:
Je déclare la séance ouverte.
J'invite les témoins à s'avancer.
[Français]
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous tenons une séance d'information sur les frais d'utilisation des guichets automatiques et des paiements électroniques.
[Traduction]
Je vous souhaite la bienvenue et je vous remercie d'être ici.
Comme on vous l'a déjà dit, vous disposerez chacun de cinq minutes pour votre exposé. Je vous ferai signe lorsqu'il ne vous restera plus qu'une minute. Je vais devoir vous interrompre au terme des cinq minutes, et nous passerons ensuite aux questions des membres du comité. Je vous remercie encore une fois de prendre le temps d'être avec nous aujourd'hui; nous vous en sommes très reconnaissants.
Avant que nous commencions, je veux préciser que nous allons consacrer une heure au premier groupe de témoins, qui nous parleront des guichets automatiques, et une autre heure au deuxième groupe de témoins, qui discuteront avec nous des paiements électroniques. La séance sera donc un peu longue. La semaine prochaine, nous nous pencherons sur le Budget des dépenses. Après la semaine de congé, nous reprendrons notre discussion sur les sujets d'aujourd'hui.
Nous allons entendre en premier lieu, M. Raymond Protti, président et chef de la direction de l'Association des banquiers canadiens. Je crois savoir que M. Protti quittera bientôt ses fonctions. Je lui souhaite la bienvenue au comité.
Vous avez cinq minutes, monsieur.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je suis accompagné par Karen Michell, qui est vice-présidente des opérations bancaires et qui connaît et comprend bien le réseau des guichets automatiques.
Vous avez tout à fait raison, monsieur le président. Après plus de 39 ans de service, ce sera ma dernière comparution devant le Comité des finances. Je dois dire que j'ai toujours été reçu avec la plus grande courtoisie par les membres du comité. Je tiens d'ailleurs à vous en remercier ainsi que les autres députés qui ont déjà siégé au comité. Je vous souhaite tout ce qu'il y a de mieux pour votre étude actuelle et vos futurs travaux.
Je vais respecter les cinq minutes qui me sont accordées.
Vous avez reçu de la part de la greffière des documents totalisant 38 pages, qui décrivent un grand nombre des caractéristiques du réseau des guichets automatiques.
Si vous le voulez bien, je vais passer en revue le document constitué de diapositives. Je m'excuse à l'avance du fait que je serai bref. Je vais simplement vous signaler certaines des caractéristiques du réseau actuel.
Je vous demanderais d'aller à la deuxième diapositive, intitulée « Concurrence, choix, accès et commodité ».
Je me souviens très bien de l'époque à laquelle j'ai commencé à travailler comme économiste à la Banque du Canada. Il n'existait alors qu'une seule façon de retirer de l'argent. Je devais me rendre à ma succursale, rue Sparks, entre 10 heures et 15 heures, du lundi au vendredi. Je n'avais pas d'autres choix.
Aujourd'hui, nous avons accès à un réseau de 6 000 succursales. Il existe maintenant près de 16 000 guichets automatiques appartenant à une banque, 35 000 guichets automatiques non bancaires, ce qui constitue bien entendu un nombre très important, et 571 000 installations de paiement direct dans les commerces de détail — une augmentation fulgurante. Et à cela s'ajoutent bien sûr les services bancaires par téléphone et par Internet. C'est donc dire qu'au cours des 40 dernières années, ce secteur a explosé.
Si vous examinez le graphique de la page 3, vous constaterez que les consommateurs canadiens bénéficient du meilleur accès aux guichets automatiques dans le monde. Ce graphique parle de lui-même. Quant aux États-Unis, ils se classent au troisième rang, et le Royaume-Uni, auquel on nous compare souvent, occupe le 22e rang.
Passons maintenant à la page 4. Je ne vais pas m'attarder sur cette page, parce qu'il existe différents types de réseaux de guichets automatiques. Chacune des grandes banques canadiennes exploite son propre réseau de guichets automatiques, qui est un canal de distribution à l'intention de ses clients. Les banques investissent dans leur propre réseau, et lorsque leurs clients utilisent un guichet de ce réseau, les transactions qu'ils effectuent se font dans une infrastructure fermée et ils ne paient aucun frais.
Le schéma présenté à la page 5 est complexe. Je ne vais pas vraiment en parler, mais si vous voulez qu'on y revienne, Mme Michell et moi-même serons ravis de le faire. Ce schéma illustre le déroulement d'une transaction faite à un guichet automatique d'une banque par des non-clients. Il s'agit d'un processus complexe, mais qui fonctionne bien. On appelle cette opération une transaction de retrait à un guichet automatique partagé. Je ne vais pas en dire plus long là-dessus, mais je serai ravi plus tard de vous en faire une description plus détaillée si vous le souhaitez.
Allons maintenant à la page 6. Je veux parler brièvement du fait que nous disposons d'un réseau à faible coût, qui repose sur le principe de l'utilisateur payeur et que nous jugeons transparent et juste pour les consommateurs parce que le prix des services bancaires aux particuliers, y compris l'accès aux guichets automatiques, est faible au Canada comparativement à d'autres pays. Nous faisons ici une comparaison, qui met en évidence certains des éléments auxquels il faut penser quand nous examinons les transactions par guichet automatique. Dans certains pays, comme le Royaume-Uni, aucun frais de commodité lié à l'utilisation des guichets appartenant à une banque ne s'applique, mais comme vous pourrez le voir dans le tableau, les frais s'appliquant à des services bancaires de base sont considérablement plus élevés. Il est donc difficile de comparer un système avec un autre, car le prix de nombreux produits et services peut varier largement d'un pays à l'autre.
À la page 7, vous verrez qu'il s'agit d'un réseau qui coûte très cher à exploiter. Trois Canadiens sur quatre ont affirmé être très satisfaits de la technologie mise à leur disposition. Durant la dernière décennie, les six plus grandes banques ont investi 33 milliards de dollars dans le réseau. Actuellement, les banques consacrent entre 4,5 milliards et 5 milliards de dollars par année à l'exploitation du réseau.
La page 8 contient des renseignements très importants. Les consommateurs canadiens font des choix à partir d'un éventail d'options. Il faut absolument noter que plus de 75 p. 100 des retraits à un guichet automatique sont effectués par des clients utilisant les guichets de leur propre banque, où aucun frais de commodité ne s'applique. Vous remarquerez aussi dans le tableau l'augmentation du nombre de guichets automatiques partagés, et, de façon encore plus importante, la diminution du nombre de retraits à des guichets automatiques indépendants.
Comment s'explique cette situation? À la page 9, on peut lire que l'une des raisons est la montée en flèche de l'utilisation du paiement direct et du retrait au point de vente, c'est-à-dire dans les épiceries, les pharmacies, les magasins de boissons alcoolisées, etc. Le nombre de paiements directs Interac a bondi, passant de 253 000 à 570 000. Mme Michell et moi-même pourrons discuter avec vous plus en détail de l'utilisation accrue de ce système.
Pour conclure, je dirais que le développement que nous avons connu a donné lieu à d'innombrables choix et à une très grande concurrence au sein du système bancaire. Nous sommes d'avis que nous disposons d'un système à faible coût, qui repose sur le principe de l'utilisateur payeur et qui est transparent et juste pour les consommateurs. Les banques font régulièrement d'importants investissements pour améliorer le système.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
On m'a demandé de comparaître devant le comité pour exprimer mon point de vue au sujet des frais d'utilisation des guichets automatiques. Je n'ai pas mené d'études comme tel sur ce sujet, mais j'ai lu la plupart des documents rédigés là-dessus et je suis au courant des questions qui en découlent. Je suis coauteur de trois livres et de nombreux articles et chapitres portant sur l'industrie canadienne de la finance, alors je suis certes bien informé à propos du dossier et donc en mesure de m'exprimer à cet égard en tant que consommateur éclairé et objectif.
L'imposition de frais d'utilisation de guichets automatiques est une pratique controversée. En fait, on pourrait dire qu'il s'agit d'une question épineuse. Mes propos vont faire contraste avec ceux des deux autres témoins, car je me perçois comme étant une proie en tant que client.
Je dirais que les frais d'utilisation des guichets automatiques ne sont pas tous mauvais, mais en même temps, ils ne sont pas tous justifiés. Pour expliquer cela, je crois qu'il est utile de diviser les frais en trois catégories. Il y a premièrement les frais d'utilisation des guichets des banques, deuxièmement, les frais des transactions interbancaires et troisièmement, les frais d'utilisation des guichets automatiques privés.
Lorsque les gens parlent des frais d'utilisation des guichets automatiques, la plupart font référence aux frais des transactions interbancaires, et ce sont donc de ceux-là dont on entend beaucoup parler. Néanmoins, les autres types de frais existent et il faudrait aussi les examiner.
Pour ce qui est des frais d'utilisation des guichets des banques, la plupart des gens ne se rendent même pas compte qu'ils les paient, car ils sont inclus dans la majorité des forfaits. L'autre jour, j'ai consulté le site Internet de ma banque et j'ai vu quel était le coût par transaction que doivent payer les clients qui n'ont pas de forfait. Comme la plupart des gens en ont un, ils n'ont pas à payer les frais. Soit dit en passant, ma banque prélève 60¢ pour chaque retrait effectué à un guichet d'une banque. Il est important de penser qu'une telle transaction coûte un dollar si elle est faite au comptoir.
Ce n'est pas le principe de payer pour retirer de l'argent qui est remis en cause. Il s'agit d'une pratique qui existe depuis très longtemps. Ce sur quoi on s'interroge, c'est le prix relatif. Qu'est-ce que le prix relatif? Ma banque exige 60¢. Aux États-Unis, le coût d'une transaction, incluant l'amortissement, les salaires et les coûts liés à la technologie, s'élève à environ 27¢. Si nous assumons qu'il en est de même au Canada et que nous tenons compte du taux de change, alors on peut conclure que les banques exigent le double du coût réel. J'estime que ce supplément est sans doute raisonnable.
C'est ce que diraient les banques à cause de l'accessibilité. À mon avis, toutefois, le nouveau système n'est pas nécessairement facile d'accès. En voulant rendre le système bancaire plus accessible, les banques ont en fait restreint l'éventail des choix qui s'offrent aux consommateurs. Je n'ai pas déménagé depuis 25 ans, mais cela fait quatre fois que je dois changer de succursale. Les deux qui étaient le plus près de chez moi ont fermé et il est maintenant devenu extrêmement compliqué pour moi d'aller retirer de l'argent. Ce n'est pas parce que j'ai changé de banque, mais plutôt parce qu'il y a eu une rationalisation et une réaffectation des ressources. Les banques ont en effet restreint la gamme des choix offerts aux clients. J'estime qu'il s'agit là d'un problème qui touche particulièrement les étudiants, les personnes âgées et les habitants des régions rurales.
Voilà pour les frais d'utilisation des guichets des banques. Les frais de transactions interbancaires, quant à eux, s'établissent à plus de 1,50 $. Je suis d'avis que ces frais sont probablement trop élevés et qu'ils devraient être équivalents aux frais d'utilisation des guichets des banques. Je sais qu'il y a des coûts associés à l'utilisation du réseau Interac, mais il demeure qu'ils sont assez faibles et j'estime que les banques pourraient les assumer en tant que coûts de fonctionnement.
Je suis conscient que les banques ne seraient plus portées par contre à assurer le maintien de ce réseau. Cependant, comme disent les physiciens, il s'agit là d'un problème technique. Je pense qu'il peut être facilement résolu en instaurant un mécanisme de partage des revenus ou en mettant en place des plates-formes communes.
Brièvement, en ce qui concerne les guichets automatiques privés, je considère qu'ils existent purement et simplement pour des raisons de commodité et ne font pas partie du système bancaire. Ils sont là pour offrir un choix aux consommateurs, qui les utilisent habituellement en dehors des heures normales. Les consommateurs qui choisissent d'utiliser ces guichets doivent en assumer le coût. La situation n'est pas la même relativement aux transactions interbancaires, car durant les heures normales, les clients sont souvent confrontés à un problème d'accès restreint.
Je vous remercie.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, merci de recevoir Option consommateurs et de nous permettre d'émettre nos commentaires sur les frais d'utilisation des guichets automatiques.
Pour ceux qui ne le savent pas, l'organisme Option consommateurs a été constitué en 1983. Il s'agit d'une association coopérative de défense et de promotion des droits des consommateurs qui agit principalement au Québec, mais qui s'intéresse à de nombreuses questions d'intérêt canadien. Option consommateurs intervient activement depuis plusieurs années dans le domaine des services financiers. Entre autres, nous avons participé aux discussions qui ont mené à l'adoption de modifications législatives bancaires fédérales.
Généralement, lorsqu'on ouvre la porte à une plus grande concurrence, on s'attend à ce que les prix baissent et à ce que la qualité du service augmente. Dans le domaine des guichets automatiques, c'est exactement le contraire qui s'est produit. Depuis que le Tribunal de la concurrence, en 1996, a ouvert le marché et permis à des entreprises qui ne sont pas des institutions financières d'installer et de gérer des guichets automatiques, les coûts d'utilisation de ces guichets ne cessent d'augmenter. Depuis janvier 2002, des frais de commodité sont aussi demandés aux non-clients dans les guichets de la plupart des institutions financières. À cette époque, nous avons demandé aux institutions financières pourquoi elles avaient commencé à percevoir de tels frais. Leur réponse a été: « Si les autres le font, pourquoi pas nous? »
Depuis l'an 2000, on constate que le nombre de guichets détenus par les institutions financières, comme l'a mentionné le professeur Johnson, diminue au profit des guichets privés. Certains commerçants ont même retiré le système de paiement direct pour le remplacer par un guichet privé. On verra plus loin qu'il est rentable pour un commerçant d'héberger un guichet privé dans son commerce.
Parallèlement, les guichets des institutions financières se font de plus en plus rares dans certains quartiers ainsi que dans certaines zones rurales. Avez-vous déjà essayé de trouver un guichet de la CIBC, de la Banque TD ou de la Scotia dans l'est de Montréal, un quartier défavorisé économiquement? Contrairement à ce prétendent certains banquiers, les consommateurs ne peuvent pas toujours marcher jusqu'au guichet de leur institution pour éviter les frais croissants associés à une opération par guichet partagé.
Selon des chiffres de l'Association Interac, 66 p. 100 des consommateurs utilisent le réseau Interac pour faire des retraits à partir d'un guichet qui n'appartient pas à leur institution financière. C'est ce que l'association appelle des retraits en mode partagé. Toujours selon cette association, en 2006, au Canada, plus de 285 millions de retraits en mode partagé ont été faits par des consommateurs.
Comme l'a dit le professeur Johnson, il peut exister trois types de frais reliés à une transaction au guichet: le forfait que l'on paie à son institution financière, généralement chaque mois; les frais Interac, qui varient de 1,50 $ à 2 $; et les frais de commodité qui, eux, peuvent varier de 1 $ à 3 $. Les frais Interac et les frais de commodité sont perçus lorsqu'un consommateur utilise un guichet qui n'est pas celui de son institution financière.
Nous croyons que les institutions financières profitent indûment de la situation. En exigeant des frais de commodité, elles obligent le consommateur à payer deux fois plus cher qu'auparavant un même service et elles augmentent considérablement leurs profits car, sans le savoir, les consommateurs donnent déjà une bonne partie des frais Interac à l'institution financière ou à l'entreprise propriétaire du guichet automatique qu'ils utilisent. Quelques cents du montant de 1,50 $ demandé pour l'utilisation du réseau Interac vont effectivement à l'Association Interac. Le reste vient gonfler les profits des institutions financières ou des entreprises privées.
Regardons comment sont divisés les frais Interac que l'on vous demande de payer, par exemple des frais de 1,50 $. Quelques cents pour chaque transaction vont à l'Association Interac. L'organisme récolte 1 ¢ par message. Généralement, il y a deux messages dans une transaction, soit la demande et la réponse. L'organisme reçoit donc 2 ¢. Soixante-quinze cents vont à l'institution financière ou à l'entreprise qui possède le guichet où a lieu la transaction, soit le privé ou l'institution financière. Le reste, soit 73 ¢ lorsque les frais sont de 1,50 $ et 48 ¢ lorsque les frais sont de 1,25 $, va à l'institution financière émettrice de la carte de débit.
Comme il me reste peu de temps, je vais me permettre d'aller immédiatement aux recommandations. Vous aurez le texte de ma présentation et vous pourrez vous y référer.
Option consommateurs recommande que le Parlement procède à une enquête publique sur l'ensemble des phénomènes liés à l'évolution des frais associés aux services bancaires et notamment aux services de paiement, et établisse la rentabilité des opérations associées à ces frais pour les institutions de dépôt et, compte tenu des conclusions de cette enquête, détermine s'il est opportun de légiférer à l'égard de l'encadrement des frais associés à ces services, qu'ils soient ou non imposés par des institutions financières de dépôt de compétence fédérale.
Option consommateurs recommande également de légiférer de manière à éliminer les frais de commodité pour l'ensemble des opérateurs de guichet automatique. Il faut aussi s'assurer que ces frais ne soient pas simplement refilés aux consommateurs en augmentant les frais des autres services de base.
Finalement, Option consommateurs propose de réglementer tous les différents types de paiements électroniques au moyen d'une loi-cadre. À défaut d'opter pour cette solution, il faudrait limiter et encadrer les frais bancaires dans la Loi sur les banques.
Merci.
:
Je vous remercie beaucoup pour votre question.
Je vais y répondre assez brièvement. Je tiens à dire d'abord que M. Johnson a soulevé un certain nombre de points sur lesquels j'aimerais revenir en détail par écrit à l'intention du comité, car je n'aurai tout simplement pas le temps aujourd'hui de réfuter sa position au sujet de plusieurs questions.
Je voudrais d'abord parler de l'accès. Il est faux d'affirmer que l'accès est restreint d'une quelconque façon. À ce sujet, j'aimerais attirer votre attention sur un graphique qui figure à la page 14 de notre mémoire et qui illustre clairement le contraire de ce que prétend M. Johnson.
Je me souviens que lorsque j'ai commencé ma carrière en tant qu'économiste à la Banque du Canada, en 1968, le seul choix qui s'offrait à moi était d'aller à ma succursale de la rue Sparks entre 10 heures et 15 heures, du lundi au vendredi. C'était le seul temps où je pouvais obtenir de l'argent et c'était aussi la seule façon.
Si vous examinez ce graphique de la page 14, vous constaterez qu'il y a eu une augmentation fulgurante du nombre de ce que nous appelons des points d'accès, qui permettent aux Canadiens de retirer de l'argent auprès de leur propre institution, qu'il s'agisse d'une banque ou d'une coopérative de crédit. Ce graphique montre bien qu'il y a 20 ou 25 ans, on comptait deux à quatre points d'accès pour 10 000 personnes. En 2000, à cause de la croissance exponentielle du réseau de guichets des banques, du réseau de guichets non bancaires et des installations dans les points de vente, le nombre de points d'accès était de 185 pour 10 000 personnes.
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Merci, monsieur le président.
M. Arnold nous a parlé brièvement des fameux white labels, c'est-à-dire les guichets qui n'appartiennent à aucune banque. Comme consommateur, c'est quelque chose qui m'horripile, surtout lorsque je suis dans un commerce et que le commerçant refuse ma carte de crédit et me dirige vers le guichet en question.
Pour ma part, je boycotte ces commerçants. Je refuse de faire affaire avec des gens qui me font débourser pour que je les paie, pour que j'achète leurs produits. Par contre, je comprends que dans certaines régions rurales ou à certains autres endroits, ce soit impossible de faire cela et que le choix n'existe pas vraiment.
Pouvez-vous nous dire quelle est l'étendue du problème à cet égard? Entre autres, quelle est la nature des ententes entre les commerces qui hébergent ces guichets et les compagnies qui offrent ce service?
:
Ils y pensent de manière continue. Je ne pense pas qu'aucune banque offre un produit ou un service qui n'est pas sous examen constant et continu pour déterminer s'il y a moyen d'améliorer la qualité, s'il peut ou non y avoir de meilleurs prix, et surtout, si on peut prendre de leurs clients aux autres banques. C'est une réflexion constante.
Il y a une chose, à ce que je sache, que les premiers dirigeants ont dit lorsqu'ils ont rencontrés le ministre des finances. À ce que j'ai compris, ils ont dit merci beaucoup, nous examinons constamment ces produits et services, et votre apport au processus a été utile.
J'aimerais toutefois revenir à l'accès. On ne reconnaît pas assez le changement fondamental qu'ont entraîné pour les aînés, les étudiants, les Canadiens de toutes sortes les points de vente et distributeurs automatiques de billets. Cet emploi des services de retrait d'argent liquide a été explosif, et il est possible dans tous les dépanneurs, les épiceries, les pharmacies, les magasins des alcools, là où les Canadiens vivent, travaillent, font leurs achats...
:
Ce sont de bons éléments.
Je n'aime pas vous interrompre, mais cinq minutes, c'est cinq minutes. Dans le monde où nous vivons, vous savez combien ce peut être court.
Je peux le comprendre. Ce à quoi cela se résume, de mon point de vue, c'est au document que vous avez présenté. Normalement, quand on reçoit un document ou on lit un livre, la thèse se trouve quelque part vers le milieu ou la fin. Ici, c'est tout à la fin. C'est « la réglementation ne peut tout simplement pas se substituer à la concurrence ». Vous êtes ici, fort à propos, pour représenter toutes les banques, plutôt qu'à titre personnel, alors c'est dire que d'un côté il y a la concurrence, tandis que de l'autre, vous les représentez comme une organisation.
Je me demande, quand vous parlez de concurrence, ce qui arrive et ce que seront les prochaines étapes. Actuellement, qui est la plus compétitive des cinq banques principales, quand il s'agit pour moi d'aller à la banque? Si je vais faire un retrait à un guichet automatique, si ce n'est pas ma banque, laquelle, actuellement, est la plus concurrentielle?
:
Merci, monsieur le président.
Je suis bien heureuse que nous ayons cette audience préliminaire sur la question des transactions électroniques, les frais de guichet automatique et l'aspect général des paiements électroniques aussi. Vous saurez que dès aujourd'hui, nous allons chercher à nous renseigner sur la meilleure voie à suivre à l'avenir.
J'aimerais commencer avec M. Protti. Je sais qu'il ne peut être responsable de toutes les banques et qu'il ne peut donner de détails grandes banques, mais puisque c'est lui qui, quand le NPD a soulevé la question des droits perçus pour accéder à notre propre argent, qui a accusé le NPD de dénigrement systématique des banques et de faire de la rhétorique politique sans bien comprendre les faits, je suppose que je peux moi-même poser des questions assez tranchante et pointues à M. Protti.
La première concerne le choix.
Monsieur Protti, vous avez dit que l'époque est révolue où les banques fournissent un service personnalisé, qu'il y a 30 ans, on ne pouvait accéder aux services bancaires qu'entre 10 heures et 15 heures. J'aimerais que vous sachiez, monsieur Protti, qu'il y a des gens dans ce pays qui donneraient n'importe quoi rien que pour avoir ce genre de service, pour seulement pouvoir accéder à une banque avec des vraies personnes entre 10 heures et 15 heures, parce que voyez-vous, ce que tous les membres de votre association ont fait, c'est qu'ils ont procédé à la clôture sélective de succursales bancaires et ont frappé les communautés sans leur laisser de choix, sans autre solution.
Vous fermez des succursales, vous laissez un guichet automatique, et ensuite, sans crier gare, vous vendez celui-là un distributeur indépendant. Que peut faire quelqu'un de ma circonscription, quelqu'un qui n'a pas les moyens d'aller jusqu'au centre-ville ou à l'autre bout de la ville, à part s'adresser à un prêteur sur salaire ou aller à un guichet générique parce que les banques de votre association ont abandonné les communautés?
C'est exactement ce que dit Option consommateurs. Il n'y a pas de choix dans bien des régions, alors il faut laisser tomber cet argument.
Passons maintenant à la concurrence. Vous parlez de concurrence. Permettez-moi de vous demander ceci. Votre rapport au sujet des GAB pour le 31 octobre 2005 a dit que le rapport exclut les transactions faites à des guichets génériques appartenant à des banques. J'aimerais que vous, monsieur Protti, nous disiez aujourd'hui combien de distributeurs automatiques de billets au guichets automatiques appartiennent à des banques. Si vous ne pouvez pas nous donner ce renseignement aujourd'hui, quand pourriez-vous le faire?
:
Merci, monsieur le président, et merci à tous d'être ici.
Je vis en région rurale. J'ai beaucoup de choix. Je peux aller à un guichet générique et payer un droit, je peux brûler pour 10 $ d'essence et aller retirer de l'argent à un guichet automatique de ma propre banque à n'importe quelle heure, sans frais, et je peux aller à cette succursale quand elle est ouverte, et être servi par un caissier ou une caissière. J'aime avoir ce choix.
En ce qui concerne les distributrices de billets, et tout ce qui est concerné, je n'ai pas encore trouvé dans ma région de magasin où je ne pourrais pas utiliser une carte de crédit ou une carte de débit. Le seule endroit où j'en ai vu, c'est à une cafétéria du cinquième étage de l'édifice du Centre du Parlement. Cela pourrait arriver. Je ne le sais pas. Je ne l'ai pas encore vu. J'ai constaté un élargissement du choix.
Ce que je me demande, et je pense que c'est la question fondamentale, ici, c'est si nous devrions réglementer ou non. Devrions-nous avoir une loi, ou non? Tout cela revient à une question d'établissement des prix, et, en fait, à savoir s'il y a collusion sur le marché. Y a-t-il une concurrence véridique sur le marché? Dans la négative, alors, on pourrait soutenir que le Parlement devrait peut-être s'y intéresser, qu'il devrait y avoir réglementation.
Alors je vais d'abord poser la question à monsieur Protti. Je ne pense pas que nous aurons le temps d'entendre les réponses des autres, mais j'apprécierais que vous puissiez répondre par écrit au président, qui pourrait nous transmettre votre réponse. S'il n'y a pas collusion, s'il y a une véritable concurrence sur le marché, pourquoi les prix sont-ils similaires?
:
Oui, il y en a. Les fournisseurs à plus bas prix, pour l'accès aux GAB non bancaires, sont en fait les banques, à 1,50 dollar.
Le Mouvement Desjardins vient d'augmenter son tarif de trente-trois et un tiers pour cent, à deux dollars, et la raison qu'il a donnée, c'est qu'il a le plus vaste réseau de GAB de tout le Québec. Il en a 2 800. C'est l'unique et la plus importante institution financière. Ils demandent pourquoi ils devraient subventionner quiconque d'autre qui utilise leur système GAB, alors ils ont augmenté leur tarif de 1,50 à deux dollars.
Et puis, avec les fournisseurs indépendants, vous pouvez avoir des tarifs qui vont de trois à quatre dollars, et on me dit — je ne l'ai pas moi-même constaté — que dans les clubs pour hommes, les clubs de danse exotique, les bars, le tarif peut être prohibitif. Mais je peux vous assurer que je n'ai pas de données à fournir qui soient fondées sur mon expérience personnelle. Donc, la fourchette de prix est très large si, en fait, les consommateurs cherchent à avoir un éventail de choix.
Si je peux me permettre, j'aimerais dire une autre chose. Pour moi, la question n'est pas que ce soit 50 cents, 1,50 ou 2 ou 4 dollars. La question pour le consommateur, c'est que le tarif pourrait très facilement être zéro, parce qu'il y a un choix énorme. Alors pour moi, le chiffre pertinent, c'est zéro.
:
Merci, monsieur le président.
Si on reconnaît que le besoin d'argent est un besoin de base dans notre société, comme le besoin d'eau ou de nourriture, pourquoi se fierait-on uniquement aux règles du marché pour établir le coût?
En général, les règles du marché fonctionnement très bien pour les gens qui ont de l'argent. Je n'en n'ai pas beaucoup, mais j'en ai. Je fais forcément des affaires intéressantes avec les banques. Si je n'ai que 100 $ et que je retire 20 $ tous les jours ou tous les trois jours, je ne ferai pas d'affaires intéressantes avec la banque. Celle-ci ne sera pas intéressée, et elle me demandera le gros prix.
Puisqu'il s'agit d'un besoin de base, cela prendrait, non pas nécessairement des règlements, mais des normes selon lesquelles si vous avez de petites économies, on va chercher peu d'argent. Ça devrait coûter moins cher que si on va chercher plus d'argent. J'aimerais connaître votre opinion sur ce sujet.
Si vous permettez, on parle beaucoup de la pertinence de la réglementation ou de la concurrence. Le Canada est en première place au plan de l'accès aux guichets automatiques bancaires dans le monde. À mon avis, ce que cela a donné, c'est la concurrence sur le marché. Nous avons des banques, des fournisseurs indépendants, des institutions non financières qui participent au réseau des distributeurs automatiques de billets. Cette situation est la conséquence, comme le disait M. Protti, de l'annonce qu'a faite le Tribunal de la concurrence en 1996 qu'il serait désormais possible de percevoir des frais supplémentaires, afin de favoriser un modèle d'entreprise propice à l'installation de distributeurs automatiques de billets dans les secteurs très achalandés. Et c'est cette concurrence entre toutes sortes de fournisseurs différents qui a fait, tout d'abord, que le Canada ait le meilleur réseau et soit en tête du reste du monde au plan de l'accès par habitant.
Quant à savoir si le choix est stimulé par les consommateurs ou par la banque, les sondages que nous faisons nous confirment encore et toujours que les trois quarts de nos clients sont très heureux des solutions technologiques que nous leur offrons. Elles leur facilitent les transactions bancaires, et leur épargnent du temps. De plus, nous constatons maintenant qu'environ 85 p. 100 des transactions sont faites par voie électronique, que ce soit par guichet automatique, en ligne ou par téléphone, alors maintenant, l'expérience bancaire peut survivre 24 heures sur 24, sept jour sur sept. Alors je vous dirais qu'en conséquence, les consommateurs nous disent, et le marché nous dit, que nous avons un bon...
On se méfie toujours, quand on traite de n'importe quel type d'enjeu, ici, la loi des conséquences non délibérées. Maintenant, vous avez dit à maintes reprises que nous jouissons au Canada du meilleur accès aux services des distributeurs automatiques de billets que n'importe quel autre pays, et je trouve que c'est très bien. Je représente une région rurale, dans laquelle, comme le disait M. Thibault tout à l'heure, il serait très incommode et coûteux pour bon nombre de mes électeurs de ne pas avoir accès aux services de ces machines. Certains n'ont pas cet accès actuellement, d'ailleurs, à moins de couvrir d'énormes distances. Je m'inquiète des conséquences non délibérées qu'il y a à rendre moins attirant pour les banques d'investir dans l'expansion de l'installation de ce type de machine.
Je n'arrive pas à comprendre comment la réduction du profit qui pourrait être tiré de l'installation de ces machines pourrait donner lieu à l'élargissement des services offerts aux Canadiens qui ne peuvent accéder à des services bancaires. Je n'arrive pas à comprendre le rapport entre ces deux éléments. Alors je suppose que ce que j'aimerais savoir, c'est dans quelle mesure vous pensez qu'un profit réduit pourrait entraîner la réduction de la disponibilité des machines, lesquelles seraient par la suite remplacées par des guichets génériques, qui coûtent bien plus?
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Merci, monsieur le président.
La meilleure réplique que nous ayons entendue ce matin, à mon avis, c'est quand M. Johnson a dit que la réglementation est nécessaire quand les forces de la concurrence échouent.
Monsieur Protti, vous avez dit qu'il y a concurrence. Du moins, vous estimez qu'il y en a. Il y a des centaines de forfaits de services que les consommateurs peuvent étudier, parmi lesquels ils peuvent faire un choix, qui comportent bien des mesures d'économie. Pourquoi les banques ne font-elles pas plus pour renseigner les gens sur ces possibilités? Pourquoi ne font-elles pas plus pour informer les gens?
Je pense que les consommateurs comprennent qu'il y ait un droit de commodité. Nous comprenons que si nous allons à un dépanneur, nous paierons plus pour l'épicerie que si nous allons à une épicerie. Nous comprenons que des frais de commodité soient perçus. Mais pourquoi les banques ne font-elles pas plus pour sensibiliser les gens aux moyens d'éviter de payer des droits, et d'épargner de l'argent?
Je sais que ça donne bonne figure dans les médias de parler de vouloir aider la population à épargner. Ne serait-ce pas un excellent sujet dont les banques pourraient parler aux consommateurs?
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Eh bien, je pense que vous avez là un excellent argument, avec ce commentaire.
Chaque banque a une stratégie pour informer sa clientèle. Ce peut être en personne, au moyen de brochures, ou du site Web. Chaque banque a son propre programme, et je pourrais vous donner quelques renseignements sur chacun d'eux.
En plus de cela, au niveau de l'industrie, je suis particulièrement fier d'une chose qui s'est faite depuis 11 ans, et c'est une vaste campagne d'information que nous avons lancée, sur divers sujets dont, en particulier, celui dont vous venez de parler. Nous avons distribué gratuitement plus de cinq millions de brochures aux Canadiens, sur divers sujets dont, surtout, les moyens de tirer le meilleur parti des droits. Il y a là une très simple calculatrice. Il suffit de regarder son profil de client et de décider comment on veut utiliser le système bancaire, et cela nous oriente vers le type de forfait qu'on devrait avoir.
De plus, peut-être la meilleure chose qui soit arrivée depuis 11 ans que je suis là, c'est un séminaire d'enseignement que nous offrons pour les élèves d'écoles secondaires, sur la gestion des finances personnelles. Ce programme particulier est centré sur la gestion de l'argent de la manière la plus efficace possible.
Le temps me manque, mais j'aimerais pouvoir continuer.
[Français]
Je suis un député de l'est de Montréal. Si on avait parlé seulement des succursales qui ont été fermées il y a 10 ans, je vous donnerais un peu plus raison. Cependant, dans mon comté, dans l'arrondissement de Saint-Léonard, il y a quatre succursales de la Banque TD qui ont été ouvertes et il y a maintenant de 12 à 15 caisses populaires, je crois. Il y a donc de la concurrence, mais comme M. St-Cyr l'a dit, on a un problème quand on va dans un commerce où on est obligé d'utiliser le guichet sans nom.
Je pense que vous êtes un protecteur du consommateur. Comment peut-on éviter cela? C'est cela, le problème. Le problème, ce sont les guichets automatiques sans nom. Quand je ne connais pas un endroit, je serai forcé d'utiliser un tel guichet une première fois, mais il n'y aura pas de deuxième fois. S'il n'y a pas de profits à faire là, les autres ne vont pas offrir plus d'options, mais il y a une façon d'équilibrer les deux aspects. On cherche une solution, et je ne pense pas que vous nous en ayez proposé une aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, je voudrais vous remercier de nous donner l'occasion de revenir devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes pour parler de l'ACP et des processus liés au paiement de factures.
Je vous présente mes collègues. Ce sont M. Doug Kreviazuk, qui est notre vice-président, Recherches et politiques, ainsi que Mme Barbara Ciarniello, vice-présidente déléguée de la Credit Union Central of British Columbia.
[Traduction]
En me présentant devant vous aujourd'hui, je sais que vous avez de nombreuses questions à me poser sur la manière dont se font les paiements de facture dans le pays, et particulièrement pourquoi le processus n'est pas instantané, compte tenu particulièrement de l'automatisation tellement répandue de nos jours, dans le domaine bancaire et des paiements.
La réalité c'est qu'à part le comptant, il n'y a pas sur le marché de modes de paiement qui soient véritablement instantanée. Bien que certains modes aient apparence de paiement et de règlement en temps réel, cette apparence est généralement aux yeux du consommateur, et pas nécessairement de la personne qui facture ou du marchand.
La transmission des paiements et des données de facturation connexes d'un consommateur au facturier se fait en une série d'étapes séquentielles, dont chacune s'appuie sur un système distinct. De plus, le chemin et le mode de livraison peuvent varier considérablement entre facturiers et dépendent de plusieurs facteurs, notamment la manière dont le consommateur entreprend le paiement, et les capacités techniques du facturier.
Bien que le processus de déclenchement d'un paiement de facture par voie électronique est à la fois rapide et pratique pour le consommateur, il y a en coulisse un complexe réseau d'arrangements qui font que cela peut arriver. L'ACP joue un rôle déterminant dans chaque cas, en exploitant le système de compensation et de règlement qui permet l'échange d'un grand nombre de ces paiements entre institutions financières. En deux mots, notre rôle pourrait être vu comme celui du maillon central d'une chaîne, les autres maillons qui sont avant et après nous étant exploités et gérés par d'autres parties.
Tout d'abord, j'aimerais décrire pour vous le cycle d'un paiement de facture. Bien qu'il existe d'autres possibilités d'arrangements de compensation en dehors de l'ACP pour les paiements de factures, je concentrerai mes commentaires sur les cas où le paiement est traité par les systèmes et règlements de l'ACP.
De fait, il n'y a actuellement pas de moyen de traitement en ligne en temps réel, de bout en bout, d'un paiement de facture. Par bout en bout, je veux dire du moment où le consommateur enclenche un paiement à celui où le facturier met à jour le compte du consommateur pour refléter le paiement. De fait, la plupart des paiements de facture des consommateurs, ou des renseignements concernant les paiements de facture doivent passer par quatre systèmes distincts, tous décrits dans notre présentation.
D'abord, supposons qu'un consommateur décide de payer une facture de service public en ligne. Il ouvre une séance dans le site Web de l'institution financière, choisit la facture à payer, et amorce la transaction. Pour le consommateur, cela semble transparent et tout à fait intégré, mais ce n'est pas le cas.
Vous instruisez votre institution financière, ou IF, d'envoyer le paiement. C'est le premier système qui vous relie à votre IF.
Puis l'IF prend la directive, avec toutes les autres qu'elle a reçues pour la journée, et les met en lots dans un format de fichier électronique particulier qui est envoyé au moyen du système de compensation de l'ACP à l'institution financière de la compagnie de service public. C'est le deuxième système.
Chaque jour, il y a des échéances que les IF doivent respecter pour transmettre ces renseignements. Une fois que l'IF d'une compagnie de service public a reçu les fichiers, elle regroupe les paiements reçus de toutes les IF ce jour-là et crédite le compte de la compagnie de service public du montant total reçu. C'est le troisième système.
Pour exécuter la quatrième étape, la compagnie de service public aura besoin de données détaillées sur chaque consommateur qui a fait un paiement ce jour-là, pour que le facturier puisse assigner les crédits appropriés à chaque compte.
Selon les capacités techniques du facturier, la réception des données des diverses institutions financières se fait sous diverses formes. Bien que le système le plus efficace de livraison de ces renseignements est l'échange de données informatisées, l'EDI, bien des facturiers du Canada n'ont pas adopté cette technologie, en partie pour des raisons de coûts et de complexité.
Les facturiers qui n'ont pas l'EDI reçoivent les détails de chaque paiement sous la forme particulière qu'il a demandée, par exemple, par télécopieur ou courriel. La plupart du temps, le facturier ne peut pas utiliser un processus automatisé pour intégrer les renseignements au système des comptes créditeurs. Quand il y a un processus manuel, cela prolonge le plus souvent le temps nécessaire au facturier pour mettre à jour le compte de chaque client. Il y a une période de temps entre opérations à prendre en compte.
[Français]
Dans le cadre de notre planification stratégique pour 2006, nous avions déjà prévu d'étudier les dispositions des cadres de paiement de factures.
Lorsqu'on vous a rencontrés la dernière fois, on vous a également indiqué qu'on comptait commencer une consultation. Afin d'appuyer cet engagement, on mettra bientôt sur pied un groupe de travail de représentants des institutions financières membres et d'intervenants qui analysera les enjeux actuels et recommandera des améliorations. On vous préparera également un document de consultation publique et, par la suite, on fera une série de discussions en table ronde, incluant les intervenants ainsi que les membres des institutions financières.
Comme certains des défis que pose l'environnement de paiement de factures à l'heure actuelle déborderont du champ d'action de l'ACP, la mise en oeuvre de solutions devra passer par la collaboration et l'engagement des divers intervenants au sein de l'industrie. Pour réussir, la participation des fournisseurs de services de paiements et des émetteurs de factures sera essentielle. Votre appui à cette initiative est donc important et permettra de mettre davantage l'accent sur cette revue.
Je vous remercie de votre temps. Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Et merci à vous pour votre exposé.
Selon moi, vous êtes un peu pris à votre propre piège avec le système de compensation. Vous semblez pouvoir compter sur un système instantané, mais ce n'est pas vraiment le cas. Comme vous l'avez bien décrit, les transactions vont d'un compte bancaire à un système de mise en lots, jusqu'à un autre système de mise en lots pour finalement aboutir au compte du créditeur; c'est un processus qui exige bien souvent deux, trois, voire quatre jours.
Tout votre système est fondé sur le concept de la compensation des chèques et des mesures de ce genre qui étaient chose courante auparavant. Ce qui m'apparaît problématique, c'est qu'à certains égards, vous avez vendu une illusion aux Canadiens. Ce n'est pas une critique personnelle à votre endroit, c'est tout le système financier qui est fautif. Par illusion, j'entends que lorsque je suis au clavier de mon ordinateur pour payer mes factures en ligne, faire mon propre groupage, si l'on peut dire, je pense qu'au moment où l'argent est retiré de mon compte, et devient donc inaccessible pour moi, j'ai d'une manière ou d'une autre payé ma facture VISA, alors qu'en fait je ne l'ai pas encore payée. Il faudra encore deux jours, ou environ, pour que mon compte VISA soit réglé.
Pour ma part, monsieur Legault, j'y vois simplement un problème de programmation, si je puis m'exprimer ainsi. J'utilise ici VISA comme exemple d'une grande société de crédit qui reçoit de l'argent quotidiennement — en fait, à chaque heure et même à chaque minute — pour faire valoir qu'en fait, la programmation de mon compte VISA sur mon ordinateur pourrait être conçue de telle sorte qu'au moment où je retire des fonds de mon compte bancaire, ces sommes sont directement créditées, ou transmises par le système de mise en lots. Les transactions pourraient être programmées de manière à ce que cela soit possible.
Comme première question, je vous demande si c'est bel et bien faisable du point de vue technologique. Dans l'affirmative, s'agit-il simplement d'un manque de volonté à investir dans le système les ressources nécessaires pour faire en sorte que ce qui semble instantané le soit vraiment?
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Je vais débuter avec votre première question concernant les possibilités techniques.
D'abord et avant tout, vous devez savoir qu'il faut compter une journée à toutes fins utiles pour les mesures de compensation et de règlement. Je pourrais demander à mes collègues de vous fournir de plus amples détails à ce sujet, mais on peut dire que si la transaction est faite avant l'heure limite, la compensation et le règlement auront déjà eu lieu le lendemain. Si l'on parle uniquement des cartes de crédit, c'est une chose bien différente. S'il est question des autres émetteurs de facture, comme vous pouvez l'imaginer, d'autres systèmes doivent également être mis en place. Pour revenir aux cartes de crédit, nous ne nous occupons pas directement des cartes elles-mêmes, étant donné que ces comptes peuvent être réglés de différentes manières, mais comme je l'ai indiqué, le transfert peut être effectué dès le lendemain. Nous ne pouvons pas parler au nom des sociétés émettrices de cartes de crédit, mais je dirais que la plupart d'entre elles sont en fait en mesure de vous créditer assez rapidement les paiements que vous faites sur votre compte.
Quant à savoir s'il s'agit d'un manque de volonté, j'estime que la question ne se pose pas vraiment, étant donné que la majorité des paiements peuvent être traités dans un tel délai. Et j'ajouterais que pour certaines cartes de crédit, la plupart des transactions sont traitées en application de l'une de nos règles, à laquelle nous avons fait référence à notre dernière comparution, à savoir que les paiements sont crédités à la date où ils sont effectués.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup pour votre présence.
Comme vous le savez, nous avons déjà beaucoup discuté de toutes ces questions lors de l'examen du , qui modifiait la Loi sur les banques. Nous avons alors reporté l'étude des recommandations formulées par différents groupes en vue d'une transformation en profondeur du traitement des paiements électroniques, étant donné l'importance de cette question pour les consommateurs.
Je sais que l'Association canadienne des paiements joue un certain rôle à ce chapitre en émettant des lignes directrices et en s'efforçant d'assurer une supervision. J'ai toutefois l'impression que, dans l'ensemble, tout ce secteur n'est pas vraiment réglementé. Comme vous l'avez indiqué, le tout se fait sur une base volontaire. Vous venez tout juste de parler d'un code d'éthique pour les paiements électroniques. J'ai l'impression que nous sommes rendus beaucoup plus loin et qu'il nous faut, dans notre rôle de parlementaires, travailler à l'élaboration d'un cadre législatif pour ce secteur.
Je veux vous parler d'abord des recommandations qui nous ont été soumises par Option consommateurs ainsi que l'Initiative canadienne des consommateurs. Ces deux organisations figurent parmi celles qui ont relevé de graves problèmes pour ce qui est du système de paiement électronique. Je vais faire référence à l'étude menée et aux résultats rendus publics au printemps 2006.
Elles ont commandé une étude qui a permis de déceler 900 000 problèmes au chapitre des débits préautorisés sur une période de deux ans. Elles ont fait valoir que cela équivalait à environ 1 000 erreurs par jour. Parmi les problèmes relevés, il y avait des montants erronés, des dates fautives ou des fonds insuffisants. Je pourrais poursuivre longtemps cette énumération, mais je ne veux pas abuser du précieux temps du comité. Je suis persuadée que vous connaissez très bien cette étude.
J'aimerais d'abord savoir ce que vous pensez de cette étude et des problèmes constatés et vous demandez si vous seriez favorables à ce que notre comité recommande au gouvernement que l'on mette les bouchées doubles pour établir un nouveau cadre législatif. Il importe peu pour le moment que ces mesures législatives s'inscrivent dans la Loi sur les banques ou dans un cadre distinct. Il faut surtout se demander si nous sommes vraiment prêts à faire le nécessaire pour nous adapter à ce monde en constante évolution.
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D'accord, je veux bien l'admettre. En fait, je ne l'admets pas tout à fait, mais je comprends ce que vous me dites.
Je pense donc qu'il faudrait notamment obtenir davantage d'information de manière à pouvoir juger si vos affirmations sont acceptables. Vous savez, les banques ne peuvent même pas nous indiquer sur-le-champ le coût des transactions électroniques au moyen des guichets bancaires. Pourriez-vous nous fournir une répartition de ces coûts, en moyenne, pour chacun de ces aspects de l'ensemble du système de paiement électronique, comme cela est actuellement possible en Grande-Bretagne, si je ne m'abuse, par le truchement de leur bureau du commerce équitable, de telle sorte que les consommateurs puissent être au courant?
C'est parfois la raison pour laquelle une réglementation est nécessaire. En effet, lorsqu'on se contente d'un modèle fondé sur l'autoréglementation, dans un premier temps, la protection du consommateur n'est pas toujours garantie et, dans un deuxième temps, une vaste gamme de coûts sont refilés aux consommateurs bien souvent dans le seul but d'accroître la marge bénéficiaire. Les banques peuvent bien évidemment toujours faire valoir que toute cette nouvelle technologie échappe à leur bonne volonté et que ce sont des choses qui arrivent. Ou nous pouvons y voir des frais qui sont imposés aux consommateurs par les institutions financières, parce que cela leur permet...
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Je vais revenir une deuxième fois sur les propos de M. McKay. J'espère que cela ne m'arrivera pas trop souvent.
J'aimerais faire un commentaire sur la question de l'instantanéité. Je sais que vous ne pouvez pas répondre, mais vous pourriez peut-être dire à vos organismes bancaires que le fait que l'argent semble se déplacer de façon instantanée devrait se refléter dans le système de paiement des banques. Je sais qu'ING, dont je suis client, le fait assez bien. Quand je fais un paiement qui n'est pas complété, celui-ci se retrouve dans une zone tampon pour les transactions en attente, et je vois que l'argent n'est pas encore rendu dans l'autre compte. Je vois que l'argent est parti de mon compte et qu'il est là. Dans certaines autres institutions avec lesquelles je fais affaire, quand je fais une transaction, mon argent est dans les limbes pendant un certain temps, et je ne sais pas où il est rendu. Il s'agit simplement d'un commentaire. J'espère que vous allez transmettre le message.
D'autre part, j'ai une question concernant le fait qu'il existe un délai de traitement. Il me semble que pour les institutions bancaires, cette règle n'est pas toujours cohérente. J'aimerais avoir des explications. Je vous donne un exemple personnel que j'ai vécu. À la fin de l'année, quand vient le temps de contribuer à mon REER, je décide de vendre des actions. Je reçois un chèque pour la vente de ces actions et je dépose cet argent dans mon compte. Le même jour, je fais un chèque à l'ordre de mon courtier pour qu'il puisse mettre cet argent dans mon REER. Comme le chèque que j'ai reçu de mon courtier en valeurs mobilières est gelé pour un certain nombre de jours, l'argent n'est pas immédiatement disponible dans mon compte. On prend alors l'argent dans ma marge de crédit et on m'impose des frais d'intérêt pour cela.
Si la même règle s'appliquait au chèque que j'ai fait, on pourrait dire que la banque n'a toujours pas transféré mon argent dans mon REER. On se retrouve dans une situation où la banque n'a pas encore les fonds et me demande de payer de l'intérêt. Pourtant, elle n'a pas encore versé les fonds à l'autre organisme.
Premièrement, est-ce que les transactions par chèque passent par vous également?
Deuxièmement, comment expliquez-vous que lorsque c'est à l'avantage de la banque, l'argent n'est pas disponible, alors que quand c'est à l'avantage du consommateur, l'argent doit être pris tout de suite?
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Merci, monsieur le président.
Je vais débuter avec une constatation qu'a déjà faite M. McKay, je crois, à savoir que les gens ont tendance à tout remettre au lendemain. Au fait, certaines personnes pourraient faire valoir que cette prédisposition à la procrastination serait davantage l'apanage de l'un des deux sexes. Mon épouse pourrait vous dire que j'ai cette vilaine habitude de remettre les choses à plus tard. Mais les gens croient généralement que lorsqu'ils se rendent sur un site Web pour autoriser un paiement sur leur carte de crédit, ce paiement est effectué et les délais sont respectés.
Malheureusement, la structure actuelle du système est telle que les gens ne sont pas clairement informés du fait que leur paiement n'est pas effectué instantanément. C'est ce qui est problématique. Si le paiement est reçu par VISA avec deux jours de retard, pour utiliser cet exemple, il est enregistré comme ayant un retard de 30 jours et une cote R2 est portée au dossier de crédit. Si vous avez plusieurs de ces cotes, c'est votre dossier de crédit qui en souffre. Et même si vous avez la conviction de toujours payer votre compte avant l'échéance convenue, d'avoir toujours fait le nécessaire, d'être un utilisateur avisé du crédit, il est possible que vous n'ayez pas droit au taux d'intérêt préférentiel en raison de ce malentendu quant au mode de transmission des paiements électroniques.
À une certaine époque, j'ai été très actif dans le financement de détail et bien des gens venaient me dire qu'ils avaient toujours payé leurs factures en respectant les échéances. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur dossier de crédit n'était pas sans tache et je pense que c'était dû au fait qu'ils ne saisissaient pas la différence entre l'autorisation de paiement et le paiement lui-même.
Comment pouvons-nous aider ces gens? Comment pouvons-nous faire en sorte qu'ils comprennent mieux le système et qu'ils puissent l'utiliser à leur avantage?