:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 44e réunion du Comité permanent des anciens combattants.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 3 octobre 2022, le Comité amorce son étude sur les expériences vécues par les femmes vétéranes.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté à la Chambre le 23 juin 2022. Les députés peuvent y participer en personne ou par l'entremise de l'application Zoom.
Pour garantir le bon fonctionnement de la réunion, j'aimerais vous transmettre les consignes qui suivent.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur l'icône de votre microphone pour l'activer. Veuillez le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation, vous savez maintenant comment choisir la langue de votre choix.
Je rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent s'adresser à la présidence.
Conformément à notre motion de régie interne concernant les tests de connexion, je souhaite informer le Comité que les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
[Traduction]
Avant d'accueillir les témoins, j'aimerais donner un avertissement. Nous allons discuter d'expériences liées à la santé mentale qui pourraient déclencher des émotions chez les personnes qui nous regardent, les membres du Comité et les membres du personnel qui ont vécu des expériences similaires. Si vous ressentez de la détresse ou que vous avez besoin d'aide, veuillez le signaler à la greffière.
[Français]
Je voudrais aussi dire aux membres du Comité que Mme Kelly Farrah, qui est analyste, est parmi nous aujourd'hui. Je l'en remercie. Je vais maintenant accueillir nos invités.
Comme le Comité entame cette importante étude sur les vétéranes, nous sommes très heureux de vous accueillir pour cette première séance.
[Traduction]
Nous recevons aujourd'hui des représentants du Bureau de l'ombudsman des vétérans: la colonelle à la retraite et ombudsman des vétérans, Mme Nishika Jardine; M. Duane Schippers, ombudsman adjoint des vétérans; et Mme Laura Kelly, directrice, Examen et analyse stratégiques.
[Français]
Madame Jardine, vous disposerez de cinq minutes pour faire votre présentation. Je vous aviserai lorsqu'il vous restera une minute ou lorsque votre temps de parole sera écoulé. Sur ce, vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes.
:
Bonsoir, monsieur le président et membres du Comité.
Je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous au sujet de l'expérience des vétéranes. Je crois savoir que c'est la première fois que le Comité consacre une série de réunions uniquement aux vétéranes. Étant moi-même une vétérane, je suis honorée d'avoir été choisie par le Comité pour donner le coup d'envoi de cet engagement historique.
[Traduction]
Au Canada, les femmes ont accès à toutes les professions et à tous les métiers des Forces armées canadiennes, les FAC, depuis 1989, année où le Tribunal canadien des droits de la personne, dans l'affaire Brown c. Forces armées canadiennes, a rejeté l'argument selon lequel les femmes nuiraient à l'efficacité opérationnelle des armes de combat des Forces.
Toutefois, depuis leur création, les FAC forment une organisation à prédominance masculine. À l'origine, leur approche de l'intégration des femmes et de l'égalité des chances consistait simplement à absorber les femmes dans leurs rangs en tenant compte le moins possible de leurs différences. Cette approche semblait logique. Dans l'ensemble, nous, femmes militaires, voulions seulement être traitées de la même manière que les autres.
[Français]
Dans les Forces armées canadiennes, les politiques en matière de rémunération, d'avantages sociaux, de critères de promotion et d'exigences de rendement s'appliquent à tous de la même manière. Même les exigences en matière d'aptitudes physiques ont évolué vers une norme unique et commune à tous. Cependant, les femmes et les hommes sont différents et les effets du service militaire sur les femmes diffèrent des effets du service militaire sur les hommes.
[Traduction]
En octobre 2021, mon bureau a publié dans le Journal of Military, Veteran and Family Health un examen de la portée sur les vétéranes des FAC et de la GRC. Cet examen des publications savantes et des documents gouvernementaux se concentre sur les expériences des vétéranes canadiennes dans leur ensemble, au lieu de s'arrêter à un seul aspect. Je recommande fortement au Comité de consulter cette étude exploratoire, qui fournit une synthèse complète des résultats des recherches actuelles sur l'expérience des vétéranes canadiennes.
Les données probantes révèlent que le service militaire a un impact différent sur les femmes sur le plan de la santé physique, de la santé mentale, de la sécurité financière et du passage du statut de militaire à celui de vétérane et de la vie militaire à la vie civile. Même si les données sont moins nombreuses sur les femmes membres et les vétéranes de la GRC, il ne fait aucun doute dans mon esprit que ce groupe de femmes ayant rendu des services exceptionnels au Canada mérite une attention égale.
[Français]
Ce qui manque dans la recherche, c'est la raison pour laquelle il y a de telles différences clés entre les expériences des vétéranes et celles des vétérans.
J'encourage les chercheurs à se pencher non seulement sur ces différences, mais aussi à comparer les vétéranes aux femmes de la population canadienne en général afin de cerner plus clairement les problèmes qui leur sont propres.
Plus important encore, les vétéranes doivent être considérées comme un groupe distinct. Bien que certaines vétéranes soient également épouses, veuves ou s'identifient à d'autres groupes méritant l'équité, tout comme certains vétérans, elles constituent une population unique, ayant des besoins particuliers en raison de leur sexe ou de leur genre.
Par exemple, l'enquête auprès des clients d'Anciens Combattants Canada, ou ACC, permet au ministère d'évaluer la satisfaction à l'égard de ses programmes et de ses services. Cependant, les rapports ne font pas de distinction entre les femmes qui ont répondu au sondage. Conjointes, veuves et vétéranes sont tout simplement regroupées dans la même catégorie. Je pense que cela est inacceptable, aujourd'hui. ACC doit mieux comprendre les besoins des vétéranes et cela doit être apparent.
[Traduction]
Dans le cadre de ses examens systémiques, mon bureau a toujours recommandé à Anciens Combattants Canada, ou ACC, de publier ses analyses comparatives entre les sexes plus, ou ACS Plus qui orientent toutes les activités ministérielles. Si elles sont effectuées correctement, les ACS Plus permettront à ACC de mieux comprendre en quoi ses politiques peuvent avoir des effets différentiels non seulement sur les vétéranes, mais aussi sur tous les groupes méritant l'équité qui souhaiteraient accéder aux avantages et aux programmes que le Parlement a créés pour tous les vétérans au Canada.
Je recommanderais également d'investir en amont dans les champs de recherche non encore explorés après toutes ces années où les femmes ont servi dans les FAC et la GRC. Nous n'obtiendrons pas de résultats équitables pour les vétéranes — et pour tous les vétérans méritant l'équité — tant que ces questions ne deviendront pas prioritaires sur le plan des ressources et de la collecte de données.
En résumé, je dirais ceci: lorsque j'ai commencé ma carrière militaire en 1982, nous, les femmes, voulions simplement être comme les autres, mais nous savons aujourd'hui que les différences et les nombreux facteurs intersectionnels associés à nos identités individuelles sont essentiels pour comprendre les besoins uniques des vétéranes au Canada et pour y répondre.
Je ne saurais trop vous remercier d'avoir fait de cette étude une priorité. J'attends avec impatience vos recommandations.
Merci.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Des indemnités au titre de l'entente du règlement Merlo Davidson ont été versées aux femmes membres de la GRC qui avaient été victimes d'inconduites sexuelles pendant leur service. L'entente prévoyait en quelque sorte six niveaux de préjudice. Des vétéranes de la GRC ont déposé des plaintes à mon bureau parce qu'une partie de leur pension d'invalidité avait été récupérée en fonction du montant de l'indemnité qui leur avait été versée. L'examen que nous avons mené nous a permis de découvrir que, selon nos estimations, il y avait un écart entre, d'une part, les indemnisations de niveau 1 ou 2 que certaines femmes avaient reçues, et d'autre part, les prestations d'invalidité du régime auquel elles contribuaient.
Nous savons tous que le gouvernement ne peut pas et ne doit pas verser deux indemnisations pour le même type de réclamation. Or, les indemnisations des niveaux 1 et 2 visaient des situations différentes. Les femmes qui recevaient des prestations d'invalidité pour, par exemple, un trouble de stress post-traumatique n'ont pas été indemnisées deux fois pour la même chose. En revanche, nous avons constaté des chevauchements possibles pour les indemnisations des niveaux 3 à 6.
La recommandation que nous avons formulée au ministre était de rembourser intégralement les sommes récupérées à celles qui avaient reçu à la fois une indemnisation de niveau 1 ou 2 et des prestations d'invalidité. Pour celles qui avaient reçu une indemnisation des niveaux 3 à 6, nous avons recommandé au ministre de publier la méthodologie utilisée pour déterminer la somme récupérée des pensions selon l'indemnisation découlant de l'entente de règlement. Voilà le contenu de la lettre que j'ai envoyée au ministre.
:
Le service au sein des FAC et de la GRC est très exigeant. Comme je l'ai souligné dans ma déclaration, la politique d'intégration des femmes consistait tout simplement à les faire entrer dans le rang et à les traiter comme les autres. Nous comprenons aujourd'hui les torts causés par cette politique. Les femmes souffrent davantage de blessures musculosquelettiques et de problèmes de santé mentale et physique. Les conditions du service n'ont pas la même incidence sur elles que sur les hommes.
À Anciens Combattants, la Table des invalidités avait été pensée initialement pour les hommes. Par exemple, à la suite d'une étude que nous avons menée récemment, nous avons publié un rapport sur le préjugé fondé sur le sexe — en l'occurrence le processus d'évaluation des dysfonctions sexuelles — que nous avions relevé dans une infime portion de la Table des invalidités. Selon le questionnaire remis au médecin, ce dernier doit demander à la personne assise devant lui si elle souffre d'une dysfonction sexuelle, mais seulement si cette personne est un homme. Cette question n'est pas posée aux femmes. Or, le trouble de stress post-traumatique et certains problèmes psychiatriques et de santé mentale peuvent aussi affecter la santé sexuelle des femmes, mais de manière invisible. La Table des invalidités ne prévoit rien à cet effet.
Nous avons relevé ce préjugé fondé sur le sexe dans cette infime portion des programmes et des prestations offerts à tous les vétérans et aux vétéranes. Nous avons demandé au ministère d'examiner de près tous les éléments de la Table des invalidités et de relever tous les préjugés fondés sur le sexe et tout élément manquant.
:
Tous les pans de la vie des militaires — je vais parler du service militaire, puisque j'en suis issue — sont consacrés aux Forces. Ce n'est pas un emploi de neuf à cinq. C'est une carrière qui prend chaque minute de chaque jour. L'armée est la vie que nous avons choisie et elle englobe tout.
Dès que nous quittons les forces... J'ai encore de la difficulté. À l'époque où j'ai quitté les Forces canadiennes, ce n'est qu'à la veille de mon départ que j'ai réalisé ce qui m'arrivait. Les affectations, c'était fini. Je n'avais pas d'emploi qui m'attendait. J'ai signé les papiers, j'ai laissé ma carte d'identité sur la table, et je suis sortie.
J'étais dévastée, car je ne savais pas qui j'étais sans mon uniforme. D'autres vétérans m'ont dit avoir ressenti la même chose. Ils ne savaient plus qui ils sont après avoir quitté leur uniforme. Je suis allée directement à Service Ontario pour demander une plaque des vétérans pour ma voiture. C'était extrêmement important pour moi.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie mes collègues d'être là en personne ce soir, ainsi que nos invités.
Colonelle Jardine, c'est pour moi un grand plaisir de vous revoir, sincèrement. Vous occupez ce poste avec brio. Je ne dis pas que je serai toujours d'accord sur vos propos, mais j'ai énormément de respect pour vous.
Je voudrais reprendre quelques phrases que vous avez mentionnées dans votre allocution.
Vous avez dit que les Forces armées canadiennes étaient une institution à prédominance masculine et que leur approche quant à l'intégration des femmes et à l'égalité des chances avait consisté simplement à absorber les femmes dans leurs rangs en ignorant le plus possible leur différence. Vous disiez que cela semblait logique et que, dans l'ensemble, vous, les femmes militaires, vouliez seulement être traitées de la même manière que les hommes. En terminant, vous disiez qu'on savait toutefois aujourd'hui que les différences et les nombreux facteurs intersectoriels associés aux vétéranes étaient essentiels pour comprendre leurs besoins uniques et y répondre.
Il y a là une importante dichotomie, c'est-à-dire le souhait d'avoir une vision égalitaire dans les Forces canadiennes et, parallèlement à cela, le souhait qu'il y ait une reconnaissance de la particularité ou de la singularité du fait d'être une femme.
Selon vous, comment peut-on concilier ces deux visions et trouver un équilibre, si c'est possible?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins qui se joignent à nous aujourd'hui pour participer à notre étude. Il y a longtemps que j'attends cette étude, et je suis ravie et emballée par le nombre de réunions qui y seront consacrées grâce au soutien du Comité. Je suis consciente de l'importance de cet enjeu.
Ma première question s'adresse à la colonelle Jardine. Tout d'abord, j'aimerais vous saluer pour la grande force avec laquelle vous gérez le dossier que nous examinons aujourd'hui. Je tiens aussi à vous remercier sincèrement pour le travail que vous avez fait par rapport au recours Merlo Davidson. Beaucoup de femmes impliquées dans cette affaire ont communiqué avec mon bureau. Je suis encore en train de faire de la place dans mon esprit pour conserver les histoires qu'elles m'ont racontées. Je vous remercie pour votre travail dans ce dossier.
C'est tellement important de reconnaître la valeur de ces voix et de veiller à ce qu'elles soient entendues comme vous les avez entendues. Je suis ravie d'apprendre qu'ACC semble avoir l'intention d'honorer ces voix. J'attends ce moment avec impatience.
L'une des raisons pour lesquelles je voulais mener une étude sur les femmes vétéranes, c'est que je suis préoccupée par le fait que la stratégie de recrutement des forces armées demeure inefficace. Je suis convaincue qu'un cycle relie la situation des femmes durant leur service militaire à la situation qu'elles vivent lorsqu'elles deviennent vétéranes, et ce cycle doit être examiné.
Durant votre témoignage, vous avez parlé de la différence entre les effets du service militaire sur les femmes et les hommes. J'aimerais en savoir plus sur le travail que vous avez accompli et sur les services que vous avez fournis. Quelles sont certaines différences? Quels éléments devrions-nous examiner dans le cadre de notre étude?
:
La recherche est limitée. C'est une des conclusions principales du rapport, mais il en contient plusieurs autres.
Par exemple, nous savons que, comparativement aux hommes vétérans, les femmes vétéranes sont deux à trois plus susceptibles d'être libérées pour des raisons médicales et qu'elles ont des taux plus élevés de certains problèmes de santé physique et mentale. En outre, elles ont plus souvent de la difficulté à faire la transition vers la vie civile. De plus, selon une étude, leurs revenus diminuent de 17 à 23 % durant les 3 premières années suivant leur libération, alors que les revenus des hommes baissent de moins de 1 %.
Par ailleurs, le taux de certains problèmes de santé physique et mentale est plus élevé chez les femmes vétéranes que chez les femmes de la population canadienne générale. La donnée la plus inquiétante, c'est que leur risque de mourir par suicide est plus élevé, dans une proportion de 80 à 90 %.
J'ai trouvé votre déclaration préliminaire très juste, car le fait est qu'il existe différentes réalités. Par exemple, certaines femmes vétéranes atteintes du TSPT se retrouvent dans une situation où elles doivent prendre des médicaments qui finissent par affecter leur santé reproductive. Il y a aussi des femmes vétéranes qui affirment que lorsqu'elles font affaire avec ACC, elles se font demander, par exemple, de prouver que leur problème de santé actuel est lié à leur service militaire. Selon moi, l'un des plus grands obstacles, c'est le manque de reconnaissance de la part de différents organismes.
J'aimerais vous entendre là‑dessus. On ne semble pas dresser de bilan de santé particulier pour les femmes qui se joignent aux forces armées afin qu'elles aient un cadre de référence pouvant leur servir après leur libération. Il semble y avoir un important blocage, selon ce que j'ai entendu de la part de femmes vétéranes. Avez-vous un avis à ce sujet?
Je remercie les témoins de leur présence.
Je tiens à saluer encore une fois la colonelle Jardine et à la remercier pour les services qu'elle a rendus au pays. La dernière fois qu'elle a participé à une réunion du Comité, elle a examiné avec nous plusieurs dossiers auxquels nous travaillons, et je lui en suis reconnaissante.
J'ai quelques questions. La première s'adresse à Mme Kelly.
Lorsque j'ai rencontré des anciens combattants récemment, ils m'ont dit qu'ils avaient de la difficulté à obtenir des soins auprès d'Anciens Combattants. Quand ils sont libérés des forces armées, leurs rapports médicaux indiquent peut-être qu'ils sont en bonne santé, mais ils finissent par souffrir d'acouphènes ou encore de douleurs aux hanches ou au dos. Certains problèmes de santé ne semblent apparaître que plus tard.
Avez-vous constaté la même chose? Le cas échéant, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet?
:
Puis‑je répondre à la question?
Je parcours le pays depuis plusieurs semaines, et c'est exactement ce que j'entends, surtout de la part de personnes qui quittent les forces armées en suivant ce que j'appelle le plan de 30 jours. Tout d'un coup, elles décident qu'elles veulent partir, et 30 jours plus tard, elles sont libérées. Elles quittent subitement les forces. C'est seulement des années plus tard qu'elles se rendent compte que leurs genoux les font souffrir, probablement parce qu'elles ont sauté des centaines de fois de l'arrière d'un VLMR ou quelque chose du genre. Elles cherchent alors à déposer des demandes, mais les médecins militaires n'ont peut-être rien inscrit à leur dossier médical sur les symptômes qu'elles ressentaient durant leur service militaire.
C'est un défi. Quand je me déplace, je recommande aux anciens combattants plus âgés — c'est‑à‑dire qui ont environ mon âge — de demander de l'aide s'ils ont l'intention de déposer une plainte. Les exigences ne sont pas très claires dans le formulaire de demande de prestations d'invalidité. Les agents d'entraide de la Légion sont formés pour faire ce travail. Les anciens combattants peuvent faire appel à eux, ou encore, ils peuvent demander de l'aide directement à Anciens Combattants Canada pour préparer leur demande. C'est difficile de prouver le lien avec le service militaire après de nombreuses années.
:
Merci beaucoup pour la question.
Dans le cadre de notre examen exploratoire, nous avons constaté qu'après la libération, les femmes vétéranes touchent des salaires inférieurs à ceux de leurs homologues masculins. Je me souviens que le général Natynczyk parlait d'objectifs. Si vous ignorez ce que vous allez faire après votre départ des Forces canadiennes, c'est très difficile d'aller de l'avant. Cela contribue à l'absence d'un sentiment d'identité et au manque de confiance en soi.
Je peux vous parler un peu de mon expérience personnelle. J'ai quitté les Forces canadiennes après 37 ans de service. J'étais officière supérieure au collège du personnel. Le jour de mon départ, d'un côté de la porte, j'étais commandante adjointe du collège; j'étais responsable de toutes les personnes et de tout l'argent qui assurent le fonctionnement de cette institution. Quand j'ai franchi le pas de la porte, en un clin d'œil, je suis devenue une vieille dame avec une boîte.
C'est un changement profond. Je sais que l'expérience n'est pas propre aux forces armées; les gens vivent la même chose dans nombre d'autres professions. Cependant, je pense que si la transition… Je sais que les Forces canadiennes déploient de grands efforts pour transformer la façon dont les gens vivent la transition et pour les aider à comprendre qu'ils doivent avoir des objectifs. Quand vous vous lèverez le lendemain matin ou peut-être une semaine plus tard, que ferez-vous du reste de votre vie? C'est un facteur essentiel pour la santé mentale, pour aller d'avant et pour la sécurité financière. Tous ces éléments sont interreliés, et à mes yeux, les objectifs sont capitaux.
J'aimerais souligner que l'examen exploratoire a été rédigé par Megan Poole, une analyste du BOV.
Je vais essayer de présenter le plus de renseignements possible. Les femmes vétéranes sont plus susceptibles d'être atteintes de maladies chroniques, de maladies respiratoires et de troubles gastro-intestinaux que les hommes vétérans. Elles sont deux fois plus à risque de subir une blessure grave durant un exercice d'entraînement. Elles sont aussi deux fois plus à risque de souffrir de maladies du système nerveux central. Leur taux de dépression est plus élevé, et elles sont plus susceptibles d'être atteintes de trouble panique, de phobie sociale, de trouble d'anxiété généralisée et de TSPT.
En outre, elles ont plus tendance à avoir moins de 20 ans de service, dans une proportion de 10 %; ainsi, leurs pensions sont souvent inférieures à celles des hommes vétérans. En outre, leurs taux d'arthrite, de problèmes de dos, de migraines, de troubles auditifs, de cancer et de TSPT sont plus élevés que chez les femmes de la population canadienne générale.
:
Merci, monsieur le président.
Colonelle Jardine, vous avez fait référence, encore une fois dans un de vos articles, au fait qu'il y avait peu de recherches et de données sur l'expérience des vétéranes de la Gendarmerie royale du Canada, particulièrement. Je pense que l'article portait uniquement là-dessus.
Selon moi, il est plus difficile de régler un problème quand on n'est pas capable de le qualifier ni de le quantifier, d'où l'importance de la recherche. En écoutant Mme Kelly, j'ai appris aujourd'hui qu'un volet de la recherche faite par le Bureau de l'ombudsman des vétérans portait sur ce sujet. J'en suis fort heureux.
Y a-t-il, à l'extérieur du gouvernement, des instances qui se préoccupent de la recherche sur les vétéranes en particulier? D'après vous, existe-t-il une chaire de recherche sur le sujet ou des chercheurs qui s'intéresseraient à ce domaine?
:
Sans prendre trop de temps de parole là-dessus, vous serait-il possible de faire parvenir au Comité des noms comme ceux-là? Nous pourrions éventuellement les inviter à comparaître comme témoins. Ce serait très intéressant.
J'ai une autre question, qui porte sur une curiosité.
En 1989, le Tribunal canadien des droits de la personne a rendu un jugement dans la cause Brown c les Forces armées canadiennes. Vous vous souvenez peut-être de la situation.
Je sais que cela remonte à loin, mais ça m'avait beaucoup frappé. La demande avait été rejetée, et l'argument invoqué était que les femmes nuiraient à l'efficacité opérationnelle des armes de combat. J'avais été stupéfait. Même quand je relis ça, je n'arrive pas à trouver les mots pour expliquer ce que je ressens.
Je ne connais pas tout...
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais poser deux questions.
Premièrement, dans le rapport que vous nous avez envoyé aujourd'hui, on mentionne que votre bureau ne cesse de recommander qu'ACC publie l'analyse comparative entre les sexes plus. J'aimerais savoir en quoi consiste cette recommandation et quelles sont vos préoccupations. Ce serait utile. Je pense que cela devrait aussi être public.
Deuxièmement, vous avez indiqué que, dans les sondages sur la satisfaction de la clientèle, les conjointes, les veuves et les anciennes combattantes sont regroupées. Je me demande si vous pourriez nous parler de vos préoccupations à l'égard de ce processus à ACC.
:
Nous pensons qu'ils font des ACS+, mais nous ignorons si elles sont bien faites. Si elles étaient publiées, nous pourrions les examiner. Ce serait transparent, et les anciennes combattantes pourraient les consulter. Je pense que cela contribuerait grandement à donner aux femmes plus d'assurance que le ministère cherche à satisfaire à leurs besoins. C'est aussi une question de perception. Voilà pourquoi nous insistons sur la publication de ces analyses.
La deuxième partie de votre question portait sur ce sondage. Je me souviens de ma première affectation lorsque je me suis enrôlée dans les Forces canadiennes. C'était à la BFC Gagetown. J'étais une jeune officière, et mon supérieur m'a dit de joindre le club des femmes d'officiers. J'y suis allée, et je me suis dit que je n'avais aucun point en commun avec ces femmes. Elles étaient les épouses des gens avec qui je travaillais, j'étais la collègue de leurs époux. Je n'y suis jamais retournée.
Je ne peux croire qu'aujourd'hui, 40 ans plus tard, dans son sondage auprès de sa clientèle — les familles des anciens combattants —, ACC regroupe les réponses de toutes les femmes. Tout le monde est dans le même panier, épouses, veuves et anciennes combattantes confondues. Pour moi, ce n'est pas juste. Nous sommes peut-être des épouses ou des veuves, mais nous sommes d’anciennes combattantes. Nous sommes un groupe distinct, et notre voix doit être entendue à ce titre.
:
Merci beaucoup, madame Blaney.
[Français]
Le temps passe trop vite. Celui dont nous disposions pour le premier groupe de témoins est écoulé.
Colonelle Jardine, à mon tour, je tiens à vous remercier pour vos 37 ans de service — vous nous avez dit que vous avez fait ce choix il y a 40 ans.
Le fait que les membres du Comité aient choisi de mettre cet avertissement répond bien aux éléments que vous avez mentionnés dans votre allocution d'ouverture. Nous nous préparons effectivement à faire face à ces situations.
Membres du Comité, nous avons entendu les témoignages de la colonelle à la retraite Nishika Jardine, ombudsman des vétérans; de Duane Schippers, ombudsman adjoint des vétérans; et de Laura Kelly, directrice, Examen et analyses stratégiques.
Je vais maintenant suspendre la séance pendant quelques minutes, afin de nous préparer à recevoir le prochain groupe de témoins.
Encore une fois, je remercie les membres du premier groupe de témoins d'avoir bien voulu participer à notre étude.
:
Nous reprenons. Nous passons maintenant au deuxième groupe de témoins.
J'ai quelques brefs rappels à l'intention de nos témoins. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer. Lorsque vous prenez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, votre microphone doit être en sourdine.
Chers collègues du Comité, comme vous le savez, il est possible que nous ayons un vote.
[Français]
Vous avez reçu une copie du budget concernant l'étude sur le contrat de réadaptation. Étant donné que nous avons accueilli beaucoup plus de témoins que prévu, nous devons brièvement approuver de nouveau le budget, parce que nous avons tenu deux réunions supplémentaires.
D'abord, j'aimerais savoir si des membres du Comité ont des questions concernant cette demande de budget qu'on vous a envoyée.
:
Madame la greffière, le budget est donc approuvé. Je vais signer ce document.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue à nos témoins, qui participent tous les deux par Zoom.
Nous accueillons, par vidéoconférence, M. Nathan Svenson, directeur de la recherche, et Mme Lisa Garland Baird, chercheuse principale, au ministère des Anciens Combattants.
Monsieur Svenson, vous avez cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Ensuite, nous passerons aux questions des membres du Comité.
La parole est à vous.
:
Bonsoir, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de l'occasion de témoigner et d'avoir entrepris cette importante étude.
Je vous parle depuis Charlottetown. Je suis accompagné de ma collègue, Mme Lisa Garland Baird, qui détient un doctorat en sciences infirmières et qui est chercheuse principale au ministère des Anciens Combattants, comme mentionné. Ses travaux visent à faire progresser la recherche sur les anciennes combattantes.
Je tiens d'abord à préciser que, contrairement à la colonelle Jardine, je ne suis pas une femme et que je n'ai jamais été militaire. Je suis pourtant au Comité pour parler de l'expérience des anciennes combattantes. Bien que je puisse parler des recherches passées ou en cours dans ce domaine, il y a une limite à la valeur de la recherche humaine — surtout ce type de recherche — lorsqu'elle n'est pas interprétée sous l'angle de l'expérience vécue. Leurs voix sont essentielles.
Mon point de vue est celui d'une personne qui s'est graduellement éloignée de l'idée selon laquelle les données quantitatives sont l'unique objectif voire la meilleure forme de données. Concernant les données sur les anciens combattants — des hommes, pour la plupart —, les réalités des femmes sont souvent dissimulées dans des données globales représentatives des réalités très différentes que vivent les hommes.
Par exemple, les données sur l'ensemble des anciens combattants révèlent qu'ils subissent une très faible baisse de revenus lorsqu'ils quittent le service militaire, comme cela a été mentionné plus tôt. Ils atteignent et dépassent très rapidement leur revenu avant la libération. Toutefois, cela ne reflète que la réalité des hommes. Lorsqu'on examine uniquement la situation des anciennes combattantes, on constate une baisse de revenu de près de 20 % au cours de la première année suivant la libération. Il faut savoir que ces dernières années, près du tiers des militaires sont libérés pour raisons médicales, ce qui est très élevé, mais chez les femmes, ce taux est considérablement plus élevé, à 42 %, pour la même période.
Il y a des tendances comparables entre les femmes et hommes, notamment, comme cela a été indiqué, des taux élevés de SSPT et de problèmes de dos. Bien que les hommes et les femmes aient une expérience différente des diverses étapes de la vie militaire, nous constatons des différences fondamentales entre les deux groupes. Nous savons que les femmes ne restent pas dans les forces armées aussi longtemps que les hommes. Elles sont plus susceptibles de subir un traumatisme sexuel pendant leur service. Nous savons que même si elles sont tout aussi susceptibles de devenir officières, elles sont libérées à un grade inférieur. Nous savons qu'elles sont plus susceptibles d'être libérées pour être aidantes naturelles. Nous savons qu'après leur libération, elles sont plus susceptibles de travailler à temps partiel. Nous savons qu'elles présentent des combinaisons plus complexes de problèmes de santé. Cela contribue à augmenter le temps de traitement des demandes de prestations. Nous savons qu'elles ont un risque plus élevé de se suicider que les femmes du même âge dans la population générale. Ce risque demeure plus faible que celui des hommes, mais contrairement aux hommes, il ne diminue pas avec l'âge.
Il a été difficile de connaître et de mesurer ces tendances au fil du temps. Il nous reste beaucoup à apprendre, évidemment, mais nous misons sur un élan positif que je diviserai en plusieurs catégories.
Premièrement, la communauté des anciennes combattantes est de plus en plus mobilisée dans l'ensemble du ministère. Le ministère a créé le Bureau de la condition féminine et des vétérans LGBTQ2 et lancé la plateforme de mobilisation en ligne Parlons vétérans. Dans le cadre du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille, ACC offre du financement aux organismes communautaires axés sur les anciennes combattantes.
Deuxièmement, il y a au Canada un réseau de plus en plus étendu de chercheurs qui consacrent leurs travaux sur les préoccupations des anciennes combattantes. Plusieurs groupes d'intérêt et communautés de pratique ont récemment été créés. On observe dans le domaine de la recherche sur le bien-être des anciens combattants l'arrivée de nouveaux chercheurs qui étudient des problématiques difficiles comme l'itinérance des anciennes combattantes. Il y a aussi une collaboration accrue à l'échelle internationale dans le domaine de recherche sur les anciens combattants.
Troisièmement, ACC applique les pratiques exemplaires émergentes afin de répondre aux besoins cernés grâce à la recherche et aux données probantes. Par exemple, ACC a créé une équipe affectée au traitement des demandes de prestations d'invalidité présentées par des femmes. Le ministère travaille à la modernisation du tableau des invalidités, en adoptant comme principe de base l'équité entre les sexes dans la prise de décision. Cela comprend la mise à jour des Lignes directrices sur l'admissibilité au droit à pension afin de tenir compte d'autres conditions sexospécifiques. Le ministère a encouragé l'adoption d'une approche tenant compte des traumatismes dans l'ensemble de ses services de première ligne et du traitement des demandes. ACC a adopté les principes sur l'équité en matière de sexe et de genre en recherche, ou SAGER, pour veiller à la prise en compte des impacts selon le sexe et le genre à chaque étape de la recherche, de la conception des études au recrutement des participants, à l'analyse des données et à la mobilisation des connaissances.
Enfin, il existe de nouvelles et de meilleures sources de données pour l'analyse ventilée selon le sexe. Le recensement de 2021 est un tournant important dans la façon de décrire la population d'anciens combattants. À compter de 2022, le nouveau Sondage sur la santé des vétérans canadiens mesure le bien-être des anciens combattants dans de multiples domaines, dans l'ensemble de la population d'anciens combattants du pays.
D'après ce que j'ai constaté dans l'ensemble du ministère, Anciens Combattants Canada cherche réellement à s'améliorer sur tous les plans afin d'offrir des services et programmes équitables. J'attends avec intérêt le rapport que le Comité présentera au terme de cette étude et sa contribution à l'amélioration de notre compréhension des besoins, des défis et des points de vue des anciennes combattantes.
Merci, monsieur le président.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous les deux de votre présence ce soir. Je vous en suis très reconnaissante.
Cela cadre bien avec le témoignage de l'ombud et certaines recherches en cours. Évidemment, l'ombud a servi de manière remarquable, et nous sommes reconnaissants d'avoir obtenu ses observations.
Ce que j'entends — et j'en suis également reconnaissante, puisque nous venons à peine de commencer cette étude —, c'est que vous vous apprêtez à prendre certaines mesures pour veiller à mettre spécifiquement l'accent sur les anciennes combattantes. Est‑ce exact?
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Merci. Je vous en suis reconnaissante. J'ai quelques questions à poser et je veux m'assurer d'obtenir vos réponses.
Ce qui me pose problème, c'est l'ensemble du processus de transition entre les Forces armées et le ministère des Anciens Combattants. Je siège au Comité depuis huit ans, et je dois dire, bien franchement, que cette question est demeurée à l'avant-plan pendant ces huit années. Nous commençons à peine à connaître les problèmes. Cela fait plus de 20 ans qu'on parle des femmes dans les Forces armées, mais on commence à peine à effleurer le sujet.
Dans votre relation avec le MDN, quels renseignements recevez-vous au sujet des services requis par les femmes? Selon vous, les femmes qui font la transition ont-elles accès aux mêmes services? Ces services devraient-ils être identiques, ou s'agit‑il d'une situation où l'on tente d'agencer deux choses qui ne s'agencent pas? Je n'irai pas plus loin.
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Je vous remercie de la question.
Les conclusions de l'étude en question étaient fort intéressantes. Il s'agissait d'une étude auprès de femmes militaires et d'anciennes combattantes qui consistait en une série de trois entrevues à des moments différents sur une période de deux ans. L'étude avait évidemment pour but de déterminer les différences pour les femmes dans leur transition de la vie militaire à la vie civile.
Si je me souviens bien, certaines des principales conclusions de cette étude révèlent qu'il faut savoir lire entre les lignes lorsqu'on étudie des groupes plus petits. Dans un des cas, les constatations ont révélé que les anciennes combattantes ont reconnu plus tard, durant leur libération, qu'elles avaient des problèmes de santé qu'elles n'avaient pas cernés lorsqu'elles ont quitté les Forces armées, et qu'elles aimeraient pouvoir régler.
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Le premier forum pour les femmes vétéranes s'est tenu en 2019. J'y étais. L'expérience a été incroyable. L'énergie était palpable. C'était la première fois qu'on organisait un forum du genre au Canada pour discuter des défis auxquels les femmes font face dans leur vie après leur service militaire.
Personnellement, j'ai particulièrement porté attention aux possibilités de recherche et aux lacunes en la matière. Il y en avait beaucoup. En fait, j'ai été abasourdi que les parties prenantes parlent autant de recherche durant l'événement. On a entre autres évoqué des possibilités de recherche sur l'infertilité, la ménopause, la santé mentale, les enjeux sociaux, l'itinérance, la transition de la vie militaire à la vie civile et les incidences financières d'une telle chose — j'ai déjà évoqué certaines d'entre elles —, et l'intersectionnalité et les différences culturelles des groupes de vétérans sous-représentés. Je fais référence ici aux points de vue des vétérans autochtones, francophones et issus de la communauté LGBTQ2+ en particulier.
Notre ministère a reçu de la rétroaction et l'a examinée attentivement. Nous avons cherché à entamer des recherches sur les sujets évoqués lorsque c'était faisable.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos invités.
Plus tôt, la colonelle Jardine a évoqué la nécessité de faire plus de recherches, notamment des études ou des analyses comparatives entre les sexes, afin de mieux comprendre les besoins spécifiques aux femmes.
J'imagine que vous partagez cette opinion, monsieur Svenson. Oui? D'accord. C'est une question à laquelle il est facile de répondre.
Ce à quoi je veux en venir, plus précisément, est ceci: selon votre expérience, et étant donné qu'on doit augmenter la recherche, la collecte de données sur l'expérience plus spécifique aux femmes, quel serait le rôle d'Anciens Combattants Canada à cet égard afin d'augmenter le tout?
La colonelle Jardine a aussi fait allusion à une analyse documentaire, publiée par son bureau en 2021, sur l'expérience des femmes et des hommes vétérans dans les Forces armées canadiennes et la GRC. Elle a parlé de 84 sources primaires et secondaires, qui ont été croisées afin de produire son analyse.
Évidemment, on y retrouve des éléments que vous connaissez: les femmes sont sous-représentées dans la hiérarchie militaire; les femmes auraient plus de risques de souffrir de blessures articulaires et de blessures chroniques et d'avoir plus de tendances suicidaires, et ainsi de suite. Le portrait n'est pas nécessairement jojo.
D'après vos connaissances et votre expertise, y a-t-il des causes faciles à cerner qui pourraient justifier cela?
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Merci, ce serait utile.
Je sais que le premier forum pour les femmes vétéranes s'est tenu à l'Île‑du‑Prince‑Édouard en 2019, soit il y a environ quatre ans. Si je ne m'abuse, le résumé de l'événement mentionnait le mot « recherche » à 24 reprises. De toute évidence, il s'agit d'un élément essentiel, d'une priorité.
Pourriez-vous nous dire ce qui a été fait en matière de recherche sur les enjeux de santé des femmes vétérans depuis? Je m'intéresse à certaines choses en particulier.
On sait que les femmes vétéranes qui ont servi au Moyen-Orient et qui ont été exposées aux fosses de brûlage présentent aujourd'hui des taux plus élevés de cancer du sein. Sait‑on si ces taux de cancer du sein sont différents chez les femmes qui n'ont pas servi au Moyen-Orient et qui n'ont pas été exposées à ce type de combat? Sait‑on si les taux de cancer du sein sont plus élevés chez les femmes vétéranes que chez les civiles?
Il y a également l'enjeu du prolapsus utérin et de l'incontinence à l'effort reliée aux fonctions militaires. C'est ce qui revient le plus. A‑t‑on mené des recherches à ce sujet?
Comment a évolué la vision du ministère en matière de recherche sur ces enjeux importants pour les femmes vétéranes depuis le forum en 2019?
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Vous avez soulevé plusieurs points. Je vais commencer par le cancer du sein.
Toutes les études de prévalence ou d'incidence de cancer requièrent un grand groupe de participants si on désire obtenir des résultats fiables. La cohorte des vétérans ayant servi dans le golfe Persique, par exemple, était assez petite. Elle ne compte qu'environ 5 000 personnes. Si on se concentre uniquement sur les femmes vétéranes qui en faisaient partie, on se retrouve avec un groupe nettement plus petit et il devient donc très difficile d'avoir des estimations statistiques fiables ou solides sur la prévalence d'un type de cancer ou de faire des comparaisons avec la population civile. C'est un problème.
Cela dit, nous sommes désormais en mesure de mener des études de couplage des données, à nouveau grâce au recensement. Nous venons d'en entamer une sur la prévalence des cancers chez les vétérans. Si nous sommes capables de faire une telle chose, c'est grâce au Registre canadien du cancer, qui recense tous les diagnostics primaires de cancer au Canada depuis 1991. Nous pouvons établir des liens avec tous les vétérans vivants au Canada. Au cours des derniers mois, nous avons recueilli les données pour procéder à de telles analyses.
Je vous remercie. J'aimerais tout d'abord dire que je suis extrêmement heureux que le Comité ait décidé de consacrer cette étude aux femmes, aux femmes militaires marginalisées et aux Canadiennes marginalisées. Je pense que c'est essentiel. Je siège à ce comité depuis six ans, et je ne sais pas combien de fois j'ai entendu parler des problèmes que rencontrent les femmes dans l'armée et, à leur sortie de l'armée, à quel point la transition est difficile. Dans certaines régions, c'est encore deux ou trois fois plus difficile.
Je suis très heureux que nous puissions approfondir cette question. Je pense que les 20 réunions nous permettront d'aller en profondeur, si je puis dire. Je suis sûr que les membres de tous les partis présents autour de cette table se concentreront sur ce qui est important, soit l'identification des obstacles et la recherche de solutions et de recommandations afin d'améliorer la vie de celles qui servent et qui ont servi.
Je vous remercie tous les deux de vos exposés et des informations fournies.
[Français]
À Québec, la semaine dernière, j'ai assisté à une pièce de théâtre intitulée Projet Monarques, au Théâtre des Petites Lanternes.
[Traduction]
Ce que j'ai observé pendant une heure, c'est exactement ce que la colonelle Jardine a dit, à savoir que l'armée est votre vie quand vous en faites partie, et dès lors que vous la quittez, il semble que vous laissez derrière vous une partie de votre famille et que vous perdez votre identité.
Je vous demanderais d'abord à tous les deux de nous dire si vous avez constaté cela dans le cadre de vos recherches et si vous disposez d'informations à ce sujet.
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Nous sommes très emballés à l'idée de mobiliser les vétérans et les groupes de vétérans au sein des collectivités partout au Canada au cours des prochains mois. Nous allons nous concentrer sur les femmes vétéranes et les groupes en quête d'équité.
Nous souhaitons connaître leurs expériences personnelles, notamment savoir comment elles vivent les questions liées à l'identité. Est‑ce différent de ce que vivent les hommes? Nous chercherons également à savoir quel soutien elles estiment leur être le plus utile, non seulement de la part d'Anciens Combattants Canada, mais aussi au sein de leur collectivité. À quoi cela ressemble‑t‑il?
Nous voulons déterminer non seulement quelles sont les lacunes, mais aussi quels sont les points forts, car nous croyons vraiment que nous pouvons tirer parti des divers partenariats qu'ACC a établis avec d'autres ministères fédéraux. ACC n'a pas un mandat complet pour tout ce qui touche au bien-être des vétérans — les soins de santé, par exemple —, mais nous pouvons travailler avec nos partenaires. Nous ne pouvons le faire qu'en nous adressant directement aux vétérans et aux collectivités et en écoutant sincèrement ce qu'ils ont à dire pour pouvoir trouver les lacunes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J’ai trois petites questions et il restera peut-être un peu de temps pour l’un de mes collègues libéraux si nous pouvons procéder rapidement.
Ma première question s’inscrit un peu dans le prolongement de celle que M. Dowdall a posée un peu plus tôt. Il vous a demandé la différence entre le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada pour ce qui est d’établir ce qu’est une blessure liée au service. Vous alliez lui revenir avec de l’information à ce sujet. Je vais vous demander quelque chose qui est en lien avec cela. Si vous pouvez répondre tout de suite, c’est bien, mais dans le cas contraire, vous pourrez nous faire suivre l’information.
Ma question porte sur l’évaluation des blessures. Souvent, la blessure se produit à un moment ou l’autre pendant le service. Un peu plus tard, ses effets néfastes commencent à se faire sentir. L’ancien combattant cherche alors de l’aide, et il semble que les documents se perdent en cours de route, et que c'est souvent au moment de la transition entre le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada.
Je me demande si vous vous êtes penchés sur le problème pour essayer d’en trouver la cause et quelles solutions vous avez proposées pour éviter cela, ou à tout le moins, pour en diminuer l’ampleur.
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Diverses initiatives sont menées sur la scène internationale à leur sujet. Nous travaillons en collaboration, en particulier, avec nos alliés les plus proches. Nous avons un groupe de travail sur la recherche dont les membres se rencontrent régulièrement pour coordonner nos efforts dans divers domaines d’intérêt commun.
Nous avons divers groupes de travail qui se penchent sur des questions comme les expositions professionnelles et les liens entre certains métiers dans l’armée et les effets sur la santé en aval. C’est, je pense, la recherche la plus pertinente dans le cadre de votre étude. Nous voulons récolter de l'information auprès du ministère de la Défense nationale qui nous aidera à déterminer quels métiers ou quels métiers courants sont liés à des conditions précises. Je pense qu’il s’agit d’un lien essentiel à faire dans notre planification de la recherche à long terme.
Pour ce qui est des recherches effectuées au Canada, je pense que la création du sondage sur la santé des vétérans canadiens est un élément important dont nous n’avons pas parlé aujourd’hui. Dans le passé, nous avions un sondage sur la santé baptisée Étude sur la vie après le service militaire, et les questions portaient sur divers aspects du bien-être. Nombre de données mentionnées dans la première heure provenaient de cette étude. C’était très important et ce que nous pouvions faire de mieux à ce moment, à partir de 2010. C'est l'année où l'étude a commencé.
Le recensement de 2021 permet maintenant à Statistique Canada de sonder tous les vétérans au pays, et ce sondage est devenu ce que nous appelons le Sondage sur la santé des vétérans canadiens. Il a eu lieu pour la première fois en 2022, tout de suite après le recensement.
Nous obtiendrons ainsi des renseignements que nous n'avons jamais eus auparavant. Il portera en particulier sur les vétérans les plus âgés. Il couvrira aussi un plus grand nombre de sujets et fournira des estimations plus fiables pour des petits groupes comme les vétéranes et des sous-populations plus petites, notamment les vétérans LGBTQ2, par exemple. Il permettra de recueillir des renseignements sur divers sujets, notamment le tabagisme, la consommation de cannabis, la consommation d'opioïdes, la santé bucco-dentaire, la santé maternelle et les expériences maternelles. Il s'agit là de nouveaux domaines sur lesquels nous n'avons pas pu interroger les vétérans par le passé.
:
Je vous remercie, monsieur Svenson.
Je vous remercie aussi, monsieur Samson.
[Français]
C'est tout le temps que nous avons pour ce groupe.
[Traduction]
Au nom des membres du Comité, j'aimerais remercier nos témoins de leur contribution à notre étude: Nathan Svenson, directeur de la recherche, par vidéoconférence, et Mme Lisa Garland Baird, chercheuse principale, aussi par vidéoconférence, tous deux du ministère des Anciens Combattants.
[Français]
J'en profite aussi pour remercier toute l'équipe technique, y compris les interprètes, les analystes et la greffière.
Je sais que beaucoup de vétérans et de personnes nous écoutent aussi sur le Web.
[Traduction]
Deux étaient avec nous ici, alors j'aimerais souligner leur présence dans la salle pour suivre nos délibérations.
[Français]
Sur ce, la séance est levée.