:
Merci beaucoup, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs.
Je suis très heureuse de revenir aujourd'hui devant le comité pour faire le point sur les consultations menées par le gouvernement au sujet du Partenariat transpacifique et pour vous donner une idée des préoccupations et des appuis qui s'en dégagent. Bien entendu, je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Le comité avait invité la sous-ministre Hogan a assisté à cette réunion, mais, ayant été retenue, elle m'a demandé de la remplacer et vous transmettre ses regrets.
Je suis accompagnée aujourd'hui de plusieurs responsables d'Affaires mondiales Canada: Dany Carrière, directrice de la Direction du partenariat transpacifique et négociatrice en chef adjointe du PTP; Sarah Phillips, notre négociatrice principale, Admission temporaire; Loris Mirella, négociateur principal, Propriété intellectuelle; Paul Huynh, directeur par intérim de la Direction des droits de douane et de l'accès aux marchés des produits; et André Downs, économiste en chef.
Nous avons beaucoup d'autres collaborateurs derrière, mais nous avons pensé que ce groupe était probablement assez représentatif, compte tenu du genre de questions et de rétroactions que nous avons entendues.
Avant d'aborder les consultations menées jusqu'ici, j'aimerais dire quelques mots de l'étude des retombées économiques du PTP, qui a été réalisée par le bureau de l'économiste en chef d'Affaires mondiales Canada et qui a été communiquée au comité et aux Canadiens le 9 septembre 2016.
L'étude de l'économiste en chef se fondait sur deux scénarios: le premier supposait que le Canada faisait partie du PTP, et le second, que nous n'avions pas adhéré au partenariat, mais que celui-ci est déjà en vigueur. En résumé, l'étude prévoit une croissance du PIB de 0,127 % si le Canada fait partie du PTP, ce qui amènerait une augmentation du PIB de 4,3 milliards de dollars à long terme. Si le Canada n'y participe pas, mais que les 11 autres pays mettent l'accord en application, l'étude prévoit une baisse du PIB de 5,3 milliards de dollars d'ici 2040.
[Français]
Les réactions au rapport ont été partagées. Certaines ont présenté l'incidence prévue sur le PIB comme une preuve de l'importance de l'accord pour les entreprises et les exportateurs canadiens, tandis que d'autres ont affirmé que l'augmentation prévue du PIB ne faisait pas contrepoids aux préoccupations soulevées par de nombreux intervenants quant à la mobilité de la main-d'oeuvre, au règlement des différends entre investisseurs et États — le RDIE —, et à la propriété intellectuelle.
L'étude de l'économiste en chef ne présente que l'un des nombreux points de vue sur les divers résultats économiques possibles du PTP. D'autres études, comme vous le savez bien, ont été réalisées par l'Université Tufts, la Banque mondiale et l'Institut C.D. Howe, entre autres. Le gouvernement tient à prendre en considération plusieurs d'entre elles et il utilise des méthodologies différentes pour évaluer la valeur de la participation du Canada au PTP.
[Traduction]
En ce qui a trait à nos consultations sur le PTP, le gouvernement a, depuis son arrivée au pouvoir, entendu l'ensemble des provinces et des territoires, ainsi que des membres de l'industrie et de la société civile, des groupes de réflexion, des universitaires, des groupes autochtones, des étudiants et le grand public sur tous les aspects du PTP.
La ministre du Commerce international et ses collègues du Cabinet, ainsi que le secrétaire parlementaire, M. David Lametti, ont rencontré des centaines de Canadiens pour connaître leur opinion dans le cadre de consultations qui ont été tenues à l'échelle du pays. Des fonctionnaires ont également entendu des centaines de personnes, d'entreprises et d'associations nationales, dont beaucoup sont également venues témoigner devant votre comité.
[Français]
Au terme de nos consultations, nous avons constaté que les gens d'affaires, au Canada estiment en règle générale que le PTP représente une importante occasion de diversifier les échanges commerciaux du Canada en permettant aux exportateurs et aux investisseurs canadiens d'avoir un meilleur accès aux marchés de la région Asie-Pacifique.
Cette opinion est partagée par les agriculteurs, les pêcheurs et diverses associations de gens d'affaires, par exemple, la Chambre de commerce du Canada, le Conseil des industries forestières et l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire.
[Traduction]
Les organisations de la société civile et les syndicats s'inquiètent des répercussions que le PTP aura sur les emplois au Canada, de la portée et de l'application du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États ainsi que de certaines dispositions relatives à la propriété intellectuelle.
Certains Canadiens s'opposent purement et simplement à l'accord et demandent au Canada de rester à l'écart.
[Français]
J'aimerais m'attarder sur quelques-uns des thèmes récurrents qui se dégagent des consultations.
[Traduction]
Commençons par la mobilité de la main-d'oeuvre.
Certains intervenants veulent qu'on favorise la mobilité des travailleurs hautement qualifiés tandis que d'autres craignent que le PTP ne provoque un afflux de travailleurs étrangers et de travailleurs peu qualifiés. Par exemple, certains s'interrogent sur la possibilité que le PTP permette à des entreprises étrangères qui obtiennent des contrats d'approvisionnement au Canada de faire venir leurs propres employés plutôt que d'embaucher des travailleurs canadiens.
Par ailleurs, des représentants d'entreprises ont fait état de la difficulté de trouver de la main-d'oeuvre qualifiée au Canada. Ils sont donc favorables aux accords de libre-échange qui facilitent l'accès à des travailleurs étrangers temporaires qualifiés pour répondre à des besoins particuliers.
En vertu du PTP, l'accès au marché du travail canadien ne serait facilité que pour les travailleurs hautement qualifiés qui ont investi des capitaux importants au Canada ou qui ont des contrats préalables ou des offres d'emploi au Canada. Dans le cas des professionnels et des techniciens hautement qualifiés, notamment les architectes, les ingénieurs et les travailleurs en Tl du Japon, de la Malaisie et de l'Australie, le Canada a également prévu des mécanismes de protection, comme des exigences de formation et de salaire courant au Canada.
Les engagements relatifs à l'admission temporaire ne changent rien à la politique d'immigration du Canada. Par exemple, ils ne modifient ni les exigences relatives aux visas ni la capacité des différents ordres de gouvernement d'imposer des critères d'admissibilité en matière de licences et de qualifications.
[Français]
La complexité de la question des admissions temporaires pour les gens d'affaires ressort clairement des consultations menées par le gouvernement. En outre, de nombreux Canadiens veulent obtenir des précisions quant aux incidences de l'accord. Nous avons rencontré plusieurs intervenants concernés, notamment le Congrès du travail du Canada, Unifor, les Teamsters, les Syndicats des métiers de la construction du Canada et d'autres centrales syndicales, afin d'entendre leurs préoccupations et de fournir davantage de précisions sur l'étendue et l'application des engagements concernant les autorisations de séjour temporaire prévues dans l'accord.
[Traduction]
Je vais maintenant passer aux investissements et au règlement des différends entre investisseurs et États.
Les dispositions du PTP relatives à l'investissement retiennent aussi l'attention de la population canadienne. Plus particulièrement, de nombreux Canadiens s'inquiètent de la portée et de l'application du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, ou RDIE, du PTP. Plus particulièrement, certains craignent que les dispositions de RDIE ne permettent aux sociétés de poursuivre le gouvernement si des lois ou des règlements portent préjudice à leurs pratiques d'affaires ou se traduisent pour eux par un manque à gagner.
Autrement dit, ils craignent que le mécanisme de RDIE du PTP ne limite la capacité du gouvernement de légiférer dans l'intérêt public.
[Français]
D'autres se sont déclarés favorables à un solide cadre d'investissement à l'étranger et soutiennent les dispositions du PTP en matière d'investissement, notamment en ce qui concerne le règlement des différends entre investisseurs et États. Ils affirment que des règles d'investissement contraignantes, l'accès à un marché prévisible et des mécanismes de règlement des différends contribuent à l'amélioration du climat d'investissement international.
[Traduction]
Je vais maintenant passer à la propriété intellectuelle. Le chapitre sur la propriété intellectuelle représente un autre sujet qui a suscité différents points de vue. Certains disent que les règles établies freineront l'innovation en forçant les innovateurs canadiens à respecter les règles dictées par les États-Unis et qu'il sera plus difficile pour les créateurs et les innovateurs du Canada d'utiliser du matériel protégé, en raison de la prolongation de la protection du droit d'auteur. Certains analystes redoutent que les dispositions sur la propriété intellectuelle du PTP relativement à la protection des brevets puissent contribuer à une hausse du prix des médicaments au Canada, car la disponibilité des médicaments génériques pourrait être retardée de quelques années. En revanche, d'autres ont mentionné les avantages possibles découlant du PTP, à savoir un système plus prévisible, fondé sur des règles, pour protéger la propriété intellectuelle des Canadiens qui font des échanges commerciaux dans la région.
Quant à l'accès aux marchés des biens et des services, les membres du comité auront sans doute noté que les commentaires reçus sont dynamiques et qu'ils sont en majorité positifs. Des entreprises canadiennes orientées vers l'exportation nous ont dit qu'elles ont hâte de profiter des nouvelles possibilités d'accès aux marchés. Elles ont souligné l'importance de conditions équitables et les répercussions éventuelles sur leurs marchés d'exportation si le PTP était réalisé sans la participation du Canada.
Nous avons également pris le pouls des secteurs assujettis à la gestion de l'offre. Les membres de ces secteurs ont exprimé des inquiétudes relativement à une érosion possible du système de gestion de l'offre au Canada et aux conséquences pour les agriculteurs. Ils ont également tenu à faire part au gouvernement des attentes quant à l'aide de transition qui serait accordée si le Canada ratifiait le PTP.
[Français]
Divers points de vue ont été exprimés au sujet du PTP et des retombées éventuelles sur le secteur de l'automobile. Nous avons recueilli l'opinion de fabricants d'automobiles, de fournisseurs de pièces d'automobiles ainsi que de syndicats. Certains fabricants d'automobiles canadiens se disent vivement préoccupés par l'écart entre la période d'élimination progressive des droits de douane par le Canada et celle des États-Unis.
Cependant, d'autres parties intéressées dans le secteur de l'automobile disent vouloir une période d'élimination progressive des droits de douane plus courte en ce qui a trait aux automobiles provenant du Japon. Il convient de souligner que les automobiles japonaises font effectivement l'objet d'un désavantage concurrentiel par rapport aux véhicules coréens, qui seront exemptés de droits de douane au Canada à compter de 2017, et ce, aux termes de l'Accord de libre-échange Canada-Corée.
D'autres intervenants du secteur canadien de l'automobile considèrent que le PTP multipliera les possibilités d'accès au marché pour le Canada et exhortent le pays à le ratifier le plus tôt possible.
[Traduction]
Les règles d'origine du PTP applicables aux automobiles et aux pièces ont également retenu l'attention, faisant l'objet de nombreuses interventions au cours de nos consultations. Les différents points de vue exprimés reflètent la diversité des intérêts dans le secteur automobile du Canada. Ainsi, certains intervenants du secteur automobile ont dit que les règles d'origine constituent un important facteur dont ils tiennent compte lorsqu'ils choisissent leurs fournisseurs et prennent des décisions en matière de production et d'investissement. On nous a dit en outre que d'autres facteurs importants entrent aussi en ligne de compte, notamment la qualité des intrants et la proximité des fournisseurs par rapport aux établissements de production.
Pour ce qui est de la sélection de fournisseurs de pièces en particulier, on nous a signalé que les règles d'origine du PTP assureront un plus grand choix aux constructeurs canadiens, ce qui intensifiera la concurrence pour nos fabricants de pièces.
Je dirais en conclusion que, dans l'ensemble, les consultations du gouvernement sur le PTP ont été aussi instructives qu'informatives. Partout dans le pays, les Canadiens et les entreprises de tous les secteurs ont jusqu'ici clairement exprimé leur point de vue et ont largement contribué au dialogue national sur le PTP.
[Français]
Le gouvernement réitère son engagement de faire preuve d'ouverture et de transparence envers les Canadiens et le Parlement quant aux résultats du PTP. Il veut souligner que les autres 11 autres signataires du PTP en sont à diverses étapes de leur processus national de ratification. Aucun de ces pays n'a encore ratifié l'accord. Les signataires du PTP ont jusqu'à février 2018 pour mettre l'accord en application, ce qui laisse suffisamment de temps au Canada pour examiner le texte de l'accord et prendre en considération l'opinion des Canadiens avant de prendre une décision éclairée quant aux étapes ultérieures.
[Traduction]
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de nous adresser au comité aujourd'hui et de répondre à toute question que vous auriez à nous poser tandis que vous poursuivez vos propres consultations sur le PTP.
Je vous remercie.