:
Bonjour et je vous remercie de l’occasion que vous me donnez de me présenter devant vous alors que vous amorcez votre étude sur la situation de l’industrie de l’acier.
J’ai préparé quelques brèves observations qui reflètent l’opinion des personnes présentes ici aujourd’hui, des trois ministères.
[Français]
Au nom de mes collègues du ministère des Finances et d'Affaires mondiales Canada, permettez-moi de vous exprimer toute notre gratitude pour cette occasion qui nous est offerte de comparaître devant ce comité pour discuter de l'industrie de l'acier. On m'a demandé de présenter le mot d'ouverture au nom des trois ministères.
[Traduction]
Permettez-moi de commencer par aborder les responsabilités des trois ministères qui comparaissent a titre de témoins.
Innovation, Sciences et Développement économique Canada est le ministère responsable de l’analyse et de la formulation de la politique au sujet du secteur sidérurgique au Canada. Cela inclut les questions en matière d’innovation et de productivité.
Le ministère des Finances s’occupe de la politique d’importation, y compris des recours commerciaux qui permettent de se pencher sur la question du dumping et d’octroi de subventions.
Affaires mondiales Canada est chargé des relations internationales et des questions liées à l’Organisation mondiale du commerce
Ensemble, ces ministères travaillent en collaboration pour se pencher sur les enjeux d’importance pour le secteur de l’acier du Canada.
Je vais prendre quelques minutes pour parler de l’importance du secteur sidérurgique et vous donner un peu de contexte.
L’industrie de l’acier représente un pilier important de l’économie canadienne. Elle soutient presque 17 000 emplois directs et elle contribue pour 2,6 milliards de dollars au PIB du Canada. Outre les emplois directs, cette industrie joue un rôle secondaire important, puisqu’elle est un fournisseur clé dans plusieurs secteurs, incluant le secteur nord-américain de la fabrication, le secteur de l’énergie et l’industrie de la construction. Tous ces secteurs dérivent des milliards de dollars en bénéfices de l’industrie canadienne de l’acier. Cependant, l’industrie canadienne doit relever des défis de taille en raison de conditions difficiles causées par une faible demande, une baisse des prix et une compétition féroce. Dans ce contexte, deux grands producteurs d’acier au Canada, soit Essar Steel Algoma et U.S. Steel Canada, se retrouvent maintenant sous la protection contre la faillite.
Je vais maintenant vous présenter certains des principaux enjeux.
[Français]
L'un des enjeux les plus urgents auquel s'attaquer pour le secteur canadien de l'acier et qui représente un facteur clé ayant des incidences sur la santé financière des producteurs d'acier canadiens consiste à se pencher sur la capacité excédentaire mondiale et la hausse des importations d'acier qui en découle, en particulier lorsqu'il est question de dumping d'acier injustement subventionné.
[Traduction]
Pour une mise en contexte, la capacité mondiale de production d’acier s’élève à environ 2,4 milliards de tonnes. La capacité de production d’acier de 20,5 millions de tonnes du Canada représente environ 1 % de la capacité totale mondiale. Cette capacité est minime en comparaison avec celle de la Chine, qui produit environ 1,15 milliard de tonnes, suivie du Japon, qui produit environ 131 millions de tonnes. Selon des études menées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en 2015, la capacité excédentaire mondiale a atteint environ 850 millions de tonnes.
Cette capacité excédentaire s’est accrue en raison des mesures interventionnistes et de contrôle des gouvernements de pays qui offrent des subventions qui créent ou maintiennent une capacité excédentaire, ou qui octroient des ressources à l’industrie de l'acier et adoptent des mesures à la frontière qui encouragent la production et les exportations. On assiste à l’ajout de nouvelles capacités, en particulier dans les pays en développement, malgré des données qui confirment toujours un excès de l’offre et une faible demande mondiale.
Même si cette capacité excédentaire n’est pas toute utilisée, de grandes quantités d’acier excédentaire continuent d’inonder le marché mondial. Cette offre excédentaire exerce une pression à la baisse sur les prix de l’acier au niveau mondial, ce qui nuit injustement à la concurrence dans des marchés ouverts comme le Canada.
Pour faire face à cet enjeu, des pays adoptent diverses mesures pour gérer les importations et conserver les marchés intérieurs pour les producteurs nationaux. Par contre, ces mesures peuvent avoir d’importants effets en chaîne alors que les pays étudient d’autres marchés vers lesquels ils peuvent exporter leur acier. De plus, le problème de l’acier excédentaire entraîne une baisse des prix dans les chaînes d’approvisionnement de la production. En outre, les producteurs d’acier au Canada, en collaboration avec leurs partenaires canadiens du secteur de l’acier, peuvent perdre des contrats visant des projets d’infrastructure au profit de compétiteurs qui utilisent de l’acier de qualité inférieure ayant fait l’objet de dumping que l’on camoufle dans un produit fabriqué qui est importé.
Le gouvernement du Canada travaille sur plusieurs fronts afin de faire face à ces défis. Cela inclut notamment d’augmenter les opportunités pour les entreprises canadiennes de participer aux approvisionnements publics, et de leur offrir une aide financière pour le développement et l’adoption de technologies de pointe afin d’accroître l’efficacité et la viabilité de la production canadienne. Quant aux recours commerciaux, le gouvernement a apporté des changements pour renforcer le mécanisme des recours commerciaux et il envisage d’autres mesures à ce chapitre.
Nos ministères collaborent étroitement sur le dossier de l’acier avec nos partenaires de l’ALENA, par l’entremise du Comité nord-américain sur le commerce de l’acier. Récemment, cette collaboration a été enrichie par des travaux avec nos partenaires de l’ALENA sur I'application des mesures de recours commerciaux sur l’acier. Ce dossier est dirigé par l’Agence des services frontaliers du Canada.
Nous collaborons également avec d’autres pays producteurs d’acier en matière de surcapacité à l’OCDE et à l’Organisation mondiale du commerce. En parallèle, à travers le mécanisme du G20, nous participons aux efforts visant à établir un Forum mondial sur la capacité excédentaire de l’acier, lequel a été annoncé dans le cadre d’un communiqué issu après la dernière rencontre du G20.
[Français]
Avant de conclure, permettez-moi de dire quelques mots sur le développement technologique, l'innovation et les compétences dans le secteur de l'acier.
La capacité excédentaire mondiale représente un défi de taille, mais l'industrie canadienne de l'acier est très avancée et produit de l'acier de très haute qualité, par exemple de l'acier à haute résistance pour le secteur de l'énergie ou de l'acier très léger pour l'industrie automobile.
[Traduction]
Cette industrie à forte intensité de capital possède l’un des taux de productivité parmi les plus élevés du secteur canadien de la fabrication. De récents investissements en immobilisations dans l’industrie a permis d’établir des usines canadiennes qui sont parmi les plus efficaces en matière de rendement énergétique et les plus automatisées au monde.
Le Canada produit également de l’acier qui cause nettement moins d’émissions de carbone, ce qui s’explique en grande partie par le fait que les intrants importants, en particulier l’électricité utilisée pour la fabrication d’acier, proviennent de sources non polluantes.
À l’échelle du pays, cette industrie entretient des liens avec des universités, des collèges et des instituts de recherche, ce qui permet au secteur d’avoir accès à la main-d’oeuvre qualifiée et expérimentée dont elle a besoin.
Malgré ces éléments positifs, les problèmes auxquels fait face l'industrie de l’acier sont de taille. Les ministères que nous représentons continueront à collaborer avec d’autres partenaires fédéraux et parties prenantes pour veiller à ce que l’industrie de l’acier puisse demeurer compétitive.
Merci encore de cette invitation. Mes collègues et moi-même serons heureux de répondre à vos questions. Merci.
:
Je peux vous décrire une partie du processus.
Essentiellement, il y a deux agences responsables de la tenue des enquêtes en recours commercial.
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) est responsable de l’introduction du recours en tout début, puis elle déterminera s’il y a effectivement des activités de dumping et de subventionnement, et quels sont les montants.
Le Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE) est responsable de déterminer si ce dumping et subventionnement causent un préjudice à l’industrie nationale.
Ils ont des fonctions séparées et les enquêtes se déroulent en parallèle.
Quand une plainte est reçue, le TCCE doit déterminer, dans un délai établi, si la plainte est bien documentée, puis s’il souhaite amorcer une enquête.
Une fois l’enquête lancée, ces processus se déroulent en parallèle; le tribunal doit d’abord décider s’il y a préjudice; puis le TCCE prend sa décision à savoir s’il y a des indications confirmées qu’il y a bel et bien du dumping ou du subventionnement. Selon ces conclusions, des droits provisoires pourraient être imposés. Puis le processus passe à l’étape finale, pendant laquelle des vérifications supplémentaires sont effectuées. Le TCCE tient des audiences publiques et recueille l’information afin de prendre la décision finale. L’ASFC va alors rendre sa décision relativement aux niveaux de dumping. Puis le TCCE, comme étape finale, confirme si le dumping cause préjudice à l’industrie. À partir de ce point, qui est le dernier, des droits antidumping et compensateurs définitifs seront mis en place.
Une fois que les mesures sont en place, elles le sont pour cinq ans, et c’est pendant cette période que les droits sont perçus que certains des problèmes que vous avez mentionnés peuvent survenir, les entreprises pourraient essayer de circonvenir ces droits en donnant une fausse représentation de ce qu’est leur produit ou de sa provenance. En fait, elles scrutent l’application des droits et cherchent un moyen de les éviter. La situation se produit périodiquement. Nous n’avons pas beaucoup de données qui nous permettent de connaître l’étendue de ces pratiques sur le marché canadien, mais nous en avons des témoignages anecdotiques.
C’est l’un des enjeux que nous avons tenté d’examiner pendant les consultations afin de savoir quels sont les outils que nous pourrions utiliser pour régler le problème.
Nous avons déjà, en fait, de très bons outils intégrés à la Loi sur les mesures spéciales d’importation et à la Loi sur les douanes, pour traiter de la fraude et de l’évasion, quand l’information saisie est fausse ou incorrecte.
Pour les situations où l’on a plutôt recours à des échappatoires, comme apporter des petites modifications à la marchandise, nous essayons de déterminer s’il s’agit d’un plus grave problème dont la résolution passe par l’introduction d’un processus distinct.
Je pense que votre autre question portait sur ce logiciel. C’est un problème qui n’a été porté que récemment à notre attention. Il porte sur la manière dont sont calculées les marges de dumping. Essentiellement, on compare les prix de vente de cet exportateur au Canada avec les prix de vente que ledit exportateur pratique sur son propre marché. S’il peut modifier les prix sur son marché national, il est alors possible d’appliquer les droits sur la marge de dumping.
L’ASFC a plusieurs outils à sa disposition pour déterminer si le prix demandé sur d’autres marchés est fiable. Je ne peux vous dire s’ils ont pu régler le problème pour ce cas en particulier. Nous n’avons pas encore réussi à leur en parler. Mais le cas nous a été soumis et est actuellement à l’étude, afin de savoir s’il faut faire davantage à cet égard.
:
Nous avons suivi de près ces deux faillites. Dans chaque cas, il y a un élément positif sous la forme d’un investisseur cherchant à conclure une transaction avec une entreprise qui a besoin d’être restructurée et qui deviendrait viable à la fin du processus déclenché aux termes de la LACC. Je crois que c’est un signe extrêmement positif.
Nous avons beaucoup parlé du problème du dumping aujourd’hui, mais l’industrie fait face à un autre enjeu qui découle en grande partie de la hausse des prix de l’énergie depuis quelques années. Il est évident que le marché de l’énergie est très important pour les producteurs d’acier, et ce marché a beaucoup souffert. En outre, nous avons tous vu l’incidence de la crise de 2008-2009 sur les ventes d’automobiles, et le secteur automobile est un autre marché très important pour les aciéries.
À l’heure actuelle, la demande d’automobiles est aussi forte qu’elle l’a été pendant longtemps. Les très bonnes nouvelles concernant les investissements des fabricants d’automobiles nous réjouissent tous. Je me dis que si le prix du pétrole augmente légèrement, ce serait très positif également pour cette industrie, en ce que cela permettrait aux activités d’exploration qui font beaucoup appel à l’acier de se consolider. Je crois que de nombreux signes positifs se dessinent à l’horizon pour cette industrie.
Je voudrais également mentionner que, en plus des deux grandes entreprises qui font face à des difficultés de restructuration financière, il existe un troisième grand joueur à Hamilton, qui est ArcelorMittal. Les aciéries d’ArcelorMittal sont de très bonnes aciéries, et la société dispose d’actifs très solides. J’ai eu l’occasion de visiter les actifs de Stelco à Hamilton il y a environ deux semaines. Cette aciérie ne ressemble pas à celles que l’on voit à la télévision, ou à celles près desquelles nous avons grandi. J’ai également grandi à Sault Ste. Marie, je me souviens à quoi ressemblaient les aciéries dans les années quatre-vingt. ArcelorMittal a mis en place des procédés de fabrication de pointe, fait des investissements considérables et possède de nombreux très bons actifs qui profiteront à l’industrie au fil des améliorations.
Selon moi, ArcelorMittal a fait de l’excellent travail en se diversifiant sur le marché de manière à pouvoir produire de l’acier de qualité qui est très recherché par certains marchés. Son équipe de direction a bien manœuvré pendant cette période, en partie parce qu’elle a su diversifier les produits de l’entreprise.
Parler de ce sujet me frustre énormément.
Je vais vous raconter une histoire, une histoire vraie. J’ai eu la chance en 2007 de me rendre en Chine avec un groupe de quatre personnes. C’était la première fois et cela m’a ouvert les yeux, c’est le moins que l’on puisse dire.
À mon retour, l’ambassade de Chine m’a demandé comment j’avais trouvé mon voyage. J’ai répondu qu’il avait été formidable et je leur ai demandé de quoi ils voulaient discuter. Les Chinois voulaient parler d’environnement. J’ai pensé que c’était une bonne idée parce que je croyais que les Chinois brûlaient des pneus pour chauffer leurs maisons et pour tout. Je me suis rendu compte que la Chine était très polluée du fait de chauffer au charbon. J’ai donc dit aux représentants chinois que j’étais prêt à discuter de la pollution en Chine, et ceux-ci m’ont dit que c’était de notre situation au Canada dont ils voulaient parler!
Ils ont abordé le sujet du carbone et de la nécessité de réduire les émissions de carbone. Ils ont mentionné la grande avance qu’ils avaient sur nous sur ce plan. Les Chinois ne voyaient pas la nécessité de participer aux efforts avant au moins 2025. Ils ont expliqué que les économies occidentales étaient responsables de la pollution. Vous avez probablement déjà entendu toute cette rhétorique. J’étais abasourdi, je n’en croyais pas mes oreilles!
Dans ma première question, j’ai mentionné qu’il n’y avait jamais eu de moment dans l’histoire où une grande puissance n’avait pas été aussi un grand producteur d’acier. Cependant, quand on pense à la Chine, à son hégémonie, à son influence qui s’étend partout sur la planète....
Prenons les différends commerciaux. La Chine joue un rôle dans la plupart d’entre eux, mais aussi de nombreux autres pays comme l’Oman, l’Arabie saoudite, le Mexique qui ne fabriquent pas ces produits, mais qui les font entrer dans notre économie.
Je pose cette question au représentant d’Affaires mondiales. Discutez-vous de ces problèmes? Est-ce que vous admettez que nous nous sommes mis dans une situation où nous ne pouvons plus être concurrentiels, surtout face à un pays qui n’a même pas le statut d’économie non marchande? Qu’allons-nous faire? On parle de toutes sortes de choses: il faut faire ceci ou cela.
Le fait est qu’on brûle du charbon polluant dans toutes les usines en Chine. Je l’ai vu... Ce pays produit l’énergie nécessaire pour soutenir l’industrie manufacturière et peu importe les conséquences... Voilà ma première question.
Ma deuxième question porte sur un accord de libre-échange dans le contexte de l’industrie de l’acier et de la Chine? Pouvez-vous entretenir le Comité sur ces deux sujets?
J'ai d'autres questions au sujet de l'acier. Ce secteur me semble très intéressant. Il fait partie de notre économie canadienne.
Nous avons parlé plus tôt du Buy American Act. Il y a quelque chose que j'ai entendu souvent de la part d'entreprises canadiennes de transformation de l'acier, qui essaient de vendre leurs produits aux États-Unis. En ce qui concerne tous les contrats gouvernementaux, elles me disent que les entreprises américaines sont en mesure d'empêcher les nôtres de pénétrer leur marché. Je sais que lorsqu'il s'agit de marchés privés, les entreprises canadiennes peuvent exporter aux États-Unis.
Existe-t-il des obstacles tarifaires ou non tarifaires dans d'autres pays, du même type que la disposition du Buy American Act, qui entravent les exportations? Aux États-Unis, cela existe, mais y en a -t-il ailleurs? Si des pays se servent de mesures de ce genre pour limiter l'accès à leurs marchés, que peut-on faire pour encourager notre industrie canadienne de l'acier?
Répondez-moi l'un après l'autre, s'il vous plaît.
:
Quand je vous entends parler de la sorte, j'ai à l'esprit le secteur automobile, où évidemment nous avons des chaînes d'approvisionnement très intégrées entre nous et les États-Unis. Tous ces acteurs ont le choix d'acheter de l'acier canadien ou de l'acier américain, et en fait ils achètent les deux. Ils achètent un produit particulier selon le besoin de leur marché et le meilleur produit. Les aciéries canadiennes sont très concurrentielles dans ces chaînes d'approvisionnement.
Je visitais une compagnie samedi, je ne vous dirai pas laquelle, une usine d'assemblage. À un point de la visite, ils nous ont montré leur base d'approvisionnement, et deux des trois grands fournisseurs d'acier canadiens étaient présents, des vendeurs actifs.
Si des membres partaient de la réunion aujourd'hui en pensant que l'industrie canadienne n'est pas en mesure de compétitionner, je crois que ce serait une impression erronée. En réalité, comme j'ai tenté de l'exprimer dans ma déclaration d'ouverture, nous avons effectivement une industrie très concurrentielle. Elle peut soutenir la concurrence, et elle le fait, en particulier sur beaucoup de produits à marge élevée. Les aciéries chinoises produisent souvent des matériaux très bruts. Elles produisent aussi des matériaux de meilleure qualité, mais les coûts de transport vers le Canada, les coûts de transport des produits lourds sont un facteur important.
J'ai appris de beaucoup des entreprises manufacturières avancées que nous rencontrons qu'elles préfèrent un approvisionnement local. Il est sécurisant de savoir que votre chaîne d'approvisionnement est à Hamilton, au Sault ou près de la 401. Vous pouvez obtenir le produit, et l'obtenir à temps. S'il y a un problème, vous pouvez le faire régler. Ce sont des avantages de chaîne d'approvisionnement très profonds, qu'il vaut la peine de préserver.
À titre d'exemple, avec nos deux compagnies en faillite, l'un des points que nous répètent des entreprises manufacturières avancées de l'Ontario, du Québec et d'ailleurs, et qu'elles continuent de nous répéter, est l'importance d'avoir de la concurrence, même à l'intérieur du marché canadien. Elles apprécient vraiment la présence de ces sources concurrentielles au Canada.
Je crois que le marché existe. La difficulté dont nous discutons est le dumping, le problème de l'offre excédentaire. Si l'on prend le prix de l'acier à la tonne, nous avons des produits très concurrentiels au Canada. Ils peuvent soutenir la concurrence et sortir gagnants.
Pour ce qui est du changement climatique, le coût vient à l'esprit. C'est un aspect de la chose. J'ai tendance à réfléchir aux avantages de commencer à présenter plus agressivement une image de marque de l'acier canadien comme un acier à basse teneur en carbone. De plus en plus de pays y pensent, non seulement les fournisseurs ou consommateurs ultimes comme nous, mais aussi les compagnies intermédiaires qui achètent. Elles réfléchissent à ce qu'elles achètent. Beaucoup de compagnies avancées que nous visitons nous disent qu'elles achètent de l'acier canadien, que c'est important, ça compte pour elles d'avoir cette base locale.
Le Canada a beaucoup de solides avantages pour progresser dans cette voie. Plus particulièrement, je crois que la faible empreinte carbone de notre acier est un avantage que probablement nous ne faisons que commencer à maximiser de façon concurrentielle sur le marché. J'espère et je crois que cet élément deviendra un véritable facteur de différenciation qui favorisera la croissance de nos entreprises.
Pour répondre à cette question, s'il passe par le Canada et que des compagnies canadiennes ne font rien qui vise à éviter ou contourner les droits dus aux États-Unis, alors c'est non. Il se peut qu'ils tentent d'utiliser des voies détournées, mais la personne qui remplit les documents d'importation serait la personne responsable.
J'aimerais aussi aborder votre point soulevé en ouverture, que d'autres pays imposent des mesures à l'acier tandis que nous ne le faisons pas. En fait, nous avons déjà pas mal de mesures s'appliquant aux produits de l'acier, avec des marges plutôt robustes de dumping constatées, ce qui nous offre un très bon degré de protection. Si l'on regarde certains des principaux produits, vous verrez que pour les plaques d'acier, les barres d'armature du béton et beaucoup de produits tubulaires utilisés dans les pipelines et ailleurs, nous avons un bon nombre de décisions qui donnent une bonne protection dans notre marché canadien contre les produits dumpés et subventionnés.
Certains ont peut-être l'impression que nous n'avons pas de telles mesures en place, ou que nous sommes en retard sur cette question, mais je vous assure que notre industrie est très active pour déposer des plaintes, et qu'elle réussit très bien à faire adopter des mesures.