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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la quarante-cinquième réunion du Comité permanent des anciens combattants.
L'étude d'aujourd'hui porte sur les expériences vécues par les femmes vétérans.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se tient en format hybride. Tous nos témoins sont ici en personne et nous avons un membre qui est en ligne.
Pour la gouverne de nos témoins, il se peut que certaines questions vous soient adressées par l'un de nos membres en ligne. Sinon, la plupart des personnes sont présentes dans la salle.
Avant de commencer, je tiens à ce que tout le monde sache que nous allons probablement aborder des sujets un peu difficiles, en particulier pour nos témoins. Je voudrais rappeler à tout le monde de faire preuve de compassion à l'égard de nos témoins. Certaines d'entre elles vont nous faire part d'expériences très éprouvantes qu'elles ont vécues. S'il vous plaît, faites preuve de compassion à leur égard.
Je tiens à rappeler à tout le monde, c'est‑à‑dire aux témoins, aux députés, à toutes les personnes présentes dans la salle et à celles qui sont avec nous en ligne, que le Comité dispose de ressources pour aider tous ceux qui seront incommodés par ce qu'ils entendront aujourd'hui — et j'inclus là‑dedans nos témoins pour les choses dont elles vont nous parler. Si vous pensez avoir besoin de ces ressources, adressez-vous à notre greffière. Elle s'assurera de faire le nécessaire pour que vous puissiez obtenir celles dont vous avez besoin.
Une autre chose que je tiens à préciser avant de commencer, c'est qu'étant donné le sujet dont nous traitons, les témoins ont demandé à ce que nous fassions une courte pause après les déclarations liminaires et le premier tour de questions. Si les députés sont d'accord, c'est ce que nous allons faire. La pause sera assez brève, mais je pense que nous avons assez de temps pour cela.
Madame Blaney, vous avez levé la main.
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Comme vous l'avez dit, il peut être difficile de parler des expériences dont certaines de nos témoins vont nous parler. La séance d'aujourd'hui dure deux heures et nous avons le temps pour faire ce que vous dites. Habituellement, chaque groupe d'experts dispose d'une heure, et chaque témoin dispose de cinq minutes pour livrer son témoignage. Dans le cas qui nous occupe... Disons les choses comme elles sont: je ferai preuve de souplesse et de compréhension si vous avez besoin d'un peu plus de temps pour nous faire part d'expériences très personnelles. Je ne pense pas que vous allez me trouver particulièrement strict à cet égard aujourd'hui. Je pense que c'est probablement une bonne référence pour nous, au sein de ce comité et dans le cadre de cette étude. D'autant plus que nous avons une séance de deux heures.
Merci d'avoir soulevé cette question, madame Blaney.
Oui, je serai assez indulgent avec nos témoins, mais probablement un peu moins avec vous, les membres du Comité. Toutefois, je tiens également à faire savoir aux témoins qu'au moment de répondre à une question qu'un membre du Comité vous aura posée, je ferai de mon mieux pour vous donner le temps nécessaire pour y répondre, tout en étant conscient que nous devons respecter le fait que chaque parti doit avoir une chance égale de s'exprimer. Si je signale que le temps imparti est presque écoulé, je vous demanderai simplement d'essayer de conclure aussi rapidement que possible.
Je vous remercie. Permettez-moi maintenant de présenter nos témoins.
Nous avons avec nous, à titre personnel, Donna Riguidel, majore à la retraite et Christine Wood, qui défend les intérêts des anciens combattants.
Pour le Fonds Purge LGBT, nous avons Michelle Douglas, directrice exécutive.
Nous avons également avec nous la fondatrice de l'organisme Hommage aux Femmes Militaires Canada, Mme Rosemary Park, capitaine de corvette à la retraite.
Nous allons procéder à peu près dans cet ordre, si ce n'est que je vais permettre à Mme Wood de conclure.
Nous allons commencer par vous, madame Riguidel. Vous avez environ cinq minutes pour nous livrer votre déclaration liminaire.
J’ai longuement réfléchi à ce que j’allais dire aujourd’hui, car une telle occasion ne se présente pas souvent. Je sais que beaucoup d'entre vous, que ce soit dans le cadre d'autres témoignages ou dans les médias, ont entendu parler d’agressions, de violences et d’autres mauvais traitements infligés par un système qui n’était pas prêt à accueillir les femmes en 1988 et qui ne l’est toujours pas en 2023. Dois‑je parler de mes premières années — je me suis engagée à 17 ans — durant lesquelles j'ai été agressée et harcelée, et du point culminant atteint lorsque l’un de mes instructeurs, qui a fini par accéder au grade de colonel, m’a ordonné de lui faire une fellation? Dois‑je parler de la façon dont les hommes ont brisé les luminaires de la chambre d’hôtel où nous avions organisé une fête pour célébrer notre formation afin que nous ne sachions pas qui nous touchait et que nous soyons prisonnières dans le noir, ou du fait qu'à ma première nuit dans mon unité, hésitante et inquiète, on m'a mise à l'écart pour me remettre une lettre d'amour que m'avait écrite l'officier responsable du cours, ou de la façon dont j’ai essayé de tout oublier parce que l’armée pouvait assurer mon avenir financier, et ce, même après avoir reçu mon premier diagnostic de trouble de stress post-traumatique, après avoir commencé à prendre des médicaments pour m’aider à dormir et après avoir été violée par mon petit ami de l’époque, un membre de rang supérieur de l’unité?
Je vais raconter une histoire qui, jusqu'à il y a quelques mois, faisait l'objet d'une interdiction de publication.
À l’âge de 21 ans, j’ai suivi mon dernier cours en tant que militaire du rang. C’était à Kingston, et on venait de mettre en place des casernes mixtes. Le premier matin, lors de l'entraînement physique, mon sergent, le responsable du cours, m'a ordonné de courir à l'avant avec lui.
La nuit, pendant que nous dormions, les poseurs de lignes escaladaient l'extérieur du bâtiment pour entrer dans notre chambre. Au milieu de la première semaine, j'ai dû acheter de nouveaux sous-vêtements, car quelqu'un m'avait volé tous ceux que j'avais pendant qu'ils étaient dans le sèche-linge.
J’éprouvais des difficultés. L'année précédente, j’avais eu un accident de voiture et un ami de mes amis était mort dans mes bras. La première fois que mon nouveau petit ami et moi avons eu une relation sexuelle, j’étais tellement ivre que je ne pouvais pas tenir debout, encore moins donner mon consentement.
Je suis allée à la salle d'examen médical et j’ai demandé à être renvoyée à la maison. Ils m'ont donné une journée de repos et m'ont dit de revenir le lendemain. Mon sergent est venu dans ma chambre pour me parler de mon désir de rentrer à la maison. Je lui ai tout raconté. Je lui ai parlé de toutes les difficultés que j'avais, de mon trouble de stress post-traumatique, des médicaments que je détestais prendre, tout. Il s'est montré gentil et compatissant, et il m'a encouragé à terminer ma formation. Il m'a dit que c'était important pour ma carrière. J'étais rassurée de savoir qu'il se souciait de moi.
Après son départ, mes colocataires sont arrivés, tout excités, et m'ont dit que le sergent leur avait ordonné de « me sortir » ce soir‑là pour m'aider à me détendre. Je me suis dit: « Où est le mal? » Tous les participants du cours étaient de la partie et nous avons tous beaucoup bu. Nous passions un bon moment. Mon sergent s'est même présenté à la fin de la soirée et a dit à tout le monde qu'il allait veiller à ce que je rentre en toute sécurité. Je ne me souviens pas de la raison qu'il m'a donnée pour justifier le fait que nous devions d'abord passer par sa chambre. Je me souviens juste que j'avais seulement envie de dormir lorsqu'il a commencé à m'enlever certains de mes vêtements. J'étais tellement fatiguée que je n'arrêtais pas de fermer les yeux. J'ai dit que je voulais m'en aller et il m'a retenue.
Encore une fois, il s'agissait de quelqu'un qui avait ma carrière entre ses mains, mais aussi, à plusieurs reprises, ma vie. J'étais extrêmement fatiguée et j'ai dit que je voulais m'en aller. J'étais à moitié nue quand je lui ai dit que je ne pouvais pas faire ça de toute façon parce que j'avais mes règles. Il m'a dit qu'il ne me croyait pas, mais qu'il allait vérifier, et que si c'était le cas, il allait me laisser partir. J'ai fermé les yeux pour qu'il puisse mettre ses doigts dans moi — le tampon, le sang. Il m'a laissée partir.
Le lendemain, j'ai réalisé qu'à partir de là, je ne pouvais pas prétendre d'être trop stressée pour justifier mon départ. J'étais piégée. J'ai dû expliquer à ce même sergent que je restais. Il m'a souri, m'a dit que je n'avais pas l'air dans mon assiette, m'a rappelé de prendre un petit déjeuner équilibré et m'a fait un clin d'œil. J'avais encore trois semaines de cours à passer avec lui.
Lorsque je suis rentrée à la maison, j'ai demandé un congé. J'avais besoin de digérer tout cela. Je savais que je ne pouvais plus venir au travail et voir tout le monde en uniforme: c'était trop difficile. Ma commis-cheffe, une femme, m'a dit de venir signer les papiers. Elle m'a prise à part et m'a dit que j'étais une salope, une pute et un fardeau administratif, et que je devais partir avant que l'on me mette à la porte. J'ai quitté les Forces armées canadiennes en janvier 1997.
Je suis revenue en avril 2006. J'ai connu quelques années formidables, puis encore plus d'agressions, de harcèlements et de violences. Pas un jour ne passe sans que je voie les visages d’hommes et de femmes qui ont utilisé ma gentillesse, ma compassion et, souvent, ma propre douleur pour me maltraiter et me faire du mal.
Que pouvons-nous changer? Depuis 2014, je me concentre sur la formation et l'éducation en matière de soutien aux personnes qui survivent à des agressions sexuelles.
Le principal facteur qui fait qu'une personne aura ou n'aura pas d'effets à long terme est le soutien qu’elle reçoit quand elle dénonce l'incident pour la première fois. Ce qui compte, ce n'est ni le coupable ni les blessures subies. Ce qui compte, c'est ce qui se passera la première fois qu'elle aura le courage de dire que quelque chose de terrible lui est arrivé. La façon dont on réagit à ces révélations est déterminante pour le rétablissement de cette personne.
En 2014, il n'existait pas de formation obligatoire sur la façon de soutenir une personne qui divulgue un traumatisme sexuel en milieu militaire, et il n'y en a toujours pas. Être victime d'un viol ne devrait pas vous coûter votre carrière.
Ma fille et moi avons enfin quitté son père violent en 2017. Son âme porte des cicatrices que j'aurais pu prévenir si je n'avais pas été aussi accablée par ma propre douleur. L'une des dernières fois que j'ai vu cet homme, il m'a dit que j'aurais dû lui dire que j'avais été violée, alléguant qu'il ne m'aurait jamais épousée s'il avait su que j'étais brisée.
Au printemps 2021, quatre survivantes se sont réunies pour créer cette entité que nous appelons le Survivor Perspectives Consulting Group. Au cours de ma dernière année en uniforme, j'ai formé près de 2 000 membres des Forces armées canadiennes sur la façon de soutenir les victimes et de reconnaître les signes avant-coureurs du comportement.
Nous avons formé des militaires fraîchement recrutés et jusqu'à des généraux trois étoiles, et d'après le sondage que nous effectuons après la formation, 83 % des personnes formées ont dit qu'elles savaient dorénavant comment soutenir quelqu'un. À ce jour, 98 % des personnes formées affirment que cette formation devrait être donnée à l'échelle des Forces armées canadiennes.
Au cours de ma dernière année en uniforme, j'ai reçu une mention élogieuse du chef d'état-major de la défense pour avoir créé ce programme et j'ai reçu une lettre de la lieutenante-générale Carignan m'informant que les dirigeants des Forces armées canadiennes ne voyaient aucun intérêt à institutionnaliser cette formation. Aucun des dirigeants du groupe Chef – Conduite professionnelle et culture ou du bureau du chef d'état-major de la défense n'a suivi cette formation.
Le 30 mars 2022, j'ai été libérée pour des raisons médicales, plus précisément pour un trouble de stress post-traumatique découlant d'un traumatisme sexuel en milieu militaire.
Notre groupe s'est agrandi et continue d'offrir cette trousse de formation à tous ceux que nous pouvons atteindre. Nous cherchons à utiliser ce que nous savons, nos compétences et, oui, notre douleur pour, espérons‑le, apporter des changements aux Forces armées canadiennes. Or, nous nous butons sans arrêt à des obstacles. Nous ne comprenons pas pourquoi les dirigeants ne s'intéressent pas à une solution qui, de toute évidence, atteint sa cible. À ce jour, nous avons formé plus de 3 000 membres et nous continuons à nous développer. Pour ce qui est de l'avenir, nous avons déposé une demande de subvention pour le mieux-être des vétérans et nous avons bon espoir de l'obtenir.
Quelle est la demande? Nous avons besoin de plus de programmes axés sur les femmes. Le programme Soutien social pour les blessures de stress opérationnel, le programme Sans limites et le programme Wounded Warriors ne sont pas conçus pour nous. Ils essaient de temps en temps d'organiser des programmes d'appoint, mais ils n'ont pas de retraites ou de traitements dédiés aux anciennes combattantes. Même de petites choses comme l'accès à un établissement qui offre des zones réservées où les femmes pourraient faire de la musculation seraient un grand pas en avant. Les instances dirigeantes de tous les domaines doivent cesser de travailler avec des prestataires de services qui n'ont pas les qualifications ou l'expertise nécessaires pour travailler dans ces domaines, car cela occasionne des maux et des blessures.
En tant que prestataire de services, je dirais également que la procédure d'appel d'offres devrait donner la priorité aux entreprises appartenant à d'anciens combattants. À l'heure actuelle, lorsque vous êtes libérée pour des raisons médicales, vous êtes encouragée à suivre deux voies. La première consiste à trouver un emploi dès que possible. Lorsqu'on m'a libérée, on m'a carrément dit que j'étais tout à fait « employable ». J'ai 16 ans d'expérience comme officier des affaires publiques au sein des Forces armées canadiennes, mais je ne veux pas retourner à cette carrière au cours de laquelle j'ai été agressée et maltraitée. Ma seule autre option est de suivre des études et une formation pendant environ deux ans, ce qui, je l'espère, me permettra de faire autre chose.
J'aimerais qu'une partie de l'argent destiné à la formation soit également accessible aux personnes qui ont créé leur propre entreprise. L'argent est déjà là. Il s'agit simplement de changer la manière dont nous pouvons y accéder. Aux États-Unis, un certain pourcentage de contrats doit être attribué chaque année à des entreprises appartenant à d'anciens combattants.
Notre groupe fait tout en son possible pour permettre aux gens d'avoir une carrière valorisante au sortir de l'armée. Nous avons mis au point un outil puissant. Notre formation change les mentalités. Nous l'avons constaté plus de 3 000 fois. Nous sommes résolues à faire en sorte que les Forces armées canadiennes, la GRC, le gouvernement et le Canada soient plus forts et plus inclusifs. Nous ne comprenons pas pourquoi les Forces armées canadiennes semblent si déterminées à réduire nos efforts à néant, mais nous persistons, car leur tenir tête, ce n'est pas nouveau pour nous. Nous avons regardé dans les yeux des hommes et des femmes qui nous ont violées, harcelées et battues. Nous sommes blessées, mais pas brisées, et nous ne partirons pas.
Je vous remercie.
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Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie sincèrement de votre invitation à témoigner aujourd'hui.
J'aimerais commencer par vous donner un peu de contexte.
Je suis une femme vétéran. Je suis aussi une survivante de la purge LGBT du Canada.
Le Musée canadien des droits de la personne parle de la purge LGBT comme de l'une des violations des droits de la personne les plus longues et les plus vastes contre un segment de la main-d'œuvre de l'histoire du Canada, et j'ajouterais la plus méconnue.
Nous estimons qu'entre les années 1950 et 1990, environ 9 000 personnes — des membres de la communauté 2SLGBTQ dans l'armée canadienne, la GRC et la fonction publique fédérale — ont vu leur carrière freinée ou interrompue parce que leur orientation sexuelle ou leur identité de genre était considérée comme une menace pour le pays qu'elles avaient choisi de servir. Pendant la guerre froide et bien au‑delà, ce processus discriminatoire était souvent justifié par le risque pour la sécurité nationale, compte tenu de leur — de notre, de ma — prétendue faiblesse de caractère et de leur susceptibilité au chantage d'agents étrangers, malgré l'absence de toute preuve qu'une telle coercition n’a jamais eu lieu.
La purge a brisé des vies et des carrières en causant des traumatismes psychologiques, des difficultés matérielles, des ruines financières, des actes d'automutilation et des suicides. Je comprends très bien cette période honteuse de l'histoire canadienne, car j'ai été victime de la purge dans l'armée en 1989.
Je me suis enrôlée dans les Forces armées canadiennes en 1986. J'étais très honorée et fière de servir. Je voulais devenir policière militaire, et c'est ce que j'ai fait, en terminant première de ma classe dans la Branche de la police militaire. J'avais mon insigne et ma commission en tant que jeune sous-lieutenante, mais un jour, j'ai été affectée à l'Unité des enquêtes spéciales, l'unité même de la police militaire où j'avais été affectée lors de ma première affectation parce que j'étais sortie première de ma promotion et qu'ils voulaient me faire cet honneur. Cette unité était chargée de mener les enquêtes criminelles les plus graves, y compris le sabotage, la subversion, l'espionnage et les allégations d'homosexualité.
Peu après mon entrée dans cette unité d'enquête spéciale, mon chef m'a convoquée dans son bureau. Il m'a dit que nous allions participer à une enquête à Ottawa en partant de la Base des Forces canadiennes de Toronto. Je l'ai suivi dans une voiture banalisée, un modèle K. J'étais habillée en civil. En arrivant près de l'aéroport, il s'est arrêté dans un hôtel, et j'ai été interrogée là sur mon orientation sexuelle pendant les deux jours qui ont suivi. Ce n'était que le début de mon interrogatoire sur mon orientation sexuelle.
Plus tard, la police m'a emmenée en avion à Ottawa pour me faire passer un polygraphe sur mon orientation sexuelle. Alors que j'étais assise, attachée à la chaise du polygraphe, j'ai admis que j'étais tombée amoureuse d'une femme. J'ai découvert plus tard que les questions qu'on avait l'intention de me poser si j'avais continué le processus comprenaient cette première question très offensante: « Avais‑je déjà léché les parties intimes d'une autre femme? » Je suis tellement reconnaissante aujourd'hui qu'on ne m'ait pas posé cette question. Je suis sortie de cette expérience humiliée et honteuse. D'autres se sont fait poser des questions similaires, de nature très sexuelle.
J'ai également été forcée de faire ma sortie du placard auprès de ma famille. On m'a donné 24 heures pour le faire, faute de quoi la police serait envoyée pour le faire à ma place. En fin de compte, malgré le fait d'avoir terminé première dans tous les cours que j'ai suivis dans l'armée, j'ai été licenciée.
Ces expériences m'ont marquée à vie et ont marqué à vie les milliers d'autres personnes qui les ont vécues. Sur mon dossier de licenciement, il est mentionné « ne peut être employée avantageusement en raison de son homosexualité ». J'ai poursuivi l'armée pour ce traitement et, en 1992, c'est mon action en justice qui a officiellement mis fin à la politique de discrimination à l'encontre des personnes 2SLGBTQI qui servaient leur pays dans les Forces armées canadiennes.
J'ai servi pendant trois ans seulement, mais je suis aujourd'hui une femme vétéran, et cela fait 30 ans que j'essaie, avec beaucoup d'autres, de rendre justice à ces survivants et vétérans oubliés. En 2018, un recours collectif a abouti à un règlement pour plus de 700 personnes qu'il a été possible de retracer et qui ont pu obtenir un peu de justice. Une justice différée est quand même parfois une justice.
Aujourd'hui, je travaille à plein temps aux efforts de réconciliation et de commémoration relatifs à cette période de l'histoire. Je travaille de près avec la communauté et je vois les répercussions sur elle, en particulier sur les femmes qui ont survécu à la purge. Ces femmes vétérans souffrent. En fait, la plupart des personnes que nous rencontrons ont des besoins très particuliers comme vétérans.
Le lien de confiance avec leur employeur et leur pays a été brisé. Beaucoup de ces personnes ont été victimes de violences sexuelles. Nous savons également que beaucoup de celles qui font partie du recours collectif pour la purge faisaient également partie du recours collectif pour les traumatismes sexuels dans l'armée.
Pensez à la honte et aux traumatismes profonds que ces personnes ont subis par la faute du gouvernement. Nous avons envers ce groupe de vétérans particulier un devoir de diligence, qui va au‑delà des règlements juridiques. La création du Bureau de la condition féminine et des vétérans LGBTQ2 au sein du ministère des Anciens Combattants est un très bon début.
Nous avons besoin d'aide pour retrouver ces vétérans. Parfois, la honte les a poussés à retourner dans le placard. Nous savons que certains se sont suicidés. Nous savons que la honte était si profonde que beaucoup ne s'en sont jamais remis, mais nous voulons essayer de les retrouver parce que nous pensons pouvoir les aider. Les besoins qui ne peuvent être satisfaits par d'autres organismes de services sociaux — parce qu'ils ne savent tout simplement pas ce qui s'est passé — peuvent l'être par des organismes adaptés, notamment le Bureau de la condition féminine et des vétérans LGBTQ2.
L'éducation joue un rôle crucial. Il ne faut pas qu'une personne qui appelle enfin pour la première fois afin d'obtenir de l'aide d'Anciens Combattants Canada se fasse dire qu'il est impossible de penser qu'une telle histoire puisse s'être produite au Canada. La personne est alors rejetée à nouveau, et c'est la dernière fois que nous la voyons.
Les femmes vétérans transgenres sont particulièrement vulnérables. Nous devons être là pour elles. Nous ne pouvons pas les ignorer et nous devons — comme nous le faisons pour tous les vétérans — les honorer, les soutenir et les respecter. Le groupe de survivants vieillit. Certains sont en colère. Ils ne savent plus à qui faire confiance.
Nous constatons également une augmentation de la toxicomanie, du nombre de sans-abri, de la précarité de la vie familiale et de la misère chez les personnes âgées. Il s'agit là, bien sûr, des conséquences des traumatismes, de la souffrance et de la trahison du gouvernement.
Je suis ici pour parler, je l'espère, de l'élimination des obstacles et des barrières afin de permettre à ce groupe de vétérans d'accéder aux services dont ils ont besoin, car nous ne leur devons rien de moins. Je serais heureuse de vous parler plus en détail des femmes extraordinaires et de tous ceux qui ont survécu à la purge, et de la façon dont le Comité pourrait répondre à leurs besoins.
En terminant, je veux rendre hommage à ces femmes, ces survivantes extraordinaires qui ont servi leur pays de manière si héroïque, et à ma collègue, la lieutenante-colonelle Cathy Potts, qui s'est jointe à moi aujourd'hui.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour aux membres du Comité et à mes collègues.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant ce comité dans le cadre de son étude sur les expériences vécues par les femmes vétérans. Je crois comprendre qu'il s'agit de la première étude sur le sujet menée par le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes, toutes législations confondues. Si c'est bien le cas, je vous en félicite et vous remercie.
Je salue l'imposant travail que vous entreprenez. Je crois que l'on pourrait difficilement inclure davantage dans les questions et expériences que cette étude tente d'approfondir afin de comprendre ce que représente le choix de servir le Canada pour les femmes.
Dans le cadre de ma déclaration liminaire, j'aimerais en tout respect soumettre une question parallèle au thème de la journée, soit le recrutement et la vie dans les forces armées: que signifie pour le pays le choix que font les femmes de servir le Canada?
Quelle source de talents extraordinaire représentent les femmes militaires et qu'offrent-elles à titre de cohorte unique au service de la démocratie, de la défense et de la sécurité, de la société civile et du développement économique du Canada, et maintenant de ses exigences stratégiques en matière d'adaptation à l'environnement?
Inversement, quelles sont les conséquences de l'incapacité des Forces armées canadiennes d'évaluer cette occasion et de la saisir en 55 ans, et de leur choix répété de ne pas adopter de plan stratégique visant expressément l'optimisation et la valorisation de l'inclusion des femmes militaires en 55 ans?
Tout cela est éloquent. À mon avis, c'est illustré par les témoignages que vous entendez.
Le 13 décembre 2021, les excuses officielles de la , de la sous-ministre et du chef d'état-major de la défense dans la foulée du recours collectif de 850 millions de dollars contre les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale pour inconduite sexuelle ne comportaient aucune mention des femmes militaires, des hommes ou des femmes. Pas une. On a bien mentionné la communauté LGBTQ, mais pas une seule fois les femmes.
Sur quoi dépensent-ils 850 millions de dollars? Pardonnez-moi. Il y a 50 millions de dollars là‑dessus destinés aux hommes.
Nous sommes une force invisible. Quel gâchis! Quelle occasion ratée par le Canada!
Les quatre diapositives PowerPoint que j'ai remises à la greffière du Comité à votre intention représentent ma brève illustration des difficultés et des résultats clés, que je signale depuis 51 ans maintenant, en matière de compréhension de l'inclusion des femmes militaires aux Forces armées canadiennes et des femmes vétérans dans la société canadienne en général, puis des mesures à prendre en ce sens.
La notice biographique d'une page que j'ai soumise à la greffière du Comité décrit une partie de ces efforts à titre de chercheuse militaire dans le cadre de mes activités nationales, provinciales et communautaires comme fondatrice d’Hommage aux Femmes Militaires, aujourd'hui une association militaire par procuration visant à connaître, à honorer, à soigner les femmes militaires au Canada et à renforcer leur contribution, puisqu'il n'y en a pas d'autres. Depuis cinq ans, je suis également gestionnaire du projet du portail Hommage aux Femmes Militaires du Centre de politique internationale et de défense de l’Université Queen’s.
Un autre des documents que j'ai remis à la greffière décrit les 34 projets entrepris par Hommage aux Femmes Militaires et l'Université Queen's depuis 2017, projets qui visent la résolution de problèmes précis. Globalement, ces projets décrivent les lacunes que nous avons cernées et les mesures correctives que nous avons mises en œuvre relativement aux moyens scientifiques, à la tenue de dossiers des FAC, à l'inclusion et à la valorisation des femmes militaires, à la commémoration et à la célébration du service militaire des femmes, et à la réponse des services communautaires.
Je ne serais pas surprise que les quatre thèmes choisis par le Comité, qui vont de la santé physique et mentale des femmes aux initiatives développées dans les pays alliés, mettent l'accent sur la mise en œuvre des meilleures mesures de soutien possible pour les femmes vétérans et mènent à des recommandations à cet effet. Je m'attends à ce que les recommandations visent à soutenir les femmes vétérans en tant que personnes, mais aussi à assurer le bien-être de chacune. Ce sont des visées louables. Je ne peux qu'exhorter les membres du Comité, en tant que représentants élus, à réfléchir à la façon dont leurs recommandations peuvent avoir une plus grande valeur stratégique et un plus grand impact.
Il s'agit d'un problème canadien. Il faut agir pour le Canada. Quel gâchis!
Merci.
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Merci, monsieur le président, et bonjour à tous.
Je souhaite d'abord remercier le Comité de reconnaître les différences propres au sexe ou au genre qui peuvent entraîner des effets inéquitables sur la santé des femmes militaires et vétérans, qui forment un groupe unique, puis de s'y pencher. On a déjà souligné que cette étude s'est longtemps fait attendre, et je suis emballée d'être des vôtres aujourd'hui.
Monsieur le président, j'ai joint les forces armées à 31 ans. J'étais au sommet de ma forme, tant physique que mentale. Même si j'étais la plus petite membre de mon peloton, j'ai porté le même sac à dos contenant le même équipement qu'un homme de grande taille. Après 15 semaines éreintantes, je suis partie de Saint-Jean avec ma commission d'officière, ainsi qu'avec des fractures de fatigue et une fasciite plantaire aux deux pieds. J'ai eu besoin de cinq mois de physiothérapie pour m'en remettre. Je crois que la majorité des Canadiens, et peut-être vous aussi, seraient choqués d'apprendre que, à ce jour, mes pieds ont coûté à eux seuls près de 50 000 $ en traitements et compensations à Anciens Combattants Canada. J'estime que c'est un montant ridicule pour un problème qui peut être prévenu.
Plus grave que les dommages à mes pieds, l'équipement mal ajusté a aussi, au mieux, aggravé ou, au pire, causé l'affaiblissement de mon plancher pelvien, ce qui a mené à de graves problèmes de reproduction. J'ai eu des grossesses à haut risque, une fausse-couche, un accouchement prématuré, une descente de vessie, sans compter le stress constant et l'incontinence fécale. J'ai 44 ans, et je dois souvent porter un sous-vêtement jetable pour adultes, car une crise de panique ou un cauchemar peuvent provoquer des fuites accidentelles.
Vous dire tout cela peut être extrêmement humiliant pour moi. C'est dur, mais je crois qu'il est important que tout le monde comprenne quels sont les coûts réels pour des gens comme moi quand notre système continue de rendre les questions propres aux femmes invisibles. Le mot « invisible » sonne juste pour beaucoup d'entre nous, je crois. J'estime que mon expérience est invisible pour Anciens Combattants Canada. Mes blessures sont invisibles.
Nous savons que les femmes militaires sont disproportionnellement visées par l'inconduite sexuelle, le harcèlement sexuel, la violence sexuelle, la discrimination fondée sur le genre et l'abus de pouvoir. J'ai vécu toute la gamme des inconduites sexuelles au cours des 18 premiers mois de mon service. L'agression sexuelle que j'ai subie 18 mois après mon arrivée a été de loin la plus dommageable de ces expériences, et j'ai depuis développé des troubles de stress post-traumatique.
Dans mon cas, les troubles de stress post-traumatique se manifestent physiquement. C'est somatique. Je crois que c'est quelque chose qui est particulièrement vrai chez les femmes, comparativement aux hommes. C'est quelque chose qui ne figure pas dans ce document si important qu'est la Table des invalidités d'Anciens Combattants Canada. La souffrance mentale cause de la souffrance physique. Pensez par exemple à quelqu'un atteint d'arthrite lombaire. Il est sédentaire. Il peut devenir isolé, puis peut-être déprimé ou anxieux. C'est logique pour nous tous. L'inverse est également vrai. Si quelqu'un de déprimé ou d'anxieux devient sédentaire et isolé, son corps se déglingue. C'est exactement ce qui m'est arrivé.
Bref, on m'a diagnostiqué 10, plus de 10, maladies physiques distinctes depuis mon agression, maladies qui vont demander un suivi et un traitement jusqu'à la fin de mes jours. Il y a entre autres le syndrome des jambes sans repos, le diabète de type 1, qui est sorti de nulle part à 36 ans, les migraines chroniques, la fibromyalgie, l'infection transmise sexuellement, des problèmes de plancher pelvien et de reproduction, la dysfonction sexuelle, des douleurs dans le bas du dos, l'arthrite au niveau du cou, la sensibilité extrême aux sons et à la lumière, l'apnée du sommeil et l'acouphène. Ce ne sont là que les répercussions physiques, toutes directement liées au fait que je suis en état d'hypervigilance depuis 12 ans.
Je n'ai pas fait de réclamations à Anciens Combattants Canada pour tous ces troubles parce que, comme je l'ai dit, j'ai l'impression que le ministère ne peut pas me voir, ni moi ni mes déficiences. Il ne les admet pas comme liées à mon service. C'est une perte de temps et d'énergie pour moi, mais ma santé continue de se dégrader parce que ces troubles ne sont pas traités. Chaque demande de prestation que j'ai faite pour un trouble physique, outre pour mes pieds, ce qui était évident, a été rejetée d'emblée et j'ai dû interjeter appel.
J'ai conscience que le temps file, monsieur le président. J'aimerais parler au Comité de diverses façons d'aller de l'avant. J'aimerais parler de la création de comités consultatifs externes. Je souhaite joindre ma voix au nombre croissant d'appels pour qu'Anciens Combattants Canada publie son rapport sur l'analyse comparative entre les sexes, que nous attendons toujours. J'aimerais que le ministère rende public l'accès à ses recherches financées par les Canadiens. J'aimerais que ce comité recommande la création d'un système global de soins médicaux qui répond aux besoins des femmes. Je fais ici référence tant aux soins ambulatoires qu'aux hospitalisations. Je parle de cela depuis sept ans, mais je serai heureuse de continuer à le faire, car, un jour, nous en ferons une réalité.
Je pourrais vous en dire tellement plus, mais je vais m'arrêter ici. Je suis ouverte à vos questions, même si vous n'êtes pas à l'aise de les poser. Nous ne pouvons pas changer ce que nous ne pouvons pas nommer. Nous ne pouvons pas être timides à cet égard, donc je vous exhorte à faire des recommandations musclées à Anciens Combattants Canada en vous fondant sur nos témoignages et sur ceux qui suivront afin que le ministère fasse désormais preuve de transparence et d'ouverture, puis qu'il puisse répondre aux besoins propres aux femmes militaires et vétérans comme moi, car je ne veux pas que qui que ce soit d'autre vive ce que j'ai vécu.
Merci de me recevoir.
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Je vous remercie d'avoir soulevé cette question, que je considère excellente. Je vais donner suite aux observations des autres témoins.
Anciens Combattants Canada doit faire beaucoup plus de sensibilisation et diffuser des publicités à la télévision et sur les médias sociaux. On a beau publier quelque chose toute la journée sur Twitter, cela ne joint pas les survivants et les survivantes de la purge qui ont été congédiés dans les années 1970 et 1980, car ils vieillissent et connaissent mal les médias sociaux. Ils ne savent même pas quels services pourraient leur être offerts.
Non seulement ils ne pensent pas mériter de soutien, mais ils considèrent probablement, dans bien des cas, qu'ils n'y sont pas admissibles. Un grand nombre de victimes de la purge ont été congédiées, souvent très rapidement, ressentant une honte immense et privées du soutien de la communauté. En fait, l'armée les a repoussées très, très loin. En outre, les gens avaient tellement honte qu'ils n’ont pas cherché le réconfort de leur famille. Cette dernière aurait pu les rejeter également si certains membres de la famille connaissaient le motif du congédiement. Ces personnes sont réellement seules, et la confiance est difficile à établir.
Les lesbiennes et les femmes trans victimes de la purge ne savent même pas qu'elles sont considérées comme des vétérans ou que la définition a changé; elles ne se manifestent donc pas, mais nous devons les trouver. Je pense que c'est un devoir que nous avons envers ces genres de vétérans. En outre, si elles appellent, il faut être extrêmement bien informés à propos des traumatismes, mettre l'accent sur les survivantes, comme quelqu'un l'a indiqué, pour leur dire qu'elles seront respectées et veiller à ce que les personnes qui les recevront connaissent les faits. Ce n'est pas difficile de connaître cette histoire. Nous entreprenons littéralement des milliers de petites initiatives de sensibilisation.
J'ajouterais qu'Anciens Combattants Canada pourrait nous aider en assurant respectueusement le lien entre les survivantes de la purge et des organisations externes qui réunissent des pairs et les dirigent vers d'autres ressources qui pourraient s'offrir à elles. Cela fait comprendre aux survivants qu'elles ne sont pas seules, que leur vie privée peut encore être respectée et qu'il existe d'autres personnes qui possèdent une expérience commune.
La plupart des survivantes ne savent même pas que ce soutien existe. Nous voudrions les trouver et leur dire qu'elles sont aimées, que nous tenons à elles et que nous respectons les services qu'elles ont rendus à la patrie. C'est un autre genre de femmes vétérans qui sont si invisibles qu'elles ont parfois honte de rencontrer d'autres vétérans par crainte de vivre une très mauvaise expérience et d'être rejetées, probablement pour la dernière fois.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Êtes-vous correctes? D'accord. C'est excellent.
J'en suis à ma 18e année au sein du Comité. Je dois attirer l'attention sur quelque chose ici: vos témoignages devraient constituer l'élément clé quand nous déterminerons ce que nous recommandons et ce que le gouvernement fera. Je vois que les gens témoignent et s'expriment. Il faut avoir des experts, des conseils consultatifs et tout ce beau monde, mais ils devraient tous tenir compte de ce que nous entendons ici. Or, ce n'est pas ce qui se passe, alors que c'est ainsi que les choses devraient se passer.
Je vous remercie beaucoup. Vous êtes des femmes extraordinaires.
Je veux parler à Mme Riguidel à propos du groupe consultatif sur le point de vue des survivantes.
J'ai lu le document, le parcourant en surlignant... C'est remarquable. Il s'agit d'une approche remarquable qui vise précisément à lutter contre le traumatisme sexuel vécu dans l'armée. Je lirai très brièvement votre énoncé de mission, qui indique que le changement social nécessite un mouvement qui ne peut être induit par des règles et des ordres. Il doit plutôt être le fruit d'un engagement honnête et direct faisant passer l'humanité des membres avant tout. Vos propos montrent que vous comprenez le rôle de l'armée. Elle fonctionne à coup de règles et d'ordres. C'est « saute » ou « ne saute pas ». Et voilà que tout à coup, il y est question d'humanité. Vous êtes tous des actifs, d'une certaine manière.
J'ai aimé l'observation suivante, à laquelle je voudrais que vous réagissiez. L'adjudante Carolyn Edwards, qui travaille avec vous, a indiqué qu'elle aime la manière dont les ateliers font comprendre qu'on peut être un dur à cuire tout en ayant de l'empathie. Le fait d'écouter avec empathie et de faire preuve de compassion ne nous affaiblit pas à titre de soldats. Cela nous renforce tous et rend les forces meilleures, plus fortes et mieux équilibrées.
« Allez‑y, les femmes. » C'est cela, n'est‑ce pas? Je pense que cette attitude est diamétralement opposée à celle des... Comme vous l'avez indiqué ici, vous avez reçu des félicitations du chef d'état-major de la défense pour avoir créer ce programme, recevant ensuite une lettre des hauts gradés des Forces armées canadiennes indiquant qu'elles ne voient aucun intérêt à institutionnaliser votre formation.
Pourriez-vous parler de cela?