:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 36e réunion du Comité permanent des anciens combattants.
[Traduction]
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 3 octobre 2022, le Comité reprend son étude sur la stratégie nationale pour l'emploi des vétérans après le service.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Pour en garantir le bon déroulement, voici quelques consignes.
Attendez que je vous nomme avant de prendre la parole.
Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer et prendre la parole. En ce qui concerne l'interprétation, vous avez le choix de la langue au bas de votre écran. Je crois que la greffière a informé nos témoins de la façon de procéder pour passer de l'anglais au français.
Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
Je vous avise que, conformément à notre motion de régie interne à ce sujet, les tests de son ont été faits. Nous espérons que tout se déroule bien au cours de cette rencontre.
Permettez-moi maintenant d'accueillir nos témoins.
[Traduction]
Nous recevons le président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada, M. Mike Mueller, par vidéoconférence. Nous recevons aussi, de l'organisme Du régiment aux bâtiments, Paul Bury, le directeur des Services de transition, et Normand Trépanier, le directeur adjoint.
Monsieur Mueller, vous aurez la parole pour cinq minutes, mais je vous prie d'être à l'affût, parce que je vous indiquerai quand il ne vous restera qu'une minute, puis quand votre temps sera écoulé. Veuillez respecter le temps imparti.
Après l'exposé, il y aura une série de questions de la part des membres du Comité.
Monsieur Mueller, la parole est à vous pour cinq minutes ou moins. Veuillez activer votre micro et commencer.
:
Excusez-moi, monsieur Mueller. Nous devons vérifier le son parce que nous avons des problèmes avec l'interprétation.
Nous allons commencer par les témoins dans la salle. Nous reviendrons à vous ensuite.
[Français]
Cela me fait penser à saluer nos deux collègues qui sont aussi avec nous dans la salle, soit Mme Kristina Michaud et M. Francis Drouin.
Sur ce, quel témoin prendra la parole en premier?
[Traduction]
Est‑ce que ce sera Paul Bury ou Normand Trépanier qui fera l'allocution?
Monsieur Bury, vous avez la parole pour cinq minutes ou moins. Allez‑y, je vous prie.
:
Bonsoir, monsieur le président.
Comme vous l'avez dit, je m'appelle Paul Bury et je suis un directeur de l'organisme Du régiment aux bâtiments Canada, ou DRB. Je suis accompagné ce soir de mon collègue, M. Normand Trépanier.
J'aimerais vous remercier, ainsi que les membres du Comité, de nous donner l'occasion de discuter avec vous ce soir de notre organisme et des avantages qu'il offre aux anciens combattants des Forces armées canadiennes, aux réservistes en service, aux conjoints et aux personnes à charge des militaires, aux membres des organisations de cadets du Canada âgés de 16 à 19 ans et aux interprètes afghans maintenant réinstallés qui ont travaillé avec les Forces armées canadiennes pendant leur déploiement en Afghanistan.
Du régiment aux bâtiments est un organisme national sans but lucratif financé par le secteur de la construction syndiqué, et dont le personnel est composé d'anciens combattants et de représentants du secteur. DRB reçoit aussi ponctuellement des fonds des gouvernements fédéral et provinciaux pour des projets d'emploi visant particulièrement les anciens combattants. Plus précisément, DRB a reçu des sommes par l'entremise du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille, ce qui a permis à l'organisme d'étendre sa présence dans le Canada atlantique et de lancer une initiative pour les vétérans femmes et LGBTQ2+. Nous sommes extrêmement reconnaissants de ce financement et impatients de trouver d'autres possibilités grâce à Anciens Combattants Canada.
Affilié aux 14 syndicats canadiens des métiers de la construction, qui représentent plus de 60 professions, DRB a pour mission d'aider les anciens combattants des forces armées, les réservistes en service et d'autres clients ciblés à trouver des possibilités de carrières civiles enrichissantes dans les industries du bâtiment et de la construction au Canada. Grâce à son réseau pancanadien, DRB entretient des liens étroits avec les sections locales des syndicats de la construction et leurs entrepreneurs affiliés. Il dirige les participants inscrits vers des possibilités d'apprentissage et d'emploi dans les industries de la construction au Canada. Les programmes d'apprentis permettent aux participants d'acquérir les compétences nécessaires pour obtenir les qualifications de compagnon et du Sceau rouge dans diverses professions.
DRB offre des services professionnels et personnalisés aux participants inscrits en les guidant dans leur transition vers une nouvelle carrière et en aidant les employeurs dans leur recherche d'employés potentiels. Depuis sa création en 2012, DRB a orienté plus de 2 300 militaires vers de secondes carrières bien rémunérées dans le secteur des métiers. Nous recevons de nombreux témoignages indiquant que cette expérience a eu un effet important et positif sur la vie de ces anciens combattants, de leur famille et de la communauté.
DRB occupe une position privilégiée au Canada qui lui permet de faciliter la transition des anciens combattants des Forces armées canadiennes et des réservistes actifs vers des carrières dans les métiers spécialisés. Nous travaillons en étroite collaboration avec les participants en transition afin d'aider à réduire le stress associé à ce changement en leur offrant de l'information sur les emplois, des références pour des placements comme apprentis et des coordonnées d'employeurs partout au Canada. De plus, nous collaborons étroitement avec les sections locales des syndicats pour nous assurer que les femmes, les Autochtones et les personnes racisées parmi les anciens combattants sont considérés comme une priorité et profitent des services offerts par DRB.
Le secteur canadien de la construction a une main-d'œuvre vieillissante et, au cours de la prochaine décennie, elle perdra un pourcentage important de ses travailleurs qualifiés, qui partiront à la retraite. Pour pourvoir les postes laissés vacants par les baby-boomers retraités et répondre aux besoins créés par la croissance prévue de la demande, le secteur devra recruter et former de nouveaux travailleurs. Les anciens combattants du Canada et les réservistes en service sont considérés comme hautement qualifiés et sont prisés pour les emplois dans les métiers. DRB est en mesure d'ouvrir des perspectives d'emploi aux anciens combattants du Canada et d'offrir des solutions aux entrepreneurs et aux employeurs de la construction canadiens en les aidant à pourvoir les postes vacants dans les corps de métier.
Monsieur le président, j'aimerais passer la parole à mon collègue, M. Trépanier, pour des commentaires de quelques minutes.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous remercier de nous accueillir et de nous permettre de parler au nom de notre organisation, Du régiment aux bâtiments.
Beaucoup de gens ne savent pas que, lorsqu'une personne décide de se joindre aux Forces armées canadiennes, elle met sa vie civile sur pause. Elle consacre sa vie et son temps à la protection du pays et de ses habitants. Il existe une légende urbaine selon laquelle tous les militaires qui quittent les Forces armées canadiennes reçoivent une pension à vie. Ce n'est pas tout à fait vrai. Pour y être admissible, un militaire doit avoir rendu un minimum de 25 ans de bons et loyaux services. Toutefois, si une blessure survient et qu'elle est attribuable au service militaire, une pension à vie peut être octroyée pour des raisons médicales.
Un vétéran ayant servi son pays pendant moins de 25 ans n'est pas admissible à une pension. Cependant, à son licenciement, les Forces armées canadiennes lui remettront sa contribution au Régime de pensions du Canada, moins les impôts non perçus. Même s'il a servi son pays pendant 5, 10 ou 20 ans, c'est lui qui devra prendre les rênes de sa vie. Cela peut paraître banal pour ceux et celles qui quittent une belle carrière. Il n'en demeure pas moins que le fait de tout recommencer peut devenir très stressant, voire cauchemardesque pour certains. L'organisme Du régiment aux bâtiments a justement été créé pour éviter ce stress à nos vétérans.
Un vétéran qui décide d'entreprendre une deuxième carrière dans le monde de la construction peut compter sur l'expertise et l'expérience des gens de l'organisme Du régiment aux bâtiments. Deux fois par année, au printemps et à l'automne, nous sommes invités au séminaire de préparation à une deuxième carrière pour parler du programme, informer les participants des services que nous offrons et les inviter à s'inscrire.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, je suis navré de ne pas être en mesure d'être présent en personne. Cela fait tellement de bien de se voir en personne à nouveau.
Je suis ravi d'être parmi vous au nom de l'Association des industries aérospatiales du Canada.
Je remercie le Comité de prendre le temps de s'intéresser à cet important sujet. Comme vous le savez peut-être, notre secteur emploie un nombre considérable de vétérans des Forces armées canadiennes. Je suis particulièrement fier, quand je rends visite à des entreprises membres, de voir le nombre de vétérans employés par ce secteur, alors toute mesure que vous pourriez adopter pour soutenir cet effort est grandement appréciée.
Pour vous donner un peu de contexte, nos membres représentent 90 % de l'activité aérospatiale au Canada, que ce soit dans les domaines civil, spatial ou de la défense. En 2021, le secteur aérospatial comptait pour 24 milliards de dollars du PIB et près de 200 000 emplois de l'économie canadienne. Il s'agit d'emplois hautement spécialisés et bien rémunérés dans toutes les régions du pays. Notre industrie est un secteur d'importance dans des régions partout au Canada, et favorise l'innovation, la création d'emplois et la croissance économique.
Toutefois, nous éprouvons de grandes difficultés à trouver les bons travailleurs pour répondre aux exigences d'un marché qui évolue rapidement et de progrès technologiques tout aussi rapides. Notre secteur dépend fortement de la main-d'œuvre spécialisée, des ingénieurs aux techniciens, en passant par les machinistes et les assembleurs. Un fossé se creuse entre le nombre d'emplois disponibles et le nombre de travailleurs qualifiés pour les occuper. Je suis certain que de nombreux autres secteurs vous disent la même chose. Cette situation est attribuable à une combinaison de facteurs, dont le départ à la retraite de travailleurs expérimentés, la demande croissante pour la main-d'œuvre spécialisée dans tous les domaines et le besoin en programmes de formation et de perfectionnement de la main-d'œuvre.
Du côté de la formation, nous avons récemment appris de bonnes nouvelles. Dans le cadre du Sommet de l'aérospatiale canadienne, le gouvernement a annoncé un investissement de 39 millions de dollars en vertu du Programme d'appui aux solutions sectorielles pour la main-d'œuvre destiné au Conseil canadien de l'aviation et de l'aérospatiale, qui se spécialise dans une telle formation. Plus de 900 travailleurs de l'aérospatiale, nouveaux et actuels, en profiteront partout au Canada. Nous sommes ravis de travailler en étroite collaboration avec le Conseil sur cette initiative importante et nous sommes très reconnaissants de cet investissement. Il répond à la nécessité de durabilité et, simultanément, aux exigences très avancées du secteur pour de nouvelles compétences et de la nouvelle formation.
Dans son étude de 2021 sur le secteur de l'aérospatiale au Canada, le Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes a souligné la nécessité pour le gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces et les territoires pour financer la formation postsecondaire dans tous les secteurs de l'aérospatiale. Notre industrie est en concurrence avec d'autres pays pour attirer les meilleurs talents, et nous devons nous assurer que les employeurs peuvent attirer les travailleurs dont ils ont besoin. Le fait de récupérer nos talents ou d'en trouver de nouvelles sources est à la fois une occasion et un défi pour le secteur. On estime qu'il faudrait 58 000 travailleurs supplémentaires dans des postes spécialisés essentiels d'ici 2028. Nous avons une occasion en or de faire les choses correctement, pour aujourd'hui et pour l'avenir, et je suis très heureux de voir le Comité accorder la priorité à une étude sur une stratégie nationale pour l'emploi des vétérans après le service.
Il est primordial de se servir des talents que nous avons, des talents qui sont prêts à être mis à contribution. Notre secteur accueille favorablement les compétences, les connaissances et l'expérience des vétérans; l'association semble naturelle. Beaucoup de nos entreprises membres emploient des vétérans, comme je l'ai dit au début. Notre association nationale a la chance de compter deux anciens combattants extrêmement accomplis dans ses rangs. Tous deux sont d'anciens brigadiers-généraux. Ils offrent désormais des conseils inestimables à nos membres grâce à leur travail au sein de l'Association et à leur pouvoir d'influence au sein de nos comités techniques. L'ampleur des connaissances offerte par les vétérans ne peut venir que de l'expérience unique qu'ils possèdent.
En conclusion, les défis du marché de la main-d'œuvre dans le secteur aérospatial sont considérables, mais pas insurmontables. Nous soutenons pleinement l'idée d'utiliser le talent et l'expérience des vétérans. Je pense que nous partageons tous l'objectif de nous assurer que ce secteur important continue de fleurir et d'offrir des emplois passionnants et bien rémunérés aux générations à venir, tout en profitant de l'expérience, du talent et des connaissances des anciens combattants de notre pays.
Je vous remercie à nouveau pour votre intérêt. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Mueller, pour votre exposé.
Monsieur Bury et monsieur Trépanier, merci de vous joindre à nous aujourd'hui.
L'objectif de notre comité est de s'assurer que les vétérans qui ont servi notre pays, qui ont mis leur vie en danger et qui cherchent aujourd'hui une deuxième carrière sont en mesure de se trouver un emploi intéressant. Je crois que vos allocutions s'harmonisent avec cet objectif.
Le Comité essaie de comprendre, avant de proposer une stratégie, où se situe l'embâcle. Comme vous le disiez, monsieur Bury, il semble y avoir des disponibilités d'emploi pour les vétérans après le service et, évidemment, il y a un besoin dans le secteur de la construction, si je ne me trompe pas.
Pourriez-vous me dire où se trouve la difficulté, à votre avis, de trouver un emploi aux vétérans? Est‑ce une question de compétences? Est‑ce une question de sensibilisation? Est‑ce simplement une question de disponibilité?
:
Merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui.
Je dois admettre que, à l'écoute de votre exposé, j'ai été très impressionné. Il est vraiment impressionnant de voir le nombre de vétérans qui travaillent pour vous par rapport à l'ensemble de l'industrie aérospatiale. Je vous en remercie. Vous travaillez à la transition, qui est si essentielle et, comme nous le savons, nécessaire.
Je sais que mon collègue a posé des questions sur la reconnaissance des aptitudes, mais, au sein de vos deux organisations, sait‑on qu'il existe un programme d'études et de formation destiné aux vétérans qui peut servir à leur perfectionnement et à la mise à niveau de leurs compétences?
Allez‑y, monsieur Trépanier.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis très heureuse de me joindre à mes collègues ce soir. J'ai déjà remplacé des membres de comité à quelques reprises, mais c'est la première fois que je le fais au Comité permanent des anciens combattants. Je suis certaine d'apprendre plusieurs choses ce soir.
J'aimerais d'abord remercier les témoins d'être ici. Nous leur sommes reconnaissants de leur présence.
Monsieur Trépanier, vous n'avez pas eu le temps de terminer votre allocution d'ouverture. J'ai quand même noté des choses qui m'apparaissent extrêmement intéressantes. Vous avez notamment rappelé que, à compétences égales, la fonction publique fédérale accordera peut-être l'avantage à un vétéran lors d'un processus d'embauche, contrairement au secteur privé.
Vous avez peut‑être des recommandations à nous faire à ce sujet. Je vous donne donc l'occasion de reprendre là où vous en étiez dans votre allocution quand on vous a coupé la parole et de nous en dire plus sur ce point précis.
Pour la réponse que vous attendez depuis un an, vous pouvez écrire à mon collègue, , qui siège habituellement au Comité. Nous pourrions sans doute vous aider à faire avancer les choses pour que vous obteniez une réponse dans un court délai.
Les analystes de la Bibliothèque du Parlement ont été assez gentils pour nous préparer un sommaire de la stratégie d'emploi nationale pour les vétérans et des programmes existants, dont celui qu'a mentionné M. Samson.
Est-ce que vous trouvez les programmes existants très utiles? Les utilisez-vous? Trouvez-vous qu'ils ont un effet positif pour les vétérans qui viennent chez vous? Avez-vous déterminé d'autres éléments ou d'autres besoins dans lesquels le gouvernement pourrait investir? Le gouvernement pourrait-il lancer de nouveaux programmes?
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Je vous remercie de cette question.
La COVID‑19 a présenté de grands défis. Personne au sein de votre comité ne sera surpris d'apprendre que la COVID‑19 a porté un dur coup au secteur de l'aérospatiale.
Selon les derniers indicateurs, environ 3 500 emplois ont été perdus dans l'aérospatiale. Il s'agit d'emplois de grande qualité, qui exigent des compétences spécialisées et qui rapportent de bons salaires. Ces emplois seraient 30 % plus payants que la moyenne des emplois dans le secteur de la fabrication. Ce sont d'excellents emplois, et la situation nous préoccupe vivement. Ce qui est bon signe toutefois, c'est que l'aérospatiale connaît une certaine relance, d'abord en entretien, en réparation, en révision et en fabrication.
Dans le but d'assurer la viabilité à long terme du secteur, il faut que des travailleurs talentueux se tournent vers cette industrie. Nous pensons que les anciens combattants sont bien placés pour ce faire. Nous devons collaborer étroitement avec le gouvernement et votre comité pour que les anciens combattants décrochent des postes au sein de notre industrie.
Nous voyons déjà les forces vives s'organiser naturellement. Nous avons fait état des mesures de sensibilisation, des collèges et du perfectionnement professionnel. Nous sommes ravis que votre comité examine le besoin d'établir une stratégie.
Nous aimerions également voir davantage...
:
Oui, tout à fait. Nous entrons en communication avec tous ceux qui font appel à nos services. En fait, je suis vieux jeu, j'aime parler directement avec les gens. Après une conversation, on se quitte sur la même longueur d'onde. On part de là, et le travail commence. Notre organisme achemine ensuite le dossier de l'ancien combattant aux employeurs qui l'intéressent, où que ce soit.
Monsieur le président, je souhaite rectifier un point. Au début de ma déclaration, j'ai dit que les fonds pour la formation sur la sécurité sont alloués par Anciens Combattants Canada. Je me suis trompé; en fait, le financement provient du Fonds pour le développement des compétences, un programme ontarien. Mes excuses.
Comme je l'ai dit, notre organisme entre en contact avec chaque ancien combattant qui nous approche. Nous voulons nous assurer que nous sommes tous sur la même longueur d'onde.
En ce qui concerne les Afghans, le défi qui se pose parfois à nous est celui de la langue, et cela ne fait que commencer. Même si je suis originaire de Shawinigan et que mon accent me vient probablement de M. Chrétien, nous sommes en mesure d'entretenir une belle complicité avec les Afghans et de travailler tous ensemble. Comme nous entrons directement en communication avec eux, ils ont le loisir de s'exprimer.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, vous avez mentionné que vous n'aviez pas eu le temps de dire quelque chose, et j'aimerais y revenir.
Nous savons que le gouvernement canadien accorde la priorité d'embauche dans la fonction publique aux anciens combattants qui ont des compétences équivalentes aux autres candidats. Le Comité a été informé qu'en date du 1er septembre 2021, 171 employés d'ACC s'étaient déclarés membres actuels ou anciens des Forces armées canadiennes. Sur 3 455 membres équivalents temps plein à ACC, cela représente donc environ 5 % des effectifs.
Selon la Commission de la fonction publique, qui est responsable d'évaluer les priorités à l'embauche, 330 candidats sur les 64 796 candidats embauchés en 2021‑2022 pour l'ensemble de la fonction publique sont des anciens combattants, ce qui représente environ un demi pour cent.
À votre avis, s'agit‑il d'une représentation adéquate ou d'une sous-représentation de l'embauche d'anciens combattants au sein de la fonction publique canadienne?
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins qui se joignent à nous ce soir pour prendre part à notre importante étude.
D'abord, je tiens à vous remercier pour tout le travail que vous faites en vue de doter les anciens combattants des moyens nécessaires pour faire la transition vers des emplois valorisants.
Monsieur le président, mes premières questions s'adressent à M. Bury ou à M. Trépanier.
J'aimerais savoir sur quoi vous vous fondez quand vous jumelez un ancien combattant à un emploi. Est‑ce que vous vous basez sur ses compétences ou sur ses intérêts?
Pouvez-vous nous expliquer le processus?
Voilà qui met fin à nos discussions avec ce groupe de témoins.
Au nom des membres du Comité, je tiens à remercier les témoins de leur participation à cette étude. Nous avons entendu M. Mike Mueller, président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada. Nous avons également reçu des représentants de l'organisme Du régiment aux bâtiments.
[Français]
Messieurs, après vous avoir écoutés, je présume que vous aussi êtes passés « Du régiment aux bâtiments ». Puisque j'ai l'impression que vous avez servi sous les drapeaux, j'aimerais donc aussi vous remercier de votre service militaire.
[Traduction]
Nous avons entendu M. Paul Bury, directeur, Services de transition, et M. Normand Trépanier, directeur adjoint.
Merci beaucoup.
Chers collègues, nous allons faire une courte pause afin de saluer ces témoins et d'accueillir les nouveaux.
[Français]
Je suspends la séance.
:
Nous passons maintenant au deuxième groupe de témoins.
Je vais rappeler brièvement quelques consignes à l'intention de nos témoins. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme, sauf si un député vous interpelle directement ou vous pose une question. Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement. Si vous n'avez pas la parole, votre micro doit être désactivé.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins. C'est avec plaisir que nous accueillons ce soir Harold Davis, président de l'organisme Persian Gulf Veterans of Canada.
[Français]
Nous accueillons aussi M. Alexandre Tremblay, président-directeur général, santé et sécurité du travail pour Prévactions.
Les deux témoins sont en ligne.
Messieurs, je vais vous aviser lorsqu'il vous restera une minute de temps de parole. Quand vous verrez le carton rouge, il faudra vous arrêter.
[Traduction]
Sur ce, j'aimerais donner la parole à M. Davis. Vous avez un maximum de cinq minutes pour votre déclaration.
Nous vous écoutons.
:
Bonsoir, et merci beaucoup de m'avoir invité dans le cadre de votre étude sur une stratégie nationale pour l'emploi des vétérans après le service.
J'ai été technicien en systèmes d'armement dans les forces aériennes pendant près de 32 ans. J'ai passé l'essentiel de ma carrière à m'occuper de munitions, de systèmes d'armes d'aéronefs et de tâches liées à la neutralisation de bombes.
Lorsque j'ai franchi le cap des 20 ans de service, j'ai commencé à me demander ce que je ferais une fois à la retraite, mais sur le coup, je ne m'y suis pas attardé outre mesure. En 2009, le jour où j'ai été libéré pour des raisons médicales, mon plan de retraite de 35 ans de service est tombé à l'eau. Si vous pensez que cela n'a rien de terrifiant, je peux vous dire que c'est tout le contraire. Famille, hypothèque, paiements de voiture: voilà autant de dépenses ordinaires pour la plupart des vétérans, mais je devais du coup chercher à savoir quel serait mon nouvel emploi.
J'ai eu de la chance à certains égards. J'ai bénéficié d'un programme de recyclage professionnel parce que j'avais été libéré pour des raisons médicales. Mes amis qui ont quitté l'armée pour d'autres raisons n'ont pas pu s'en prévaloir.
Je m'étais dit que j'allais trouver un emploi lié à mon métier. Je sais comment mon métier se transpose dans la vie civile. En fait, il n'y a aucun équivalent, sauf si vous connaissez quelqu'un qui veut doter son avion d'un système d'armement ou fabriquer une bombe, puisque j'avais été entraîné pour neutraliser des bombes. Rien de tout cela ne s'applique à la vie civile.
Comme je l'ai dit, j'ai eu de la chance. Le programme de recyclage professionnel a bien fonctionné dans mon cas, et c'est ainsi que j'ai pu travailler comme analyste de réseau à Services partagés Canada pendant 10 ans.
Le système, tel qu'il existe actuellement, ne fonctionne qu'à l'occasion. D'après ce que m'ont dit des vétérans de la guerre du Golfe, le système est surtout inefficace. J'aimerais vous faire part de certains des commentaires que j'ai reçus à ce sujet, car j'ai consulté ces vétérans.
« Ce serait bien si certains vétérans pouvaient recevoir une formation après leur libération, mais dans bien des cas, nous ne semblons pas répondre aux exigences de la date de libération pour être admissibles au programme. »
Un autre vétéran a déclaré: « C'est une arnaque. J'ai présenté ma candidature à de nombreux postes pour lesquels j'étais qualifié. Je n'ai jamais reçu d'appel et, au bout de cinq ans, j'ai reçu un appel d'Anciens Combattants Canada me disant que le délai de cinq ans prenait fin et que je serais exclu du programme, mais “merci d'avoir servi le pays”. »
Un autre a dit: « Pourquoi les Forces armées canadiennes ne nous donnent-elles pas des documents pour que nous puissions montrer les compétences civiles que nous possédons une fois que nous sommes libérés? Lorsque je cherchais du travail après avoir quitté les Forces armées canadiennes au bout de 27 ans de service, je me suis fait dire systématiquement que je ne pouvais pas décrocher un emploi parce que je n'avais pas d'attestation prouvant que j'avais exercé telle ou telle tâche ou que j'avais suivi tel ou tel cours. Oui, j'ai entendu toutes les raisons pour lesquelles on ne nous donne pas de documents attestant que nous sommes qualifiés ou que nous avons suivi un cours correspondant aux compétences recherchées dans le monde civil. Il est temps que les Forces armées canadiennes s'adaptent à la réalité de 2023 et cessent de vivre dans le passé. Elles se demandent pourquoi elles n'arrivent pas à garder les gens dans le service. Qu'elles commencent à traiter tous ceux qui ont des compétences civiles comme de vraies personnes, et non comme des moins que rien. Ce plan fonctionne si vous êtes encore dans la quarantaine, mais les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants Canada doivent sortir des sentiers battus. La vie ne s'arrête pas à 65 ans. »
Wayne Finn a écrit: « En ce qui concerne la priorité d'embauche ou les militaires qui sont libérés des Forces armées canadiennes pour des raisons médicales, ce système ne fonctionne que si vous connaissez quelqu'un, d'après mon expérience, et il ne convient pas de demander à la Commission de la fonction publique de s'occuper des vétérans. Pourquoi? Aux termes de la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public et du Règlement sur l'emploi dans la fonction publique, un vétéran des Forces canadiennes doit être considéré comme un fonctionnaire lorsqu'il postule pour un emploi, c'est‑à‑dire lorsqu'il participe à un concours. J'ai constaté que les gestionnaires d'embauche espèrent que les vétérans ne comprennent pas la loi afin de pouvoir les berner. Un autre problème, c'est l'absence d'accréditation appropriée pour les tâches que nous avons effectuées dans l'armée. Par exemple, dans mon métier, nous utilisions 15 grues différentes. Comme je n'ai jamais eu les autorisations pour une grue de 20 tonnes, je n'ai pas pu décrocher l'emploi, mais si on avait utilisé la disposition pertinente de la loi, j'aurais eu deux ans pour obtenir l'accréditation nécessaire pour cette grue. »
Soit dit en passant, Wayne Finn demeure à votre disposition si quelqu'un souhaite lui parler.
Voici les propos d'un autre vétéran: « J'ai postulé pour un certain nombre d'emplois dans le domaine de l'entretien, notamment aux services correctionnels, au ministère des Ressources naturelles et à la base de la BFC Edmonton. Je n'ai jamais cherché à savoir pourquoi je n'avais pas été retenu. J'ai toujours pensé qu'ils choisissaient d'autres candidats prioritaires. Nous sommes nombreux dans la région d'Edmonton. Après avoir payé des frais pour obtenir un billet du médecin, après avoir rempli la montagne de paperasse et après avoir utilisé un site Web mal conçu, je n'avais plus la force de surmonter d'autres obstacles. Ils ont peut-être pensé que je n'étais pas suffisamment motivé, mais pour moi, c'était une question de fierté. Devoir aller les voir en pleurnichant pour quémander, ce n'est pas digne de moi. Je préfère souffrir et nourrir mes enfants avec un petit budget plutôt que de mendier à genoux pour un emploi. »
Comme vous pouvez le constater, rares sont les vétérans qui sont heureux de leur sort après la libération et qui ont beaucoup de choses positives à dire au sujet de ce programme ou de sa gestion. Voici ce que j'en pense: bien que ce programme — ou chacun de ses volets — existe depuis de nombreuses années, nous n'avons toujours pas fini d'en parler.
D'après ce que j'ai entendu dans le passé, il semble y avoir deux lacunes.
Premièrement, les Forces canadiennes n'en font pas assez, en temps utile, pour aider les vétérans à se recycler avant leur libération. Deuxièmement, il s'agit de fournir aux vétérans des documents qui prouvent leurs compétences dans la vie civile. Les Forces canadiennes doivent veiller à ce que nous ayons l'attestation nécessaire, car les pratiques d'embauche de la fonction publique fédérale ne sont pas suffisamment surveillées pour que nous ayons la certitude qu'on respecte les règles d'embauche concernant les vétérans. Force est de constater qu'il n'existe aucun système de freins et contrepoids pour garantir que les demandes d'emploi présentées par des vétérans sont examinées en bonne et due forme...
Le président: Monsieur Davis...
M. Harold Davis: Merci beaucoup.
Je suis Alexandre Tremblay, président-directeur général du groupe Prévactions, qui comprend l'agence numérique Webez et Prévactions, une entreprise spécialisée en santé-sécurité au travail.
J'aimerais vous parler un peu de mon cheminement. J'ai toujours été dans le système militaire. À partir de 12 ans, je suis entré chez les cadets. À 16 ans, je suis devenu réserviste dans les Forces armées canadiennes et j'ai fait mes cours de techniques policières. J'ai quitté temporairement les Forces armées canadiennes de 2008 à environ 2016, avant d'y retourner au sein du Régiment du Saguenay, où j'ai poursuivi ma carrière jusqu'en mars 2022.
Sur le plan civil, j'ai toujours été attiré par le domaine policier. Mon père était policier et mes frères et mes oncles étaient militaires. C'est donc un domaine que j'ai toujours eu à cœur. Il était important pour moi que cela fasse partie de ma vie de tous les jours. En même temps, l'armée m'aidait énormément aussi.
En 2001, quand je suis entré dans l'armée, j'aimais beaucoup les valeurs qu'elle nous inculquait. Elle nous apprenait à devenir des leaders, parce qu'à la base, je pense que le premier travail des Forces armées canadiennes est de former les gens à devenir de bons citoyens. C'est quelque chose que j'ai toujours inculqué. En 2006, je suis allé faire mon cours de chef, et de la fin de 2006 jusqu'à 2008, j'ai donné à temps plein de la formation au Centre d'instruction du secteur du Québec de la Force terrestre. Dans le temps, on l'appelait le CI SQFT; maintenant c'est le CI 2 Div CA, soit le Centre d’instruction de la 2e Division du Canada.
En 2008, j'ai quitté les Forces armées canadiennes pour devenir policier à la Sûreté du Québec. J'ai été transféré à Maniwaki. À ce moment-là, j'étais dans la Réserve supplémentaire, car j'avais toujours un petit pincement au cœur. Le fait d'être militaire procure quand même un sentiment de fierté et apporte beaucoup sur le plan personnel.
Ensuite, en 2013, j'ai quitté la police et j'ai commencé une carrière en prévention en santé-sécurité au travail. J'ai vécu beaucoup de difficultés et M. Davis a complètement raison en disant qu'il est extrêmement difficile de faire reconnaître dans la vie civile les compétences et les formations acquises dans le milieu militaire. J'ai donc dû refaire beaucoup de choses et reprendre beaucoup de cours à l'université. À certains moments, j'aurais pu baisser les bras, mais j'ai poursuivi mon objectif.
En 2016, j'ai commencé à vouloir devenir entrepreneur. Lorsque je suis retourné comme réserviste au Régiment du Saguenay, je suis allé terminer mon cours de sergent et, ensuite, mon cours d'adjudant. Je suis donc devenu adjudant d'infanterie en 2019.
À partir de 2019, la pandémie de la COVID‑19 est arrivée. J'ai été transféré au Groupe-bataillon territorial pour participer, comme commandant adjoint d'un peloton de fantassins, à l'opération menée dans les résidences pour personnes âgées.
Sur le plan entrepreneurial, tout le bagage d'expérience que j'ai acquis dans l'armée m'a énormément aidé à devenir entrepreneur. Je pense qu'au sein des Forces armées canadiennes, on pourrait facilement aider les gens à se développer en tant qu'entrepreneurs, parce qu'en soi, les qualités et les formations que nous acquérons dans l'armée nous permettent de devenir de bons entrepreneurs. J'en connais quelques-uns qui réussissent bien dans le domaine des affaires.
J'ai démarré mes entreprises en 2020 après mon passage au Groupe-bataillon territorial. J'ai aujourd'hui trois entreprises, dont l'entreprise Michel Larouche Consultants RH inc. À l'échelle provinciale, avec Prévactions, j'ai beaucoup de clients à l'extérieur du Québec. Nous avons environ 21 employés à l'heure actuelle.
Je constate qu'il ne me reste plus de temps.
J'ai des questions pour vous deux. Je vous remercie de vos exposés.
Commençons par vous, monsieur Tremblay.
Vous avez dit avoir démarré des entreprises. Je crois que vous n'avez pas parlé — du moins, je ne vous ai pas entendu parler — du soutien, de l'aide ou de l'appui que vous avez reçus, ou des programmes mis à votre disposition par Anciens Combattants Canada pour vous lancer dans cette voie.
Avez-vous pu vous prévaloir de telles mesures? Avez-vous eu droit à des programmes ou des services qui vous ont encouragé et aidé à devenir un entrepreneur ou à démarrer une entreprise, en tant que vétéran?
Je pense qu'il s'agit là d'une lacune que nous devrions peut-être examiner au Comité pour éventuellement faire des recommandations à ce sujet. Selon moi, peu importe la voie qu'emprunte un vétéran pour aller de l'avant — qu'il s'agisse de trouver un emploi ou de démarrer une entreprise, ce qui est une excellente façon d'entamer le prochain chapitre de sa vie —, il est important que le ministère des Anciens Combattants lui offre des services et des programmes pour l'encourager et l'accompagner de toutes les façons possibles. Je suis heureux que vous ayez pu souligner ce point.
Monsieur Davis, j'ai quelques questions à vous poser, notamment à propos de certains programmes.
J'aimerais toutefois profiter de votre présence pour vous donner l'occasion de parler d'une question que vous auriez aimé aborder, j'en suis sûr, mais que vous n'avez pas pu le faire dans les cinq minutes qui vous étaient allouées. Vous témoignez aujourd'hui en tant que représentant de l'association des vétérans de la guerre du golfe Persique. Je sais que vous vous battez depuis longtemps pour obtenir la reconnaissance dont jouissent beaucoup d'autres vétérans, c'est‑à‑dire pour faire en sorte que votre contribution soit reconnue comme un service en temps de guerre.
J'aimerais donc vous donner l'occasion de nous parler brièvement de ce sujet, si vous le voulez bien. Dites-nous pourquoi vous vous battez et pourquoi c'est si important.
Notre association, Persian Gulf Veterans of Canada, compte environ 5 000 membres. Nous essayons de faire reconnaître notre service en temps de guerre pendant la guerre du golfe Persique. C'était il y a plus de 32 ans. Jusqu'à aujourd'hui, notre contribution n'est toujours pas reconnue comme un service en temps de guerre. Nous avons tout de même contribué à la libération d'un pays.
Personne au gouvernement n'écoute vraiment. Nous faisons de notre mieux pour obtenir la reconnaissance que nous méritons pour notre service. Cette reconnaissance s'accompagne, bien sûr, de différentes prestations, dont certaines s'adressent aux familles des membres. On ne peut pas comprendre ce que vit un vétéran si on n'a pas vraiment été déployé à l'étranger.
Songeons aux nombreuses missions extrêmement périlleuses qui ont eu lieu dans des endroits comme l'ex‑Yougoslavie, l'Afghanistan, le golfe Persique, et j'en passe.
La reconnaissance n'est pas accordée comme il se doit. Les vétérans de la guerre du golfe Persique sont considérés comme des vétérans ayant servi dans une zone de service spécial; pourtant, nous avons bel et bien pris part à une guerre. Les vétérans de la guerre de Corée étaient, eux aussi, considérés comme des vétérans ayant servi dans une zone de service spécial à l'époque, et il leur a fallu 30 ans pour que leur contribution soit reconnue comme un service en temps de guerre.
Dans notre cas, cela fera 32 ans mercredi prochain, et notre service n'a toujours pas été reconnu à sa juste valeur. La seule organisation au Canada qui reconnaît notre service militaire comme il se doit est l'ambassade du Koweït. Elle nous rend hommage chaque année. Elle nous donne ces médailles, sur ce côté‑ci, pour notre service là‑bas, mais nous n'avons pas le droit de les porter sur le côté gauche. Si vous comprenez le service militaire, vous saurez à quel point il est démoralisant pour beaucoup de vétérans de ne pas pouvoir porter une médaille du même côté que leurs autres médailles, surtout lorsqu'il s'agit d'une médaille décernée par un autre pays en reconnaissance de leur service.
Vous ne croiriez pas les histoires que j'ai entendues de certains vétérans qui ont pris part à la guerre du golfe Persique et la façon dont la non-reconnaissance des services qu'ils ont effectivement rendus a eu des répercussions sur leur santé mentale. Ils souffrent maintenant de problèmes médicaux, comme tous les autres, mais bon nombre de leurs troubles découlent de leur service dans le golfe Persique. On ne reconnaît pas nos problèmes de santé, comme les maladies liées à la guerre du Golfe. Contrairement à d'autres pays, le Canada ne les reconnaît pas. Nous avons des vétérans qui paient de leur poche pour aller chercher de l'aide aux États-Unis.
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Je vous remercie de votre soutien, monsieur.
Ce que mes vétérans me disent — je les appelle « mes » vétérans, parce que c'est avec eux que je parle beaucoup —, c'est que les gens ne les écoutent pas vraiment. Je parle d'Anciens Combattants Canada et de l'armée.
Il y a deux types de libération, la libération pour des raisons médicales, et la libération normale. Lorsqu'il s'agit d'une libération pour des raisons médicales, le dossier devrait être envoyé automatiquement à Anciens Combattants Canada pour qu'il s'occupe dès le départ des exigences médicales, des billets de médecin, etc. Lorsqu'il s'agit d'une libération normale...
Bon, je sais que vous avez entendu plus tôt divers organismes qui aident les vétérans. Vous pouvez les remercier de ma part, mais les vétérans à qui j'ai parlé n'en ont jamais entendu parler. Lorsque j'ai été libéré en 2009 pour des raisons médicales, j'ai suivi tous les séminaires, etc. Personne ne m'a parlé de l'organisme Du régiment aux bâtiments. Je ne suis pas sûr même que l'organisme existait à ce moment. On ne nous parlait pas de ces organismes. On ne m'a parlé d'aucun d'eux lorsque j'ai été libéré.
Encore une fois, j'ai été chanceux. Eh bien, je ne sais pas si on peut parler de chance, mais j'ai été libéré pour des raisons médicales. J'ai dû m'occuper de ma formation moi-même. J'ai dû communiquer avec les gens et faire toutes les démarches moi-même. Il n'y avait personne pour m'aider. J'ai dû tout apprendre et le faire par moi-même. J'ai eu de la chance, car je suis comme un chien qui a un os: je ne lâche pas le morceau. Je m'acharne tant que je n'ai pas obtenu de réponse.
Certains vétérans reçoivent l'aide dont ils ont besoin, mais d'autres partent simplement. Lorsque j'entends parler d'eux, c'est à ce moment que j'appelle Anciens Combattants Canada et que je leur dis que j'ai un vétéran avec moi qui est au bord de l'itinérance et qu'il a besoin d'aide. Quand les vétérans appellent, ils n'obtiennent pas grand-chose de l'aide qu'ils devraient obtenir. On ne les dirige pas vers les gens qui vont vraiment les aider.
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Je dirais qu'il faut qu'il y ait des mesures de contrôle. Quand on dit à un vétéran qu'il peut avoir un droit de priorité à l'embauche, etc., au sein du gouvernement... Je suis passé par tout cela. J'ai obtenu un droit de priorité. J'ai eu de la chance — comme je l'ai dit, je ne lâche pas le morceau —, mais pour les gens dont j'ai parlé dans ma déclaration liminaire, cela n'a pas fonctionné. Du côté civil, les gens ne se disent pas qu'ils ont en face d'eux un vétéran et qu'il a une priorité d'embauche.
Après être devenu fonctionnaire à Services partagés, j'ai entendu le genre de propos suivants: « Vous avez un droit de priorité à l'embauche? Soit, mais j'ai un ami qui a postulé aussi pour ce poste. »
Vous savez, ce n'était pas mon problème. J'avais déjà servi partout au pays pendant 30 ans, et mon pays était censé me redonner un peu. On ne procède pas comme on le devrait. Il n'y a personne qui surveille les pratiques d'embauche.
Lorsque j'ai voulu obtenir un poste d'analyste des réseaux informatiques, j'avais suivi tous les cours nécessaires, mais je n'avais pas de diplôme en sciences informatiques. J'ai eu de la chance, car la personne qui m'a embauché m'a dit que cela lui était égal et qu'il voulait m'avoir parce que j'avais la formation, mais il n'y a sans doute qu'une personne sur 25 qui va prendre des risques. En fait, il a dû se battre pour m'embaucher.
Puis il y a eu la cote de sécurité. Je ne comprenais pas le fait qu'il n'y ait pas de transfert entre la cote de sécurité militaire et la cote de sécurité civile, même si ce sont les mêmes personnes essentiellement à la GRC qui s'en occupent. J'avais déjà une cote de sécurité de niveau secret au sein de l'armée, mais j'ai dû encore attendre quatre mois pour qu'on effectue la vérification et que je puisse obtenir une autre cote de sécurité de niveau secret.
C'est le genre de chose qui n'aide pas un vétéran quand il essaie d'obtenir un emploi pour se nourrir et nourrir sa famille.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur service et de leur présence parmi nous.
Monsieur Tremblay, je vous offre mes félicitations pour la naissance de votre enfant.
Vous avez travaillé environ une dizaine d'années dans la Réserve et, par la suite, vous avez occupé divers emplois dans la sphère civile. Aujourd'hui, vous êtes un entrepreneur. Vous avez suivi plusieurs formations avant d'en arriver là et je vous dis bravo pour votre parcours.
Vous avez mentionné que les services et les programmes offerts aux réservistes n'étaient pas les mêmes que ceux offerts aux membres des Forces armées canadiennes, et que la reconnaissance des acquis était problématique.
Que proposez-vous? Quel accompagnement les Forces armées canadiennes ou Anciens Combattants Canada pourraient-ils offrir dans ce genre de situation?
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En effet, j'ai cumulé environ 13 ans d'expérience au sein des Forces armées canadiennes. Par contre, je ne sais pas si les programmes offerts aux réservistes diffèrent de ceux offerts aux membres permanents des Forces armées canadiennes.
Voici ce que je propose. Il faudrait déterminer où les choses bloquent. Nous en parlons depuis des années, et nous en avons parlé lors de différents séminaires et avec des hauts gradés de l'armée: il y a un manque de reconnaissance des acquis des militaires comparativement à ceux des civils.
Vous avez entendu M. Davis soulever un élément important, soit la cote de sécurité. Pourquoi la cote de sécurité qu'on obtient dans l'armée n'est-elle pas reconnue dans la vie civile? C'est comme s'il y avait deux systèmes parallèles.
Souvent, dans l'armée, les normes et les formations sont beaucoup plus poussées ou pointues que celles de la sphère civile. Un adjudant d'infanterie ou un adjudant dans l'armée, c'est un administrateur. Or, une fois qu'il est de retour dans la vie civile, il n'y a aucune reconnaissance de ses acquis, et ce, même s'il a été un gestionnaire responsable de 30 ou 100 personnes. C'est un peu comme si tout le bagage qu'il a accumulé en tant qu'administrateur disparaissait une fois qu'il quittait l'armée.
Il est déjà arrivé que des employeurs décident de ne pas engager un militaire dont j'avais recommandé l'embauche et qui avait énormément de compétences en gestion de personnel. Quand l'employeur a regardé son CV, il s'est dit que c'était un CV militaire et que la personne n'avait pas de diplôme. C'est dommage, mais il y a des gens qui pensent comme ça. Selon moi, c'est une mauvaise façon de tirer profit des compétences d'un individu.
Comment se fait-il que les formations qu'on donne dans l'armée ne soient pas reconnues dans la vie civile? La reconnaissance des acquis, c'est un geste concret.
Voici le meilleur exemple au monde: la formation d'un caporal-chef s'étale sur de nombreuses heures et est faite dans les pires conditions possible. Il apprend à donner des formations en classe et à préparer des plans de cours, entre autres. Dans la vie civile, cela équivaudrait à une formation d'instructeur ou d'enseignant. Pourtant, même si la personne veut que ses expériences soient reconnues dans la vie civile, elle ne pourra pas devenir enseignante parce qu'elle n'a qu'un diplôme de leadership avancé ou d'instructeur dans les Forces armées canadiennes. Dans la vie civile, ses acquis ne sont pas reconnus.
À mon avis, la reconnaissance des acquis est un geste concret qui permettrait d'aider les militaires dans leur transition vers la vie civile. Après 20 ans dans l'armée, on a suivi une panoplie de formations. Par exemple, le CV de M. Davis doit être extrêmement impressionnant, mais, une fois dans la vie civile, ses formations militaires ne seront pas reconnues. Pourtant, son bagage et son expérience sont probablement pas mal plus substantiels que chez bien des civils.
Est-ce que j'ai bien répondu à votre question?
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Cela répond très bien à ma question. Merci beaucoup.
C'est extrêmement intéressant et je pense que vous soulevez un très bon point. Je vois mes collègues autour de la table hocher la tête. Une des recommandations que le Comité pourrait effectivement faire au gouvernement serait d'enfin reconnaître les compétences des militaires afin de faciliter leur transition vers la vie civile. Cela pourrait certainement aider beaucoup de vétérans.
Nous parlons beaucoup de soutien à l'emploi, mais nous devrions peut-être parler davantage de soutien à l'entrepreneuriat, car vous avez aussi cette expérience. Mon collègue en a parlé un peu plus tôt, et je trouvais très intéressante la suggestion d'en faire plus, justement pour aider les vétérans à devenir entrepreneurs.
Mon collègue libéral vous a demandé si vous embauchiez des vétérans. Il est certain qu'un entrepreneur ayant cette expérience est déjà ouvert à cela et qu'il n'est pas nécessaire de lui faire valoir à quel point il est important d'embaucher des vétérans.
Je ne sais pas si vous avez des propositions à ce sujet aussi et je vous cède la parole, car je vois qu'il ne reste qu'une minute.
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Je vais faire très vite et soumettre une proposition.
Personnellement, il est sûr que je vais toujours être ouvert à embaucher des vétérans. Le domaine de la santé et de la sécurité au travail est très accessible pour les vétérans, parce qu'ils possèdent un œil critique, un certain leadership et une certaine prestance, qui font qu'ils sont rarement impressionnés par les gens qui sont réfractaires. Donc, de mon côté, je suis gagné à la cause.
Sur le plan entrepreneurial, je pense qu'il y a un très gros travail à faire actuellement. L'entrepreneuriat n'est pas évident, tout le monde le sait. Or, il y a une manière d'aider les gens à développer leurs idées.
Vous avez mon nom et certaines personnes ont sûrement mon numéro de téléphone. Je les invite à m'appeler et c'est avec plaisir que je leur donnerai un coup de main dans leurs démarches, si elles en ont besoin. Je pense que les vétérans militaires sont des gens qui sont très compétents, voire surqualifiés, qui ont un bon leadership et qui sont extrêmement...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier les militaires qui témoignent aujourd'hui. Je vous remercie tous les deux d'avoir servi le pays de manière remarquable.
Monsieur Davis, je vous suis très reconnaissante de militer en faveur des vétérans de la guerre du golfe Persique pour sensibiliser les gens et obtenir une reconnaissance. Le fait de servir doit toujours être reconnu. Lorsque notre pays et les citoyens manquent à ce devoir, je pense qu'il est très important que vous fassiez entendre votre voix et que nous fassions tous de notre mieux pour la faire entendre.
Pour revenir à l'étude, une des choses dont vous avez parlé tous les deux et qui m'a touchée, c'est la reconnaissance des acquis militaires dans la vie civile, l'idée que rien n'est fait à ce sujet et que vous devez souvent suivre à nouveau une formation pour des compétences que vous possédez déjà très bien afin de prouver que vous les avez. Il était très important aussi que vous parliez de votre cote de sécurité, et que lors du passage à la vie civile, cette cote ne suit pas. Il semble donc encore une fois qu'on ne reconnaisse pas les efforts et l'excellente formation des gens qui servent notre pays, et je pense que c'est vraiment honteux.
Pourriez-vous nous parler un peu de ce qui serait utile dans ce cas? Pendant la période de transition de la vie militaire à la vie civile, peu importe comment elle se passe, devrait‑il y avoir un processus au cours duquel l'armée résumerait vos qualifications et les confirmerait si on veut pour que vous puissiez les présenter à de futurs employeurs? Croyez-vous que cela aiderait les vétérans à faire la transition vers la vie civile?
Je demanderais à M. Davis de répondre et ensuite à M. Tremblay.
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Je pense que les militaires, avant d'être libérés, devraient pouvoir se rendre à un bureau au centre de formation avec leur dossier des emplois à l'unité à la main et demander, par exemple, que tout ce qui s'y trouve montre ce qu'ils savent faire dans le monde civil.
J'ai un cartable qui a un pouce d'épaisseur. Tous les cours que j'ai suivis dans l'armée s'y trouvent. Lorsque j'ai obtenu mon emploi à Services partagés, la personne qui s'est occupée de mon dossier m'a demandé si je savais combien de cours en informatique j'avais suivis. Je les avais tous énumérés dans mon curriculum vitæ. Je lui ai répondu que je ne m'en souvenais pas, que j'avais travaillé ici et là pendant des années sur divers systèmes, les avions, etc. C'est alors qu'il m'a dit que j'avais suivi 37 cours en informatique uniquement. Les certificats se trouvaient dans mon cartable. Comme l'a mentionné M. Tremblay, ces formations militaires ne sont pas reconnues à l'extérieur.
J'ai suivi une formation de trois mois en électronique au Saskatchewan Technical Institute au milieu des années 1980. La salle était remplie de militaires et l'instructeur était civil. La formation était exactement la même que celle donnée pendant l'année scolaire normale, mais nous n'avons jamais reçu de diplôme de l'Institut nous disant qu'en trois mois, nous avions suivi tous les cours de base qu'on y enseigne en un an. Nous avons suivi la formation, mais ce n'est reconnu nulle part. J'ai obtenu un diplôme de l'armée. Il faut que cela soit reconnu ailleurs.
Il en va de même pour les cotes de sécurité. J'ai la cote de sécurité de niveau secret dans l'armée. Je l'ai depuis une trentaine d'années. Je vais à Services partagés pour travailler pour le même gouvernement — n'oubliez pas, je vais travailler pour le même gouvernement —, et pourtant, ma cote de sécurité de la Défense nationale n'est pas transférée du côté civil. Tout ce qu'il fallait faire, c'est aller porter les papiers de l'autre côté de la rue, mais cela n'a pas été fait. On pourrait aussi remédier à cela. Six mois avant sa libération, le militaire pourrait se rendre au centre de formation avec son dossier des emplois à l'unité pour entamer le processus sur‑le‑champ, afin que tout soit terminé avant sa sortie. Une fois sorti, il n'a plus aucun soutien. C'est terminé.
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En fait, M. Davis a cerné le défi majeur en ce qui concerne la reconnaissance des acquis.
Je vais mettre mon chapeau d'entrepreneur et d'investisseur et parler de l'aspect financier. Les côtés humain et financier sont importants. Sur le plan de la reconnaissance des acquis, tout est là.
Je ne sais pas combien de milliers de dollars le Canada a investis dans la formation de M. Davis. Dans mon cas, le Canada a investi plusieurs dizaines de milliers de dollars pour me former comme adjudant, jusqu'à l'obtention de mon grade.
Pourtant, quand une personne quitte la vie militaire, personne ne peut récolter les fruits de cet investissement. Je trouve que c'est un peu dommage. C'est comme si le Canada se tirait dans le pied, car il a investi beaucoup d'argent pour former une personne qui pourrait être un acteur de changement et représenter un facteur économique pour son pays. Au bout du compte, c'est un peu comme si on jetait de l'argent à la poubelle, puisque cet investissement, qui représente beaucoup d'argent, est perdu quand une personne ayant beaucoup d'acquis retourne à la vie civile.
C'est bien de témoigner devant les comités, mais nous voulons que la formation donnée aux vétérans les aide à devenir des facteurs de changement. D'un point de vue entrepreneurial, en aidant les vétérans à se développer, à mettre de l'avant leurs idées et à faire du développement économique, on se retrouve avec une personne déjà formée et capable de générer des millions de dollars et qui va créer de l'emploi. Si on renvoie cette personne sur les bancs d'école pour suivre à nouveau des formations déjà complétées, on perd un an, deux ans ou trois ans sur le plan de l'investissement. Je parle ici uniquement du plan financier.
Si on se penche maintenant sur le plan humain, c'est extrêmement...
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Dans certains cas oui, dans d'autres, non. Je sais...
J'ai aidé des vétérans dans leurs démarches auprès d'Anciens Combattants Canada. On leur attribue un gestionnaire de cas civil, et beaucoup de choses dont ils ont besoin ne se font pas. Quand on leur attribue un gestionnaire de cas qui a une expérience militaire et qui comprend ce que vit le vétéran, on assiste à un revirement complet de la situation. J'ai pu observer cela chez différents vétérans qui m'avaient contacté pour obtenir de l'aide dans leurs démarches auprès d'Anciens Combattants Canada.
Comme je l'ai mentionné, quand on sort de l'armée, à moins d'avoir une demande... La plupart des militaires ne savent même pas comment présenter une demande à Anciens Combattants Canada pendant qu'ils sont encore en service. Ils pensent qu'ils ne sont pas autorisés à le faire. Une fois sortis, ils ne savent parfois pas où aller. Je n'aime pas le dire, mais honnêtement, ils passent à travers les mailles du filet.
Vous savez, il est très difficile de dire à un vétéran de demander de l'aide sociale. J'ai eu à le faire. C'est pénible.
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C'est intéressant. Merci beaucoup.
Je terminerais en vous parlant du sentiment de satisfaction professionnelle et personnelle. Malgré un taux de chômage de 4,5 %, comparativement à 6,6 % pour la population civile québécoise et canadienne, les vétérans seraient apparemment plus susceptibles de se déclarer insatisfaits de ne pas être employés à leur plein potentiel.
Une des solutions à cela pourrait être de se lancer en affaires, par exemple, de faire quelque chose qu'on aime vraiment, de travailler pour soi. Cela n'a peut-être pas été votre expérience personnelle, parce que vous avez quand même été policier avant de vous lancer en affaires, mais croyez-vous que l'entrepreneuriat, pour les vétérans, pourrait être une option à considérer par défaut? Compte tenu du manque d'accompagnement pour aller dans un domaine particulier et de la difficulté à faire reconnaître leurs acquis, peut-être serait-il plus facile pour eux de se lancer en affaires.
Avez-vous entendu parler de ces histoires ou, au contraire, trouvez-vous que le vétéran se donnerait encore plus de travail en se lançant dans cette grande aventure de l'entrepreneuriat? Vous avez évidemment votre propre histoire à raconter, mais qu'est-ce que vous entendez dans votre entourage?
Ma question s'adresse à M. Tremblay.
Je crains qu'on ne vous fasse travailler très fort à un moment où vous avez déjà beaucoup de pain sur la planche à la maison, des choses importantes qui vous demandent beaucoup d'énergie.
J'ai deux questions en une, en fait, à vous poser.
J'aimerais d'abord savoir quels sont, selon vous, les problèmes précis que rencontrent les réservistes au moment de leur transition?
Ensuite, comme les recherches nous indiquent qu'une des plus grandes lacunes dans le soutien concerne l'entrepreneuriat, j'aimerais que vous nous parliez de ce qui pourrait être utile à un vétéran qui envisage de devenir entrepreneur.
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Dans un premier temps, il faudrait offrir du mentorat et apprendre aux vétérans à gérer un budget d'entreprise. Gérer un budget personnel et gérer un budget d'entreprise sont deux choses complètement différentes. Dans l'armée, on n'apprend pas du tout à gérer un budget puisque ça ne fait pas vraiment partie de la vie militaire comme telle. Dans le domaine de l'entrepreneuriat, par contre, c'est vraiment important.
On crée sa propre chance et j'ai eu de la chance dans une certaine mesure, parce que mon idée a bien fonctionné. J'ai beaucoup écouté les conseils de chefs d'entreprise et j'ai adopté un modèle d'affaires qui fonctionne extrêmement bien, ce qui fait que nous avons eu énormément de succès.
Par contre, qu'on le veuille ou non, il y a toujours la question de l'aide financière. On peut se lancer en affaires du jour au lendemain avec un petit régime de pension fédéral et un petit régime de pension provincial, mais ça peut prendre plusieurs années avant de pouvoir se verser un salaire. Il faut donc savoir comment gérer un budget.
Du côté des Forces armées canadiennes, si on voulait former des entrepreneurs, il faudrait dans un premier temps offrir des séances de mentorat pour vraiment montrer ce qu'est l'entrepreneuriat. Ce n'est pas rose, le milieu de l'entrepreneuriat, c'est difficile, les gens sont souvent négatifs, il y a beaucoup de concurrence et l'entraide se fait plutôt rare.
Heureusement, on voit de plus en plus d'associations de mentorat ou d'anciens chefs d'entreprise qui ont vendu leur entreprise et qui veulent, dans leurs vieux jours, transmettre leurs connaissances. Si les Forces armées canadiennes collaboraient avec ces associations et ces chefs d'entreprise, ce serait extrêmement bénéfique pour nos vétérans du point de vue entrepreneurial.
En ce qui concerne les réservistes, je sais que vous aviez posé une question...
Je ne vais pas me fâcher, madame Blaney. Tout va bien.
[Français]
C'est ici que prend fin la discussion avec le deuxième groupe de témoins, que je remercie de leur participation à notre étude.
[Traduction]
Au nom des membres du Comité, je remercie M. Harold Davis, président de Persian Gulf Veterans of Canada.
[Français]
Je remercie également M. Alexandre Tremblay, président-directeur général, santé et sécurité du travail, Prévactions.
Encore une fois, merci beaucoup.
Je voudrais annoncer aux membres du Comité que nos témoins sont tous réservés pour la semaine prochaine.
[Traduction]
Lundi et jeudi, tout le monde y sera, et je vous invite à suivre les délibérations du Comité.
[Français]
Sur ce, avant de terminer, je remercie toute l'équipe technique, la greffière et l'analyste qui nous ont accompagnés durant la réunion. Je remercie aussi les interprètes, qui nous ont signalé à quel moment ils avaient un peu de difficulté.
Plaît-il au Comité de lever la séance?
Des députés: D'accord.