Nous accueillons aujourd'hui un témoin que nous connaissons bien, mais qui a l'air un peu amoché, et un témoin qui n'est pas aussi connu du Comité.
Je donnerai la parole à M. Lick et à Mme Hynes pour les cinq premières minutes, puis à M. Joshi pendant les cinq minutes suivantes. Nous passerons ensuite aux séries de questions.
Bienvenue, monsieur Lick. J'allais faire une blague sur votre nom, mais elle ne serait pas drôle et je vais donc m'abstenir.
:
Bonjour, mesdames et messieurs.
Depuis la création de notre fonction, chaque ombudsman a demandé que son bureau soit enchâssé dans la loi. Nous avons fait parvenir au Comité des exemplaires de quatre rapports que nous avons préparés sur la question. L'enchâssement de notre bureau dans la loi et l'obligation de rendre des comptes au Parlement est à la fois un geste symbolique et utile. Mais le plus important, c'est que cela ferait passer le traitement équitable de nos électeurs avant toute considération politique.
[Français]
En juin 2022, en plein cœur de la crise des inconduites sexuelles, j'ai tenu une conférence de presse nationale pour aborder directement certaines questions. Il s'agissait d'accroître la responsabilisation, ce qui demeure un défi aujourd'hui.
Un certain nombre de crises ont miné la confiance envers le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes. De nombreux mécanismes de recours ne sont pas considérés comme étant réellement indépendants de ces institutions. J'espère que le consensus du Comité sera qu'une loi relative au Bureau de l'Ombudsman servira de pierre angulaire pour le rétablissement de la confiance envers l'institution.
[Traduction]
Sans une telle loi, notre organisme fait l’objet de surveillance et d’enquêtes par le ministère qu’il a le mandat de surveiller. Il y a visiblement conflit d'intérêts dans ce cas‑ci. Cette situation a déjà donné lieu à des enquêtes sur notre bureau qui étaient problématiques et manquaient de crédibilité. Dans l'une de ces affaires, une enquête du ministère visant mon prédécesseur et son personnel contenait tellement d’erreurs de procédure et d’injustices qu’elle a soulevé des préoccupations concernant l'utilisation abusive de la procédure. En ce qui concerne l’un des membres du personnel visés, la Cour fédérale a été catégorique en affirmant que cette personne, et je cite: « … a été privée de son droit à l’équité procédurale durant l’enquête et le processus décisionnel ». À ce jour, personne n'a été tenu responsable et rien n'empêche que cela se reproduise.
[Français]
Le ministre de la Défense nationale n'est pas tenu par la loi de donner suite aux recommandations contenues dans les rapports du Bureau de l'Ombudsman. Nos rapports, qui sont fondés sur des éléments probants, visent à éliminer les problèmes systémiques auxquels est confrontée la communauté de la Défense.
[Traduction]
En fait, les réponses que nous recevons ne contiennent aucun détail concret sur la mise en œuvre des recommandations, et mettent maintenant des mois à arriver. Nous savons que le ministère a préparé des réponses, et nous aimerions donc savoir ce qui cause ce blocage.
[Français]
Soyons clairs: en ce qui concerne les dossiers individuels, notre organisation réussit extrêmement bien à obtenir des résultats équitables pour nos commettants.
[Traduction]
C’est quand il s’agit des recommandations visant le système que le ministère et les Forces armées canadiennes n’ont pas suffisamment progressé. Les preuves de la mise en œuvre des recommandations ont toujours manqué. Par conséquent, nous assurons un suivi régulier auprès du ministère et des Forces armées canadiennes et nous émettons des fiches de rendement fondées sur nos observations. Il s'agit d'une pratique exemplaire en matière de surveillance, mais les résultats sont rarement prometteurs.
[Français]
À l'automne 2023, j'ai publié un rapport portant sur la détermination des besoins en matière de santé mentale et de soutien des réservistes qui participent aux opérations nationales. Cinq mois plus tard, je n'ai toujours pas reçu de réponse du .
[Traduction]
Avant de quitter mon poste le 2 juillet prochain, je publierai un rapport qui traitera des enjeux liés aux mécanismes de traitement des plaintes des Forces armées canadiennes. Devrons-nous encore attendre des mois pour recevoir une réponse? Est‑ce ainsi que vous souhaitez que la reddition de comptes fonctionne?
[Français]
Il y a trois semaines, devant ce comité, j'ai indiqué que les problèmes liés à la famille constituaient la principale raison pour laquelle les militaires quittent les Forces canadiennes. Logiquement, le fait de régler les problèmes relatifs aux familles aiderait à la rétention des militaires. Notre bureau signale les problèmes des familles militaires depuis plus de 10 ans.
[Traduction]
À titre de députés, vous êtes conscients des problèmes auxquels font face les militaires et leurs familles. C'est précisément la raison pour laquelle, à mon avis et à celui de mes prédécesseurs, notre bureau devrait rendre des comptes à la Chambre du peuple — à la Chambre des communes — et non à un seul de ses membres, surtout lorsque les questions en jeu dépassent le cadre du ministère de la Défense nationale et pourraient concerner la sécurité nationale.
En réponse à la plupart des rapports précédents sur la gouvernance, le ministère a affirmé que les choses allaient bien, et que si ce n'était pas le cas, nous devions communiquer avec le ministère. Cependant, comme c'est arrivé à mon prédécesseur en 2018, que se passe‑t‑il lorsque la personne au bout du fil est la source du problème ou refuse d'écouter? Si je ne parviens pas à attirer l'attention du ministre, dois‑je organiser d'autres réunions avec des membres de tous les partis? Dois‑je faire appel aux médias? Comment le Parlement peut‑il garantir la responsabilité ministérielle s'il ne dispose pas d'un organisme complètement indépendant qui lui fournit des conseils ou des recommandations?
Nous disposons d’une surveillance complète prévue dans la loi pour les détenus fédéraux — ceux qui commettent des crimes graves. Pourquoi ceux qui portent fièrement l’uniforme militaire et dont dépend notre sécurité nationale n’ont-ils pas droit aux mêmes modalités législatives?
[Français]
Cela n'a pas de sens.
[Traduction]
Le Canada est le seul membre du Groupe des cinq qui n'exerce pas une surveillance prévue par la loi à cet égard. Vous pouvez changer cette situation.
Je vous remercie.
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à cette réunion importante, aujourd'hui.
Je suis Vihar Joshi, président intérimaire du Comité externe d'examen des griefs militaires.
Par souci de concision, je vous parlerai du Comité externe d'examen des griefs militaires en utilisant son sigle, le CEEGM, tout le long de ma présentation.
Le CEEGM est une composante externe qui fait partie intégrante du système de règlement des griefs des Forces armées canadiennes. Il a été créé en juin 2000, en vertu de la Loi sur la défense nationale. Le CEEGM est un organisme quasi judiciaire indépendant, qui a un seul mandat: examiner les griefs qui lui sont renvoyés par le chef d'état-major de la défense, et remettre des conclusions et recommandations au chef d'état-major de la défense et aux militaires qui ont déposé un grief.
Le chef d'état-major de la défense n'est pas lié par les conclusions et les recommandations du CEEGM. Cependant, si les Forces armées canadiennes décident de ne pas suivre une des conclusions ou recommandations, elles doivent expliquer leurs motifs dans la décision définitive.
[Traduction]
Même si le CEEGM n'a pas de pouvoir décisionnel, son rôle est néanmoins essentiel au maintien de la transparence et de la confiance à l'égard du système des griefs des Forces armées canadiennes.
Indépendant des Forces canadiennes, le CEEGM a acquis une expertise considérable au cours des 23 dernières années et est bien placé pour entreprendre des enquêtes approfondies sur des questions relatives aux griefs et pour fournir des évaluations impartiales et indépendantes au chef d’état-major de la défense et aux plaignants sur la façon dont un grief devrait être résolu. Le CEEGM présente son rapport annuel au Parlement par l'entremise du ministre de la Défense nationale. Il publie en ligne ses rapports annuels, ses résumés de cas et ses recommandations systémiques, ce qui contribue à renforcer la transparence.
Même si la réglementation exige que seuls certains types de griefs fassent l'objet d'un examen par le CEEGM, tous les plaignants devraient pouvoir avoir accès à un examen externe indépendant avant qu'une décision définitive soit prise au sujet d'un grief. Cette notion a non seulement été soulignée par des autorités d'examens indépendants, notamment le juge Fish dans son récent troisième examen indépendant, mais jusqu'à récemment, il s'agissait également d'une pratique exemplaire des Forces armées canadiennes depuis les 13 dernières années. Pour s'assurer que tous les plaignants aient accès à un tel examen, cette pratique devrait être inscrite dans la loi.
Le juge Fish a également formulé un certain nombre d'autres recommandations visant à améliorer la transparence et l'efficacité du système des griefs des Forces armées canadiennes. Le CEEGM se réjouit de travailler avec les Forces armées canadiennes en vue d'améliorer le système de règlement des griefs pour tous les soldats, marins et aviateurs.
En ce qui concerne les demandes d'accès à l'information et les questions parlementaires, je peux confirmer qu'au cours des cinq dernières années, le CEEGM a répondu en moyenne à 116 questions parlementaires, à trois demandes officielles d'accès à l'information et à 19 demandes non officielles d'accès à l'information. Par souci d'efficacité et pour réduire le fardeau administratif imposé aux demandeurs, le CEEGM a pour pratique exemplaire de répondre rapidement sans qu'il soit nécessaire de présenter une demande officielle d'accès à l'information.
Le CEEGM joue un rôle utile et important au sein du système des griefs des Forces armées canadiennes. Essentiellement, il accroît la transparence et permet de renforcer la confiance à l'égard du système en veillant à ce que les plaignants aient accès à tous les renseignements pertinents et à ce que leurs griefs fassent l'objet d'un examen approfondi, indépendant et impartial avant que le chef d’état-major de la défense ne rende sa décision définitive. Les plaignants et le chef d’état-major de la défense nous ont répété à maintes reprises que la qualité et la rigueur de nos examens permettent d'enrichir ce processus.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous adresser la parole, et je répondrai avec plaisir à vos questions.
Merci.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à M. Lick. Je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Vous avez mentionné qu'il y a cinq mois, vous avez envoyé une lettre au au sujet de la santé mentale. Je sais que vous avez dit que vous n'aviez pas eu de réponse en cinq mois. J'aimerais savoir si, avant cet incident, vous aviez eu des expériences semblables ou si, au contraire, vous aviez déjà écrit et reçu des réponses en temps voulu.
Vous pourriez peut-être nous parler des autres occasions où vous avez tenté de communiquer avec le cabinet du ministre.
:
Nous pouvons fournir à ce comité un tableau pour tous les endroits dans le monde pour lesquels nous avons ces renseignements. Dans le Groupe des cinq — les communautés et les pays les plus étroitement liés avec lesquels nous travaillons —, nous sommes les seuls à ne pas avoir de mandat prescrit par la loi pour son ombudsman, son inspecteur général ou peu importe.
Ce que j'ai dit et ce que mes prédécesseurs ont dit dans de nombreux rapports, c'est que, plus que tout, c'est parfois la perception d'une ingérence ou une ingérence réelle qui est à l'origine de notre incapacité de mener à bien certaines des enquêtes que nous effectuons. Il s'agit également de pouvoir soulever des enjeux au Parlement, au‑delà du ministre ou du gouvernement en place à ce moment‑là. Je peux absolument utiliser les médias. Je peux discuter avec tous les partis politiques. Cependant, est‑ce ainsi que la responsabilité ministérielle doit fonctionner? Je ne crois pas. Je pense qu'il faudrait que je soumette ces questions au Parlement, que ce soit à un comité ou autrement. C'est cela, au final.
L'autre aspect est que la loi prévoit une protection contre le fait de contraindre un témoin à comparaître dans un cas particulier. C'est important. L'enquêteur du Service correctionnel, par exemple, bénéficie de cette protection. Je n'ai pas cette protection. Je me défendrai si on me demande de le faire. Cela devrait être prévu dans la loi afin de protéger la confidentialité des services que nous fournissons à nos électeurs.
Ma prochaine question s'adresse à M. Joshi.
Nous avons entendu parler du processus militaire de règlement des griefs. Nous savons que pour améliorer la culture des FAC, nous devons améliorer le processus de règlement des griefs et veiller à ce que les gens reçoivent une réponse juste et rapide.
Je me demande si vous pouvez suggérer des améliorations précises qui, d'après vous, nous aideraient en ce qui concerne l'accès à l'information.
:
En ce qui concerne les renvois au Comité, il y a deux types de renvois: obligatoires et discrétionnaires.
Les catégories de dossiers qui doivent être soumises au Comité sont prescrites par le Règlement. Il s'agit de mesures administratives qui ont une incidence sur les finances, donc les confiscations ou les déductions salariales, les politiques des Forces armées canadiennes relatives aux activités politiques, au harcèlement, à la rémunération et aux indemnités et au droit aux soins médicaux et dentaires, ainsi que les décisions que le chef d'état-major de la défense a prises et qui sont des décisions personnelles.
[Français]
Ce sont des dossiers qui doivent obligatoirement nous être transmis, mais il y a en d'autres, qui sont discrétionnaires.
[Traduction]
En ce qui concerne les carrières, par exemple, le chef doit décider s'il estime que le Comité serait utile et s'il juge que nous avons les capacités voulues. Cette décision est totalement discrétionnaire. Je ne suis pas tout à fait sûr de la manière dont le choix est fait.
[Français]
Nous recevons tous les dossiers obligatoires. Dans le cas des dossiers discrétionnaires, nous les recevions quasiment tous jusqu'à l'an passé. Toutefois, cette année, nous en recevons beaucoup moins.
:
Je me répète un peu, mais je pense que la loi et les principes législatifs que j'ai présentés et dont je viens de parler sont une façon de procéder.
Je ne dis pas que le fait de rendre des comptes au Parlement faciliterait les choses sur le plan budgétaire, comme d'autres fonctionnaires indépendants du Parlement en font l'expérience, mais je pense que ce qui est le plus important, en raison de nos électeurs — la communauté de défense que nous représentons —, c'est l'indépendance réelle et la perception de l'indépendance. C'est absolument essentiel. C'est l'idée que le ministère n'interfère pas dans le travail que nous faisons, que ce soit par une réduction des frais de voyage ou des contrats. C'est aussi cette perception.
Cependant, l'autre aspect, dont j'ai parlé plus tôt, est l'idée de la confidentialité. Mon personnel, en particulier, et moi devons être protégés de ne pas être contraints de témoigner devant un tribunal ou une instance administrative. C'est essentiel non seulement pour l'indépendance du bureau, mais aussi pour le principe crucial de la confidentialité, afin que nos électeurs se sentent à l'aise et en confiance pour venir nous dire des choses que nous pourrons ensuite examiner.
:
Nous prenons connaissance d'un grief seulement lorsqu'il nous est renvoyé par les Forces canadiennes, ce qui a lieu longtemps après son dépôt, soit habituellement au moins quatre à six mois après.
Nous publions les résumés de cas sur notre site Web. Lorsqu'une personne nous appelle, nous pouvons l'aiguiller vers notre site Web, où elle pourra consulter les résumés de cas pour avoir une idée des conclusions et des recommandations qui ont été formulées dans le passé. Lorsque le chef d'état-major de la Défense rend une décision, nous faisons un résumé que nous ajoutons à l'ensemble des résumés de cas. Les plaignants pourront ainsi les consulter pour voir, de façon générale, comment les Forces canadiennes ont traité ces dossiers.
Quant à une participation à la résolution de conflits dès le début du processus, cela ne fait pas partie de notre mandat.
:
Je sais qu'il y a, sur le plan des droits, beaucoup de similitudes avec le processus de négociation collective et les syndicats. Évidemment, notre système est géré différemment en vertu de la loi.
Au fil des ans, j'ai constaté que le traitement des plaintes des employés est souvent une question de leadership. Je pourrais, à titre d'exemple, penser à ma carrière précédente. Pour certaines personnes, peu importe où elles se retrouvaient au sein de l'organisation, on constatait une augmentation du nombre de griefs. On aurait dit que c'était une tendance qui les suivait. Je pense que c'était en bonne partie lié à leur leadership, à leurs compétences interpersonnelles et à la façon dont elles traitaient, dans de tels cas, avec les employés.
Monsieur Lick, dans quelle mesure l'explosion du nombre de griefs est-elle liée à la culture et au leadership? À l'inverse, dans quelle mesure cela découle‑t‑il du changement de culture qu'on observe dans l'organisation?
:
Il y a probablement une multitude de raisons pour lesquelles les gens présentent des griefs ou des plaintes, dans notre cas. Certes, une partie des plaintes sont liées au leadership et à la capacité de résoudre les conflits en milieu de travail. Les dirigeants ne sont pas nécessairement toujours en cause; cela peut aussi être un collègue. De toute évidence, la capacité de bien gérer les relations interpersonnelles est une compétence, et le manque de compétence sur ce plan se traduit par des plaintes et des griefs.
Le ministère met en place des mécanismes pour aider les gens à composer avec les conflits en milieu de travail par l'intermédiaire du groupe du SGCP. C'est une excellente initiative. En fait, les gens sont aiguillés dans un sens ou dans l'autre entre notre groupe et le leur, selon l'entité la mieux placée pour examiner une plainte donnée.
Je pense que le processus informel de résolution des conflits dont vous avez parlé est, pour le moment, un élément nouveau du processus de règlement des griefs pour les Forces armées canadiennes. Nous avons bon espoir que cela représentera une occasion supplémentaire de régler une plainte ou un conflit avant de passer au long processus de règlement des griefs. Nous sommes optimistes, et je pense que ce sera quelque chose de positif. Nous n'en voyons pas encore tous les résultats, étant donné que c'est tout nouveau.
:
Comme je l'ai dit, nous sommes très efficaces pour régler les dossiers des gens qui font appel à nous, mais outre certaines des enquêtes systémiques que nous menons, ce n'est que s'ils font appel à nous que nous pouvons véritablement les aider.
Sur le plan individuel, nous avons effectivement beaucoup de succès, mais comme je l'ai mentionné plus tôt, je crois, nous disons toujours aux gens que nous pourrions les aider plus tôt s'ils faisaient appel à nous plus tôt, soit en les renseignant ou en les aidant à régler un problème précis. Parfois, il suffit d'un simple appel à quelqu'un qui fait partie de notre excellent réseau de contacts.
Certaines personnes attendent à la dernière minute pour s'adresser à nous, ce qui n'est pas utile, en général. Nous pouvons toujours les aider, espérons‑le, mais nous disons toujours aux gens que même si nous sommes le bureau de dernier recours, nous sommes aussi le bureau de premier recours pour aider les gens à régler un problème, espérons‑le, avant qu'il ne devienne vraiment un problème.
Monsieur Lick, dans les documents que vous nous avez envoyés, il y a quelque chose qui a attiré mon attention: au Royaume‑Uni, non seulement l'ombudsman peut faire des recommandations, mais celles-ci, dans certains cas, sont contraignantes. Quel genre de recommandation pourrait être contraignante? Est-ce quelque chose qui pourrait s'appliquer à votre poste?
Monsieur Joshi, je vous demanderais à vous aussi s'il serait envisageable de rendre contraignantes certaines recommandations du Comité externe d'examen des griefs militaires.
:
L'ombudsman des plaintes liées au service du Royaume-Uni a, essentiellement, la capacité de faire des recommandations contraignantes, dans certains cas seulement. C'est une façon de faire les choses. Je pense que nous avons prouvé, en particulier avec les Forces armées canadiennes, que nous pouvions faire les choses sans ce type de mesure contraignante. Quant à savoir si ce serait avantageux ou non, je suis neutre.
L'idée, habituellement, comme c'est le cas pour la plupart des ombudsmans dans le monde, c'est que l'ombudsman n'a pas de pouvoir contraignant. C'est lié au travail de l'ombudsman, qui est fondé sur la persuasion morale. Il s'agit de faire la bonne chose avec les éléments de preuve de l'enquête.
En général, comme je l'ai indiqué, nous constatons que cela fonctionne assez bien pour nous pour les plaintes individuelles. À mon avis, ce n'est pas une nécessité absolue. Cela pourrait être un outil utile un jour, mais dans le contexte actuel, je dirais que ce n'est pas absolument nécessaire. En même temps, cette situation pourrait changer avec un leadership différent. Donc, en ce sens, je suis neutre.
:
Très rapidement, est‑ce possible? Oui, c'est possible.
M. Fish a fait deux recommandations à cet égard. La première était que nos conclusions et recommandations seraient contraignantes pour les Forces canadiennes si l'autorité de dernière instance ne rendait pas une décision dans les 90 jours suivant la réception de notre appel. Quant au deuxième scénario, il a demandé qu'un groupe de travail examine la question de savoir si le pouvoir de dernière instance devrait être confié à une autre entité semblable au comité.
Je souligne que ce n'est pas aussi facile que cela peut paraître, car cela doit s'accompagner de pouvoirs. Si nous prenons des décisions qui ont des répercussions financières ou qui placent les gens dans une position donnée, il faut en avoir le pouvoir. Cependant, c'est sans doute une avenue qui pourrait être explorée. Le juge Fish a d'ailleurs formulé ces recommandations dans son troisième rapport à titre d'autorité d’examen indépendant.
:
Je vais commencer, si vous le permettez.
Le ne m'a pas consulté sur ce projet de loi, donc c'est difficile de dire exactement de quoi il en retourne, même si je pourrais en avoir une idée. En tout cas, il ne m'a pas consulté sur l'indépendance de notre bureau. C'est dommage, car il me paraîtrait approprié que je fasse une proposition, dont il pourrait évidemment disposer à sa guise.
Vous connaissez bien sûr mon opinion et celles de tous mes prédécesseurs sur le besoin de légiférer concernant mon bureau, mais au bout du compte, c'est le Parlement qui décide de le faire ou non. Cela dit, je pense tout à fait que la voie à suivre est celle de la législation.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur travail et de leur temps aujourd'hui.
J'aimerais aborder un autre sujet. Les questions qu'étudie notre comité comportent de nombreuses facettes. Je m'intéresse aux informations et aux données, ainsi qu'à la façon de les faire circuler et d'y accéder.
Ma question s'adresse au témoin qui voudra bien en parler avec nous.
Un document de 2020 du Commissariat à l'information du Canada évoque les options qui s'offrent à nous pour établir une stratégie de déclassification des documents qui portent sur la sécurité nationale et le renseignement. Un régime de déclassification automatique serait‑il bénéfique pour votre travail lorsqu'il s'agit des dossiers de la Défense nationale et des forces armées?
Continuons un peu à parler des données et des informations. Durant une séance précédente de notre comité, dans le cadre de cette étude, il a été dit que nous vivions à une époque moderne. La prépondérance des données est assez importante. Dans les années 1980, pour traiter une plainte, il fallait arpenter un corridor et ouvrir des classeurs pour y trouver des documents, tandis que les recherches se font désormais en grande partie de manière électronique.
Pensez‑vous que la prépondérance des informations et des données électroniques est liée, ne serait‑ce qu'un tant soit peu, aux délais dont nous parlons maintenant pour répondre aux demandes d'accès à l'information?
:
Nous sommes de retour. Près de la moitié des membres du Comité sont présents. C'est très bien.
Nous entamons la deuxième heure. Nous accueillons Caroline Maynard, commissaire à l'information, et Allison Knight, directrice principale des enquêtes, des cas prioritaires, des documents historiques et du renseignement au Commissariat à l'information. Quel long titre! Nous accueillons également Harriet Solloway, commissaire à l'intégrité du secteur public, et Brian Radford, avocat général.
Bienvenue à tous.
Je vais vous demander de vous en tenir à vos cinq minutes chacun pour commencer.
Madame Maynard, vous disposez de cinq minutes.
:
Merci de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui.
Comme il s'agit de ma première allocution devant votre comité, permettez-moi de vous donner un aperçu de mon mandat en tant que commissaire à l'information du Canada. Afin de bien saisir mon mandat, il faut savoir que je suis une agente du Parlement, indépendante, et dont le rôle est défini par la Loi sur l'accès à l'information.
[Traduction]
La Loi sur l'accès à l'information consacre le droit d'accès du public aux documents de l'administration fédérale conformément aux principes suivants: l'information gouvernementale devrait être accessible au public; les exceptions indispensables qui restreignent ce droit sont précises et limitées; les décisions relatives à la communication sont susceptibles de recours indépendants du pouvoir exécutif.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor assume la responsabilité générale d'exécuter la Loi, notamment en fournissant une orientation et des outils aux institutions fédérales.
Il est possible de faire une demande d'accès à l'information à l'égard de n'importe quel document qui relève d'une institution fédérale. Quelque 260 institutions sont assujetties à la Loi, dont le ministère de la Défense nationale.
[Français]
Ces institutions sont tenues de répondre aux demandes d'accès à l'information qu'elles reçoivent. En tant que commissaire à l'information, mon rôle est d'enquêter sur les plaintes liées à ces demandes.
Le Commissariat à l'information du Canada peut être saisi d'une plainte si la personne qui a fait une demande d'accès à l'information n'est pas satisfaite du délai de réponse de l'institution ou si elle estime ne pas avoir reçu tous les documents ou renseignements auxquels elle a droit.
[Traduction]
Depuis le début de l'exercice en cours, 103 plaintes ont été enregistrées à l'encontre du ministère de la Défense nationale, ce qui le place au sixième rang des institutions ayant reçu le plus grand nombre de plaintes jusqu'à présent.
À l'issue d'une enquête, je peux rendre une ordonnance à l'encontre de l'institution visée. Je peux, par exemple, ordonner la communication des renseignements à la personne qui en avait fait la demande. Les institutions sont légalement tenues de se conformer à mes ordonnances, à moins d'exercer un recours en révision devant la Cour fédérale.
Cette année, j'ai rendu 29 ordonnances dans le cadre d'enquêtes portant principalement sur le respect des délais de réponse aux demandes d'accès par le ministère de la Défense nationale. Plusieurs de ces enquêtes ont montré un manque de réactivité de la part de certaines unités opérationnelles. Cela nuit à la capacité du ministère à répondre aux demandes conformément aux exigences de la Loi.
[Français]
Comme je l'ai souvent souligné dans des déclarations sur l'importance de la transparence au sein du gouvernement fédéral, le leadership de la haute gestion et de la haute direction est indispensable pour influencer un changement de culture au sein d'une organisation. Ce leadership doit s'étendre aux pratiques de gestion de l'information et aux protocoles de communication interne en vue d'assurer la conformité à la Loi.
[Traduction]
D'ailleurs, j'aimerais faire le point sur des enquêtes récentes que j'ai conclues à l'encontre du ministère de la Défense nationale.
En juin dernier, j'ai ordonné à la de l'époque de communiquer les politiques du ministère sur la COVID‑19 au plus tard le 30 novembre 2023. Ces politiques avaient fait l'objet d'une demande d'accès l'année précédente. Le ministère avait avisé le Commissariat qu'il donnerait suite à l'ordonnance, mais le délai de novembre n'a pas été respecté. Voilà pourquoi, en décembre dernier, j'ai présenté une demande de bref de mandamus à la Cour fédérale afin d'obliger le ministre actuel de la Défense nationale à se conformer à mon ordonnance. Cela fait maintenant deux fois que j'ai recours à ce type de demande parce qu'une institution persiste à ignorer mes ordonnances.
La semaine dernière, j'ai présenté deux nouvelles demandes afin d'obliger le à se conformer à des ordonnances qui auraient dû être respectées en novembre et en décembre 2023. Comme ces affaires sont actuellement en instance devant la Cour fédérale, je ne peux pas en discuter en détail. Cependant, cette forme de recours extraordinaire pour assurer la conformité aux ordonnances rendues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information ne devrait pas être nécessaire. Ces recours minent mon autorité et, plus important encore, la crédibilité du système fédéral d'accès à l'information.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Monsieur le président, je suis heureuse d'avoir l'occasion de fournir des renseignements sur le régime externe de dénonciation au sein du secteur public fédéral.
Le Commissariat à l'intégrité du secteur public du Canada a été créé en 2007 en vertu de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, dans le cadre d'une initiative du gouvernement fédéral en matière de responsabilité. Le Commissariat offre un mécanisme confidentiel qui permet aux fonctionnaires et aux membres du public de divulguer certains actes répréhensibles commis dans le secteur public fédéral. Il convient de noter que la Loi donne une définition très précise de ce qui constitue un acte répréhensible, laquelle ne comprend pas tous les actes répréhensibles au sens général du terme. La Loi prévoit également que les fonctionnaires actuels et anciens peuvent déposer des plaintes en matière de représailles qui découlent de divulgations.
À titre d'agente du Parlement, j'exerce une fonction qui garantit indépendance et neutralité.
Le Commissariat ne peut lancer une enquête sur les divulgations faites à l'encontre des Forces armées canadiennes, du Centre de la sécurité des télécommunications ou du Service canadien du renseignement de sécurité. Conformément à la Loi, ces organisations doivent maintenir leur propre régime interne de dénonciation. Le Commissariat est toutefois en mesure de lancer une enquête sur les divulgations faites à l'encontre du ministère de la Défense nationale et sur les plaintes déposées par les fonctionnaires qui travaillent ou ont déjà travaillé au sein du ministère.
La Loi prévoit également que les organisations fédérales assujetties à la Loi doivent mettre en place des processus internes, que nous appelons des régimes internes. Les organisations doivent désigner une agence supérieure chargée des divulgations et lui accorder un mandat qui reflète celui du Commissariat. Le secrétaire du Conseil du Trésor est responsable de l'administration des régimes internes. En vertu de la Loi, les fonctionnaires ont la possibilité de faire une divulgation à leur supérieur hiérarchique ou à leur agent supérieur par le biais du régime interne de chaque organisation, ou de s'adresser directement au Commissariat dans le cadre du régime externe. Le choix leur appartient.
[Traduction]
Mon bureau établit des processus normalisés pour le traitement des divulgations et des plaintes en matière de représailles, notamment des normes de service applicables aux diverses étapes du processus et des politiques claires pour appuyer la prise de décisions. Ces processus internes visent à assurer un traitement uniforme et équitable des dossiers. Ils sont continuellement réexaminés et sont modifiés périodiquement dans un souci d'efficacité.
Toute personne peut faire une divulgation confidentielle d'acte répréhensible à mon bureau au moyen d'un formulaire en ligne à soumettre par télécopieur, par la poste ou en personne. Dès réception, nous analysons les divulgations afin de déterminer si elles relèvent de ma compétence et si les allégations pourraient constituer des actes répréhensibles au sens de la loi. Les analystes peuvent alors communiquer avec le divulgateur pour obtenir de plus amples renseignements.
Quand je décide de ne pas lancer d'enquête, le divulgateur est informé par écrit des motifs de ma décision, et le dossier est clos. Je peux revenir sur ma décision après réception de renseignements supplémentaires importants.
Quand je décide d'ouvrir une enquête, je communique avec l'administrateur général de l'organisation touchée, ainsi qu'avec le divulgateur et l'auteur présumé de l'acte répréhensible, et l'enquête commence. Nous avons une norme de service pour l'achèvement des enquêtes, qui est de 12 mois. L'enquête peut comprendre des entretiens avec des témoins et l'auteur présumé d'actes répréhensibles, ainsi que la collecte et l'examen de documents ou d'autres preuves. Tout au long du processus, mon bureau respecte le droit à l'équité procédurale et à la justice naturelle pour toutes les parties concernées.
[Français]
Après enquête, je conclus si un acte répréhensible a été ou non commis en me fondant sur la prépondérance des probabilités. Dans le cas d'un acte répréhensible avéré, je dispose de 60 jours pour déposer au Parlement un rapport dans lequel je décris l'acte en question. Le rapport comprend également mes recommandations de mesures correctives et la réponse de l'administrateur général à ces recommandations.
À ce jour, mes prédécesseurs ont déposé 19 rapports de ce genre.
Fait à noter, je suis en fonction depuis moins de 5 mois.
Je reconnais la difficulté de faire une divulgation et je prends au sérieux l'obligation de préserver la confidentialité des divulgateurs. La même obligation incombe aux fonctionnaires qui gèrent le régime interne de leur institution. Le Commissariat à l'intégrité du secteur public ne communique jamais l'identité du divulgateur. Néanmoins, cette personne peut faire l'objet de représailles si son identité est révélée par d'autres sources. Dans un tel cas, le divulgateur peut déposer une plainte auprès du Commissariat. La procédure de réception et de traitement des plaintes est similaire à celle de la divulgation, mais la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles exige que je décide…
Madame Maynard, je vous remercie d'avoir clarifié certaines choses dans votre déclaration préliminaire.
Il y a deux semaines, devant le Comité, le a dit ne pas croire que la conformité à la Loi sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels et le litige en la matière émanait de son ministère, alors je vous remercie de clarifier la situation.
Pouvez-vous confirmer, aux fins du compte rendu, que le titre de l'affaire est La commissaire à l'information du Canada contre le ministre de la Défense nationale?
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Merci beaucoup à nos témoins. C'est vraiment un plaisir de vous avoir parmi nous.
Madame Maynard, ma première question concerne les données et les décisions du commissariat, publiées sur Internet. En consultant ces données, nous constatons une augmentation du nombre de décisions visant le ministère de la Défense nationale en lien avec ses retards à répondre aux demandes d'information.
Vous avez mentionné que ces retards avaient commencé en 2021. Il semble donc certain que la situation était différente au cours des années 2019 et 2020. Seriez-vous disposée à nous dire ce qui pourrait expliquer l'augmentation des retards à compter de 2021? On a connu un événement majeur en 2020, la pandémie, et tout a été fermé pendant un certain temps. Pensez-vous que ça a eu un impact sur le nombre de décisions?
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La pandémie a certainement eu un impact sur toutes les institutions en ce qui concerne le respect de leurs obligations en vertu de la Loi. Par contre, pendant la pandémie, l'unité d'accès à l'information du ministère de la Défense nationale a été exemplaire, dans le sens où elle a traité énormément de cas au cours de l'année 2020. C'était intéressant.
C'est en 2021 et 2022 que nous avons reçu de plus en plus de plaintes. La pandémie a commencé à avoir un impact sur les années qui ont suivi et les retards continuent d'augmenter. À l'heure actuelle, cependant, on ne peut plus utiliser la COVID ou la pandémie comme excuse pour justifier un retard.
Comme je le disais tout à l'heure, ce qui semble être la raison principale des retards à la Défense nationale, c'est que les services qui détiennent l'information ne répondent pas dans les 30 jours, soit dans le délai demandé par l'unité d'accès à l'information.
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Selon les statistiques du Conseil du Trésor, 60 % des demandes respectent le délai de 30 jours, mais, généralement, un peu plus de 50 % sont en retard. Il est sûr que si on donnait un délai de 60 jours, les gens demanderaient encore du temps additionnel. Je crois qu'il faut se pencher sur tous les facteurs qui font que les délais ne sont pas respectés.
Tout à l'heure, on a parlé de la gestion de l'information. Il y a beaucoup trop d'information. Les gens ne font pas une bonne gestion de l'information. Quand on fait une demande d'accès à l'information, on ne parle plus de deux ou trois pages dans un petit fichier papier. Maintenant, les gens conservent des milliers de pages pour expliquer une décision.
[Traduction]
Il y a bel et bien un problème de gestion de l'information, ce qui entraîne des retards.
La consultation entre les ministères retarde aussi le processus. Il faut faire quelque chose et établir un échéancier pour les institutions qui reçoivent des demandes de consultations, afin d'éliminer ces retards. C'est l'une des recommandations législatives que j'ai faites au Conseil du Trésor.
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Pour ce qui est des ordonnances, j'avais recommandé lors des discussions entourant l'ancien projet de loi la mise en place d'un processus d'homologation des ordonnances émises par le commissariat. En vertu d'un tel processus, il suffirait de faire homologuer une ordonnance du commissariat par la Cour fédérale pour qu'elle soit respectée au même titre qu'un jugement de la Cour. Un tel processus serait beaucoup plus facile qu'une requête de mandamus.
À l'époque, le gouvernement avait dit qu'on n'avait pas besoin d'un processus comme celui-là, parce qu'il allait respecter les ordonnances du commissariat, qui avaient force de loi. On a maintenant la preuve que ce n'est pas exactement le cas. Un processus d'homologation serait suffisant, selon moi, pour que les institutions ne veuillent pas être accusées d'outrage au tribunal, si je peux m'exprimer ainsi.
En ce qui concerne les pénalités, les gens nous demandent souvent qui devrait être puni quand le ministère ne répond pas ou ne respecte pas la Loi. Selon moi, il serait très difficile d'établir un processus qui sanctionnerait un fonctionnaire, un directeur ou un sous-ministre. Je pense qu'il serait plus facile d'établir au sein du ministère un processus d'évaluation de rendement relativement aux réponses aux demandes d'accès à l'information. Quand cela touche aux primes et à la paie, cela peut avoir un effet.
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Merci. Je vais revenir avec d'autres questions par la suite.
Madame Solloway, en septembre dernier, nous avons reçu de l'information selon laquelle le ministère de la Défense avait enfreint la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles. Je comprends que c'était votre prédécesseur, M. Friday, qui avait rendu l'information publique. Il avait qualifié ses conclusions de troublantes, puisque, durant plusieurs années, le ministère de la Défense, dans le cadre de son régime interne, n'avait même pas mis à jour son site Web pour dire qu'il y avait des enquêtes en cours, et n'avait même pas avisé les dénonciateurs du résultat ou du suivi de ces demandes.
J'aimerais entendre ce que vous pensez des rôles parallèles de votre commissariat et des régimes internes des institutions fédérales. Je comprends qu'un dénonciateur peut décider de faire appel soit au régime interne de l'institution soit à votre commissariat, ou aux deux. S'il y a une perte de confiance envers les régimes internes, quel est l'impact sur votre organisation? Au cours des dernières années, est-ce que le nombre de demandes que vous traitez à votre commissariat a augmenté comparativement aux demandes qui sont traitées par les régimes internes?
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Sans me prononcer sur les raisons — parce que je n'ai pas fait une analyse complète à cet égard —, je dirais que notre commissariat a connu une augmentation constante du nombre de cas. Cela ne fait aucun doute. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois que nous en sommes à environ 50 % de plus que l'an dernier, et je crois qu'il y avait eu une augmentation l'année précédente.
Le budget du Commissariat n'a pas augmenté depuis sa création en 2007. J'étais en poste depuis deux semaines au moment où nous avons dû présenter une demande de budget. Nous avons demandé une augmentation très modeste pour l'année budgétaire à venir, principalement parce que notre système informatique est sur le point de s'effondrer. Nous examinons maintenant où nous en sommes et ce dont nous avons besoin en vue de trouver la meilleure façon de nous structurer pour accroître notre efficacité et déterminer les ressources qui seront nécessaires en fonction de l'analyse des tendances que nous avons effectuée.
Je sais que d'autres agents du Parlement partagent notre préoccupation, mais dans notre cas, elle est assez importante. Nous sommes préoccupés par les budgets à venir.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
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Ma question s'adresse aux deux commissaires.
Dans le cadre de notre étude, nous avons beaucoup entendu parler des différences entre les agents du Parlement, et entre les commissaires et les ombudsmans. Nous venons d'entendre l'ombudsman. J'aimerais en savoir plus sur l'indépendance de ces bureaux.
Pourriez-vous nous en parler, et nous expliquer comment l'indépendance de vos rôles en tant que commissaires vous permet de faire votre travail? Pouvez-vous nous parler de l'importance d'élargir ce rôle, jusqu'à celui d'ombudsman, peut-être?
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C'est intéressant, parce que je siégeais au Comité externe d'examen des griefs militaires en 2011 et les problèmes sont les mêmes. J'ai écouté Vihar Joshi, et je constate que la situation n'a pas beaucoup changé. C'est la même chose pour l'ombudsman.
La bonne nouvelle, c'est qu'en tant qu'agents du Parlement, nous relevons du Parlement. Nous sommes complètement indépendants. Ce qui nous préoccupe, c'est d'avoir suffisamment de ressources pour nous acquitter de notre mandat. À part cela, j'enquête sur le , le , la et la . Nous faisons rapport au Parlement des résultats de nos enquêtes.
Si nous n'avons pas les ressources nécessaires et les mécanismes appropriés pour les obtenir, cela nuit à notre capacité d'en faire plus. Les salaires représentent environ 87 % de mon budget. Tout comme la commissaire Solloway, j'ai une très petite équipe de TI. Nous ne pouvons pas utiliser le nuage. Nous ne pouvons pas faire des choses que d'autres grands ministères peuvent faire rapidement. Je veux réaliser plus d'enquêtes. Je veux réduire les délais. Je veux être plus efficace dans le cadre du mandat qui m'a été confié. Nous devons faire des choix quant à l'affectation des fonds. C'est difficile.
Je suis certain que le travail de l'ombudsman, qui fait rapport au ministre, est différent. Lorsque des décisions sont prises par un ministère, vous en êtes responsable. Notre mandat est entièrement distinct.
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Je remercie les deux commissaires et leurs équipes de leur présence.
J'avais préparé une question, mais j'entends la frustration dans vos déclarations préliminaires et dans vos réponses.
Nous avons entendu parler des budgets de 2007. On a aussi évoqué l'année 2011. Madame Maynard, vous avez parlé de la gravité de la situation en 2011.
Nous savons à quel point les choses allaient mal sous le gouvernement précédent, mais ma foi, il semble que la situation ne se soit pas beaucoup améliorée. Les graphiques montrent des améliorations minimes. C'est vraiment frustrant.
C'est une chose pour nous d'être assis ici et de dire que l'opposition avait vraiment mal fait son travail il y a plusieurs années ou d'être de l'autre côté et de dire que nous sommes très mauvais. Toutefois, en tant que comité, en tant que gouvernement, en tant que ministres et en tant que ministères, nous devons faire mieux.
Pour le temps qu'il me reste, pouvez-vous toutes les deux me dire ce que nous devons faire, nonobstant la question du système informatique — et nous avons bien compris le message, merci — et celle du budget, pour corriger ce système d'accès à l'information? Je sais que je ne vous laisse pas beaucoup de temps pour me répondre. Je comprends votre frustration, et j'entends celle des députés autour de la table. Je suis moi-même frustré de la situation. Que devons-nous faire pour aller au‑delà de ce que je vois dans les graphiques comme des améliorations marginales? Nous allons prendre deux secondes pour nous féliciter de ces améliorations, puis nous reprendrons le travail. Que devons-nous faire pour améliorer la situation?
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Je suis d'accord avec vous: rien n'a changé. Lorsqu'il s'agit de nos renseignements, nous voulons les protéger; lorsque ce sont les renseignements des autres, nous voulons les voir.
Si nous voulons que les choses changent, il faut changer la culture au sein du gouvernement. Les leaders doivent établir les priorités et des objectifs clairs, fournir les ressources et la formation nécessaires et favoriser l'innovation.
Il faut apporter des changements législatifs. Il faut attendre jusqu'en 2025 pour la prochaine série de changements législatifs, et ce ne sera que le début. Il faudra probablement tenir des consultations, et je ne sais même pas si j'y serai. Il faut absolument renforcer les lois. La loi actuelle a 40 ans, et n'a pas beaucoup changé.
Il faut investir de l'argent et investir dans les ressources pour répondre aux demandes d'accès. Ces demandes ne disparaîtront pas. Les gens demandent de l'information. Ils savent qu'ils ont le droit de le faire, et ils le font.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Maynard, il y a deux semaines, j'ai cité une partie de votre rapport de 2020, qui mentionne que les fonctionnaires tendent à ne pas divulguer trop d'information pour ne pas s'exposer à des sanctions, qu'ils classent parfois de façon routinière des informations comme étant confidentielles et que leur travail lié aux demandes d'accès à l'information n'est qu'une tâche parmi d'autres.
J'ai questionné un témoin à ce sujet, qui a dit qu'il n'y avait pas vraiment de problème de ce côté-là, que le travail était bien fait et que ces fonctionnaires étaient exclusivement affectés aux demandes d'accès à l'information. J'aimerais entendre votre point de vue pour que votre témoignage aussi puisse faire partie de notre rapport.
Je ne veux pas vous mêler à nos désaccords, et je pense que M. Fisher a les meilleures intentions. Il a certainement raison de dire que ce ne devrait pas être partisan. Cependant, lorsque nous parlons d'un changement de culture ou que vous parlez de faire preuve de leadership et de la nécessité d'investir et d'accorder des ressources, je me demande souvent à quel point c'est délibéré, car, par exemple, un groupe a le pouvoir et l'autre a l'information, puis l'autre a le pouvoir et veut l'information.
Dans quelle mesure pouvons-nous faire quelque chose selon vous? Que pouvons-nous vraiment faire en tant que législateurs pour éliminer toute cette partisanerie de l'équation et pour mettre fin à ce manque délibéré de ressources au sein des institutions?
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Quand j'ai initialement proposé cette motion, je m'attendais à ce qu'elle soit plus longue. Le Comité se souviendra qu'elle a été raccourcie. Comme nous l'avons découvert, il y a beaucoup de questions à approfondir, et je pense que les témoins qui ont comparu et donné de leur temps méritent une étude plus exhaustive, comme nous devons le faire.
J'ai aussi initialement demandé que le chef d'état-major de la défense comparaisse puisqu'il a le dernier mot. À plusieurs reprises aujourd'hui et au cours des réunions précédentes, nous avons entendu dire que son bureau et lui représentent l'autorité de dernière instance en ce qui concerne l'information et l'accès à cette information. Je pense que c'est très important. Même après avoir entendu aujourd'hui l'ombudsman, et même si son personnel et lui sont formidables, je pense qu'une grande partie du contexte historique entourant ce qui s'est produit avec l'ancien ombudsman, M. Walbourne, est important dans le cadre de cette étude.
Si nous pensons pouvoir nous en occuper en l'espace d'une réunion et demie, c'est bon. Cela dit, compte tenu de la profonde importance de ces témoins, j'estime qu'il serait approprié de leur consacrer deux réunions.
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Premièrement, nous appuyons la teneur de la motion.
Deuxièmement, pour donner suite aux propos de M. Fillmore, je pense qu'il revient au sous-comité ou à la présidence de gérer le calendrier du Comité du mieux possible. Je pense que nous pouvons composer avec les circonstances. Nous savons que le chef d'état-major et le commissaire à la protection de la vie privée sont tous les deux ici à Ottawa. Si nous avons besoin de trouver des témoins, il serait assez facile de les faire venir pour combler les plages horaires libres que nous pourrions avoir dans notre calendrier.
En même temps, je ne veux pas retarder l'étude sur l'espace, surtout à cause de la question des déplacements. Nous devons la commencer. Nous pouvons marcher et mâcher de la gomme en même temps.
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Souhaitez-vous aborder d'autres points?
Le premier vote porte sur l'amendement.
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
(La motion modifiée est adoptée.)
Le président: Merci beaucoup.
Nous avons un dernier point à régler avant de lever la séance. J'ai besoin que quelqu'un propose le budget de l'étude sur la transparence, que nous avons établi à 6 000 $ pour deux réunions. Nous allons voir si ce montant est suffisant.
M. Collins le propose.
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci.
La séance est levée.