitehorse, au Yukon, et à Iqaluit, au Nunavut, comptent moins de 100 membres de l'Équipe de Défense.
Ces lieux sont considérés comme des postes isolés, ce qui rend le recrutement difficile. Les premiers ministres du Nord ont tous souligné qu'il fallait créer des carrières et des possibilités pour les habitants du Nord. Tous les dossiers de postulants aux Forces armées canadiennes, ou FAC, qui sont originaires du Nord devraient être traités en priorité.
Il est essentiel d'avoir une équipe d'affaires publiques dans l'Arctique. La FOIN devrait disposer d'une équipe de quatre personnes. Or, la semaine dernière, elle ne comptait qu'un photographe. Des images dépourvues d'un message bien ciblé ne permettront pas d'exprimer correctement les intentions du gouvernement du Canada.
Par ailleurs, la FOIN n'est pas une priorité en matière de dotation en personnel et il y a d'importantes lacunes à l'échelle du quartier général. Environ 35 % des postes de cadres intermédiaires, d'officiers subalternes et de sous-officiers supérieurs sont vacants. C'est 15 % de plus que la moyenne nationale. Il ne faut pas oublier qu'ils essaient de coordonner les activités et les engagements liés à l'opération Nanook tout au long de l'année avec d'autres ministères, nos alliés, les gouvernements autochtones et des personnes désignées. Si le gouvernement du Canada pouvait faire une chose qui profiterait à l'ensemble du gouvernement, ce serait peut-être de mobiliser des ressources pour accélérer le processus d'habilitation de sécurité.
Parlons maintenant des Rangers canadiens. Ils sont essentiels pour l'Arctique. Le fait qu'ils ne soient pas aptes au combat n'enlève rien à leur incroyable contribution. Ils regardent et écoutent ce qui se passe en Arctique, mais ils ont besoin de personnel administratif supplémentaire dans leur quartier général de Yellowknife. Les formalités administratives relatives au remboursement des Rangers pour les réclamations contre l'État sont encore trop lourdes.
Enfin, je demande instamment au gouvernement de réfléchir à ce que signifient les termes « polyvalent » et « à double usage » dans le contexte de l'Arctique et de les formuler clairement pour les Canadiens. Par exemple, dans les annonces sur les carrefours de soutien opérationnel du Nord, on n'explique pas très clairement l'objectif et la fonction, et nous ne savons pas exactement à quoi ils serviront. Ils n'ont pas fait l'objet d'une évaluation systématique visant à déterminer les capacités qui contribueront au soutien opérationnel dans le Nord.
Les FAC n'ont pas pour mandat de s'attaquer au manque de logements, de services médicaux et d'autres aspects essentiels dans l'Arctique, mais l'augmentation du personnel dans l'Arctique exercera une plus grande pression sur les collectivités. Je pense que le moment est venu pour le , le , le et les autres responsables de l'Arctique de travailler de concert afin d'optimiser les effets des dépenses publiques.
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi de vous féliciter, vous et vos collègues, de mener cette étude. Elle est d'une importance vitale.
J'avais un certain nombre de points à soulever. Permettez-moi de laisser tomber la plupart d'entre eux et de n'en soulever que quelques-uns pendant les deux minutes qui me sont imparties.
Je dirais, sans risquer d'être trop direct et impoli, que notre nation est devenue, malheureusement, une nation de somnambules sur la question de la défense. Nous sommes naïfs, complaisants, et nous pensons que tout nous est dû. Cette situation est exacerbée par l'échec lamentable des gouvernements canadiens successifs qui n'ont pas su faire preuve d'un véritable leadership en matière de défense.
Il nous faut une vision claire de la direction que doit prendre la nation et un véritable sentiment d'urgence. En fait, je pense que c'est l'un des messages qui est ressorti de la première partie de vos délibérations de ce matin: encore et toujours, rien ne semble urgent.
Ensuite, nous sommes en guerre et nous devrions agir et planifier en conséquence. Dans les notes que je vous ai soumises, je soulève notamment la question de la jonction entre la guerre et la paix. Je dirais, comme on le souligne dans une certaine mesure dans la mise à jour de la politique de défense, que nous nous trouvons dans une situation de conflit inopiné et que notre nation devrait agir en conséquence.
La mise à jour de la politique de défense est, à mes yeux, très gênante. Il s'agit d'un document électoral du Parti libéral conçu à la hâte et rempli de vérités, de demi-vérités et de promesses qui, à vrai dire, ne seront probablement jamais tenues. C'est une réponse profondément insatisfaisante.
En ce qui concerne la défense de l'Arctique, je salue vivement le professionnalisme et les connaissances de Mme Charron. Selon moi, la défense de l'Arctique est une illusion nationale. C'est pratique et logique par rapport à notre souveraineté, mais c'est une position de repli. C'est une position pour laquelle, en fait, nous fournissons malheureusement peu de ressources.
Nous sommes engagés dans une course contre la montre. Si vous n'êtes pas prêts, nous perdrons. J'attire votre attention sur l'énorme quantité d'enquêtes qui ont été menées et de commentaires qui ont été faits sur l'état de la défense canadienne. Il s'agit d'une véritable crise nationale. Il ne suffit pas de recueillir des renseignements et de débattre. Nous avons besoin de mesures concrètes. Il faudra une décennie pour commencer à redresser la situation.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, compte tenu des contraintes, je pense qu'il est injuste pour nos témoins que nous réduisions leur temps de parole, d'autant plus qu'ils ont dû réduire la durée de leurs témoignages. Je ne pense pas que ce soit juste.
Je propose la motion suivante, pour laquelle j'ai donné un avis lundi dernier:
Compte tenu de l'importante charge de travail du comité, celui‑ci demande à son président de réserver cinq réunions entre le 8 juillet et le 13 septembre pour traiter des affaires en suspens, comme le recrutement, la formation et le maintien en poste des pilotes de l'ARC, ainsi que d'autres questions urgentes à mesure qu’elles émergent.
Puis‑je m'exprimer au sujet de la motion?
Le président: Vous le pouvez. Elle est recevable, malheureusement.
M. James Bezan: Merci, monsieur le président.
Dans le cadre de notre étude sur la mise à jour de la politique de défense, nous nous retrouvons aujourd'hui dans une situation où tout est précipité. Nous savons que nous allons probablement perdre la réunion de mercredi en raison de la visite du secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg. Nous voulons nous plonger dans notre étude sur la mise à jour de la politique de défense.
Il y a une crise du logement. On a mentionné plus tôt qu'il nous manquait 6 700 logements. Or, le budget ne prévoit pas d'argent pour soutenir la construction de nouvelles maisons pour nos troupes. Nous avons une étude sur le logement à terminer et un rapport à présenter pour éclairer le gouvernement sur la question. Il y a également une étude sur la transparence à laquelle nous travaillons. Nous entendons parler de nos soldats qui vivent sans logement, à la dure. Nous entendons parler de familles de militaires qui doivent se rendre dans des banques alimentaires.
À travers tout cela, il y a une énorme crise de recrutement. La semaine dernière, j'ai déposé une autre motion que nous examinerons à un autre moment. Nous sommes confrontés à une pénurie de pilotes, en particulier de pilotes de chasse. Nous n'en avons pas assez pour combattre et pour piloter les vieux appareils que nous avons, sans parler des F‑35 qui s'en viennent.
Monsieur le président, je ne pense pas que nous ayons besoin de débattre longuement de la question. Je demande à mes collègues ici présents d'appuyer la motion et de prendre le temps, pendant leur été, de revenir à Ottawa pour que nous puissions élaborer une politique qui aidera nos Forces armées canadiennes et qui offrira de meilleures ressources aux femmes et aux hommes courageux qui servent dans les Forces armées canadiennes.
Je pense que nous pouvons y parvenir en organisant quelques réunions supplémentaires. Je ne pense pas que tenir cinq réunions au cours de notre été, c'est beaucoup demander. Je demande à mes collègues d'appuyer la motion.
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Merci beaucoup, monsieur Bezan. J'aime certainement votre question.
Dans la mise à jour de la politique de défense, on fait référence, dans un bref passage d'une demi-douzaine de lignes, à certaines exigences spécifiques concernant les capteurs sous-marins, entre autres, dans l'Arctique et ailleurs sur le littoral canadien. C'est un point sur lequel la mise à jour est précise, curieusement.
En ce qui concerne les sous-marins, c'est une tragédie nationale. Les sous-marins sont la pièce maîtresse et nous devrions agir avec une rapidité et une détermination extraordinaires pour résoudre le problème. Sans risquer de nous lancer dans un grand discours sur les sous-marins, nous devons réfléchir aux énormes distances qui nous séparent des zones dans lesquelles nous sommes susceptibles de mener des opérations. De Victoria à l'Arctique de l'Ouest, il y a 4 500 milles, soit la même distance qui sépare Victoria de Tokyo.
Je pense qu'à bien des égards, il n'est pas judicieux de parler de sous-marins classiques. Nous devrions en fait emprunter la voie nucléaire. Je comprends tout l'héritage, toute l'expérience canadienne concernant les sous-marins nucléaires, mais si l'on veut avancer sans être détecté, à grande vitesse, et avoir l'endurance nécessaire pour agir dans l'Arctique ou ailleurs, c'est ce type de sous-marin qu'il nous faut. Nous devrons l'acheter en collaboration avec les Américains et les Britanniques, comme l'ont fait les Australiens.
Il s'agit d'une question vraiment urgente. Une marine dépourvue de cette capacité de nos jours, quand on voit que plus de 200 sous-marins sont opérationnels dans l'Indo-Pacifique, est une marine qui opère, en fait, avec seulement la moitié de la force dont elle devrait disposer.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup de cette question.
Je m'excuse de ne pas vous répondre
[Français]
en français.
[Traduction]
Pour commencer, nous avons une tendance déplorable à profiter de nos mécanismes structurels ou institutionnels, en particulier avec les États-Unis, et je dirais que c'est une stratégie qui est rapidement en voie de disparition. Les Américains ont leurs propres défis importants à relever pour répondre aux exigences d'une puissance mondiale en matière de défense.
Deuxièmement, je dirais que tout porte à croire que nous assistons à une baisse du degré de vitalité de l'économie canadienne.
En troisième lieu, au moment même où nous pourrions commencer à remonter la pente — et certains diront que le déclin des forces armées est si profond qu'il est impossible de renverser la vapeur —, compte tenu des déficits que les gouvernements successifs nous ont laissés, nous nous retrouverons en fait sans revenus suffisants pour continuer comme avant. Si vous regardez par exemple le niveau de vie, nous sommes passés du 5e au 33e rang à l'échelle mondiale. C'est un signe avant-coureur de notre manque de compétitivité à l'avenir.
La Défense nationale est en difficulté, mais elle le sera encore plus si nous n'agissons pas très rapidement et sans tarder.