:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, membres du Comité, nous avons l’honneur de nous présenter de nouveau devant vous. Tel qu'indiqué, je suis le major-général Greg Smith, directeur général de la politique de sécurité internationale. Je suis accompagné de mon collègue que vous connaissez, le major-général Paul Prévost, qui est directeur d'état-major à l'État-major interarmées stratégique au sein du ministère de la Défense et des Forces armées canadiennes.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion d'appuyer la discussion du Comité sur la Stratégie du Canada pour l'Indo‑Pacifique et de donner un aperçu des progrès réalisés par le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes dans la mise en œuvre de nos initiatives.
Lors de ma précédente comparution devant le Comité, j'ai mentionné que, parmi les cinq objectifs clés interreliés définis dans la Stratégie du Canada pour l'Indo‑Pacifique, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes se concentraient principalement sur celui intitulé « Promouvoir la paix, la résilience et la sécurité ». Cependant, nous avons également un rôle de soutien important dans celui intitulé « Le Canada, un partenaire actif et engagé dans l'Indo‑Pacifique ».
[Traduction]
Il est important de se rappeler qu’avant la publication de la Stratégie pour l'Indo-Pacifique, le Canada avait déjà une présence régionale importante, y compris un engagement de plus de 70 ans envers le Commandement des Nations unies en République de Corée, des déploiements réguliers de navires et d’aéronefs à l’appui des opérations de présence avancée et de la surveillance des sanctions, la participation à d’importants exercices régionaux et des activités de renforcement des capacités dans le adre de notre Programme d’instruction et de coopération militaires.
Grâce aux investissements nouveaux et importants annoncés dans le cadre de la Stratégie pour l'Indo-Pacifique, l’Équipe de la Défense a pris des mesures pour élargir et approfondir sa présence dans la région pour les années à venir et positionner le Canada comme un contributeur positif à la paix et à la stabilité dans la région.
En fait, nous nous sommes résolument appuyés sur nos cinq axes d’effort pour aider à mettre en œuvre la stratégie. Jusqu'à présent, les Forces armées canadiennes ont renforcé la présence navale du Canada dans la région indo-pacifique, passant de deux à trois navires de guerre par an. Au début de l'année, le Navire canadien de Sa Majesté Montréal a été déployé à partir de la Base des Forces canadiennes Halifax pour mener des opérations dans les océans Indien et Pacifique, et les Navires canadiens de Sa Majesté Ottawa et Vancouver sont actuellement dans la région pour travailler avec nos alliés et nos partenaires. Leur contribution au maintien de l'ordre international fondé sur des règles a été remarquée dans toute la région, notamment lorsque le NCSM Ottawa a effectué un transit dans le détroit de Taïwan en compagnie de la marine américaine, une activité bilatérale que la marine américaine n'effectue qu'avec la Marine royale canadienne.
[Français]
Nous avons aussi accru et diversifié nos engagements régionaux en participant à de nouveaux exercices multilatéraux. Cet été, l'Aviation royale canadienne a participé pour la première fois à l'exercice Mobility Guardian dans plusieurs sites de la région indo-pacifique, parmi d'autres nouveaux exercices et nouvelles activités prévus dans les semaines à venir.
[Traduction]
Nous avons étendu nos efforts de renforcement des capacités grâce à de nouveaux programmes et activités, et des discussions sont en cours pour recenser d'autres possibilités pertinentes avec des partenaires régionaux. Les FAC ont notamment organisé une conférence sur les femmes, la paix et la sécurité avec les forces armées malaisiennes, l'un des domaines privilégiés pour les efforts de renforcement des capacités et de coopération en matière de sécurité. De même, la Marine royale canadienne a soutenu les efforts de renforcement des capacités lors de l'exercice multilatéral Southeast Asia Cooperation and Training, ou SEACAT, dirigé par Singapour. Ces activités sont importantes pour renforcer l'interopérabilité et la confiance avec les partenaires régionaux.
L'Équipe de la Défense est prête à créer les quatre postes de conseillers en matière de politique de défense dans la région, les candidats ayant été choisis et se préparant à prendre leurs fonctions dans les semaines à venir. Ces nouveaux postes auront un impact immédiat sur la consolidation des partenariats clés et sur la visibilité du Canada dans les discussions régionales sur les questions sensibles de défense et de sécurité.
Enfin, l'Équipe de la Défense a coorganisé avec ses homologues américains un atelier de coopération en matière de cyberdéfense avec les forces d'autodéfense japonaises, axé sur la réponse aux cyberincidents et le perfectionnement des effectifs afin d'améliorer leur capacité à détecter les menaces et à y répondre. Ces activités renforcent la résilience et la préparation générales, en protégeant contre les tactiques coercitives et en empêchant le vol de propriété intellectuelle précieuse.
Tout en menant à bien ces initiatives, l'Équipe de la Défense soutient l'objectif de la Stratégie pour l'Indo-Pacifique d'être un partenaire actif et engagé dans la région en concentrant ses activités, ses engagements et ses visites portuaires sur les pays de l'ANASE, notamment les Philippines, Singapour, l'Indonésie, la Malaisie et le Vietnam. Ces efforts, parmi ceux déployés dans l'ensemble du gouvernement, ont contribué à des résultats tangibles à l'appui de nos objectifs liés à l'ANASE, y compris des invitations à observer pour la première fois les réunions et les activités du Groupe de travail des experts de la réunion des ministres de la Défense de l'ANASE, ou ADMM-Plus, en 2023.
À mon avis, cela renforce les bonnes nouvelles en provenance de Jakarta d'il y a tout juste deux semaines, à la suite de la visite fructueuse du au sommet de l'ANASE, où l'ANASE et le Canada ont officiellement élevé leur relation au niveau de partenariat stratégique. Concrètement, ces efforts complémentaires déployés par l'ensemble du gouvernement pour renforcer notre présence dans la région et accroître notre coopération avec les partenaires de l'ANASE nous aident à atteindre les objectifs de défense et de sécurité définis dans notre Stratégie pour l'Indo-Pacifique.
[Français]
En résumé, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes sont sur la bonne voie pour assurer au Canada une présence régionale significative et multiforme, à partir de laquelle nous pouvons promouvoir la paix et la stabilité à l'appui de nos valeurs et de nos intérêts nationaux.
J'attends vos questions avec impatience.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui, messieurs.
Ma première question porte sur la Stratégie pour l'Indo-Pacifique. On y indique que le « Canada augmentera son engagement militaire et sa capacité de renseignement comme moyens d’atténuer les comportements coercitifs et les menaces à la sécurité régionale » en plus de déployer « des ressources militaires supplémentaires » et d'accroître « ses investissements dans la sécurité des frontières, la cybersécurité et le renseignement. »
Je reconnais que cela s'avère absolument nécessaire et qu'il s'agit d'un excellent engagement. Cela dit, comme nous le savons, prendre un engagement ne suffit pas. Nous devons avoir la capacité de le réaliser. Pourriez-vous nous expliquer comment le Canada entend accroître ses capacités, tant dans la cybersphère que dans les domaines militaires plus traditionnels, afin de respecter ses engagements pris dans le cadre de la Stratégie pour l'Indo-Pacifique?
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Je vais tenter de vous répondre, à moins que quelqu'un [
Inaudible].
Je ne peux pas vraiment vous dire quelles sont les capacités de la Russie et de la Chine. Je m'occupe des politiques, alors je l'ignore. De toute évidence, la Chine est une puissance mondiale. La Russie, elle, dispose d'une grande puissance militaire. De notre côté, nous renforçons l'ordre international fondé sur des règles. J'ai mentionné les trois frégates. J'ai parlé d'exercices, de renforcement des capacités, notamment en ce qui concerne les femmes, la paix et la sécurité, de l'augmentation du nombre de responsables politiques dans la région et d'activités cybernétiques. Ce sont toutes des étapes importantes en matière de renforcement et de dissuasion. Nous sommes présents dans la région.
Vous avez évoqué le Japon, qui est un excellent partenaire. Les Japonais savent que nous sommes présents dans la région. Nous entretenons d'excellentes relations avec eux et continuons à les développer. Je dirais que notre engagement personnel — nous assurons une présence physique dans la région en permanence — dissuade fortement la Russie, la Chine et la République populaire démocratique de Corée d'agir.
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Oui, bien sûr. Je vous remercie de la question. Je vais répondre en premier, ayant servi au sein de l'OTAN.
L'OTAN est une organisation militaire très robuste. Il s'agit d'une force de combat militaire qui agit sur les plans diplomatique et tactique. Elle regroupe présentement 31 pays, et bientôt 32. Le Canada, bien sûr, est l'un des fondateurs de cette organisation. Il n'existe aucun équivalent dans la région indo-pacifique. Nous avons des partenaires dans la région. Nous avons parlé du Japon et de la République de Corée. Nous travaillons de concert avec la Malaisie, l'Indonésie, etc. Cela dit, il n'existe pas de quartier général militaire ou de système militaire comparable auquel nous pourrions nous joindre.
Je pense que les progrès récents que nous avons réalisés avec l'ADMM-Plus et l'ANASE en général sont un bon indicateur de la manière dont notre présence continue constitue une bonne nouvelle. Cela dit, bien que nous montrons que le Canada est fortement impliqué dans la région indo-pacifique, nous devons également comprendre qu'il n'y a pas d'équivalent à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, qui existe depuis plus de 70 ans.
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Merci, monsieur le président.
Je pourrais simplement vous demander de répondre aux questions du président, parce qu'elles sont excellentes, mais mon nouveau rôle à titre de secrétaire parlementaire vise notamment la cybersécurité. Je crois que tous les membres du Comité savent que ce sujet m'intéresse beaucoup.
Par votre entreprise, monsieur le président, j'aimerais poser une question à nos témoins.
Pourriez-vous nous parler un peu plus du travail de l'équipe d'intervention en cas d'incident cybernétique? Est‑ce que l'on renforce la capacité de nos partenaires et de nos alliés dans la région ou est‑ce que l'on renforce notre propre capacité? Puisque vous ne pouvez évidemment pas communiquer d'information confidentielle, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le travail cybernétique que vous faites dans la région?
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Je ne suis pas un expert dans le domaine cybernétique, mais je reconnais que le Canada et les Forces armées canadiennes sont excellents en matière de cyberdéfense.
Nous travaillons avec nos alliés et nos partenaires dans le cadre de Stratégie pour l'Indo-Pacifique en particulier. Je parle ici du Japon et de la République de Corée. Ces alliés sont aptes et évolués, mais nous entretenons un bon partenariat. Nous apprenons ensemble. Comme je l'ai dit dans mon discours préliminaire, nous avons réalisé un exercice au Japon récemment. Les Japonais étaient très reconnaissants à notre égard. Je dirais que dans le cadre de ce partenariat, notre améliorons nos capacités ensemble.
Vous connaissez probablement mieux l'espace cybernétique que moi, mais en le protégeant dans la région, on le protège mieux ici également. Oui, il est question d'aider nos partenaires et d'assurer une présence dans la région indo-pacifique sur le plan cybernétique, mais cela nous aide également.
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Je vais répondre en premier. Nous pourrons peut-être aborder certains détails, mais je crois qu'il s'agit d'une très bonne nouvelle. Comme vous le savez, la Stratégie pour l'Indo-Pacifique a été lancée en novembre 2022. Les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale ont tenté de faire très vite. La troisième frégate s'est rendue dans la région en quelques semaines.
De façon tout aussi importante, je sais que cela n'est peut-être pas particulièrement intéressant, mais nous aurons des analystes — des personnes en poste dans la région, qui seront sur le terrain en tout temps — dans quelques semaines. Ce n'est pas si mal, puisque l'on parle d'obtenir des accréditations et d'avoir le droit de s'installer dans un pays étranger. Nous avons des forces armées qui cherchent à réaliser divers exercices dans la région en vue de renforcer la capacité... ou les partenariats, comme je le dis souvent. Ces pays sont tout à fait aptes, alors nous établissons des partenariats avec eux.
Les Forces d'opérations spéciales s'organisent rapidement. Nous avons parlé d'un exercice et elles en font d'autres. Il y a beaucoup d'activités. Nous avons deux frégates à l'heure actuelle dans la région, qui assurent une présence canadienne très importante.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs les témoins, je vous remercie encore une fois de votre présence. Mes questions ressembleront un peu à celles que le président voulait poser sur des choses peut-être un peu moins conventionnelles.
On a appris hier qu'une bouée chinoise a été retrouvée dans la zone économique exclusive du Japon. J'aimerais entendre votre point de vue sur ce phénomène des bouées. Il y a aussi eu des ballons qui sont passés au-dessus du territoire nord-américain.
J'ai beaucoup de questions. Qu'est-ce que ce phénomène représente? Est-ce une menace? Est-ce un message? Est-ce pour capter de l'information? Est-ce qu'on a un peu plus de connaissances sur ce que cela représente et sur le nombre d'objets de la sorte qu'il pourrait y avoir? Dans le même ordre d'idées, avons-nous la capacité de bien les détecter et de les anéantir? Est-ce que le Canada contribue à cela, dans la région?
Effectivement, nous avons une capacité d'analyse. Nous avons RDDC, soit Recherche et développement pour la défense Canada, et plusieurs ressources, tant du côté militaire que du côté civil, pour exploiter les données.
Cela soulève aussi une autre question. Le président a demandé quelle menace la Chine représentait, alors qu'elle a maintenant une des plus grandes marines au monde. Il y a les capacités conventionnelles qu'on connaît, comme la marine, l'aviation et l'armée, avec toutes les armes de combat qu'elle possède, comme l'artillerie et l'infanterie.
Toutefois, ce qui est inquiétant et que l'on doit surveiller, ce sont les capacités un peu moins conventionnelles et qui sont plus nouvelles. Par exemple, il faut vraiment se soucier de ce qui se passe dans l'espace. On a aussi parlé du cyberespace. Ce sont des domaines un peu plus insidieux. On a tendance à regarder la grosseur d'une armada ou d'une flottille, mais on oublie des choses qui peuvent faire mal. La Chine fait beaucoup de recherche pour exploiter des faiblesses dans ces domaines. Il faut s'inquiéter un peu de tout cela.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ici avec mon collègue d'Affaires mondiales Canada. Il connaît bien la région indo-pacifique; il peut donc m'aider.
Nous travaillons avec le ministère. Bien sûr, la défense fait partie des affaires étrangères, qui représentent un dossier actif, comme vous l'avez fait valoir. C'est un dossier délicat. Le ministère étudie la question. Nous suivons les directives et nous travaillons avec Affaires mondiales Canada dans le cadre de tous les types d'interactions militaires avec l'Inde.
Notre présence y est importante, et elle est accrue en raison de la Stratégie pour l'Indo-Pacifique. Il serait donc naturel d'avoir la capacité de collaborer davantage avec l'Inde. Nous réfléchissons évidemment à toutes ces questions, puisque nous comprenons mieux le problème, mais c'est Affaires mondiales Canada qui est le principal ministère responsable.
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Je vous remercie pour votre question, monsieur le président. Je vais commencer par parler de la stratégie en soi.
L'un des objectifs stratégiques est que le Canada soit un partenaire fiable, engagé et actif dans la région. Pour l'atteindre, nous devons avoir une vision sur 10 ans. C'est le fondement qui oriente notre approche stratégique. Nous nous attendons à ce que certains enjeux bilatéraux fassent surface au cours du cycle de vie de la stratégie. C'est ce qui s'est passé au cours des derniers jours.
Ce que je peux dire au Comité — et il s'agit de nouvelles récentes —, c'est que le a fait valoir aujourd'hui à New York que l'Inde était sans aucun doute un pays d'une importance croissante, avec lequel nous devons continuer de travailler, non pas seulement dans la région, mais partout dans le monde. Nous ne voulons pas causer de problèmes, mais le Canada affirme sans équivoque l'importance de la primauté du droit, de la protection des Canadiens et de la défense de nos valeurs. C'est pourquoi nous avons demandé au gouvernement indien de collaborer avec nous pour établir les processus, pour connaître la vérité et pour que justice soit rendue.
C'est la position actuelle au sujet de l'Inde dans le contexte d'une vaste stratégie à long terme.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être présents parmi nous aujourd'hui. Merci pour les services que vous rendez au Canada.
Major-général Smith, vous avez parlé des différents piliers, mais c'est celui du partenaire « actif et engagé » qui m'interpelle le plus. Dans quelle mesure nos activités et notre engagement dans la région ont-ils changé depuis le lancement de la stratégie en novembre 2022? Vous avez employé les termes « élargir et approfondir ». Vous avez mentionné, si je ne m'abuse, que le Canada était passé de deux à trois navires de guerre.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce pilier et nous expliquer ce que fait le Canada pour être un partenaire engagé et actif dans la région?
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Monsieur le président, je vais parler de l'opération Neon, mais je vais d'abord répondre à la question précédente, si vous me le permettez.
Nous parlons souvent de la différence entre deux ou trois navires. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'ajout d'un navire change beaucoup de choses. En effet, les deux navires permettent une présence épisodique, soit six mois par année, tandis que les trois navires permettent une présence permanente dans la région. De cette manière, il y a toujours un navire canadien qui se déplace dans différents ports, ce qui nous amène à travailler avec des partenaires de différents pays — un nouveau partenaire pratiquement chaque semaine — dans le cadre d'exercices multilatéraux. Voilà un exemple concret du renforcement de la présence du Canada, qui est aujourd'hui constante.
Quant à l'opération Neon, notre navire de guerre Vancouver se trouve là‑bas en ce moment. Au cours des prochaines semaines, nous mettrons en œuvre la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. L'opération Neon est le deuxième volet le plus important de ce que nous faisons. Jusqu'à présent, nous avons parlé de la stratégie — que nous appelons opération Horizon — qui a pour objet de bâtir des capacités et d'établir des partenariats. L'opération Neon est plutôt une mission consistant à surveiller les sanctions contre les transferts illicites de la Corée du Nord.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Lundy, on parle de la façon dont l'Occident perçoit la zone indo‑pacifique, mais j'aimerais savoir comment, selon vous, la zone indo‑pacifique perçoit l'Occident, notamment pour ce qui est de la question de la guerre en Ukraine.
Au IISS Shangri-La Dialogue, en juin, le ministre de la Défense de l'Indonésie, M. Prabowo Subianto, était très complaisant envers la Russie et proposait des solutions de paix qui semblaient assez particulières. De plus, on sait que la Chine ne s'est pas présentée au G20, mais qu'elle va rencontrer M. Poutine.
Y a-t-il quelque chose qui se passe dans la région indo-pacifique, un changement ou un glissement quelconque quant à la situation en Ukraine?
Nous avons parlé de cybersécurité. Lorsque nous étions à Taïwan — j'étais ravie de faire partie de ce voyage —, nous avons énormément entendu parler des gigantesques efforts de sensibilisation auprès de la population au sujet de la mésinformation, de la désinformation et des dommages qui y sont rattachés. Des efforts énormes sont dévolus pour s'attaquer à ce problème étant donné le volume considérable de cyberattaques que reçoit le pays. Sauf erreur, on estime le nombre de ces attaques à un million par jour.
Ici, au Canada, des choses effrayantes se sont produites qui ont un lien avec l'incidence des médias sociaux au pays et le pouvoir des géants du Web et qui peuvent avoir des répercussions sur les Canadiens et sur leur sécurité. Selon un article paru dans les médias cette semaine, Meta aurait adopté une politique interne pour retirer des comptes Facebook au Canada les publications relatant ce qui est arrivé à M. Nijjar.
Que font les Forces canadiennes sur ce front en ce qui concerne la Stratégie pour l'Indo-Pacifique et la protection que nous devons accorder à nos propres ressortissants? Comment faites-vous pour tenir compte de ce contexte lorsque les géants du Web entrent en jeu?
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Monsieur le président, je peux commencer, si vous le voulez bien.
En fait, la stratégie est fluide. Comme je l'ai mentionné plus tôt, elle s'étend sur un horizon de 10 ans, mais elle comporte aussi un point milieu. En effet, à la cinquième année, nous ferons une évaluation complète de la stratégie et nous apporterons les ajustements qui s'imposent.
Il existe également une solide structure de gouvernance, allant du niveau des directeurs au sein de la bureaucratie jusqu'au niveau des sous-ministres. D'ailleurs, la semaine prochaine se tiendra la deuxième réunion du comité des sous-ministres. Ce sera l'occasion d'évaluer la mise en œuvre de la stratégie sur le terrain et de déterminer où nous en sommes — la question étant de savoir si nous atteignons les objectifs nécessaires en matière de rendement —, puis de recalibrer le tout et d'apporter ces ajustements. Voilà pour la mise en œuvre détaillée.
À divers moments, les ministres voudront certainement se prononcer sur la trajectoire de la stratégie une fois qu'ils auront compris les modalités de sa mise en œuvre sur le terrain, et cela représente d'autres possibilités.
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Monsieur le président McKay, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la défense nationale, bonjour.
J'aimerais commencer par vous remercier de m'avoir invité à comparaître devant le Comité. Je me réjouis de chaque occasion qui m'est donnée de faire connaître mon point de vue selon la perspective taïwanaise.
Le sujet d'aujourd'hui est la situation dans l'Indo-Pacifique. En plongeant dans ce sujet et en essayant de démêler mes conclusions, j'ai eu de la difficulté à me concentrer uniquement sur l'Indo-Pacifique. Plus j'étudiais la question, plus j'étais convaincu qu'aucune région du monde n'est à l'abri des complexités géopolitiques auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui. Ce qui se passe dans la région indo-pacifique est inévitablement lié à ce qui se passe dans d'autres régions du monde et vice versa, notamment en Ukraine, en Asie centrale, en Afrique et au Moyen-Orient.
Pour bon nombre d'entre nous, les risques géopolitiques les plus inquiétants aujourd'hui sont liés soit à la guerre entre la Russie et l'Ukraine, soit à la rivalité entre les États-Unis et la Chine ou, encore, à l'agression et aux tensions provoquées par la Corée du Nord dans le détroit de Taïwan. La guerre en Ukraine est peut-être plus importante et plus imminente que les autres conflits potentiels. Cependant, comme nous l'avons vu, la Russie, la Chine et la Corée du Nord se rapprochent graduellement et forment une alliance cohésive pour aider à renforcer leurs régimes et à contrer ce qu'ils perçoivent comme des pressions externes. Nous devons comprendre que notre lutte ne se limite pas à la région indo-pacifique.
Entre la Russie et la Chine, il y a toujours eu davantage de relations économiques et diplomatiques qui se soutiennent mutuellement, sans oublier une coopération militaire pure et dure. Cependant, au fur et à mesure que l'invasion russe de l'Ukraine s'est heurtée à des batailles ardues, la relation entre la Russie et la Chine semble s'être renforcée pour devenir une sournoise alliance semi-militaire à laquelle la Corée du Nord a récemment été invitée à adhérer dans le cadre d'un bloc trilatéral.
Un dictateur, c'est déjà assez difficile à prédire; imaginez-en trois.
Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, a prononcé un important discours la semaine dernière à la School of Advanced International Studies, ou SAIS, de l'Université Johns Hopkins. Il a dit:
Ce que nous vivons aujourd'hui est plus que la mise à l'épreuve de l'ordre mondial de l'après-guerre froide. C'en est plutôt la fin [...] On reconnaît de plus en plus que plusieurs des postulats fondamentaux qui ont façonné notre [...] ère de l'après-guerre froide ne tiennent plus [...]
Des décennies de stabilité géopolitique relative ont cédé la place à une concurrence de plus en plus vive avec des puissances autoritaires et révisionnistes.
Les médias ont rapidement repris l'essentiel du discours de M. Blinken: l'ère de l'après-guerre froide est révolue. Une nouvelle ère se dessine.
La proposition de M. Blinken est d'adopter un nouveau concept de « géométrie variable diplomatique » pour faire face aux défis de la nouvelle ère qui s'annonce. Je ne comprends pas encore tout à fait le sens de ce concept, mais je suis certain qu'à mesure que nous avancerons, les rivalités entre les démocraties et les autocraties ne feront que s'intensifier avec le temps.
En terminant, j'aimerais souligner qu'au début de l'année, nous aurions encore pu penser que les plus grandes incertitudes géopolitiques venaient du théâtre ukrainien, de la confrontation entre les États-Unis et la Chine, de la péninsule coréenne et du détroit de Taïwan, comme je l'ai mentionné plus tôt. Cependant, lorsque nous réfléchissons à l'avenir, force est de constater que le ralentissement rapide quelque peu inattendu de l'économie chinoise et son effet d'entraînement pourraient bien éclipser d'autres préoccupations régionales. L'échec économique de la Chine pourrait constituer le plus grand risque géopolitique dans les années à venir.
D'après ce que nous pouvons observer, les difficultés économiques de la Chine ne font peut-être que s'accentuer. Si l'économie de la Chine continue de se détériorer et que rien ne l'aide à se rétablir, les conséquences ne se limiteront probablement pas à son économie, mais elles engloberont une combinaison d'urgences sociales, économiques et politiques. Il y aura sans doute une crise systémique et une transformation globale qui toucheront tous les aspects de la Chine et qui s'étendront à d'autres régions.
Bref, une grande incertitude plane sur la Chine.
Pour Taïwan, les enjeux sont énormes au regard de nos étroites relations commerciales.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
Je vais m'arrêter ici. Merci.
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Merci beaucoup de cette question.
La raison pour laquelle la CIA ou le Pentagone ont désigné l'année 2027 comme l'année où la Chine va peut-être envahir Taïwan, c'est que c'est ce que la Chine a dit. Cette année a été utilisée par la Chine comme une année charnière parce qu'elle marquera le 100e anniversaire de la fondation de l'Armée populaire de libération. La Chine veut faire de 2027 l'année de la modernisation complète de sa puissance militaire, ce qui signifie qu'en 2027, elle sera en mesure de mener une guerre avec des armées de premier ordre. Ce ne sera pas nécessairement une guerre régionale, mais bien une guerre mondiale. Tel est l'objectif de la Chine.
Un objectif est une chose. Savoir s'ils sont réellement capables d'atteindre ce statut en est une autre.
En ce qui concerne Taïwan, je peux vous dire qu'il existe une coopération très étroite entre l'armée de Taïwan et celle des États‑Unis. Nous coopérons non seulement avec les forces militaires, mais aussi avec les autres membres de l'appareil militaire. Par exemple, nous coopérons aussi en matière de renseignement.
Les décideurs taïwanais n'ont pas le luxe de supposer que la Chine ne va pas envahir Taïwan, mais nous n'envisageons pas d'année précise pour cette invasion. En fait, nous pensons qu'il faut accélérer les choses autant que possible. C'est ce qui explique la panoplie de réformes militaires en cours à Taïwan. Il existe également un programme de réforme de notre système de réserve. Nous ne prévoyons pas d'années précises pour une éventuelle guerre.
Nous espérons maintenir la paix. Nous ne voulons pas que la guerre prouve que la Chine a fait le mauvais calcul. La vision qui sous-tend l'édification de notre force est cette notion de « paix par la force ». Nous ne voulons pas la guerre, mais nous nous y préparons.
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Je pense que vous faites référence à un exercice militaire qui s'est déroulé juste après la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des États‑Unis. C'était en août de l'année dernière. Oui, cet exercice militaire était le plus important qu'on avait vu jusque là. Il était différent des autres exercices qu'ils avaient menés. Le blocus naval était peut-être l'aspect le plus alarmant à l'époque, parce que c'était quelque chose de nouveau.
Toutefois, en cas de guerre réelle, un blocus militaire de Taïwan n'est peut-être pas la façon la plus efficace... J'ai entendu cela de différentes sources. Un blocus donnerait aux alliés le temps de venir aider Taïwan. Si l'objectif de la Chine est de mener une guerre très rapide qui prendra de cours l'aide que la communauté internationale pourrait déployer à la rescousse de Taïwan, un blocus naval ne fonctionnera pas. Là encore, il s'agit d'un aspect technique de la guerre militaire.
Comme je l'ai dit, à Taïwan, nous espérons obtenir davantage de soutien international. Nous qualifions de préventive la diplomatie que Taïwan mène. Nous voulons que le monde entier fasse savoir aux Chinois que, quel que soit le type d'invasion qu'ils ont en tête, cela leur coûtera trop cher. Nous ne voulons pas qu'une guerre ait lieu.
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À Taïwan, nous savons comment les dirigeants chinois, les universitaires chinois ou les généraux de l'armée chinoise discutent de la perspective de l'unification. Permettez-moi de vous donner des précisions à ce sujet.
La vision chinoise de l'unification avec Taïwan est celle d'une Chine plus forte. Il en parle comme d'un rajeunissement d'une grande puissance. S'ils savent que cette unification se fera à leurs dépens, ils ne seront pas enclins à le faire, et en particulier si nous leur faisons savoir que cela leur coûtera très cher.
Pour les dirigeants chinois, l'unification est un moyen d'élever le statut de la Chine et non d'affaiblir le pays. À l'heure actuelle, le monde entier dit aux dirigeants chinois que s'ils utilisent la force contre Taïwan, ils n'auront pas une Chine plus forte après l'unification. Ce n'est donc pas ce que recherchent les dirigeants chinois.
Vous avez beaucoup entendu parler de ce que nous disons à Taïwan, des raisons de notre confiance. C'est un point sur lequel nous sommes confiants. Bien sûr, on peut toujours dire qu'un dictateur peut avoir une vision irrationnelle des choses. Si c'est le cas, il est difficile de poursuivre une discussion très raisonnable, mais je vous dis qu'à l'heure actuelle, nous ne considérons pas une invasion de la Chine comme une menace imminente.
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Oui. En fait, nous avons des mécanismes militaires en temps réel pour rendre compte des activités militaires qui se déroulent dans le détroit de Taïwan. Ces activités n'ont commencé qu'en septembre 2020. Avant cela, nous n'en avions pas vu beaucoup de la part de l'armée chinoise, y compris de la part de l'armée de l'air, mais après cela, nous avons décidé de rendre compte publiquement de ces activités parce que la Chine aime travailler en secret. Elle n'a pas l'habitude de faire les choses au vu et au su du monde. Lorsque nous avons décidé d'exposer publiquement ces activités, la pression s'est exercée sur eux.
Chaque fois qu'il y a un exercice militaire ou des incursions d'avions ou de navires de guerre, nous l'annonçons publiquement à Taïwan. Vous pouvez en prendre connaissance. Notre ministère de la Défense nationale a un site Web que vous pouvez consulter quotidiennement.
Comme je l'ai dit, pour le moment, l'intention de la Chine est d'influencer notre élection présidentielle, mais elle convoite aussi quelque chose à beaucoup plus long terme. Les Chinois veulent changer le statu quo. Ils veulent changer le statu quo de la ligne médiane dans le détroit de Taïwan. C'est une autre raison pour laquelle nous sommes très reconnaissants envers le Canada: vous envoyez vos navires de guerre croiser dans le détroit de Taïwan.
La Chine ne considère pas le détroit de Taïwan comme une zone internationale, mais par vos transits navals dans ce détroit, vous défiez cette prétention de Pékin. C'est donc très important pour nous.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'avoir bien voulu nous rencontrer à nouveau, monsieur l'ambassadeur. C'est toujours un plaisir de vous voir.
Compte tenu de ce que la guerre en Ukraine et l'invasion par la Russie nous ont enseigné, je sais que Taïwan prend cette question à cœur et qu'elle se questionne sur ce qui doit se passer pour faire face à l'agression chinoise de Pékin. Nous avons été très impressionnés par l'équipement militaire que Taïwan a déjà été en mesure de fabriquer elle-même. Lors de la première séance, vous avez parlé des avions de combat que vous avez pu tester et mettre en production en 500 jours. Nous avons vu vos capacités en matière de défense aérienne et de systèmes de missiles. Vous avez vos propres navires de guerre de fabrication taïwanaise.
Lorsque vous prenez connaissance des rapports quotidiens et des mises à jour géopolitiques dans votre région, et que vous apprenez que 55 avions de l'Armée populaire de libération volent autour de Taïwan et qu'en plus, Pékin envoie plusieurs navires de guerre dans votre zone économique, que faites-vous pour contrer la menace sous-marine? Nous parlons toujours de l'air et de l'eau, mais je suis persuadé qu'avec la prolifération des sous-marins que la Chine a construits au cours de la dernière décennie, vous ne perdez pas cela de vue non plus.
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Je vous remercie de me donner l'occasion d'expliquer ce que j'ai dit précédemment. Ce que je voulais dire, c'est que si vous procédez à vote au sein du système des Nations unies, il est évident que la Chine obtiendra de nombreuses voix. Ce n'est pas ce que j'entendais par « alliés ». Ces votes proviennent de pays qui aspirent à obtenir l'aide de la Chine, notamment par l'intermédiaire d'investissements dans le cadre de l'initiative « La ceinture et la route ». Ils se tournent vers la Chine pour obtenir de l'aide, mais ils ne l'aideront pas en retour dans l'éventualité de confrontations géopolitiques. Je crois que je réponds aux questions sous cet angle.
La Chine a Xi Jinping. M. Xi souhaite que la Chine se revitalise et devienne une grande puissance d'ici 2049. C'est ce qu'il a déclaré lors du 19e congrès national, car je précise encore une fois que 2049 marquera le 100e anniversaire de la création de la RPC. Ces années marquantes ont une signification pour le parti communiste chinois, mais une semaine est une période très longue sur la scène politique. Si vous dites que vous voulez réaliser quelque chose en 2049 ou 2027, ce n'est qu'un slogan politique.
Nous observons ce qui se passe quotidiennement. Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, le fait est que la Chine connaît des difficultés économiques auxquelles elle ne s'attendait pas et auxquelles le monde entier ne s'attendait pas non plus. Le monde s'est en quelque sorte habitué à ce que la Chine soit comme une locomotive, une force motrice de la croissance économique mondiale, mais ce n'est pas ce qui va se passer. C'est ce que vous lirez de plus en plus dans les médias internationaux. Les médias internationaux ont parfois une vision optimiste de la Chine parce qu'ils ont eux-mêmes investi d'énormes sommes d'argent dans ce pays. Ils espèrent que l'économie chinoise pourra être relancée, mais ce n'est pas le cas, comme le montrent les données actuelles.
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Nous jouissons d'un statut international tout à fait unique. Les États-Unis et, dans une moindre mesure, le Japon sont en fait les seuls pays à avoir pris un engagement envers Taïwan en matière de sécurité.
Les États-Unis disposent d'une loi appelée la Taiwan Relations Act, qui stipule très clairement que la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan sont prises très au sérieux. En outre, dans la même partie de la loi sur les relations avec Taïwan, il est indiqué que les États-Unis fourniront des armes d'autodéfense à Taïwan. Au fil du temps, nous obtiendrons plus de soutien de ce genre de la part des États-Unis, proportionnellement à la menace que la Chine continentale fait peser sur nous.
Autrefois, nous pouvions acheter des armes sur le marché international, mais aujourd'hui, en raison des tactiques d'intimidation de la Chine continentale, tout pays désireux de traiter avec Taïwan dans le domaine de la vente d'armes s'expose à des représailles et à des sanctions de la part de la RPC. Voilà pourquoi nous ne faisons pas appel à vous. Autrement, nous serions heureux de prendre contact avec vous. Vous possédez de nombreux systèmes d'armement avancés qui nous intéresseraient beaucoup.
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En réponse aux 18 recommandations proposées dans le rapport du Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine, le gouvernement fédéral a donné son accord, son accord de principe ou son accord partiel. Ce sont les trois types de réponses que le gouvernement fédéral a données à 14 des 18 recommandations. Ce pendant, le gouvernement fédéral a répondu qu'il « prend note » de 4 des 18 recommandations. Il s'agit des recommandations 2, 4, 12 et 13.
Du point de vue de Taïwan, je dirais que nous espérions que les 18 recommandations seraient acceptées, ou du moins qu'elles feraient l'objet d'un accord de principe.
Quant aux préoccupations du gouvernement fédéral, nous pensons qu'elles pourraient être apaisées dans le cadre de l'élaboration en ajoutant une condition ou une clause restrictive, mais ce n'est pas ainsi que la réponse du gouvernement a été formulée. Je le mentionne en toute amitié. Je n'ai pas l'intention de critiquer qui que ce soit au sein de l'administration.
Par exemple, nous parlons de principes. La deuxième recommandation, par exemple, porte sur le fait que l'avenir de Taïwan doit être décidé uniquement par le peuple taïwanais. Le gouvernement a répondu qu'il « prend note de cette recommandation ». Je crois que les membres du Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine avaient réfléchi suffisamment entre eux avant de rédiger cette recommandation. Compte tenu des préoccupations de Taïwan et du comité spécial, je pense qu'il s'agit d'une question de principe, un principe qui reflète les valeurs fondamentales et l'esprit fondamental de la démocratie. C'est ce qui importe le plus.
L'inquiétude de l'administration, qui craint que Taïwan n'utilise cette recommandation pour modifier sa politique et changer le statu quo, je pense, me semble un peu tirée par les cheveux. Ce n'est pas notre politique actuelle, et cela ne se produira pas.
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En ce qui concerne les autres recommandations que le gouvernement fédéral a acceptées avec une certaine réserve, il pourrait gérer les problèmes d'une manière qui nous laisserait une plus grande marge de manoeuvre pour les résoudre.
Par exemple, dans la recommandation no 12, le Comité exhorte le gouvernement à envisager sérieusement de demander à la , de se rendre à Taïwan pour signer l'APIE, c'est-à-dire l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers. La réponse du gouvernement est que, conformément à la pratique établie, l'APIE doit être signé par les chefs du Bureau commercial du Canada à Taipei et du Bureau économique et culturel de Taipei au Canada, c'est-à-dire moi-même et mon homologue à Taipei, M. Jim Nickel.
J'estime que c'est une façon trop sémantique de répondre à cette question. Si une visite Taïwan, il n'est pas nécessaire qu'elle soit là pour signer cet accord. Elle peut venir à tout moment, car ces déplacements visent à promouvoir le commerce international entre nous. Ce type de réponse du gouvernement fédéral me semble un peu trop légaliste.
Nous pouvons nous entendre, et nous pouvons trouver des solutions. J'espère que d'autres échanges pourront avoir lieu entre les fonctionnaires de nos deux gouvernements afin que nous puissions résoudre les malentendus. Je formule toutes ces observations en toute amitié.
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Je pense que la transparence est parfois considérée comme la faiblesse de nos démocraties, parce que les régimes autoritaires l'utilisent simplement pour infiltrer notre société. Cependant, lorsque la transparence est utilisée de manière appropriée et qu'elle est accompagnée d'une communication publique efficace, elle peut être notre force. C'est ainsi que nous la percevons à Taïwan.
Nous parlons de lutte contre la désinformation. Nous adhérons largement aux principes de la démocratie, qui sont très importants, tels que la liberté d'expression et la liberté de la presse. Même si nous savons que de la désinformation est diffusée, nous n'interdisons pas aux gens de s'exprimer.
En fait, les mesures que nous prenons sont toujours une réponse aux fausses nouvelles ou à la désinformation, mais ce n'est pas grave. Plus nous le ferons, plus nos concitoyens sauront ce qui se passe. Nous disposons de plusieurs types d'applications qui nous permettent d'expliquer à nos concitoyens comment faire preuve de discernement. La gestion de ces applications est bénévole: les personnes qui se portent volontaires pour ce travail veulent rendre service au pays, à notre société.
Je le répète, la transparence est notre force.
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C'est une excellente note de conclusion.
Représentant Tseng, je vous suis reconnaissant d'avoir comparu devant le Comité et de nous avoir fait part de vos réflexions. J'aimerais poursuivre cette conversation, en particulier en ce qui concerne la cyberguerre et la guerre cognitive. Nous avons constaté que Taïwan est extrêmement perfectionné dans ce domaine et que le Canada a de nombreux enseignements à tirer de la façon dont il s'y prend.
Vous nous avez amplement renseignés sur cette analyse de la menace indo-pacifique. Face à cette menace, vous êtes en première ligne et vous combattez sur le front pour nous tous. Je vous remercie, vous et votre pays, du travail que vous accomplissez.
Cela dit, chers collègues, nous reprenons mardi notre étude sur les processus d'approvisionnement. Jeudi, le et ses collègues seront présents.
Sur ce, la séance est levée.