:
Merci infiniment à vous, monsieur le président, et aux membres du Comité permanent de la défense nationale.
Bonjour à tous.
Le mois dernier, le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, le NORAD, a détecté, identifié et suivi un ballon de surveillance à haute altitude de la République populaire de Chine, ainsi que trois objets subséquents se déplaçant au‑dessus de l'Amérique du Nord. Des avions-chasseurs ont par la suite abattu ces quatre objets aériens non autorisés dans l'espace aérien canadien et américain.
[Français]
Toute incursion non autorisée dans notre espace aérien est profondément troublante.
De telles actions montrent bien les menaces en constante évolution auxquelles le Canada est confronté chez lui dans un monde défini par la concurrence stratégique et l'incertitude.
[Traduction]
Mais elles soulignent aussi l'efficacité et l'importance continue de notre commandement militaire binational établi avec les États-Unis par l'entremise du NORAD.
Le Canada et les États-Unis entretiennent un lien militaire unique par l'entremise du NORAD.
[Français]
Des militaires canadiens et américains basés dans les régions du NORAD couvrant le Canada, les États‑Unis continentaux et l'Alaska préviennent les attaques aériennes contre l'Amérique du Nord, et ils sauvegardent la souveraineté de l'espace aérien des États‑Unis et du Canada en réagissant aux activités aériennes inconnues, indésirables et non autorisées dans cet espace aérien ou à proximité de celui-ci. Cette entente a assuré notre sécurité pendant 65 ans.
[Traduction]
Et le NORAD a clairement prouvé son efficacité en abattant ces objets. Au Yukon, par exemple, le NORAD a détecté un objet et déployé des avions-chasseurs canadiens et américains pour enquêter. À la demande du , un chasseur affecté au NORAD a abattu l'objet avec succès. C'était la première fois qu'une opération du NORAD abattait un objet aérien au Canada.
De toute évidence, le NORAD continue d'être un commandement puissant et efficace. Cela dit, nous savons aussi qu'il a besoin d'être modernisé pour pouvoir répondre aux menaces actuelles et futures, mais aussi pour suivre les progrès technologiques. C'est pourquoi nous nous sommes engagés à verser près de 40 milliards de dollars pour la modernisation des capacités canadiennes du NORAD au cours des 20 prochaines années, en collaboration étroite avec les États-Unis.
Grâce à un large éventail d'investissements, nous pourrons améliorer notre capacité à détecter et à décourager les menaces en constante évolution, et nous serons en mesure d'assurer la pérennité de nos défenses continentales pour les décennies à venir.
Ces incursions récentes dans notre espace aérien nous rappellent vivement l'importance renouvelée du NORAD et les raisons pour lesquelles ces nouvelles capacités de détection sont nécessaires à notre sécurité.
Je vais maintenant vous entretenir des incidents survenus récemment.
[Français]
Au début du mois de février, nous avons d'abord analysé la situation relative au ballon de surveillance chinois, afin de déterminer si cet objet représentait une menace imminente pour les Canadiens. Nous avons alors pris des mesures supplémentaires pour protéger les renseignements de nature délicate de toute activité de surveillance potentielle.
Lorsqu'il a été conclu que le ballon ne constituait pas une menace imminente, nous avons collaboré avec nos homologues américains pour effectuer une analyse plus approfondie et pour déterminer les prochaines étapes.
[Traduction]
Enfin, comme ce fut le cas pour chaque objet aérien subséquent, le ballon a été abattu le 6 février de manière à ce qu'aucun civil ne soit blessé, et en tenant compte des dommages potentiels aux infrastructures. Les débris ont été récupérés par la marine américaine et la garde côtière des États-Unis et confiés au Bureau fédéral d'investigation, soit le FBI, aux fins d'une analyse plus approfondie.
Tout au long de ce processus, et avec chaque objet aérien subséquent, nous avons maintenu notre engagement de tenir les Canadiens et les Américains bien informés de nos activités et gardons toujours le cap. Aussitôt qu'il a été jugé approprié de le faire, nous avons partagé publiquement l'information concernant les déplacements de chaque ballon, et nous avons fait régulièrement le point sur nos efforts auprès de nos citoyens par l'intermédiaire d'une variété de voies de communication.
[Français]
Même si nous ne croyons pas que ces autres objets aériens représentent une menace similaire à celle du ballon de surveillance à haute altitude de la Chine, nous savons que nous devons rester vigilants. Nous devons aussi veiller à ce que nos citoyens soient bien informés et conscients de tout risque potentiel.
L'incident du ballon de surveillance montre bien qu'il existe des acteurs étatiques prêts à porter atteinte à notre souveraineté et à notre intégrité territoriale pour mener à bien leurs propres objectifs.
En collaboration avec nos homologues américains, nous sommes prêts à contrer les menaces communes.
[Traduction]
Monsieur le président, notre intervention commune face à ces objets aériens non autorisés est le parfait exemple du NORAD en action: prise de décisions bilatérale, coordination étroite et prise de mesures décisives en réponse à des menaces communes.
[Français]
Ces actions montrent bien la valeur et la pertinence de notre commandement binational et de ses missions. Dans un monde où le Canada fait face à de nouvelles menaces de la part de régimes autoritaires, nous devons faire tout notre possible pour protéger nos citoyens, notre pays et notre continent.
[Traduction]
Je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui et serai heureuse de répondre à vos questions.
Enfin, pour conclure, j'aimerais remercier les Forces armées canadiennes et le NORAD d'être aux aguets.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, mesdames et messieurs les fonctionnaires, je vous remercie tous d'être ici.
J'aimerais commencer — et nous en avons parlé lors de réunions antérieures —, par faire remarquer que parce que c'est un avion de chasse américain qui a abattu ou pris la photo, on a insinué que le Canada n'avait pas la capacité de le faire. Nous avons maintenant entendu des témoignages indiquant que ce n'était pas le cas et qu'une décision avait été prise quant à la meilleure solution ou à la raison pour laquelle un avion particulier a été demandé.
Pourrions-nous obtenir quelques éclaircissements supplémentaires sur la manière dont le processus du NORAD fonctionne pour prendre des décisions en matière de capacités?
Dans l'éventualité où un autre ballon ou un autre objet de cette nature devait pénétrer l'espace aérien canadien, le Canada serait‑il capable de l'abattre?
Pouvez-vous nous expliquer ce processus?
Tout d'abord, le NORAD a une structure binationale, ce qui signifie qu'il relève à parts égales des États-Unis et du Canada et que son personnel est issu de ces deux pays. En fait, c'est la seule structure de commandement binationale au monde. Le NORAD utilise un réseau de défense en strates composé de satellites, de radars terrestres, de radars aéroportés et d'avions de chasse. Tous ces équipements permettent d'identifier et de suivre les aéronefs et de prendre les mesures qui s'imposent.
Au Yukon, par exemple, le NORAD a détecté l'objet et a commandé le décollage d'avions de combat canadiens et américains pour enquêter. Sur instruction du , comme je l'ai dit, la décision a été prise d'abattre l'objet. C'était la première fois que le NORAD abattait un objet aérien au Canada.
Nous reconnaissons la nécessité d'améliorer nos prises de décisions dans ce domaine. C'est la raison pour laquelle nous mettons près de 40 milliards de dollars sur la table afin de moderniser le NORAD et la défense continentale. Le NORAD continuera d'exercer sa mission exactement comme il l'a fait jusqu'ici. Si un objet inconnu entre dans l'espace aérien des États-Unis ou du Canada, il sera examiné afin d'établir s'il constitue une menace. Si ce n'est pas une menace militaire cinétique, les discussions se poursuivront au sein du gouvernement afin d'établir s'il représente un risque pour la sécurité nationale, la sécurité des vols ou celle des personnes au sol.
Je précise que nous allons prendre des mesures supplémentaires. Le NORAD continuera à organiser des exercices de rythme de bataille, mais il les rendra plus performants en simplifiant le signalement des objets non identifiés afin d'améliorer la rapidité des communications les concernant. Il y aura d'autres gains d'efficacité...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également madame la ministre et l'ensemble des témoins de leur présence. De plus, en mon nom en celui de mes collègues, je tiens à remercier les gens des Forces armées canadiennes qui participent à l'opération de recherche de débris.
Le major‑général Prévost a mentionné que, à un certain moment, les critères de recherche et de balayage avaient été modifiés — on parlait de filtre, ou de porte —, ce qui a permis de trouver le premier ballon puis, assez rapidement, d'autres objets.
Est-ce parce qu'on a eu une information selon laquelle il y avait possiblement des ballons dans l'espace aérien qu'on a modifié les critères de recherche, ou est-ce parce qu'on a modifié ces critères qu'on a découvert par hasard la présence des ballons?
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Merci de cette précision.
Madame la ministre, vous avez dit qu'il était très troublant que tous ces incidents se soient produits en février. Cependant, un rapport annuel de 2022 du Bureau du directeur du renseignement national des États-Unis indique que, cette année‑là, 336 phénomènes aériens non identifiés ont été signalés. Bien entendu, ces chiffres contredisent l'affirmation selon laquelle ces quatre phénomènes étaient une surprise pour nous. Pouvez-vous simplement clarifier cela?
Je crois que c'est le général Prévost qui a dit que ces phénomènes particuliers ne « criaient » pas correctement, et que c'est pour cette raison qu'ils ont été abattus. Je crois cependant qu'il y a une certaine contradiction qui, à mon sens, doit être dénouée, car si vous parlez de 336 occurrences sur une période d'un an et que, tout à coup, en février, il y en a eu quatre, la vigueur de notre réaction semble très élevée. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet et nous expliquer pourquoi ces chiffres ne semblent pas concorder?
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Je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Je commencerai par dire que je constate que le manque de transparence et d'efficacité dans le traitement des ballons de surveillance préoccupe tout le pays. En outre, la question de savoir si le Canada est bien placé pour faire face à de futurs incidents de cette nature est une question qui revient sans cesse étant donné qu'il y en a de plus en plus souvent.
Pour aujourd'hui, j'aimerais me concentrer sur la chaîne de commandement entourant le troisième incident, celui du Yukon. La rapidité du processus décisionnel est une nécessité absolue, et j'ai bien peur que ce soit à cet égard qu'il y a des lacunes.
Ma première question est la suivante: quel type de processus a été suivi pour abattre le ballon qui survolait le Yukon? Aussi, pourriez-vous essayer de nous expliquer en quoi consiste la chaîne de commandement pour une mobilisation de la sorte?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, d'être présente pour répondre à certaines de nos questions et pour éclairer notre comité.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé des ballons et de la façon dont, en pénétrant dans l'espace aérien canadien et américain, les ballons nous ont réellement permis de voir le NORAD en action.
Comme il s'agissait, à juste titre, d'une affaire qui préoccupait les Canadiens, elle a été rendue publique, de sorte que les gens ont eu l'impression que nos deux pays travaillaient bien ensemble pour comprendre ce qui se passait et pour s'occuper de la situation.
Vous avez également parlé des investissements majeurs que le gouvernement consacrera au NORAD au cours des 20 prochaines années. Je me demande si vous et votre équipe avez commencé à élaborer un plan plus concret concernant les types d'investissements qui seront réalisés et la manière dont nous améliorerons notre capacité militaire, ainsi que nos capacités à travailler de concert avec notre partenaire, les États-Unis. Les incidents liés aux ballons ont-ils permis de faire la lumière sur la situation? Le plan a‑t‑il été modifié d'une manière ou d'une autre, en raison des incidents qui sont survenus en février?
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Je dirais avant tout que les incidents sur lesquels la réunion d'aujourd'hui porte soulignent l'importance et l'efficacité du NORAD, mais aussi l'importance de continuer à moderniser notre défense continentale et d'améliorer les processus sur lesquels reposent les activités du NORAD.
Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, le NORAD est un commandement aérospatial qui existe depuis 65 ans. L'année dernière, nous nous sommes engagés à mettre à niveau notre défense continentale, ainsi qu'à améliorer et moderniser le NORAD en collaboration avec les États-Unis, et ce que les Canadiens observeront au cours des prochaines années, ce sont des investissements continus dans la modernisation du NORAD qui soutiendront des systèmes intégrés capables de nous défendre contre un large éventail de menaces aériennes et de missiles. Permettez-moi de vous donner quelques exemples à cet égard.
En investissant dans une technologie de radar transhorizon doublée d'une surveillance spatiale, le Canada et le NORAD seront en mesure de détecter et de suivre les menaces modernes. La modernisation des systèmes de commandement et de contrôle permettra aux hauts responsables de prendre des décisions d'une façon plus rapide et efficace, en vue d'accroître au maximum les options de dissuasion et de défense. Les missiles air-air avancés sont en mesure d'attaquer les menaces à courte, moyenne et longue distance et sont compatibles avec les F‑35, que nous sommes en train d'acquérir, comme vous le savez.
Le renforcement des capacités clés en matière de défense et de logistique permettra aux Forces armées canadiennes d'étendre leur rayon d'action et leur mobilité afin de répondre aux préoccupations en matière de défense et de sécurité dans l'ensemble du Canada, y compris dans le domaine aérospatial par l'intermédiaire du NORAD.
[Français]
C'est ce sur quoi portait la question de Mme Normandin plus tôt.
[Traduction]
Nous améliorons également les infrastructures existantes dans le Nord, ce qui permettra au Canada de sauvegarder sa souveraineté en soutenant de nouveaux avions, en favorisant des opérations et une présence plus durables dans les régions septentrionales et éloignées du Canada, et en poursuivant la recherche et le développement afin de mieux comprendre les technologies émergentes. En outre, nous ne nous contentons pas de travailler en collaboration avec les États-Unis. Nous veillons aussi à consulter les populations autochtones et nordiques afin de respecter les efforts de réconciliation du Canada.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame la ministre, je tiens à vous remercier, vous et votre équipe, de votre présence.
Messieurs, je vous remercie de vous être joints à la ministre aujourd'hui.
Madame la ministre, je tiens à vous remercier du degré de transparence dont vous avez fait preuve dans ce dossier. Vous et votre équipe de fonctionnaires avez organisé encore et encore de nombreuses séances d'information à ce sujet. Les Canadiens ont eu l'occasion d'entendre tout ce qu'ils avaient besoin de savoir à mesure qu'ils prenaient connaissance de chaque bribe d'information.
Au sein de notre comité, nous entendons beaucoup de gens dire que des États comme la Chine et la Russie déstabilisent l'ordre international fondé sur des règles. Dans le cadre d'incidents comme celui lié à ce ballon de surveillance, nous voyons la Chine agir de manière plus agressive, plus ouverte et plus hostile à l'égard des nations occidentales. Pouvez-vous nous expliquer brièvement ce que cela signifie pour le Canada et comment nous nous adaptons pour relever le défi posé par la Chine? De plus, quelles mesures devons-nous prendre à l'avenir?
:
En ce qui concerne le ballon de surveillance chinois, les États-Unis ont pris des mesures concrètes pour abattre à haute altitude le ballon qui violait l'espace aérien du Canada et des États-Unis ainsi que le droit international.
Vous avez raison de dire que cet événement est extrêmement préoccupant, d'autant plus que la Chine se montre de plus en plus agressive. C'est une situation que nous surveillons de très près. Elle étaye notre point de vue sur la stratégie indopacifique, selon lequel nous devons observer attentivement la Chine et la défier quand cela s'avère nécessaire.
Des régimes autoritaires enhardis comme la Chine et la Russie font preuve d'une agressivité inacceptable. Ce que nous devons faire, c'est reconnaître l'existence d'un régime autoritaire plus déterminé dans chacun de ces pays.
Votre question portait notamment sur la Chine. La Chine est une puissance mondiale de plus en plus perturbatrice. Elle méprise de plus en plus les règles et les normes internationales. Pendant que la Chine ignore les décisions rendues par les Nations unies relativement à la situation dans la mer de Chine méridionale et qu'elle militarise cette région, par exemple, elle crée également des difficultés en matière de navigation et de droits de survol, et elle met en œuvre une diplomatie coercitive.
Le Canada doit défendre et défendra sans réserve ses intérêts nationaux, comme nous nous sommes engagés à le faire dans le cadre de notre stratégie indopacifique. Comme vous le savez peut-être, cette stratégie prévoit plusieurs investissements dans la défense au cours des cinq prochaines années, des investissements que je peux passer en revue si vous le voulez.
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Merci, monsieur le président.
Général Molstad, je vous souhaite la bienvenue au Comité. Nous aurons probablement l'occasion de vous voir à de nombreuses reprises à l'avenir, et je suis sûr que si vous suivez l'exemple du général Eyre, vous vous en sortirez très bien. Il a toujours été très honnête avec nous, et je lui suis toujours reconnaissant pour sa franchise.
C'est un plaisir de revoir le sous-ministre Matthews et M. Quinn. Ce sont des habitués du Comité. Nous nous sommes vus pas plus tard qu'hier au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. C'est toujours un plaisir d'accueillir tout le monde ici.
J'essaie encore de faire les rapprochements qui s'imposent. Lorsque nous examinons l'incident survenu au Yukon et que nous comparons ce qu'on affirme au ministère de la Défense des États-Unis à ce que le major-général Prévost nous a dit ici en comité, nous découvrons que l'objet a en fait été abattu dans l'après-midi, à 15 h 30. Je pense que tout le monde a supposé que le ballon avait traversé l'Alaska pendant la nuit. Des avions de chasse CF‑18 et des CP‑140 Aurora surveillaient le ballon et essayaient de déterminer de quel genre d'objet il s'agissait et du risque qu'il représentait.
Nous avions des CF‑18 dans la région. Je me demande simplement s'ils étaient ravitaillés en vol, ou s'ils avaient effectué leurs survols et avaient ensuite été envoyés à notre site d'opérations avancées à Whitehorse, ou s'ils étaient à Inuvik ou s'ils étaient retournés à Cold Lake. Pourquoi les CF‑18 n'ont-ils pas abattu l'avion après l'avoir observé dans l'espace aérien canadien? Pouvez-vous me dire pendant combien d'heures le ballon a survolé l'espace aérien canadien avant que nous décidions qu'il fallait l'abattre?
:
Monsieur le président, cette question contient beaucoup d'éléments. Je prendrai peut-être quelques minutes pour vous donner les détails.
Laissez-moi dire d'emblée que nous avons abattu l'objet exactement comme nous nous entraînons à le faire. Nous nous entraînons constamment dans le cadre d'opérations transfrontalières en utilisant les ressources d'autres nations — des avions canadiens dans l'espace aérien américain et des avions américains dans l'espace aérien canadien —, donc, la manoeuvre a fonctionné. La communication a été efficace. Mes discussions avec le commandant du NORAD et le président des chefs d'état-major interarmées, ainsi que les séances d'information fournies au se sont déroulées pratiquement comme on les décrit dans nos manuels.
Cela dit, nous tirons quelques leçons de cette affaire. Pour en venir aux éléments précis soulevés dans votre question, j'ai été informé la veille, le 3 février, qu'un objet avait été repéré dans l'espace aérien de l'Alaska. Il faisait nuit. On suivait l'objet par radar. L'objet avançait lentement. Rien n'indiquait qu'il s'agissait d'une menace cinétique, mais on voulait attendre qu'il fasse jour pour confirmer ce dont il s'agissait réellement. Il se trouve qu'alors qu'il survolait l'espace aérien de l'Alaska, l'objet a pénétré l'espace aérien canadien au lever du jour. Deux F‑22 américains étaient sur place pour pouvoir décrire cet objet au moment où il entrait dans l'espace aérien canadien.
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Merci, monsieur le président, merci, messieurs les généraux.
Général Molstad, je vous souhaite la bienvenue.
Aujourd'hui et au cours des dernières semaines, on a beaucoup parlé des ballons, et nous avons toujours du mal à déterminer leur nature et la raison pour laquelle ils ont été utilisés. On peut donc se demander pourquoi la Chine lancerait un ballon qui se déplace lentement, compte tenu de la modernisation et des investissements qui ont été faits, ainsi que des améliorations et de l'efficacité du NORAD au cours des 60 dernières années dans le contrôle et la défense de notre espace aérien.
Bien sûr, vous avez surveillé le ballon et vous l'avez évalué. Vous l'avez vu venir et vous étiez résolus à le descendre à un moment donné, parce que vous vouliez le voir. À votre avis, pourquoi la Chine a‑t‑elle agi de la sorte?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Dans sa série de questions, M. Sousa a notamment demandé pourquoi on avait utilisé ces ballons. Quel était le but? Avec toutes les percées technologiques accessibles, pourquoi utiliser des ballons?
Ce type de ballon se déplace lentement. Un peu plus tard dans la série de questions, le Mgén Molstad a répondu que les CF‑18 étaient tout à fait capables d'abattre ce ballon, mais je pense que vous avez dit, général Eyre, qu'il y avait de la pluie verglaçante, ce qui a causé des retards dans l'opération. La tâche a donc été confiée au premier avion en position de tirer.
Je reviens sur ce qu'a dit la , car j'aimerais obtenir des éclaircissements. Lorsque j'ai posé des questions sur les renseignements que nous partageons avec le NORAD et sur nos relations avec l'organisme, elle a dit que lorsque des objets se trouvent dans l'espace aérien américain, il revient aux États-Unis de déterminer les mesures qui seront prises. Lorsque des objets se trouvent dans l'espace aérien canadien, c'est au Canada qu'il revient de déterminer les mesures qui seront prises. Toutefois, nous collaborons avec le NORAD pour les abattre, contrairement aux Américains, qui les abattent eux-mêmes.
Ai‑je bien compris la situation?
Si nous sommes tout à fait capables de… Oui, il y a la question de la première bonne occasion de tirer, mais si les Américains et toutes ces données… Nous ne les écoutons pas, nous ne tenons pas compte de leurs renseignements, nous n'autorisons pas leurs processus interorganisationnels et leurs changements, s'ils ne sont pas pris en compte dans le cadre de la relation avec le NORAD ou si nous sommes…
J'aimerais obtenir des éclaircissements sur ce qui a été dit dans le groupe de témoins précédent dans votre calcul, car j'ai manqué de temps pour ma série de questions.
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Monsieur le président, c'est une question complexe.
En ce qui concerne le respect de nos engagements avec le NORAD, n'oubliez pas que le rôle du NORAD consiste à connaître et à contrôler le domaine de l'espace aérien. C'est la raison pour laquelle la modernisation du NORAD est si importante, c'est‑à‑dire les radars, les systèmes d'armes pour les avions de chasse, les avions-citernes et l'infrastructure nécessaire pour pouvoir envoyer nos avions de chasse le plus loin possible dans le Nord et les positionner à l'avance. Ce groupe de projets nous permet de respecter nos engagements.
Lorsqu'il s'agit de la question générale de la défense du continent et de la sécurité dans l'Arctique, nous devons continuer de renforcer de nombreuses autres capacités pour nous assurer que nous sommes prêts à intervenir dans les années et les décennies à venir.
Cela dit, nous poursuivons nos exercices dans le Nord et, à l'heure actuelle, l'une des sous-composantes de ces exercices au Nunavut est en cours. Le général Molstad pourrait vous en parler beaucoup plus en détail si vous le souhaitez.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens également à remercier les témoins d'être ici aujourd'hui.
Lors de la discussion qui s'est tenue pendant la première partie de la réunion et à laquelle a participé la , j'ai posé des questions sur la justification ou sur les dommages que cette capacité pourrait causer. J'ai demandé s'il y avait des types d'interruptions commerciales précis ou si les ballons pouvaient réellement interrompre les opérations militaires. Je sais que notre temps est limité, mais j'aimerais aussi obtenir davantage de renseignements à ce sujet.
Pourquoi maintenant? Y a‑t‑il eu un élément déclencheur, en ce sens que…? Nous avons appris dans les médias qu'il y avait quelques… Le premier ballon était assez gros. Des gens ordinaires ont publié des photos sur les réseaux sociaux en demandant si quelqu'un pouvait identifier cet objet. Je peux comprendre pourquoi cela a attiré l'attention, mais il semble que c'est seulement après qu'on ait apporté quelques rajustements aux activités de surveillance que d'autres objets ont été repérés.
Est‑ce exact? Puis‑je avoir un peu plus de détails sur les types d'interruptions que la technologie aurait pu causer dans les capacités militaires? Je comprends ce qu'il en est pour les vols commerciaux, mais y a‑t‑il eu des répercussions sur les capacités militaires?
Encore une fois, même avec les informations qui ont été révélées au Comité et celles qui ont été diffusées par la suite, le citoyen moyen qui suit le dossier peut se demander pourquoi ne pas avoir tiré sur l'objet tout de suite après l'avoir aperçu, et dès qu'il était possible de le faire. Il y a de quoi être surpris.
Le public veut être en mesure de comprendre. Comme je l'ai dit, j'ai été étonnée de constater le contenu du ballon. Des clichés ont même été publiés par les États-Unis. Ces informations permettent de comprendre pourquoi il fallait déterminer avec beaucoup de précision l'endroit où l'objet allait être descendu et récupéré par la suite. Je suis ravie d'avoir eu accès à ces informations, qui me semblent tout à fait logiques.
Ma question est peut-être trop hypothétique, mais je vais la poser tout de même, seulement par curiosité. Certains aspects ont aussi déjà été abordés par mes collègues. Étant donné les technologies de pointe et les drones, ce qui m'aurait le plus inquiétée, surtout en sachant, par exemple, que certains drones peuvent être armés... Vu toutes les technologies qui existent dans le monde, le choix du ballon est intrigant.
Selon certains des commentaires que nous avons entendus, serait‑il raisonnable de penser que c'est exactement pour cette raison que le ballon a été choisi? Comme nous sommes à l'affût des technologies émergentes, on a pu penser qu'un objet qui se déplace lentement ne serait peut-être pas repéré par les radars traditionnels ou qu'il serait peut-être tout naturellement confondu avec un ballon météorologique ou avec un ballon de recherche.
Encore une fois, je spécule peut-être trop sur les intentions que pourraient avoir d'autres pays, mais a‑t‑on pensé que l'avancement des technologies pouvait inclure le recours à des techniques dites de la vieille école pour que les choses passent littéralement sous le radar?
Je suis désolée si ma question est trop longue.
:
Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez mentionné, j'étais en Ukraine jeudi et vendredi derniers, et en Pologne samedi et dimanche. Je ne sais plus trop dans quel fuseau horaire je me trouve. J'ai eu là‑bas des conversations très instructives.
J'ai eu l'occasion de discuter pendant plusieurs heures avec mon homologue, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, des plans à mettre en place, des besoins en équipement et des difficultés que les Ukrainiens doivent surmonter. Des membres de l'état-major nous ont présenté des séances d'informations détaillées.
Le soutien du Canada suscite beaucoup de gratitude. Nous devons continuer à faire preuve de ténacité, car le conflit sera long. La survie de l'Ukraine repose sur la détermination collective des pays occidentaux à la soutenir. Les Ukrainiens sont profondément reconnaissants à l'égard du Canada et de l'aide qu'il apporte.
Je suis allé en Pologne rendre visite à nos troupes. Tout d'abord, j'ai rencontré mon homologue polonais qui, lui aussi, était profondément reconnaissant de ce que fait le Canada pour soutenir la Pologne sur la ligne de front de la liberté en Europe de l'Est. Je suis allé voir les soldats canadiens, qui entraînent les Ukrainiens, et j'ai discuté avec eux. J'ai perçu chez eux une grande motivation. De jeunes soldats m'ont dit que c'était la chose la plus importante qu'ils avaient faite de leur vie.
Monsieur le président, les Forces armées canadiennes comptent une multitude de Canadiens formidables. Ces personnes veulent changer les choses. Les forces jouent un rôle déterminant dans le monde et elles ont besoin de nous.
Les Ukrainiens à qui j'ai parlé... En Ukraine, j'ai rencontré de nombreux militaires de rang qui ont suivi un entraînement dans le cadre de l'opération Unifier. Ils sont extrêmement reconnaissants de ce que fait le Canada.
Nous devons garder le cap. Nous devons continuer à soutenir l'Ukraine dans sa lutte pour sa survie contre une agression brutale et gratuite. Cette guerre illustre à quel point le monde change.
Comme je l'ai déjà mentionné, nous devrons composer avec une ère de confrontation pour le reste de notre vie. Nos adversaires ne comprennent que la force brutale. À leurs yeux, le compromis est une forme de faiblesse dont ils peuvent tirer profit. Alors, oui, les règles du jeu ont changé. Pour que dure la prospérité du Canada, nous devons protéger notre démocratie, défendre l'ordre international fondé sur des règles et soutenir nos amis comme l'Ukraine.
Merci, monsieur le président.
Des voix: Bravo!