:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 37e réunion du Comité permanent des anciens combattants.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 3 octobre 2022, le Comité poursuit son étude sur la stratégie nationale pour l'emploi des vétérans après le service.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté le jeudi 23 juin 2022. Certains députés et témoins participent à la réunion en personne ou par l'entremise de l'application Zoom.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
Conformément à notre motion de régie interne concernant les tests de son, je souhaite informer le Comité que les témoins ont effectué les tests de son requis avant la réunion.
J'aimerais donc accueillir maintenant nos témoins.
Le major à la retraite M. André Thivierge est avec nous. Il est cofondateur et coprésident du Groupe de travail des anciens combattants de la Ville d'Ottawa.
Je vous remercie d'être avec nous en personne, aujourd'hui. Je sais que nous avons éprouvé des difficultés techniques la dernière fois.
[Traduction]
Nous accueillons aussi Jason Wahl, fondateur et directeur de Veteran Staffing Canada, qui comparaît avec vidéoconférence.
[Français]
Nous recevons aussi M. Oliver Thorne, directeur général du Réseau de transition des vétérans, qui se joint à nous par vidéoconférence.
Nous allons maintenant passer aux présentations des témoins.
Monsieur Thivierge, comme vous le savez, je vais vous prévenir lorsqu'il vous restera une minute, puis lorsqu'il ne vous restera plus de temps. Vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes.
:
Monsieur le président, honorables membres du Comité, j'ai le plaisir de coprésider le Groupe de travail des anciens combattants de la Ville d'Ottawa. Mandatés par le conseil municipal, nous avons pour mission d'établir des ponts entre la communauté et les organismes de la capitale nationale en offrant des services à nos vétérans.
Lorsque nos militaires prennent la décision de faire le saut vers la vie civile, ils ont encore plusieurs années productives à offrir. Depuis toujours, occuper un emploi valorisant est une composante clé dans le processus de transition. On doit comprendre que les militaires souhaitant poursuivre une seconde carrière ont des motivations différentes. Les militaires en transition sont relativement peu attirés par le salaire et les avantages sociaux. Ils sont davantage motivés par leur désir d'accomplir leur mission et de créer un impact positif au sein de leur milieu de travail. Lorsque le vétéran devient membre d'une équipe de travail, la notion de service est toujours bien présente.
Dans la communauté des employeurs, certains préjugés persistent quant à leur perception des vétérans en tant qu'employés, notamment celui voulant que ceux-ci soient aux prises avec des problèmes de santé mentale. De plus, certains employeurs semblent sous-estimer l'importance de leurs acquis sur le plan de l'expérience et de la formation.
Toutefois, certaines perceptions et certains préjugés existent aussi chez les vétérans envers les employeurs. Par exemple, il y a des vétérans qui orienteront leurs actions selon la croyance que l'employeur ne les comprend pas et qu'il a une perception négative du service militaire et des vétérans en tant que candidats à l'emploi. Ces perceptions constituent des obstacles à l'emploi, pour le vétéran, et au recrutement, pour l'employeur.
Le manque de dialogue entre l'écosystème de soutien aux vétérans et les employeurs, notamment ceux du secteur privé, constitue une barrière qui a notamment contribué à alimenter ces préjugés sur les vétérans. Je crois que les prochaines étapes consisteraient à combler le fossé entre la communauté militaire et tous les secteurs de l'industrie, afin de s'attaquer aux légendes urbaines qui semblent exister des deux côtés. Cela nous aiderait à mieux comprendre leur incidence sur la relation entre les candidats et les recruteurs. Un tel dialogue constituerait une fondation qui contribuerait à développer des relations durables et productives entre la communauté militaire et les employeurs.
Dans notre groupe de travail, des initiatives ont été mises sur pied afin d'emmener les départements de ressources humaines non seulement à reconnaître les besoins et les atouts des vétérans dans leur stratégie de recrutement, mais à s'impliquer dans le processus de préparation de nos militaires en transition vers une seconde carrière. De telles initiatives contribueront à favoriser un changement de culture permettant à la fois de préparer les militaires en transition par la communication d'informations et d'influer sur les stratégies de recrutement.
Lors de ma présence aux audiences du Comité, la semaine dernière, j'ai été surpris d'apprendre que relativement très peu de vétérans étaient employés dans la fonction publique fédérale. Toutefois, j'ai été consterné d'apprendre que seulement 4 % des employés des ministères fédéraux qui offrent directement des services à la communauté militaire étaient des vétérans. Ces informations me portent à croire que nous avons beaucoup de travail devant nous.
En conclusion, les unités de transition des Forces armées canadiennes ont accompli des progrès titanesques au cours des dernières années, car elles ont su professionnaliser la prestation de leurs services de transition. Ceux-ci sont maintenant offerts à partir de données probantes, telles que les interdépendances du bien-être.
Sur tous les aspects de la transition, particulièrement l'accès à l'emploi, nous avons prouvé que les communautés, comme celle de la ville d'Ottawa, peuvent jouer un rôle de rassembleur, favorisant ainsi des partenariats fondés sur un dialogue continu et productif. Nous continuerons de bâtir des ponts entre les employeurs œuvrant dans notre communauté et l'écosystème de soutien aux vétérans.
Merci.
:
Tout d'abord, j'aimerais remercier le président de nous avoir invités ici aujourd'hui.
Je vais vous donner un aperçu de la situation. Veteran Staffing a été lancée en 2016 à titre de succursale d'Athenian Group, une entreprise de dotation en personnel technique que nous avons fondée ici, en Alberta. Nous répondons aux besoins de dotation en personnel de nos clients d'un bout à l'autre du Canada.
Cela signifie que certains de nos clients nous demandent de les aider à embaucher des anciens combattants et de trouver des ressources à cette fin. À l'époque, nous avions une ressource, soit le Programme d'aide à la transition de carrière pour les militaires de la Compagnie Canada, un prédécesseur du programme de transition actuel. Nous trouvions ce programme très utile, car il offrait des ressources qui nous permettaient de communiquer directement avec les anciens combattants, comme un site Web sur lequel étaient publiés des curriculum vitae et des profils avec les coordonnées des anciens combattants. Lorsque ce programme a été éliminé et qu'Anciens Combattants Canada a adopté son nouveau programme, nous avons perdu la possibilité de communiquer directement avec les anciens combattants. Je pense que c'était une erreur.
Depuis que j'ai pris ma retraite des forces armées, il y a de nombreuses années, j'ai recruté du personnel partout au Canada et aux États-Unis. J'ai observé un manque général de capacité à trouver des anciens combattants au‑delà de la recherche sur des sites Web généraux, par exemple Indeed ou Workopolis, sur lesquels les gens précisent qu'ils sont d'anciens combattants. Les organismes, qu'ils soient publics ou privés, n'ont plus la possibilité d'entrer en communication directe avec ces personnes. C'est certainement une lacune, à notre avis.
Le programme Services de transition de carrière actuel fournit des ressources précieuses aux anciens combattants, par exemple des guides de rédaction de curriculum vitae et de préparation aux entrevues, mais il n'aide pas les employeurs à trouver ces anciens combattants. C'est sur ce point qu'il faut se concentrer si l'on envisage un nouveau programme de transition.
Nous avons aussi tenté de déterminer le nombre d'anciens combattants qui quittent actuellement le ministère de la Défense nationale. Il y a quelque temps, CBC a annoncé qu'il y avait environ 461 000 anciens combattants autodéclarés dans le recensement de 2021. Anciens Combattants Canada, à l'aide d'une équation mathématique, a calculé qu'il y avait 617 000 anciens combattants. Je pense que le calcul du chiffre réel nous aidera grandement à déterminer comment nous pouvons favoriser la transition de ces personnes qui se dirigent vers le secteur public.
Nous avons déjà réussi à aider des anciens combattants à entrer dans le secteur public, mais je pense que le plus gros problème est de trouver les anciens combattants eux-mêmes, lorsqu'on cherche au‑delà des organismes sans but lucratif qui les soutiennent.
Nous avons formulé quelques suggestions et cerné quelques ressources qui, selon nous, pourraient être utiles.
Nous suggérons tout d'abord la mise sur pied d'un programme de subventions salariales semblable à ceux qui existent déjà pour les étudiants, les nouveaux arrivants au Canada ou les personnes sous-représentées sur le marché du travail. Cela inciterait les entreprises à aller chercher des anciens combattants.
Deuxièmement, la suggestion la plus importante serait la création d'un outil ou d'un site Web qui serait géré soit par Anciens Combattants Canada, soit par un organisme externe, et auquel les organismes pourraient accéder pour communiquer directement avec les personnes recherchées. Je pense que c'est un outil qui nous manque et dont nous avons désespérément besoin depuis l'élimination du programme, il y a quelques années.
J'ai hâte de répondre à vos questions. Je vous remercie.
:
Je vous remercie, monsieur le président et membres du Comité, de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui.
Je m'appelle Oliver Thorne. Je suis directeur principal du Réseau de transition des vétérans, un organisme de bienfaisance canadien enregistré qui offre des services de consultation et des programmes de transition aux membres en service et aux anciens combattants des Forces armées canadiennes. Nous offrons ces programmes aux hommes et aux femmes, en anglais et en français, d'un bout à l'autre du Canada.
[Français]
À l'intention des membres francophones du Comité permanent des anciens combattants, je précise que je vais faire mon allocution d'ouverture en anglais, vu que mon temps de parole est limité. Je m'en excuse.
[Traduction]
Même si l'emploi est un sujet de discussion couramment abordé dans nos programmes, les programmes offerts par le Réseau de transition des vétérans sont axés sur la santé mentale, les relations familiales et la transition de l'armée à la société civile. Même si je ne suis en aucun cas un expert en matière d'embauche d'anciens combattants, je peux certainement offrir le point de vue d'un organisme qui offre des services de transition aux anciens combattants depuis plus d'une décennie.
Dans cette perspective, j'aimerais concentrer mon témoignage sur deux enjeux importants aujourd'hui, à savoir l'accès et la transition culturelle.
Tout d'abord, notre expérience de la prestation de services aux anciens combattants à l'échelle du Canada depuis 10 ans nous a appris que l'accès représente l'un des principaux problèmes auxquels les anciens combattants font face pour profiter de tous les services qu'ils reçoivent. En effet, un bon programme d'emploi ne sera pas efficace s'il n'est pas accessible aux anciens combattants, et surtout s'il n'est pas accessible aux anciens combattants qui ont le plus de mal à réussir la transition vers la vie civile.
Les recherches indiquent qu'un certain nombre de critères sont liés à une transition plus difficile, par exemple des antécédents de service plus longs, une libération involontaire, le service dans les rangs subalternes, le service dans l'armée et le déploiement. Tous ces critères sont liés à une transition plus difficile après le service.
Voici ma première recommandation. Pour être efficace, une stratégie d'emploi des anciens combattants doit être élaborée en tenant compte des besoins de ces anciens combattants. Par ailleurs, il est très probable que les anciens combattants qui éprouvent les plus grandes difficultés auront besoin d'autres services immédiats de transition et de réadaptation avant d'être prêts à recevoir des services liés à l'emploi.
Ma deuxième recommandation consiste à établir une relation étroite entre le programme de réadaptation des anciens combattants et les services fournis dans le cadre de la stratégie d'emploi, afin qu'ils se consultent l'un l'autre pour veiller à ce que des anciens combattants ne passent pas entre les mailles du filet.
Le deuxième enjeu concerne la transition culturelle. La transition des anciens combattants vers l'emploi se fait en même temps qu'une transition importante et profonde sur le plan de la culture et du mode de vie. Une bonne stratégie d'emploi doit donc reconnaître cela et offrir les outils appropriés pour aider les anciens combattants à effectuer cette transition, afin qu'ils puissent obtenir la formation nécessaire et un emploi dans la vie civile après avoir quitté le service.
Dans notre travail de fournisseur de services, les anciens combattants nous parlent de deux lacunes importantes. La première est liée à l'écart entre les compétences requises dans un environnement civil et celles qui sont requises dans l'armée. Nous pouvons observer cet écart dans le style de communication professionnelle, ainsi que dans les connaissances financières. Le secteur privé et le secteur de l'éducation forment très bien les gens dans ces domaines avant qu'ils arrivent sur le marché du travail après des études postsecondaires, mais les exigences dans ces domaines sont très différentes dans les contextes militaire et civil.
Encore une fois, pour être efficace, une stratégie d'emploi doit tenir compte de ces réalités et offrir une formation pratique pour aider à combler ces lacunes en matière de compétences.
La deuxième lacune qui est signalée est liée au soutien social. En effet, nous constatons que l'expérience des anciens combattants qui passent de l'environnement de service à celui des études postsecondaires — c'est-à-dire où ils en sont sur le plan de la transition personnelle et du mode de vie — est souvent très différente de celle des autres personnes qui les entourent dans ce contexte. Pour assurer le succès de ces programmes d'éducation et d'emploi, il sera donc essentiel de leur fournir le soutien approprié pour répondre à leurs besoins et de leur offrir un endroit où ils peuvent interagir avec leurs pairs et recevoir un soutien social.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de faire cette déclaration préliminaire. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président. Je tiens également à remercier M. Wahl et M. Thivierge de leur service.
J'aimerais d'abord m'adresser à vous, si cela vous convient.
J'aimerais mieux connaître votre programme. Je constate que vous êtes en partenariat avec Anciens Combattants Canada, le mouvement Sans Limites et l'Initiative multiconfessionnelle sur l'habitation ici, à Ottawa, ce qui est merveilleux.
Vous avez mentionné le problème lié à la fonction publique et vous avez précisé qu'un nombre limité, semble‑t‑il, d'anciens combattants sont employés au sein d'Anciens Combattants Canada. Récemment, la Commission de la fonction publique — qui est responsable de l'administration des priorités d'embauche au sein de la fonction publique — a indiqué que seulement 330 nominations sur 64 796 embauches en 2021 et 2022 étaient des anciens combattants. C'est moins d'un demi pour cent.
Vous indiquez que vous travaillez fort pour établir des relations solides et durables, et qu'un certain nombre d'initiatives ont été mises sur pied.
Voulez-vous dire que le Groupe de travail des anciens combattants de la ville d’Ottawa a formulé ces initiatives et qu'elles ont été mises par écrit?
:
Nous sommes un fournisseur de services autorisé pour Anciens Combattants Canada depuis près d'une décennie.
Cela signifie que les anciens combattants qui ont une demande admissible peuvent participer à notre programme et les coûts seront remboursés par Anciens Combattants Canada. Je dirais que de 30 à 50 % des anciens combattants qui participent à notre programme n'ont pas présenté de demande d'indemnisation à Anciens Combattants Canada, pour une raison ou une autre. Notre organisme travaille avec un segment de la population des anciens combattants qui n'a pas pu ou n'a pas voulu avoir accès aux services d'Anciens Combattants. Je dirais donc que c'est en partie une nécessité.
C'est en partie par choix que nous tentons d'obtenir des fonds d'organismes de bienfaisance pour soutenir ces anciens combattants, car nous ne refusons aucun d'entre eux. Ils sont toujours inscrits au programme gratuitement, mais c'est aussi de plus en plus nécessaire, car bien que nous soyons un fournisseur de services autorisé, le taux d'approbation des demandes présentées par les anciens combattants admissibles a considérablement diminué, surtout au cours des trois dernières années.
Nous voyons un certain nombre d'anciens combattants qui sont admissibles à un financement par le ministère des Anciens Combattants. Ils ont la bonne demande d'indemnisation, mais les formulaires ne sont pas remplis correctement, et nous ne recevons malheureusement pas ces fonds. Par principe, nous ne refusons jamais un ancien combattant, et nous devons donc avoir recours à des fonds d'organismes de bienfaisance pour nous assurer que les anciens combattants puissent participer au programme.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, il y a bien des perceptions erronées concernant les problèmes de santé mentale. Le préjugé dont il est question, ici, c'est que la plupart des anciens combattants, des militaires qui ont quitté les forces, ont des problèmes de santé mentale. Ce n'est pas tout à fait vrai. La grande majorité des militaires, lorsqu'ils quittent l'armée, même ceux qui ont participé à de nombreuses missions, n'ont pas de problèmes de santé mentale. Certains en ont.
Avant d'adopter une stratégie, il importe de bien comprendre la situation et d'avoir une discussion franche avec les différents employeurs sur la perception qu'ils ont des problèmes de santé mentale. Certains vétérans n'ont pas besoin de mesures d'adaptation spéciales. Comme nous élargissons l'accès à nos programmes, beaucoup d'entre eux sont tout à fait employables.
Pour l'élaboration de la stratégie, je pense qu'il doit y avoir un dialogue permanent entre l'écosystème de soutien aux anciens combattants et la communauté des employeurs.
:
Oui. En particulier, pour vous donner quelques exemples dans lesquels ce genre de service est offert, ici en Colombie‑Britannique, où notre organisation a son siège social, il y a deux organisations qui me viennent immédiatement à l'esprit.
La première est l'Institute for Veterans Education and Transition, ou IVET, qui a ses bureaux à l'Université de la Colombie‑Britannique. Il s'agit d'un programme spécialisé dont l'objectif est de faire de cette université un campus accueillant pour les anciens combattants. L'idée est que les personnes qui quittent l'armée et décident de tirer avantage de ce programme d'éducation peuvent recevoir des crédits universitaires pour une partie de leur expérience et de leur service dans l'armée et bénéficier essentiellement d'une voie rapide vers un certificat.
L'objectif est de permettre aux gens de mener des études postsecondaires tout en bénéficiant du soutien de leurs pairs. Ils sont intégrés à un groupe de pairs qui peuvent se soutenir mutuellement dans ce contexte, qui peut être culturellement très différent de leur expérience dans l'armée. L'idée est d'augmenter le taux de réussite et le taux de rétention.
Il existe un programme similaire au B.C. Institute of Technology, qu'on appelle le programme de conversion des compétences militaires de la Légion. Il existe d'autres programmes du genre au Canada.
Je crois sincèrement que c'est ce dont nous avons besoin. Nous voyons beaucoup de gens, particulièrement aux États‑Unis... Oh! Je pense que je n'ai plus de temps.
:
Merci, monsieur le président.
Je salue mes collègues et je remercie les témoins de leur présence.
Monsieur Thivierge, tantôt, vous avez mentionné que, pour les vétérans, le salaire, les conditions salariales et les avantages sociaux n'étaient pas des éléments essentiels. Vous avez mentionné que, en fait, les vétérans étaient motivés par leur désir de servir, comme lorsqu'ils étaient dans l'armée.
Ce que nous avons entendu, c'est que le taux de chômage des vétérans est de 4,5 %, comparativement à 6,6 % dans les populations québécoise et canadienne. De plus, les vétérans sont apparemment plus susceptibles de se déclarer insatisfaits d'avoir un emploi qui ne leur permet pas d'exploiter leur plein potentiel.
Pourriez-vous m'éclairer à ce sujet?
D'une part, le taux de chômage des vétérans est faible — je n'ai pas les bonnes données en main. D'autre part, l'attrait qu'ils ont pour un boulot ne correspond pas à leurs aspirations.
:
Monsieur le président, je remercie le député de sa question.
Il est important de comprendre que, lorsque les militaires prennent leur retraite, ils sont dans la force de l'âge. Ils sont au sommet de leur potentiel et de leurs capacités. Ils cherchent donc à relever des défis. Pour eux, un défi, ce n'est ni le salaire ni les avantages sociaux. Ils veulent relever des défis semblables à ceux qu'ils ont relevés lorsqu'ils faisaient partie des Forces canadiennes.
Quand on sert dans les Forces canadiennes, on doit accomplir des missions comportant d'importants risques, et ce, avec très peu de ressources. Lorsqu'une personne a un rôle de meneur, elle est responsable de la vie des hommes et des femmes qui servent à ses côtés. On leur demande d'accomplir une mission qui fait appel à leur créativité. Lorsque le militaire quitte les forces, il carbure encore à cela. Ce que veut le vétéran, c'est relever des défis.
Pour un vétéran, le succès se définit par sa capacité à relever les défis. Cela dit, cela ne veut pas dire qu'il est prêt à accepter un plus petit salaire.
J'espère avoir répondu à la question, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président. Je vous remercie tous de témoigner aujourd'hui devant ce comité.
Ma première question s'adresse bien sûr à M. Thivierge.
Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour vos nombreuses années de service. Merci pour les services déjà rendus à notre pays et pour la poursuite de cet important travail à Ottawa. Je pense que c'est très louable. Je vous remercie de travailler ainsi d'arrache-pied pour faire de cette ville un endroit plus accueillant pour ceux et celles qui nous ont servi.
Passons à ma première question. Nous avons entendu très clairement, dans les témoignages de la semaine dernière, que l'un des grands défis auxquels les militaires sont confrontés lorsqu'ils quittent l'armée et deviennent des anciens combattants dans la vie, c'est qu'il n'existe pas de document qui explique en détail, d'une manière que le monde civil peut comprendre, l'étendue de la formation et des connaissances qu'ils possèdent. Des anciens combattants nous ont raconté qu'après avoir quitté l'armée, ils ont dû suivre de nouvelles formations dans des domaines dans lesquels ils étaient déjà passés maîtres, simplement parce que ces compétences extraordinaires ne se transposent pas dans le monde civil.
Je me demande sivous avez des commentaires ou des réflexions à nous communiquer sur la façon dont nous pourrions changer un peu les choses pour améliorer le sort des anciens combattants.
:
Au cours des dernières années, beaucoup d'efforts ont été déployés pour reconnaître les aptitudes, les compétences et la formation des militaires. Je pense au Programme d'accréditation de la formation militaire à des fins civiles créé il y a plusieurs années. À l'époque, c'était la genèse de l'initiative d'évaluation et de reconnaissance des acquis.
Je sais qu'au cours des dernières années, le groupe de transition et les différentes organisations qui existent au sein des forces ont établi un répertoire des aptitudes et des compétences. C'est comme un dictionnaire, un catalogue des compétences reconnues dans le monde civil, avec l'équivalent en niveau de formation reçue qui correspond à un métier civil, par exemple, mais c'est encore un peu un défi.
Encore une fois, il y a bien des idées fausses qui circulent sur la formation militaire. C'est pourquoi, pour solutionner le problème, il importe de favoriser un dialogue continu afin de mieux comprendre comment toutes ces aptitudes et compétences sont transférables dans le monde civil. Bien souvent, ce transfert se fait vers de petites entreprises privées, de sorte que le dialogue avec les employeurs aidera à mieux comprendre comment ces compétences sont transférables.
Inversement, le militaire qui amorce sa transition doit arriver à traduire ses compétences dans des mots qui seront compris par les employeurs.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Thorne, j'aimerais connaître vos impressions. Lorsque je suis sorti de l'armée, je crois que j'ai eu un séminaire d'une journée avec le ministère des Anciens Combattants au sujet des prestations et avantages offerts. Je pense que pour quelqu'un qui a été dans l'armée pendant 15, 20 ou 25 ans, un séminaire d'une journée ne suffit pas.
Nous venons d'entendre que les anciens combattants ont un curriculum vitae qui aurait probablement besoin d'être traduit pour le monde civil, afin qu'ils puissent mieux l'intégrer.
Que penseriez-vous de la possibilité d'aider les anciens combattants en leur offrant plus qu'un petit séminaire d'une journée, comme je le disais? Je me trompe peut-être, mais c'est ce dont je me souviens. Je pense que c'était un séminaire d'une journée, sandwiches fournis, puis chacun partait de son côté, bonjour, bonsoir. On nous disait à quoi on avait accès, mais on ne nous donnait pas d'outils lors de ce séminaire.
Qu'en pensez-vous?
:
Je vais essayer encore une fois, avec le micro un peu plus près. J'espère que cela aidera.
Effectivement, une journée ne suffit pas. Si j'ai bien compris, l'unité de transition des FAC va fournir des services pendant tout le cycle de service d'un militaire, dès le début et pendant son service, puis de plus en plus, sûrement, à partir du moment où il se prépare à être libéré.
Je pense que vous avez mentionné deux choses importantes.
Premièrement, l'information doit être communiquée plusieurs fois, sur une longue période de temps, pour être bien assimilée. Encore une fois, c'est vraiment une question d'accessibilité.
Deuxièmement, c'est comme pour tout autre apprentissage, dans les Forces armées canadiennes, un PowerPoint ne suffit pas. Quand on apprend une nouvelle information, il faut la répéter ensuite. Il faut s'exercer à la mettre en application. Je pense qu'il en va de même des compétences en communication, de la transposition des compétences militaires en compétences civiles et de tout ce qui fait partie d'une transition réussie. Il faut de la répétition. Le militaire doit travailler ces compétences activement, à la fois pendant et après le service, pour réussir à les maîtriser.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais reprendre là où vous vous êtes arrêté, monsieur Thorne.
Je ne sais pas si vous étiez là à l'époque, mais à l'époque où les comités voyageaient, j'étais membre du comité des anciens combattants et j'ai eu l'honneur de visiter votre établissement à Vancouver avec l'ensemble du comité. Ce fut une visite mémorable. Il est évident que votre organisation a beaucoup cheminé depuis. Je vous en félicite.
Je vais commencer par ceci: une étude intitulée « Étude sur la vie après le service militaire » a été réalisée en 2019. Elle montrait que le plus grand employeur des anciens combattants, après leur libération, était de loin la fonction publique.
Qu'est‑ce que cela vous indique? Quelle conclusion tirez-vous du fait que, premièrement, les anciens combattants sont attirés par la fonction publique après leur service et, deuxièmement, ils réussissent à obtenir des emplois dans la fonction publique, en grand nombre?
:
Je pense que pour bien comprendre ce que cette donnée nous indique, nous aurions besoin de connaître le profil plus détaillé de ces gens.
Le plus grand employeur, selon cette étude, est la fonction publique. Je crois que M. Thivierge en a parlé plus tôt. Nous constatons que ceux qui ont été officiers sont attirés par ce genre de travail. Ils ont de l'expérience en gestion de projet et de l'expérience de travail avec les différents ordres de gouvernement, ce qui peut leur conférer une affinité naturelle avec ce travail. Je pense que c'est une bonne chose à voir.
Souvent, ce qui manque, lorsqu'on examine ce genre de données, c'est ceux qui passent à travers les mailles du filet. Je n'ai pas de données devant moi pour étayer cette affirmation, mais je suis à peu près sûr que les personnes dont je parlais plus tôt, celles qui ont du mal à faire la transition entre les rangs subalternes, les armes de combat, le déploiement et l'armée... D'après mon expérience, ces personnes ne sont pas si nombreuses à entrer dans la fonction publique. C'est formidable de voir un groupe opérer une bonne transition vers la fonction publique, mais nous devons aussi nous demander qui passe à travers les mailles du filet.
Je vais me tourner vers M. Wahl. Dans vos remarques préliminaires, vous avez dit qu'une subvention salariale pour l'embauche d'anciens combattants et un programme d'identification des anciens combattants seraient des choses utiles.
J'aimerais revenir au premier point, si vous me le permettez. Je vais me référer à cette étude qui a été menée en 2019. À l'heure actuelle, le taux de chômage au Canada est d'environ 6,6 %. Le taux de chômage actuel chez les anciens combattants est d'environ 4,6 %. Par rapport à la population générale, les données indiquent qu'ils s'en sortent mieux pour ce qui est de l'emploi.
L'étude a également indiqué qu'après la libération, les anciens combattants connaissent une réduction de revenu pendant environ trois ans, en moyenne. Leur revenu augmente ensuite constamment jusqu'à la 10e année environ. Voilà ce que démontrent les données.
Comment conciliez-vous ces données avec la nécessité d'avoir une subvention salariale?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Thorne, vous avez dit, comme M. Thivierge, je pense, que la proportion des employés du ministère qui sont des vétérans est faible. Cela se situe autour de 4 %.
On vient de s'apercevoir que, pour un poste de recteur dans une université, on a tellement ciblé les critères et on faisait allusion à une telle quantité d'éléments que l'entonnoir s'est rétréci énormément.
Monsieur Thorne, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, selon vous, d'avoir une espèce de politique ou des critères d'embauche particuliers qui miseraient sur le fait qu'on veut des vétérans pour travailler au ministère?
Je demanderai à M. Thivierge de répondre également.
:
Je pense que le plus grand obstacle est de parvenir à comprendre ce dont ils sont capables et ce pour quoi ils devraient postuler.
Je suppose que la façon la plus simple de vous l'expliquer est de revenir au moment où j'ai quitté l'armée. J'ai rendu ma trousse et j'ai reçu une tape dans le dos. Six à neuf mois plus tard, j'ai reçu une petite enveloppe avec un message: « Hé, voici tes états de service. » Beaucoup de choses ont changé. La seule façon d'améliorer la situation est de travailler avec les anciens combattants pour comprendre où ils en sont, les aider à rédiger leur curriculum vitae, les aider à se préparer aux entrevues et à se lancer pour qu'ils sachent trouver leur place.
Il est difficile d'éviter les préjugés qui découlent de la discrimination. Comme pour toute discrimination, il est difficile de s'en sortir. Plus tôt, nous avons dit que nous pouvons essayer de trouver des moyens qui aideront les anciens combattants à se faire connaître des employeurs, à leur donner accès à un site Web, par exemple, où ils peuvent s'inscrire et bâtir leur profil, de sorte que les organisations qui veulent vraiment embaucher ces anciens combattants puissent consulter ces profils et passer à l'action.
:
Merci, monsieur Thorne. Voilà qui met fin à ce groupe de témoins.
J'aimerais rappeler aux députés que nous avons une heure pour chaque groupe de témoins, mais le temps dont nous disposons dépend du nombre de témoins qui prononcent des déclarations préliminaires et si des problèmes techniques surviennent. J'aime aussi laisser les témoins terminer leurs phrases, donc en ce qui concerne notre motion pour affaires courantes, tout est clair pour le premier tour de six minutes, mais pour ce qui est du deuxième tour, je dois composer avec le temps qu'il nous reste afin de respecter l'heure qui nous est impartie.
J'aimerais remercier nos témoins pour leurs témoignages et leur contribution aujourd'hui.
[Français]
Je commence par M. André Thivierge.
[Traduction]
Il est major à la retraite et cofondateur et coprésident du Groupe de travail des anciens combattants de la Ville d'Ottawa.
Merci, monsieur Wahl, fondateur et directeur de Veteran Staffing Canada, et monsieur Thorne, directeur général du Réseau de transition des vétérans.
Merci de votre participation.
[Français]
La séance est suspendue.
:
Nous reprenons la séance. Nous pouvons maintenant passer au deuxième groupe de témoins.
J'ai un petit rappel pour nos témoins. Avant de parler, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons, de Challenge Factory, Mme Lisa Taylor, présidente.
[Français]
De Quatre-Chemins, nous recevons Mme Cassandra Poudrier, directrice générale.
[Traduction]
Vous aurez cinq minutes pour vos déclarations préliminaires.
Nous allons commencer avec Mme Taylor.
Allez‑y, s'il vous plaît.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir invitée. Il est temps que le Canada se dote d'une stratégie nationale pour l'emploi des vétérans après le service.
Comme c'est la première fois que je me présente devant vous, je vais prendre quelques instants pour vous parler de Challenge Factory.
Challenge Factory est une agence de recherche qui offre des conseils en matière de main-d'œuvre axée sur l'avenir du travail. Nous avons travaillé en Amérique du Nord, à Singapour et en Norvège, et nous avons travaillé avec des professionnels en orientation professionnelle et des analystes politiques de plus de 32 pays.
En tant qu'entreprise certifiée B Corp, nous sommes soumis à l'audit d'un organisme international pour évaluer l'incidence de notre travail sur les employés, les collectivités, les fournisseurs, la gouvernance et l'environnement, et notre rapport d'audit est disponible sur un site Web public. Ce processus d'audit est rigoureux. Seuls 665 organismes sur près de 1,5 million au Canada sont des entreprises qui ont la certification B Corp. Nous nous efforçons d'utiliser les affaires comme force positive et de faire progresser les objectifs de développement durable des Nations unies.
Depuis plus de 10 ans, Challenge Factory mène des recherches et offre des conseils et de la formation pour soutenir les anciens combattants, sensibiliser les entreprises aux avantages de l'embauche d'anciens combattants et donner aux employeurs des outils pour faciliter l'embauche. Nous nous appuyons sur les connaissances des anciens combattants pour nous assurer de bien faire les choses.
Notre étude sur les caractéristiques du milieu de travail des anciens combattants a dressé le profil des employés anciens combattants et évalué les préjugés des employeurs au Canada. Nous avons publié le Guide canadien pour l'embauche de vétérans, élaboré un cours de maître en ligne à l'intention des employeurs pour les aider à créer des milieux de travail propices aux vétérans, et produit le podcast Hidden Talent, dans lequel des vétérans et des employeurs discutent des défis de la transition de carrière et de l'emploi après le service, et fournissent chacun leur point de vue. Ces ressources sont accessibles au public, grâce au soutien du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille.
Je suis fière de siéger au conseil d'administration de l'association du Régiment d'opérations spéciales du Canada.
Mes commentaires porteront sur le domaine d'expertise de Challenge Factory, à savoir le domaine du perfectionnement professionnel dans un marché du travail en mutation.
Nous avons trois recommandations à soumettre à l'examen de ce comité.
Premièrement, utilisez un modèle de perfectionnement professionnel et adhérez au cadre national de compétences pour les professionnels du développement professionnel dans votre stratégie.
Deuxièmement, veillez à outiller les anciens combattants pour qu'ils s'approprient leur carrière, plutôt que de définir des emplois précis pour eux.
Troisièmement, faites en sorte qu'il soit plus facile pour les petites et moyennes entreprises du secteur privé et du secteur sans but lucratif d'embaucher des anciens combattants.
Les transitions professionnelles ont toujours une incidence sur l'identité et l'estime de soi. Pour les anciens combattants, l'incidence sur l'identité est plus extrême. Le développement professionnel offre les cadres intersectionnels nécessaires pour soutenir les anciens combattants dans cette transition.
Vous savez déjà que pour de nombreux anciens combattants, ce n'est pas l'obtention d'un emploi qui pose problème. Par contre, nombreux sont ceux qui peinent à donner un sens à ce qu'ils font et à trouver une carrière valorisante qui n'inclura pas le sous-emploi chronique et le fait de constamment sauter d'un emploi à l'autre.
Le développement professionnel ne se limite pas aux emplois et aux programmes de formation. Il est la pierre angulaire de stratégies efficaces qui permettent d'aborder les transitions fondées sur l'identité.
Le fait d'orienter les anciens combattants vers des emplois précis ne constitue pas une saine technique de développement professionnel. L'ancien combattant ne se trouve pas au centre de la stratégie, et donc, malgré ses grandes compétences, il n'acquiert pas une base solide qui lui permettrait de résoudre des problèmes liés à l'emploi plus tard.
L'appariement direct des emplois entre le milieu militaire et le milieu civil nous a conduits à cette situation où les anciens combattants en transition connaissent exactement quatre catégories d'emploi. Il s'agit du secteur public — comme si cela représentait un seul emploi —, la sécurité, le codage et la cybernétique, et l'entrepreneuriat.
La satisfaction au travail et la rétention découlent de la façon dont les rôles et la culture organisationnelle vont s'aligner avec la motivation personnelle et la reconnaissance. Par exemple, un ancien combattant peut posséder les compétences requises pour travailler dans le domaine de la sécurité, mais les raisons pour lesquelles il prospérait dans l'armée, où il a acquis ces compétences, étaient la camaraderie, la compréhension collective d'une mission et l'occasion de toujours pouvoir apprendre. Ces éléments clés peuvent ne pas être présents sur le marché du travail civil.
Cela m'amène à parler de la demande de main-d'œuvre. Parmi les Canadiens qui travaillent dans le secteur privé, 90 % le font au sein de PME, et non de grandes entreprises qui prennent souvent part aux consultations. Les petites entreprises ne savent pas comment trouver, embaucher ou retenir les anciens combattants. Les anciens combattants ne savent pas ce que font les petites entreprises, ne savent pas comment trouver des emplois ou ce qui est offert.
Selon l'OCDE, le Canada a sous-utilisé et négligé les services d'orientation professionnelle de haute qualité pour les adultes. L'engagement professionnel tout au long de la vie des anciens combattants est un problème défini qui peut être réglé. Cette stratégie, si elle est bien déployée, peut nous permettre d'offrir des services d'orientation professionnelle à tous les Canadiens.
En résumé, nous vous offrons ces trois recommandations. Tout d'abord, il faut utiliser des modèles de développement professionnel et des cadres de compétences. Il faut ensuite outiller les anciens combattants pour qu'ils s'approprient leur carrière tout au long de leur vie. Enfin, il faut aider les petites et moyennes entreprises à embaucher les anciens combattants.
Je vous remercie pour votre attention. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de prendre le temps d'entendre les différents points de vue des acteurs du milieu et de les prendre en considération.
En réfléchissant à cette allocution, j'ai pris le temps de discuter avec mes collègues, ainsi qu'avec les vétéranes et les vétérans que nous accompagnons. Il est important pour moi de vous faire part de nos observations avec l'intention d'alimenter votre réflexion quant à la création potentielle d'une stratégie nationale d'emploi pour les vétéranes et les vétérans.
Puisque c'est la première fois que je me présente devant vous, je vais vous parler un peu de notre organisation. Quatre‑Chemins, anciennement La maison des champions, est un organisme à but non lucratif dont la mission est de transformer l'expérience de transition de personnes issues de milieux où la performance occupe une place importante, tels que le sport de haut niveau, les forces armées, les entreprises et les arts de la scène.
Nous aspirons à une société où chaque personne vit en adéquation avec sa nature profonde, une société où nous avons appris à nous redéfinir au-delà de nos uniformes et de nos réussites. Pendant une année, nous accompagnons ces gens, que ce soit des athlètes, des vétérans, des entrepreneurs ou des gens du milieu des affaires, dans leur processus de transition. Nous passons environ 60 heures à les écouter et à les accompagner dans leur quête identitaire.
C'est donc dans cette position d'observatrice privilégiée que je vous fais part de certains constats quant à l'expérience des vétéranes et des vétérans. Il est extrêmement important de vous présenter un élément en particulier: dans tous les cas, pour des raisons médicales ou non, l'effet du processus de libération du service militaire sur l'identité de la personne mène directement à un effet sur l'estime de soi et contribue à la difficulté à se réorienter hors des forces armées.
Pour plusieurs vétéranes et vétérans, le questionnement identitaire ainsi que le sentiment d'abandon ont mené à une perte de repères. Ils sont déboussolés. Ce manque de repères en a poussé plusieurs à accepter des emplois, pour finalement changer de place quelques mois plus tard. Il est donc essentiel de continuer d'aborder la notion identitaire dans le processus de transition lorsque nous parlons d'employabilité, puisque cela est directement lié à la capacité psychosociale d'une personne à s'investir dans son prochain cycle de vie. Il est difficile de s'investir dans un projet, un emploi ou même sa famille quand on n'est plus en mesure de reconnaître sa propre valeur sans uniforme.
On gagnerait également à accepter la possibilité que cet accompagnement ne doive pas être offert seulement par des militaires à des militaires. Je vous donnerai l'exemple d'un sergent-major qui a pris sa retraite après 34 ans de service au sein du Royal 22e Régiment et que nous accompagnons. Il y a deux semaines, il a choisi d'appeler, de sa propre initiative, un « full civil », un vice-président d'une banque canadienne à la retraite, pour lui parler des vraies conditions liées à la transition. On gagne en perspective à s'ouvrir à d'autres personnes qui vivent des transitions.
Finalement, un des derniers points qui m'a été mentionné en parlant avec les vétéranes et les vétérans, c'est la notion de la libération du service militaire pour raisons médicales à la suite du programme de réadaptation. Dans certains cas, il a été conclu que la personne était incapable d'occuper un emploi équivalent dans le monde civil. Elle est donc touchée par une diminution de sa capacité de gain et sera indemnisée jusqu'à l'âge officiel de la retraite.
Je vais vous parler d'Alain, un vétéran de la Bosnie que nous avons accompagné l'année dernière. Cet été, je lui avais trouvé un emploi auprès d'une firme que nous accompagnons. Alain m'a d'abord demandé combien d'heures de travail étaient demandées par l'entreprise. Finalement, celle-ci avait besoin d'un employé à temps plein. Or, étant un vétéran indemnisé, Alain était limité à un revenu additionnel de 20 000 $. Ainsi, l'entreprise, qui avait besoin d'employés stables, n’était pas en mesure de l'accommoder. Alain avait envie d'apporter sa contribution, mais il se retrouvait dans une position où il ne pouvait accepter le poste en raison des conséquences fiscales directes que cela aurait pour lui. La croyance actuelle des vétéranes et des vétérans indemnisés est que travailler coûte plus cher que de ne pas travailler.
En terminant, je nous invite, dans cette conversation, à élargir la notion d'employabilité afin de tenir compte de ce qui se passe avant qu'une personne soit apte à se lancer dans un nouveau projet ou la prochaine étape de sa vie.
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D'abord, je vous remercie toutes les deux. Je vois qu'au moins un des témoins du groupe précédent est encore avec nous pour assister à la deuxième partie de la réunion. Je remercie chacun et chacune de vous pour vos excellentes déclarations et réponses.
Je suis impatient de poser des questions aux témoins assises à la table en ce moment et d'entendre les questions des autres membres du Comité, mais avant, je dois interrompre brièvement la discussion pour déposer une motion.
Je tiens à expliquer aux deux témoins que c'est seulement à ce moment‑ci de la réunion que les membres du Comité peuvent prendre la parole. J'ai une motion à présenter, et c'est ma seule occasion de le faire. Je dois donc interrompre la discussion, très brièvement j'espère.
Si tout va bien, il n'y aura pas de long débat et la motion sera adoptée rapidement; nous pourrons alors reprendre notre discussion avec vous. Je vous présente mes excuses. J'espère que j'aurai tout de même le temps de vous poser une question.
Je propose la motion suivante, dont j'ai donné avis le 7 février:
Que, conformément à l'alinéa 108(1)a) du Règlement, le Comité ordonne qu'Anciens Combattants Canada fournisse ou crée, au besoin, une transcription de la conversation téléphonique enregistrée du 21 juillet (en prévoyant le caviardage de tout renseignement personnel qui permettrait d'identifier un ancien combattant) mentionnée à la page 230 des documents soumis au Comité le 26 janvier 2023, dans les 14 jours civils suivant l'adoption de la présente motion.
Je ne pense pas avoir à expliquer ma motion. Nous savons tous que nous avons reçu des documents et qu'ils font allusion à une conversation téléphonique. Or nous croyions tous que cette conversation n'existait pas auparavant. Maintenant, nous devrions tous y avoir accès afin de comprendre ce qui a été dit et d'approfondir notre examen du dossier auquel se rapportent les documents.
J'aimerais attirer l'attention des membres du Comité sur un élément de la motion. J'ai énoncé clairement que tout renseignement permettant d'identifier un ancien combattant devrait être caviardé. C'est aussi pourquoi j'ai demandé une transcription plutôt que l'enregistrement de la conversation. Comme nous ne voulons avoir aucun renseignement qui permettrait d'identifier un ancien combattant, il est préférable que nous recevions une transcription. D'après moi, la motion est tout ce qu'il y a de plus simple. J'espère que le Comité l'adoptera.
Ma motion est déposée. J'espère que nous pourrons l'adopter rapidement afin de reprendre la discussion avec les témoins. Je vais m'arrêter là.
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Je ne vois aucun problème à ce que l'erreur typographique soit corrigée.
Toutefois, je rejette l'affirmation selon laquelle le Comité ne savait pas qu'il existait un enregistrement de la conversation. Nous savions que l'ancien combattant avait fait un appel et que le ministère en avait fait un aussi. Nous savions également que selon la politique du ministère, les appels de ce type sont enregistrés. Par conséquent, on ne saurait être surpris d'apprendre qu'il existe un enregistrement.
Cela dit, la teneur de la motion ne me pose aucun problème. Ma seule réserve concerne la portée limitée du caviardage proposé. Je vais donc présenter un amendement pour élargir les renseignements à caviarder.
Je propose d'amender la motion par suppression de la parenthèse et par adjonction, à la fin de la motion, de ce qui suit:
de plus, qu'Anciens Combattants Canada caviarde dans la transcription tout renseignement personnel qui permettrait d'identifier l'ancien combattant ou des employés d'Anciens Combattants Canada, ainsi que tout renseignement de nature médicale.
L'objectif de l'amendement est d'empêcher la divulgation de l'identité des employés d'Anciens Combattants Canada et de tout renseignement de nature médicale au‑delà des renseignements personnels que M. Richards a proposé de caviarder.
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Cela vous donnera le temps de réfléchir.
Personnellement, ni l'amendement ni la motion ne me posent de problème. Ce que je trouve problématique — je vous l'ai mentionné la semaine dernière ou il y a deux semaines —, c'est notre façon de faire. Nous en arrivons à interrompre des discussions et nous débattons de sujets qui ne concernent pas nos invités.
Il y a deux semaines, je me suis fait dire qu'il n'était pas possible de faire autrement. Cependant, si nous le décidions unanimement, les conservateurs pourraient déposer une motion aujourd'hui, mais 10 minutes avant la fin de la séance pour qu'on puisse libérer nos intervenants et nos témoins, et discuter entre nous pour régler la question. Ce n'est qu'un exemple.
Nous pourrions procéder ainsi si tout le monde autour de la table y consentait. Selon moi, ce serait beaucoup plus pratique et respectueux. Je ne vise pas mon collègue conservateur, il y a peut-être eu discussion plus tôt autour de la table.
Je souhaiterais beaucoup que notre façon de faire les choses change.
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J'appuie l'esprit de la proposition de M. Casey. Je ne m'oppose pas à ce que tout renseignement personnel qui permettrait d'identifier l'employé soit caviardé, même s'il se peut que l'employé se soit comporté de manière inappropriée. La proposition me convient.
La dernière partie de l'amendement porte sur les renseignements de nature médicale. Il faudrait trouver une façon de préciser qu'on parle de renseignements de nature médicale qui permettraient d'identifier la personne. La raison pour laquelle j'apporterais une telle précision, c'est que le ministère pourrait interpréter ce terme comme bon lui semble.
Par exemple, il pourrait choisir d'omettre tout renseignement relatif à l'aide médicale à mourir, car de tels renseignements pourraient être considérés comme étant de nature médicale. Or comme c'est le sujet qui nous intéresse, ce faisant, le ministère omettrait tout ce qui serait utile au Comité. Je ne crois pas que ce soit l'intention de M. Casey, mais quelqu'un pourrait choisir d'interpréter la motion de cette façon.
Nous devons trouver une formulation plus claire, par exemple en précisant qu'on parle de renseignements de nature médicale qui permettraient d'identifier l'ancien combattant. Je ne me rappelle plus la formulation qu'il a utilisée pour l'employé d'Anciens Combattants. Ainsi, la motion ne pourrait pas être interprétée d'une manière qui permettrait d'omettre tout renseignement utile au Comité.
Je vous demande pardon encore une fois d'avoir interrompu notre discussion avec vous et de vous avoir enlevé du temps. Passons aux questions sans plus tarder afin que nous obtenions le plus de renseignements possible de votre part. Je vous remercie pour vos déclarations préliminaires.
Il y a une grande question que j'aimerais examiner avec vous deux. Au cours des dernières réunions, nous avons beaucoup parlé des défis supplémentaires que doivent relever certains groupes d'anciens combattants, par exemple ceux qui sont libérés pour des raisons médicales, ceux qui ont servi pendant longtemps ou encore ceux qui n'ont servi que très brièvement. Tous les anciens combattants n'ont pas nécessairement à surmonter les mêmes obstacles.
J'aimerais que vous nous parliez des services et des programmes nécessaires pour soutenir ces anciens combattants. Ce que je veux dire, c'est qu'ils ont souvent besoin de services, par exemple de réadaptation, avant même de pouvoir accéder aux services d'emploi. Quels sont les besoins? Quelles sont les lacunes des services offerts actuellement par Anciens Combattants Canada? Quelles améliorations faudrait‑il apporter pour accélérer la transition des anciens combattants à la suite de leur service militaire et pour assurer leur réussite?
La question est pour vous deux. Je ne sais pas qui veut y répondre en premier.
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C'est une excellente question.
En effet, quelque chose de simple pourrait être fait: élargir le sens du mot « formation ». On le limite à quelque chose qui mène à un diplôme. Cela limite l'accès à cette enveloppe, ce qui fait en sorte que la demande d'un militaire, par exemple, qui veut avoir accès aux services que nous offrons, va passer au travers des mailles du filet, parce qu'il s'agit d'un programme pour se préparer à l'employabilité.
Nous discutons depuis maintenant deux ans pour savoir comment cela va entrer dans le bon spectre. Nous sommes reconnus par Revenu Québec comme étant un établissement d'enseignement qui mène à l'obtention d'acquis permettant de retourner sur le marché du travail. Notre programme d'un an offre effectivement un accompagnement, mais, techniquement, celui-ci s'étend sur 13 mois. Il y a 10 rencontres d'une durée de cinq heures.
Au début, nous parlons de l'aspect identitaire: qui sont-ils au-delà de l'uniforme?
Cela permet à la personne de développer ses capacités psychosociales de conversations et de relations interpersonnelles, que ce soit avec la famille ou d'autres employés. Puis, arrive l'étape où il faut se poser des questions; maintenant qu'on est démobilisé et que'on a pris un pas de recul, comment peut-on s'engager dans un nouveau milieu? À quoi va-t-on dire oui, et pour quelles raisons? Qu'est-ce qui est valorisant pour soi?
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Je dirais à peu près la même chose que ma collègue.
Il est important d'ouvrir le dialogue et de former des groupes hétérogènes. C'est en plein ce que nous faisons. Nous jumelons les anciens combattants qui sont en processus de transition avec des athlètes, des gens du monde des affaires et des artistes. Les vétérans nous avouent que la société civile, comme ils l'appellent, n'est pas si mal que cela, finalement.
En même temps, les Canadiens de la société civile apprennent à mieux connaître l'expérience des vétérans, ce qui a pour effet d'ouvrir la conversation. Ils se rendent compte que les difficultés auxquelles sont confrontés les anciens combattants, vu les expériences que ceux‑ci ont vécues, sont plus graves que les leurs, mais qu'elles sont également similaires à celles d'un bon nombre de personnes. Ces constats rompent l'isolement et encouragent vraiment la conversation.
Un des principaux points à retenir est la nécessité d'ouvrir la conversation.
Merci.
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Merci beaucoup. Je sais que vous vous chronométrez. Merci d'avoir respecté scrupuleusement vos quatre minutes.
Nous sommes arrivés à la fin de la séance. Je suis désolé de l'interruption. Si vous avez des informations supplémentaires dont vous souhaiteriez nous faire part, n'hésitez pas à les envoyer à la greffière.
Madame Lisa Taylor, présidente de Challenge Factory, merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation.
[Français]
Je remercie également Mme Cassandra Poudrier, directrice générale de Quatre‑Chemins.
[Traduction]
Merci d'avoir comparu devant le Comité.
[Français]
Je voudrais aussi remercier les analystes, la greffière, l'équipe technique et nos interprètes.
Plaît-il au Comité de lever la rencontre?
Comme il n'y a pas d'objection, la séance est levée.