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Avant de commencer la réunion, j'aimerais régler quelques dossiers. L'un d'entre eux concerne l'approbation d'un budget pour l'étude sur le Mercosur.
Des députés: D'accord.
Le président: Deuxièmement, on nous a dit qu'à moins de circonstances imprévues, nous devions nous rendre à Washington. Je crois que tous les partis ont choisi leurs participants. Je ne fais que vous communiquer l'information.
C'est tout pour les travaux du Comité. Nous entamons maintenant notre étude.
Comme vous le savez, notre comité est très occupé avec les divers accords commerciaux que notre pays a signés partout dans le monde. Nous entamons maintenant une nouvelle étude sur un accord potentiel de libre-échange avec le Mercosur. Quatre pays sont membres du Mercosur: le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay. Cela fait 260 millions de personnes. Ensemble, leur PIB est de 2,4 billions de dollars.
C'est une excellente occasion à examiner. Au cours des prochaines semaines, nous aurons quatre réunions sur ce sujet. Aujourd'hui, nous avons la chance d'accueillir nos deux premiers témoins. En effet, nous accueillons un témoin de la Chambre de commerce Brésil-Canada et un témoin de l'Association canadienne des producteurs d'acier.
Si c'est la première fois que vous comparaissez devant notre comité, veuillez noter que nous préférons habituellement les brefs exposés, afin d'avoir suffisamment de temps pour discuter avec les députés.
Sans plus tarder, je demanderais au témoin de la Chambre de commerce Brésil-Canada, Mme Paola Saad, de livrer son exposé.
Vous êtes le premier témoin à comparaître devant notre comité dans le cadre de notre étude sur le Mercosur. Nous vous souhaitons donc la bienvenue. Vous avez la parole.
Monsieur le président, autres témoins et membres du Comité, au nom de la Chambre de commerce Brésil-Canada et de notre président, M. Marcelo Sarkis, nous sommes honorés de participer à cette discussion importante sur un accord de libre-échange potentiel Canada-Mercosur. Comme vous le savez sûrement, je m'appelle Paola Saad, et je suis vice-présidente de la CCBC.
Notre Chambre de commerce existe depuis 1973. Notre mission consiste à établir et à renforcer les liens entre le Brésil et le Canada, surtout en ce qui concerne le commerce et l'investissement. Parmi les membres de la Chambre, on compte des organismes canadiens qui investissent au Brésil et y mènent des activités commerciales, ainsi que des entreprises brésiliennes qui ont une présence au Canada. Nos membres vont des entreprises multinationales aux petites et moyennes entreprises; ces entreprises sont actives dans de nombreux secteurs et elles reflètent les secteurs stratégiques du commerce bilatéral entre le Canada et le Brésil.
Dans le cadre de la stratégie du Canada en matière de diversification des échanges commerciaux, l'élaboration d'un programme commercial complet avec le Mercosur permettrait d'avoir accès à une plus grande part de marché, d'accroître les échanges commerciaux de biens et de services canadiens et de favoriser le partage des connaissances. Cela signifierait également que 85 % des échanges commerciaux du Canada seraient visés par des accords commerciaux.
Le Mercosur est le quatrième bloc commercial en importance dans le monde et il représente 260 millions de personnes, ainsi qu'un PIB de 3 billions de dollars. Le commerce bilatéral représente actuellement 8,9 milliards de dollars, et plus de la moitié de ces échanges commerciaux s'effectuent entre le Brésil et le Canada. Nous pouvons certainement faire mieux. Par exemple, les échanges commerciaux avec l'Alliance du Pacifique, qui regroupe le Mexique, la Colombie, le Pérou et le Chili, représentent 48 milliards de dollars par année. Ces quatre pays ont déjà des ALE avec le Canada.
Le Brésil est la plus grande économie et le plus grand marché de l'Amérique du Sud grâce à sa population de 207 millions de personnes composée surtout de consommateurs de la classe moyenne.
À notre avis, un accord Canada-Mercosur améliorerait certainement le commerce et créerait d'autres occasions pour les deux parties. Le Canada et le Brésil entretiennent des relations commerciales de longue date et collaborent dans un large éventail de secteurs, notamment les soins de santé, l'exploitation minière, l'infrastructure, l'agriculture, l'innovation, l'éducation et la défense. Nous nous attendons également à ce qu'un ALE Canada-Mercosur mène à l'harmonisation des règlements et des modèles dans ces importantes industries, car c'est un problème.
En 2015, le Brésil était la septième plus grande source d'investissement direct étranger au Canada, pour un total de 19,7 milliards de dollars en investissement. Le Canada a signé un accord bilatéral sur les sciences et la technologie avec seulement cinq pays, et le Brésil est l'un de ces pays. Depuis 2011, on a mis sur pied un comité mixte sur les sciences et la technologie pour discuter des sujets d'intérêt commun, notamment les développements en matière de technologie propre, de nanotechnologie et de technologie marine. Plus récemment, dans le cadre de cette initiative, le Canada et le Brésil ont signé un accord dans le secteur aérospatial entre Airship do Brasil et Buoyant Aircraft Systems International. Un accord de libre-échange Canada-Mercosur favoriserait ce type de coopération et permettrait d'accroître le partage des connaissances. Il serait également possible d'harmoniser davantage les pratiques des deux pays en matière de droits liés à la propriété intellectuelle, car le Canada et le Mercosur pourraient potentiellement s'entendre sur une Autoroute du traitement des demandes de brevet.
Depuis l'année dernière, la CCBC a eu l'honneur de participer à des discussions relatives à un accord potentiel Canada-Mercosur, notamment lors de deux réunions avec l'honorable . L'une de ces réunions a eu lieu cette année. Selon ces conversations et l'avis de nos membres, certains des principaux obstacles commerciaux auxquels le Brésil fait actuellement face sont les niveaux élevés d'imposition, à l'interne et à l'externe, les lois sur le travail et une bureaucratie considérable — et c'est peu dire. Les exigences en matière de certification représentent également un problème. Ce sont tous des points que nous avons hâte d'aborder dans le cadre de l'accord de libre-échange avec le Mercosur et pendant les négociations en vue de permettre aux entreprises canadiennes d'accroître leurs échanges commerciaux avec le Brésil.
Nous croyons que le transport de biens, d'information, d'argent et de personnes représente un élément essentiel. En effet, le Canada est très populaire auprès des étudiants brésiliens qui souhaitent étudier à l'étranger. Cet échange fait la promotion des valeurs canadiennes telles la tolérance, la recherche de l'excellence, l'importance de faire la bonne chose et la force par la diversité. Il faut propager ces valeurs dans tous les pays du Mercosur.
La diversification du marché permet de stabiliser nos économies. Le gouvernement canadien et le gouvernement brésilien encouragent vivement les exportations auprès de leurs entreprises.
Il faut donc entamer les négociations. Oui, il faut commencer chez nous, en partageant avec les Canadiens les améliorations potentielles sur le plan commercial et social. Nous croyons à des échanges commerciaux adéquats, équitables et libres qui pourront produire de nouveaux avantages stimulants pour le Canada et les pays du Mercosur. Nous avons hâte de voir ce que l'avenir nous réserve.
La CCBC continuera de communiquer avec ses membres, ses partenaires et les entités qui mènent des activités commerciales entre le Brésil et le Canada et de les consulter au sujet des principaux défis et des grandes occasions et sur les avantages qu'une place à la table du Mercosur apporterait aux parties. De plus, la Chambre de commerce Brésil-Canada demeure pleinement déterminée à continuer de renforcer les liens entre le Canada, le Brésil et le Mercosur, et nous sommes ici à votre disposition.
Merci.
Bonjour, honorables membres du Comité. Comme toujours, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui au nom de l'Association canadienne des producteurs d'acier dans le cadre de l'importante étude du Comité sur les répercussions d'un potentiel accord de libre-échange Canada-Mercosur.
L'ACPA est le porte-parole national de l'industrie sidérurgique canadienne, dont la valeur totale représente 14 milliards de dollars. Nos producteurs font partie intégrante des chaînes d'approvisionnement des secteurs de l'automobile, de l'énergie et de la construction et d'autres chaînes d'approvisionnement industriel essentielles au Canada, car ils produisent environ 13 millions de tonnes d'acier primaire et un autre million de tonnes de tuyaux et de tubes d'acier chaque année. Ce secteur emploie directement 22 000 Canadiens, tout en appuyant indirectement 100 000 emplois supplémentaires.
L'ACPA est un organisme qui appuie le commerce ouvert et équitable. Nous comprenons la valeur d'un portefeuille commercial diversifié et nous comprenons également l'importance des accords de libre-échange pour l'avenir économique du Canada.
Par conséquent, nous croyons également que la croissance du secteur canadien de la fabrication de pointe et les investissements dans ce secteur devraient représenter un point essentiel dans la négociation et la ratification de tout accord de libre-échange. Les accords fructueux devraient améliorer les occasions d'emploi tout en permettant aux entreprises canadiennes de conserver la capacité de rivaliser équitablement sur les marchés nationaux. Ils devraient également faire la promotion d'un commerce équitable, ouvert et mutuellement avantageux, faciliter l'exportation des produits canadiens de grande qualité à l'échelle mondiale et valoriser les valeurs socioéconomiques canadiennes, notamment des normes élevées en matière d'environnement et de santé et sécurité.
Afin de veiller à ce que tous les accords puissent profiter le mieux possible aux Canadiens, nous croyons que toute négociation à laquelle participe le Canada devrait être éclairée par des consultations ouvertes auprès des industries touchées et que ces consultations devraient se fonder sur les quatre principes suivants: la préservation d'échanges commerciaux réciproques et fondés sur le marché qui s'accompagnent de dispositions fermes visant à réduire les importations déloyales; l'encouragement de l'investissement direct étranger au Canada; l'amélioration des relations liées à la chaîne d'approvisionnement nationale; la promotion des intérêts économiques généraux des fabricants canadiens et des mesures de contrôle efficaces et applicables visant les sociétés d'État et la manipulation des devises.
L'ACPA aimerait également souligner les facteurs dont le gouvernement du Canada devrait tenir compte, à son avis, pour l'industrie sidérurgique du Canada dans le cadre des négociations du Mercosur. Tout d'abord, le Canada n'exporte pratiquement pas d'acier primaire et très peu de produits contenant de l'acier dans les pays du Mercosur. Cette situation ne changera probablement pas dans le contexte d'un accord de libre-échange. Nous ne nous attendons pas à une augmentation notable et en fait, nous aimerions souligner que des mesures antidumping du Tribunal canadien du commerce extérieur visent actuellement certains pays du Mercosur en ce qui concerne l'importation des tôles d'acier au carbone laminées à chaud, des tôles en acier allié, des bandes en acier et des plaques d'acier.
Nous aimerions également souligner qu'un accord avec le Mercosur pourrait potentiellement contribuer grandement à l'érosion de la part du marché des utilisateurs d'acier au Canada, surtout ceux dans le secteur de la fabrication automobile et dans le secteur de la production d'énergie, de tuyaux et de tubes.
Pour réduire ces expositions, l'ACPA souhaite proposer un processus de mise en oeuvre de la politique nationale parallèle pour réduire les répercussions potentielles d'un accord Canada-Mercosur sur notre secteur. Ces mesures sont notamment l'amélioration continue du système de recours commerciaux du Canada, l'augmentation et l'amélioration des ressources de l'ASFC pour l'investigation et l'application, afin de protéger les entreprises et les travailleurs canadiens des dommages causés par le dumping et les produits subventionnés.
Le principe fondamental des gains bilatéraux découlant d'un accord de libre-échange se fonde sur le commerce axé sur le marché, et la transgression des règles de l'OMC par l'entremise du dumping et de la subvention de produits nuit à ces objectifs. Ce type de comportement crée des distorsions sur les marchés, déloge la production intérieure et nuit aux occasions offertes à la chaîne d'approvisionnement canadienne.
Un système de recours commerciaux efficace doit détecter les activités commerciales non équitables et utiliser, au besoin, les outils nécessaires pour faire appliquer des mesures déjà en oeuvre, orienter les enquêtes dans la bonne direction et décourager la transgression. Les accords de libre-échange ne devraient offrir aucune occasion aux produits du dumping et aucun accord commercial ne devrait contenir des mesures qui pourraient affaiblir le système de recours commerciaux du Canada.
J'aimerais également souligner l'importance de l'élaboration de lignes directrices gouvernementales en matière d'approvisionnement qui tiennent compte des émissions de gaz à effet de serre, de l'état des principes de développement durable et du respect général pour l'environnement. Une plus grande utilisation de l'acier canadien dans les programmes d'approvisionnement du gouvernement réduit de façon importante l'empreinte carbonique produite par ces projets. En effet, l'acier canadien est, de loin, l'acier le plus propre qu'on peut utiliser au pays dans le cadre d'une analyse complète du cycle de vie des GES.
Par conséquent, la préférence pour l'acier canadien à l'échelle nationale permettrait de réduire les émissions générales de GES tout en augmentant la demande pour nos produits sidérurgiques nationaux et tout en compensant potentiellement les effets de la concurrence accrue exercée par les producteurs du Mercosur.
Enfin, nous aimerions également suggérer l'inclusion, dans l'accord définitif, d'une mesure disciplinaire étendue et applicable ou d'une série de mesures disciplinaires visant les sociétés d'État, ce qui découragerait l'acquisition, par le gouvernement, d'entités qui mènent leurs activités dans un contexte commercial. Ces mesures exigeraient également que les sociétés d'État mènent leurs activités tout en respectant certaines considérations commerciales, elles interdiraient à ces entreprises de discriminer contre des fournisseurs étrangers, elles limiteraient la capacité des sociétés d'État de recevoir ou de donner des subventions, et elles reconnaîtraient que toutes les subventions accordées aux sociétés d'État peuvent faire l'objet de mesures de compensation.
Enfin, j'aimerais également souligner l'importance primordiale de la préservation et de la modernisation de l'Accord de libre-échange nord-américain pour l'industrie sidérurgique du Canada. En effet, cet accord et les négociations en cours sur l'avenir de cet accord sont extrêmement importants pour notre industrie et ont certainement plus de répercussions sur l'économie canadienne qu'un potentiel accord avec le Mercosur. Avant de participer à d'autres négociations internationales, le gouvernement du Canada devrait porter une attention particulière aux conséquences dans le contexte de l'ALENA et devrait éviter les discussions ou les activités qui pourraient potentiellement nuire à ces négociations essentielles.
En terminant, j'aimerais encore une fois remercier le Comité de m'avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je serai évidemment heureux de répondre à vos questions.
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C'est ce que je pense. Le Canada a d'excellents produits, qui se distinguent de ceux qui se trouvent sur le marché brésilien.
Les Brésiliens s'intéressent beaucoup à la technologie, et le Canada a beaucoup à offrir dans ce domaine. Tout ce qui est nouveau les intéresse énormément. Les gens aiment à être à la fine pointe et se mettent toujours à niveau. À titre d'exemple, j'ai accompagné une entreprise au Brésil, une entreprise québécoise, dont j'oublie le nom, qui a fabriqué un appareil pour vérifier les portes d'auto à l'usine. J'ai organisé des réunions avec 11 des 13 principaux constructeurs automobiles au Brésil. Je me suis trouvée à côté d'un type dans l'avion il y a quelques semaines et les choses vont très bien. Ils ont un bureau au Brésil. Ils font de bonnes affaires parce qu'ils ont un produit différent à proposer. Cela dépendra beaucoup des produits qui seront exportés, de ce qui les distingue et de l'optique envisagée par l'entreprise. Ce sont tous des éléments très importants.
De plus, en ce qui concerne l'industrie gazière et pétrolière, le Canada a beaucoup d'expertise à offrir, en particulier dans l'Est, où on possède la technologie marine dans ce domaine. Le Canada sera en meilleure position, en raison de la baisse du contenu local dans les quotas pour Petrobras, ce qui est très important, et aussi pour l'importation non seulement de produits, mais aussi de logiciels et le transfert de connaissances. Cela nous coûte extrêmement cher à l'heure actuelle, mais on achète auprès des Canadiens. Les Canadiens ont une très bonne réputation de qualité au Brésil, en particulier depuis que tant d'étudiants brésiliens viennent ici. Ils apprennent à connaître le Canada. Ils rapportent les produits chez eux et ils en veulent davantage.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux vous remercier tous les deux d'être ici.
Je suis originaire d'Oshawa. Gerdau Ameristeel se trouve juste à côté de chez moi. C'est merveilleux de vous avoir tous les deux ici, car vos témoignages nous donnent une petite perspective de l'industrie. Il s'agit de bons emplois pour les Canadiens.
Vous avez parlé de certains des défis, comme les questions de dumping, les choses du genre. Pourriez-vous nous donner une idée de la compétitivité et de la politique intérieure? Un des points qui a été soulevés a été celui de l'infrastructure. Nous avons une infrastructure publique, mais nous en avons aussi une privée, par exemple des pipelines, qui sont, bien sûr, en acier. Au cours des dernières années, nous avons connu une situation horrible avec les investissements étrangers directs: en raison de la politique intérieure, nous avons perdu quelque chose comme 87 milliards de dollars en ce qui concerne les projets de pipelines. Ceux-ci généreraient des emplois au Canada et profiteraient directement à notre économie.
J'ai parlé à vos collègues ou amis chez Gerdau, qui se disent un peu frustrés de la façon dont la politique intérieure mine notre capacité d'être concurrentiels à l'échelle internationale. Gerdau s'est retrouvé dans la situation ridicule d'avoir à annuler un quart de travail d'après-midi parce que le coût de l'électricité était trop élevé pour faire des affaires.
Pouvez-vous nous dire ce que, selon vous, le gouvernement canadien pourrait faire à l'échelle nationale, par l'intermédiaire de politiques ou de choses que nous pourrions encourager au pays afin d'accroître votre volume et votre compétitivité de façon à ce que l'acier du Canada puisse être compétitif dans les marchés ouverts au lieu de nous inquiéter de ne pas pouvoir être concurrentiels?
Qui aimerait commencer?
Gerdau est un excellent exemple. Je crois qu'il est le plus important recycleur au Canada — il convertit de la ferraille d'acier et des parties d'automobiles usagées en de nouveaux produits qu'on utilise précisément dans l'infrastructure. J'ai mentionné les avantages qui en découleraient. Je devrais aussi ajouter que Gerdau a des opérations à Selkirk, au Manitoba, et à Cambridge, et pas seulement à Whitby, même si son installation la plus grande s'y trouve. Je pense que ce serait une des entreprises qui en bénéficieraient le plus directement.
Il serait bon que le gouvernement du Canada envisage de mener une analyse complète du cycle de vie des GES qui découlent des ressources qu'il utilise pour ses projets d'infrastructure ou des ressources destinées aux projets d'infrastructure qui ne sont financés que par les gouvernements provinciaux. Il arrive qu'on ne fasse que verser du financement, mais je ne pense pas que cela nous soustraie à la responsabilité de s'assurer que les intrants soient obtenus de façon responsable. Je pense que cela les aiderait grandement. Cela a aussi bien du sens du point de vue environnemental. Si on s'attache à créer une infrastructure verte au Canada, on devrait s'assurer que les intrants y étant associés sont verts eux aussi.
Vous avez mentionné les pipelines. Evraz, qui se trouve dans ma ville, Regina, construit depuis longtemps de façon très responsable sur le plan environnemental des tubes de canalisation de gros diamètre pour les projets en se servant d'acier recyclé de l'Ouest canadien. Elle se sert littéralement de machinerie agricole usagée qu'elle a trouvée dans les cours de ferme et qu'elle fait fondre pour la convertir en des tuyaux de pointe, extraordinairement sécuritaires et de qualité élevée. Ce faisant, elle offre beaucoup d'emplois vraiment excellents à Regina, en Saskatchewan.
Je pense que ce sont deux très bons exemples de projets très responsables sur le plan environnemental.
Je sais comment nos producteurs agissent et à quel point ils sont conscients de ces choses. Notre industrie a probablement besoin de mieux le faire valoir, mais il est clair que nous aimerions que le gouvernement s'engage sur le plan de l'infrastructure à s'assurer qu'il s'agirait d'une politique qui serait appliquée.
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Je suis très fière de l'avoir aidée à pénétrer le marché. Je dois dire que le gouvernement du Québec fait un travail remarquable au Brésil en aidant ces entreprises à pénétrer le marché et en leur offrant du soutien.
Par exemple, une entreprise canadienne a construit tout le revêtement du sol du métro de Sao Paulo. J'ai participé au salon des trains et des sentiers. Je suis vraiment très fière de la présence du Québec au Brésil, car les entreprises s'en tirent bien.
Vous pourriez améliorer la situation grâce à quelque chose que nous avons fait avec notre chambre de commerce jumelle au Brésil. Il s'agit d'une tournée de présentations dans laquelle on explique aux petites entreprises comment le monde des affaires fonctionne au Brésil et on leur offre de la formation culturelle. Les sociétés francophones sont plus proches, de bien des façons, des Brésiliens, notamment en raison de leur langue latine et de leur manière d'agir et de penser, alors c'est un avantage pour nous.
En réalité, il faut connaître les débouchés dans le marché et savoir que les entreprises ne devraient pas avoir peur de se lancer dans un marché aussi vaste. Pour les entreprises, le Brésil représente un grand mur qu'ils ne savent pas comment escalader. Elles ne connaissent pas les ressources. Le gouvernement du Québec accomplit un travail remarquable pour les aider, mais il doit en faire davantage pour rejoindre ces entreprises, les PME, et leur parler personnellement. Nombre d'entre elles se retrouvent dans une petite bulle — elles vendent uniquement au Canada ou aux États-Unis — et elles ne songent ni à aller à l'étranger ni à la taille du marché international.
Ce que vous pouvez faire, c'est sensibiliser plus de gens aux avantages du commerce avec les pays du Mercosur. C'est la même chose que le reste du pays devrait faire.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je m’appelle Angelo DiCaro. Je suis le représentant national et le principal chercheur en matière de politique commerciale d’Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada.
Unifor représente 315 000 travailleurs à la grandeur du Canada dans presque chaque secteur important de l’économie, notamment ceux de la fabrication, des communications, des ressources et des services.
Au nom de notre président national, Jerry Dias, je tiens à remercier le Comité de nous avoir invités à témoigner une fois de plus devant lui et de m’avoir permis de participer par vidéoconférence aujourd’hui. Il est clair que nous avons beaucoup de choses à discuter concernant la façon dont un éventuel accord avec le Mercosur s'inscrit dans la stratégie commerciale globale du Canada. Je serai aussi bref et direct que je puisse l’être.
Je veux présenter deux arguments. Le premier est d’ordre macroéconomique. Je pense qu’il vaut la peine de noter certaines grandes tendances dans le commerce des marchandises entre le Canada et le Mercosur. Pour commencer, les exportations globales du Canada vers le Mercosur ont baissé d’environ 26 % au cours de la dernière décennie. Parallèlement, les importations du Mercosur au Canada ont connu une hausse marquée, ayant presque doublé de valeur depuis 2008. Un des objectifs énoncés en faveur d’un accord de libre-échange avec le Mercosur était de diversifier le commerce du Canada et d’étudier les débouchés à l’extérieur des États-Unis. Bien que ce soit tactique, il est important de reconnaître que l’Amérique du Nord est toujours le proverbial centre de gravité de la politique commerciale du Canada. La part du lion de nos échanges commerciaux se fait toujours dans la zone de l’ALENA, et il reste bien des questions en suspens pour des industries clés au Canada — en particulier dans le secteur de l’automobile — qui doivent être réglées dans le cadre de la renégociation de l’ALENA. Nous n’avons vraiment pas besoin que le Canada signe un accord commercial dans l’esprit de la diversification pour finir par exacerber les importations unilatérales excessives sans faire grand-chose pour stimuler les exportations. Je pense que dans ce cas, le Canada a tiré des leçons de son expérience avec la Corée.
Le second argument que je voulais soulever était que, dans le contexte du Mercosur, le Canada a manifesté son désir de faire avancer son programme commercial soi-disant progressiste avec un partenaire commercial qui semble prêt à s’engager. Même si le programme commercial progressiste reste un peu une énigme pour ceux d’entre nous qui le suivons de près, le désir qu’on manifeste de le suivre est clairement une bonne nouvelle. Cependant, je pense qu’il est important de se rappeler que, malgré une vision avant-gardiste des questions progressistes parmi les nations du Mercosur, la conception originale de l’union douanière ne parlait pas du tout des conditions de travail et des conditions sociales — un peu comme l’ALENA original.
Toute avancée réalisée depuis la création du Mercosur en 1991, notamment en ce qui concerne les conditions de travail, s’est concrétisée sous forme d’institutions structurelles élaborées dans le cadre de l’accord, mais pas dans l’accord en tant que tel. Ces avancées, qui ont été réalisées en réponse à des protestations et à des troubles sociaux de masse, comprennent l’élaboration de la Déclaration social-laboral de 1998 du Mercosur. Le libellé de ce document contient des énoncés inspirants et marquants, mais ses conditions demeurent non contraignantes et non exécutoires. Il a fait l’objet de critiques durables parmi bien des organisations progressistes. On ignore si les nations du Mercosur ont signalé ou non leur volonté de rehausser leurs ambitions concernant les clauses sociales dans les accords commerciaux. Comme nous le savons, le Brésil s’est toujours opposé énergiquement à cette approche.
Si les propres ambitions intramarché du Mercosur reflètent son mandat de négociation, alors elles sembleraient ne pas être en phase avec l’approche que privilégie le Canada dans les négociations actuelles d’accords de libre-échange, notamment l’ALENA et l’Alliance du Pacifique. En fait, elles feraient en sorte que le Mercosur ne soit plus en phase avec les ambitions exprimées par des pays comme le Mexique, et c’est assez préoccupant.
Le Canada ne doit pas mal interpréter la volonté qu’a manifestée le Mercosur de promouvoir des idées progressistes. Nous sommes d’avis qu’une approche vraiment progressiste doit comprendre, entre autres, des protections claires et sans équivoque de la réglementation élaborée dans l’intérêt du public, la pleine protection de la prestation des services publics actuels et futurs, ainsi que des clauses sociales marquées et contraignantes.
En terminant, il est important que le Canada clarifie les résultats qu’il vise et souligne ses principes généraux dans le cadre de ces négociations avec le Mercosur, et cela doit aller au-delà des questions d’accès aux marchés. Nous sommes ravis que le Canada se soit engagé à mener diverses évaluations de l’incidence socioéconomique, mais nous avons aussi besoin qu’il le fasse immédiatement, avant le début des négociations sérieuses. Réalisées indépendamment, elles nous aideront à évaluer minutieusement tous nos objectifs commerciaux et à formuler clairement nos principes. Elles devraient appuyer notre approche à l’égard des négociations avec le Mercosur et nous aider à déterminer si nous devrions procéder et comment nous devrions le faire.
Merci beaucoup. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
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Merci de m’avoir invitée à parler au nom de l’ACCA, la voix des exportateurs de produits agroalimentaires canadiens.
L’ACCA représente les 90 % d’agriculteurs qui dépendent du commerce, ainsi que les producteurs, les transformateurs et les exportateurs de produits agroalimentaires qui veulent qu’on stimule la croissance économique en améliorant et en rendant plus concurrentiel l’accès aux marchés internationaux. Cela comprend les industries du boeuf, du porc, de la viande, des céréales, des légumineuses, des fèves de soya, du colza, du sucre, du malt et des aliments transformés.
Ensemble, nos membres sont responsables de 90 % des exportations de produits agroalimentaires au Canada qui, en 2017, dépassaient les 57 milliards de dollars et généraient environ un million d’emplois dans les collectivités rurales et urbaines au pays. Un nombre important de ces emplois n’existerait pas sans un accès concurrentiel aux marchés mondiaux.
Comme je l’ai mentionné auparavant devant ce comité, le commerce est un de nos principaux moteurs économiques, étant donné que les exportations génèrent 60 % de la valeur du secteur. Plus de la moitié de tout ce que nous produisons est exportée, soit la moitié de notre boeuf, 65 % de nos fèves de soya, 75 % de notre blé, 70 % de notre porc, 90 % de notre colza et 95 % de nos légumineuses. En outre, 40 % de nos produits transformés sont exportés.
Au cours des 10 dernières années, nos exportations ont augmenté de plus de 100 %, haussées parallèlement de 61 % par les encaissements. Voilà pourquoi le Conseil consultatif en matière de croissance économique a souligné la contribution appréciable du secteur agroalimentaire du Canada à l’économie et l’a reconnu comme un secteur clé de la croissance en raison de son accent sur les exportations. Cette reconnaissance se traduit par l’objectif ambitieux de hausser les exportations agricoles du Canada à 75 milliards de dollars par année d’ici à 2025.
Les exportateurs de produits agricoles canadiens génèrent un PIB de 95,5 milliards de dollars pour l’agriculture et la fabrication d’aliments. La fabrication d'aliments représente, à elle seule, le plus grand employeur du secteur de la fabrication au Canada — 60 % des emplois sont concentrés en Ontario et au Québec — avec près d’un quart de million d’emplois de plus que les secteurs de l’automobile et de l’aérospatiale combinés.
Nous avons deux priorités aujourd’hui. Premièrement, il est primordial que le Canada ratifie rapidement le PTPGP, et nous conseillons vivement au gouvernement de le mettre en oeuvre sans tarder.
Les membres de l’ACCA ont été d'ardents partisans du PTPGP et se sont grandement réjouis d’apprendre que le Canada avait conclu l’accord et qu’il l’avait signé en février dernier au Chili. Non seulement le PTPGP offrira au secteur un accès sans précédent au marché japonais de grande valeur et aux marchés à forte croissance en Asie, comme ceux du Vietnam et de la Malaisie, mais il nous offrira aussi un avantage concurrentiel sur les États-Unis puisque ce pays n’est pas signataire de l’accord à ce stade.
Le PTPGP entrera en vigueur dès que six pays l’auront ratifié, et il est très probable que sept pays membres — soit le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, Singapour, le Brunei et le Mexique — l’aient fait d’ici la fin de 2018. Le Canada pourrait perdre l’avantage du premier venu s’il ne fait pas partie des premiers pays à ratifier les accords, et avec les incertitudes entourant l’ALENA, il est vraiment essentiel pour notre industrie concurrentielle à l’échelle mondiale qu’on facilite l’accès aux marchés dans la région de l’Asie-Pacifique. Vraiment, il faut ratifier l’accord rapidement pour pouvoir le mettre en oeuvre rapidement.
Ensuite, en raison de l’importance de l’ALENA pour le commerce agroalimentaire du Canada, l’ACCA recommande vivement au gouvernement de continuer à travailler à la conclusion d’un accord modernisé qui renforcera l’accès et la compétitivité des produits alimentaires et agricoles nationaux. Bref, il faut garder ce qui a fonctionné et moderniser l’accord où il est possible de le faire. À ce titre, l’accord ne devrait pas pouvoir inclure de nouveaux tarifs, de nouvelles barrières non tarifaires ou toute autre disposition pouvant servir à limiter le commerce.
Dans son mémoire, l’ACCA a mentionné divers secteurs dans lesquels l’ALENA pourrait permettre la croissance accrue de produits précis, comme le colza, les céréales, la viande, le sucre et les produits contenant du sucre; il pourrait aussi améliorer la coopération réglementaire et les mécanismes de règlement des différends.
Voici nos vues en ce qui concerne un éventuel accord de libre-échange Canada-Mercosur. L’industrie agroalimentaire est un important moteur économique du Mercosur, lequel fait partie des plus importants blocs de pays exportateurs de produits agroalimentaires au monde. Les États-Unis, le Chili, la Chine, l’Union européenne et les partenaires du Mercosur eux-mêmes, surtout le Brésil, sont nos principaux concurrents dans le secteur agroalimentaire dans la région.
Le Canada a exporté pour 143 millions de dollars de produits agroalimentaires en 2017, dont 117 millions de dollars au Brésil. Ce total a été plus élevé certaines années. À titre d’exemple, il se chiffrait à 245 millions de dollars en 2013, mais ce montant est toujours bien inférieur à la moitié de 1 % du total de nos exportations annuelles de produits agroalimentaires.
Mercosur a aussi exporté 1,3 milliard de produits agroalimentaires au Canada en 2017, et l’excédent commercial a augmenté considérablement au cours des cinq dernières années.
Le Canada fait donc concurrence aux pays membres du Mercosur à l’échelle mondiale dans nombre de nos principaux secteurs d’exportation, soit les céréales, les oléagineux, le boeuf et le porc. La part des exportations agroalimentaires du Canada vers les pays du Mercosur est relativement modeste. Le Canada est, en fait, le 17e fournisseur du Brésil et, à ce stade, nos membres ne voient pas beaucoup de potentiel d’accroître les ventes dans ces pays.
En conséquence, nous croyons qu’un accord de libre-échange avec le Mercosur — à la lumière d’autres accords de libre-échange en cours ou en voie de renégociation, ou de nouveaux accords qui, selon nous, donnent d’importantes perspectives pour accroître le commerce — n’offre pas de potentiel de croissance des exportations suffisant pour justifier l’allocation des ressources nécessaires afin de négocier un accord avec cette région.
Les négociations doivent répondre à des exigences considérables, notamment la renégociation imminente de l’ALENA; l’achèvement concret de l’AECG, l’Accord économique et commercial global avec l’Union européenne; la ratification et la mise en oeuvre du PTPGP; ainsi que l’amorce des discussions sur le libre-échange avec la Chine.
Les membres de l’ACCA recommandent que…
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Je ne suis pas certain d'avoir dit qu'il fallait clarifier les choses précisément en ce qui concerne l'accès au marché, mais je crois que de manière générale cela englobe cet aspect.
L'un des éléments que notre expérience avec l'approche canadienne à l'égard des négociations commerciales... et je suis d'avis que tout cela entre un peu dans cette catégorie. L'ALENA est peut-être un peu une exception, étant donné que cette question a énormément retenu l'attention du public. Cependant, un mandat clair en vue de mener ces négociations fait défaut. Je présume que nos divers négociateurs en chef, l'équipe de négociation et le gouvernement fédéral ont un plan concernant certaines de leurs positions fermes, certains secteurs importants auxquels ils souhaitent avoir accès dans le marché et certaines dispositions d'ordre social qu'ils veulent faire avancer. Cependant, ce n'est pas du tout évident de savoir ce qu'il en est, contrairement à d'autres pays comme l'Union européenne et les États-Unis à certains égards.
Nous recommandons aussi sans cesse d'avoir un processus plus transparent et d'expliquer clairement ce que nous essayons d'accomplir avec cela. De mon point de vue de membre de la société civile, je crois qu'il serait utile de le savoir et je crois aussi que cela se veut, d'une certaine manière, une stratégie plus adéquate, parce que cela envoie un message à nos partenaires de négociation: le Canada a des positions fermes très définies. Comme dans le cas de l'ALENA, il se pourrait que beaucoup de Canadiens et d'organisations canadiennes se rangent de votre côté. Par conséquent, je crois que c'est quelque chose que nous voulons voir plus souvent, mais rien n'indique que cela arrivera dans le cas du Mercosur, et c'est l'esprit qui sous-tend mon commentaire.
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C'est une très bonne question. De notre côté, je crois que c'est quelque chose que nous contrôlons bien, mais assurément, nous avons l'intention de regarder ces questions sectorielles de plus près. Notre équipe va examiner cela de façon plus soutenue.
La préoccupation globale que nous pourrions avoir — et cela concerne aussi les commentaires de Claire — ce serait d'abord de comprendre la nature du commerce qui se déroule actuellement entre le Canada et le Brésil. Je crois qu'il s'agit d'un marché assez important. C'est une région que l'on peut considérer comme faisant partie du monde en développement et une économie en croissance. Nos échanges commerciaux dans cette région du monde sont minuscules. J'ai fait quelques calculs avant la présentation. Je crois que ce que nous avons échangé avec le Mercosur l'année dernière équivaut à ce que nous échangerions avec les États-Unis sur une période de quatre jours.
Quel que soit le scénario, il y aurait des ouvertures en matière d'exportation où nous chercherions à supprimer les tarifs susceptibles d'être considérés comme un obstacle au commerce. Dans le cas de l'industrie automobile, nous avons des tarifs assez imposants avec le Brésil, des tarifs qui dépassent les 35 %. Il y aurait lieu de croire que cela pourrait donner un coup de pouce. Il y a d'autres questions concernant le bloc commercial qu'est le Mercosur, comme des barrières non tarifaires notoires, une abondance de subventions et les disputes qui ont présentement cours entre l'OMC et le Brésil. Il n'y a aucune raison de penser que ces choses prendront fin de façon convaincante.
Je crois que la question qu'il faut se poser est la suivante: l'accès au marché et la multiplication des ouvertures sont une chose, mais cela constitue-t-il un avantage démontrable pour le Canada? Ces avantages permettront-ils de faire oublier ces autres aspects des accords commerciaux qui se sont révélés très contrariants pour le Canada? Je parle ici de tout ce qui concerne les privilèges spéciaux accordés aux investisseurs et du fait de nous emprisonner dans des imbroglios réglementaires, et d'autres choses de cette nature.
Lorsqu'il s'agit d'examiner ces accords, la raison pour laquelle mes observations sur la nécessité de réaliser des évaluations d'impact indépendantes et exhaustives sont si importantes, c'est que je crois que nous ne sommes plus à l'époque où l'on pouvait simplement dire: « Si l'on élimine tel ou tel tarif, cela pourrait nous rapporter quelques centaines de millions de dollars en exportations. » Je crois que notre réflexion sur le libre-échange doit désormais aller au-delà de ces seules considérations.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins.
Ce que j'ai cru remarquer, c'est que le commerce avec cette partie du monde représentée par le Mercosur semble susciter des préoccupations. Ma question est la suivante: pourquoi? Je sais que votre organisation est très favorable au libre-échange en général. Dans ma ville d'Oshawa et dans le Sud de l'Ontario, le secteur manufacturier occupe une très grande place. L'une des choses que les fabricants me disent c'est que le Canada est en train de devenir l'un des endroits où il en coûte le plus cher de produire. Il y a des problèmes avec certaines de nos politiques nationales et des coûts particuliers qui entrent dans l'équation. Compte tenu des autres considérations — réglementaires ou pas —, du coût de l'énergie ou des taxes environnementales sur le carbone, la situation a créé de l'incertitude pour nos entreprises manufacturières, surtout en ce moment. En effet, il est difficile pour elles d'envisager d'aller sur les marchés internationaux quand elles ne sont même pas en mesure de savoir à quoi tiennent leurs bénéfices.
Je me demande si le Canada n'est pas en train de devenir trop cher pour être concurrentiel et si cela est attribuable aux coûts particuliers découlant des politiques gouvernementales. Je vais commencer par Claire. Si le gouvernement décide d'aller de l'avant, quelles politiques pourrions-nous mettre en oeuvre pour améliorer notre compétitivité? Je me demandais si vous pouviez nous dire un mot sur les obstacles de nature technique, les procédures douanières et la coordination réglementaire, et peut-être nous donner des exemples de barrières tarifaires et non tarifaires en vigueur.
M. DiCaro a parlé du Brésil et du secteur automobile, un secteur très important dans ma région, et je l'en remercie. Qu'allons-nous faire sur le plan technique si nous décidons d'aller de l'avant avec ces accords de libre-échange? Qu'il s'agisse de barrières techniques, de barrières douanières ou d'obstacles en matière de réglementation, pouvez-nous donner quelques exemples de choses que le gouvernement pourrait envisager de faire si nous décidons de nous attaquer à l'ouverture de ces marchés?
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Il y a beaucoup de choses à dire là-dessus. Je vais vous donner les grands éléments ainsi qu'un exemple de ce qui se passe au Brésil en ce moment.
L'un des éléments centraux que nous avons maintenant — et auxquels souscrivent le Canada et de nombreux autres pays —, ce sont les conventions fondamentales de l'Organisation internationale du travail. Techniquement, tous les pays devraient respecter ces conventions à la lettre, mais le problème est que l'OIT ne dispose d'aucun mécanisme ou qu'il n'existe aucune instance multilatérale pour veiller à ce que ces pays appliquent effectivement ces droits. Il s'agit de droits portant sur des choses fondamentales comme les négociations collectives, le droit de s'organiser, la liberté d'association, l'âge minimum pour travailler, etc.
Comme dispositions planchers, nous avons demandé la ratification intégrale de ces conventions aux termes de l'ALENA et exigé que le nouvel accord prévoie aussi quelque chose pour veiller à leur exécution. Ces éléments ont été débattus par la société civile et les intervenants du Mercosur dans le cadre de leur déclaration sur les aspects sociaux de l'organisation. De plus, il y a des aspects que nous aimerions sonder en ce qui concerne les questions sexospécifiques du travail dans les accords commerciaux. Beaucoup de pays ont manifesté leur intérêt à cet égard, mais personne n'a jusqu'ici accepté de donner des dents à de telles dispositions, c'est-à-dire d'assortir les échanges commerciaux de conditions contraignantes en la matière. Nous pourrions étendre ces dispositions planchers aux droits des Autochtones, aux droits environnementaux, etc. Je crois que ces considérations sont présentées d'agréable façon dans le document que nous avons soumis à l'ALENA, en compagnie d'autres éléments généraux.
Maintenant, pour ce qui est du Brésil, l'une des premières choses que le nouveau gouvernement Temer a faites a été de soumettre le droit du travail à un train de réformes passablement sérieuses, un peu comme ce que le Mexique est en train de faire. Cette réforme vise en essence la souplesse du marché du travail, la concurrence, mais ce qu'elle fait en pratique, c'est qu'elle sape les droits des travailleurs et leur droit de se syndiquer. De nombreux organismes de la société civile avec lesquelles nous travaillons soutiennent que ces réformes risquent de placer le Brésil en retrait des conventions de l'OIT dont je viens de parler. Cela ne doit pas se produire. Si notre objectif est d'instaurer un commerce vraiment juste, un commerce équilibré et une réelle dynamique de concurrence, cela ne doit pas se faire aux dépens des droits des travailleurs.
J'espère avoir répondu à votre question.