:
Merci, monsieur le président.
Ce que je vais dire intéressera peut-être Mme Fraser, car elle s'est déjà penchée sur ce dossier, comme son prédécesseur.
Il y a environ un an et demi, j'ai présenté une motion au Comité des finances demandant qu'un comité spécial se penche sur la Convention fiscale entre le Canada et la Barbade. La Barbade est un paradis fiscal pour les investisseurs canadiens, et leurs investissements y sont en croissance perpétuelle.
Dans le passé, le ministère des Finances a même fait, sur son site Internet, la promotion de la Barbade comme étant le lieu de prédilection des investisseurs canadiens qui veulent éviter la fiscalité canadienne. En 1994, M. Martin, alors ministre des Finances, a présenté un projet de loi qui faisait le ménage dans les conventions fiscales entre le Canada et les pays considérés comme des paradis fiscaux. Il ne voulait pas que le vérificateur général et la vérificatrice qui lui a succédé disent qu'on ébranlait l'intégrité de l'assiette fiscale au Canada en permettant une trop grande liberté dans les transferts de capitaux.
M. Martin a alors présenté un projet de loi qui faisait le ménage de toutes les conventions fiscales, sauf celle avec la Barbade. Par la suite, il a adopté certaines modifications, qu'on aura l'occasion de présenter un peu plus tard si mes collègues acceptent de tenir un tel comité spécial. À plusieurs reprises, il a présenté des dispositions fiscales faisant en sorte que des compagnies comme la sienne, la Canada Steamship Lines — une compagnie de transport maritime international, inactive et postée à la Barbade à la suite de la décision de ne pas modifier la Convention fiscale avec la Barbade — tirent parti d'un régime fiscal fait sur mesure. Selon nos estimations et celles d'ATTAC-Québec, un organisme international pour la justice fiscale, ce régime fiscal sur mesure aurait permis à M. Martin et à sa famille de bénéficier depuis 1998 d'une économie d'impôts d'à peu près 100 millions de dollars.
Monsieur le président, je sais que vous ne voulez pas qu'on procède immédiatement au vote sur cette question, mais je demanderai à mes collègues de discuter plus tard de cette motion. Je vous rappelle que l'année dernière, les conservateurs avaient donné leur appui à une telle commission, non pas pour s'attaquer directement à la famille de M. Martin, mais surtout pour faire le point sur les relations fiscales avec la Barbade et sur la croissance des investissements directs dans ce pays. Les conservateurs voulaient également examiner le fait qu'on ait conçu une fiscalité sur mesure afin de favoriser un type d'activité économique — le transport maritime international — pour la Barbade, et que le siège social de CSL International ait été instauré peu de temps après les premières modifications fiscales apportées par M. Martin.
Des détails seront fournis au cours de l'analyse, mais plusieurs fiscalistes du Québec et de tout le Canada se sont interrogés sur les gestes posés par M. Martin, sur le fait qu'on ait une fiscalité sur mesure. La liste des invités qui figure dans ma motion comporte des spécialistes réputés qui seraient disposés à venir témoigner devant le comité spécial.
Monsieur le président, je vous remercie de votre bonne attention. Je vous remercie également d'avoir pris des dispositions pour me faire intervenir en premier, et je m'excuse auprès de la vérificatrice générale d'avoir pris cinq minutes de son temps.
:
Merci, monsieur le président.
Nous vous remercions de nous permettre de faire part au Comité des finances de notre expérience avec l'Agence du revenu du Canada dans le cadre de l'examen que vous effectuez des cinq premières années de l'Agence, examen prévu au paragraphe 1 de l'article 89 de la Loi sur l'Agence du revenu du Canada.
Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Jamie Hood, directeur principal chargé de la vérification de gestion et de l'évaluation annuelle de l'information sur le rendement de l'Agence, et de Mme Marion McMahon, directrice principale qui est responsable de nos vérifications annuelles des états financiers de l'Agence.
[Français]
Monsieur le président, le volume de travaux que nous effectuons chaque année à l'agence est considérable. Près de 43 000 heures-personnes sont prévues au budget de l'exercice 2006-2007. Premièrement, nous effectuons des vérifications de gestion, comme celles dont les résultats ont été publiés dans le rapport Le Point sur le recouvrement des impôts et des taxes impayés, qui a été déposé à la Chambre des communes le 6 mai dernier. Deuxièmement, l'agence produit deux états financiers que nous vérifions annuellement. Le premier fait état de la manière dont l'agence utilise ses crédits annuels totaux d'environ 3 milliards de dollars. Le deuxième présente les résultats de ses activités administrées au nom d'autres entités, surtout l'administration et le recouvrement de plus de 300 milliards de dollars d'impôts et de taxes annuellement. Troisièmement, nous évaluons la justesse et la fiabilité de l'information sur le rendement que l'agence inscrit dans son rapport annuel. Quatrièmement, nous vérifions chaque année les calculs de l'état des impôts sur le revenu et le capital à payer aux provinces conformément aux accords de perception fiscale conclus entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Enfin, il peut arriver que l'agence fasse partie des entités que nous vérifions lorsque nous menons des vérifications de gestion de portée pangouvernementale.
[Traduction]
En ce qui concerne les vérifications de gestion des cinq dernières années, nous avons surtout examiné la façon dont l'Agence gère le risque d'inobservation des lois fiscales. Comme l'Agence dispose de ressources limitées, elle ne peut être partout à la fois. Lorsqu'elle prend des décisions en matière d'affectation des ressources, elle doit donc faire des compromis afin de contrer des menaces concurrentes à l'assiette fiscale. Nous avons constaté que, à quelques exceptions près, chacun des programmes de l'observation est généralement bien conçu, mais que l'Agence doit améliorer son cadre de gestion globale des risques et son mode d'affectation des ressources.
Nous n'avons pas encore effectué de vérification de gestion qui examinerait expressément les nouveaux pouvoirs qui sont attribués à l'Agence. En 2004, nous avons commencé une vérification destinée à évaluer le régime que l'on était à mettre en place dans le domaine de la gestion des ressources humaines axée sur les compétences. Cependant, nous avons constaté que les progrès n'étaient pas suffisants pour justifier une vérification à ce moment. Nous estimions que l'Agence avait vu trop grand, trop tôt, sans avoir bien compris les coûts, l'étendue et la complexité de l'entreprise. D'ailleurs, d'autres études internes de l'Agence ont confirmé notre point de vue.
Nous avons fourni à l'Agence un résumé de nos préoccupations et lui avons dit que nous ferions une autre vérification plus tard. Nous prévoyons maintenant amorcer une vérification du secteur de la gestion des ressources humaines cet automne. Nous planifions aussi commencer l'année suivante une autre vérification des ressources humaines.
Dans le secteur de la vérification des états financiers, nous pouvons dire que la nature, la quantité et la pertinence des informations financières fournies par l'Agence se sont améliorées depuis l'époque où elle avait le statut de ministère. Mentionnons que les exigences en matière de rapports stipulées dans les articles 87 et 88 de sa loi habilitante ont joué un rôle important à cet égard. En vertu de ces articles, les états financiers vérifiés doivent être inclus dans le rapport annuel de l'Agence, qui est d'abord présenté au ministre et ensuite déposé devant chaque chambre du Parlement. Comme je le disais plus tôt, nos deux vérifications annuelles des activités de l'Agence et de ses activités administrées ont, depuis sa création, donné lieu à une opinion sans réserve dans le rapport du vérificateur.
Bien que la préparation et que la vérification de ces états financiers comportent des défis significatifs, notamment les états financiers des activités administrées de l'Agence, nous avons relevé une amélioration constante d'année en année.
[Français]
Grâce à notre évaluation de la justesse et de la fiabilité de l'information sur le rendement de l'agence — une autre nouvelle exigence en matière de rapports de sa loi habilitante —, l'agence a progressé dans l'élaboration de son cadre de gestion et des rapports sur le rendement. Les plans d'entreprise ont maintenant des objectifs plus clairs. Au fil des ans, l'agence a constamment amélioré son information sur le rendement et elle présente des résultats plus concrets, plus clairs et plus mesurables, assortis de meilleurs liens avec ses stratégies d'affaires. Malgré bien des progrès, certaines améliorations s'avèrent encore nécessaires, par exemple pour ce qui est de dire en quoi les fonctions administratives de l'agence contribuent à ses objectifs.
Monsieur le président, il y a eu des faits nouveaux encourageants du côté des accords de perception fiscale avec les provinces. Ces accords ont été repensés récemment et comportent maintenant des dispositions plus contraignantes en matière de reddition de comptes. Mentionnons notamment l'obligation pour mon bureau de fournir aux provinces des rapports sur la conception efficace et le bon fonctionnement des contrôles, lesquels influent sur la détermination de leurs revenus. La première série de ces nouveaux rapports devrait paraître en 2007.
La constitution du Conseil de direction a été un aspect unique et important de la loi habilitante de l'agence. Le Conseil de direction a reçu le mandat de surveiller l'organisation et l'administration de l'agence, de même que la gestion de ses ressources, de ses services, de ses biens, de son personnel et de ses contrats. Même si nous n'avons pas d'échanges réguliers avec le conseil, nous estimons qu'il a su convaincre le personnel de l'agence d'accorder une importance accrue à la reddition de comptes. Le Conseil de direction a aussi créé plusieurs comités auxquels il a confié certains aspects spécialisés de ses responsabilités, entre autres le comité de vérification.
Le comité de vérification a influencé de façon positive la surveillance financière des activités de l'agence. Il est composé de spécialistes compétents et expérimentés du domaine des finances. Les membres tiennent régulièrement des réunions auxquelles assistent des représentants de la vérification interne et de mon bureau. Nous avons remarqué qu'ils font judicieusement et efficacement office de critiques auprès de la direction et de notre personnel.
[Traduction]
Dans quelle mesure l'Agence a-t-elle été à la hauteur des attentes qu'elle avait suscitées au moment de sa création? À mon avis, je crois que mon bureau peut affirmer deux choses. D'abord, je peux relever des secteurs où des aspects précis de la loi habilitante ont amené des changements positifs. Comme la loi l'oblige à inclure dans son rapport annuel des états financiers vérifiés et une évaluation de la justesse et de la fiabilité de son information sur le rendement, l'Agence met à la disposition des décideurs et du grand public une information de meilleure qualité. De plus, grâce à la surveillance améliorée qui est assurée par le Conseil de direction, la planification opérationnelle a été renforcée, le cadre de mesures du rendement s'est resserré et la reddition de comptes au ministre et aux provinces s'est améliorée.
Deuxièmement, pour ce qui est des avantages escomptés des nouveaux pouvoirs en matière d'administration et de gestion des ressources humaines, il semble que les progrès aient été plus lents que prévu. Nous avons reporté notre tentative de vérifier l'initiative de dotation de l'Agence axée sur les compétences, pour permettre à cette initiative de parvenir à un stade plus avancé. Enfin, l'information sur le rendement des secteurs administratifs, pour lesquels on a attribué à l'Agence des pouvoirs spéciaux, ne présente pour l'instant qu'un aperçu limité de l'influence des services généraux de l'Agence sur l'organisation.
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Si je n'utilise pas tout mon temps de parole, mon collègue, M. McKay, va prendre le relais. Cela arrive rarement, mais...
Merci, madame Fraser, et aux autres témoins, d'être venus témoigner aujourd'hui et merci pour le travail que vous faites pour nous aider à examiner les cinq premières années de l'Agence.
Vous avez fait des commentaires assez pointus dans des domaines où vous trouvez qu'il y a eu amélioration. Vous avez dit aussi que dans d'autres domaines, notamment la gestion des ressources humaines, les progrès ont généralement été un peu plus lents que ce à quoi on pourrait s'attendre et qui serait souhaitable.
Je me demande si vous pourriez nous dire, de manière générale, comment ça va dans l'ensemble. Si vous deviez donner une note sur un bulletin, quelle note donneriez-vous à l'Agence jusqu'à maintenant?
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Comme nous l'avons dit, nous voulions commencer une vérification en 2004 pour examiner les nouveaux systèmes que l'on était alors à mettre en place. L'Agence se dirigeait vraiment vers un système très différent de celui qui existait auparavant, quand elle était un ministère. Quand nous avons examiné la question, nous nous sommes rendu compte que la mise en place n'était pas aussi avancée que nous l'avions cru au départ.
Si l'on prend par exemple le simple fait d'avoir une description des compétences pour chacun des postes, nous nous attendions à ce que les responsables soient déjà en train de faire tout cela. Mais nous avons constaté dans notre examen initial qu'en fait, les gens décrivaient les compétences de leur propre poste seulement quand il y avait un concours, parce que c'est un processus très long et compliqué. Il n'y avait donc pas beaucoup de descriptions de poste de complétées.
J'essaie de me rappeler quels étaient les autres problèmes constatés. Il y avait aussi des mesures de dotation. Je sais que pour les évaluations, les profils des compétences, il y avait beaucoup de travail à faire pour établir le système tel qu'il avait été envisagé à l'origine, et ce travail n'était pas très avancé.
Nous avons donc soulevé un certain nombre de questions découlant de notre examen initial et les avons portées à l'attention de la direction, mais nous estimions qu'il n'aurait pas été justifié à ce moment-là d'aller faire une vérification, parce qu'ils n'étaient pas encore rendus au point de la mise en oeuvre. Mais nous pensons qu'ils ont maintenant eu suffisamment de temps, étant donné que cela fait deux ans que nous avons soulevé ces questions et nous allons donc commencer une vérification là-dessus au cours des prochains mois.
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Le principal problème que nous signalons dans cette vérification est le très important montant de sommes à recevoir que gère l'Agence. Le montant proprement dit est important et le sera toujours, puisque l'Agence perçoit à peu près un 1 milliard de dollars par jour. Les montants à recevoir se chiffreront donc toujours en milliards.
Ce que nous disons, c'est que l'Agence ne prête pas suffisamment attention aux méthodes de perception les plus efficaces. Elle a différentes méthodes à sa disposition. Par ailleurs, il lui faudrait une meilleure information pour identifier plus tôt les contribuables à risque plus élevé et, au besoin, pour agir plus rapidement contre eux. Je crois que les impôts du citoyen moyen — en fait de la plupart des citoyens — sont prélevés sous forme de déductions à la source, mais il faudrait que l'Agence puisse identifier les contribuables qui ont...
Au cours de l'audience à laquelle nous avons participé devant un autre comité, l'Agence en a convenu. Ses représentants ont dit qu'ils commencent à mettre au point des techniques d'exploration de données qui devraient leur permettre d'identifier les membres d'un organisme qui ont déjà fait faillite à trois ou quatre reprises, ce qui devrait attirer leur attention pour le cas où ces contribuables accusent un retard dans leurs paiements; l'Agence aura ainsi une meilleure information pour gérer ce genre de risques.
L'Agence doit suivre ces comptes de plus près, et nous signalons également qu'elle devrait avoir une meilleure compréhension de la composition des 18 milliards de dollars. N'y a-t-il pas certains secteurs où elle devrait recourir davantage à des activités d'éducation ou à d'autres formes de programmes pour inciter ces contribuables à payer leurs impôts? Nous avons donc insisté sur la gestion des activités de l'Agence.
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Nous avons une vérification financière chaque année, qui figure dans notre rapport sur le rendement.
Nous nous considérons comme un organisme professionnel. Notre pratique de vérification financière est soumise à une révision par des pairs et je crois que leur rapport a été publié en 1999-2000. Excusez-moi, le premier rapport de vérification financière a été confié à une firme du secteur privé.
Nous voulions également en faire une sur notre pratique de vérification de gestion, mais le défi a été de trouver à qui confier le contrôle par les pairs, car le secteur privé n'a pas l'habitude de ce genre de travail.
Nous avons été le premier pays à demander à une équipe internationale de soumettre notre pratique de vérification de gestion à un contrôle par les pairs. La vérification a été dirigée par le National Audit Office de Grande-Bretagne, avec une participation des services de vérification de la Norvège, des Pays-Bas et de la France. Le rapport est sorti au printemps 2004.
Nous prévoyons un autre contrôle par les pairs, qui devrait couvrir l'ensemble du bureau, avant la fin de mon mandat.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame Fraser, d'être des nôtres aujourd'hui avec vos collaborateurs.
La question des impôts non payés irrite de nombreux Canadiens. Je suis sûre que nous avons tous reçu du courrier après la parution de votre rapport, dont les médias ont fait abondamment état.
La réponse que l'on reçoit habituellement est celle que j'ai reçue d'un M. Kapz, sur Pickley Crescent à Winnipeg. Il dit ceci:
Lorsque la vérificatrice générale Sheila Fraser a présenté son plus récent rapport, ce qui m'a irrité le plus a été de constater que l'on doit 18 milliards de dollars en impôts non versés au gouvernement fédéral. Moi, je dois payer mon impôt sur le revenu chaque trimestre, et si ma déclaration annuelle est inexacte, l'Agence canadienne des douanes et du revenu m'actionne immédiatement pour me faire payer la différence. Or, il y a apparemment des milliers de citoyens, d'entreprises et de sociétés qui doivent beaucoup plus que moi à l'impôt...
Ce monsieur dit ensuite que la loi existe, mais qu'il ne semble pas y avoir de volonté de percevoir l'impôt.
Vous êtes remontée jusqu'en 1994. Quatorze ans plus tard, nous sommes passés de 5 ou 6 milliards de dollars d'impôts non payés à 18 milliards de dollars. J'aimerais savoir si c'est parce que la loi n'a pas assez de mordant. Faudrait-il apporter des changements à l'Agence du revenu? Est-ce une question de volonté de percevoir l'impôt? Est-ce parce que les décisionnaires s'exposent à des conséquences s'ils s'en prennent trop énergiquement à certains organismes pour cause d'évasion fiscale?
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Ce n'est pas seulement une impression qu'auraient les Canadiens. On entend de plus en plus souvent parler d'une évolution dans l'évasion fiscale, même si je sais qu'il ne s'agit pas ici d'évasion fiscale. Il s'agit d'impôts non payés. On entend dire que les montants de revenu qui s'en vont à l'étranger et qui ne font l'objet d'aucun impôt conformément à la législation canadienne sont passés de 11 milliards à 88 milliards de dollars. Des études indiquent que parmi ceux qui ne paient pas leurs impôts, la proportion des groupes à revenu élevé est beaucoup plus forte que celle des groupes à faible revenu. Lorsque nous avons soulevé cette question auprès du ministère l'année dernière, nous avons fait état du rapport de Brigitte Alepin, qui en apportait la preuve.
J'essaye de trouver qui sont les coupables en la matière, et pourquoi on ne s'en prend pas à eux. Est-ce une question de technologie? Est-ce parce que nos systèmes informatiques ne sont pas à la fine pointe? Est-ce que c'est autre chose? Et est-ce que les Canadiens qui travaillent dur et qui luttent quotidiennement pour assurer leur subsistance peuvent accepter de respecter la loi alors que d'autres ne la respectent pas? Je ne sais pas s'il y a une réponse à cette question, mais elle me préoccupe.
J'aimerais revenir au dernier sujet dont notre comité s'occupe actuellement, c'est-à-dire l'Agence proprement dite, la façon dont elle est organisée, la façon dont son personnel est réparti et la formation qu'il reçoit. J'aimerais savoir si tous les changements occasionnés par le passage de ministère à agence, devenue maintenant indépendante, n'a pas écarté l'Agence de son obligation d'effectuer le travail et de recouvrer les impôts non payés. Si cette réorganisation fait partie du problème, quand va-t-on y apporter une solution?
Deuxièmement, en ce qui concerne la dotation en personnel, comme il y avait beaucoup d'argent dans le budget de l'année dernière, nous avons demandé au ministère si c'était une question de personnel ou, comme le prétendait le syndicat, une question de formation des employés et de capacité de traiter les problèmes. À l'époque, Michel Dorais a déclaré:
...nous avons beaucoup d'argent et nous y consacrons beaucoup d'efforts; 30 millions de dollars, ce n'est pas rien. Cela signifie que nous allons affecter 250 employés à ces dossiers, ce qui représente une main-d'oeuvre considérable.
Il disait que le service avait des employés remarquablement qualifiés, mais qu'il fallait encore les former et qu'ils allaient à Dublin pour cela, etc.
Est-ce une question de préoccupations causées par la réorganisation? Est-ce une question de formation du personnel? Faut-il que ce problème devienne prioritaire au sein du service?
Mon expérience des comptes débiteurs c'est que plus ils sont vieux, plus ils sont difficiles à percevoir, plus à jour on est avec les choses...
Je parlais aux hauts fonctionnaires lorsqu'ils sont venus nous rencontrer au sujet de la TPS, et j'ai dit que le système était toujours en fait assez lourd. Il n'y a pas de système électronique pour la TPS, et en fait le remboursement de la TPS est très lent dans l'industrie, si on vous doit de la TPS.
J'ai également constaté, comme vous l'avez dit, qu'ils ont peut-être un peu de difficulté à diriger leurs ressources. Lorsque la FCEI était ici l'autre jour, ses représentants ont dit que les entreprises se faisaient vérifier beaucoup plus fréquemment, et que les vérifications qui demandaient auparavant cinq jours demandent maintenant jusqu'à neuf jours. Il semblerait donc que si nous redirigions nos ressources un peu, nous pourrions être en mesure d'être un peu plus à jour pour vérifier les comptes, et nous pourrions faire certains investissements dans la technologie. Tout cela pourrait permettre d'avoir un système beaucoup plus souple, et nous n'aurions peut-être pas besoin d'une allocation de 1,5 p. 100.
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Merci, monsieur le président.
Madame Fraser, soyez la bienvenue. Nous n'avons pas eu l'occasion de vous accueillir au comité l'année dernière; nous étions très occupés. Merci d'être des nôtres.
Pouvons-nous revenir quelque peu en arrière? Nous sommes ici pour procéder à un examen quinquennal. Que s'est-il exactement passé? Je n'y étais pas. Revenu Canada est passé du statut de ministère au statut d'agence. Quelle différence y a-t-il entre les deux? Nous procédons à l'examen quinquennal prévu dans la Loi sur l'Agence des douanes et du revenu, mais on dirait que nous cherchons toutes sortes d'excuses: les fonctions de recouvrement et de dotation en personnel sont en période transitoire; nous avons entendu les syndicats ici même, et ils contestent ce qui se fait en matière d'embauche et de licenciement, de promotion et de rétrogradation, ainsi que la suppression de certains éléments du service offert.
Nous donnons l'impression de présenter des excuses, et je me demande où cela va nous mener. La question à poser, c'est de savoir si nous allons réviser le mandat, ou si nous acceptons...? On a l'impression d'être devant un fait accompli et de devoir dire que nous allons effectuer la révision quinquennale et renouveler le mandat de l'Agence.
Je pense que la question est beaucoup plus vaste et beaucoup plus complexe que ce dont on parle ici. Est-ce que vous pouvez m'aider à ce sujet?
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Ce que je peux vous dire de façon générale, c'est que dans le secteur public, on a créé trois organismes qui ont, en quelque sorte, une structure différente de celle des ministères.
Je dirais que l'Agence du revenu est sans doute la plus particulière. À la place d'un ministère avec un sous-ministre qui fait rapport au Parlement par l'intermédiaire d'un ministre, on a ici un régime de reddition de comptes bien différent. On a un conseil de gestion avec des représentants du secteur non gouvernemental qui ont une responsabilité de surveillance du côté administratif — par opposition au domaine de la politique fiscale — et un commissaire qui a une responsabilité beaucoup plus spécifique, ou plutôt des responsabilités clairement définies par rapport à celles d'un sous-ministre, et qui bénéficie d'un régime de gestion des ressources humaines beaucoup plus souple que celui qui s'applique dans un ministère.
D'un côté, il y a davantage de souplesse, et de l'autre, il y a davantage de reddition de comptes. L'Agence doit produire un rapport de rendement qui fait l'objet d'une évaluation, et elle doit produire des états financiers vérifiés. Un certain nombre de conditions lui ont été imposées lors de sa création.
À mon avis, la différence la plus marquante dans le régime de gouvernance concerne le rôle du conseil de gestion et sa surveillance du secteur administratif. Évidemment, la Loi de l'impôt sur le revenu et la Loi sur la taxe d'accise n'ont pas changé; le changement concerne la façon dont ces mesures sont administrées. Je dirais que le Conseil de gestion porte plus d'attention qu'auparavant à l'administration des activités.
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Dans la vérification des radiations, nous avons parlé de comptes réputés irrécouvrables qui sont entièrement radiés. Des mesures pourraient être prises à l'avenir si ces comptes sont réactivés, mais l'Agence ne va pas poursuivre ses activités de recouvrement au même rythme.
L'année dernière, comme l'a mentionné M. Hood, on a radié un peu plus de 2 milliards de dollars, soit le double du montant radié des années précédentes. L'Agence s'est efforcée d'apurer les comptes et a invité les gens qui s'occupent des comptes à radier ceux qui sont réputés irrécouvrables.
Notre vérification précédente indique que le processus en place est suffisamment rigoureux et qu'il n'y a pas de radiations abusives, car c'est, évidemment, l'un des dangers dans toute administration fiscale. S'il y avait une faiblesse à ce niveau, quelqu'un pourrait procéder à des radiations abusives, mais notre vérification a été globalement positive quant à la structure mise en place. Nous avons dit — et c'est un problème récurrent — qu'il fallait améliorer l'information. L'Agence doit saisir l'importance des comptes connexes et de ce qu'ils impliquent. Ce genre d'information devrait lui permettre de progresser, car si certains comptes réapparaissent ou si les comptes de personnes de l'entourage d'un premier contribuable suspect sont signalés, l'Agence doit les surveiller plus étroitement.
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Merci, monsieur le président.
Je dépose cette motion en réaction à la multiplication des prêteurs sur salaire partout au pays et au manque de règlements appropriés pour protéger le consommateur dans ce domaine. Malgré une série de tentatives de collaboration entre les instances fédérales et provinciales, pour tenter de résoudre le problème et de mettre en place un cadre réglementaire, le problème reste largement inentamé. Aussi un certain nombre de provinces ont-elles commencé à se pencher de leur côté sur la question. Le Manitoba, notamment, envisage une loi pour contrôler les problèmes liés aux prêts à taux révisables; y figurent une définition des prêts sur salaire, des périodes de réflexion, etc. Le Manitoba envisage de confier le contrôle à une agence établie, en l'occurrence, la Régie des services publics du Manitoba.
Pour qu'une province comme le Manitoba puisse aller de l'avant, toutefois, il faut que le Code criminel soit modifié et l'article 347 mis de côté. Les provinces comme le Manitoba, qui ont déjà élaboré une loi et un plan de réglementation du secteur, ont déjà demandé à être exemptées des mesures s'appliquant aux prêts sur salaire dans le Code criminel. Il leur faut une action en retour au niveau fédéral.
Je demande donc simplement l'envoi à la Chambre d'une motion recommandant au ministre de la Justice d'amender le Code criminel aussitôt que possible pour ouvrir la voie à des provinces comme le Manitoba ou d'autres qui commencent à aller dans ce sens, comme la Colombie-Britannique.
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C'est une motion qui ressemble beaucoup à des motions précédentes, sous diverses formes.
À mon sens, c'est du théâtre, de la démagogie, bref, c'est tout sauf l'utilisation efficace du temps du comité.
Je remarque, tout d'abord, que la motion réclame la planification de séances télévisées. Allez savoir pourquoi. Moi qui suis innocent, je me le demande. Il veut ensuite entendre l'ancien ministre des Finances, c'est-à-dire sans doute Paul Martin, comme premier témoin. Là encore, je me demande pourquoi. Il réclame ensuite la présence de membres du conseil d'administration de la Canada Steamship Lines. Pourquoi? Là encore, je me le demande vraiment. Les membres du conseils d'administrations de CSL International... Hum. Y aurait-il anguille sous roche? Qu'en pensez-vous? Que dire d'André Lareau, avocat fiscaliste qui a publié dans ce domaine, du juricomptable, de la fiscaliste, tous s'étant déjà publiquement exprimés sur la question? Il se garde bien d'inviter un des pays de la Caricom. Il ne s'intéresse pas au haut-commissaire de la Barbade, de chaque côté...