:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 14e réunion du Comité permanent des anciens combattants. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 8 février 2022, le Comité se réunit afin de poursuivre son étude sur les prestations de pension du survivant dans le cas d'un mariage après 60 ans.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride. Les membres du comité y assistent en personne dans la salle ou à distance au moyen de l'application Zoom. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. La webémission montrera toujours la personne qui parle, plutôt que tout le comité.
Je rappelle à tous les participants à cette réunion qu'il est interdit de faire des captures d'écran et de prendre des photos de son écran.
Avant de prendre parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez activer le son en cliquant sur l'icône du microphone. Pour les personnes se trouvant dans la salle, sachez que votre microphone sera contrôlé, comme d'habitude, par l'agent des délibérations et de la vérification. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être éteint.
Je vous rappelle que les membres du comité et les témoins doivent adresser tous leurs commentaires à la présidence.
[Français]
En ce qui concerne la liste des personnes qui prendront la parole, le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre de parole établi pour tous les députés, qu'ils participent en personne ou à distance.
Au nom du Comité, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins. Plusieurs d'entre eux comparaissent devant notre comité pour la première fois, et je leur souhaite la bienvenue.
M. Patrick Boudreau, Mme Kelly Vankoughnett, Mme Tracy Lee Evanshen et M. Kevin Sewell, caporal, comparaissent à titre personnel. Nous accueillons également M. Maurice Gill, coprésident de la Coalition équité des pensions aux conjoints survivants.
[Traduction]
Tous les témoins disposeront de cinq minutes pour présenter leurs observations préliminaires, puis nous passerons aux séries de questions.
[Français]
Je vais vous prévenir lorsqu'il vous restera une minute de temps de parole et quand votre temps de parole sera écoulé.
[Traduction]
Nous allons commencer par Patrick Boudreau.
Monsieur Boudreau, vous disposez de cinq minutes pour présenter vos observations préliminaires. Vous avez la parole.
:
Bonjour. Je remercie la comité de m'avoir invité à m'exprimer.
Je m'appelle Pat Boudreau. J'ai commencé ma carrière d'agent correctionnel en 1977. J'ai pris ma retraite le 30 janvier 2015, après 37 années et demie de service. J'ai eu une bonne carrière, mais elle n'a pas été sans difficultés. Il est arrivé que ma vie soit en danger. Je suis heureux de dire que je suis arrivé à la retraite sans problème de drogue ou d'alcool et que mon sens de l'humeur est intact.
Le 1er avril, l'année où j'ai pris ma retraite, j'ai appris, consterné, que mon épouse entretenait une liaison et me quittait. J'ai rencontré ma conjointe de fait, Kelly, en juillet 2015. Elle était veuve. Son époux était décédé en septembre 2014. Pendant que nous étions ensemble, je devais subvenir aux besoins de mon ex-épouse, car elle ne travaillait pas au moment de notre séparation. Nous sommes maintenant divorcés, de sorte qu'elle n'a pas droit à des prestations de pension du survivant. Quelque chose ne tourne pas rond dans le monde en mutation dans lequel nous vivons. Les clauses de prestations de pension au survivant n'ont pas suivi l'évolution des familles. Je n'ai pas créé cette situation.
J'ai contacté l'organisme qui me verse ma pension pour demander si Kelly pouvait être ajoutée à mon régime de retraite. On m'a répondu que je pouvais cotiser au régime si je voulais que Kelly reçoive des prestations. Nous n'en avons pas les moyens actuellement. Après avoir cotisé pendant 37 ans à un régime de retraite, j'étais blessé, contrarié et en colère que la femme qui serait à mes côtés dans ma vieillesse se retrouve démunie si je meurs.
Il est anormal que, si je survis à Kelly, elle me laisse une pension du survivant du Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario et une maison qu'elle s'est battue pour garder. Si elle me survit, je ne lui laisse rien de mon régime de retraite après 37 ans et demi parce que les responsables pensent qu'elle est avec moi par intérêt.
Ce n'est pas le cas. Nous nous soutenons dans les moments difficiles, tant émotionnellement que financièrement. Nous essayons toujours de trouver une solution à la somme qui manquera si Kelly me survit. Kelly sera obligée de faire face à la perte d'un deuxième époux et elle devra vendre la maison qu'elle a tellement travaillé pour garder à la mort de son premier époux. Ce n'est pas juste.
Tout le monde mérite de se réveiller auprès de l'être aimé. Nous avons tous deux le bonheur d'avoir une deuxième chance. Je suis anéanti à l'idée de ne pas pouvoir prendre soin de Kelly financièrement quand je ne serai plus là.
Je vous remercie de votre temps.
:
Bonjour. Je m'appelle Kelly Vankoughnett. Pat et moi sommes heureux d'avoir la possibilité de nous exprimer aujourd'hui.
Je suis gardienne d'école à la retraite. J'ai choisi de prendre ma retraite en septembre dernier. Ce n'est pas facile de préparer sa retraite et de choisir le bon moment. Je devais prendre en compte les exigences physiques de mon emploi que je ressens physiquement en vieillissant, et il y a la peur immense de l'insécurité et de difficultés financières, si je vis encore longtemps. Il y avait la crainte réelle de ne pas avoir le temps de vivre de bons moments avec Pat, qui a huit ans de plus que moi.
Je suis veuve, comme Pat l'a mentionné. Mon époux est décdé la veille de mes 50 ans. Cela a été une période douloureuse qui a changé à jamais ma façon de voir les choses. Cela a été un tournant dans ma vie qui m'a fait prendre conscience que le temps est notre bien le plus précieux.
Comme la plupart des familles canadiennes, nous travaillions dur. Nous ne prenions pas le temps de profiter de vacances. Nous essayions de rembourser notre maison et d'avoir ce qu'il faut pour la retraite. Le cancer nous a privé, Ken et moi, de ces années de retraite. C'est à tout cela que je pensais en décidant de prendre ma retraite un peu plus tôt, avec une pension nettement inférieure, mais du temps à passer avec Pat. Peu importait à quoi ressemblerait cette retraite, c'était la bonne décision.
Le seul problème était ma perte de revenu et le fait que Pat, avons-nous appris, ne pourrait pas me laisser de prestations de pension du survivant s'il partait avant moi. Pour Pat et moi, il était illogique qu'après 37 années et demie de travail, la femme qu'il aime, qui a travaillé depuis l'âge de 16 ans, qui lui a offert de partager sa maison quand il a perdu la sienne dans son divorce, soit qualifiée de profiteuse. Le paradoxe, c'est que la profiteuse que je suis laissera à Pat une maison sans hypothèque dans laquelle il aura les moyens de rester, et des prestations de pension du survivant du Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario dont il n'aura même pas besoin pour vivre confortablement.
Le régime de retraite de Pat, comme nous l'écrivons, est illogique et déconnecté par rapport à la définition actuelle des familles qui travaillent. Si je survis à Pat, je devrai tout de suite vendre notre maison, que j'aime beaucoup et pour laquelle j'ai tellement travaillé pour la garder après le décès de Ken. Je ne sais pas encore où j'irai. Je n'ai pas d'enfant qui puisse m'aider d'une manière ou d'une autre.
Pat et moi sommes très heureux de nous être trouvés à un âge plus avancé. Tout le monde n'a pas cette chance à la fin de la cinquantaine et au début de la soixantaine. Nous nous sentons chanceux. Tout n'est pas rose financièrement. J'ai remboursé le prêt hypothécaire et Pat a versé l'argent qu'il devait à la séparation et au divorce. Nous n'avons pas les moyens de cotiser pour des prestations de pension du survivant.
La planification de la retraite a pour seul but d'essayer d'avoir une certaine sécurité si vous vivez longtemps, tout en profitant des fruits de votre labeur. Je ne sais pas combien de couples sont concernés par les paragraphes dépassés du régime de retraite. J'imagine que nous sommes une petite poignée, mais le prix est lourd à payer.
La définition de « famille » a changé beaucoup de fois. Les deux parties travaillent et contribuent au revenu du ménage et rares sont ceux qui ont le luxe de vivre sur un seul revenu. Ceux d'entre nous qui sont concernés vont connaître des difficultés qu'une planification de la retraite ne pourrait empêcher. Au fond, la planification de la retraite est un coup de dés. Les faits demeurent que Pat a payé le prix à bien des égards dans sa carrière, et il a cotisé pendant longtemps à un régime de retraite qui ne soutiendra pas sa conjointe survivante. C'est injuste, mais nous avons décidé de préférer le temps à l'argent.
Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner. Nous prions pour que des changements interviennent pour les personnes concernées.
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Bonjour. Je m'appelle Tracy Lee Evanshen. Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant vous aujourd'hui.
J'ai déjà eu le plaisir de m'exprimer devant le comité et je reconnais quelques visages familiers. Bonjour. C'est un plaisir aussi de rencontrer celles et ceux que je ne connais pas.
La dernière fois, j'ai exposé brièvement ce à quoi ressemble un week-end pour nous quand mes enfants viennent nous voir et parlé des obstacles que nous devons surmonter pour qu'ils puissent venir. Je n'en reparlerai pas, mais je vous donnerai un aperçu de nos vies.
Comme j'ai connu Kevin à un programme pour vétérans et militaires en service actif souffrant de trouble de stress post-traumatique, je savais que nous aurions des obstacles à surmonter dans nos vies. Sincèrement, je ne savais pas qu'il y en aurait autant. Il m'arrive de me demander dans quel pétrin je me suis fourrée. À dire vrai, ce genre d'idées me passe aussi vite qu'elles viennent. Cet homme nous a donné, à mes enfants et à moi, tout ce qu'il peut. Être son épouse est fantastique, enrageant et plein d'amour, et je ne voudrais rien d'autre. Est-ce que j'aimerais que ce soit autrement? Tout à fait, mais nous nous débrouillons avec la mauvaise donne dont nous avons écopé. C'est une donne que nous n'avons pas demandée et que nous ne méritons pas.
Il s'est engagé volontairement pour se battre pour son pays et pour ceux qui ne pouvaient pas se battre pour eux-mêmes. Il ne l'a pas fait une fois, mais deux. Il a donné de lui-même et, pour finir, le pays pour lequel il s'est battu lui tourne le dos, lui cause des problèmes et lui rend les choses si difficiles qu'il lui est souvent arrivé de vouloir en finir.
Pourquoi? Parce que le gouvernement en a décidé ainsi. Il a dit qu'il examinait les demandes d'indemnisation et qu'il allait lancer une étude et y consacrer des millions. Mais pourquoi ne pas donner les millions aux vétérans, à leurs conjoints et à leurs familles?
Cette disposition ridicule a été rédigée en 1901. Vous voulez rire! Deux fois, le a déclaré qu'il allait la supprimer, mais elle est encore là.
La majorité des vétérans et/ou leurs conjoints vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté, sinon en dessous. Nous ne demandons pas grand-chose, seulement ce que nous méritons et qui nous a été promis. Nous ne voulons pas avoir du mal à payer la facture de téléphone ou le remboursement de prêt hypothécaire ce mois-ci, ou en être réduits à manger des hot-dogs ou des sandwiches au beurre d'arachide.
Vous pensez peut-être que je plaisante, mais c'est sérieusement un dilemme pour certains vétérans. À la fin de ses jours, le vétéran, homme ou femme, qui a tout donné pour son pays, laisse son conjoint sans ressources parce que ce conjoint n'a pas droit à ses prestations si le vétéran a trouvé l'amour après l'âge de 60 ans. Je vous demande, si quelqu'un parmi vous a plus de 60 ans et a un être cher, comment vous sentiriez-vous si vous ne pouviez pas prendre soin de cette personne après votre mort?
Je peux vous dire que mon époux a pleuré parce qu'il ne peut pas me mettre à l'abri du besoin pour plus tard. Il a l'impression de ne pas tenir son rôle d'homme, d'être inutile, ne rien valoir du tout. Comment le gouvernement ose-t-il le faire se sentir comme cela, et avec lui d'autres?
Par exemple, quand Kevin a eu 65 ans, son revenu net a été réduit de 20 %. J'imagine que la vie s'arrête à 65 ans pour un vétéran. Quand ils ont le plus besoin d'aide, on les jette avec l'eau du bain. Il a été libéré des forces armées sans autre explication parce qu'on estimait qu'il était vieux. Soixante ans, c'est vieux.
Nous sommes tous les jours au téléphone avec Anciens Combattants Canada, avec le bureau de l'ombudsman et avec les droits de la personne pour essayer d'obtenir de vraies réponses. Nous en obtenons rarement. On nous fait tourner en rond. Nous n'avons pas fait d'études, mais nous avons chaque fois l'impression d'avoir droit à des réactions ridicules. Oui, j'ai dit « des réactions », car ce ne sont jamais des réponses aux questions. Et les réactions semblent changer autant que les prévisions météo.
Il faudrait que les choses soient plus faciles, mais on nous les rend tellement plus difficiles. Personne ne semble vouloir prendre de responsabilité. Il faut bien que quelqu'un se montre responsable. Quelqu'un doit amorcer le changement. Soyez ce quelqu'un, je vous en prie.
Quand j'étais sa conjointe de fait, nous avons compris que j'avais droit à ses prestations d'ACC, mais pas à ses avantages sociaux militaires. En quoi est-ce logique? Nous avons appris que si un vétéran n'est pas marié avant l'âge de 60 ans, toute relation de fait antérieure ne sera pas reconnue. Il n'a jamais su que cette disposition existait. Une fois mariés, nous avons eu une année pour présenter la documentation pour que j'aie droit à ses avantages sociaux militaires, c'est-à-dire à la pension, mais nous devions cotiser au régime sur le peu d'argent qui nous revenait.
Anciens Combattants Canada redonne plus de 150 millions de dollars par an au gouvernement. Cet argent pourrait servir à soutenir les vétérans et leurs familles, quelle que soit l'unité familiale.
Sachez que je suis nouvelle à cette vie et que je n'en changerais pour rien au monde. Les vétérans doivent harceler des gens pour obtenir de l'aide, mais sans résultat. Ils n'y gagnent que plus d'ennuis. Ils renoncent. Ils sont fatigués d'être marginalisés, mis de côté et oubliés.
S'il veut être certains que je touche, en tant qu'épouse, une partie de sa pension, nous devons reverser à un régime auquel il reverse déjà parce qu'il s'est réengagé pour l'Afghanistan à l'âge de 53 ans. Si nous ne le faisons pas, nous n'aurons presque rien pour vivre. Comprenez-le bien.
S'il vous plaît, aidez-nous. Aidez à changer cette disposition archaïque et à donner aux vétérans et à leurs familles l'aide qu'ils méritent.
Je vous remercie.
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Bonjour à toutes et à tous. Je vous remercie de me donner la parole.
Après cela, il n'y a pas grand-chose à dire. Je peux vous raconter les situations que crée cette disposition et vous parler de moi.
J'ai servi dans les Forces canadiennes pendant deux périodes. Je me suis engagé au début des années 1980 et j'ai été libéré en 1987. Ensuite, je suis devenu ambulancier paramédical en Ontario et je le suis resté pendant 22 ans. Il y a eu l'Afghanistan et je me suis dit que mes connaissances et mes compétences pourraient servir en première ligne dans cette situation. Je me suis donc engagé à ce moment-là.
J'ai servi jusqu'à l'âge de 60 ans. J'ai alors été libéré pour deux raisons. Je souffrais d'un trouble de stress post-traumatique, de TSPT. Bref, j'étais un homme brisé. Il y avait aussi la clause qui dit qu'une fois arrivé à 60 ans, les forces armées vous libèrent. C'est une catégorie d'âge.
Depuis, je me bats contre le TSPT et contre d'autres blessures. Anciens Combattants Canada aide, mais pas complètement. Puis j'ai rencontré cette jeune dame. Nous avons vécu en union de fait pendant plusieurs années. Nous prévoyions de nous marier, et la COVID est arrivée. Pour finir, nous nous sommes mariés en octobre dernier, de sorte que nous sommes maintenant considérés comme mariés.
Elle était déjà bénéficiaire de tout ce que je pouvais lui donner pour ce qui est d'Anciens Combattants Canada, mais la disposition sur le régime de retraite de la Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes et la disposition relative aux mariages intéressés l'empêcheront nettement, voire totalement de recevoir ma pension si je meurs.
Quand je l'ai appris, j'ai eu l'impression de prendre un coup de poing dans l'estomac. J'étais complètement abattu. Je ne pourrai pas lui donner ce que j'avais prévu de lui donner, et j'avais l'impression de ne pas être totalement humain ou totalement un homme.
C'est contradictoire. Le gouvernement reconnaît les unions de fait dans la plupart des choses. Les impôts les reconnaissent aussi. ACC les reconnaît. Les forces armées les reconnaissent jusqu'à 60 ans. Ensuite, tout à coup, les forces armées ne les reconnaissent plus. C'est intéressant.
L'ancien premier ministre du nom de Pierre Elliott Trudeau a déclaré que l'État devait rester en-dehors des chambres à coucher des Canadiens. Avec ce qui se passe, je dirais qu'il est toujours dans les chambres à coucher des Canadiens s'il décrète qu'on peut ou ne peut pas recevoir des prestations à cause d'une situation de famille.
Comme vous le savez tous, la disposition relative aux mariages intéressés a été adoptée en 1901 à cause de la guerre civile aux États-Unis. Nous leur avons emboîté le pas en nous disant qu'il y aurait des personnes qui essaieraient de profiter du système. Cependant, l'armée américaine s'est débarrassée de cette disposition et nous continuons de l'appliquer, plus que jamais, 10 ans plus tard. De plus, les Forces canadiennes n'informent pas leurs membres de l'existence de cette disposition, de sorte que lorsqu'ils quittent les forces armées, ils sont surpris de la découvrir. Ce n'est pas normal et c'est, en fait, une piètre façon de traiter des vétérans et des soldats en même temps.
En résumé, Tracy vous a exposé l'essentiel et je suis tout à fait d'accord avec ce qu'elle a dit. Je ne peux pas ajouter grand-chose d'autre. Si vous avez des questions, ce qui sera probablement le cas pendant le temps réservé aux questions, j'y répondrai très volontiers.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant vous.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, messieurs et mesdames.
Nous avons déposé un mémoire dans lequel nous avons tenté de faire le tour de la question à l'étude. J'aimerais maintenant vous présenter des informations additionnelles et quelques commentaires. Je n'ai pas pu vous envoyer mon allocution auparavant, l'ayant terminée seulement hier.
Je commencerai par vous dire un mot au sujet de notre coalition.
La Coalition équité des pensions aux conjoints survivants s'est organisée au cours des années 2013 et 2014 quand elle a recruté de nombreux partenaires désireux d'appuyer son objectif, qui est de contribuer à faire changer les lois fédérales en matière de pension. Ces partenaires sont des associations de retraités dont, bien sûr, l'Association canadienne des pensionnés et rentiers militaires, l'Association nationale des retraités fédéraux, qui s'est présentée devant vous le 29 avril, des syndicats et d'autres organismes. Vous avez accès à la liste de nos partenaires sur notre site Internet.
La Coalition est devenue visible grâce aux interventions que nous avons faites au cours de la campagne électorale de 2015. En 2016, nous avons entrepris des démarches de sensibilisation auprès de plusieurs ministres directement ou indirectement responsables des diverses lois sur les pensions.
En 2018, nous avons soutenu le projet de loi du Nouveau Parti démocratique visant à modifier ces lois, et nous avons publicisé la pétition qui l'appuyait.
Après une très longue pandémie qui a bouleversé la vie politique au pays et réduit considérablement nos possibilités d'action, nous voici devant votre comité.
La partie sur la législation fédérale porte longuement sur la loi de 1901, qui comprenait entre autres une disposition d'exclusion que je tiens à vous mentionner aujourd'hui. Une veuve qui touchait une pension et qui se remariait — c'était peut-être une façon de devenir plus fortunée — perdait sa pension et, si son nouveau conjoint décédait à son tour, la pension était rétablie. Une disposition semblable s'est retrouvée dans plusieurs régimes de retraite pendant longtemps, particulièrement dans le Régime de pensions du Canada, où elle a été en vigueur de 1965 à 1987.
Nous croyons que la disposition liée au mariage après 60 ans est complètement arbitraire, et nous comprenons très bien que beaucoup de gens la considèrent vraiment comme discriminatoire, et cela, même si un jugement de la Cour suprême a rejeté une plainte en ce sens en 1994. Cependant, la réalité change avec le temps. L'opinion du tribunal pourrait changer. Nous l'avons vu dans les dossiers du suicide assisté et de l'aide médicale à mourir.
Dans notre mémoire, nous avons fourni un certain raisonnement qui pouvait justifier l'existence de la disposition après la retraite. Comme les mariages après 60 ans surviennent la plupart du temps après la retraite, nous pourrions fort bien éliminer les termes « après 60 ans » et n'avoir qu'une disposition pour l'ensemble de la législation. Pourquoi pas?
Je parlerai maintenant du Fonds pour les survivants des vétérans.
Dans le cadre d'une recherche, dont j'ai mentionné quelques résultats dans le mémoire, nous avons recensé 4 490 veuves vivantes en 2020. Si on suppose, par exemple, qu'elles sont devenues veuves entre 2005 et 2020, et que nous tenons compte du fait que, durant cette période de 15 ans, il y avait d'autres veuves sans pension qui sont malheureusement décédées, plusieurs centaines de personnes viendraient s'ajouter au compte total pour cette période.
Voici d'autres données de cette recherche qui pourraient sûrement vous intéresser.
Parmi ces veuves, 19 % auraient des revenus inférieurs à la Mesure de faible revenu.
Nous allons passer au premier tour de questions.
J'invite les membres à dire à qui s'adressent leurs questions. Nous avons avec nous M. Boudreau, Mme Vankoughnett, Mme Evanshen, le caporal Sewell ainsi que M. Gill.
Je m'adresse maintenant aux témoins. Si une question vous est adressée, je n'ai pas besoin de vous annoncer, vous pourrez y répondre immédiatement.
En passant, je voudrais aussi saluer l'un de nos collègues, M. Sameer Zuberi, qui participe à la réunion d'aujourd'hui.
Nous allons donc commencer par M. le député Frank Caputo, qui est le premier vice-président du Comité.
Monsieur Caputo, vous avez la parole pour les six prochaines minutes.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
C'est évidemment un plaisir et un honneur d'être ici avec tout le monde au comité. Je tiens à remercier toutes les personnes présentes de leur service. Je tiens à remercier celles qui n'ont pas eu un rôle officiel au gouvernement ou dans les forces armées du service de leur conjoint et de leur soutien. Je sais que je ne suis rien sans le soutien de mon épouse et partenaire, je vous remercie donc.
Je dois dire que j'ai beaucoup pensé à cette question depuis qu'elle a retenu mon attention il y a quelques mois, peut-être deux ou trois mois après que j'ai été élu. Je pensais alors qu'elle concernait essentiellement les forces armées.
Monsieur Boudreau, vous avez dit quelque chose qui m'a frappé d'entrée de jeu. Vous ne le savez probablement pas, mais j'ai d'abord travaillé dans les services correctionnels fédéraux moi aussi. Je n'y ai passé que le dixième du temps que vous y avez passé, 37 ans et demi, ce qui est remarquable dans toute carrière, mais plus particulièrement dans le système correctionnel fédéral dans l'établissement où vous travailliez. C'est tout à fait remarquable, et je vous remercie de votre service.
Je remercie toutes les personnes présentes de leur service, le caporal Sewell, et toutes les conjointes aussi. Merci beaucoup pour tout ce que vous faites, et merci de votre présence aujourd'hui.
Tout cela étant dit, vous nous avez expliqué les conséquences pour vous. Je me demande, toutefois, s'il y a des conséquences cachées. Je crois que c'est Mme Evanshen qui a parlé du fait d'être qualifiée de profiteuse et de combien c'est insultant, et ça l'est. Y a-t-il des conséquences cachées dont nous n'avons peut-être pas conscience et dont vous voulez nous parler?
La question est pour vous quatre. C'est le moment ou jamais de nous dire exactement les conséquences que cette situation a pour vous.
:
Comme je l'ai dit dans mes observations, j'ai choisi de prendre ma retraite un peu plus tôt parce que Pat est plus âgé que moi et que je veux passer le plus de temps possible avec lui, mais je n'aurais pas eu droit... J'avais la chance d'avoir ma propre pension, mais je devais faire un choix. Je n'avais pas droit à ma pleine pension avant 65 ans. J'en ai 57, j'ai donc dû décider: est-ce que je veux de bons moments et peut-être moins de choix par rapport aux choses à faire à la retraite?
On espère toujours, comme je le disais, profiter des fruits de son labeur et se permettre quelques distractions à la retraite. Nous avons dû y réfléchir afin de décider si nous mettions une certaine somme, un peu... ou si nous disions, eh bien, la maison... Qu'est-ce que je fais? Je me finance, ma retraite, avec ma maison, que j'ai la chance d'avoir, mais quand nous voyons les loyers actuels et d'autres logements, je ne peux pas me permettre de garder la maison et de payer la mensualité sur mon revenu de retraite, qui est modeste.
Je crois que ce qui est contrariant, c'est que j'ai commencé à travailler à l'âge de 15 ou 16 ans. J'ai d'abord travaillé chez Burger King, et ensuite, j'ai eu tous les emplois imaginables. J'ai travaillé dur, et chaque fois que je me suis retrouvée sans emploi ou licenciée, j'ai trouvé un autre emploi. Se faire dire qu'on est trop vieux à 60 ans pour trouver l'amour... Eh bien, attendez d'avoir 50 ans. Ce n'est pas vieux. Attendez d'en avoir 60. Ce n'est pas vieux non plus. Nous nous amusons beaucoup et nous avons beaucoup de temps et la vie devant nous. Nous essayons de rester en bonne santé.
Personnellement, je me sens vraiment victime de discrimination en tant que femme quand on me qualifie de profiteuse. J'ai travaillé très dur. Le Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario versera 65 % de ma petite pension à Pat. Ils pensent vraiment ce qu'ils disent? Il n'en aura pas besoin. Tout cela est ridicule, selon moi. Nous étions estomaqués en apprenant que je ne toucherais rien.
Il est très difficile de décider de prendre sa retraite, mais comme je l'ai dit, nous avons choisi d'avoir du temps. Après avoir perdu Ken jeune — il a travaillé toute sa vie et n'a pas pu profiter de la retraite —, je n'allais pas décider de travailler jusqu'à 65 ans, quand Pat aurait près de 80 ans, et que faire alors? Nous voulons profiter du temps, même si c'est pour nous asseoir dans le jardin, s'il en est ainsi. Mais tout cela a changé. Je crois que, pour lui, après avoir travaillé pendant 37 ans et demi et cotisé à un régime qui ne mène nulle part... Comme vous le disiez, il aurait pu laisser son ex-épouse comme bénéficiaire. Elle aurait touché sa pension. Vraiment? C'est choquant. C'est tout à fait choquant et discriminatoire, c'est certain.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Desilets.
Des calculs ont été faits avec de mauvais chiffres, selon un actuaire professionnel qui nous a conseillés. Au fond, le gouvernement ne veut pas abroger cette disposition. C'est une mission impossible qui a été confiée au ministère des Anciens Combattants et au ministère de la Défense nationale. C'est pour cela que nous proposons d'aborder le problème autrement, d'employer une nouvelle approche complètement. Il faut voir s'il est possible de donner une pension proportionnelle réduite dans ces cas.
Je parle surtout de le faire pour ceux qui ont pris leur retraite, car il serait logique de procéder ainsi. La disposition sur le mariage après 60 ans est purement arbitraire et quasi discriminatoire, comme je l'ai dit tantôt. Nous proposons d'envisager une nouvelle approche complètement. Nous sommes en terrain inconnu, et, par conséquent, je n'ai pas de chiffres à présenter. Je ne veux surtout pas donner des exemples, mais je pense que ce serait précieux.
Néanmoins, je veux mentionner que la pension augmenterait avec les années de vie commune. Par exemple, dans l'annexe à notre mémoire, il est indiqué que Mme Cora Goddard a vécu 30 ans avec son mari, M. Terry Goddard. Elle a été sa proche aidante pendant de nombreuses années. Selon moi, elle aurait obtenu un maximum de 50 %. Ceux qui ont vécu avec le retraité pendant moins longtemps pourraient obtenir un pourcentage moindre. C'est un principe qui se défend.
À titre d'exemple, il y a eu en Nouvelle‑Écosse le cas très particulier de deux ex-conjoints qui étaient également admissibles à la pension. Ils ont décidé de séparer la pension au prorata des années de vie commune.
Je tiens aussi à raconter une anecdote, qui est superbe. L'ex-conjointe et la conjointe d'un retraité se connaissaient. Ce retraité est décédé après une période de cinq ans d'invalidité. Dans cet exemple aussi, la conjointe du moment était une proche aidante. L'ex-conjointe, qui avait bénéficié de la pension, a partagé avec la conjointe une partie de la pension de façon régulière. Je trouve que cet exemple démontre parfaitement l'injustice du système actuel.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier toutes les personnes présentes aujourd'hui, en particulier celles qui doivent faire part d'histoires très personnelles.
Je tiens à vous présenter des excuses pour cette réalité que vous devez affronter et pour le fait que la seule façon pour nous de remédier à cette situation est de vous demander de venir témoigner en racontant des histoires très personnelles. Je pense que ce qui arrive est scandaleux. C'est pourquoi je me bats tellement, évidemment, pourquoi j'ai présenté le projet de loi qui réglera ce problème, un projet de loi néo-démocrate qui a été soumis à la Chambre plusieurs fois. J'espère que nous finirons par y donner suite.
Je commencerai par vous, monsieur Boudrau, et ensuite, je passerai directement à M. Sewell.
Je veux savoir. Quand avez-vous découvert que, si vous vous mariez ou vivez en union de fait après 60 ans,vous ne laisserez pas de pension du survivant pour la femme que vous aimez?
:
Je vous remercie de votre réponse.
Il me semble que c'est vraiment important parce que, comme vous l'avez tous deux mentionné, c'est pour la prestation de survivant optionnelle, la PSO, que vous pouvez verser de 30 % à 50 % de votre revenu de pension.
Je sais que vous avez tous deux choisi de ne pas le faire parce que ce n'est pas viable économiquement. Quelle situation peu enviable! Je ne peux imaginer combien il est douloureux de prendre de genre de décisions.
Voici donc ma question suivante: quand vous a-t-on dit que si vous choisissiez cette option — ou vous a-t-on informé de cette option — de mettre de côté de 30 % à 50 % de votre pension pour votre conjointe, et que la personne que vous aimez, votre conjointe, disparaissait avant vous, vous ne récupéreriez pas un sou?
Je commencerai de nouveau par vous, monsieur Boudreau.
:
Monsieur le président, je crois que c'est en représailles pour la semaine dernière.
Je vous remercie d'être des nôtres.
Caporal Sewell, je vous remercie de votre service.
Je signale, monsieur Boudreau, que mon père travaillait dans les établissements correctionnels avant. Je comprends donc que ce n'est pas un travail facile avec ce dont vous êtes témoin. Je vous remercie de parler ouvertement de certaines des difficultés que vous connaissez aujourd'hui.
J'aimerais souligner une observation de M. Sewell au sujet de toutes les autres lois qui concernent l'union de fait. Elles semblent toutes considérer le partenariat de manière linéaire, sauf dans ce cas particulier. Nous sommes apparemment dépassés. C'est ce que montre le langage utilisé quand nous parlons de « mariage intéressé » et, très franchement, cette terminologie est inacceptable à présent. Peut-être qu'elle était acceptable en 1901.
Je suis désolé qu'on vous qualifie de profiteuses, vraiment. Je suis désolé parce que cela semble dépassé.
Monsieur Gill, vous ne vous en sortirez pas aussi facilement. En-dehors de mes observations, j'ai une question pour vous, monsieur.
Les tribunaux ont tranché sur le sujet il y a près de 30 ans. Savez-vous s'il est question de nouvelles contestations devant les tribunaux, monsieur?
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J'ai entendu la question.
Je n'en ai pas la moindre idée. Je n'ai aucune confiance dans la Cour suprême, mais comme je le mentionne dans le mémoire, elle a changé d'avis avec le temps. La société évolue et ainsi de suite. Dans ce cas, je ne comprends pas comment elle a pu dire que c'était une interprétation de la Charte. C'est la raison pour laquelle elle a rejeté le recours.
Comme je l'ai dit, je propose d'oublier les 60 ans. C'est sans intérêt. Le problème avec la pension des personnes âgées, c'est qu'une autre période commence après le départ à la retraite. Le retraité ne cotise plus, et nous ne pouvons pas justifier l'idée qu'il pourrait y avoir deux régimes, soit un pour les mariages avant la retraite et un pour les mariages après la retraite. Je crois que ce serait plus logique parce que j'aime travailler logiquement. Ce serait faisable. Je perds l'autre partie, de toute façon.
Il serait étrange que le gouvernement décide d'uniformiser les conditions d'exclusion. Évidemment, abroger toutes les mesures législatives qui la rejettent après 60 ans et ne garder que l'autre serait logique. J'imagine qu'en pensant à très long terme, la...
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Oui, monsieur le président, vous lisez dans mes pensées. J'allais dire que je prendrai son tour et qu'il prendrait le mien juste après.
Je tiens à commencer par vous remercier toutes et tous de vos exposés et de votre service. Nous en apprenons de plus en plus sur le rôle important des familles, des époux et des enfants.
Je tiens à vous remercier aussi de nous faire part de vos histoires personnelles. Nous découvrons beaucoup de faits intéressants aujourd'hui, ce qui est un peu différent de la dernière réunion. Je pense que ce sera très utile. Je ne sais pas par où commencer. J'ai trop d'idées.
Commençons par M. Gill.
[Français]
Monsieur Gill, j'aime le fait que vous pensiez à d'autres façons d'atteindre certains objectifs qui permettraient de répondre en partie au défi que vous avez qualifié de « mission impossible ». Je n'aime pas cet adjectif, mais je l'accepte.
Vous proposez d'accorder au survivant un pourcentage de la pension — ce ne serait pas une pension complète — en fonction du nombre d'années de mariage après 60 ans. Vous avez mentionné le cas d'une dame qui avait vécu 30 ans avec son mari. Cela dépend du système de pension, mais, 50 %, c'est probablement le pourcentage maximal. J'ai calculé que, pour un survivant qui aurait vécu 15 ans avec son conjoint, ce serait peut-être 25 %. Est-ce que je me trompe?
Je trouve votre idée assez intéressante. En avez-vous déjà parlé à quelqu'un d'autre? Pourriez-vous m'en parler davantage?
Vous avez dit que le Québec ne faisait pas de distinction. M. Desilets avait un grand sourire, donc vous avez certainement dit ce qu'il voulait entendre.
Croyez-vous qu'une partie du problème est imputable aux gouvernements? Je ne parle pas nécessairement du gouvernement en place aujourd'hui, mais de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la création de cette disposition en 1901.
Est-ce que le problème est principalement lié à la formule de la pension? Je ne suis pas un expert, mais, si je comprends bien, on fait toujours une analyse. Par exemple, un certain pourcentage de gens vont vivre jusqu'à 100 ans, tandis que d'autres vont mourir plus jeunes. Puisque c'est formulé comme cela, pensez-vous que le problème est que la création de nouveaux programmes pourrait faire en sorte d'augmenter le pourcentage de paiement pour la pension pour ajouter quelque chose?
Je ne sais pas si le problème est là, mais je vous lance l'idée.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Sewell, je vais devoir m'adresser à Mme Vankoughnett et à Mme Evanshen. Je ne veux pas être grossière, mais je tiens à ce qu'elles s'expriment à ce sujet. Cela vous évitera des problèmes par la suite.
Tout d'abord, je tiens à dire que je suis vraiment consternée que cette disposition soit dite des « mariages intéressés ». Il est très évident pour moi, après avoir écouté de nombreux témoins, que les familles ont une réaction viscérale quand on parle à leur propos de mariages intéressés ou de profiteurs. J'espère que nous tous, au comité, allons y réfléchir.
Vous avez toutes les deux parlé de la détermination de votre famille et de l'évolution des familles, dont la définition doit absolument changer. Je tiens à nous rappeler à tous que la disposition existe dans tous ces ministères. Nous ne pouvons pas dire qu'un ministère y remédiera. Le problème est plus vaste. Il concerne chacun de ces ministères. Je me demande si chacune de vous pourrait saisir une occasion... Je commencerai par vous, madame Vankoughnett, et finirai par vous, madame Evanshen.
Qu'est-ce qui changerait pour vous s'il était remédié à cette disposition? Quelle incidence cela aurait-il sur votre vie?
Je veux dire que je suis d'accord. Je crains, si on demande à chaque ministère de faire quelque chose, que l'on continue de nous faire tourner en rond.
Ce qu'ils ont tous en commun, pour les vétérans, et pour Mme Evanshen et moi, c'est cette disposition. Il y a une discrimination fondée sur l'âge et cette histoire de mariage intéressé...
Quelle incidence cela aurait pour moi? Je m'inquiète parce que je n'ai pas d'enfant. Je crains de ne pas pouvoir m'occuper de moi en vieillissant. Où est-ce que je vivrai? Après avoir travaillé toutes ces années, dans quelle situation est-ce que je serai?
Quand j'entends l'histoire de M. Sewell et de Mme Evanshen aussi, j'ai de la peine en entendant ce genre de choses. Des personnes qui ont servi leur pays, qui ont travaillé toute leur vie, ont du mal. Elles ont du mal à joindre les deux bouts. Ça ne devrait pas être le cas. Ces personnes ont beaucoup sacrifié.
Pat, monsieur Sewell, vous avez beaucoup donné. Il faut du courage pour embrasser cette carrière, pour ensuite être traité de cette manière...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais revenir en arrière.
Tout d'abord, je tiens à vous remercier toutes et tous de votre présence aujourd'hui. Il est difficile de répéter encore et encore ces histoires. À dire vrai, ça ne devrait pas être nécessaire parce qu'il s'agit d'une question de bon sens. Je ne sais pas où est passé le bon sens.
Je reviens vers vous, madame Vankoughnett. Vous avez dit que vous avez 58 ans. Vous êtes jeune. Comment dit-on déjà? Avoir 50 ans aujourd'hui, c'est comme en avoir 40 hier. Donc, vous n'êtes pas vieille du tout. Je tenais à le préciser.
Apparemment, ce problème ne date pas d'hier, et je dois dire comme mes collègues qu'il est grand temps de le régler. Selon vous, comment pouvons-nous accélérer les choses pour que le gouvernement comprenne que cela suffit et que des changements s'imposent? Nous ne pouvons pas attendre qu'il y ait une autre étude. Nous ne pouvons pas attendre encore un mois ni même un jour. Comment pouvons-nous faire bouger rapidement les choses, à votre avis?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence.
J'ai beaucoup appris aujourd'hui comme substitut au sein de ce comité. Je tiens à dire que comme beaucoup d'entre vous, j'ai aussi servi en uniforme, quoique à temps partiel dans les réserves, mais je peux comprendre votre situation actuelle. Je vous entends, comme nous tous ici. Nous vous entendons haut et fort, le sujet nous tient à coeur et nous voulons améliorer les choses.
Aux conjointes, merci de soutenir ceux qui ont servi en uniforme pendant si longtemps, pendant tant d'années. Votre soutien moral personnel est très important et apprécié, j'en suis sûr, par ceux qui ont servi.
J'aimerais approfondir un peu certains aspects liés au genre. Selon les données dont nous disposons, nous savons que 8 % des vétéranes ont un faible revenu, alors que c'est le cas de seulement 4 % des vétérans. Je me demande si l'un des témoins peut nous éclairer sur les raisons pour lesquelles, à son avis, les vétéranes sont deux fois plus susceptibles d'avoir un faible revenu que les hommes. Qui voudrait nous éclairer à ce sujet?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Selon moi, toute mesure législative que nous avons à prendre doit être fondée sur des valeurs, des principes de justice et d'équité. Le fait que cette situation est totalement inacceptable semble faire l'unanimité aujourd'hui. Elle est discriminatoire. En outre, cette façon de procéder est désuète. Encore une fois, ce sont les femmes qui écopent. Comme on l'a dit déjà, 90 % des personnes visées sont des femmes, et non des hommes. C'est là un aspect qui me dérange beaucoup.
En 2008, le Conseil du Trésor a évalué cette mesure, en l'occurrence le rajustement de cette iniquité, à environ 1 milliard de dollars. Une étude de l'actuaire en chef du gouvernement canadien qui a été publiée l'année dernière, je crois, nous a appris que ce montant serait de 300 millions de dollars. Évidemment, c'est très différent et la marge est énorme. Je continue à croire que, sans les chiffres réels, il nous est difficile de penser à des solutions.
Monsieur Gill, j'adore votre proposition, mais, si le ministère de la Défense nationale, qui gère ces fonds, refusait cette mesure, comment réagiriez-vous?
Je me demande aussi si c'est à vous de réagir. Les solutions ne devraient-elles pas venir du ministère?
Il vous reste à peu près une minute pour répondre.
Pourrais-je en savoir un peu plus sur cette question? Je pense que c'est très important. Les partenaires des personnes qui ont servi notre pays dans quelque service que ce soit peuvent vivre des difficultés particulières. Une partie de la reconnaissance de ce sacrifice, en tant que pays, est de reconnaître ces répercussions.
Quand j'écoute ce témoignage… Peut-être qu'en 1901, il y avait une bonne intention de protéger, mais je ne pense pas que c'était vraiment le cas. Je pense toujours que c'était sexiste en 1901, mais c'était pour protéger des hommes vulnérables dans une situation où ils avaient peut-être besoin d'être protégés.
Nous voyons maintenant l'incidence sur des gens comme vous, madame Evanshen, qui passent une grande partie de leur temps à aider quelqu'un qui a sauvé des vies et soutenu notre pays. Ce sont les ramifications, et je suis…
[Français]
Merci, madame Blaney.
Au nom des membres du Comité, je remercie tous les témoins qui ont participé à la réunion d'aujourd'hui. Vos interventions ont été très touchantes. Grâce à vous, nous allons être en mesure de produire un rapport qui contient des recommandations. Cela va permettre de régler cette situation. Je dois dire que nous avons tous été touchés lorsqu'on a parlé de l'étiquette de « croqueuse de diamants ». C'est vraiment décevant.
En mon nom et en celui des membres du Comité, je vous remercie d'avoir participé à la réunion. Je remercie également Mme Evanshen d'avoir pris congé pour venir témoigner devant le Comité.
Je rappelle que M. Patrick Boudreau, Mme Kelly Vankoughnett, Mme Tracy Lee Evanshen et M. Kevin Sewell ont témoigné à titre personnel.
Enfin, je remercie M. Maurice Gill, le coprésident de la Coalition équité des pensions aux conjoints survivants, de nous avoir proposé des solutions de rechange.
Encore une fois, je vous remercie tous et je vous invite à...
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Nous reprenons la séance.
[Traduction]
Nous pouvons maintenant entamer la discussion avec le deuxième groupe de témoins de cette séance. Je vais rappeler rapidement à nos témoins qui vont nous parler, ils doivent attendre que je les nomme.
[Français]
Si la question vous est adressée directement, vous pouvez y répondre sans que je vous invite à le faire.
[Traduction]
Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour désactiver la sourdine. Pour les personnes présentes dans la salle, votre microphone sera contrôlé comme d'habitude. Veuillez parler lentement et clairement. Votre micro doit être en sourdine lorsque vous n'avez pas la parole.
[Français]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins, qui sont de Statistique Canada.
Nous recevons Mme Josée Bégin, directrice générale, Marché du travail, de l'éducation et du bien-être socioéconomique, ainsi que M. Andrew Heisz, directeur, Centre de la statistique du revenu et du bien-être socioéconomique.
Vous aurez cinq minutes pour faire votre discours d'ouverture. Par la suite, les membres du Comité se feront un plaisir de vous poser des questions.
Madame Bégin, vous avez cinq minutes pour votre allocution d'ouverture.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de nous avoir invités à cette réunion.
Statistique Canada souhaite fournir son apport à l'étude du Comité permanent des anciens combattants au sujet des préoccupations financières de la clause « Mariage après soixante ans » de la Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes en présentant des renseignements sur le nombre de personnes qui se sont mariées ou ont établi une union de fait avec un vétéran après que ce dernier ou cette dernière ait eu 60 ans, ainsi que sur leurs caractéristiques.
Ces renseignements ont été produits l'an dernier, à la demande d'Anciens Combattants Canada, au moyen d'un couplage sécurisé des dossiers d’impôt de 2018 avec divers dossiers administratifs, notamment le fichier lié à la cohorte du personnel des Forces canadiennes du ministère de la Défense nationale et le fichier lié à la Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes de Services publics et Approvisionnement Canada. Je tiens à indiquer que le produit livrable de Statistique Canada se limitait à quatre tableaux de données visant à mieux connaître, de manière générale, la taille de la population des personnes qui se sont mariées ou ont établi une union de fait avec un vétéran, le jour de son 60e anniversaire ou après, ainsi que les caractéristiques socioéconomiques de ces personnes. Aucune demande plus précise n'a été présentée à Statistique Canada en ce qui concerne la clause « Mariage après soixante ans » et l'étude actuelle menée par le Comité.
Selon nos données, en 2018, de 4 000 à 6 000 personnes étaient mariées ou avaient établi une union de fait avec un vétéran vivant, le jour de son 60e anniversaire ou après. De 2 000 à 4 000 personnes étaient mariées ou avaient établi une union de fait avec un ancien combattant décédé, le jour de son 60e anniversaire ou après, en date de 2018. Les conjoints étaient généralement âgés de plus de 60 ans et, sans surprise, ceux des vétérans décédés avaient tendance à être plus âgés que ceux des vétérans vivants. De 95 % et 100 % des conjoints étaient des femmes.
Pour simplifier mon résumé des résultats, j'utiliserai désormais le terme « conjoint » pour désigner les personnes qui se sont mariées ou ont établi une union de fait avec un vétéran, après que ce dernier ait eu 60 ans.
En fonction de la source de données utilisée, nos résultats indiquent qu'en 2018, le revenu médian des conjoints ayant établi une relation avec un vétéran âgé de 60 ans et plus se situait entre 26 000 et 35 000 dollars et les conjoints d’un vétéran décédé avaient déclaré le revenu médian le plus élevé.
Les survivants des vétérans ayant établi une relation à l'âge de 60 ans et plus recevaient des transferts gouvernementaux plus élevés que les conjoints des vétérans vivants ayant établi une relation à l'âge de 60 ans et plus. En 2018, le montant médian des transferts gouvernementaux que recevaient les conjoints des vétérans décédés a atteint 18 000 dollars. En comparaison, le montant médian se situe entre 14 000 et 15 000 dollars pour les conjoints de vétérans vivants. Les conjoints des vétérans décédés avaient également un revenu de pension privée plus élevé que les conjoints des vétérans vivants; la différence étant d'environ 2 000 dollars.
Quoique le revenu personnel des conjoints veufs de vétérans ayant établi une relation à l'âge de 60 ans et plus ait été plus élevé que celui des conjoints de vétérans vivants, ils étaient plus susceptibles de se trouver en situation de faible revenu. En 2018, la proportion de conjoints en situation de faible revenu était de 19 % à 23 % pour les conjoints de vétérans décédés ayant établi une relation à l'âge de 60 ans et plus, par rapport à une proportion de 8 % à 11 % pour les conjoints de vétérans vivants ayant établi une relation à l’âge de 60 ans et plus. La prévalence plus élevée de conjoints en situation de faible revenu chez les survivants de vétérans est probablement liée au fait que ces conjoints étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage à revenu unique. En 2018, plus de 4 conjoints veufs de vétérans sur 5 s'étant mariés à l'âge de 60 ans et plus vivaient seuls.
En général, les Maritimes et la province du Québec affichaient les proportions les plus élevées de survivants de vétérans ayant établi une relation à l'âge de 60 ans et plus vivant en situation de faible revenu. À l'échelle des groupes d'âge, l’occurrence des personnes en situation de faible revenu était la plus élevée chez les conjoints veufs âgés de moins de 60 ans.
Statistique Canada s'engage à surveiller les tendances relatives à la vie des militaires canadiens. Par exemple, en partenariat avec Anciens Combattants Canada et le ministère de la Défense nationale, un rapport a été préparé l'an passé sur le revenu des vétérans de la Force régulière, avant et après leur libération.
Je conclus ainsi notre déclaration liminaire.
Merci, monsieur le président.
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Merci pour la question.
De façon générale, à Statistique Canada, nous publions chaque année des statistiques sur le revenu. Il est assez courant que les revenus des ménages, c'est-à-dire le revenu combiné des membres d'une même famille, soient plus élevés dans les provinces de l'Ouest, quelque part au milieu en Ontario et en Colombie-Britannique et plus faible au Québec et dans les Maritimes. Cela peut être dû à de nombreux facteurs différents, notamment aux types d'emplois et aux milieux de travail disponibles. Cela reflète aussi le coût de la vie. Il arrive souvent que le coût de la vie soit plus bas dans de nombreux endroits des Maritimes et du Québec qu'ailleurs au Canada.
C'est mon premier point, à savoir que la tendance que nous observons au sein de ce groupe particulier est assez semblable à celle que nous observons dans des statistiques plus agrégées qui concernent l'ensemble de la population.
Mon deuxième point est que la mesure de faible revenu utilisée ici ne tient pas compte de ces différences de coût de la vie. Elle demande simplement quelle proportion de Canadiens dans cette province a un revenu faible par rapport à la médiane canadienne, c'est-à-dire inférieur à celui de la plupart des autres personnes au pays. Elle ne tient pas compte du coût du logement, de la nourriture ou du transport. Encore une fois, dans ces cas, nous constatons souvent que cette mesure particulière du faible revenu présente des différences avec les autres provinces et qu'elle révèle parfois des niveaux plus élevés.
D'autres mesures, que l'étude en question ne permet pas de dégager — comme la mesure du panier de consommation, qui contrôle les coûts locaux — pourraient donner des résultats différents.
[Français]
Madame Blaney, vous pourriez peut-être envisager la possibilité d'en faire une demande.
C'est sur cette note que nous terminons cette séance.
Au nom des membres du Comité, je remercie les témoins de ce deuxième groupe, tous deux de Statistique Canada. Il s'agit de Mme Josée Bégin, directrice générale, Marché du travail, de l'éducation et du bien-être socioéconomique, et M. Andrew Heisz, directeur, Centre de la statistique du revenu et du bien-être socioéconomique.
Votre présence était très importante pour nous puisque nous voulons bien étoffer notre rapport et les recommandations qu'il contiendra.
Je vois que l'heure avance.
Je veux simplement informer les membres du Comité que, le 20 mai, nous allons poursuivre l'étude sur les prestations de pension aux conjoints survivants. Nous aurons alors avec nous des représentants d'Anciens Combattants Canada, du Conseil du Trésor, du ministère de la Défense nationale et de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans.
Je veux aussi remercier toute l'équipe qui nous a accompagnés, soit le greffier, les interprètes et toute l'équipe technique.
Plaît-il aux membres du Comité d'ajourner cette réunion?
Comme il n'y a pas d'objection, la séance est levée.