:
Il sera nécessaire de terminer la réunion à 17 h 30 puisqu'une des témoins doit elle aussi partir à cette heure-là.
[Traduction]
Nous aborderons aujourd'hui des sujets pénibles pour nos témoins, et je sais que certains auront aussi de la difficulté à entendre leur témoignage, surtout les personnes qui pourraient avoir vécu quelque chose de semblable. Je tiens à ce que nos témoins, à ce que toutes les autres personnes présentes aujourd'hui, bref à ce que tout le monde sache que nous avons de l'aide à leur disposition s'ils en ont besoin. Je vous invite à vous adresser à notre greffier, qui veillera à ce que ces ressources soient mises à votre disposition. C'est très important, et je pense que tout le monde doit le savoir.
Je voulais m'assurer que c'était clair d'emblée. Nous allons commencer notre réunion, car il ne nous reste qu'un peu plus d'une heure et demie en raison du début tardif des votes.
Deux de nos témoins participent par vidéoconférence. Je vais commencer par celle qui témoigne en personne. Nous leur accorderons chacune cinq minutes pour faire leur déclaration liminaire, mais vu la nature très personnelle de leur témoignage dans certains cas, je serai assez indulgent.
S'il vous plaît, ne prenez tout de même pas trop de temps, même si je compte évidemment vous accommoder, car il est important de veiller à ce que vous soyez à l'aise quand vous partagez avec nous quelque chose d'aussi personnel et qui a eu de grandes répercussions sur vous.
Sur ce, passons à nos témoins. Je vais d'abord les présenter toutes les trois, puis je leur demanderai de faire leur déclaration liminaire.
Nous accueillons en personne la caporale-chef Jacqueline Wojcichowsky.
Par vidéoconférence, nous avons Kathleen Mary Ryan, sergente à la retraite, et Joanne Seviour, majore à la retraite.
Chacune aura l'occasion de faire une déclaration liminaire.
Il semble que le Comité préfère commencer par les témoins qui comparaissent par vidéoconférence. Nous allons donc commencer par Kathleen Mary Ryan, sergente à la retraite.
Vous avez la parole. Activez simplement votre microphone, et vous pourrez faire votre déclaration liminaire.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée à participer aux travaux de ce comité.
La grande question est de savoir pourquoi nous sommes ici.
Il y a 50 ans, j'ai marché sur la Colline du Parlement pour défendre les droits des femmes. Je me suis ensuite enrôlée dans les Forces armées canadiennes, croyant bêtement que le gouvernement allait vraiment faire ce qu'il avait dit.
Me voici, 50 ans plus tard, dans une réunion de comité où nous discutons des droits des femmes dans les Forces armées canadiennes.
Je ne prendrai pas trop de temps sur ces cinq minutes. Il y a beaucoup d'autres choses à dire.
J'ai été dans l'armée pendant 40 ans. Juste cela pourrait prendre quatre réunions à raconter.
Tout commence par le changement, par la compréhension. Il faut d'abord que les deux sexes s'assoient ensemble et comprennent les attentes de l'autre. Je pense que c'est là que nous devons commencer.
Merci.
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Merci. Merci à tous. Je remercie le Comité de s'intéresser à cette question et de me donner l'occasion de m'exprimer.
Comme Kathleen, je suis parfois déconcertée que nous parlions encore de ce sujet, mais à bien y penser, je ne suis guère surprise. Comme elle, j'ai revêtu l'uniforme à 14 ans et pour le retirer à 50 ans, lorsque j'ai été libérée pour raisons médicales à la suite d'une blessure en Afghanistan. J'ai fait partie de la réserve, de la force régulière, suis retournée dans la force civile, la réserve et la force régulière; j'ai donc eu une carrière de 33 ans en uniforme, de 40 ans environ si vous comptez les Cadets de la Marine.
Pour moi, le recours collectif a littéralement ouvert une boîte de Pandore. Avant cela, je disais avoir eu une carrière incroyable, et je suis toujours de cet avis. Cependant, je pense que, si nous voulons progresser dans ce dossier... Comme Kathleen, je suis plus intéressée par l'avenir, mais il est parfois nécessaire d'approfondir les difficultés et les choses qui sont difficiles à entendre pour trouver des solutions.
Le Canada a certes fait quelque chose d'incroyable en 1989 en devenant la première nation occidentale à ouvrir tous les métiers de combat aux femmes, ce qui a permis à des personnes comme moi, à la colonelle à la retraite Eleanor Taylor, une amie à moi, et à d'autres femmes comme la sergente Kathleen — je n'ai pas entendu votre nom de famille, alors je vais vous appeler sergente Kathleen — d'avoir une carrière incroyable. Je ne dirai pas que cela a été facile, mais les défis m'ont rendue plus forte.
J'aimerais répondre à toutes les questions que vous pourriez avoir au sujet de ma longue carrière et qui pourraient nous aider à changer la culture et à vraiment cerner ce problème pour ce qu'il est.
Les Forces armées canadiennes sont aux prises avec une crise de leadership.
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Bonjour. Je suis la caporale-chef Jacqueline Wojcichowsky, CD. J'ai 32 ans d'expérience dans les Forces armées canadiennes. J'ai exercé deux métiers différents, soit en tant que membre d'équipage de blindé et, maintenant, dans les ressources humaines.
J'ai occupé divers postes au sein de la cavalerie de Lord Strathcona, de la Princess Patricia's Canadian Light Infantry, du 1er Régiment de la Police militaire, du Quartier général de la 3e Division du Canada et j'en passe, en plus d'être actuellement commis aux libérations à la 6e Compagnie du renseignement.
Je suis ici pour parler du fossé qui existe entre les forces armées et le ministère des Anciens Combattants en ce qui concerne le traumatisme dû aux blessures et à la maladie chez les femmes actuellement en service et chez les anciennes combattantes.
Je crois qu'il y a un manque de représentation féminine à tous les niveaux du ministère, mais plus particulièrement chez les agents, ce qui rend l'accès aux services et aux prestations dont elles ont besoin particulièrement difficile pour les anciennes combattantes, parce que les agents masculins qui traitent leur dossier ne comprennent pas et sous-estiment donc le traumatisme que les soldates ont subi.
Par exemple, lorsqu'une victime est violée, elle ne comprend pas le traumatisme qu'elle vit.
Le comprennent-ils? Le comprenez-vous? Et moi?
Oui, je le comprends. Je suis passée par là. Je suis l'une d'elles.
Les Forces armées canadiennes n'ont pas d'équipement adapté aux femmes. Nous sommes aux prises avec des vêtements, des sacs à dos, des casques et des bottes qui ne sont pas assez petits et qui ne sont pas conçus pour être portés par des femmes. L'incidence de cela n'est pas que physique; avoir à gérer un incident vestimentaire devant vos pairs masculins est humiliant.
Le stress constant lié aux efforts déployés pour s'intégrer dans un monde masculin en tant que femme peut avoir des effets psychologiques à long terme. Nous ne devrions pas avoir à revivre ces facteurs de stress pour obtenir des prestations.
Est‑ce le cas? Est‑ce le mien? Tout le temps?
Oui.
À maintes reprises, j'ai été témoin des répercussions du trouble de stress post-traumatique dû à une inconduite sexuelle — comme un viol, par exemple — dont on a fait fi. J'ai vu mes pairs, mes amies et ma famille souffrir du manque de soutien d'Anciens Combattants Canada en raison de critères absolus qui ne tiennent pas compte des faits.
Par exemple, ma belle-sœur a reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique grave dû à une inconduite sexuelle et est atteinte d'une perte de mémoire à court terme. Elle vit son quotidien à partir d'un petit calepin. Elle a été opératrice de transmission pendant 16 ans et elle ne reçoit que très peu de soutien, voire aucun, d'Anciens Combattants Canada.
Est‑ce juste?
Autre exemple: mon amie TC, qui se trouve en Colombie-Britannique et qui souffre aussi d'un trouble de stress post-traumatique dû à une agression sexuelle. Elle a également présenté une demande à Anciens Combattants Canada et reçoit du soutien pour son agression sexuelle, mais le traumatisme causé par le ministère... On n'a pas tenu compte de sa santé mentale dans le cadre du Programme pour l'autonomie des anciens combattants ni pour l'allocation vestimentaire.
Comment cela peut‑il se produire? Pouvez-vous me le dire?
Je peux vous donner un exemple personnel d'un manque de professionnalisme. Un représentant d'Anciens Combattants m'a appelée alors que je n'aurais pas dû recevoir cet appel. Je lui ai dit que je n'avais pas téléphoné, mais que j'avais donné la permission à un député provincial d'appeler en mon nom pour discuter de ma demande en suspens concernant ma maladie pulmonaire. La demande était dans le système depuis le 27 novembre 2020, et elle en était à l'étape 3.
À ce moment, il m'a dit que je devrais quitter mon poste dans l'armée, même si je suis une membre active et parfaitement capable de faire mon travail. Il a alors raccroché et m'a rappelée. Il s'est excusé et a retiré ses paroles, mais entretemps, mon trouble de stress post-traumatique était passé de 1 à 10. Je lui ai dit que j'enregistrais la conversation, et il m'a alors répété à maintes reprises que nous devrions communiquer avec le sous-ministre. Mon trouble de stress post-traumatique avait dépassé son paroxysme, mais il continuait à insister.
Durant mes années de service, j'ai été violée, harcelée sexuellement, menacée verbalement et contrôlée émotionnellement. En raison de mon traumatisme, je n'arrive plus à contrôler mes réactions, ce qui a eu des répercussions négatives sur ma capacité d'obtenir des promotions. Le harcèlement sexuel continu a nui à ma santé physique et mentale, et ce n'est qu'en 2018 qu'Anciens Combattants et une clinique pour traumatismes liés au stress opérationnel ont diagnostiqué correctement le problème.
Dans mon cas, les Forces armées canadiennes n'ont pas fait un bon travail. C'est à Anciens Combattants qu'on a posé le bon diagnostic, mais la plupart des femmes n'ont pas autant de chance. Dans mon cas, j'ai fait l'essai du traitement 3MDR, la désensibilisation et reconsolidation de la mémoire dans un environnement dynamique à composants multiples, afin d'améliorer ma santé. J'ai besoin de counselling continu et cela m'a aidée à trouver la bonne personne pour m'aider. J'ai trouvé des groupes d'entraide comme Sans limites et Survivor Perspectives Consulting Group, et j'ai travaillé avec les centres d'intervention sur l'inconduite sexuelle et d'autres groupes.
Anciens Combattants et divers autres groupes offrent diverses ressources aux femmes, mais ce n'est pas suffisant pour les vétéranes. Anciens Combattants doit embaucher des représentantes pour apporter des changements de l'intérieur. Anciens Combattants a besoin de femmes comme moi dans ces postes. Nous avons besoin de personnes qui vont agir comme mentors auprès des recrues et des membres en service, et aussi des vétéranes. Dans mes temps libres, j'essaie de joindre des vétéranes qui ont besoin d'aide pour remplir les documents qu'exige Anciens Combattants, car les gens souffrent sans savoir ce à quoi ils ont droit. Nous devrions agir comme ressource, et j'ai une tonne d'informations. Des femmes me demandent mon aide pour les aider à obtenir ce à quoi elles ont droit.
Il faut améliorer les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants, car nous manquons à notre devoir envers nos recrues, nos membres en service et nos vétérans.
Si rien n'est fait et que nous n'augmentons pas l'aide offerte à nos membres, nous les laissons tomber avant même qu'ils aient terminé leur service.
Aujourd'hui, je ne vis plus sous l'emprise de la honte du viol, du harcèlement sexuel, et je sens que je suis capable d'encourager d'autres femmes à parler de leurs expériences personnelles, à s'affirmer et à être des battantes. J'existe. Je n'ai plus honte. J'existe.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui.
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Je vous remercie beaucoup, et je remercie toutes celles qui sont venues témoigner.
Je vous remercie sincèrement. À l'origine, le Comité vous avait invitées à venir témoigner il y a quelques semaines, mais la réunion a été annulée. Je pense en particulier à la caporale-cheffe Wojcichowsky, qui a fait le voyage en avion de l'Alberta jusqu'à Ottawa pour apprendre que la réunion avait été annulée. Je sais qu'il a été très difficile pour vous toutes de trouver le temps de revenir. Nous vous sommes reconnaissants d'être avec nous pour nous faire part de vos expériences, de votre expertise et de vos connaissances aujourd'hui. Nous vous en remercions chaleureusement.
Je vais passer à notre première série de questions.
Je mentionne à l'intention des témoins que chaque parti dispose de six minutes pour poser des questions. Il y aura d'abord le Parti conservateur, ensuite le Parti libéral, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique.
Après la première série de questions, si nous en sentons le besoin, il se pourrait que nous prenions une courte pause et que je suspende la séance brièvement pour aider nos témoins. Nous passerons ensuite à la deuxième série de questions.
Nous allons entamer la première série.
Comme je l'ai mentionné, chaque parti disposera de six minutes, et c'est Mme Cathay Wagantall du Parti conservateur qui va commencer.
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Je m'excuse de vous interrompre. Je vais devoir arrêter le temps brièvement.
Nous entendons la sonnerie pour un vote à la Chambre. Nous pouvons avoir une très courte série de questions par membre si nous voulons continuer un peu, mais je dois avoir le consentement unanime.
Ai‑je le consentement unanime pour poursuivre pendant environ les 15 premières minutes?
Des députés: D'accord.
Le vice-président (M. Blake Richards): Je vais donc accorder à chaque parti une période d'environ trois minutes.
Avec un peu de chance, nous pourrons revenir après la sonnerie. Nous suspendrons donc un peu comme nous voulions le faire, mais un peu plus longtemps que prévu. J'espère que nous pourrons revenir après la sonnerie pour terminer la séance.
Madame Wagantall, il vous reste environ deux minutes et demie pour poser vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci à toutes les témoins de leur présence. Il n'est pas facile d'entendre de telles histoires, mais nous voulons aussi voir comment nous pouvons nous améliorer à cet égard et prévenir de telles situations.
Je comprends ce que disait la sergente Ryan. Il y a cinquante ans, elle était ici pour défendre les droits des femmes, et aujourd'hui nous en parlons dans le contexte de notre armée et de la vie de nos vétéranes.
Par l'intermédiaire de la présidence, j'aimerais poser la question suivante à toutes les témoins présentes aujourd'hui: que pouvons-nous faire pour empêcher de telles inconduites sexuelles ou de tels traumatismes de se produire dans l'armée, et comment pouvons-nous améliorer les choses, en particulier à l'égard des recommandations que vous pourriez nous faire?
Nous pouvons peut-être commencer par la sergente Ryan.
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J'ai beaucoup réfléchi à cela, car je pense que cette crise est une occasion de nous améliorer pour la suite des choses. C'est la question à 1 million de dollars. Nous parlons d'un changement de culture.
Je vais être la lieutenante-colonelle honoraire d'une unité de réserve, et j'ai récemment assisté à une réunion où il n'y avait que des membres en uniforme. Ils se divisaient en deux catégories: il y avait les hommes qui voulaient m'expliquer qu'ils n'avaient rien à voir là‑dedans et ceux qui voulaient me dire qu'ils étaient les bons gars.
Je pense que nous devons tous assumer la responsabilité de la culture, moi y compris. Les hommes qui affirmaient ne pas en faire partie avaient tort de le croire. On ne peut pas passer autant de temps que certains d'entre eux dans l'armée sans entendre des propos dégradants, des commentaires à caractère sexuel à l'encontre des femmes, sans que la voix des femmes soit entendue.
Je faisais moi aussi partie du problème. Je n'ai rien dit parce que j'avais besoin de cette carrière. J'avais l'impression d'avoir quelque chose à prouver. Plus ils me poussaient, plus j'étais résolue à montrer ce dont j'étais capable.
Il reste que nous avons toutes les trois été violées, et moi, je l'ai été par le commandant d'une école. Il ne fait pas partie des 13 qui se sont déjà déclarés, mais est‑ce que je l'ai signalé? Non. C'était il y a si longtemps.
Ce que je voulais voir, c'était du changement, et le fait de voir la caporale-cheffe Wojcichowsky, qui est manifestement beaucoup plus jeune que moi... Je veux dire, j'ai revêtu l'uniforme en 1979, et entendre que le changement... Que pouvons-nous faire? Je pense que nous devons tous assumer cette responsabilité d'étouffer dans l'œuf tous ces commentaires misogynes et encourager nos femmes à s'exprimer.
Je pense qu'en tant que Canadiens, il nous incombe de commencer à valoriser les qualités des femmes, qui sont plus douces, à savoir la patience, l'esprit de coopération et la compassion.
Je peux vous donner d'excellents exemples du travail qui s'est fait avec des généraux qui étaient des fonceurs dotés de toutes les compétences que nous apprécions dans l'armée, mais qui ne misaient pas sur la collaboration. Tous ceux qui ont participé au conflit en Afghanistan auraient pu en prédire l'issue.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invitées de leur présence et de leur service. Nous sommes tous tristes de savoir que la réunion va être écourtée, malheureusement.
J'ai une image en tête. Depuis que je siège au Comité, soit depuis trois ou quatre ans, on nous dit que 25 % des femmes auraient été violées dans l'armée. Aujourd'hui, nous avons trois de ces femmes devant nous, ce qui fait 100 %. C'est très triste.
Madame Wojcichowsky, les Forces armées canadiennes se targuent depuis quelques mois d'avoir investi beaucoup d'argent, 3,7 millions de dollars, si je ne me trompe pas, à Saint‑Jean‑sur‑Richelieu, au Québec, pour améliorer l'équipement destiné aux femmes dans l'armée. Vous avez effleuré le sujet, tantôt. Est-ce que l'équipement que vous recevez aujourd'hui, puisque vous êtes encore militaire, ou que vos collègues reçoivent est adéquat? Je parle notamment des vêtements.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à vous remercier de vos témoignages d'aujourd'hui et, bien sûr, de votre service. Il ne s'agit pas seulement du service que vous avez donné pour vos concitoyens. Il se poursuit ici aussi. Je sais combien c'est difficile et combien cela a été douloureux, de souffrir pendant si longtemps et peut-être même de souffrir en silence. Je vous suis reconnaissant de votre prise de parole. Cela signifie beaucoup pour moi en tant que nouveau député, mais aussi en tant qu'habitant d'Edmonton.
Votre histoire en particulier, caporale-cheffe, m'a vraiment navré. Sachez cependant que je suis très fier et reconnaissant que vous soyez membre de notre province, de notre ville et de notre pays, car ce n'est pas sans sacrifice que les choses s'améliorent.
Je voulais juste dire que ce que vous faites, vous ne le faites pas pour rien. Quoi qu'il arrive, que ce rapport aille dans le sens voulu et que ces mesures ne soient pas mises en œuvre, vous faites quelque chose qui va aider les gens quoi qu'il arrive, même si les gouvernements, que ce soit celui‑ci ou le prochain, ne font pas ce qui doit être fait. Je veux que vous sachiez que votre histoire restera gravée dans mon cœur et, je l'espère, dans celui de tous les membres de ce comité, et qu'elle nous aidera à comprendre qu'il nous reste encore beaucoup à faire.
En fait, il s'agit d'un véritable échec. Il s'agit d'un échec de nos gouvernements, pas seulement du gouvernement en place, mais des gouvernements. Nous avons entendu le témoignage de membres qui sont avec nous et qui servent depuis si longtemps, et le fait d'entendre que cela continue et que votre expérience confirme que cela continue m'attriste beaucoup, surtout que je viens d'une société de tradition matriarcale. Je viens d'une petite collectivité du Nord-Est de l'Alberta, d'une communauté de Premières nations et de Métis. Entendre parler de femmes traitées de la sorte, en particulier de femmes qui sont des guerrières, me fait beaucoup de peine. Je sais que vous valez beaucoup plus que ce que ce système vous a permis d'obtenir.
Je voulais commencer par cela et mentionner également l'aspect du changement culturel qui a été évoqué et l'importance de ce changement culturel. C'est une question qui va au‑delà d'Anciens Combattants Canada. Ce n'est pas un problème qui ne concerne que les Forces armées canadiennes. Il s'agit de notre culture, de la façon dont nous entretenons la haine dans cette enceinte et dans l'ensemble du pays, et des conséquences dévastatrices de cette dynamique. Elle dévaste nos sœurs, nos mères et nos grands-mères. Nous rabaissons tous les Canadiens lorsque nous permettons à ce type de traitement de se poursuivre. Je vous remercie de vos témoignages.
Je souhaite également parler des mesures d'aide à la transition.
Sergente Ryan et majore Seviour, je sais que vous avez toutes les deux vécu cette situation. À bien des égards, vous avez dû endurer, je pense, le manque de soutien qui devrait être offert à de nombreux militaires. Pourriez-vous nous expliquer comment vous avez vécu votre transition de la vie militaire à la vie civile, et les types de soutien qui, selon vous, ont fait défaut — ou qui étaient là et qui ont fonctionné?
Commençons peut-être par la majore Seviour.
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Tout d'abord, je tiens à souligner et à reconnaître que c'était probablement l'une des reconnaissances de service les plus sincères que j'aie entendues, alors merci, monsieur Desjarlais. Cela m'a beaucoup touchée.
Je suis une cliente du ministère des Anciens Combattants depuis 11 ans — j'ai été blessée en Afghanistan — et j'ai donc eu beaucoup d'interactions avec lui. Pour ce qui est des blessures physiques, le ministère des Anciens Combattants a été très utile, mais j'avais presque l'impression de traiter avec un assureur privé qui refuse tout du premier coup dans l'espoir que le client laisse tomber. En fin de compte, pour ce qui est de mon état physique, de ma blessure, le ministère me fournit de bons services.
En ce qui concerne l'action collective, je voudrais vraiment dire quelque chose d'important au sujet de ce qu'a été mon expérience, et je crains que ce l'ait été pour beaucoup d'autres femmes. Lorsque le recours collectif a été mis en place, la politique du ministère des Anciens Combattants concernant les traumatismes sexuels et les conséquences sur la santé et la vie des femmes de traumatismes multiples — et de blessures qui ne résultent pas d'un seul incident — n'était pas mentionnée dans la politique sur les soins de santé des anciens combattants. J'ai écrit à l'ombudsman à ce sujet.
Lorsque j'ai été diagnostiquée — j'ai passé six mois à être traitée par un psychologue clinicien pour une dépression tenace et pour un trouble de l'intérêt pour l'activité sexuelle chez la femme, un nouveau désordre répertorié dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM —, le ministère des Anciens Combattants a ignoré l'un des deux troubles. J'ai parlé à quatre personnes différentes, qui m'ont dit: « Eh bien, nous ne l'avons pas nié, nous l'avons simplement ignoré. Nous l'avons simplement ignoré. » Vous savez, c'est un peu insultant pour moi en tant que Canadienne et en tant que cliente d'apprendre que vous l'avez tout simplement ignoré. Je leur ai demandé de mettre cela par écrit, mais ils n'ont pas voulu. Le chargé de dossier a ri, et je lui ai dit que je devais mettre par écrit toutes les interactions que j'avais avec le ministère, mais qu'il ne m'offrait pas la même possibilité.
Dans le rapport de l'ombudsman, comme je le soupçonnais — je suis au gouvernement et dans l'armée depuis longtemps —, on pouvait voir que leurs politiques n'avaient pas été mises à jour au moment où le gouvernement a annoncé le recours collectif. J'avais raison. Ils m'ont envoyé les nouvelles politiques, et dans les nouvelles politiques, ils n'acceptaient pas le rapport du psychologue clinicien. On parle ici d'un titulaire de doctorat qui a plus de 25 ans d'expérience.
Ils voulaient que j'aille voir mon médecin généraliste. Elle s'est sentie insultée. Elle a écrit une déclaration à l'intention du ministère des Anciens Combattants, où elle disait ceci: « Êtes-vous au courant de l'état des soins de santé au Canada? Vous me demandez de remplir ces formulaires alors qu'un expert a passé six mois à évaluer cette personne, et vous refusez de reconnaître un psychologue clinicien. » J'ai contacté l'ombudsman et je l'ai supplié de modifier la formulation pour que les psychologues cliniciens, et pas seulement les médecins généralistes ou les psychiatres, soient dûment reconnus, mais il n'a pas voulu. Ils ont dit qu'ils avaient les mains liées. Pour moi, c'est tout simplement insensé.
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Chers collègues, nous allons maintenant reprendre la séance.
La sergente Ryan est de retour parmi nous, et je pense que nous... Nous espérons que les problèmes techniques ont été résolus, du moins pour le moment. Ce que je compte faire, c'est... Je sais que Mme Ryan avait commencé à répondre à une question.
Sergente Ryan, si vous vous souvenez de la question, je vais vous accorder environ une minute pour vous permettre de terminer votre réponse. J'espère que votre connexion va demeurer stable. Si ce n'est pas le cas au cours de la prochaine demi-heure, nous devrons peut-être reconsidérer la question, mais j'espère que ce ne sera pas le cas. Je vous accorde une minute, puis nous aurons le temps d'entamer une deuxième série de questions avant de conclure la séance.
Je vous cède la parole pour une minute environ, sergente Ryan, si vous souhaitez terminer votre réponse.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
La question suivante s'adresse à la caporale-cheffe Jacqueline.
Il semble que les cas d'inconduite sexuelle soient en hausse au sein des Forces armées canadiennes. Au cours de l'exercice de 2018, 256 cas ont été signalés. Ce nombre a augmenté chaque année depuis lors. Au cours du dernier exercice, 444 cas ont été répertoriés.
Pourtant, le dernier plan ministériel du MDN ne comporte même pas d'objectif de réduction des cas d'inconduite sexuelle. On mentionne seulement un « objectif à déterminer ». Cela me fait dire que le MDN n'a pas de stratégie précise pour s'attaquer à cet enjeu.
Nous avons entendu dire que les statistiques sur les cas d'inconduite sexuelle sont beaucoup plus élevées, parce que les victimes se sentent de plus en plus à l'aise de dénoncer leur agresseur. Diriez-vous que cela reflète le contexte actuel? Vous êtes toujours en poste. Quelle suggestion avez-vous présentée pour aborder ce problème par le biais d'une équipe ciblée?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins de s'être joints à nous aujourd'hui. J'apprécie votre service et vos sacrifices pour notre pays, ainsi que votre honnêteté. Je suis consciente qu'il n'est pas facile de partager vos histoires en public. Chacun de vos témoignages est percutant, significatif et nécessaire au changement que vous souhaitez.
Par votre intermédiaire, monsieur le président, je vais poser ma première série de questions à la sergente Ryan.
Madame Ryan, nous avons reçu votre mémoire. Je l'ai étudié, et je souhaiterais clarifier certains points avec vous.
Vous avez mentionné que vous constatez certaines améliorations sur les plans professionnels et financiers pour les vétéranes. Pourriez-vous préciser ce à quoi vous faites référence?
Vous avez abordé deux volets principaux. Le premier est lié à la formation et à la planification de carrière, et le second concerne les avantages financiers.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je tiens également à remercier mes collègues ici présents. Je fais partie de nombreux comités et je n'ai pas l'habitude d'entendre un si grand nombre de questions pertinentes et de voir une participation aussi réfléchie à l'égard de ce qui est, à mon avis, un sujet de discussion très important. Je tiens à remercier le président et tous mes collègues, car il s'agit de ma dernière participation au Comité. J'ai été très heureux de travailler avec vous tous, et j'espère que vous poursuivrez votre bon travail et que vous continuerez à valoriser la vie des personnes qui servent le Canada.
Je vais passer directement à mes questions. La première s'adresse à la sergente Ryan.
Sergente Ryan, vous avez parlé de votre participation à titre de technicienne médicale et, bien entendu, on peut penser qu'en tant que femme dans les Forces armées canadiennes qui travaille comme technicienne médicale, le fait de s'occuper des questions de santé des femmes pourrait représenter un obstacle particulièrement intéressant dans votre pratique, étant donné qu'on n'a pas accordé beaucoup d'attention ou d'intérêt à la prise en charge des nombreuses préoccupations concernant la santé des femmes, surtout à la lumière des témoignages que nous avons entendus aujourd'hui.
Les membres du personnel médical des Forces armées canadiennes disposent-ils des ressources et des outils nécessaires pour soigner correctement les femmes dans l'armée? Je pense plutôt aux outils appropriés, par exemple une trousse de prélèvement en cas de viol, ou aux divers outils qui facilitent l'exercice de la profession.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici avec nous, que ce soit avec vidéoconférence ou en personne.
Pour gagner du temps, je poserai une seule question. J'aimerais que vous y répondiez tous les trois, peut-être pendant une minute chacun.
Quelles seraient les principales recommandations que vous souhaiteriez retrouver dans notre rapport d'étude? Lorsque nous aurons terminé cette étude et que nous présenterons notre rapport à notre ministère, quelles seraient vos principales recommandations?
J'aimerais d'abord entendre la réponse de la caporale-cheffe Wojcichowsky, puis nous entendrons ensuite les commentaires des deux autres témoins, si vous voulez bien, pendant environ une minute chacun.
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Pour nous, il s'agit de l'inconduite sexuelle pour les victimes de viol. J'aimerais qu'on apporte des changements en ce qui concerne le traitement des femmes victimes d'un traumatisme et d'un trouble de stress post-traumatique.
Nous avons des problèmes vaginaux. Au lieu de nous faire passer par… Il faut changer cela.
Des changements se produisent. Nos corps changent. Nous vivons un traumatisme émotionnel. Nous ne savons pas ce qui est arrivé à notre corps après un viol. Il faut absolument changer cela.
Lorsqu'un homme s'occupe de notre dossier, il ne comprend pas. Comment le pourrait‑il? Il regarde le dossier et se rend compte, sans trop d'enthousiasme, que c'est le dossier d'une femme. Cela joue immédiatement contre nous. Il doit savoir ce qui se passe dans notre corps... Ou une femme pourrait mieux le savoir qu'un homme.
Je sais pertinemment que lorsqu'on a vu mon dossier, on a automatiquement… Mon trouble de stress post-traumatique était déjà à 53 %. Les intervenants du ministère des Anciens Combattants m'ont dit que j'avais déjà ce trouble. Ce n'est pas juste, parce qu'ils n'ont pas pris la peine d'examiner tous mes documents.
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Je vous remercie beaucoup. C'est une excellente façon de clore la réunion.
Il y a tant de choses pour lesquelles nous devons remercier nos trois témoins.
D'abord et avant tout, bien entendu, nous vous remercions des services que vous avez rendus à notre pays. Nous vous sommes très reconnaissants. Tous les Canadiens vous remercient.
Deuxièmement, nous vous remercions de votre patience. Je crois que vous deviez comparaître, au départ, le 11 mai, mais vous avez dû comparaître aujourd'hui. C'est particulièrement regrettable pour vous, caporale-cheffe Wojcichowsky, car vous avez dû prendre l'avion deux fois pour venir à Ottawa pour une seule réunion, au bout du compte. Nous vous remercions de votre indulgence, bien sûr, et nous vous remercions toutes d'avoir composé avec les votes et les interruptions qui ont eu lieu aujourd'hui. Ce genre de choses arrive fréquemment à Ottawa, surtout en cette période de l'année. Je sais que nous y sommes habitués, mais ce n'est pas votre cas. Je vous remercie donc de votre patience lors de ces interruptions.
Je pense que notre réunion a été très productive et que nous avons tous beaucoup appris. Enfin, nous tenons à vous remercier des contributions importantes que vous avez apportées à notre étude, à notre comité et au rapport que nous allons rédiger.
Je remercie sincèrement tous les participants à la réunion.
C'est ce qui met fin à la réunion.
La séance est levée.