:
Bienvenue à la huitième réunion du Comité permanent des anciens combattants.
Conformément à l'ordre adopté le mardi 8 février 2022, le Comité se réunit pour entendre la colonelle à la retraite Nishika Jardine, ombud des vétérans. Cette dernière pourra nous fournir une mise à jour et des recommandations sur les temps d'attente et les arriérés auxquels font face les anciens combattants handicapés qui veulent recevoir les avantages auxquels ils ont droit et qu'ils méritent.
[Traduction]
Notre réunion épouse la formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Des membres du Comité y assistent en personne, dans la pièce, et d'autres, à distance, grâce à l'application Zoom. Les comptes rendus seront accessibles sur le site Web de la Chambre des communes. La webémission montrera toujours la personne qui est en train de parler plutôt que la totalité des membres.
La séance d'aujourd'hui adopte également la formule du webinaire. Les webinaires sont adaptés aux réunions publiques d'un comité et ne sont accessibles qu'aux membres, à leur personnel et aux témoins. Les membres sont immédiatement admis comme participants actifs. Toutes les fonctions des participants actifs restent les mêmes. Le personnel ne fait pas partie des participants actifs. Il ne peut donc assister à la réunion que comme s'il prenait place dans les tribunes.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous l'aie nommément donnée. Si vous êtes en visioconférence, veuillez cliquer sur l'icône du micro pour l'activer. Si vous êtes dans la pièce, votre microphone sera contrôlé comme à l'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification. Ayez un débit lent, une diction nette. Entre vos prises de parole, désactivez votre micro. Je rappelle aux membres et aux témoins d'adresser leurs observations à la présidence.
[Français]
En ce qui concerne la liste des personnes qui prendront la parole, le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre de parole établi pour tous les députés, qu'ils participent à la réunion en personne ou à distance.
J'ai maintenant le plaisir de souhaiter la bienvenue à nos témoins, soit la colonelle à la retraite Nishika Jardine, ombud des vétérans, et M. Duane Schippers, ombud adjoint des vétérans par intérim.
Madame Jardine, vous aurez la parole pendant les cinq prochaines minutes. Les membres du Comité vous poseront ensuite quelques questions.
La parole est à vous.
:
Bonjour, monsieur le président, chers membres du Comité.
Je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous au sujet des délais d'attente auxquels font face les personnes qui veulent obtenir une décision liée à une demande de prestation d'invalidité.
Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être accompagnée de M. Duane Schippers, qui est ombudsman adjoint des vétérans, mais plus par intérim.
[Traduction]
La tâche la plus importante d'un ombudsman consiste à répondre aux plaintes individuelles. Le principal rôle de mon bureau est de recevoir les plaintes des clients du ministère sur les difficultés qu'ils éprouvent à cause de lui et de tenter de les régler.
La principale plainte que nous recevons d'anciens combattants concerne la lenteur exaspérante des décisions sur leurs prestations d'invalidité. En 2016, elle représentait 16 % de l'ensemble des plaintes que nous recevions. Aujourd'hui, lepourcentage est de 21 %. Nous sommes tous bien conscients qu'il faut corriger la situation pour que le Canada respecte mieux son engagement envers ses anciens combattants.
[Français]
On vous a fait part de plusieurs statistiques à ce sujet. Or, les discussions sur le nombre de semaines et le nombre de personnes qui attendent plus longtemps que d'autres peuvent être confondantes. Aujourd'hui, je voudrais détourner votre attention des chiffres pour que vous la portiez sur les personnes réelles, soit les vétérans. J'aimerais vous parler de l'effet de ces délais.
[Traduction]
Le ministère chiffre son arriéré et ses temps d'attente par une moyenne de toutes les demandes examinées. Ces demandes comprennent les premières demandes, les demandes de réévaluation et les demandes de traitement accéléré pour les anciens combattants désignés « zone rouge », qui ont plus de 80 ans ou qui ont des problèmes de santé potentiellement mortels.
[Français]
D'après nous, ce sont les dossiers des vétérans qui avaient soumis une première demande qui méritent un examen plus approfondi.
[Traduction]
J'estime très important de se concentrer sur la signification concrète de ce temps d'attente pour les anciens combattants.
[Français]
Certains vétérans ont besoin d'une décision favorable afin d'avoir accès à des prestations de soins de santé pour leurs affections liées au service, comme des médicaments, des soins dentaires, des mesures d'aide comme l'adaptation de domicile ou des prothèses.
[Traduction]
Bien que certains anciens combattants puissent être admissibles à un traitement dans le cadre du programme de réadaptation pendant qu'ils attendent une réponse, le ministère ne le leur dit pas clairement. Ils ne seront pas tous admissibles, parce que leur état doit entraver leur réadaptation, ce qui n'est pas toujours le cas. Sans un triage proactif et des communications plus claires, les longs délais d'attente peuvent empêcher l'accès aux traitements nécessaires pour des états liés au service.
Le ministère est bien au fait des répercussions du temps d'attente sur les anciens combattants qui ont présenté une demande initiale. Nous avons constaté des changements visant à réduire ces répercussions depuis notre premier rapport sur le sujet en 2018. Désormais, le remboursement des prestations de traitement est rétroactif à compter de la date de la demande. C'est un pas dans la bonne direction. Toutefois, certains anciens combattants éprouvent encore des difficultés financières, car ils doivent payer immédiatement les traitements et les services de santé en attendant une décision et un éventuel remboursement. Pis encore, certains vont jusqu'à se priver de tout traitement. Si vous faites partie des milliers de personnes qui attendent toujours une réponse, vous risquez également d'attendre pour recevoir le traitement.
Le plus récent changement apporté au Règlement sur les soins de santé pour anciens combattants, qui entrera en vigueur le 1er avril, vise à combler cette lacune et à offrir, pendant deux ans, des traitements de santé mentale financés par le ministère des Anciens Combattants qui attendent la décision relative à leurs demandes d'indemnisation pour cause de maladie mentale. J'invite le gouvernement à aller encore plus loin et à offrir la même prestation de transition à toutes les personnes qui présentent une demande de prestations d'invalidité afin de combler les immenses lacunes dans les soins de santé auxquelles sont confrontées les anciens combattants au moment de quitter les Forces armées canadiennes.
Entretemps, je continuerai à me pencher sur les répercussions des délais d'attente pour les décisions relatives aux demandes initiales de prestations d'invalidité. Pour avoir accès au programme de prestations d'invalidité, il faut d'abord obtenir une décision favorable sur sa demande de prestations d'invalidité.
[Français]
Il s'agit sans doute d'une question complexe. Mon intention aujourd'hui est simplement d'attirer votre attention sur les vétérans qui sont cachés derrière les chiffres.
[Traduction]
Aucun ancien combattant ne devrait avoir à attendre une décision qui aura une incidence aussi grande sur sa santé et son bien-être. Le fait que les femmes et les francophones attendent toujours plus longtemps que leurs homologues anglophones et masculins demeurera aussi une source d'irritation tant que les anciens combattants, peu importe leur sexe ou leur langue, n'auront pas un accès équitable et dans les délais aux décisions du ministère.
[Français]
En résumé, je vous invite à regarder au‑delà des chiffres et à vous concentrer plutôt sur ce que les temps d'attente signifient actuellement pour nos vétérans.
[Traduction]
Je vous invite à demander aux fonctionnaires du ministère combien d'anciens combattants attendent toujours une décision sur leur demande initiale, maintenant que vous savez que c'est la catégorie de demandes qui affecte le plus leur santé et leur bien-être.
[Français]
En tant qu'ombudsman des vétérans, votre intérêt pour cette question m'importe beaucoup, ainsi qu'à mon bureau.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir invitée à vous faire part de mes perspectives.
:
Vous me demandez quelles sont, pour nous, les deux ou trois recommandations les plus importantes que nous ayons formulées concernant les délais d'attente.
La plus importante à mes yeux, par rapport à mon exposé est de comprendre qui est la personne qui demande la prestation d'invalidité. Autrement dit, il s'agit d'effectuer une sorte de triage à l'arrivée de la demande. La personne a‑t‑elle un médecin de famille? Éprouve‑t‑elle des difficultés financières? Est‑elle inscrite au régime de soins de santé de la fonction publique? Des problèmes de santé entravent‑ils non seulement sa réintégration dans la vie civile, mais, également, l'empêchent‑ils de mener une vie épanouissante? Est‑elle encore sous les drapeaux?
J'estime, tout comme notre bureau, que c'est à cet aspect du triage de la première demande, dès le début, qu'il importe le plus de veiller.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre exposé et je vous remercie tous les deux pour votre travail, qui est des plus appréciés. Vous êtes la voix des anciens combattants qui tentent de poser des questions ou de formuler des plaintes. Il importe au plus haut point de maintenir presque intactes les communications.
Dans votre exposé et dans certaines de vos réponses à M. Caputo — et je l'ai remarqué en vous lisant et en vous écoutant — vous adoptez une démarche personnelle. C'est tout à fait intéressant. C'est différent peut-être et c'est assurément à prendre en considération.
Je voudrais seulement connaître rapidement votre opinion, parce que je continue de craindre que, pour celui qui formule une première demande, par exemple, son attente sera plus longue qu'actuellement. Si, par exemple, conformément à la proposition de M. Caputo, nous nous manifestions tous les 14 jours ou dans un délai de 14, 15, 20 ou même 30 jours — et vous avez dit dans votre exposé également que nous devrions essayer de nous approcher des personnes pour mieux les connaître —, je crains un peu que ça n'étire le processus ainsi que l'attente.
Il y a peut-être moyen de faire mieux. Peut-être en passant par leur compte d'ACC, où ils pourraient préciser dans une courte note que c'est leur première demande ou que c'est les conséquences qu'ils subissent ou qu'ils sont gravement malades. Que sais‑je? Dites‑moi rapidement ce que vous en pensez.
:
Je vous en remercie. Je voulais le tirer au clair. Nous devons être prudents. Il y a des façons de faire, et je pense que nous commençons à en comprendre le besoin. Voilà pourquoi je vous en remercie.
Dans votre bulletin de 2021, vous faites rapidement le point sur les recommandations. On a donné suite à environ 70 %, en général, si nous prenons une moyenne. On comprendra que ça n'équivaut pas à 90 %, mais c'est mieux que 50 %. Nous progressons chaque année, et puis il est difficile, de toute manière, de rattraper le retard. Je suppose que 70 % semblent la moyenne. Sur le nombre de recommandations que le ministère a appliquées, ces dernières années, laquelle, d'après vous, était la plus utile? Quelles ont été les deux premières, qui vous donnent l'impression d'avoir contribué à des progrès véritables et extrêmement importants?
:
Merci, monsieur le président.
Madame Jardine, je vous remercie d'être parmi nous. Vous avez un français impeccable, c'est magnifique.
Je suis tout à fait d'accord avec vous au sujet de l'impact sur l'humain. C'est un aspect dont on doit absolument tenir compte, mais c'est évidemment indissociable du temps d'attente. Plus le temps d'attente est élevé, plus il y a d'humains qui souffrent et qui ne reçoivent pas les services auxquels ils ont droit.
En 2018, votre bureau avait constaté des écarts importants, dits déraisonnables, dans le temps de traitement des demandes provenant de vétérans anglophones et celles de vétérans francophones. Il y avait aussi des écarts dans le temps de traitement des demandes des hommes et celles des femmes. On croyait, jusqu'à environ trois semaines ou un mois, que ces écarts s'étaient estompés. Or, la semaine dernière, nous avons eu la grande surprise de constater qu'il n'en était pas tout à fait ainsi.
Les analystes de la Bibliothèque du Parlement nous ont montré une tout autre réalité qui fait peur. L'écart moyen dans le temps de traitement des demandes de francophones et celles d'anglophones était de 18 semaines, tandis que l'écart médian était de 56 semaines. Selon moi, ce sont des chiffres inacceptables.
Nous avons eu l'occasion d'en discuter beaucoup. Ce matin, j'ai eu l'occasion de poser des questions à la Chambre à ce sujet.
Selon vous, y a-t-il un manque de transparence ou de cohérence, ou un problème administratif, qui fait qu'on ne vient pas à bout d'avoir de vrais chiffres, mais, surtout, des chiffres comparables dans le temps?
Telle est ma question, madame.
:
Je vous remercie de votre question. Je vais essayer d'y répondre en français.
[Traduction]
En fait, je vais parler en anglais, car j'entends l'interprétation dans mon oreille.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration, je pense que nous pouvons nous perdre dans les statistiques. Les chiffres portaient-ils sur l'année écoulée ou sur les quatre dernières années? Parle‑t‑on de moyennes ou de médianes?
L'essentiel, monsieur le président, c'est qu'à l'heure actuelle, nous ne pouvons pas dire que les temps d'attente sont équitables pour tous les groupes démographiques des anciens combattants, qu'ils soient hommes, femmes, anglophones, francophones ou membres de la communauté LGBTQ. Il y a tellement de façons d'examiner ces chiffres.
J'aimerais demander au ministère le nombre de premières demandes où des anciens combattants attendent une décision favorable qui leur permettra d'accéder à la prestation de soins de santé. Pour moi, c'est le plus important.
Je sais qu'il y a des différences dans ces écarts. À mon avis, aucun ancien combattant, peu importe son sexe, son orientation ou la langue qu'il parle, ne devrait avoir à attendre une minute de plus qu'un autre ancien combattant. Ils ne devraient pas attendre du tout. Leurs demandes devraient être traitées dans les plus brefs délais. Il devrait y avoir une compréhension très claire des anciens combattants qui ont besoin d'une décision plus rapidement que les autres.
Un ancien combattant qui a une pension complète, qui a accès au régime de soins de santé de la fonction publique et qui a trouvé un deuxième emploi après avoir quitté les Forces canadiennes n'a peut-être pas besoin d'une décision aussi rapide que l'ancien combattant qui n'a pas de pension, qui n'est pas admissible au régime de soins de la santé de la fonction publique ou qui n'a pas accès au programme de réadaptation, mais qui a été brisé par les FAC et qui est sorti de l'hôpital avec son petit sac contenant trois mois de médicaments pour une condition liée à son service. Il doit attendre.
Je dois demander, d'où sortent les 16 semaines? Ils obtiennent leurs médicaments pendant trois mois, mais la norme de service est de 16 semaines.
J'espère avoir répondu à votre question, monsieur Desilets. Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bien entendu, comme toujours, j'aimerais remercier l'ombud du travail qu'elle accomplit. C'est toujours incroyablement important et, bien sûr, colonelle Jardine, par l'entremise du président, il est toujours agréable de discuter avec vous.
L'une des choses qui m'a vraiment frappée dans vos déclarations d'aujourd'hui, c'est le fait que lorsque les gens attendent que leur demande d'invalidité soit traitée, ils ne sont souvent pas en mesure de payer le coût du traitement, ce qui signifie, malheureusement, qu'ils y renoncent. Je regarde également la déclaration dans laquelle vous avez dit que les femmes attendent souvent beaucoup plus longtemps. Les anciennes combattantes nous ont dit que leur expérience est unique parce que, souvent, l'évaluation que l'on fait d'elles se fait à travers le prisme du corps masculin. Cela limite la compréhension des expériences qu'elles vivent et, parfois, elles se voient même refuser les soutiens qui leur reviennent de droit à cause de cela.
Je me demande simplement si vous avez fait, ou avez l'intention de faire, du travail pour mieux comprendre cette question précise et la façon dont nous pouvons aider les femmes qui ont servi notre pays à être mieux servies en tant qu'anciennes combattantes.
Nous n'avons pas ces chiffres détaillés, madame Blaney, du moins pas à notre disposition et à ce niveau de détail. Ce que je peux dire, c'est qu'en 2021‑2022, nous avons reçu cinq plaintes concernant l'accès des membres de la famille à des soutiens de santé mentale, et ces plaintes datent d'après les changements apportés par le gouvernement à la politique de santé mentale.
Nous examinons encore les cas où des membres de la famille essaient de recevoir des traitements de santé mentale. L'un de ces cas est celui d'une ex‑conjointe qui tente d'obtenir une couverture pour des services de santé mentale pour elle et les enfants. Encore une fois, si vous avez besoin de services par l'entremise de l'ancien combattant, une fois que le mariage est rompu, c'est très difficile à obtenir.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à la colonelle Jardine et à son personnel d'être ici encore une fois aujourd'hui. Nous sommes très reconnaissants d'avoir ces conversations avec vous. Je vous suis certainement très reconnaissante de l'approche que vous adoptez à votre bureau.
J'aimerais que vous me parliez un peu plus de l'aspect de la santé mentale. Nous voyons peu ou pas de mouvement de la part du gouvernement pour veiller à ce que les familles des anciens combattants aient accès à des soins de santé mentale de plein droit, quel que soit le traitement que l'ancien combattant reçoit. Je sais que c'est important pour vous. C'était une recommandation importante de ce comité il n'y a pas si longtemps.
Pouvez-vous parler de l'importance que les membres de la famille de l'ancien combattant jouissent d'une bonne santé mentale, de son incidence sur le processus de rétablissement de l'ancien combattant et de ce que cela signifie? De toute évidence, l'ancien combattant traverse une mauvaise période et sa famille en souffre, mais il voit sa famille souffrir, ce qui ne fait que compliquer la situation. C'est un problème cyclique. J'aimerais connaître votre point de vue à ce sujet, compte tenu du travail que vous avez effectué.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
La technologie, c'est merveilleux lorsque cela fonctionne, mais parfois, le vieil équipement fonctionne mieux que le nouveau. Voilà où nous en sommes.
Madame Jardine, je vous remercie beaucoup d'être avec nous. Je crois que vous vous habituez bien à votre nouveau rôle.
Dans votre discours préliminaire — et une autre fois par la suite —, vous nous avez suggéré de demander au ministère des renseignements sur les personnes en attente d'une décision quant à leur demande initiale, afin d'examiner ces chiffres.
En effet, le Comité peut faire une telle demande et je conviens que cet élément devrait nous intéresser, mais si vous avez jugé nécessaire d'en parler dans votre discours préliminaire et si c'est une question importante pour vous, pourquoi n'avez-vous pas fait une telle demande? J'ai lu votre mandat. Il semble que vous soyez en position d'examiner les problèmes existants et les problèmes systémiques.
J'aimerais d'abord vous demander pourquoi vous n'avez pas demandé ces chiffres au ministère, afin d'aller au fond de la question. Ensuite, je vous demanderais de commenter de façon générale votre collaboration et le niveau d'échange des renseignements avec le ministère. Je me demande si c'est un indicateur d'un plus gros problème.
:
Je vais d'abord répondre à la deuxième partie de votre question. Depuis que je m'acquitte de ces fonctions — et je vous remercie pour vos bons mots —, j'ai constaté que ma relation de travail et celle de mon personnel avec le ministère était collégiale et respectueuse, de façon générale.
Nous demandons des données. Parfois, le ministère ne peut tout simplement pas nous les transmettre parce qu'il ne les recueille pas. Dans nos recommandations, nous demandons au ministère de recueillir des données ventilées pour avoir le plus de renseignements possible sur les diverses populations qu'il sert.
Par exemple, dans le rapport que nous publierons sous peu, nous avons constaté qu'il n'y avait pas suffisamment de données pour tirer des conclusions. Nous ne pouvons pas vous dire quelle est l'ampleur du problème, parce que les données ne sont tout simplement pas disponibles. À notre connaissance, le ministère ne recueille pas de données. J'aimerais que le Comité demande au ministère pourquoi il ne recueille pas de données et ce qu'il peut faire à cet égard.
En ce qui a trait au nombre de demandes et aux personnes qui attendent que leur demande soit traitée, encore une fois, c'est une question de données. Je demanderais à mon collègue, M. Schippers — qui comprend beaucoup mieux que moi comment nous demandons les données — de vous donner des détails à ce sujet.
:
Monsieur Casey, nous recevons des données sur les délais de traitement des demandes, et sur les premières demandes de façon précise. [
Difficultés techniques] selon la personne à qui vous posez la question. Le ministère a transmis certaines données au Comité et a utilisé une méthode de calcul différente de la nôtre. Il est important pour le Comité de pouvoir comparer des données semblables.
Nous examinons les premières demandes. Le ministère examine l'ensemble des demandes, ce qui comprend les deuxièmes demandes — qui sont traitées beaucoup plus rapidement — et les demandes en « zone rouge », qui sont traitées de manière accélérée dès le départ, puisque les anciens combattants dans cette catégorie peuvent avoir plus de 80 ans ou être blessés si gravement qu'il est évident qu'ils ont besoin d'aide rapidement. Nous avons ces données. L'exercice devient encore plus complexe lorsqu'on examine le temps d'attente moyen comparativement au temps d'attente médian.
Ce que nous voulons dire, c'est qu'il est évident que les francophones attentent plus longtemps que les anglophones et que les femmes attendent plus longtemps que les hommes. Les femmes francophones attendent plus longtemps que tous les autres demandeurs. La situation n'a pas changé, mais l'écart se rétrécit.
Anciens Combattants Canada étudie les données d'un mois à l'autre. Nous les étudions d'une année à l'autre. Ainsi, nous allons comparer les données sur les temps d'attente de l'année se terminant au 31 mars à celles de l'année dernière. Nous avons donc les données d'une année entière et nous pouvons voir l'amélioration d'une année à l'autre, le cas échéant. Nous savons qu'un certain nombre d'initiatives ont été mises en place, mais il faut regarder les chiffres pour savoir ce que cela signifie.
:
Il recueille les données.
[Français]
Sans doute que les données informatiques sont là, mais la question est la suivante:
[Traduction]
À quoi comparez-vous les données? Elles sont différentes, selon les divers facteurs en cause. Lorsque la colonelle Jardine disait que le ministère ne recueillait pas les données, elle parlait des données sur les hommes, les femmes, les francophones et les anglophones, et des lacunes relatives aux données sur les anciens combattants autochtones. Est‑ce que ces anciens combattants attendent plus longtemps avant d'obtenir une réponse que les autres? Est‑ce que le fait de vivre dans une région éloignée ou dans un centre urbain a une incidence sur le temps d'attente? Il faut tenir compte de ces facteurs supplémentaires. Est‑ce que la situation est différente pour les membres de la communauté LGBTQ? Est‑ce qu'ils attendent plus longtemps que les autres? Le ministère ne recueille pas les données, alors nous ne pouvons pas les comparer. Ce sont ces données qui sont manquantes, mais les données de base sur la langue et sur le sexe sont recueillies; nous les avons en main.
L'enjeu, c'est qu'il faut comparer les données de la même façon. Si l'on tient compte de toutes les demandes et non seulement des premières demandes, le résultat quant aux progrès qui sont réalisés ne sera pas le même.
:
Merci, monsieur le président.
Au sujet des données, nous avons entendu de nombreux témoins plus tôt cette semaine. Les membres de la communauté LGBT nous ont dit qu'on ne leur posait pas de question sur leur orientation dans les formulaires. Les gens qui souhaitent exprimer leur appartenance à cette communauté ne peuvent même pas le faire, alors nous ne disposons d'aucune donnée à cet égard. C'est très préoccupant.
Ma prochaine question porte sur les aidants naturels. Nous savons que bon nombre d'entre eux font une grande partie du travail. J'ai entendu quelque chose de très important dans la dernière réponse: le gouvernement profite du travail gratuit de ces proches aidants.
Nous pourrions étudier la question un peu plus en détail, parce que nous savons que les critères d'admissibilité sont très stricts. Ils ne tiennent pas compte de certains éléments clés. Dans votre rapport, vous dites que les aidants naturels s'occupent de la garde des enfants, des soins aux aînés, de la préparation des repas, des courses, du lavage, des rendez-vous, et qu'ils offrent un grand soutien psychologique aux anciens combattants, mais que tous ces éléments ne sont pas pris en compte.
Pourriez-vous nous parler des conséquences d'une telle situation sur les anciens combattants et leur famille?
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour votre service.
J'ai reçu l'appel d'un électeur de ma circonscription qui avait tenté à maintes reprises de me joindre. Il avait appelé les membres de mon personnel et avait répété son histoire plusieurs fois. Je crois qu'il est inacceptable de faire subir le traumatisme associé à ce processus aux anciens combattants. Ce que nous oublions aussi, c'est que les membres de mon personnel s'engagent émotivement auprès de ces personnes.
En début de semaine, des témoins nous ont dit qu'ils ne recommanderaient à personne de s'enrôler dans les forces. Je crois que cela démontre notre piètre façon de gérer les diverses situations.
Ne croyez-vous pas que la collecte de données aidera le ministère à améliorer certains volets et à offrir des soins plus rapidement à nos anciens combattants? Nous pourrions ainsi cibler les lacunes et tenter d'accroître l'efficacité des services. Soyons francs, sans les données, nous ne pouvons pas savoir quels sont les points qui doivent être améliorés.
Je crois que c'est important. Êtes-vous du même avis?
:
Colonelle Jardine, je vous remercie pour votre service. Merci de vous joindre à nous aujourd'hui.
Monsieur Schippers, je vous félicite de votre nomination à votre nouveau poste.
J'aimerais revenir sur deux ou trois choses qui ont été dites plus tôt. Au début des séries de questions, j'avais l'impression que nous ne reconnaissions pas que le rapport de l'ombudsman est un rapport indépendant. En fait, vous présentez un bulletin de notes sur le rendement du ministère des Anciens Combattants.
J'ai eu l'impression que certains commentaires précédents laissaient entendre que vous étiez là pour diriger le ministère des Anciens Combattants, alors que vous êtes ici pour souligner certains problèmes, en fait. Je sais que vous pourriez en dire plus sur cette relation.
Donc, pourriez-vous en dire plus sur votre relation avec le ministère des Anciens Combattants, sur certaines de vos recommandations et sur la façon dont elles sont accueillies par le ministère?
:
C'est certainement un défi pour moi. Je pense qu'une des choses les plus importantes est d'aider les gens à comprendre le rôle du Bureau de l'ombudsman. Nous avons un rôle très circonscrit. Tout ce que je peux faire [
difficultés techniques] où je constate une injustice ou une iniquité. C'est tout ce que nous pouvons faire.
J'offre mes recommandations. Nous faisons vraiment de notre mieux pour veiller à présenter au ministère des recommandations réalistes et réalisables. Nous comprenons que des modifications législatives pourraient être nécessaires dans certains cas, ce qui, comme vous le savez, relève du gouvernement. Nous savons que nous devons parfois faire de telles recommandations, et nous le faisons de manière réfléchie et prudente.
Depuis mon arrivée, pour chaque rapport, je demande explicitement au ministre de répondre et d'indiquer s'il est d'accord avec ces recommandations. C'est tout ce que je peux faire. Il revient à d'autres de renforcer ces recommandations ou de prendre les mesures nécessaires pour les mettre en œuvre.
Encore une fois, c'est mon rôle. C'est un rôle très limité. C'est un travail fantastique que j'adore. Il est si gratifiant de pouvoir cerner un problème, puis de proposer une façon de le régler. Lorsque ces recommandations sont acceptées et mises en œuvre, c'est un [difficultés techniques] extrêmement gratifiant.
:
Merci, monsieur le président, et bienvenue à notre invitée. C'est formidable d'entendre votre point de vue sur bon nombre de ces questions.
J'aimerais me concentrer sur les solutions possibles à l'ensemble des problèmes qui ont été cernés. Comme vous l'avez dit, colonelle Jardine, ne nous perdons pas dans les chiffres. Je cherche des suggestions ou des solutions que vous pourriez proposer pour améliorer le système.
Voici ma première question. Croyez-vous que le ministère des Anciens Combattants a les outils nécessaires, avec les ressources dont il dispose actuellement, pour régler les problèmes liés à l'arriéré et aux inégalités? Ou pensez-vous plutôt qu'il devrait moderniser et rationaliser davantage ses activités, chercher des idées novatrices voire s'inspirer de solutions d'autres administrations qu'il n'utilise pas actuellement afin de régler certains de ces problèmes, maintenant et à l'avenir?
:
Merci, monsieur le président.
Je suis content, madame Jardine, que vous partagiez exactement les mêmes préoccupations que nous en ce qui concerne les chiffres et les résultats. Ceux-ci vont nous permettre de refléter vraiment la souffrance des vétérans. On ne doit jamais oublier cela. Je reviens donc à ce que vous disiez au début de votre intervention: regarder l'homme, l'individu, la femme derrière le vétéran et comprendre sa souffrance. De plus, les chiffres vont peut-être permettre de faire disparaître un peu le cynisme qu'on peut avoir à l'égard de ce système politique.
Je voudrais simplement vous dire, par contre, qu'il y a trois semaines, c'est le ministère qui nous a présenté des chiffres qui ne concordent absolument pas avec ceux que nous recevons de la Bibliothèque du Parlement. Alors, je suis d'accord pour que l’on confie au ministère la tâche de répertorier et d'établir des données plus poussées, mais cela prendrait des balises. Je suis totalement d'accord pour qu'on établisse des données plus poussées qui seraient analysées de la même façon au fil du temps.
Selon vous, y a-t-il quelque chose que nous devrions ajouter dans notre rapport à ce sujet, madame Jardine?
:
Je vous en serais très reconnaissante.
Il ne me reste que quelques secondes.
Ce qui revient constamment... et quand je regarde le rapport d’étape et le bulletin de rendement, il me semble que l'analyse comparative entre les sexes doit vraiment être faite, ce qui n'est toujours pas le cas, comme vous l'avez mentionné dans certains rapports. Beaucoup de problèmes non réglés que je constate, tant pour les anciens combattants que pour leurs proches, concernent soit d’anciennes combattantes, soit des rôles traditionnellement féminins.
Je souhaiterais voir un rapport quelconque à ce sujet dans lequel on préciserait comment on compte prendre la question au sérieux et commencer à s'attaquer à ces problèmes de façon concrète. Je vous remercie du travail que vous faites en ce sens.
:
Merci, monsieur le président. Je vous en suis reconnaissant. Merci, monsieur Desilets.
Je vais poursuivre dans la même veine que précédemment. Je crois que mon collègue, M. Samson, et moi voulons la même chose. Cela devrait être une question bipartisane, mais nous pourrions emprunter des voies différentes.
Je ne cesse de revenir à la notion de triage et de triage proactif. Il y a quelque chose qui me frappe. Cela remonte à plus tôt dans ma carrière, avant ma carrière en droit, alors que j'étais agent de libération conditionnelle fédéral. Je me souviens que tout détenu sous responsabilité fédérale devait être rencontré en personne dans les cinq jours ouvrables suivant son admission. Il s'agissait de se faire une idée de la personne qu'on avait devant soi en la regardant dans les yeux. Autrement dit, on n'utilisait pas un questionnaire dans lequel les gens cochaient une case indiquant « Je n'ai pas de pulsions autodestructrices » ou « Je n'ai pas de besoins immédiats ». Voilà ce qui me pose problème par rapport à l'usage exclusif d'un système de cases à cocher. Cocher une case c'est une chose, regarder quelqu'un dans les yeux pour lui demander quels sont ses besoins immédiats en est une autre.
Donc, indirectement, ma question concernant le triage proactif est la suivante. Nous avons parlé d'aller au‑delà des chiffres. Y a‑t‑il une meilleure façon de moyen d'aller au‑delà des chiffres que de regarder quelqu'un dans les yeux? Cette interaction humaine n'est-elle pas ce qu'il nous faut actuellement? Si nous offrons cette interaction humaine aux détenus fédéraux, pourquoi ne l'offrons-nous pas aux anciens combattants?
:
Par l'entremise du président, j'aimerais dire que j'apprécie votre sincérité. C'est vraiment important parce qu'on ne peut pas révéler à une case à cocher sur un formulaire qu'on est brisé et, inversement, une case à cocher ne peut voir qu'on est brisé. C'est un des plus gros problèmes que je constate dans ce contexte.
Je me demande si nous pourrions faire des gains en efficacité parce que, par rapport au triage, ce ne sont pas tous les demandeurs qui ont besoin du service sur‑le‑champ comme vous, en tant qu'ombud, l'avez dit. Certains touchent des prestations ou ont déjà trouvé un deuxième emploi. Ces demandeurs peuvent peut-être attendre avant d'obtenir de l'aide, mais qu'en est‑il des personnes qui souffrent de TSPT, qui composent avec d'autres problèmes parfois exacerbés par leur expérience dans les Forces armées canadiennes. Ces vétérans ont besoin d'aide dans l'immédiat, alors vous les épaulez sur‑le‑champ.
Je vous laisse sur cette observation. Merci de votre travail, et merci de votre franchise aujourd'hui.
:
Merci, monsieur le président.
Colonelle Jardine et monsieur Schippers, je vous remercie du temps que vous nous consacrez aujourd'hui et de votre témoignage.
Colonelle Jardine, je vous suis vraiment reconnaissante de nous décrire le visage très authentique, que je considère comme étant très humain, de la clientèle qu'ACC appuie au quotidien.
Dans votre bulletin, j'ai remarqué que, depuis 2017, vous faites de plus en plus de recommandations à ACC. Quels changements avez-vous observés au fil des ans et quels types de problèmes ont contribué à cette augmentation année après année?
:
Je ne suis pas certain que ma réponse sera meilleure, mais je vais essayer de répondre.
Le nombre de recommandations a augmenté simplement parce que nous avons continué à produire plus de rapports pendant cette période. Jusqu'en 2017‑2018, nous nous sommes concentrés sur des gains faciles à obtenir qui portaient surtout sur l'indemnisation financière des vétérans. Au fil du temps, les gouvernements qui se sont succédé ont mis certaines de ces recommandations en œuvre.
Depuis 2018, nous sommes passés aux enjeux plus complexes, soit les inéquités fondées sur le sexe ou sur les conditions. Nous examinons la situation des familles. Nous nous penchons sur un plus grand éventail de sujets, ce qui, je crois, explique les changements.
Nous constatons que les recommandations sont mises en œuvre un grand nombre à la fois. Lorsqu'elles sont de nature législative ou réglementaire, il faut un certain temps pour les ajouter au programme législatif et pour que le Parlement y accorde son attention, alors un groupe de recommandations se concrétisent en même temps. De nombreuses recommandations sont mises en œuvre, puis il faut attendre quelques années avant que le milieu politique puisse traiter une autre série.
Nous espérons toujours que les recommandations proposées seront mises en œuvre, mais nous nous en remettons à vous et à vos collègues pour promouvoir celles qui, selon tous les autres défis et projets que les parlementaires doivent évaluer, devraient voir le jour.
:
D'après ce que je comprends, la zone rouge veut dire que, si vous avez plus de 80 ans, votre demande est accélérée. Si vous vous identifiez comme souffrant d'un problème de santé mettant votre vie en danger — si, par exemple, vous recevez des soins palliatifs — votre demande passe au haut de la liste et devient prioritaire.
J'entends par « demande initiale » la toute première fois où un demandeur, qu'il soit toujours en service ou qu'il soit un vétéran, fait une demande pour un problème de santé invalidant. Le problème peut en être un de genou, d'ouïe ou autre. Une myriade de problèmes de santé sont liés au service. Il s'agit de la première fois que vous faites cette demande. Il faut fournir beaucoup de renseignements dans cette demande. Il faut établir le lien avec le service; pour ce faire, il faut un diagnostic. Si le demandeur n'a pas de médecin de famille, il est difficile d'obtenir un diagnostic. En fait, ce peut être pratiquement impossible.
C'est ce que j'entends par « demande initiale »: c'est la première fois que quelqu'un fait une demande. Si le demandeur n'a pas plus de 80 ans ou ne s'auto-identifie pas comme étant dans une situation mettant sa vie en danger, il s'ajoute à la fin de la file.
Les réévaluations se produisent lorsqu'une demande [difficultés techniques] et que le ministère dit: « Effectivement, vous avez un problème au genou gauche. Nous convenons que c'est un problème, et voici notre évaluation. » Le ministère refait une évaluation quelques années plus tard. Ces demandes sont traitées assez rapidement.
Le délai d'attente pour une réévaluation ou une demande de zone rouge est très court. Le délai nécessaire est très court, ce qui fait baisser la moyenne que vous avez entendue. Selon moi, on ne vous a pas décrit le problème tel qu'il est. C'est l'avis de Nishika Jardine. Les personnes qui font cette première demande peuvent la faire avant de quitter le service. Ce peut être juste après le service ou 50 ans plus tard.
:
Merci beaucoup, madame Wagantall, de me laisser vos 30 secondes. Je l'apprécie vraiment. Si vous aviez su que je suivais la conversation, je ne suis pas certain que j'aurais hérité de ce temps, mais ce n'est pas un problème. Je l'apprécie.
Mme Cathay Wagantall: Cela me fait plaisir.
M. Darrell Samson: Merci.
Ma question porte encore sur le triage. Le concept est intéressant. Mon collègue, M. Caputo, l'a mentionné lui aussi. Le fait que quelqu'un attende maintenant 16 semaines ou 3 ans parce qu'il ou elle a une pension et certaines des prestations d'avant... est une différente paire de manches, mais je ne pense pas que nous inventions quoi que ce soit.
Saviez-vous que, en 2019, la lettre de mandat du prévoyait que des échanges auraient lieu? C'est la raison pour laquelle il y a eu beaucoup de communications. Pendant la COVID, je crois qu'il y en a eu 15 000 ou plus. Je crois que tous ceux qui avaient un conseiller en gestion de cas ont reçu un appel. Pourriez-vous nous faire part de votre perspective à ce sujet?
:
Nous le faisons de deux manières. D'abord et avant tout, lorsqu'un vétéran ou un militaire actif nous consulte pour se plaindre des difficultés qu'il éprouve à traiter avec le ministère, nous devons interagir avec le ministère pour attirer son attention sur le problème et régler la plainte. À tous les échelons, les membres de mon personnel sont en mesure de travailler avec les employés du ministère qui peuvent contribuer à régler le problème.
S'ils ne parviennent pas à le faire, le problème est acheminé à M. Schippers. M. Schippers s'adresse alors aux employés du ministère qui sont à son échelon afin de tenter de corriger le problème. Parfois, la plainte me parvient directement, et j'écris alors une lettre au sous-ministre pour lui exposer le problème et lui faire une recommandation quant à la manière de le régler.
Nous accomplissons ce travail quotidiennement. C'est le gagne-pain de l'ombud. Nous faisons cela tous les jours pour aider les vétérans et les militaires actifs. Tous les clients du ministère des Anciens Combattants peuvent s'adresser à nous lorsqu'ils ont une plainte à formuler. Nous la portons à l'attention des responsables du ministère, car ce sont eux qui peuvent la régler.
La deuxième façon de procéder consiste à mener des enquêtes systémiques. Lorsque nous constatons qu'il peut y avoir un problème systémique ou une iniquité systémique qui fait obstacle aux prestations et aux services ou à un accès équitable aux prestations et aux services, nous lançons une enquête officielle. Nous effectuons des recherches fondées sur des données du ministère. Nous visitons le ministère, et nous prenons connaissance des politiques. Nous tirons des conclusions, puis nous formulons des recommandations qui, selon nous, permettront de résoudre le problème systémique. Nous faisons état de ces recommandations dans notre rapport annuel et notre bulletin.
Voilà les deux façons dont nous travaillons quotidiennement avec le ministère pour repérer les lacunes et les obstacles auxquels les vétérans se heurtent.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais m'adresser à madame Jardine.
Je veux d'abord vous remercier, car vous m'avez fait réaliser quelque chose de fort important lorsque vous avez répondu à M. Caputo, c'est-à-dire toute l'importance du lien avec le « client ». Je comprends aujourd'hui que les agents de gestion de cas sont parmi les seuls professionnels en relation d'aide qui ne rencontrent pas leurs clients en personne, qui ne sont pas vraiment en relation avec le client. Je réalise cela maintenant et je trouve que c'est un peu aberrant.
J'aimerais avoir votre opinion sur ceci. Nous avons reçu cette semaine une paire aidante qui a suivi 1 200 vétérans de façon bénévole au cours des 12 dernières années pour les aider à rédiger leur demande et à faire le suivi, entre autres. Elle nous a proposé de créer des postes d'agent de liaison, afin de créer un contact fiable et stable avec un individu durant tout son cheminement de gestion de cas. Le vétéran serait plus informé, soutenu et sécurisé durant tout le processus.
Je voudrais avoir votre opinion là-dessus. Selon vous, est-ce quelque chose de possible et de crédible?
:
Je mentionne très rapidement que les gens qui interviennent pour aider les vétérans [
difficultés techniques] sont des saints.
La Légion royale canadienne le fait, et ce, depuis des dizaines d'années. Il y a de nombreuses personnes partout au pays, comme celles que vous avez entendues, qui interviennent pour essayer d'aider leurs collègues à obtenir ce qu'ils demandent, parce que ces personnes ont une certaine expérience en la matière. Ils sont méritants de le faire, car le processus n'est pas aussi clair que nous le souhaiterions.
L'importance d'obtenir l'information et de fournir une réponse complète... J'ai déjà fait allusion à ce travail. Après avoir servi, les vétérans estiment qu'il devrait leur suffire de mentionner qu'ils ont servi, qu'ils ont occupé un certain poste, qu'ils sont blessés et qu'ils ont besoin d'aide. Cependant, le processus et les formalités à remplir nécessitent bien plus que cela. Les personnes qui les aident leur rendent véritablement un service inestimable.
Je les félicite de leur travail, tout comme le font tous les employés de mon bureau.
:
Merci, monsieur le président.
Cette conversation me réjouit vraiment. J'adresse ma question à vous deux — à la personne qui vous semble la mieux placée pour y répondre.
De nombreux vétérans m'ont dit qu'ils ont maintenant l'impression de s'adresser à une compagnie d'assurance, à qui ils doivent continuellement prouver les torts qu'ils ont subis. C'est le sentiment qu'ils ont. Je les ai entendus dire tellement de fois qu'ils doivent prouver de nouveau leur valeur, qu'ils doivent se battre de nouveau, qu'ils n'ont pas l'impression d'être à un endroit où l'on va pour obtenir de l'aide et qu'ils ont l'impression d'être à un endroit où l'on va pour se battre.
J'aimerais également ajouter que le problème lié à Mon dossier ACC continue d'être préoccupant. Souvent, on dit aux anciens combattants: « Vous seul pouvez utiliser ce dossier ». Il y a tout un processus à suivre s'ils veulent que quelqu'un d'autre puisse y avoir accès en leur nom. Lorsqu'on est aux prises avec des traumatismes et problèmes de santé physique de plusieurs types, on n'a tout simplement pas le temps de s'occuper de ces questions.
Je trouve cela déroutant. Je travaille souvent avec des anciens combattants et, selon leur état d'esprit, je dois parfois attendre une heure avant qu'ils se calment suffisamment pour avoir une conversation à partir de laquelle nous pouvons agir. Si vous continuez à les placer dans une situation où, lorsqu'ils appellent, il faut une heure pour les calmer... Nous avons travaillé avec des anciens combattants qui ont été informés qu'ACC ne répondrait plus à leurs appels. Je ne comprends pas du tout cela. Ils ont servi notre pays et on leur dit: « Vous ne pouvez plus appeler ici, parce que vous malmenez notre personnel ».
Je me demande simplement si vous avez entendu des propos semblables. Avez-vous des suggestions à nous faire quant aux personnes que nous pourrions faire comparaître devant le Comité afin de discuter de ce problème?
:
Il y a deux choses que je peux dire.
Premièrement, je partage absolument votre préoccupation au sujet des vétérans qui sont incapables de fournir l'information requise de façon calme et posée, parce qu'ils sont très frustrés et qu'ils souffrent peut-être de problèmes de santé mentale. J'ai communiqué cette préoccupation directement au ministère. En outre, cette question me préoccupe même en ce qui concerne mon propre bureau.
Deuxièmement — et j'aimerais insister sur ce point —, je précise que le gouvernement a apporté un changement, qui entrera en vigueur le 1er avril, en vue d'offrir des avantages pour soins de santé mentale à des vétérans qui ont [difficultés techniques] de santé mentale [difficultés techniques]. J'exhorte le gouvernement à faire un pas de plus et à accorder exactement la même considération et les mêmes avantages aux vétérans qui présentent une demande de prestations d'invalidité, quel que soit leur état de santé. Cela contribuera grandement à combler le fossé qui est créé simplement en libérant ces militaires des Forces armées canadiennes.
:
Je vous remercie de vos interventions.
Colonelle Jardine, au nom des membres du Comité et en mon nom personnel, je veux vous remercier de votre présence aujourd'hui et de vos services en tant que membre de l'armée. Je vous remercie aussi de tout le travail que vous faites au nom des vétérans.
Je rappelle, madame Jardine, que vous êtes colonelle à la retraite et ombud des vétérans. J'imagine que vous avez remarqué que tous les membres du Comité et moi-même avons fait de notre mieux pour bien dire « ombud of veterans ».
[Traduction]
Je tiens également à remercier M. Duane Schippers, l'ombud adjoint des vétérans.
[Français]
Mesdames et messieurs, je voudrais demander...