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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 69e réunion du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes.
Au cours de la première heure, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 9 mars 2023, le Comité reprend son étude sur le Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan.
[Français]
La réunion d'aujourd’hui se déroule sous forme hybride, conformément au Règlement. Les députés et les témoins peuvent y participer en personne ou au moyen de l'application Zoom.
Bien que cette salle soit munie d'un système audio performant, il est possible que des réactions acoustiques se produisent. Celles-ci peuvent être extrêmement nocives pour les interprètes et leur causer de graves blessures. Je demanderais donc à tous les témoins et à tous les membres du Comité d'éviter de porter l'oreillette tout près du micro parce qu'il peut se produire des interférences, ce qui peut causer des torts à nos interprètes. Nous devons donc faire très attention.
Je vous rappelle aussi que toutes les interventions doivent être adressées à la présidence.
Enfin, conformément à notre motion de régie interne, les tests de connexion ont été faits correctement avant la rencontre.
Je veux souhaiter la plus cordiale bienvenue à nos témoins aujourd'hui.
Nous accueillons, à titre personnel, Me François Le Moine, avocat, et Mme Francyne Lord, conseillère en art public. Par vidéoconférence, nous accueillons, de la Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations de l'excellence, M. Jean‑Pierre Chupin, professeur titulaire de l'Université de Montréal. De l'équipe Daoust, nous recevons Mme Renée Daoust, associée principale, architecte et urbaniste, et M. Luca Fortin, artiste et architecte.
Permettez-moi aussi de saluer de nouveaux membres qui participent à la séance avec nous aujourd'hui. Nous avons avec nous M. Boulerice, qui remplace Mme Rachel Blaney, ainsi que M. Paul‑Hus, qui remplace M. Fraser Tolmie.
J'ai aussi mes petites pancartes pour vous informer quand il vous reste une minute. Quand je vous présente le carton rouge, c'est comme au soccer, vous devez nécessairement vous arrêter parce que votre temps de parole est terminé.
Nous avons aussi des discours d'ouverture et j'aimerais bien que l'équipe Daoust commence. Vous êtes deux. Vous pourrez donc vous partager les cinq premières minutes.
Madame Daoust, monsieur Fortin, vous avez la parole.
Bonjour à tous.
Je m'appelle Renée Daoust, je suis architecte, urbaniste et responsable de l'équipe Daoust, composée de Daoust Lestage Lizotte Stecker, Luca Fortin et Louise Arbour, l'équipe gagnante du concours pour le Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan selon le choix du jury — le seul qui devrait prévaloir ici.
Je vous remercie de cette occasion de pouvoir enfin faire entendre nos voix afin de dénoncer l'exceptionnel manque d'éthique associé à l'organisation de ce concours canadien au rayonnement international. C'est du jamais vu pour nous en 35 ans de carrière.
J'aimerais vous parler aujourd'hui d'un processus antidémocratique et injuste. Le processus est injuste pour les vétérans et la société civile ayant participé à la mission du Canada en Afghanistan. Quelle ironie! Le gouvernement associe tous ces acteurs qui se sont mobilisés pour aller défendre et implanter la démocratie en Afghanistan à la pire démarche antidémocratique de l'histoire des concours au Canada. Le processus est déshonorant pour les vétérans que vous instrumentalisez en les associant à un pseudo-sondage aux règles obscures, ces vétérans canadiens pourtant mus par quatre grandes valeurs militaires, dont l'intégrité.
Le processus est aussi injuste pour le jury. Rappelons que quatre des sept membres, soit la majorité, étaient associés à la mission en Afghanistan et à son histoire. La voix des experts sur l'Afghanistan a été entendue. Elle était articulée par un vétéran, une Mère nationale de la Croix du Souvenir, un ancien ambassadeur et un historien. Ce jury a effectué un travail minutieux, a consulté les rapports techniques et les résultats du simulacre de sondage et a confirmé que notre équipe était gagnante.
Vous n'avez pas suivi leur recommandation, créant ainsi une importante rupture de contrat et un gaspillage de fonds publics. Cette situation crée un dangereux précédent en matière de développement de l'art public et de l'architecture au Canada et de la gestion des appels d'offres en général.
Nous sommes particulièrement perplexes par le cautionnement de ce processus injuste qui porte atteinte à nos traditions démocratiques par le ministère du Patrimoine canadien, le ministère des Anciens Combattants et la Commission de la capitale nationale. Est-ce vraiment ce legs culturel entaché sur le plan de l'éthique que nous voulons aujourd'hui faire valoir à l'échelle nationale et internationale et pour les générations à venir?
Par respect pour la mémoire des vétérans, le 11 novembre, le gouvernement devrait faire amende honorable, respecter ses propres règles du jeu et faire prévaloir le processus démocratique fondamental à l'histoire des concours du Canada.
Je vous remercie.
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Je m'appelle Luca Fortin. Je me présente ici en tant que fier membre de l'équipe Daoust, ainsi que comme la voix de cette génération à venir et de toute une communauté œuvrant dans les secteurs de la culture et de la création qui s'inquiètent de la valeur qu'accorde le gouvernement à notre travail, qui représente le patrimoine de demain.
Rectifions certains faits importants. Les documents contractuels sont clairs à l'égard du rôle du ministère du Patrimoine canadien. On stipule que ce ministère est responsable du concours de design et de la gestion globale de ce projet de monument au nom d'Anciens Combattants Canada. Le ministère du Patrimoine canadien ne peut pas se déresponsabiliser. Le sondage qui devait d'ailleurs être accompagné d'une consultation publique, selon les règlements initiaux, servait à alimenter la réflexion du jury. C'est ce qui a été fait. Il ne devait pas invalider le choix de ce dernier.
Le 19 juin dernier, on nous a rencontrés à peine deux heures avant l'annonce officielle du concept choisi pour nous dire que nous avions gagné le concours, mais que le contrat serait octroyé à une autre équipe. À partir de ce moment, nous avons manifesté et réitéré à trois reprises par des communications écrites notre profond désaccord sur cette décision injuste et déraisonnable.
Des rencontres avec les deux ministres ont aussi été demandées, sans succès. Le 15 septembre, nous avons transmis une lettre au pour que son gouvernement corrige son erreur et donne suite à la décision du jury. Nous n'avons reçu qu'un accusé de réception.
Devant cet état de fait, et compte tenu de l'importance de la cause, nous avons mobilisé les acteurs clés touchés par ce dangereux précédent. Nous ne sommes pas que la voix d'une équipe; nous portons l'indignation de plus de 2 000 intervenants associés de près ou de loin à la question des concours d'art public, de design et d'architecture au pays. Les universitaires à l'échelle du Canada dénoncent votre processus antidémocratique. Les artistes se sont manifestés au moyen d'une pétition. Plusieurs lettres ouvertes ont également été envoyées aux ministres concernées.
En terminant, le ministère du Patrimoine canadien doit assumer sa pleine responsabilité et respecter ses propres règlements afin d'honorer les valeurs véhiculées par le Canada, à savoir le respect de la démocratie, le respect envers les personnes, l'intégrité et l'excellence. Pendant qu'il est encore temps, le gouvernement doit empêcher que le Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan soit à jamais entaché d'une des plus grandes controverses de l'histoire des concours de notre pays, sinon de la plus grande.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Jean‑Pierre Chupin. Je suis architecte universitaire et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations de l'excellence à l'Université de Montréal. Je tiens à préciser que je m'exprime en toute indépendance à partir de mon expertise relativement aux pratiques de jury de concours dans les domaines de l'environnement bâti.
Je documente les concours au Canada depuis plus de 20 ans. J'ai fondé le Catalogue des concours canadiens, une ressource en ligne sur près de 500 concours et plus de 6 000 projets d'architecture, de paysage et d'urbanisme conçus depuis les débuts de la Confédération. Consultée par plus de 3 000 utilisateurs par mois dans le monde entier, cette bibliothèque bilingue est soutenue par la Fondation canadienne de l'innovation et le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada.
J'ai contribué à mettre en place un réseau international de recherche sur les concours et j'ai publié des ouvrages de référence dans le domaine. J'ai fait partie de comités consultatifs pour des musées et des gouvernements. C'est à titre de conseiller de Services publics et Approvisionnement Canada et de la Cité parlementaire, à Ottawa, que je voudrais aujourd'hui rappeler que de nombreux édifices civiques et gouvernementaux ont fait l'objet de grands concours, à commencer par le parlement canadien, en 1858. J'ajoute à cela les concours pour les édifices législatifs en Ontario en 1880, en Colombie‑Britannique, en 1892, en Saskatchewan, en 1907, ou encore, au Manitoba, en 1913, sans oublier le concours pour le Mémorial national du Canada à Vimy, en 1921, qui fut l'un des plus importants sur le plan symbolique, dans l'histoire du Canada.
Le gouvernement a fait appel à mon expertise dans le cadre du concours international pour l'îlot 2 de la Colline du Parlement, qui a été jugé en 2022. L'édifice accueillera vos bureaux pendant la prochaine décennie. Ce fut le concours le mieux organisé qu'il m'ait été donné d'observer, avec une représentativité exceptionnelle des Canadiennes et des Canadiens dans un grand jury composite.
En tant qu'universitaire qui contribue à former les futures générations de professionnels, je suis extrêmement préoccupé par les atteintes aux pratiques démocratiques qui caractérisent l'invalidation du jugement du concours pour le monument commémoratif de la mission du Canada en Afghanistan. Toutes les études montrent que, pour juger de la complexité de projets très symboliques et très importants sur le plan civique, comme des édifices et des monuments publics, un vote populaire ne sera jamais une procédure fiable, équitable et transparente comme peut l'être une procédure de mise en concours bien organisée. Un jury de concours est analogue à un jury de tribunal. Il représente la diversité des intérêts publics et travaille de façon rigoureuse.
Le jury du concours pour le monument commémoratif était bien constitué de membres représentatifs de tous les intérêts et informés des multiples enjeux. Il a débattu pendant de longues heures de toutes les propositions et a porté un jugement consensuel au nom de l'intérêt collectif. Je n'ai pas observé ce jury et, en fait, très peu de gens, pour ne pas dire personne, ont eu accès au rapport du jury, ce qui est d'ailleurs très problématique. Cependant, si le gouvernement a annoncé aux lauréats qu'ils avaient effectivement remporté le concours, c'est bien que ce jury a fonctionné normalement.
Maintenant, si l'invalidation des concours ou des appels d'offres qualitatifs et leur remplacement par des votes en ligne devenait une pratique normative de la commande publique, plus aucun professionnel n'accepterait que sa proposition soit livrée en pâture à des clics anonymes au vu de quelques images publiées sur un site Internet. En fait, on peut faire une analogie. Que dirait-on d'un jugement du tribunal dans une affaire criminelle qui serait remplacé par un vote en ligne afin de désigner le coupable? On dirait que c'est un lynchage public révoltant et un déni des institutions et des dispositifs démocratiques.
Je crois donc pouvoir témoigner de l'inquiétude des représentants de la commande publique avec qui je travaille régulièrement et qui attendent votre décision pour savoir si les pratiques de jury de design seront définitivement compromises dans les futurs marchés publics fédéraux et provinciaux. Le gouvernement se doit d'incarner l'exemplarité dans toutes ses procédures et respecter ses engagements.
Je crois aussi pouvoir témoigner au nom des futurs professionnels, des étudiants et des étudiantes à qui je m'adresse au quotidien avec mes collègues et qui forment une génération de jeunes Canadiens et de jeunes Canadiennes très sensibles aux questions éthiques et de justice sociale. Comment allons-nous leur expliquer qu'un gouvernement peut édicter des procédures de jugement représentatives de tous les intérêts, puis décider de bafouer ces règles qui assurent l'équité?
En conclusion, avec la situation qui nous occupe, c'est un tournant dans l'histoire des concours au Canada qui est en jeu, et vous me permettrez d'en appeler de votre jugement en tant que parlementaires. Il importe que le rapport du jury soit diffusé le plus rapidement possible, et il faut absolument que le résultat du concours soit construit au nom de la démocratie et de l'éthique.
Je vous remercie.
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Je m'appelle Francyne Lord et je suis spécialiste en art. J'ai dirigé pendant 26 ans le Bureau d'art public de la Ville de Montréal. Je suis secrétaire de la Commission permanente de l'art public de Culture Montréal et membre du Comité consultatif en reconnaissance de Montréal, lequel est chargé de fournir des avis sur des projets de commémoration matérielle.
C'est à titre personnel que je m'adresse à vous, et je le fais avec la conviction que mon expérience pourra apporter un éclairage sur le processus en cours. En effet, j'ai réalisé plus de 75 concours d'art public, dont plusieurs avaient une portée commémorative.
C'est par souci d'équité et pour éviter des choix arbitraires que la Ville de Montréal a confié la sélection des œuvres d'art à des experts externes dont l'expérience est reconnue. Pendant toutes les années où j'ai été en poste, les conclusions des jurys de tous les concours de la Ville de Montréal n'ont à aucun moment été remises en question par les autorités, conscientes que les règles et le processus s'appuyaient sur les meilleures pratiques.
À la différence d'une œuvre d'art destinée à une collection de musées, une œuvre d'art public soulève d'autres enjeux. Quelle plus-value apporte-t-elle au paysage urbain? En quoi sert-elle à témoigner de la création actuelle et à construire le patrimoine artistique de demain?
L'évaluation d'un projet commémoratif comme celui-ci présente une complexité plus grande que n'importe quel autre projet d'art public. Plusieurs considérations sont prises en compte par le jury, lequel portera notamment une attention particulière au traitement du poids de la mémoire par l'artiste et à la façon dont il est resté sensible à la douleur de la communauté concernée. Toutefois, le travail du jury tient également compte du moment où l'œuvre vient s'inscrire dans l'histoire, puisqu'un monument est toujours porteur des valeurs de son époque.
Un citoyen ayant participé à un sondage a-t-il pu juger de tout cela à partir d'un texte de 10 lignes et de très peu d'images? A-t-il pu analyser toutes les considérations qui ont guidé le choix du jury?
En conclusion, je veux attirer votre attention sur les conséquences de la décision du ministère des Anciens Combattants d'aller à l'encontre de la recommandation du jury. Une telle décision vient entacher la crédibilité du gouvernement en matière d'art public, et elle laissera des traces. Elle ébranle la confiance dans la gouvernance de la plus haute institution du pays, de qui on devrait s'attendre à des pratiques exemplaires.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, chers membres du Comité, je vous remercie de cette invitation à comparaître devant vous.
Je m'appelle François Le Moine et je suis avocat spécialisé en droit de l'art. Je préside l'Association littéraire et artistique internationale pour le Canada, j'enseigne le droit de l'art et du patrimoine culturel à l'Université de Montréal et je suis coprésident de la Commission permanente de l'art public de Culture Montréal.
Je comparais à titre personnel et je n'ai aucun objectif partisan. Je veux simplement rappeler, de concert avec M. Jean-Pierre Chupin et Mme Francyne Lord, d'abord que le système de concours par jury est le meilleur garant d'un art public de qualité pour les générations futures, et ensuite les raisons pour lesquelles le gouvernement était lié par les règles qu'il avait lui-même édictées.
J'ai déposé le document intitulé « Exigences du Concours ». Les règles de ce concours précisent, à la page 10, que c'est au jury de « sélectionner le design gagnant, sur la base des notes combinées du jury et des évaluations du comité technique. » Par ailleurs à la page 2, on explique que le contrat sera octroyé à l'équipe gagnante.
Conformément aux règles de ce concours, le gouvernement n'avait tout simplement pas la latitude nécessaire pour octroyer le contrat à une équipe qui n'avait pas été sélectionnée. C'est le jury qui prend la décision, pas un ministre.
Si le retrait de l'Afghanistan changeait la donne au point que le concours ne convenait plus pour honorer nos anciens combattants, la seule solution qui s'offrait au gouvernement était d'annuler le concours et d'en refaire un autre.
On a déjà parlé de la composition du jury. Cette composition démontre que toutes les compétences étaient autour de la table pour prendre une décision éclairée. La consultation menée auprès du ministère des Anciens Combattants, qui avait toute sa place dans ce processus, a été prise en compte par le jury. C'est certainement la raison pour laquelle nous n'avons pas organisé un sondage scientifique, car cette enquête était consultative, et non décisionnelle.
En plus d'être celui qui devait prendre la décision en raison des pratiques établies et des règlements du concours, le jury était représentatif de la mission et a eu le temps d'évaluer tous les éléments pertinents.
Sa décision doit être respectée.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Dans le projet du Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan, le choix d'un autre groupe que le groupe gagnant constitue un précédent dangereux pour les grands contrats d'approvisionnement du gouvernement fédéral. On a l'habitude d'en voir, mais ce contrat est particulier parce qu'il touche les arts. Peut-être certaines personnes se sentent-elles moins concernées à cause de cela. En effet, les gens suivent souvent leur train-train quotidien et se sentent moins touchés par les projets artistiques de design. Toutefois, si on retourne au processus, cela devient un enjeu majeur pour les parlementaires ici, autour de la table.
Ma première question s'adresse à Mme Daoust ou à M. Fortin.
J'aimerais savoir comment vous vous êtes sentis, le 19 juin dernier, lorsqu'on vous a annoncé que vous aviez été sélectionnés par le jury, mais que, malheureusement, le contrat était donné à une autre équipe.
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Nous nous sommes sentis déçus, lésés, indignés que la plus haute instance au Canada agisse de la sorte.
Selon nous, c'est une injustice totale. Nous sommes très préoccupés par la volonté du gouvernement fédéral de discréditer un processus démocratique. Il reste que ce sont des concours importants.
Monsieur Paul‑Hus, vous disiez qu'il s'agit d'art public. C'est vrai. Toutefois, il ne s'agit pas que de cela. Il s'agit d'art public, d'architecture, d'octroi de mandat et d'octroi de contrat. Cela va plus loin que le strict cadre de l'art public et de l'architecture.
À tout le moins, nous sommes quand même consternés de voir que le gouvernement étatise un processus antidémocratique, ce qui est, en quelque sorte, de la tricherie. Nous trouvons cela vraiment désolant.
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Sans vouloir dramatiser, je ne suis pas sûr que ce soit une tricherie, mais je suis certain que c'est une ingérence. C'est une ingérence, parce qu'on a remplacé une procédure bien établie qui, à titre d'information, existe depuis des milliers d'années. En effet, on organise des concours depuis des milliers d'années. C'est donc une procédure bien établie dont le résultat a été annulé pour être remplacé par celui d'un vote. Il n'y a pas, à ma connaissance, de précédent.
Je l'ai vérifié auprès de mes collègues à l'international. Depuis quelque temps, ceux-ci m'interpellent à ce sujet. Ils me demandent à quoi rime ce remplacement d'une décision d'un jury d'experts par un vote. On n'a pas trouvé de précédent, du moins, pas dans les démocraties avancées.
Je travaille depuis maintenant cinq ou six ans avec Services publics et Approvisionnements Canada et la Cité parlementaire. Bien sûr, je ne peux pas parler en leur nom, mais je peux quand même témoigner du fait que l'inquiétude est là. Je pense que cela va provoquer un véritable bouleversement dans la compréhension de la rigueur qu'on doit conserver dans l'octroi de ces contrats.
Il y aura un bouleversement. Il y aura des conséquences sur la culture des contrats. C'est un précédent historique.
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Fondamentalement, les ministres concernés, et le ministère du Patrimoine canadien en particulier, ont mal compris leur rôle dans le concours.
En fait, il y a un texte, la modification no 2 au premier appel d'offres, qui explique exactement ce qu'aurait dû être le rôle du ministère du Patrimoine canadien. Ce texte faisait partie des documents contractuels et venait donc baliser le comportement du ministère. On y lit que, « aux fins de cette compétition, [le ministère du Patrimoine canadien] constituera un jury d'experts », ce qui a été fait. On y lit par la suite que « le ministre du Patrimoine canadien, en sa qualité de ministre responsable des monuments commémoratifs sur les terrains fédéraux de la région de la capitale du Canada, ainsi que le ministre des Anciens Combattants, seront conjointement responsables d'endosser le concept que le jury aura choisi ».
Voilà ce qu'était le rôle du ministère du Patrimoine canadien. Ce n'était pas de refaire le jury ou de contester ce que celui-ci faisait, mais de porter sa décision pour s'assurer que le projet se réalise adéquatement.
Je peux céder la parole à Mme Francyne Lord, parce que je crois comprendre que c'est ce qui se passe, normalement, pour les spécialistes d'arts publics.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence.
J'ai quelques questions à vous poser.
J'aimerais profiter de l'occasion pour souligner que cette semaine, c'est aussi la Semaine des vétérans et que ce samedi, ce sera le jour du Souvenir. J'aimerais saisir cette occasion pour rendre hommage à tous ceux qui se sont sacrifiés et qui ont servi notre nation.
Par votre intermédiaire, monsieur le président, j'aimerais poser une question aux représentants de l'Équipe Daoust.
Je comprends où en sont les choses maintenant. Peut-être pourriez-vous nous expliquer ce qui a amené votre équipe à participer au concours pour le Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan.
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Oh, vous voulez savoir ce qui nous incite à le faire.
Eh bien, dans ce cas‑ci, ce qui était assez intéressant par rapport au concours, c'était d'abord le thème. C'est un sujet très sérieux, soit la mission canadienne en Afghanistan, et nous trouvions que c'était fort intéressant.
Ensuite, il s'agit d'une commande publique importante. Il s'agit de plus de 3 millions de dollars, disons, pour l'œuvre.
Il y a aussi l'emplacement. C'est un endroit exceptionnel, sur la Colline du Parlement, entre le Parlement et le Musée canadien de la guerre. Nous trouvions tous ces éléments vraiment intéressants et c'est pourquoi nous avons décidé de participer au concours. Le sujet était tellement important pour nous, pour notre équipe, parce que c'était là tout l'intérêt de ce concours... Une équipe pluridisciplinaire devait participer, c'est‑à‑dire des architectes, des architectes paysagistes et l'artiste, M. Fortin.
De plus, comme le sujet est très sensible, nous avons établi des liens avec Mme Arbour, car elle comprend, bien sûr, la mission, etc. Chaque fois que nous participons à un concours, nous voulons nous assurer que nous comprenons l'histoire ou la portée. Il s'agit de gestes civiques, de gestes importants, qui dureront de nombreuses années et que nous prenons donc très au sérieux.
L'emplacement est exceptionnel et nous pensons donc, en tant qu'équipe, que nous avons un devoir civique qui y est associé et c'est la raison pour laquelle nous tenions tant à participer au concours.
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Pour ce qui est du concours, tout d'abord, l'emplacement avait été choisi. Lorsque nous avons reçu les documents, lorsque nous avons commencé le processus pour participer au concours, l'emplacement avait été choisi.
Nous voulons simplement établir un lien avec quelque chose. Dans les documents, il est très clairement indiqué que le monument doit rendre hommage à la mission canadienne en Afghanistan, à laquelle ont participé des vétérans, bien sûr, et des membres de la société civile. C'est vraiment ce que nous avons compris grâce à la participation de Mme Arbour, c'est‑à‑dire qu'il ne s'agit pas seulement des vétérans, bien sûr, mais plutôt des vétérans et de la société civile.
Pour répondre à votre question, parce que nous avons entendu parler des vétérans et ainsi de suite, nous voulons nous assurer que tout le monde comprend ce qui s'est passé au début du processus, à savoir que les vétérans ont été consultés. Avant l'élaboration de documents, le public et les vétérans ont été consultés, et parce qu'ils ont participé, cela a été intégré aux documents du concours. Lorsque nous avons reçu les documents, leur avis y avait déjà été intégré. Nous voulons nous assurer que tout le monde l'a bien compris. C'était très clair dans tous les documents que nous avons reçus. Leur point de vue a été pris en compte, parce qu'il a été intégré dans les documents. C'était la première étape.
Pour la deuxième étape, une audience publique ou une consultation publique devait avoir lieu, ce qui est généralement le cas pour ce type de monuments. Nous avons participé au concours pour les plaines LeBreton, etc., et il y avait une consultation publique, ce que nous approuvons toujours, car c'est l'occasion de présenter nos projets et d'expliquer les subtilités que nous ne pouvons pas expliquer lorsque nous ne présentons qu'un document ou une vidéo, etc.
Cela ne s'est pas produit. Toutefois, c'était prévu dans les règlements du concours.
Au lieu de cela, le gouvernement a décidé d'effectuer un sondage et, bien entendu, il a reçu des réponses. Le sondage ne s'adressait pas uniquement aux vétérans. Le public avait la possibilité d'y répondre et les membres du jury ont examiné les résultats, qui ont été intégrés dans leur conclusion lorsqu'ils nous ont désignés comme l'équipe gagnante.
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Monsieur le président, les concours existent parce que parfois, il est très difficile de juger, de comprendre ou de saisir la complexité d'une situation.
Il y a des concours historiques chaque fois qu'il y a une charge symbolique, en l'occurrence pour un monument, mais cela peut aussi être pour le dôme de Florence, pour le Parthénon, pour de grands monuments ou de grands édifices civiques, comme je l'ai dit. Le Parlement canadien a été conçu par concours. Dans l'Angleterre du XIXe siècle, les concours étaient des pratiques systématiques.
Ainsi, chaque fois que la situation est complexe, qu'il y a beaucoup d'enjeux ou qu'il y a des attentes presque contradictoires, il y a des concours. Dans le cas qui nous occupe, il y a évidemment les vétérans à considérer, mais aussi les Canadiens et les Canadiennes dans leur ensemble, donc, tout le monde, si vous voulez. Comme je l'ai dit, les concours existent aussi quand il y a des questions de budget en jeu et, parfois, des questions techniques et des questions de site.
C'est donc très complexe. À cet égard, les procédures de sondage d'opinion ne sont pas du tout en mesure, à coup de quelques « J'aime », de se saisir de ces complexités. On pourrait presque dire que, dans l'histoire des dictatures, on procédait par concours pour éviter que les choses ne s'enveniment. Il y a des histoires assez étonnantes de ce point de vue. C'est comme si la procédure du concours était la seule façon de parvenir...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence.
Madame Daoust et monsieur Fortin, d'emblée, je tiens à vous dire que je suis désolé de tout ce qu'il vous arrive. Je trouve que vous avez été traités de manière absolument injuste par le ministère du Patrimoine canadien et par le gouvernement fédéral. Mes excuses ne serviront à rien, car je n'étais pas impliqué dans cette décision, mais, franchement, je dois dire que je trouve cela déplorable de la part d'un grand pays et d'une démocratie avancée comme le Canada.
Maître Le Moine, je vais vous poser une question. Si nous étions à Tout le monde en parle, ce serait probablement la question qui tue. M. Desilets a commencé à en parler, mais je vais aller un petit peu plus loin et utiliser des mots plus forts: vous avez dit que les ministres n'avaient pas le pouvoir d'outrepasser la décision du jury. Pourtant, ils l'ont fait.
Est-ce un geste illégal?
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Très sincèrement, étant donné que la jurisprudence n'est pas abondante sur la question des concours, ce serait difficile pour moi de vous montrer une décision concrète.
Cela dit, à tout le moins, les normes et les processus sont importants en démocratie. La primauté du droit requiert que l'ensemble des gouvernants et des gouvernés suivent des règles préétablies permettant aux acteurs d'agir en sachant ce qui les attend.
Dans ce cas-ci, de toute évidence, on a changé les règles en cours de route ou, à tout le moins, on en a l'impression. Peut-être pourrait-on toujours recommencer le concours, mais, dans les circonstances actuelles, il semble que la solution la plus élégante pour tout le monde soit de revenir sur la décision qui a été prise.
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C'est comme un jugement de tribunal.
À la suite du processus, il faut que tous les Canadiens et les Canadiennes puissent comprendre comment un jury, qui a travaillé en toute indépendance et, normalement, en toute discrétion, a pris sa décision. On parle bien d'un concours public.
Il existe donc un rapport. Je suis sûr que ce document existe. D'ailleurs, on a essayé de l'obtenir et on nous a dit qu'on ne l'obtiendrait que dans plusieurs mois, voire dans un an. Bref, on repousse cela.
Ce document existe, et il explique exactement comment le jugement a été effectué, un jugement qualitatif sur un objet complexe. Il existe et il doit être rendu public.
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Cela représente beaucoup d'énergie, surtout dans ce cas-ci, car l'élaboration de la proposition a duré un an. Cela s'est fait en deux étapes. D'abord, nous devions présenter notre candidature. Le gouvernement a retenu cinq candidatures et a demandé aux cinq candidats de produire toute une série de documents quand même assez exhaustifs. Il fallait des dessins, des textes de présentation, une animation et plusieurs autres éléments. Cela prend nécessairement du temps et de l'énergie, et le concours a duré presque un an.
De plus, par la suite, on nous a demandé de faire une présentation. Alors, nous avons fait notre présentation devant le jury et, à cause de la pandémie, cela s'est fait de façon virtuelle. Par ailleurs, il faut savoir que, non seulement ces concours sont jugés seulement par le jury, mais il y a toujours un rapport technique qui est réalisé sur notre proposition. Le comité technique nous a rappelés pour nous demander des précisions sur notre proposition pour le monument. Alors, nous avons dû travailler à cela aussi. Ensuite, nous avons déposé le tout.
Ce sont donc des efforts très importants. Évidemment, ce sont des projets que nous trouvons intéressants et prestigieux, mais cela demande beaucoup d'énergie à une équipe. Nous sommes seulement deux représentants, ici, mais nous avons une grande équipe pluridisciplinaire qui comprend des concepteurs d'urbanisme, des architectes, des architectes de paysage, des artistes, des conseillers, des spécialistes en coûts, etc. C'est un travail d'équipe important.
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Merci, monsieur le président.
Je dispose de cinq minutes pour boucler la boucle, alors que nous faisons actuellement face à un scandale potentiel, du point de vue de la gestion des affaires publiques.
Nous avons affaire à une entreprise privée, qui ne peut pas se battre contre un gouvernement. Cette entreprise est victime d'une décision qui n'a aucun sens. Or notre comité a la responsabilité de soulever cet enjeu et de le faire évoluer.
Selon les témoignages que nous avons entendus, il est évident que la décision du ministère n'avait pas lieu d'être, surtout que les données qui ont mené à cette décision — je fais référence au fameux sondage — ont été complètement démolies par Léger Marketing. Jean-Marc Léger a complètement démoli ce sondage, qui ne vaut absolument rien.
Je suis moi-même un ancien combattant et je soutiens votre intervention et votre demande. Je sais que les choses ont été faites selon des règles qui ne tiennent pas la route.
De plus, j'en témoigne ici, j'ai participé la semaine dernière à une séance de ce comité où la ministre du Patrimoine canadien, Mme St-Onge, a totalement rejeté sa responsabilité du revers de la main. J'en étais éberlué. Je n'en revenais pas. J'espère qu'elle a pris des notes depuis ce temps et qu'elle a étudié le dossier.
Par ailleurs, comme Québécois — nous sommes tous des Québécois, ici —, je signale le rôle joué par l'ancien ministre de Patrimoine canadien, , qui a signé en guise d'acceptation du changement. Il fait donc partie de l'équation, et la ministre St‑Onge n’est au courant de rien.
Je signale au Comité qu'il est important de le souligner cela, parce que c'est la responsabilité première des ministres.
En dernier lieu, je voudrais revenir sur cette décision. L'ensemble de la situation est comprise. Il est évident que les processus du concours n'ont pas été respectés.
Maître Le Moine ou monsieur Chupin, vous nous avez dit que, selon les règlements du concours, un ministre ne peut pas renverser le choix d'un jury. Pouvez-vous m'indiquer à quelle ligne précise des règlements on peut confirme cela?
Qu'on se le mette en tête, je crois que nous sommes carrément aux prises avec une forme de scandale, non seulement pour votre entreprise, mais également pour le processus au Canada.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Miao, je tiens à ajouter quelque chose à la question que vous avez posée tantôt.
Vous avez demandé combien de temps un tel projet pouvait représenter pour une équipe comme l'équipe Daoust. L'équipe a ensuite expliqué tout cela.
Or, pour ce concours, il y avait sept membres du jury. Ce sont environ 300 heures qui ont été accumulées pour mettre en place et faire avancer le concours. Il y avait aussi un comité technique. De plus, il n'y avait pas seulement une firme, mais neuf autres qui ont fait la même démarche.
C'est vraiment un extraordinaire gaspillage des fonds publics.
Monsieur le président, comme vous vous en doutez peut-être, j'ai une motion à proposer.
Je propose:
Que, conformément à l'article 108(1) du Règlement, le Comité demande au gouvernement de produire l'ensemble des courriels, des notes de service et des autres documents non caviardés, échangés entre les différents ministères impliqués dans le choix de l'artiste et de l'équipe de conception du monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan, soit le ministère du Patrimoine canadien et le ministère des Anciens Combattants, le cabinet du premier ministre et le Conseil privé; et que le tout soit parvenu au greffier du Comité, dans les deux langues officielles, au plus tard le 17 novembre 2023;
Que le président du Comité dénonce la volteface du gouvernement et le non-respect des règles dont a fait preuve le gouvernement en décidant de ne pas décerner la conception du monument commémoratif à l'équipe liant l'artiste Luca Fortin et la firme d'architecte Daoust Lestage Lizotte Stecker ayant remporté le concours mené par une équipe d'experts mise sur pied par le gouvernement libéral lui-même;
Et que, dans le cadre de son étude sur le monument commémoratif, le Comité ajoute une rencontre et invite à témoigner M. Pablo Rodriguez, ancien ministre du Patrimoine canadien et M. Lawrence MacAuley, ancien ministre des Anciens Combattants pour un minimum d'une heure chacun, et ce, dans la semaine suivant la réception des documents.
:
Merci, monsieur Desilets.
J'ai consulté le greffier et, compte tenu du temps qui nous est imparti pour cette séance, il faudrait le consentement des membres du Comité pour poursuivre le débat sur la motion que vous venez de déposer.
Tout le monde semble d'accord, alors nous pouvons continuer le débat. Je sais que le sujet intéresse les témoins aussi, mais je leur présente tout de même mes excuses, au nom du Comité, alors que nous poursuivons cette discussion.
Monsieur Paul‑Hus, vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
C'est une motion très importante. Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous devons faire la lumière là-dessus. L'équipe Daoust n'a pas les moyens d'en faire davantage. Elle a déjà fait de grands efforts.
Nous avons une responsabilité, ici. Je le répète, ce qui me dérange le plus, c'est le processus qu'on a utilisé. Encore une fois, le gouvernement prend des décisions qui vont à l'encontre de ce qu'un gouvernement doit normalement faire, comme il l'a fait au cours des huit dernières années dans plusieurs dossiers. Tout ce qu'un gouvernement ne doit pas faire, les libéraux le font.
Voilà pourquoi je trouve important que nous allions au fond des choses et que nous obtenions les documents nécessaires pour avoir une meilleure idée de ce qui s'est passé dans ce dossier, qui est extrêmement important.
:
Merci, monsieur le président.
À mon avis, la motion de M. Desilets est importante pour deux raisons.
La première, c'est la transparence. On doit obtenir les documents nécessaires pour pouvoir aller au fond des choses et obtenir l'information nécessaire. Trop souvent, certains ministères ne sont pas assez transparents. Cette motion couvre l'aspect de la transparence.
La deuxième, c'est le principe des responsabilités ministérielles. Il faut pouvoir parler aux ministres qui étaient en poste et qui ont pris ces décisions à ce moment-là. Si on fait comparaître des ministres qui occupent de nouvelles fonctions et qui disent qu'ils n'étaient pas là, qu'ils sont désolés, qu'ils sont plus ou moins au courant et qui se faufilent par la porte arrière, nous n'obtiendrons pas une vraie reddition de comptes en matière de responsabilité ministérielle.
Pour l'instant, les gens de tous les partis autour de cette table sont intervenus. Pour toutes ces raisons et par respect pour les témoins que nous avons invités à comparaître, je demande le vote.
[Français]
S'il vous plaît, laissez-moi prendre le temps de saluer les témoins parce qu'ils ont peut-être d'autres engagements, dont Me Le Moine et M. Chupin, qui est professeur. Laissez-moi prendre le temps de les saluer. S'ils veulent rester, c'est parfait. Ensuite, nous allons poursuivre la discussion.
Chers membres du Comité, nous avions parmi nous, au cours de cette première heure, Me François Le Moine, avocat; Mme Francyne Lord, conseillère en art public; M. Jean‑Pierre Chupin professeur titulaire de la Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations de l'excellence, de l'Université de Montréal, par vidéoconférence; et Mme Renée Daoust, associée principale, architecte, urbaniste, ainsi que M. Luca Fortin, artiste et architecte, de l'équipe Daoust.
Vous avez fait mention de documents dans vos interventions; si vous les avez en main, je vous prie de bien vouloir les transmettre au greffier pour qu'ils soient distribués aux membres du Comité.
Sur ce, je vous remercie de votre présence au Comité.
Nous poursuivons le débat.
Je vois que MM. Richards et Casey veulent intervenir.
Monsieur Richards, la parole est à vous.
:
J'aurais quelques points à soulever. Je vais d'abord renchérir sur ce que M. Boulerice vient de dire. Je serai donc relativement bref.
Je pense que tout le monde se rend compte que le processus normal n'a pas été suivi dans le cas dont nous débattons. Les propos des témoins ont révélé des aspects extrêmement choquants.
Selon les témoins, le gouvernement a fait preuve d'un manque d'éthique exceptionnel au point que les artistes ne pourraient ne plus être enclins à participer à des concours. Les témoins ont dit n'avoir jamais connu de cas où des avis d'experts externes avaient été rejetés. Selon eux, cette situation entachera la crédibilité du gouvernement et ébranlera la confiance du public. Certes, il arrive que des processus soient annulés, mais en règle générale, les responsables du concours reçoivent la décision du jury et la transmettent aux instances qui octroient les contrats. Ce qui s'est passé pourrait décourager les artistes de postuler et dissuader les gens de faire partie d'un jury. Enfin, un témoin a dit que les Canadiens avaient le droit de connaître les motifs de la décision du gouvernement. En somme, je trouve préoccupantes bon nombre des interventions que nous avons entendues aujourd'hui.
Ce que vient de dire M. Boulerice est tout à fait juste. En effet, seulement en raison des changements apportés au Cabinet il y a quelques mois, des ministres peuvent s'en tirer en affirmant devant le Comité qu'ils ne savent pas vraiment ce qui s'est passé. Ils peuvent esquiver la responsabilité de rendre compte de cette mesure tout à fait inhabituelle, et peut-être sans précédent, consistant à écarter complètement la décision d'un jury. Au‑delà de ce que les gens pensent du monument qui sera érigé, il y a la nécessité pour les soumissionnaires et pour le gouvernement de suivre le processus établi.
Je pense qu'il est important que nous entendions ces ministres parce que la responsabilité ministérielle revient à ceux qui étaient en poste lorsque les décisions ont été prises. Nous devons suivre cette logique.
Si je n'avais pas entendu tout ce que j'ai entendu aujourd'hui, j'aurais peut-être vu la motion d'un autre œil. Après avoir entendu ce genre de choses et avoir regardé des ministres se dérober à leur obligation de rendre des comptes seulement parce qu'ils n'étaient pas là à l'époque à laquelle les décisions ont été prises, je suis porté à croire que des éléments très importants doivent être mis au jour devant le Comité.
Un député du gouvernement a fait valoir que la motion nous détournerait de l'étude importante que nous avons amorcée sur les vétéranes. Il nous reste neuf séances, dont huit pour l'étude en question. Avec un peu de chance, nous terminerons l'étude avant Noël.
Nous hériterons sûrement d'autres dossiers. Je ne sais pas si nous aurons un budget supplémentaire des dépenses ou autre chose de similaire, mais nous devrons probablement nous pencher sur d'autres questions. Même si ces dossiers atterrissaient au Comité à une ou deux séances de la fin de l'étude, nous pourrions demander à l'analyste d'entamer son rapport au moyen des témoignages entendus jusque‑là, ce qui représenterait 95 % de l'ensemble des témoignages pour cette étude. Nous pourrions tenir les deux dernières séances plus tard et laisser ensuite l'analyste ajouter les témoignages restants. De cette manière, la production du rapport ne serait pas retardée.
Nous allons nous rendre à la pause de Noël. L'analyste aurait six ou sept semaines pour travailler sur le rapport. Il s'y prendra comme il le voudra, mais quoi qu'il arrive, dès notre retour de la pause parlementaire, nous pourrions réviser et terminer le rapport. Il serait retardé de deux jours tout au plus. Je pense que de prendre deux jours de plus pour terminer un rapport sur une étude approfondie comme celle‑là ne serait pas la fin du monde. Nous pouvons encore rendre justice à cette étude, tout comme nous devons le faire pour l'autre dossier.
Si les ministres qui viennent témoigner déclinent leurs responsabilités parce qu'ils n'étaient pas là au moment des événements, invitons alors à témoigner les ministres qui étaient en fonction à ce moment-là.
Je vais m'arrêter ici.
:
Nous reprenons la séance.
[Traduction]
Pour la deuxième heure de la séance, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 3 octobre 2022, le Comité reprend son étude sur les expériences vécues par les vétéranes.
[Français]
Je souhaite informer les membres du Comité que les tests de connexion ont été réussis.
Puisque nous parlerons de notre étude sur les expériences vécues par les vétéranes, il est de mise de lancer un avertissement de trauma, surtout en présence des vétéranes. Je veux donc vous signaler que cette séance pourrait avoir une certaine incidence sur certaines personnes ici présentes et sur certains téléspectateurs. Nous souhaitons donc vous en aviser.
Permettez-moi de saluer nos invitées.
[Traduction]
Nous accueillons, de la Gendarmerie royale du Canada, Jennifer Ebert, commissaire adjointe et commandante divisionnaire, Division B, par vidéoconférence; DeAnna Hill, commissaire adjointe et commandante divisionnaire, Division J, par vidéoconférence; Nadine Huggins, dirigeante principale des ressources humaines; Joanne Rigon, directrice exécutive et agente de liaison, Services nationaux de rémunération, Ressources humaines.
[Français]
Mme Nadine Huggins prononcera l'allocution d'ouverture, au nom de la GRC.
[Traduction]
Madame Huggins, vous avez cinq minutes pour votre déclaration préliminaire. La parole est à vous.
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à me joindre à vous aujourd'hui.
Le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, M. Michael Duheme, ne peut pas être présent en raison d'autres engagements qu'il avait aujourd'hui, mais je suis heureuse de pouvoir m'adresser au Comité en son nom.
[Traduction]
En cette semaine très importante du jour du Souvenir, j'aimerais remercier toutes les personnes en uniforme qui ont servi et qui continuent de servir.
Je m'appelle Nadine Huggins. Je suis sous-ministre adjointe principale responsable des ressources humaines à la GRC depuis le 1er mai 2022. Je suis pleinement consciente du travail important accompli par nos membres, qui s'exposent souvent à des risques pour servir la population et assurer la sécurité des Canadiens.
Depuis 2020, je dirige les efforts de modernisation des effectifs tout en pilotant la mise au point de la stratégie en matière de ressources humaines, le plan d'action Vision150 axé sur l'équité, la responsabilité et la confiance, de même que, plus récemment, la stratégie en matière d'équité, de diversité et d'inclusion de la GRC. En faisant évoluer les mentalités, les valeurs et les comportements, ces programmes appuient l'engagement du commissaire à faire de la GRC une organisation moderne, inclusive et digne de confiance.
[Français]
Je tiens à souligner respectueusement que, comme je suis à Ottawa, je me trouve sur le territoire traditionnel non cédé de la nation anishinabe.
Nous travaillons tous à des endroits différents et, par conséquent, vous vous trouvez peut-être sur le territoire d'une autre nation autochtone.
[Traduction]
Je vous invite à prendre un moment pour réfléchir à cela et à reconnaître le territoire où vous vous trouvez dans le cadre de votre travail.
Je suis heureuse de pouvoir vous parler de l'expérience d'anciennes membres de la GRC et je tiens à saluer les grandes pionnières comme l'honorable Beverly Busson, ancienne commissaire de la GRC qui a déjà comparu devant vous; notre récente retraitée, Mme Brenda Lucki, et les membres actuelles de la GRC, notamment les commandantes divisionnaires qui m'accompagnent aujourd'hui.
D'abord et avant tout, la transformation de la culture organisationnelle, qui comprend l'instauration d'une saine culture de gestion, est une priorité pour la GRC. Notre vision est de faire de la GRC une organisation saine, inclusive et digne de confiance qu'attendent et que méritent nos employés, les intervenants et les collectivités qu'ils servent.
La réalisation de cette vision permettra à la GRC d'atteindre l'excellence sur le plan opérationnel.
La GRC a mis en œuvre plusieurs initiatives relatives aux expériences ou aux préoccupations particulières des femmes qui travaillent au sein de l'organisation ou qui délaissent l'uniforme pour relever de nouveaux défis.
Ces initiatives portent plus précisément sur les effets, l'équipement et les vêtements, l'évaluation de la condition physique et le perfectionnement des leaders de demain. Elles visent à améliorer le recrutement, le maintien en poste et l'expérience de transition des femmes de notre organisation.
Ces démarches sont orientées par un ensemble de connaissances sur les facteurs qui limitent la volonté des femmes de faire carrière au sein de la police — qui sont semblables aux facteurs dont vous avez entendu parler par rapport aux Forces armées canadiennes — et par la compréhension que beaucoup de ces mêmes facteurs entraînent des taux d'attrition et de maintien en poste insatisfaisants et de mauvaises expériences au moment de quitter l'organisation.
La GRC est consciente que le principal obstacle au recrutement des femmes, outre les risques inhérents à la profession, est la culture de l'organisation.
La GRC s'éloigne activement des démarches de recrutement traditionnelles et remet en question ses pratiques sous l'angle de l'équité. Nous comprenons que le principal obstacle à la capacité d'attirer des talents de populations diversifiées est souvent la culture de l'organisation. Le défi n'est pas de faire une meilleure promotion, mais d'accroître la capacité de la GRC d'être un employeur de choix.
Les femmes et les personnes issues d'autres groupes en quête d'équité qui sont mutées à l'intérieur de la GRC, qui quittent l'organisation ou qui retournent à la vie civile peuvent s'attendre à recevoir des services intégrés et personnalisés en fonction de leurs besoins. Nous avons l'intention de répondre à leurs besoins et nous continuerons de travailler avec nos partenaires pour y arriver.
La GRC renforce sa collaboration avec Anciens Combattants Canada afin de mieux répondre aux besoins de ses membres actifs et ses anciens membres.
Nous avons intégré l'analyse comparative entre les sexes plus dans toutes nos politiques et procédures, ainsi que dans nos décisions concernant les effets, les vêtements et d'autres éléments.
La GRC continue de faire d'importants progrès pour devenir un employeur de choix, non seulement pour ses membres en uniforme, mais aussi pour tous ses employés.
Merci.
:
Merci, monsieur le président, et merci à nos invitées de leur présence aujourd'hui.
Pour nous préparer à cette réunion, nous avons reçu des renseignements généraux. Le Comité a entendu beaucoup d'informations précieuses sur les expériences des anciennes combattantes des Forces armées canadiennes. Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler aujourd'hui, car la Division Dépôt de la GRC se trouve à Regina, tout juste à la limite de ma circonscription. J'ai quelques amis proches, là‑bas, et je suis ravi que vous soyez ici.
Trouver des renseignements sur les expériences propres aux membres féminines de la GRC n'est pas si simple. L'impossibilité de trouver des renseignements sur les anciennes de la GRC est souvent soulignée, même dans les études universitaires. Ce manque de recherches et d'information sur les anciennes de la GRC est donc un problème pour nous, d'où l'importance de votre présence ici aujourd'hui.
Le manque d'information est‑il un élément qui devrait figurer dans notre rapport?
:
Je peux faire des commentaires à ce sujet.
C'est Jennifer Ebert qui parle. Je vous remercie de m'avoir invitée, monsieur le président.
Je pense qu'il est important de suivre une approche fondée sur des données probantes et de comprendre qu'il existe des différences considérables en raison de facteurs géographiques et de la nature du travail des agents de la GRC, en particulier les policières. Je suis dans le domaine policier depuis 26 ans. J'ai travaillé dans six provinces et occupé neuf postes — tous contractuels — et je suis commandante divisionnaire. J'ai donc un point de vue qui m'est propre, et ma collègue DeAnna Hill a certainement un point de vue différent, à l'instar d'autres agentes d'un bout à l'autre du pays. Voilà pourquoi j'estime qu'avoir une telle base de données est extrêmement important, car mon expérience n'est pas nécessairement identique à celle des autres, puisque j'ai manifestement connu du succès à titre de commissaire adjointe et de commandante au cours des six dernières années.
Je passe la parole à DeAnna Hill, ma collègue.
Monsieur le président, j'aimerais savoir qui est le véritable responsable des anciens combattants et anciens membres de la GRC. J'espère aussi que nous aurons l'occasion d'entendre des vétéranes de la GRC, étant donné que c'est plutôt compliqué — comme nous le savons, je pense — en raison de l'exclusion des ex-membres de la GRC, en particulier les vétéranes, de la Loi sur le bien-être des anciens combattants.
Selon vous, comment se comparent les services offerts aux ex‑membres de la GRC aux services offerts aux anciens combattants des Forces armées canadiennes? La semaine dernière, si ma mémoire est bonne, on nous a parlé de l'incidence du traitement réservé aux membres pendant leur service sur la façon dont on les traite comme vétérans. Si l'on néglige de poser les questions pertinentes sur la santé des femmes pendant leur service, il devient difficile de traiter de ces questions après leur sortie.
En outre, pour ce qui est des accidents du travail, comment composez-vous avec les cas où le traumatisme sexuel d'une personne est manifestement lié au travail et non à un incident? Que faites-vous dans le cas des femmes qui ont quitté l'organisation alors qu'elles vivaient un traumatisme? Comment gérez-vous cela? En quoi est‑ce différent? Combien de vétéranes présentent des demandes à ACC en raison de traumatismes sexuels?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins.
Madame Huggins, je voudrais approfondir la question soulevée plus tôt par mon collègue conservateur.
Lors de la dernière réunion du Comité, nous avons entendu parler de militaires canadiennes, vétéranes ou en service, qui avaient subi l'ablation des seins, parce que l'équipement n'était pas adéquat et que cela créait des blessures répétitives. Il semble que c'est la solution qu'on avait trouvée.
Vivez-vous cela à la GRC également? Avez-vous entendu parler de tels cas?
Monsieur le président, je vous remercie de la question.
Personnellement, je ne me souviens pas d'avoir entendu parler d'un tel cas dans le passé, et je serai bientôt une vétérane. J'ai 34 ans de service dans la GRC, et il est fort probable que je me retrouve de l'autre côté des choses dans un avenir pas si lointain.
À mes débuts, notre tenue vestimentaire était très différente de ce qu'elle est aujourd'hui. D'importants ajustements ont été apportés sur le plan de l'uniformité. Au lieu d'avoir une tenue pour les femmes, une tenue pour les hommes et un équipement approuvé, les règles ont été adaptées afin de nous permettre de choisir de porter le pantalon ou la jupe. Il y a beaucoup d'exemples de ce genre.
La question plus générale, de mon point de vue, est la quantité considérable d'équipement que doit porter une agente de police au quotidien. Un des principaux problèmes, c'est lorsque la plupart...
:
Merci beaucoup de la question.
Notre organisation veille à ce que toutes nos politiques et procédures fassent l'objet d'une analyse comparative entre les sexes plus. Nous avons commencé ce processus avec nos effets et notre équipement. Comme la commissaire adjointe Ebert l'a expliqué, les choses sont très différentes de ce qu'elles étaient auparavant, et c'est en partie en raison de l'analyse comparative entre les sexes que nous avons effectuée.
La transformation pour les femmes au sein de l'organisation vise essentiellement à nous assurer que nous formons des dirigeants de tous les genres et que nous veillons à ce que ces voix et ces expériences vécues soient prises en compte dans nos décisions touchant tous les domaines. La transformation au sein de la GRC et son incidence sur les femmes sont influencées par les recommandations et les évaluations entourant notre organisation. Nous les avons vraiment prises à cœur et mises en œuvre.
En fait, tout récemment, le commissaire a nommé une nouvelle sous-ministre adjointe principale responsable de la transformation au sein de l'organisation. Son rôle principal sera de veiller à ce que nous mettions en œuvre toutes les recommandations issues des divers examens auxquels l'organisation a participé.
J'espère ne pas me tromper. Corrigez-moi dans votre réponse si je fais fausse route.
Je crois comprendre que les agentes de la GRC restent dans l'organisation pendant un certain temps. Leurs carrières semblent assez stables, mais elles ne sont pas aussi longues que celles de leurs homologues masculins. Je pense que c'est ce que j'ai compris. Pouvez-vous me corriger si je me trompe?
De plus, pouvez-vous expliquer le processus de collecte de données sur les agentes de la GRC en service? Je me demande comment les renseignements concernant les femmes sont recueillis, et quelles données sont mesurées sur le maintien des femmes dans les forces et sur les résultats sur la santé des femmes pendant la période où elles servent.
Les vétéranes des Forces armées canadiennes nous ont dit que, si leur période de service n'est pas bien documentée, elles ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin lorsqu'elles deviennent vétéranes parce que la documentation n'a pas bien été compilée.
Je me demande si vous pourriez parler de ce qui se fait à la GRC et du degré de réussite que vous connaissez.
:
D'accord. Merci beaucoup.
Merci, madame Blaney.
Avant de vous donner congé, chers témoins, je vous rappelle, comme vous l'avez dit, que vous avez des documents sur le recrutement, la rétention et d'autres sujets. N'hésitez pas à tous les envoyer au greffier.
Notre analyste a une demande spéciale pour le rapport. Nous aimerions connaître le nombre de demandes pour traumatisme sexuel soumises par d’anciens employés de la GRC à Anciens Combattants Canada. Nous aimerions recevoir cette information pour notre rapport.
[Français]
Mesdames et messieurs, nous avons accueilli en deuxième heure des représentantes de la GRC, que j'ai le plaisir de saluer.
Par vidéoconférence, nous avons reçu Mme Jennifer Ebert, commissaire adjointe, commandante divisionnaire, Division B, ainsi que Mme DeAnna Hill, commissaire adjointe, commandante divisionnaire, Division J.
Nous recevions aussi en personne Mme Nadine Huggins, dirigeante principale des ressources humaines, et Mme Joanne Rigon, directrice exécutive, agente de liaison, Services nationaux de rémunération, Ressources humaines.
Encore une fois, au nom des membres du Comité et en mon nom, nous vous remercions d'être venues nous rencontrer aujourd'hui.
J'en profite pour remercier toute l'équipe technique et toutes les personnes qui ont travaillé à cette réunion et je salue les membres du Comité.
La séance est levée.