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Merci, monsieur le président.
J'ai à ma droite ma collègue Corinne Pohlmann, directrice des Affaires nationales, et à ma gauche, Lucie Charron, notre économiste. Toutes deux ont beaucoup travaillé avec l'Agence du revenu, notre sujet d'aujourd'hui.
Cela fait 18 mois que nous attendons de pouvoir faire le présent exposé. Mais, comme nous avons été avertis jeudi seulement, nous ne disposons pas des détails que nous aurions souhaité vous fournir en matière d'exemples à jour. Toutefois, nous avons quand même le rapport qui, je l'espère, a été distribué. Il s'intitule l'Agence du revenu du Canada, Cinq ans après, Une évaluation de l'ARC par les petites entreprises.
Pour mettre les choses en contexte, disons d'abord que l'Agence du revenu touche chacun de nos 105 000 membres, pratiquement n'importe quelle entreprise, si bien qu'elle est une entité particulièrement importante pour nous. Dans le rapport que nous avons présenté en 2001, puis à nouveau en septembre 2004, nous avons évalué l'Agence du revenu, à sa demande.
Elle nous a demandé d'effectuer le second rapport et, comme l'indique la figure 1 à la page 2, nous avons demandé s'il y avait eu un changement du niveau de service au cours des cinq dernières années, depuis la création de l'Agence. Comme vous le constatez, il y a eu une certaine amélioration: 11 p. 100 des répondeurs estiment que le niveau de service s'est amélioré, 62 p. 100, qu'il est resté stable; 13 p. 100, qu'il a empiré; et 14 p. 100 ne se prononcent pas. C'est mieux que lors du sondage de 2001. Dans les Faits saillants, l'encadré sur fond gris de la première page, vous verrez que l'ARC s'est améliorée dans quatre domaines au cours des cinq dernières années: l'accessibilité du personnel, les connaissances que possède le personnel, la rapidité des réponses et la rapidité des remboursements. Malheureusement, pendant la même période, les niveaux de service de l'Agence du revenu du Canada ont baissé dans quatre autres domaines: la disponibilité des renseignements, la simplicité de ces renseignements, les interprétations communiquées de bonne volonté et le niveau des pénalités. Non contents de solliciter l'opinion de nos membres, nous avons également sondé des fiscalistes, puisqu'ils travaillent régulièrement avec l'ARC.
Si vous vous reportez à la page 4, vous y trouverez une liste de 17 indicateurs que nous avons retenus pour évaluer la qualité du service. Vu qu'il s'agissait alors de l'Agence des douanes et du revenu, trois des indicateurs ont trait aux douanes et ne sont plus pertinents. Je vais énumérer les autres: en ce qui concerne le personnel, l'accessibilité, les connaissances, le traitement par le personnel, la rapidité des réponses; en ce qui concerne les renseignements et formulaires: leur disponibilité, leur lisibilité et simplicité et l'accès aux renseignements sur le site Web; la troisième catégorie est l'interprétation des règlements; et la quatrième, les remboursements et pénalités. À la page 5, nous parlons du personnel et, comme vous pouvez le constater, nous présentons les résultats de l'évaluation des mêmes catégories par les propriétaires d'entreprises et les fiscalistes. L'accessibilité du personnel figure au premier rang des préoccupations, 39 p. 100 estimant qu'elle est médiocre et 12 p. 100, qu'elle est bonne. Pour la rapidité des réponses, un tiers des membres l'estiment médiocre et 13 p. 100 l'estiment bonne; par contre, du côté des fiscalistes, 1 fiscaliste sur 2 estime que la rapidité des réponses est médiocre. Toujours chez les fiscalistes, 43 p. 100 estiment que l'accessibilité du personnel est médiocre. Vient ensuite un domaine où nous estimons que l'Agence devrait faire des efforts: la lisibilité et la simplicité des renseignements. C'est un élément que 42 p. 100 de nos membres estiment médiocre, contre 6 p.100 qui l'estiment bon; quant aux fiscalistes, les experts, ils sont presque 40 p. 100 à dire qu'il est médiocre, contre 8 p. 100 qu'il est bon. Quant à la disponibilité des renseignements, 1 fiscaliste sur 4 l'estime médiocre.
À la page suivante, nous parlons des décisions et des règlements, autre domaine où les gens estiment qu'il y a des progrès à accomplir: 60 p. 100 des fiscalistes estiment que la vitesse des décisions et des interprétations est médiocre, contre 3 p. 100 qui l'estiment satisfaisante; 45 p. 100 estiment que le service est médiocre pour ce qui est de la bonne volonté à fournir des interprétations. En ce qui concerne les remboursements et les pénalités, la rapidité des remboursements s'est accrue, mais le niveau des pénalités est jugé médiocre à la fois par les fiscalistes et par les propriétaires d'entreprise, 70 p. 100 estimant que ce niveau a augmenté.
L'encadré gris à la page 7 présente les changements entre 2001 et 2004. Nous présentons les catégories et précison s'il y a eu amélioration ou détérioration. Là encore, on constate que la disponibilité des renseignements s'est détériorée, d'après les propriétaires d'entreprises comme d'après les fiscalistes. Même chose pour la lisibilité et la simplicité des renseignements.
Je passe sur tout cela au galop, mais je voudrais aussi parler de la performance des vérificateurs, aux pages 8 et 9. Elle s'est améliorée, ce que je tiens à souligner. Selon les commentaires que nous avons eus, ils connaissent mieux leur matière, sont professionnels et plus courtois qu'autrefois. Toutefois, le temps qu'il faut consacrer aux vérifications est passé de 6,6 jours à près de 9.
Enfin, je voudrais parler d'un élément particulièrement important. Les coûts de la conformité. L'énorme volume de paperasserie requis pour respecter les mesures de fiscalité est le premier des éléments faisant du respect de la loi un fardeau, comme l'affirment à la fois les fiscalistes et les propriétaires d'entreprise. Le coût moyen du respect des mesures fiscales pour une petite entreprise est de 3 000 $ par employé.
Monsieur le président, je voudrais ajouter, en cerise sur le gâteau, la figure 14, où il est indiqué que, selon 71 p. 100 des fiscalistes, les coûts de la conformité aux exigences fiscales pour les PME ont augmenté au cours des cinq dernières années. Or, l'un des mandats de l'ARC est d'améliorer le service et de réduire les coûts de la conformité.
Le dernier point que je souhaite aborder est la mesure substitutive. Nous l'avons présentés à l'Agence et au commissaire. Cette mesure substitutive porte sur le coût de la perception des impôts, autrement dit le coût par dollar d'impôt recouvré. À ce chapitre, vous constaterez que les coûts sont en fait un peu plus élevés qu'avant la création de l'Agence: environ 2 cents par dollar d'impôt perçu, alors qu'il est de 1 cent en Australie.
En ce qui a trait aux recommandations, nous estimons que l'ARC fasse du service une priorité majeure — je sais que le commissaire a comparu hier et qu'il a présenté ses trois priorité, mais il ne s'agissait pas du service. Nous pensons aussi que l'ARC devrait faire de la réduction des coûts de la conformité une priorité de premier plan. Elle devrait mesurer les fardeaux imposés par la paperasserie et la conformité, fixer de véritables objectifs et présenter à tous les ans au comité un rapport sur ses progrès. Nous estimons qu'il faudrait établir des normes en matière de service à la clientèle et améliorer le code de conduite, comme cela s'est fait en Colombie-Britannique.
Nous avions l'intention de vous remettre un exemplaire de ce code de conduite, mais nous ne l'avions pas dans les deux langues. Toutefois, il sera traduit pour vous. On y trouve des mesures que le ministère pourrait adopter et qui, selon moi, pourraient même être améliorées. C'est en fait une amélioration des codes de conduite au chapitre de l'équité et des droits des clients. Nous pensons qu'il serait bon d'avoir une approche plus proactive pour communiquer les changements apportés aux lois fiscales.
Nous serons heureux de parler de la TPS à la période de questions, c'est un domaine où nous avons eu une collaboration particulièrement fructueuse avec l'Agence et nous nous sommes penchés sur les mesures nécessaires pour réduire la TPS en juillet. Nous y avons travaillé avec l'Agence et avons transmis les renseignements appropriés aux membres de notre association. Nous pensons que c'est une approche digne d'intérêt.
Notre but est de respecter le code fiscal. Nous pensons qu'il joue un rôle crucial dans le développement économique du pays et la croissance des petites entreprises. Nous pensons qu'il s'est amélioré, mais que beaucoup reste à faire.
Merci, monsieur le président.
Cela ne répond pas complètement à votre question, monsieur.
Nous avons fait circuler les renseignements: on les trouve dans notre site Web. Nous avons une ligne d'aide. C'est un bon exemple de ce qu'il faut faire pour communiquer des renseignements rapidement. Dans le site Web de l'ARC, il était très difficile de trouver ces renseignements d'emblée. Nous avons simplifié les choses.
Ensuite, nous comptons effectuer un sondage auprès de nos membres et voir comment les choses se seront passées. Pour l'instant, nous avons assez peu de réaction. Je pense que les gens se préparent à faire ce qu'il faut. Un 1er juillet, c'est difficile, mais je pense qu'ils sont prêts.
Je voudrais aussi souligner combien nous avons apprécié les actions du ministère. Qui plus est, c'est un bon exemple où le ministère des Finances a adopté une politique puis a demandé à l'Agence du revenu du Canada de la mettre en oeuvre. Nous voulons souvent voir les deux entités travailler de concert, car il est terrible de voir une politique mal appliquée. On a beau être en faveur d'une réduction de 1 p. 100 de la TPS, si on ne sait pas comment procéder, si on n'est pas sûr d'avoir le temps, cela peut s'avérer un désastre. C'est donc un excellent exemple de collaboration de la part des trois parties concernées.
Enfin, nous avons demandé à nos membres à qui ils s'adressaient pour avoir des renseignements et des conseils importants pour leur entreprise. Le gouvernement figurait très bas dans la liste de leur choix, à peine au-dessus de « autres ». Nos membres s'adressent à leurs fournisseurs, à leurs conseillers et à leurs associations professionnelles. Par ailleurs, les petits cabinets de comptables utilisent notre liste et la distribuent à leurs clients.
Toujours est-il que c'était un bon exemple de collaboration. Nous allons effectuer un suivi pour savoir jusqu'à quel point les gens sont préparés.
Nous avons aussi fait paraître des annonces dans les médias, environ 150, notamment dans tous les journaux des campagnes, pour faire connaître les mesures à prendre.
Je pense que nos membres sont prêts. En tout cas, nous n'avons pas de mauvais échos.
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Tout d'abord, les six pires résultats dépendent à présent des douanes. Nous avons d'ailleurs une autre présentation à faire, maintenant qu'existe une agence des douanes. Comme vous le voyez à la rubrique 5, il y en a six... C'était autrefois l'Agence des douanes et du revenu du Canada, mais c'est maintenant l'Agence du revenu du Canada. Quand nous avons rédigé le document, nous pensions que les douanes feraient encore partie de l'agence; ce n'est pas le cas; donc six catégories ne sont plus pertinentes.
Deuxièmement, même si l'agence s'est améliorée, elle laisse encore beaucoup à désirer. Prenons comme exemple l'accessibilité du personnel. À la page 5, on constate qu'elle s'est améliorée; n'empêche que 43 p. 100 des répondants estiment qu'elle est médiocre, contre 12 seulement qui l'estiment bonne.
Je dirais donc que le niveau de service dans son ensemble s'est amélioré; vous trouverez cela à la figure 2, page 3. La question portait sur le niveau de service de l'ARC au cours des deux et des cinq dernières années; les réponses de 2004 montrent que le service s'est amélioré par rapport à 2001. Il y a donc bien une amélioration, généralement parlant. La figure 1, elle-même, qui parle du changement du niveau de service, montre une certaine amélioration depuis 2001. Il n'en reste pas moins des problèmes majeurs à régler dans chaque catégorie, notamment la visibilité et la disponibilité des renseignements, la promesse de réponse, les pénalités... Les résultats sont donc mitigés. Si je devais noter l'agence, je lui donnerais un C moins, mais ce serait avec un F dans certaines catégories et un B dans d'autres.
Un député: Vous ne faites pas de cadeau.
M. Garth Whyte: Pas de cadeau, vous devriez voir leur bulletin de notes pour le budget.
Des députés: Oh, oh!
M. Garth Whyte: J'espère que vous voudrez bien lui accorder quelques minutes supplémentaires, monsieur le président, vu que je lui en vole. Je voulais toutefois préciser une chose. Il fût un temps, à l'époque de l'introduction de la TPS, où l'ARC refusait de nous parler et nous de lui parler. Depuis, nos rapports se sont beaucoup améliorés et sont très satisfaisants, notamment au niveau de la haute direction. L'agence a conscience d'une bonne part des problèmes que nous soulignons ici et elle sait qu'il faudra les régler. Je voulais juste le préciser. Les rapports de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante avec l'Agence du revenu du Canada se sont beaucoup améliorés au fil des années.
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Effectivement, il y a eu des mesures.
Je veux vous remercier de votre excellente question, que je n'ai même pas eu à vous souffler avant la réunion.
Dans notre rapport, nous avons chiffré les coûts d'ensemble moyens pour des entreprises ayant de 12 à 15 employés, mettons. Ils s'élèvent à environ 18 000 $. Dans une très petite entreprise, ils atteignent 3 300 $ par employé. Et c'est un rapport rédigé en 2004.
Nous avons effectué une étude originale, Dossier « R »: La prospérité ligotée par une réglementation excessive, qui porte sur le fardeau administratif imposé par toutes les instances gouvernementales — le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les municipalités. Nous pensons que c'est un problème majeur auquel devrait s'attaquer le gouvernement minoritaire de maintenant. Quand nous avons effectué l'étude, nos chercheurs ont pris une formule qui s'étalait sur 15 pages et nous les avons amenés à la condenser en une page. Nous avons travaillé avec des gens de Statistique Canada et du Bureau du Conseil privé qui se sont penchés sur notre méthodologie et l'ont approuvée. En nous penchant seulement sur les entreprises, nous avons chiffré à 33 milliards de dollars par an le fardeau de la paperasserie et de la conformité aux règlements.
Nous avons distribué une page du rapport en question, où figure les règlements fédéraux les plus lourds. Vous constaterez que les quatre premiers dépendent tous de l'Agence du revenu du Canada. Ainsi, la TPS-TVH figure au premier rang des règlements fédéraux les plus nuisibles, 71 p. 100 des gens y voyant un fardeau important; 60 p. 100 ont mentionnés les charges sociales (RPP, RRQ et AE); en troisième lieu viennent les impôts sur le revenu, avec 57 p. 100 des gens qui les estiment pesants. Si vous ajoutez à cela les changements de réglementation, leur complexité, l'incertitude et l'absence d'interprétation, vous constatez que le fardeau de conformité est particulièrement pesant. Les coûts et les décisions de conformité sont plus ardus, ce qui amène une incertitude. Quand il y a de l'incertitude, cela nuit à la productivité et à la croissance.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bon après-midi, monsieur Whyte. Nous nous sommes déjà rencontrés, et je trouve toujours mon profit à écouter vos propos.
Pour votre gouverne, si vous souhaitez nous faire parvenir certaines de vos études ou d'autres considérations sur des sujets qui retiennent votre attention, vous devriez en aviser notre comité.
Vous étiez sans doute au courant du fait que nous étudions l'ARC. Nous avons peut-être décidé cela à la dernière minute, mais vous auriez quand même pu nous fournir certains renseignements, car vous connaissez mieux certains sujets que nous, de part vos contacts suivis auprès des gens. Par conséquent, nous vous serions reconnaissants de nous faire parvenir des documents le cas échéant, par l'entremise de notre greffière.
La plupart de mes questions ont déjà été posées par mes collègues. Je ne vais pas me lancer dans une discussion politique, mais j'aimerais simplement savoir pourquoi vos propriétaires d'entreprise trouvent un avantage quelconque à obtenir une réduction de la TPS? À la rigueur, je comprends cela pour un détaillant, mais pas pour un propriétaire qui vend et achète, car les avantages pour lui sont nuls, puisqu'il s'agit d'une taxe à la consommation et pas nécessairement d'une taxe d'affaires. De toute manière, les propriétaires se font rembourser en fonction de leurs intrants.
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Cela a parfois été fait, et il a été difficile de mettre les gens au courant. L'ARC s'efforce vraiment de le faire, cependant. Elle comptait naguère un comité consultatif sur la petite entreprise. La question a tellement d'importance à nos yeux que nous en avons fait une de nos grandes priorités. Nous avons rédigé un rapport d'envergure et l'avons distribué dans l'ensemble du pays.
En collaboration avec Industrie Canada, je préside un comité qui a pour objectif de réduire la paperasserie administrative et, à mon avis, l'ARC devrait faire de même. Le comité établit un processus en 10 étapes qui s'inspire de ce que font d'autres pays, d'autres provinces, comme le Québec et les Pays-Bas, afin de voir ce qui fonctionne ailleurs.
Ce que fait ce rapport, dont je peux d'ailleurs fournir une copie au comité, est de prioriser cette question. Pour cela, il faut s'engager à long terme, se fonder sur une conception partagée et pouvoir compter sur des défenseurs qui insisteront pour que la question reste d'actualité.
En second lieu, il faut pouvoir mesurer les choses, sinon on demeure incapable d'améliorer quoi ce soit.
Troisièmement, il faut se fixer des cibles. Ainsi par exemple, notre rapport précisait que nous voulions faire passer de 40 p. 100 à 20 p. 100 le nombre de gens qui se plaigne du manque de lisibilité et de simplicité des renseignements. Or, il y a des créneaux précis où l'on peut agir en ce sens. Nous pouvons vous en donner des exemples; il y en a d'ailleurs beaucoup, bien que nous ne voulions pas consacrer tout le temps de la réunion à cela.
Enfin, plutôt que d'encourager une mutation de la culture de l'entreprise, nous estimons qu'il faut établir des priorités au sein de la commission, préciser que nous allons veiller à ce que le service à la clientèle soit amélioré, et cela, même s'il est satisfaisant. Il faut que les contribuables soient mis au courant de leurs droits en tant que consommateurs. Il faut qu'on leur dise, par exemple, qu'ils ont le droit de faire appel et d'être avisé. On pourrait aussi lier à cela quantité de questions connexes.
Il y a donc pas mal de choses que nous pouvons faire à notre avis.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Au nom de l'Alliance de la fonction publique du Canada, permettez-moi d'abord de vous remercier de nous inviter à prendre la parole.
Je suis accompagné de Betty Bannon, présidente nationale du Syndicat des employés et des employées de l'impôt.
Merci encore une fois de nous avoir invités cet après-midi.
L'ARC forme une partie importante des activités et de la structure du gouvernement. Elle représente l'un des éléments les plus clairement définis du gouvernement et, malgré son mandat, est bien respectée par la majorité des Canadiennes et Canadiens. Cette situation est en grande partie attribuable aux compétences, au travail soutenu et au dévouement des 26 000 membres du SEI-AFPC qui travaillent pour l'ARC.
D'entrée de jeu, j'aimerais affirmer que si cet examen, bien que pertinent et exigé par la loi après cinq ans, donne lieu à une restructuration en profondeur de l'ARC, il nuirait à l'AFPC, à son élément, le Syndicat des employés de l'impôt et aux milliers de membres travaillant pour l'ARC que nous avons le privilège de représenter. Je précise tout de suite que je reconnais que le gouvernement a le droit de réorganiser ses activités. Toutefois, l'exercice de ce droit devrait être modéré. La modération s'impose dans le cas de l'ARC, en raison de l'ampleur et de la complexité de la restructuration à l'origine de sa création il y a un peu plus de cinq ans. Certaines questions importantes liées aux ressources humaines ne sont toujours pas réglées, questions que j'aborderai dans quelques instants.
Les membres du Comité doivent comprendre que l'adoption de la loi ayant créé l'ADRC ne constituait pas l'aboutissement du processus. L'effectif de l'ADRC représenté par les deux éléments qui sont le SEI et CEUDA avait été transféré du Conseil du Trésor à l'ADRC. Le processus d'accréditation avait duré 18 mois complets et avait coûté des dizaines de milliers de dollars aux membres. Plus important encore, l'AFPC n'était pas en mesure, pendant cette période, d'exercer pleinement ses droits de négociation collective. Je m'explique.
Lors de nos négociations avec la direction de l'ADRC, nous avions conclu un accord, lequel était considéré par la Commission des relations de travail de la fonction publique comme une entente sur les conditions d'emploi, et non comme une convention collective négociée. Heureusement pour nous, l'accord avait été conclu à la table! Comme nous n'étions pas accrédités en vertu de la LRTFP, nous ne pouvions déclarer de grève ni demander l'aide d'une tierce partie par l'entremise d'une commission de conciliation.
Il y a inévitablement des conséquences à toute restructuration, particulièrement lorsqu'elle vient changer l'employeur officiel de l'effectif d'un ministère ou d'une agence. Comme les membres du Comité le savent, malgré son existence relativement récente à titre d'agence autonome, l'ADRC a connu une réorganisation considérable en soi. En effet, le 12 décembre 2003, la fonction douane a été confiée au ministre de la Sécurité publique et de la protection civile. Peu importe notre position quant à la pertinence d'une telle restructuration, cette situation a eu des répercussions importantes sur la vie professionnelle et les droits acquis des membres qui ont été transférés à l'Agence des services frontaliers du Canada et de ceux qui sont demeurés à l'Agence du revenu du Canada, dont la portée a été restreinte.
Dans son rapport intitulé Les cinq premières années, l'ARC a déclaré:
En 2003, l'Agence a entrepris l'élaboration d'une nouvelle norme de classification pour le groupe de la Réalisation des programmes et des services administratifs (SP), auquel appartiennent environ 75 p. 100 des employés de l'ARC. Cependant, les travaux ont été suspendus temporairement après l'annexion des douanes à la nouvelle Agence des services frontaliers du Canada.
Mis à part le fait qu'à notre avis, ni l'ARC ni le gouvernement fédéral n'a bougé assez rapidement pour actualiser un système de classification carrément désuet, il est clair que la réorganisation au sein des ministères et des agences retarde ce processus, ce qui n'est pas sans conséquences négatives importantes sur les travailleuses et les travailleurs que nous représentons.
J'ai affirmé dès le départ que les gouvernements ont le droit de réorganiser leurs activités. Or, outre les incidences tangibles qui découlent de la restructuration — notamment celles que j'ai mentionnées dans le cas de l'ADRC, de l'ARC et de l'ASFC — les membres ont vivement l'impression qu'il n'y a aucune stabilité au sein de la structure administrative du gouvernement et que le changement constant mine le moral et l'efficacité des institutions publiques.
Par conséquent, nous encourageons fortement le gouvernement — particulièrement un gouvernement minoritaire — à prendre du recul et à assurer une période de stabilité à certains organismes, comme l'ARC, ayant vécu une réorganisation. Cette période permettra de terminer les processus inachevés, y compris la classification, qui sont à la fois nécessaires et souhaitables.
Cela dit, il y a des questions à plus petite échelle sur lesquelles on peut et devrait agir. Je ferai d'abord quelques commentaires sur la négociation collective, puis Betty Bannon parlera brièvement des relations patronales-syndicales, plus particulièrement des questions de dotation et des recours en matière de dotation.
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D'abord, sachez que je suis employée de l'ARC et que je suis depuis 34 ans au service de Revenu Canada, de l'ADRC puis de l'ARC. Comme travailleuse de première ligne et comme présidente nationale du SEI, j'ai vu de mes yeux ce qu'il y a de plus beau et de plus laid, tant au ministère qu'à l'Agence. D'ailleurs, l'un des députés ici présents a été mon ministre.
J'en étonnerai peut-être certains, mais j'admets que nos relations avec l'ARC sont assez bonnes, même meilleures qu'elles l'étaient lorsque Revenu était un ministère fédéral. Cela étant dit, je me dois de souligner que l'Agence n'est pas l'employeur de choix qu'elle prétend être dans un secteur bien particulier, la dotation et le recours en matière de dotation. C'est ce que j'ai vu de plus laid, et vu le temps qui m'est accordé, c'est là-dessus que j'insisterai aujourd'hui.
Aux termes de l'article 54(1) de la Loi sur l'Agence des douanes et du revenu du Canada, l'Agence doit élaborer un programme de dotation en personnel régissant notamment les nominations et les recours offerts aux employés lorsque le processus déraille. La loi stipule également que sont exclues du champ des conventions collectives toutes les matières régies par le programme de dotation en personnel.
Malheureusement, les directives de l'ARC sur la dotation manquent de transparence quand il s'agit des nominations et ne prévoit aucun recours véritable. Nous avons été témoins de certains problèmes que je voudrais aborder cet après-midi.
Ce que nous constatons jusqu'à présent, c'est que l'ARC refuse de mettre en application des recommandations des tierces parties et conteste leur autorité lorsque les décisions exécutoires vont à l'encontre de ses directives. Dès qu'une interprétation donne plus de poids aux droits des employés, l'employeur modifie la directive pour limiter ces droits de nouveau.
Mon nom est Michèle Demers. Je suis la présidente de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada et je représente entre 10 000 et 10 500 professionnels de l'Agence du revenu du Canada.
M'accompagnent aujourd'hui M. Réal Lamarche, qui est le président du groupe des vérificateurs et autres professionnels de l'agence, ainsi que M. Michel Charette, qui est le négociateur pour l'Institut professionnel.
Je serai brève, monsieur le président. Je veux tout simplement partager avec vous le fait que, à titre de présidente et, avant 2005, de vice-présidente, ce que j'ai entendu de la part des membres de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada à l'Agence du revenu, c'est un cri du coeur, tant du côté des employés que du côté de la gestion, relativement au système de dotation et de recours.
C'est une responsabilité pour laquelle l'agence se donne un très bon bulletin dans le rapport qu'elle vous soumis. Or, nous sommes totalement en désaccord avec elle sur ce point. Je suis d'accord avec Mme Bannon et avec John Gordon pour dire que ce qu'il y a de plus criant au niveau de la gestion des ressources humaines et qui a besoin d'être remis sur les rails, c'est toute la question de la dotation et des recours.
Je vais passer la parole à M. Lamarche, qui poursuivra notre présentation.
Ma présentation portera spécifiquement sur deux points: la dotation et les recours. L'article 54 de la Loi sur l'Agence de revenu du Canada porte sur les nominations et les recours offerts aux employés. L'Institut professionnel allègue que l'agence n'a pas respecté cette obligation. L'agence a mis en place un système qui s'est avéré un fiasco. C'est un système qui oblige même les gestionnaires a trouver d'autres moyens que le système en place. Le processus de sélection de l'agence n'est pas universel. Dans la région d'Ottawa, seulement 1 p. 100 des concours ont été faits en fonction du processus que l'agence a mis en place. C'est un système qui crée de la frustration.
Un étude interne de l'agence révèle que 75 p. 100 des employés croient que le processus de sélection doit être amélioré, qu'il n'est ni équitable ni transparent.
Ce système devait être plus efficace et rapide; ce n'est pas le cas. En guise d'exemple, je vous parlerai de deux concours tenus à Montréal et à Toronto afin de combler des postes dont l'agence a besoin. Ces concours ont débuté il y a 8 ou 10 mois, et aucune nomination n'a encore été effectuée.
Le coût de la mise en place de ce système est énorme, faramineux. Nous l'évaluons à 50 millions de dollars.
[Traduction]
Je vais passer à l'anglais pour les commentaires sur le recours.
L'Institut professionnel s'inquiète avec raison du processus de recours mis sur pied par l'Agence. À notre avis, le recours doit être assuré d'une façon qui permette l'annulation ou la modification de la mesure de dotation. Tout système de recours qui se tient- doit respecter le principe de la justice naturelle, le principe le plus important étant clairement le droit à la représentation.
De plus, nos membres et représentants signalent souvent qu'ils s'inquiètent du processus de divulgation de l'information, qui semble être appliqué de façon inégale et peu opportune.
Il y a déjà six ans que nous soulevons nos préoccupations à l'égard du processus de divulgation et nous reconnaissons que l'ARC a finalement décidé d'ouvrir le processus en principe, ce qui pourrait permettre d'améliorer les méthodes utilisées pour la divulgation de l'information. Nous verrons avec le temps si la pratique sera aussi plus ouverte. J'espère que vous nous pardonnerez notre doute compte tenu des antécédents de l'Agence en matière de recours.
Bref, l'Institut professionnel demande au Parlement d'enjoindre à l'Agence du revenu du Canada de respecter ses obligations en vertu de l'article 54.
La question s'adressait à l'Alliance, alors j'y répondrai.
Certaines fonctions qui ont été centralisées sont notre service de la rémunération, c'est-à-dire nos ressources humaine; les centres d'appel, pour les recouvrements, les formulaires et l'information; nos entrepôts, qui sont passés d'environ 17 à deux, et ce genre de choses.
Les centres de rémunération, par exemple — et je vais vous donner des exemples de certaines problèmes que nous avons avec ces centres — se trouvent maintenant à deux endroits — il y en a un à Ottawa et un autre à Winnipeg. Si vous avez un problème avec votre paie, vous devez téléphoner à quelqu'un qui se trouve soit à Winnipeg, soit à Ottawa, alors que vous êtes à Shawinigan. Les gens n'aiment pas beaucoup avoir des problèmes avec leur paie. Je suis sûre que vous ne seriez pas très heureux si vous ne receviez pas votre chèque de paie ou s'il manquait 400 $ sur votre chèque ou qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Avant la centralisation, chaque bureau avait des gens qui offraient un service de rémunération sur place. Il était donc possible d'aller les voir pour leur parler de votre prochaine retraite, de parler de certaines choses que vous deviez faire, du montant de votre pension, et de ce genre de chose. Ce n'est plus possible maintenant. Il faut désormais téléphoner à quelqu'un qui se trouve soit à Winnipeg, soit à Ottawa.
On nous a dit que nous avions auparavant un service de première classe et qu'ils n'étaient plus disposés à offrir ce service de première classe à nos membres. Nous disons que la première fois qu'une erreur est commise sur votre chèque de paie, nous voulons être là et nous voulons voir qui réglera le problème. Je ne pense pas qu'ils vont téléphoner à Ottawa ou à Winnipeg.
Nous avons beaucoup lutté contre ces centralisations par le passé. Les RH sont là pour offrir un service à leurs clients qui sont nos membres, et à la direction également. Nous ne sommes pas en faveur de la centralisation et nous l'avons déjà dit par le passé. J'ai cité comme exemple la rémunération.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Et merci pour tous les exposés qui ont été présentés aujourd'hui.
À moins que je fasse erreur, je pense que je peux dire avec confiance que pour tout ce qui a été dit, vous devez être félicités, car vous êtes le premier groupe qui est en fait venu faire une recommandation pour modifier le projet de loi et la loi que nous sommes ici pour examiner. Malheureusement, cela découle de nombreux problèmes — et je vais vous en parler.
Madame Bannon, vous avez fait une déclaration générale, et je cite à partir de votre document: « ... mais j'admets que nos relations avec l'ARC sont assez bonnes, même meilleures qu'elles l'étaient lorsque Revenu était un ministère fédéral ».
Je suppose que cela veut dire exactement ce que cela dit, que les choses se sont améliorées, qu'elles se sont améliorées considérablement par rapport à ce qu'elles étaient auparavant, et que de façon générale vous avez tout au moins un rapport qui peut fonctionner, mais il reste que vous avez toujours certains problèmes considérables.
Je voudrais reprendre ce que M. Dykstra disait, je crois, au sujet d'une tierce partie, si on se reporte à l'article 59, où il est stipulé qu'il doit y avoir un examen indépendant. Dans l'un des exposés qui a été présenté ici — il y en a trois qui ont été présentés, mais si je peux les considérer en bloc, que n'importe lequel d'entre vous se sente bien libre de répondre à ma question — on souligne que le processus n'a pas été suivi comme il devait l'être — je crois que c'est une allégation que l'on retrouve ici — et que plutôt que de choisir au hasard des employés pour les interviewer, vous laissez entendre que les gestionnaires choisissent certaines personnes pour les interviewer. À moins que j'aie mal compris le document.
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Je peux essayer de vous répondre.
Je suis l'adjoint exécutif auprès du président national et expert-conseil principal du syndicat dans nos discussions avec l'Agence.
Le plus gros problème, c'est qu'à défaut de pouvoir négocier, l'employeur, c'est-à-dire l'Agence du revenu du Canada, a le droit unilatéral et illimité de fixer les règles. Quand on s'élève dans l'échelle des recours — la représentation syndicale n'est pas permise aux deux premiers niveaux — et qu'on tente une incursion, l'Agence a le pouvoir illimité de modifier la politique d'un trait de plume. À défaut de pouvoir négocier des règles que tout le monde devra observer, ou de négocier des changements, nos employés se retrouvent en fait privés de voies de recours. Ils n'ont pas de véritables voies de recours.
Comme vous le verrez dans notre mémoire, même lorsque nous obtenons gain de cause devant les tierces parties, qui sont choisies par l'Agence sans que nous soyons consultés et sans que nous puissions nous prononcer sur leur choix, et que ces tierces parties nous donnent gain de cause, aucune règle n'oblige l'employeur à se conformer aux recommandations exécutoires de ces parties. En fait, au lieu de soulever ces problèmes avant qu'il faille recourir aux tierces parties, nous passons du temps à la division de première instance et à la division d'appel de la Cour fédérale pour contester des décisions de dotation dans la fonction publique. Et nous sommes accueillis assez fraîchement par la Cour fédérale. Les juges ont d'autres chats à fouetter que de déterminer si John Smith de Terre-Neuve ou Sylvie Lefebvre du Québec a obtenu une nomination de PM2 à PM3. Mais nous n'avons d'autre choix que de mener bataille devant les tribunaux.
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En ce qui concerne les modifications à la loi, j'aimerais préciser que s'il était possible de négocier la dotation et le recours, nous pourrions au moins nous asseoir à table pour soulever les problèmes et faire valoir l'opinion des membres de l'institut. Actuellement, ce lien n'existe pas. On nous consulte en nous envoyant un bout de papier, mais en fin de compte, les enjeux ne sont pas négociables, et ces gens font exactement ce qu'ils veulent.
On a une recommandation précise, plus technique, concernant ce que j'appelle la « clause grand-père ». En 1999, on a reconnu que tous les employés avaient la compétence nécessaire pour faire leur travail. Cependant, on n'a pas reconnu le profil des compétences relatif à leur poste. Si, en 1999, l'agence l'avait reconnu, le chaos actuel n'existerait pas. Les employés doivent maintenant se requalifier à l'égard de leur propre poste.
En vertu de la « clause grand-père », il serait possible de reconnaître qu'un employé possède le profil des compétences associé à son poste d'attache. Dans le cas d'une personne voulant être promue à un poste supérieur, on pourrait évaluer si elle a ce qu'il faut pour occuper le poste en question. On a fait la recommandation en 1999, et on l'a probablement répétée 12 fois par année depuis ce temps. Il reste que pour le moment, on n'a pas ce genre de pouvoir. Si la loi est modifiée et qu'il devient possible de négocier la dotation, nous pourrons faire avancer ce genre de dossier et soumettre des allégations.
À l'heure actuelle, on ne nous reconnaît aucun pouvoir en ce qui a trait aux décisions en matière de dotation et de recours. Dans la majorité des cas, même les gestionnaires conviennent avec nous que la lourdeur du processus les empêche de choisir le meilleur candidat possible. S'il nous était possible de disposer d'un certain pouvoir, nous pourrions nous asseoir à la table de négociation et être écoutés. Nous pourrions, à mon avis, proposer des mesures constructives et essayer de résoudre le chaos actuel.