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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Darryl Cathcart. J'ai fondé Release Point Education, un cabinet d'experts-conseils pionnier spécialisé dans l'amélioration du parcours universitaire des apprenants issus du milieu militaire dans les établissements postsecondaires. C'est donc dans cette optique que j'envisage la transition.
Je regrette de ne pas comparaître en personne. Je vous remercie toutefois de l'occasion que vous me donnez de faire part de mes réflexions sur la transition des membres des Forces armées canadiennes et des vétérans.
Ma mission au sein de Release Point Education n'est pas seulement de nature commerciale. Il s'agit également d'un engagement personnel né de mes expériences et des difficultés que j'ai rencontrées lorsque je suis passé d'une carrière de 26 ans au sein des Forces armées canadiennes à la vie civile et au milieu universitaire.
À la fin de ma carrière militaire, je me suis engagé dans une voie qui m'a amené à reprendre des études supérieures. J'ai alors découvert des lacunes importantes dans le soutien offert aux personnes qui ont servi notre pays pendant des décennies. Cette révélation a été pour moi une prise de conscience, mais aussi un appel à l'action.
Les apprenants issus du milieu militaire — un groupe qui comprend des militaires en service, des vétérans, leur famille immédiate et des fonctionnaires du ministère de la Défense nationale — ont des besoins uniques et sont confrontés à des difficultés particulières que les structures traditionnelles de soutien universitaire et social ne parviennent souvent pas à prendre en compte, et encore moins à résoudre. Face à ce constat, Release Point Education a été fondé pour combler cette lacune et travailler avec les collèges et universités du Canada à l'établissement de cadres universitaires inclusifs et pour servir d'intermédiaire permettant aux apprenants issus du milieu militaire d'effectuer une transition sans heurts, de s'épanouir et, à terme, de réussir leur carrière après leur service.
Ma tâche consiste à travailler en collaboration étroite avec les collèges et les universités pour développer et mettre en œuvre des stratégies qui ne sont pas simplement des solutions génériques, mais qui sont parfaitement adaptées aux besoins particuliers des apprenants issus du milieu militaire. Nos efforts visent à créer les meilleurs environnements d'apprentissage possible pour les étudiants en façonnant la culture universitaire et en en faisant des communautés fondées sur la compréhension, le respect et les opportunités. En d'autres termes, du point de vue du milieu militaire, nous cherchons à améliorer les systèmes, les procédures et les processus existants, tout en encourageant de nouvelles initiatives.
La recherche empirique démontre clairement l'importance capitale de la mise en place de systèmes de soutien personnalisés pour les apprenants issus du milieu militaire. L'éducation et la formation sont des outils essentiels pour la réussite de la transition. Un parcours universitaire est en fait adaptable à l'infini.
En partageant des pratiques exemplaires, en tirant parti d'expériences personnelles et en plaidant continuellement pour la reconnaissance du parcours unique des apprenants issus du milieu militaire, Release Point Education s'efforce d'établir une nouvelle norme au sein de l'écosystème de l'enseignement postsecondaire. Notre objectif est que chaque apprenant issu du milieu militaire qui entre sur un campus canadien se sente équipé, soutenu et valorisé, non seulement pour ses contributions passées, mais aussi pour son immense potentiel en tant qu'étudiant et futur chef de file au sein de nos collectivités.
Mes liens avec les vétérans ne se limitent pas aux établissements d'enseignement postsecondaire. Je travaille avec Du régiment aux bâtiments et Respect Canada, et je suis notamment membre bénévole du Groupe consultatif sur l’excellence du service et la transition d'Anciens Combattants Canada. Je suis également commissaire au sein de la Commission d’aide aux anciens combattants de l'Ontario.
En conclusion, la transition des Forces armées canadiennes au monde universitaire et à la vie civile en général devrait être appuyée par un soutien inébranlable, des ressources complètes et une compréhension profonde des difficultés uniques auxquelles sont confrontés les apprenants issus du milieu militaire. Release Point Education s'engage à être à l'avant-garde de ces efforts, et à travailler sans relâche pour garantir des transitions réussies et réellement significatives.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer sur cette question essentielle. J'ai hâte de répondre à vos questions et observations.
:
Je vais commencer, monsieur le président, par corriger le titre: je suis lieutenante-colonelle honoraire.
Monsieur le président, membres du Comité permanent des anciens combattants, bonjour.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir à nouveau invitée à comparaître devant ce comité. Je ne vois pas de meilleure façon de célébrer la Saint-Valentin qu'en compagnie de 12 de mes politiciens préférés.
Des députés: Ha, ha!
Lcol (honoraire) Sandra Perron: Je suis lieutenante-colonelle honoraire du Régiment de Hull et je suis une vétérane qui a servi dans le Royal 22e Régiment.
[Français]
Je suis aussi la fondatrice et présidente-directrice générale du centre Pepper Pod, un centre de ressourcement pour vétéranes.
Plus de 300 femmes ont obtenu leur diplôme de notre programme Lifeshop. Dans le cadre de ce programme, nous offrons une fin de semaine de ressourcement soit aux femmes qui sont des vétéranes ou qui vont le devenir sous peu, soit à celles qui sont des épouses de militaires ou qui sont de la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC.
J'aimerais d'abord parler brièvement de ce qu'Anciens combattants Canada fait de bien, selon les vétéranes qui participent à nos programmes.
Premièrement, le programme Allocation pour études et formation, ou AEF, est extrêmement bien accueilli et apprécié.
Deuxièmement, les réponses aux réclamations semblent être fournies un peu plus rapidement qu'auparavant et, en général, elles sont traitées de façon équitable.
Troisièmement, Anciens combattants Canada a récemment favorisé certaines inclusions propres au genre pour les handicaps tels que la dysfonction sexuelle féminine, et cela a également été fort apprécié.
Voici cependant les domaines dans lesquels il reste encore beaucoup de choses à faire, toujours selon les femmes qui participent à nos programmes.
Premièrement, il y a les services médicaux après la transition. Une vétérane qui, à la fin de sa carrière, décide de retourner dans sa province d'origine ou dans son lieu de résidence prévu, qui se trouve dans une autre province, doit y avoir vécu trois mois avant de demander une carte d'assurance-maladie et, par la suite, attendre encore de deux à trois mois avant de l'obtenir.
Selon ce que me disent les vétéranes, elles ne peuvent pas s'inscrire sur une liste d'attente pour consulter un médecin tant qu'elles n'ont pas leur nouvelle adresse. Je sais que cela est différent pour les familles, mais les femmes militaires qui quittent les Forces armées canadiennes et qui deviennent vétéranes doivent relever ces défis.
Sans médecin, une vétérane ne pourra pas obtenir d'ordonnance pour des services tels que la réadaptation ou la physiothérapie. En attendant, elle doit payer de sa poche pour aller au privé ou aller à l'urgence, deux options qui sont inacceptables. Pour combler cette lacune, les membres nouvellement retraitées devraient avoir accès à des rendez-vous virtuels avec un médecin par le truchement d'un programme national d'Anciens combattants Canada. Le médecin pourrait prescrire ces services jusqu'à ce que le système provincial entre en vigueur.
[Traduction]
Le deuxième point est la santé des femmes. J'en ai déjà parlé. Les femmes qui quittent les forces armées après environ 25 ans de service sont souvent au stade de la périménopause. Elles ont travaillé dans un environnement au sein duquel on n'aborde généralement pas les sujets comme la ménopause et autres. Vous ne pouvez pas savoir combien de femmes assises autour de la table de notre centre ne se rendent pas compte que certains de leurs symptômes sont tout à fait normaux ou liés à des changements tout à fait naturels de leur corps. Comment les femmes peuvent-elles en savoir aussi peu sur leur corps? En outre, le manque de connaissances, de compréhension et de compassion de certains médecins donne à ces vétéranes l'impression qu'elles font une dépression nerveuse, ce qui peut aboutir à un isolement inutile.
Le troisième point est Canada Vie. C'est un désastre. Je n'en dirai pas plus.
Le quatrième point est le Soutien social aux victimes de stress opérationnel. Ce programme a accompli un travail remarquable en créant des forums au sein desquels les vétérans peuvent se réunir, partager leur histoire et guérir ensemble. Des réunions de groupe guidées sont organisées dans tout le Canada. Le problème est que ces groupes de vétérans reflètent souvent les caractéristiques démographiques de nos militaires. Ils comprennent principalement des hommes blancs hétérosexuels. C'est une bonne chose pour eux. Ils ont grand besoin de ce service.
Cela dit, les vétéranes me disent qu'elles ne veulent pas participer à ces réunions, où l'on trouve surtout des hommes, et qu'elles ne veulent pas qu'on leur dise prendre part aux groupes de conjoints. Les groupes de conjoints doivent avoir leurs propres discussions, car il s'agit d'histoires distinctes. Certaines femmes transgenres ont également déclaré qu'elles ne se sentaient pas en sécurité lors de ces réunions.
Enfin, nous aimerions exprimer notre reconnaissance envers la et ses cadres supérieurs, qui ont passé toute une journée au Pepper Pod, pendant laquelle ils ont écouté les histoires de nos vétéranes et ont même cuisiné pour le groupe Lifeshop à venir. Elle s'est montrée sincère, dévouée et très attentionnée à l'égard de nos vétéranes.
[Français]
Je vous remercie de l'important travail que vous accomplissez. La transition de la vie militaire à la vie civile est un moment crucial et bouleversant dans la vie d'une vétérane ou d'un vétéran. Même après avoir remis notre équipement et nos uniformes, l'armée constitue comme une seconde peau pour nous. Je vous prie donc de continuer vos efforts pour améliorer la transition de la vie militaire à la vie civile des vétérans et des vétéranes.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour. Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous.
J'ai lu que l'ordre autorisant cette étude avait deux objectifs: en apprendre davantage sur la période de transition immédiate pour les personnes qui quittent le service militaire et savoir comment Anciens Combattants Canada et les organismes de service aux vétérans peuvent atteindre les nouveaux vétérans pour leur faire part des options que leur offre Anciens Combattants Canada.
Ces deux objectifs sont louables, mais je pense qu'ils ne sont pas suffisants si le public cible l'étude relative au changement commence par Anciens Combattants Canada, s'appuie sur cet organisme et se limite à celui‑ci, ou si le rôle des organismes de service aux vétérans consiste uniquement à aider les nouveaux vétérans dans leurs interactions avec Anciens Combattants Canada. Ces deux points de départ font d'Anciens Combattants Canada le vecteur et le décideur de ce qui est nécessaire et financé, et limitent l'objectif des organismes de service aux vétérans à la prise en charge des membres qui quittent le service en uniforme. Dans les deux cas, c'est le statu quo.
Et si cette étude tenait compte du point de vue et de l'intérêt de la personne et de la collectivité dans leur ensemble? Et si l'étude intégrait la collectivité même que les vétérans choisissent, ainsi que les activités et les services qu'ils utiliseront? Et s'il s'agissait d'un plan d'action national? Et si les quelque 60 organismes de soutien aux vétérans du Canada — et je fais ici une estimation — et les 250 organismes de soutien au total des collectivités répertoriées par Respect Canada, vers lesquels Anciens Combattants pourrait se tourner en premier lieu, faisaient partie d'un secteur sans but lucratif existant beaucoup plus vaste d'environ 170 000 organismes constitués en société? Et si nous mobilisions ces organismes?
Ce secteur joue un rôle économique, social et politique dans la création d'un bien public commun pour le Canada. Selon l'Agence du revenu du Canada, en 2020, il a contribué à hauteur de 185,7 milliards de dollars au PIB du Canada, soit 9 % de celui‑ci. Ce chiffre est plus important que celui des secteurs de la construction ou des transports, par exemple. Si l'on exclut les organismes publics à but non lucratif — et il en existe, notamment les universités et les hôpitaux — les sociétés à but non lucratif communautaires et commerciales de ce secteur employaient environ 630 000 salariés à temps plein et 238 000 salariés à temps partiel, et ont effectué plus de deux milliards d'heures de bénévolat en 2017.
C'est pratiquement l'objectif et la définition même d'une transition sans heurt pour les militaires afin qu'ils continuent à servir le Canada. Les compétences élevées acquises par les militaires et leur motivation lorsqu'ils quittent les forces armées sont facilement applicables, mais cette transition reliant les vétérans et ce secteur n'a pas été créée et n'est pas exploitée. Je peux donner quatre exemples précis tirés de présentations que j'ai faites sur ce sujet en 2022 et 2023. Il s'agit d'exemples d'éloignement entre militaires et civils, d'occasions manquées et d'urgences nationales dans lesquels les femmes et les hommes du service ne sont pas mobilisés pour apporter leurs compétences, leur expérience et l'avantage qu'ils apportent à la résolution des problèmes au niveau des collectivités locales et de la société civile.
Nous devons être audacieux et ne pas compter sur le ministère des Anciens Combattants pour tracer la voie à suivre. Je me fonde sur les connaissances que j'ai acquises au cours de mes 20 années de service en uniforme et de mes 32 années de service communautaire dans le secteur sans but lucratif — également appelé secteur communautaire, secteur de la société civile, troisième secteur économique du Canada, secteur non gouvernemental ou secteur bénévole, comme vous voudrez — en tant que fondatrice, présidente, membre de conseil d'administration et bénévole pour des dizaines d'organismes et de groupes sans but lucratif; en tant que membre de médias de la société civile, de conseils scolaires, d'universités, de comités consultatifs de santé publique, municipaux, régionaux, provinciaux et fédéraux; et, depuis sept ans, en tant que vétérane qui s'est concentrée sur la création d'Hommage aux Femmes Militaires Canada, une association militaire mandataire à but non lucratif qui soutient les vétéranes.
En résumé, je travaille dans le secteur sans but lucratif du Canada et j'en vois la nécessité pour la stabilité de la démocratie, de la société civile, de l'économie, de la défense et de la sécurité du Canada. Si nous envisageons cette tâche comme un plan d'action national, je suis surprise que l'on n'intègre pas ce troisième secteur de manière stratégique, intentionnelle et opérationnelle dans la réflexion d'Anciens Combattants Canada et des Forces armées canadiennes, dans les engagements liés aux anciens combattants et aux citoyens, et dans les applications de la société civile.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais également remercier tous nos témoins de leurs contributions, de leur présence ici aujourd'hui et de leur service.
Je pense que d'autres anciens combattants sont présents dans la salle. Je vous remercie d'être ici et je vous remercie de nous écouter.
Je souhaite également une bonne Saint-Valentin à tout le monde.
J'aimerais d'abord m'adresser à la lieutenante-colonelle Sandra Perron.
Je tiens absolument à venir visiter le Pepper Pod. Je suis une nouvelle membre du Comité, et je n'ai donc pas les mêmes connaissances que certains de mes collègues ici présents.
Je dois dire que j'ai été frappée lorsque vous avez mentionné que les femmes, lorsqu'elles quittent l'armée, sont généralement en périménopause et qu'elles ne comprennent pas leurs symptômes. Je ne pense pas que cela soit propre à l'armée, car c'est le cas partout au Canada. Je sais que lorsque j'ai commencé à ressentir ces symptômes, il y a plusieurs années, c'est grâce à mon entourage que j'ai compris ce qu'il m'arrivait. Nous ne connaissons simplement pas ce sujet. Je tiens à préciser que la plupart des femmes se trouvent dans une situation où elles sont entourées d'un grand nombre d'autres femmes et qu'elles peuvent donc tirer ces renseignements les unes des autres. Elles se soutiennent mutuellement de cette manière. Je ne peux qu'imaginer ce que c'est que d'être dans l'armée et de ne pas avoir ce genre de soutien pour aider à comprendre ce qui se passe avec son propre corps.
Je pense que nous observons cela aussi dans le monde du travail. En effet, lorsque les femmes accèdent à un poste de haute direction, c'est souvent au même moment qu'elles commencent à ressentir tous ces symptômes physiques supplémentaires sans nécessairement savoir ce qui se passe, et ces symptômes ont d'énormes répercussions.
Pourriez-vous nous décrire plus en détail comment les femmes font face à cette situation et comment nous pourrions commencer à nous pencher sur ce problème et à trouver des solutions pour aider les femmes à comprendre ce qui se passe et à se soutenir mutuellement?
Bonjour tout le monde.
J'ai décidé avant de venir ici que je ne prendrais pas — je l'espère — les cinq minutes qui me sont imparties, car je vais tenter de garder le plus de temps possible pour les questions, mais j'ai quelques points à souligner.
J'ai comparu à plusieurs reprises pour parler des traumatismes sexuels en milieu militaire et des survivants. Je n'insisterai donc pas sur ces points, mais ils entreront certainement en ligne de compte. Il y a actuellement quelques enjeux qui devraient être assez faciles à résoudre. D'une part, il existe actuellement un mouvement au sein des unités et des centres de transition qui tente d'empêcher les survivants de s'adresser aux médias. Des courriels officiels ont été envoyés aux survivants pour leur demander de signer un document similaire à un accord de confidentialité, ce qui les empêche de raconter leur histoire aux médias.
Comme nous le savons tous, il s'agit d'une violation directe d'autres directives qui existent déjà pour les Forces armées canadiennes. J'invite donc tous les intervenants du gouvernement à intervenir pour mettre un terme à cette pratique, car elle fait non seulement peser sur les survivants un sentiment de honte permanent, mais elle les empêche également de raconter leur propre histoire aux médias et de le faire comme ils le souhaitent.
Par ailleurs, il existe actuellement un enjeu qui me touche personnellement et qui, je l'imagine, commencera à toucher d'autres personnes. Avant d'en parler, je tiens à préciser que la dernière enquête de Statistique Canada a révélé qu'un réserviste sur cinq subira un traumatisme sexuel en milieu militaire au cours de sa carrière. À l'heure actuelle, compte tenu des faibles taux de recrutement et de tout le reste, on s'appuie fortement sur la Première réserve pour occuper des postes qu'elle n'occupait pas auparavant, en particulier dans les métiers pour lesquels le recrutement est un peu plus difficile.
J'ai été officière des affaires publiques et réserviste de classe B pendant la majeure partie de ma carrière. Je travaillais à temps plein comme réserviste et, à ce titre, j'ai travaillé à Winnipeg, à Edmonton et à Ottawa. J'ai été libérée à la fin du mois de mars 2022 à titre de réserviste de classe B en raison d'un traumatisme sexuel en milieu militaire, qui est une blessure liée au service.
Un réserviste qui quitte l'armée a droit à ce qu'on appelle un « retour à la maison ». Il s'agit d'une prestation offerte jusqu'à un an après la libération et qui permet à l'armée de réinstaller le réserviste à l'endroit d'où il avait été déplacé. Cela me permettrait donc de retourner à Edmonton ou dans un autre endroit au Canada sans dépasser le coût de mon retour à Edmonton.
Je ne peux pas me prévaloir de cette indemnité, car lorsque j'ai quitté l'armée, je suivais encore une thérapie, et je la suis toujours aujourd'hui. Mon état a évolué au point où on m'a diagnostiqué une fibromyalgie en septembre dernier. Cependant, mon indemnité de déménagement a expiré un an après la fin de mon service. J'ai demandé une prolongation, mais on m'a répondu qu'il n'existait pas de politique permettant de prolonger cette indemnité de déménagement pour les réservistes.
Les membres de la Force régulière sont autorisés à prolonger ce qu'on appelle un « déménagement au domicile projeté ». Ils sont autorisés à le prolonger pendant deux ans, puis ils peuvent ensuite profiter d'une prolongation allant jusqu'à cinq ans après leur libération s'ils disposent d'un soutien médical à cet effet. Cette prolongation est généralement accordée, car on considère qu'il est facile de l'accorder en signe de soutien aux personnes qui ont quitté l'armée en raison d'une blessure. Les réservistes n'ont pas droit à cette prolongation.
Je crois comprendre qu'il s'agit d'une lacune dont les gens viennent tout juste de prendre connaissance. Je ne suis pas la seule personne concernée. Je la considère de la même manière que les lacunes qui ont été portées à notre attention après la fusillade qui a eu lieu sur la Colline du Parlement, lorsque nous avons perdu un réserviste et que les gens se sont soudain rendu compte que les réservistes n'avaient pas droit aux mêmes prestations de décès que les membres de la Force régulière. C'est donc un peu la même idée dans ce cas‑ci.
Oui, il y a des lacunes nécessaires. À titre de réserviste de classe B, je gagne un salaire un peu moins élevé. Je n'ai pas besoin de déménager. Je peux postuler à des postes qui peuvent m'obliger à déménager. Je gagne donc un peu moins. J'accepte tout à fait cela, mais le fait que je ne sois pas en mesure d'obtenir de l'aide pour un déménagement dans un endroit qui offre des soutiens plus importants ou dans une autre maison… La maison dans laquelle j'habite actuellement a de nombreux escaliers. Ma fibromyalgie pourrait s'aggraver au point de m'empêcher de me déplacer dans ma propre maison, mais je n'ai pas droit à cette prestation parce que j'étais réserviste à temps plein. J'aimerais donc attirer l'attention du Comité sur ce point.
Par ailleurs, il y a aussi quelques questions moins urgentes. L'une d'entre elles concerne l'allocation pour études et formation. Les personnes qui servent dans l'armée pendant 12 ans ou moins, ou pendant plus de 12 ans, ont droit à un certain montant de financement au titre de l'allocation pour études et formation pour aller à l'université ou pour poursuivre des études, mais des règles très strictes régissent l'utilisation de cet argent. En effet, cet argent ne peut être utilisé que pour aller à l'université ou faire des études du même type.
J'aimerais que cette politique soit élargie pour permettre aux gens de suivre d'autres types de cours qui les intéressent ou d'utiliser cet argent pour les aider à financer une entreprise ou un programme d'entrepreneuriat ou quelque chose qui permettrait à ces personnes de devenir elles-mêmes des employeurs. Je pense que ce serait une très bonne façon pour le gouvernement de démontrer son soutien aux anciens combattants.
Pour le dernier point, je vais revenir brièvement sur les entrepreneurs. Je sais que je suis partiale parce que je suis entrepreneure, mais aux États-Unis, il existe actuellement un système en vertu duquel un certain pourcentage des contrats annuels du gouvernement doit aller à des entreprises appartenant à des anciens combattants. Il existe également une catégorie distincte pour les entreprises qui appartiennent à des anciens combattants handicapés et une autre catégorie pour les entreprises qui appartiennent à des anciennes combattantes. Il s'agit de faibles pourcentages dans l'ensemble, et ce n'est pas nécessairement une garantie, mais cela signifie qu'on peut présenter une demande pour être l'une de ces entreprises. Cela pourrait ensuite ouvrir toute une série d'autres possibilités.
Ce sont donc les points que je souhaitais aborder. Je vous remercie.
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Monsieur le président, messieurs, mesdames, je vous remercie beaucoup.
Aujourd'hui, je témoigne à titre de vice-président et d'officier d'entraide pour la Légion royale canadienne, mais les exemples que je vais donner sont ceux que j'ai vécus personnellement.
Il y a probablement beaucoup de vétérans qui sont comme moi. Ce que je vais dire aujourd'hui est donc typique d'un vétéran blessé.
Je m'appelle Luc Fortier, et je suis un vétéran blessé à la retraite. Je suis vice-président de la Direction provinciale du Québec de la Légion royale canadienne. Je m'occupe des officiers d'entraide.
Comme vous le savez, beaucoup de programmes sont offerts aux vétérans, dont le Service d'aide auprès d'Anciens Combattants Canada, le programme Soutien par les pairs, dans le cadre duquel on offre le programme Soutien social; blessures de stress opérationnel, ou SSBSO, et les cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel, ou TSO, pour n'en nommer que quelques-uns.
Tous ces beaux programmes ne servent pas à grand-chose si les vétérans ne sont pas capables de cocher la case 1, c'est-à-dire d'avoir accès à un médecin. Pour accéder à un programme, il faut avoir un médecin. C'est aussi simple que cela.
Pendant mon témoignage, je vais me prendre pour exemple pour décrire le vétéran type. Mes propres démarches aideront d'autres vétérans à aller plus loin.
Présentement, je vis beaucoup d'anxiété, juste parce que je suis ici parmi vous, mais cela me fait quand même du bien d'être ici. On peut dire aussi que les vétérans sont tous comme cela.
Je compte 32 ans de service comme fantassin pour le Royal 22e Régiment. J'ai vécu huit déploiements. Pendant ma carrière, j'ai subi beaucoup de blessures physiques et non physiques qui ont nécessité beaucoup de visites chez le médecin.
En 2012, j'ai reçu un diagnostic d'état de stress post-traumatique, ou ÉSPT, grave, accompagné de nombreux problèmes de santé mentale. L'un des symptômes qui me dérange beaucoup, c'est l'agoraphobie.
Aujourd'hui, il m'a donc été extrêmement difficile de sortir de chez moi. Sortir de la maison au quotidien est quasi impossible pour moi. Pour être ici — je vous remercie de m'avoir invité —, j'ai relevé un gros défi.
Aller voir un médecin, c'était facile quand j'étais encore en service. Tout ce que j'avais à faire, c'était me présenter à la parade des malades, passer au triage et le tour était joué. Une heure plus tard, j'étais de retour à mon unité ou à la maison, selon mon état.
Le jour où on se fait dire qu'on nous retire des Forces armées pour des raisons médicales, on nous dit aussi de ne pas oublier de présenter une demande pour obtenir sa carte soleil.
Je n'ai jamais eu de carte soleil. Quand je suis entré dans les Forces armées, on m'a dit que c'était interdit.
Il m'a fallu beaucoup plus que trois mois avant de recevoir ma carte soleil, parce qu'on était en pleine pandémie. Je possède donc une carte sans photo.
Dans mon cas, on m'a dit qu'il serait temps que je cherche un médecin, ce que j'ai fait en 2018. Aujourd'hui, en 2024, je n'ai toujours pas de médecin.
À ma sortie des Forces armées, j'ai reçu une tonne d'ordonnances, mais elles ne m'ont servi à rien. À moins d'avoir un médecin ou une organisation qui nous aide, on ne peut pas les faire renouveler.
De plus, on nous dit qu'il existe une application pour nos téléphones, qui s'appelle Maple. On peut l'utiliser gratuitement pendant un an. Si jamais on a un problème médical, on n'a qu'à l'utiliser pour voir ce que cela donne. Je l'ai fait, parce que j'avais un gros problème médical, et on m'a dit d'aller voir mon médecin de famille. C'est un peu embêtant.
Au moins, ce qui est rassurant quand on sort des Forces armées, c'est qu'on reçoit une ordonnance valable pour 24 mois pour tous ses médicaments. Dans mon cas, vu que je n'ai pas de médecin de famille, il est quasi impossible de renouveler mes ordonnances.
Présentement, la pharmacie renouvelle quand même mes ordonnances pour répondre à mes besoins depuis le mois de novembre dernier. J'ai besoin de mes médicaments pour vivre, sinon, je ne serais pas ici aujourd'hui. Que vais-je faire à la fin du mois? La pharmacie va continuer de m'aider. Elle ne me laissera pas tomber.
Lorsqu'un militaire sort des Forces armées pour des raisons médicales, plusieurs demandes sont présentées pour différentes affections. Ce qui est bien, c'est que, si le militaire est toujours en service, il peut aller voir son médecin, sur la base, et obtenir un rapport qui va concorder avec ses blessures.
Quand on présente une demande à Anciens Combattants Canada, les demandes sont acceptées la plupart du temps, mais la réponse n'est pas nécessairement à la hauteur réelle de la blessure. On va donc faire appel de la décision.
Encore une fois, le processus d'appel exige qu'on ait un médecin. On peut donc, pour ainsi dire, mettre une croix sur le processus d'appel, et on attend.
Avec Manuvie, c'est la même chose. Quand on sort du système, on se fait dire qu'on est couvert pour deux ans par Manuvie, mais Manuvie ne répond pas au téléphone. La compagnie nous envoie des courriels 18 mois plus tard pour dire qu'il faut retourner sur le marché du travail, à moins d'avoir un médecin qui dit le contraire.
Comme je n'ai pas de médecin de famille, j'ai perdu ma couverture d'assurance.
Pour la prise de rendez-vous avec un médecin, c'est un autre capharnaüm. On nous dit de composer un certain numéro, qui est celui du bureau d'accès rapide.
Une fois qu'on nous a répondu, je mets bien l'accent sur « une fois qu'on nous a répondu », on nous pose toutes sortes de questions sur la raison de notre demande. Une fois les renseignements recueillis, on nous dit qu'un médecin va nous appeler le lendemain, qu'il faut attendre l'appel et, surtout, ne pas le manquer.
Si aucun médecin ne nous appelle le lendemain, en particulier si la personne est comme moi et fait de l'angoisse, c'est l'enfer. On tourne en rond, on fait les cent pas, on regarde le téléphone. On ne veut même pas bouger par crainte de manquer l'appel téléphonique. Si le médecin n'a pas appelé le lendemain et qu'il faut recommencer le surlendemain, on abandonne. Pour ma part, je l'ai fait deux fois, puis j'ai abandonné. Essayez d'imaginer ce que c'est que de ne pas être capable d'aller voir un médecin parce que le processus est trop lourd.
Plus tôt cette année, il y a eu deux nouveaux médecins dans la ville voisine, à 10 minutes de chez moi, vraiment pas loin. Ils cherchaient à bâtir leur clientèle. J'ai donc demandé si je pouvais donner mon nom pour faire partie de cette clientèle. Surprise: le système médical est sectoriel. Cela signifie que si je reste à Chicoutimi et que le médecin est à La Baie, à seulement 10 minutes de chez moi, je ne peux pas y aller. À Chicoutimi, je n'aurai jamais de médecin. Ce n'est pas évident.
Ce que je recherche en tant que vétéran blessé, et ce que recherchent la plupart des vétérans, c'est une solution pour que nos vétérans et nos vétéranes blessés se soignent au lieu de serrer les dents et d'avoir recours à des médecines douces, qui ne sont pas nécessairement légales. Tout cela est nécessaire pour éviter que l'on continue de serrer les dents et que le problème empire.
En conclusion, j'aimerais ajouter que nous, les gens de la Direction provinciale du Québec de la Légion royale canadienne — je ne parle pas pour l'entièreté du Canada, mais seulement pour le Québec —, nous recommandons que des représentations soient faites auprès du ministre de la Santé du Québec afin d'autoriser les militaires qui sont libérés pour raison médicale à aller dans la ville voisine pour se faire soigner. Nous demandons cela uniquement lorsque nous sortons des Forces armées canadiennes pour des raisons médicales. Les groupes de transition pourraient faire cette gestion.
Avec un médecin, il est possible de bénéficier de nos programmes. Cela crée donc moins de complexité. De plus, cette solution ne coûte rien en attendant de trouver une meilleure solution. Pour moi, c'est vraiment important, car plusieurs vétérans et moi-même commençons à être découragés de la vie. J'en aurais pour des pages à tout vous raconter.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Oui, en effet, c'est un sujet chaud, parce que ce problème grossit. Il y a de plus en plus de vétérans qui sont des sans-abris. Dans le contexte actuel, c'est un peu compréhensible, surtout dans certains endroits au Canada.
Vous dites qu'il y aurait des militaires actifs qui sont des sans-abris, et je n'ai pas de difficulté à le croire, surtout si ces gens se trouvent dans les endroits où le coût de la vie est très élevé. Il y a 32 ans, quand j'étais soldat, il me fallait avoir un deuxième emploi pour faire vivre ma famille, alors que les gens de l'Ouest avaient droit à l'aide sociale. C'est juste pour vous donner une idée du coût de la vie par rapport au salaire de militaire dans certains endroits. Cela peut donc arriver à des militaires actifs.
En ce qui concerne la transition de la vie militaire à la vie civile, il faut se pencher sur les raisons pour lesquelles des vétérans se retrouvent à la rue. D'où cela vient-il? Pourquoi sont-ils itinérants? Pourquoi ont-ils décidé tout d'un coup de ne plus être à la maison et de vivre dans la rue? Il faut trouver la raison derrière cela. Quand on l'aura trouvée et qu'on aura réglé ce problème, on pourra travailler avec les individus.
J'habite à Chicoutimi, qui se trouve au bout de la rue, si je peux dire, au Saguenay. C'est très loin. Quand on arrive à Chicoutimi, il n'y a plus rien après cela. Si on continue, on tombe dans l'eau. Nous avons parlé à deux vétérans en situation d'itinérance. À force de les écouter pour essayer de comprendre pourquoi ils étaient dans cette situation, nous avons appris qu'ils étaient des vétérans de la guerre en Afghanistan. Quand ils étaient en Afghanistan, ils étaient sous l'effet d'une substance qui est produite naturellement par le corps. Quand ils sont revenus au Québec, leur corps a cessé de la produire. Cela les a poussés vers ce que j'ai appelé la médecine secondaire. Pour eux, c'est leur place et, pour suivre ce mode de vie, il ne faut pas avoir de possessions. Ici, je parle de ce qui est arrivé dans mon coin, au Saguenay.
Bref, pour vous aider à trouver une réponse, je dirais qu'il faut d'abord trouver le pourquoi et ensuite accompagner les vétérans dans leur cheminement, sans leur forcer la main. Sinon, ils s'enfoncent souvent davantage.
Quelle était votre deuxième question?
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C'est absolument le cas. Pour revenir à ce que vous disiez tantôt au sujet des
12 travaux d'Astérix, une fois qu'on a trouvé le laissez-passer A‑38 dont il est question dans l'album, tout va bien.
Les centres de transition sont nouveaux; ils existent depuis un an ou deux. Autrefois, on parlait de la Liste des effectifs du personnel non disponible, ou LEPND, et les centres portaient un autre nom. Bref, je crois qu'ils sont en train de trouver leur vocation tranquillement. C'est important que la Légion royale canadienne travaille avec les groupes de transition, parce que, aider les vétérans, cela fait partie du rôle de la Légion. Elle est au service des vétérans.
Comme je l'ai dit, les groupes de transition, c'est nouveau. Les gens qui en font partie sont encore en service, et ils n'ont pas le temps d'expliquer comment remplir tous les formulaires et d'expliquer aux vétérans qui seront libérés pour des raisons médicales ce qui va arriver.
Il y a trois semaines, j'ai rencontré le lieutenant-colonel du groupe de transition de la 2e Division du Canada et son adjudant-chef. Je parle bien ici de la 2e Division, et non de tout le Canada. Je les ai rencontrés afin de proposer un partenariat dans le cadre duquel, nous, les officiers d'entraide de la Légion royale canadienne — il y en a beaucoup et il y a plusieurs niveaux —,pourrions aider les vétérans qui seront libérés pour des raisons médicales, et ce, six mois avant leur départ. S'ils fournissent leur numéro de téléphone, nous pourrons entrer en contact avec eux et les aider à remplir les fameux documents du Régime d'assurance-revenu militaire, ou RARM, et d'Anciens Combattants Canada.
Nous pourrions les aider à comprendre ces documents complexes, les guider et leur dire que, pendant qu'ils sont encore actifs et qu'ils ont un médecin, c'est le temps d'agir. C'est pourquoi nous voulons être présents à cette étape pour essayer de diminuer les répercussions de la libération pour des raisons médicales sur des vétérans qui vont quitter les forces et qui n'auront pas de médecin.
Nous offrons un partenariat 50‑50. Si nous devenons partenaires à 100 %, cela va vraiment aider la communauté vétérane.