:
Je déclare la séance ouverte.
[Français]
Bienvenue à la 54e réunion du Comité permanent des anciens combattants.
Nous continuons notre étude sur les expériences vécues par les vétéranes et nous recevons trois témoins du ministère de la Défense nationale.
[Traduction]
Nous accueillons aujourd'hui les témoins suivants des Forces armées canadiennes: le major-général Marc Bilodeau, médecin général; le commodore Daniel Bouchard, commandant du Groupe de transition des Forces armées canadiennes; la lieutenante-générale Lise Bourgon, chef du personnel militaire par intérim; la lieutenante-colonelle Andrea Tuka, chef national de pratique en psychiatrie, qui se joint à nous par vidéoconférence.
Nous allons commencer par entendre les remarques d'ouverture des témoins.
Je vais demander à la lieutenante-générale Bourgon de faire les remarques d'ouverture au nom du groupe. Vous disposerez d'environ cinq minutes.
Je vous invite à activer votre microphone et à présenter vos remarques d'ouverture, puis nous passerons aux questions des députés.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
[Français]
Bonsoir à tous.
[Traduction]
Je tiens tout d'abord à rappeler que nous sommes réunis ici sur le territoire traditionnel de la nation algonquine anishinabe, et je profite de l'occasion pour souligner notre engagement en faveur d'un véritable processus de réconciliation avec les dirigeants et les peuples autochtones partout au pays.
[Français]
Je suis accompagnée ce soir du major-général Marc Bilodeau, médecin général.
[Traduction]
Le major-général Bilodeau agit à titre d'autorité fonctionnelle en ce qui concerne les aspects professionnels et techniques des soins médicaux et dentaires fournis à nos membres.
La lieutenante-colonelle Andrea Tuka, l'une de nos professionnelles en santé mentale, se joint à nous de façon virtuelle.
[Français]
Je suis également accompagnée du commodore Daniel Bouchard, commandant du Groupe de transition des Forces armées canadiennes.
[Traduction]
Au sein du MDN et des FAC, je suis responsable du recrutement, de la formation, de la rétention, de l'éducation, de la gestion de carrière, de la rémunération et des avantages sociaux, des services de santé, des programmes de transition de carrière militaire, des services de bien-être et de maintien du moral, ainsi que d'un grand nombre d'autres services de soutien.
Comme vous êtes à même de le constater, mon travail est très prenant.
[Français]
Je suis également la championne de la Défense pour les femmes.
[Traduction]
L'équité, l'inclusion et la santé des femmes sont des enjeux que nous prenons très au sérieux, et nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour parler de la santé et du bien-être des vétéranes.
[Français]
Je tiens à remercier le Comité de mener cette étude très importante.
Je vais commencer par souligner le travail que nous avons accompli jusqu'à maintenant pour améliorer la santé et le mieux-être des femmes dans les Forces armées canadiennes, et parler des problèmes que nous avons encore à régler.
[Traduction]
Épaulée par l'expertise des membres de mon équipe, j'ai le privilège de diriger une initiative importante qui vise à améliorer les soins de santé pour les femmes dans l'armée, à identifier les obstacles dans nos modèles actuels de prestation de services, et à attaquer de front les problèmes détectés.
À l'heure actuelle, nous concentrons nos efforts sur quatre axes d'action principaux.
[Français]
Premièrement, il faut prévenir les blessures et les maladies.
[Traduction]
Deuxièmement, nous devons fournir des soins fondés sur les données probantes et sur les besoins de nos membres.
Troisièmement, nous procédons à l'évaluation de la qualité et de la performance au sein de nos cliniques et de nos programmes.
[Français]
Quatrièmement, il faut faire de la recherche et mobiliser les gens, éléments sur lesquels reposent les trois autres axes d'action.
[Traduction]
Au sein des Forces armées canadiennes, nous sommes conscients que la prévention des maladies et des blessures, ainsi que l'accès à des soins de santé dispensés en temps opportun sont liés au bien-être physique et psychologique à long terme. Pour les femmes qui portent l'uniforme, la prévention commence par des initiatives pertinentes, ciblées et fondées sur des données probantes, telles que nos exigences en matière de condition physique et nos nombreuses mesures de soutien en matière de santé mentale.
[Français]
La prévention comporte aussi des processus de dépistage normalisés pour les maladies graves, comme la détection précoce du cancer.
[Traduction]
En ce qui a trait aux soins prodigués pour nos membres, les FAC continuent de maintenir un système de soins de santé de calibre mondial et fondé sur les données probantes. Pour ce faire, nous adoptons les meilleures pratiques en matière de soins cliniques, et nous intégrons des politiques et des programmes spécialement adaptés aux femmes qui travaillent dans un milieu militaire. Nous avons notamment ajouté du personnel clinique au sein de nos unités de prestations de soin.
Grâce à nos évaluations de performance, nous examinons de manière régulière dans quelle mesure nos services cliniques répondent à l'ensemble des besoins des femmes en matière de soins de santé.
[Français]
C'est grâce à la recherche et à la mobilisation que nous cherchons à mieux comprendre les facteurs de risque en santé mentale et physique, et comment ces facteurs sont influencés par les exigences professionnelles du métier de militaire.
[Traduction]
En ce qui concerne les exigences professionnelles, je pense qu'il est important de parler des familles des militaires dans leur ensemble. Je dis souvent que nous recrutons des militaires, mais que nous conservons les familles. Les exigences que nous imposons aux familles sont importantes, et c'est pourquoi nous continuons à chercher des solutions pour réduire l'incidence du service militaire sur les familles.
Nous sommes en train de repenser notre manière de relocaliser, et parfois de séparer, les familles de militaires en raison du service militaire. Dans le cadre de Canada sans faille, une initiative fédérale-provinciale-territoriale visant à minimiser l'impact des déménagements sur nos familles de militaires, nous cherchons à améliorer l'accès aux soins de santé et aux services de garde pour nos membres et leurs familles lors d'un déménagement dans une autre province ou un autre territoire. Nous examinons également le soutien prénatal et postnatal, et nous effectuons des évaluations professionnelles associées à la fertilité et à la reproduction.
Toutefois, alors que nous continuons à répondre aux besoins complexes des femmes et des familles en matière de soins de santé grâce à nos nombreuses initiatives, il est évident que l'adoption d'une approche globale est nécessaire. Les femmes et les personnes de diverses identités de genre méritent que leur santé et leur bien-être soient considérés comme une priorité nationale, depuis le moment où ils revêtent l'uniforme jusqu'au retour à la vie civile et à la retraite.
[Français]
Les vétérans et les vétéranes donnent le meilleur d'eux-mêmes au Canada.
[Traduction]
Par conséquent, la santé des vétéranes exige une attention particulière, du type que mon équipe et moi-même avons initiée. En toute franchise, les femmes n'ont pas toujours reçu l'attention particulière qu'elles méritent. En tant que femmes, nos besoins sont différents de ceux de nos collègues masculins; ni plus importants ni moins importants, simplement différents. Nous devons reconnaître ces différences comme une force.
Je pense que les FAC sont en train de changer en mieux. En améliorant la santé des femmes en service, nous aurons plus tard des vétéranes en meilleure santé. Après tout, nous faisons tous partie de la grande famille militaire.
[Français]
Nous attendons vos questions avec impatience.
[Traduction]
Merci beaucoup. Merci. Meegwetch.
:
Je remercie le président. Je tiens aussi à remercier tous nos invités de s'être joints à nous.
Comme nous l'avons dit lors du bref préambule de cette séance, nous sommes ici pour constater des faits et obtenir des renseignements. J'ai une liste de questions, mais l'une d'entre elles m'est venue récemment à l'esprit, et j'aimerais donc commencer par la poser à la lieutenante-générale Bourgon.
J'ai récemment été informé que certains anciens pilotes de réserve des FAC aimeraient s'enrôler de nouveau, mais ne sont pas autorisés à le faire.
Auparavant, le chef d'état-major de la défense, le CEMD, accordait des dérogations aux pilotes qui ne sont pas titulaires d'un diplôme universitaire. Aujourd'hui, c'est le MDN qui se charge de ces dossiers, et cela prend de quatre à six mois, de sorte que nous sommes maintenant confrontés à un arriéré de demandes de formation pour les pilotes.
En avez-vous entendu parler? Si c'est le cas, pourquoi le traitement d'un dossier prend‑il maintenant de quatre à six mois? Pourquoi le MDN intervient‑il, alors que la responsabilité en revient normalement au CEMD?
Quand je suis arrivée en poste, vous l'avez entendu, nous avons pris le temps d'examiner l'ensemble des responsabilités du chef du personnel militaire, puis de faire un plan d'action visant l'inclusion et la diversité au sein de tout mon service.
Que pouvions-nous améliorer? Par exemple, nous avons lancé l'initiative de soins de santé pour les femmes. Nous regardons aussi du côté de l'infrastructure et de l'équipement. Dans le cadre du nouveau contrat passé avec LogistiCore pour le nouvel équipement, nous faisons attention à donner un meilleur soutien aux femmes, par exemple en leur offrant de meilleures grandeurs de bottes. Nous avons aussi lancé, l'an passé, un remboursement pour les sous-vêtements étanches. C'est la même chose pour les soutiens-gorge: il nous faut de l'équipement qui nous convienne.
C'est aussi la même chose pour la transition vers la vie civile. Comment élimine-t-on le parti pris qui existe dans notre système pour que chaque personne ait une chance de réussir? Maintenant, lors de chaque rencontre de transition, il y a une personne responsable de diversité et d'inclusion qui est là pour faire valoir cette perspective, des employés civils avec les militaires. Ils écoutent pour s'assurer que ce que nous disons a du sens.
N'oublions pas non plus la féminisation des rangs, les politiques d'allaitement et d'autres mesures. Nous avons fait beaucoup de changements depuis les deux dernières années. Cependant, il en reste beaucoup d'autres à faire. Nous n'avons pas terminé.
[Traduction]
Comment mange‑t‑on un éléphant? Une bouchée à la fois.
[Français]
Il est gros, l'éléphant, mais nous allons y arriver.
:
Bonsoir, chers collègues.
Je remercie nos invités.
Madame Bourgon, vous représentez un magnifique équilibre entre la professionnelle extraordinaire, la femme forte, la femme d'expérience et la bonne vivante, parce que quand on discute avec vous, on voit que vous êtes une femme drôle et terre à terre, ce qui ajoute à votre crédibilité, selon moi.
Vous avez fait une vidéo sur votre parcours en tant que pilote d'hélicoptère, laquelle a pour titre Sea King, si je ne me trompe pas. Je l'ai écoutée deux fois. J'avais compris la première fois, mais je voulais la réécouter pour tout intégrer. J'ai trouvé cela vraiment fascinant. J'invite tout le monde à la regarder. C'est vraiment intéressant, car vous expliquez tout cela avec tellement de simplicité.
Est-ce que, après avoir écouté cette vidéo, on doit comprendre qu'on n'aura plus jamais à se battre pour que l'équipement des femmes soit adapté à leur morphologie particulière?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui. J'ai vraiment apprécié votre témoignage, et j'ai trouvé certaines des choses que vous avez dites aujourd'hui très inspirantes. Je vous remercie des services rendus et je vous remercie de nous donner un peu d'espoir dans l'étude difficile que nous menons.
Je vais d'abord m'adresser à vous, lieutenante-générale Bourgon.
L'une des choses que les femmes nous ont répétées à maintes reprises, c'est qu'elles se sentaient souvent invisibles pendant leurs années de service. Elles vivent maintenant un peu le même problème avec Anciens Combattants Canada, c'est‑à‑dire qu'elles doivent essayer de prouver encore et encore que les choses qui leur sont arrivées pendant qu'elles étaient en service ont eu des répercussions. Comme ce n'était pas très bien mesuré avant, il est très difficile d'en faire la preuve de ce côté. J'entends très clairement leur message, je les entends exprimer leur frustration et dire que nous devons faire quelque chose pour remédier à la situation.
L'autre chose que j'ai trouvé très intéressante dans leurs témoignages, cependant, c'est qu'elles ont parlé des atouts des femmes quand on leur fournit l'équipement approprié et qu'on reconnaît qui elles sont lorsqu'elles sont en service. Il y a des avantages à tirer de toute grande épreuve, et je suis vraiment contente qu'un si grand nombre de vétéranes se manifestent et partagent leur expérience.
Je me demande si vous pouvez nous parler un peu du rôle que vous jouez et de ce que vous avez vu au cours des dernières années, afin que les vétéranes qui ont servi notre pays puissent entendre ce que vous avez à dire aujourd'hui. Elles ne sont peut-être pas au courant des changements qui se produisent et de ce qui se dessine.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'entends ce que vous dites, et j'entends les commentaires des femmes vétérans parce que j'ai vécu la même chose. C'est la raison pour laquelle j'aborde l'inclusion avec tant d'enthousiasme.
Les FAC d'aujourd'hui ne sont pas celles auxquelles je me suis jointe en 1987. Nous avons fait beaucoup de progrès. Il y a encore beaucoup à faire, mais nous en sommes maintenant conscients. Je rappelle que l'analyse comparative entre les sexes est désormais obligatoire dans tout ce que nous faisons, qu'il s'agisse de politiques, d'équipement ou d'infrastructure. Il y a un garde-fou à prendre en considération dès que nous voulons faire quelque chose.
Nous avons des CES, ou conseiller en matière d'égalité entre les sexes, dans tous nos commandements; ils sont là pour donner des conseils. Il y a aussi le chef de la conduite professionnelle et de la culture qui est là pour fournir cette expertise.
Honnêtement, je ne pense pas que les femmes soient encore invisibles dans l'armée canadienne. Nous faisons partie des FAC, comme les autres groupes visés par l'équité en matière d'emploi. Nous prenons notre place et nous sommes soutenues.
Est‑ce parfait? Non. Y a‑t‑il place à l'amélioration? Absolument, mais notre voix est entendue. Nous avons les groupes consultatifs de la Défense. Des représentants des Autochtones, des minorités visibles, des personnes LGBTQ et des femmes se réunissent régulièrement au niveau tactique. Dans chacune de nos bases, au Canada, il y a un mécanisme pour entendre leur voix, pour entendre quelles sont les lacunes, ce qu'ils veulent voir changer, et nous essayons de répondre à leurs besoins autant que possible, en fonction des ressources, de l'ordre de priorité des divers objectifs et de tout le reste.
Je pense que nous sommes là pour entendre leur voix et changer. C'est la grande différence que je soulignerais par rapport à la situation d'il y a 35 ans, lorsque je suis entrée en fonction.
:
Je vous remercie de cette question.
En effet, le groupe de transition a été mis sur pied en 2018. Comme on vient de le mentionner, la transition vers la vie civile est un passage très stressant dans la vie d'une personne. Nous travaillons en étroite collaboration avec Anciens Combattants Canada pour offrir aux militaires, mais aussi à leurs familles, des services personnalisés, professionnels et normalisés, pour le soutien aux blessés comme pour les services de transition. Nous collaborons avec divers partenaires qui partagent nos locaux dans nos centres de transition.
Je crois savoir que la colonelle Lisa Noonan vous a déjà parlé des centres de transition et des services. Essentiellement, nous supervisons... Un conseiller en transition est affecté à la personne en transition. Ils élaborent un plan de transition dans sept domaines du bien-être, soit le sentiment d'utilité, les finances, la santé, l'intégration sociale, les aptitudes à la vie quotidienne, le logement et les conditions matérielles et l'environnement culturel et social.
Il s'agit d'un travail d'équipe pour veiller à ce que les membres des FAC qui font la transition vers la vie d'ancien combattant et la vie civile aient un bon plan dans lequel rien n'a été oublié. Anciens Combattants Canada travaille de concert avec nous dans nos centres de transition.
Je dois préciser que d'ici juillet, 75 % de nos centres de transition seront établis. À l'heure actuelle, nous prévoyons atteindre la pleine capacité opérationnelle d'ici avril 2024.
C'est un très bon point. Nous mobilisons des intervenants, alors peut-être devrions-nous diversifier un peu plus les choses à cet égard et donner la parole à nos vétéranes pour qu'elles nous racontent leur expérience afin que nous puissions les écouter et peut-être échanger avec elles.
Nous oublions que nos vétérans sont nos meilleurs recruteurs, car les femmes et les minorités visibles, en particulier, entrent dans l'armée parce que des personnes qu'elles connaissent leur a conseillé de le faire. Ce n'est pas comme si elles avaient besoin d'une permission, mais elles aiment qu'on leur dise qu'elles devraient s'enrôler dans les FAC parce qu'elles y feront une belle carrière. Plus les vétérans peuvent s'exprimer et parler de manière positive de leur expérience, plus nous recrutons. C'est important.
Il y a cet échange de leçons retenues et nous devons peut-être aussi dire ce qui a changé au cours des cinq ou dix dernières années pour que les gens comprennent mieux et puissent peut-être dire « d'accord, cela me rassure, parce que vous avez changé les choses par rapport à ce qui m'est arrivé et je ne suis maintenant plus invisible ». Ces personnes peuvent alors en parler positivement.
Je retiens le point soulevé et j'essaierai de faire participer davantage d'intervenants et de vétérans à nos efforts de mobilisation des intervenants afin d'obtenir leurs points de vue.
Dans les cas d'inconduites sexuelles, les causes sont nombreuses, mais encore une fois, il y a l'environnement, la formation, l'éducation et le soutien que nous offrons.
Nous avons mis en place de nombreuses initiatives, en particulier au cours de la formation tout au long de nos carrières, à des moments précis, sur l'évolution de la culture quant à ce qui est acceptable et à ce qui ne l'est pas. Nous venons de publier notre nouvel éthos, soit « L'éthos des FAC: Digne de servir », qui établit clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, avec l'inclusion comme caractéristique. Il ne s'agit pas d'une seule réponse. Il s'agit d'un ensemble, soit de l'évolution de la culture et du comportement qui n'est pas acceptable. Je pense que nous constatons un changement sur le terrain, parce que les gens comprennent mieux ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
Les signalements, encore une fois... Je sais que je ne souhaite pas que le nombre augmente, mais je pense que si les gens sont plus confiants et veulent dénoncer, c'est un bon signe.
Nous allons travailler à nos chiffres et je pense qu'à l'avenir, nous verrons une diminution du nombre de signalements. Encore une fois, je m'attends à ce qu'ils commencent à diminuer parce que les gens comprennent. Il est clair que nous nous occupons de chaque situation signalée et que des mesures claires sont prises. On ne peut plus s'en tirer à bon compte. C'est absolument inacceptable. C'est un changement positif.
:
Il y a beaucoup à faire, et nous n'avons pas encore toutes les données pour déterminer ce qu'il faut faire parce que nous manquons de recherche. Ce n'est pas propre à l'armée. Il y a un manque de recherche sur la santé des femmes dans la société en général. La plupart des recherches en médecine ont été conçues pour des populations masculines et, évidemment, il n'est pas toujours possible d'extrapoler quant à l'incidence sur les femmes. Les maladies du cœur en sont un bon exemple. Ce n'est absolument pas conçu pour les femmes.
C'est là que nous devons commencer. Nous devons disposer d'une meilleure base de données pour suivre la recherche. Pour faire cette recherche, nous travaillons en partenariat avec de nombreuses organisations, dont l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, ou ICRSMV. Quarante-trois universités canadiennes qui font partie de ce groupe nous aident à déterminer ce qui doit être fait du point de vue de la recherche. Nous pourrons ensuite déterminer ce qu'il faut faire en matière de prévention, ce que nous devons faire pour réduire le nombre de blessures et de maladies chez nos femmes militaires, mais aussi ce que nous devons faire mieux sur le plan des soins.
Nous suivons les lignes directrices canadiennes concernant le traitement des femmes, et je pense donc que nos pratiques sont cohérentes de ce point de vue, mais nous ne savons pas avec certitude ce qui est propre aux femmes en uniforme. Nous disposons de quelques recherches que des partenaires internationaux ont menées à ce sujet, et nous essayons d'importer, je dirais, l'expertise qui existe, mais il y a certainement plus à faire afin d'améliorer les choses à cet égard.
Notre programme de santé des femmes démarre à peine. Il a commencé l'année dernière. Nous sommes en train de constituer une équipe. Nous recrutons des personnes. Par la suite, nous allons commencer à investir davantage dans la recherche et les soins de santé et, nous l'espérons, améliorer la santé des femmes militaires.
:
Très bien. J'ai perdu ce que j'avais sur mon téléphone, mais...
M. Luc Desilets: Voulez-vous que je vous refile ma question?
Mme Cathay Wagantall: Non. Je vais procéder autrement. Merci beaucoup.
Je m'adresse d'abord au major-général Bilodeau. Quelqu'un a parlé ce soir de la Somalie, et notre comité a reçu des témoins ayant dû composer avec les effets indésirables de la méfloquine qu'on leur a administrée dans ce pays. Nous avons d'ailleurs mené une étude importante sur cet enjeu également.
En réfléchissant à la question, je me disais que nous n'avons entendu aucun commentaire à ce sujet en provenance de femmes militaires bien que la méfloquine ait été utilisée pendant toute la période qui a mené jusqu'à notre présence en Afghanistan et qu'elle soit maintenant reléguée au rang de médicament de dernier ressort. Il était toutefois indiqué clairement dans le rapport que cela n'avait aucune incidence sur son utilisation par des civils. J'ai moi-même perdu une amie qui a énormément fait pour la défense des droits des anciens combattants. Elle avait consommé de la méfloquine avec son mari lors d'un voyage en Thaïlande. Elle a fini par se suicider.
Tous les autres pays — dont le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Irlande, l'Australie et les États-Unis — ont déterminé que ce médicament pouvait causer des dommages au tronc cérébral et offrent des traitements en conséquence, mais le Canada n'en a pas fait autant. On ne reconnaît pas ici les effets indésirables de ce médicament. Je sais que l'enquête portait sur différents autres enjeux, et on y a mis un terme avant de s'intéresser à la question de la méfloquine.
Y a‑t‑il à votre connaissance des femmes auxquelles on a administré de la méfloquine alors qu'elles étaient en service et avons-nous une idée quelconque des effets qu'elles ont pu ressentir?
:
Merci pour la question.
Il y a assurément des femmes qui ont pris de la méfloquine pendant leur carrière. Je n'ai cependant pas de données portant expressément sur les femmes. Il est bien évident que de nombreux militaires masculins en ont pris également.
Une importante étude sur la consommation de méfloquine par nos militaires a été menée il y a plusieurs années déjà. Nous voulions ainsi avoir une meilleure idée des mesures à prendre dans ce contexte. Le rapport a été présenté au médecin général qui m'a précédé. Les résultats de cette étude allaient bien sûr dans le sens de ceux obtenus par les autres chercheurs, aussi bien au Canada qu'à l'étranger. De nombreuses recherches ont en effet été menées sur la méfloquine un peu partout dans le monde.
C'est à partir de ces données qu'il a été recommandé de classer pour ainsi dire la méfloquine au rang de médicament de dernier ressort, comme vous l'avez indiqué, en raison des risques de séquelles au cerveau. Ces risques n'ont pas été officiellement démontrés. Le sujet fait encore l'objet de nombreuses discussions au sein de la communauté scientifique, mais nous avons convenu, en guise de précaution, d'en faire essentiellement un médicament de dernier ressort.
Pourquoi figure‑t‑il toujours dans le formulaire? Parce que ce médicament est bien toléré par certaines personnes qui en ressentent les bienfaits. Ce qui est bien avec la méfloquine, c'est qu'on l'administre une fois par semaine, plutôt que chaque jour, ce qui fait qu'il est plus facile de suivre les traitements prescrits. Cela dit, nous continuons d'effectuer un suivi auprès des militaires qui ont pris de la méfloquine pendant leur carrière et nous...
Je veux d'abord et avant tout souligner que je vous parle depuis Vancouver, sur les territoires traditionnels non cédés des Premières Nations de Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh.
Comme vous l'avez indiqué, nous offrons au sein des Forces canadiennes d'excellents soins, services et programmes en santé mentale à tous nos membres. Je pourrais vous fournir de plus amples détails à ce sujet, mais je tiens surtout à préciser que nous prodiguons des soins fondés sur des données probantes pour tous les problèmes de santé mentale, qu'ils soient d'ordre psychiatrique ou psychologique, y compris le TSPT.
Je vous dirais que nos études à ce sujet ont démontré que les gens aux prises avec le TSPT ont souvent un problème de santé concomitant. Ainsi, il n'est pas rare qu'un trouble anxieux ou une dépression s'ajoute au TSPT, quand ce n'est pas un problème de toxicomanie. Nous sommes habituellement confrontés à un tableau clinique plutôt complexe pour ces patients qui ne peuvent malheureusement pas poursuivre leur service militaire et qui doivent être libérés. Nous encourageons alors ces gens — ce qui inclut un certain nombre de femmes — à solliciter de l'aide dès que possible, car les recherches révèlent qu'une intervention rapide produit de bien meilleurs résultats.
Nous misons sur une équipe multidisciplinaire pour offrir à ces patients des traitements fondés sur des données probantes. Notre équipe peut compter sur des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux et des conseillers en toxicomanie de telle sorte que nos patients externes et nos membres bénéficient de tous les soins en santé mentale dont ils ont besoin.
Lorsqu'il est établi que le militaire ne pourra malheureusement pas poursuivre son service et devra être libéré pour des raisons médicales, nous enclenchons sans tarder ce processus de transition dont on vous a déjà parlé. Dès qu'un de nos membres tombe sous le coup d'une restriction permanente à l'emploi ne lui permettant pas de poursuivre son service militaire, on confie la gestion de son cas à un infirmier ou une infirmière qui travaille en collaboration avec nous tout au long du processus de transition.
Nous devons ainsi travailler de concert avec le clinicien en soins primaires et l'infirmier ou l'infirmière gestionnaire de cas afin de planifier le suivi médical pour ces membres à leur sortie des forces militaires. Nous essayons de faire en sorte que cela se fasse dès que possible. Nous cherchons à déterminer jusqu'à quel point nos membres peuvent être à l'aise avec leurs nouveaux pourvoyeurs de soins dans la collectivité. Nous veillons en outre à ce que ces patients aient déjà, le jour de leur libération, un rendez-vous avec un psychiatre, un psychologue, un travailleur social ou un autre professionnel pouvant les aider. C'est ce que nous pouvons faire pour eux. Bon nombre des psychologues qui traitent nos membres dans la collectivité ne sont pas simplement des fournisseurs de la Croix Bleue ou des Forces armées canadiennes. Ce sont également des fournisseurs d'Anciens Combattants Canada, ce qui facilite grandement la transition.
On vous a sans doute déjà parlé du...
:
Il y a effectivement encore un fossé, mais je dirais que nous sommes en train de lentement le combler.
Il faut d'abord constater que nos membres sont libérés en majorité dans des secteurs où ils sont nombreux à l'être, car ils vivent habituellement à proximité d'une base ou d'une escadre. Les gens de ces collectivités en viennent ainsi à bien connaître nos militaires et à côtoyer davantage d'anciens combattants dans leur voisinage.
Les choses sont bien sûr différentes lorsqu'un militaire décide de prendre ses distances au moment de sa libération. C'est ce qui nous complique la tâche. Pour faciliter le processus, nous avons récemment élaboré, en collaboration avec Anciens Combattants Canada et le Collège des médecins de famille du Canada, le guide Conseil pratique, c'est le nom qu'on lui a donné, pour aider les médecins de famille à mieux comprendre ce que cela signifie d'être un ancien combattant, ce que vivent nos militaires pendant leur service, à quel genre de facteurs de stress ils sont exposés, quels problèmes de santé ils éprouvent en raison de ces facteurs de stress, quelle est la meilleure façon de les soigner et quelles ressources sont mises à leur disposition après leur libération, ce qui peut inclure divers programmes de soutien et de soins. Les médecins de famille peuvent ainsi s'assurer que les vétérans bénéficient de la meilleure aide possible, peu importe l'endroit où ils vivent au pays.
Il ne fait aucun doute que certaines lacunes persistent, mais je crois que nous avançons dans la bonne direction. Je peux vous assurer que mes collègues à Anciens Combattants Canada redoublent d'ardeur pour apporter les correctifs nécessaires.
:
Je vous remercie beaucoup.
Je vais approfondir la question. En ce qui concerne les anciens combattants, ma mission est de veiller à ce que nous n'affaiblissions pas les femmes. Nous voulons qu'elles fassent une très longue carrière dans laquelle elles peuvent offrir leur contribution en toute sécurité. Voilà donc les changements que nous apportons.
Cependant, j'ai fait une recherche approfondie à l'aide des statistiques actuelles, et j'ai constaté que 47 % des femmes qui prennent leur retraite de l'armée sont libérées pour des raisons médicales. Cela me préoccupe énormément et nous devons faire mieux, d'abord pour comprendre les raisons d'une telle situation et ensuite pour lancer des initiatives et combler les lacunes, afin de ne pas nuire à nos femmes. C'est très important. Encore une fois, il faut se pencher sur les questions de l'équipement, des procédures, de la formation et de la mise en place de processus et de services appropriés pour les femmes, afin d'éviter de telles statistiques.
Encore une fois, selon les statistiques, environ 30 % des hommes sont libérés pour des raisons médicales, et le fait que cette proportion soit de 47 % pour les femmes représente un problème que nous devons cibler afin de changer les choses.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Tolmie, j'ai beaucoup aimé votre question. Pour une fois, elle était vraiment pertinente. C'est une blague, je me sens d'humeur taquine ce soir.
Monsieur Bilodeau, j'ai été surpris quand vous avez dit qu'il y avait une excellente collaboration entre les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants Canada, car je vous jure que ce n'est absolument pas ce que le Comité a entendu jusqu'à maintenant. Cela fait trois ans et demi que je siège au Comité. Ce n'est pas à cause de vous ou de quiconque d'entre vous, mais le lien entre les deux ministères ne se fait pas adéquatement.
Un soldat sur le terrain, qui est aussi un individu, une personne, un humain, voit son statut changer du jour au lendemain dès qu'il quitte les Forces armées canadiennes. J'ai la chair de poule en disant cela, parce que je sais que vous allez tous vivre cette situation. Le fait que cette transition ne se passe pas adéquatement me dérange. Le nœud du problème, c'est ce lien entre les deux ministères. Vous faites ce que vous pouvez de votre côté et Anciens Combattants Canada fait ce qu'il peut de son côté, mais il n'y a pas de lien entre les deux. Il y a une séparation, une fissure, un divorce, et cela me trouble. Depuis des années, le Comité entend des vétérans lui parler de toutes les difficultés qu'ils rencontrent.
Si je m'adresse à vous, c'est parce que vous avez dit qu'il y avait une excellente collaboration. Or, je ne la vois pas et je ne la sens pas. Juste dans votre secteur et si vous aviez les pleins pouvoirs, il faudrait faciliter le transfert des dossiers et en assurer le suivi. D'ailleurs, vous n'avez pas répondu à la question que je vous ai posée plus tôt. Dans un monde idéal, un médecin des Forces armées canadiennes suivrait le nouveau vétéran pendant quelques mois. Puisqu'il connaîtrait bien le pedigree de la personne, c'est-à-dire son dossier, il pourrait faciliter sa transition et l'aider dans ses multiples demandes.
Me reste-t-il du temps de parole, monsieur le président?
:
Il faut faire la distinction entre la collaboration qui existe entre le ministère et Anciens Combattants Canada et l'expérience de transition. Ce sont deux choses différentes.
Nous ne pouvons pas nier que l'expérience de transition est un important facteur de stress pour plusieurs de nos membres. Être militaire, c'est une identité. Quand on perd cette identité, on vit un choc important.
Pour ce qui est de la transition, nous la faisons un peu dans l'autre sens, en fait. Souvent, nous allons permettre à un médecin de famille, par exemple, de commencer à prendre en charge un militaire avant sa date de libération des forces, de façon à faciliter la transition de ce dernier vers la vie civile.
En tant que médecin général pour les forces armées, je n'ai pas le droit de donner des soins à quelqu'un après sa date de libération. Par contre, comme nous avons un contrat qui nous permet d'acheter ces soins, un médecin de famille peut souvent être amené à s'occuper de la personne avant sa date de libération, ce qui permet de faire cette transition plus facilement.
:
D'accord, je vous remercie.
Je veux simplement dire que je crois que les choses s'améliorent. Je représente la 19e Escadre, et le centre de transition est de l'autre côté de la rue. J'ai visité les deux endroits. Je constate qu'il se fait beaucoup de travail, et il est important que nous le reconnaissions. Cependant, je pense qu'il faut également reconnaître qu'il nous reste encore du chemin à parcourir. Nous travaillons fort, mais il reste encore beaucoup à faire.
J'aimerais revenir à vous, major-général. Vous avez répondu à ma dernière question, mais j'aimerais obtenir quelques éclaircissements. Qui était responsable de cette formation? Vous avez parlé d'une brochure médicale. Qui était aux commandes?
De plus, vous avez dit qu'il y avait une enquête, mais que ces brochures seraient remises à des professionnels de la santé. Comment faites-vous, alors, pour sonder les vétérans, y compris les femmes, afin d'obtenir leur rétroaction? Je me pose la question, parce que je ne comprends pas bien comment fonctionne le processus. J'aimerais beaucoup savoir si les vétérans participent au processus. Si ce n'est pas le cas, je pense qu'il est important de le reconnaître pour que nous puissions en parler un jour.