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Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de votre invitation à participer à l'étude préliminaire de l'Accord de partenariat transpacifique.
Le Conseil canadien des affaires représente des cadres supérieurs et des entrepreneurs dirigeant 150 grandes entreprises canadiennes qui mènent des activités dans tous les secteurs et toutes les régions du pays. Nos membres emploient 1,4 million de Canadiens, représentent plus de la moitié de la valeur de la Bourse de Toronto, paient l'essentiel de l'impôt fédéral sur le revenu des sociétés et sont à l'origine de la majorité des activités canadiennes au chapitre de l'exportation, des dons d'entreprise et de l'investissement privé dans la recherche et le développement.
L'organisme vient de changer de nom. Pour ceux qui n'en ont pas eu conscience, il s'appelait auparavant le Conseil canadien des chefs d'entreprise.
Le commerce est depuis longtemps un puissant moteur de l'économie canadienne, et le Conseil canadien des affaires appuie fermement la participation du Canada au Partenariat transpacifique. À l'ère de la volatilité et de la croissance anémique à l'échelle mondiale, le Canada doit faire tout en son pouvoir pour ouvrir des débouchés et promouvoir durablement sa prospérité.
Le Partenariat transpacifique est un accord sans précédent qui permettra au Canada de maintenir sa qualité de vie et de créer des emplois à valeur ajoutée. Si le partenariat et l'accord commercial avec l'Europe étaient tous deux mis en oeuvre, le réseau commercial du Canada couvrirait plus de 60 % de l'économie mondiale, permettant ainsi aux entreprises canadiennes de jouir d'un accès privilégié à près de 90 % des marchés d'exportation actuels.
Le Canada deviendrait ainsi le seul pays du G7 à échanger librement avec les États-Unis, les Amériques, l'Europe et l'Asie-Pacifique, ce qui englobe trois des quatre plus grandes économies du monde. L'immense réseau commercial ainsi constitué ferait du Canada une plaque tournante de l'exportation dans le monde, ce qui se traduirait par des investissements et des emplois d'un bout à l'autre du pays.
À l'instar de l'Accord de libre-échange nord-américain et d'autres accords commerciaux en vigueur, le Partenariat transpacifique stimulera l'innovation et la productivité en ouvrant des débouchés aux entreprises canadiennes tout en élargissant l'offre de biens et de services pour les consommateurs canadiens, à meilleur prix.
J'entends présenter les trois grandes raisons expliquant l'importance névralgique du Partenariat transpacifique pour la prospérité du Canada à long terme.
Primo, le Canada doit diversifier ses liens commerciaux. Selon la Banque du Canada, le potentiel de croissance des marchés émergents s'annonce quatre fois supérieur à celui des économies développées. Les marchés émergents représentent aujourd'hui 80 % de la croissance mondiale. Ils sont en plein essor, mais ils achètent à peine 12 % de nos exportations directes, contre 85 % pour les économies développées qui tournent au ralenti.
Si le Canada était aussi actif dans les marchés émergents que le sont les États-Unis, la demande pour nos exportations bondirait à raison de 60 milliards de dollars. À lui seul, le Japon représente un potentiel exceptionnel parce qu'il applique un tarif NPF moyen de 4,2 % et que les importations y ont un faible taux de pénétration, soit 21,9 % du PIB. Le Canada vend actuellement pour 4 milliards de dollars de produits agroalimentaires au Japon, ce qui représente près de 10 % de toutes ses exportations de cet ordre, mais la réduction des tarifs douaniers prévue dans le Partenariat transpacifique stimulerait considérablement nos exportations dans ce marché.
Secundo, le Partenariat transpacifique fait fond sur le partenariat nord-américain. L'ALENA est la pierre angulaire de la politique commerciale internationale du Canada et, de loin, sa plus importante entente commerciale. Ratifier le Partenariat transpacifique améliorera la plateforme nord-américaine qui propulse l'économie canadienne depuis la conclusion de l'ALENA, il y a plus de 20 ans. Même si les économies émergentes sont en pleine croissance, les États-Unis et le Mexique demeureront nos principaux marchés dans le cadre du Partenariat transpacifique. Comptant pour 78 % des exportations canadiennes, ils sont respectivement le premier et le troisième partenaire commercial en importance du Canada au chapitre des échanges de marchandises.
La mise en oeuvre du Partenariat transpacifique viendra resserrer des liens commerciaux déjà solides, rendre l'Amérique du Nord plus concurrentielle et positionner nos pays sur un pied d'égalité au chapitre des normes de commerce international. Pour les entreprises canadiennes qui font partie des chaînes d'approvisionnement nord-américaines, il serait catastrophique que le Canada n'adhère pas à un accord commercial unissant des partenaires d'une telle envergure. Alors que le Canada a, grâce à la solide plateforme nord-américaine qu'a créée l'ALENA, pris une longueur d'avance pour mieux se démarquer de la concurrence mondiale, rester à l'écart du Partenariat transpacifique éroderait cet avantage au profit des pays participants. Signer l'accord garantira au Canada le maintien de relations solides avec ses partenaires nord-américains.
Enfin, tertio, le Partenariat transpacifique redéfinit la norme relativement aux accords commerciaux régionaux. En fixant des règles commerciales réciproques et fermes et en instaurant des disciplines dans des domaines d'intérêt névralgique pour le Canada, cet accord rigoureux stimulera la croissance et l'emploi au pays.
Prenons l'exemple du secteur des services, qui, au Canada, représente 13,6 millions d'emplois et 70 % du PIB. Les entreprises canadiennes qui se démarquent par leur excellence dans la prestation de services axés sur le savoir, notamment dans le secteur des services financiers, tireront profit du renforcement des obligations relativement à tout un éventail de services. Parce que d'autres membres pourront s'y joindre ultérieurement, le Partenariat transpacifique fournira par ailleurs un cadre aux économies en croissance des Amériques et de l'Asie à l'égard des règles du marché. Ainsi, l'Indonésie et les Philippines ont déjà exprimé leur intention d'adhérer au Partenariat transpacifique. À eux seuls, ces deux pays ajouteraient 354 millions de personnes au marché couvert, sans compter que leur PIB bondirait de 1,17 billion de dollars américains.
Voilà qui conclut mes observations. Je serai ravi de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie une fois de plus de la souplesse dont vous avez fait preuve ce matin pour ce qui est de mes problèmes d'horaire.
Pour commencer, je m'appelle Matthew Wilson. Je suis le premier vice-président de l'association Manufacturiers et exportateurs du Canada. Je suis heureux d'être ici au nom des 60 000 manufacturiers et exportateurs canadiens et des 2 000 membres directs de notre association pour parler du Partenariat transpacifique.
MEC est la plus grande association industrielle et commerciale du Canada. Nous présidons également la Coalition des manufacturiers du Canada, qui représente 55 associations manufacturières et sectorielles. Plus de 85 % de nos membres sont des PME issues de tous les secteurs industriels, de tous les secteurs d'exportation et de toutes les régions du pays.
Le secteur manufacturier est le plus important secteur d'affaires au Canada. L'année dernière, les ventes du secteur manufacturier ont dépassé les 600 milliards de dollars, ce qui représente 11 % du PIB du pays. Quelque 1,7 million de Canadiens occupent des emplois à valeur ajoutée, très productifs et bien rémunérés dans ce secteur. Leur contribution est essentielle à la création de la richesse qui soutient le niveau de vie de tous les Canadiens.
En termes simples, le marché canadien est toutefois trop petit pour que les manufacturiers puissent prospérer. Leurs activités sont tournées vers l'exportation. Plus de la moitié de la production industrielle canadienne est exportée directement, que ce soit dans le cadre de chaînes d'approvisionnement mondiales ou de fabrication intégrée, ou sous la forme de produits de consommation finis, et ce, dans pratiquement toutes les catégories de produits. Les produits manufacturés comptent pour à peu près 70 % de toutes les exportations canadiennes, proportion qui gagne en importance étant donné la faiblesse du prix des ressources naturelles.
Bien que les marchés canadiens et américains demeurent une grande priorité pour la plupart des exportateurs canadiens, une proportion croissante de nos membres cherche à profiter des nouveaux débouchés émergents au-delà de l'ALENA, surtout dans les pays représentés par le PTP. L'ensemble de ce marché représente aujourd'hui plus de 650 millions de personnes et des débouchés de 20 billions de dollars.
MEC croit fermement qu'un accord commercial ne mérite d'être signé que si l'entente est juste et repose sur des principes. Premièrement, nous estimons que tout accord doit créer des règles équitables pour les manufacturiers et exportateurs, de façon à garantir qu'ils aient les mêmes chances d'accéder aux marchés étrangers que nos concurrents l'ont d'accéder au marché canadien. Deuxièmement, le PTP permet l'exportation de produits à valeur ajoutée par le Canada, pas seulement l'exportation de ressources naturelles. Enfin, l'accord ne nuit pas aux chaînes d'approvisionnement du secteur manufacturier déjà mises en place dans d'autres accords de libre-échange, particulièrement dans l'ALENA.
MEC a appuyé, en principe, l'adhésion du Canada au Partenariat transpacifique et la signature de celui-ci en raison de la petite taille du marché national, de la vocation exportatrice de nos manufacturiers, de l'adhésion à l'accord de nos principaux partenaires commerciaux et des débouchés considérables qu'offre cette adhésion.
Cependant, cet appui n'est pas sans réserve de la part de bien des membres de MEC. Certains éléments de l'accord proposé suscitent de grandes inquiétudes. La réduction du contenu pour les règles d'origine dans le secteur automobile, l'absence de mesures supplémentaires pour contrer les politiques privilégiant l'achat de biens américains pour les marchés publics aux États-Unis, et une suppression graduelle inégale des droits de douane dans certains secteurs par rapport à nos homologues américains ne sont que quelques exemples des préoccupations dont nos membres me font part directement.
Toutefois, en dépit de ces réserves, nous continuons d'encourager les négociateurs à régler ces problèmes pour garantir aux exportateurs canadiens une juste part des possibilités. Il est crucial de ne pas oublier que les possibilités d'exportation commencent chez nous et sont soutenues par la force du marché national, la créativité du secteur privé et l'appui que les exportateurs canadiens reçoivent pour accéder aux marchés étrangers et y prospérer.
Je ne mâcherai pas mes mots, le Canada a connu peu de succès dans ses accords de libre-échange. À part l'ALENA, très peu d'accords ont entraîné une hausse des exportations. Par ailleurs, on ne constate pas non plus d'augmentation très importante des importations. On signe des accords de libre-échange, puis les affaires continuent habituellement comme avant.
Cette fois-ci, les choses seront différentes. Nous adhérons à un accord avec de nombreux pays dynamiques, axés sur l'exportation et coordonnés. Faute de stratégies nationales semblables pour assurer notre réussite, le Canada pourrait être perdant. Il nous faut une stratégie nationale qui vise d'abord à appuyer la concurrence nationale, puis les exportations dans le monde.
Ces accords commerciaux ouvriront la porte à une concurrence plus forte. Cela peut et doit être perçu comme une bonne chose. Nous devons toutefois y être préparés. Bien que le secteur privé soit disposé et prêt à soutenir la concurrence sur un pied d'égalité, souvent, le contexte d'affaires n'est pas équitable. Nous avons un régime fiscal des entreprises de calibre mondial, mais ce n'est pas le cas pour d'autres domaines. Le coût des intrants est plus élevé pour les entreprises canadiennes, le fardeau réglementaire qu'elles assument est plus coûteux, et les coûts liés à la main-d'oeuvre et à l'énergie sont plus élevés eux aussi. Par ailleurs, le soutien interne aux technologies de pointe et à l'investissement dans le secteur manufacturier accuse un important retard par rapport à nos concurrents internationaux. Il faut comprendre que le Canada n'est pas une île, ce qui est encore plus vrai dans le cadre de ces accords commerciaux. Notre contexte d'affaires doit être de calibre mondial chez nous pour pouvoir réussir à l'échelle internationale.
En outre, bien que notre réseau de soutien commercial soit solide, il peut et doit être renforcé considérablement. Pour commencer, il faut mieux informer les entreprises canadiennes sur le potentiel outre-mer. Malgré notre réussite et le niveau élevé des exportations, très peu d'entreprises canadiennes s'intéressent à d'autres pays. Il faut créer des programmes visant à renseigner les entreprises sur les nouveaux débouchés et à rehausser leur capacité interne et leur expertise en matière de commerce mondial — par exemple, un programme d'accélération fortement axé sur l'exportation semblable à ce qui existe dans d'autres pays. Il faudrait aussi soutenir des missions commerciales prolongées à l'étranger pour rapprocher les entreprises et les acheteurs étrangers. De plus, les exportateurs doivent être mieux renseignés sur les marchés et resserrer les liens avec les partenaires commerciaux internationaux grâce à un service accru des délégués commerciaux.
Le PTP peut et doit être une étape majeure vers l'atteinte de ces objectifs. MEC reconnaît et applaudit le leadership manifesté par le gouvernement pour aider les manufacturiers canadiens à assurer l'expansion de leur entreprise sur les marchés mondiaux grâce à des accords comme le PTP et l'AECG. Toutefois, nous devons continuer de mettre l'accent sur une approche commerciale fondée sur des principes qui stimule les exportations à valeur ajoutée et ne nuisent pas aux chaînes d'approvisionnement existantes, tout en mettant en oeuvre un réseau de soutien solide pour aider les entreprises à tirer parti de ces nouveaux débouchés.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé ce matin.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, de m'avoir invité à vous parler aujourd'hui de l'Accord de partenariat transpacifique.
La région de l'Asie-Pacifique est un marché de plus en plus important pour les entreprises canadiennes.
[Traduction]
Le commerce international est seulement l'un des leviers dont nous disposons pour stimuler la croissance économique, mais malheureusement, c'est un domaine où le Canada ne réussit pas très bien depuis quelque temps. À de nombreux endroits au Canada, le nombre de sociétés exportatrices est moins élevé aujourd'hui qu'il ne l'était il y a 10 ans. Si nous en sommes là, c'est en partie parce que nous n'avons pas su diversifier notre commerce pour tirer parti des marchés à forte croissance comme ceux de la ceinture du Pacifique.
Vous serez sans doute nombreux à vous souvenir de l'avertissement de Mark Carney, du temps où il était encore gouverneur de la Banque du Canada. Il nous disait que notre pays dépendait trop du commerce avec des économies arrivées à maturité comme les États-Unis et l'Europe, où la croissance restera faible dans un avenir prévisible. Le PTP sera très utile pour remédier à cette dépendance. En éliminant les barrières commerciales, il ouvrira de nouveaux horizons pour les entreprises canadiennes dans la région du Pacifique.
Monsieur le président, en tant que ministre du Cabinet ayant autorisé l'accord commercial le plus chaudement débattu de notre histoire, l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, en 1988, je connais très bien les pressions politiques qui s'exercent en pareil cas. Chaque accord oblige le gouvernement à faire des choix difficiles. Des travailleurs et des entreprises doivent affronter des difficultés, et les gens qui s'inquiètent méritent notre respect, mais si nous nous bornions à négocier les accords commerciaux qui n'ont aucune incidence sur personne, nous cesserions complètement de participer à de telles négociations.
Nous croyons que le travail de ce Comité ne consiste pas à déterminer si le Canada devrait ratifier l'accord. Nous devons le ratifier. Le travail du Comité consiste à déterminer quels secteurs risquent de rencontrer des difficultés et quelles mesures peuvent être prises pour les aider à s'adapter au changement.
Nous avons parlé aux secteurs qui seront gagnants, à ceux qui devront surmonter des difficultés nouvelles et à ceux qui se demandent encore quelles incidences le PTP aura sur leurs entreprises. Puis, à notre assemblée générale annuelle en octobre, quelques jours avant les élections fédérales, des centaines de chambres de commerce du Canada ont adopté presque à l'unanimité une résolution demandant aux dirigeants politiques de ratifier le PTP.
Je vais vous donner trois raisons qui expliquent cette position, mais avant, permettez-moi de préciser une chose. Les coûts qu'engendrerait la non-ratification du PTP ne sont pas inclus dans ces raisons. Si nos partenaires de l'ALENA, le Mexique et les États-Unis ratifient le PTP, mais nous ne le faisons pas, ce sera catastrophique pour le Canada. Par exemple, les problèmes qui sont soulevés concernant l'industrie de l'automobile ne seront vraisemblablement pas résolus si nous boudons cet accord. Au contraire, les 11 autres pays vont s'offrir entre eux des privilèges dont nous allons être exclus.
Mais je ne tiens pas compte de ces coûts dans les raisons que je vais vous donner, car il ne serait pas juste de dépeindre le PTP simplement comme un accord que nous ne sommes contraints de signer. Le PTP sera en réalité très bénéfique pour le Canada.
S'il faut ratifier le PTP, c'est premièrement à cause des gains bien tangibles qu'il générera.
Des études économiques estiment que les retombées pour le Canada seront de 5 à 10 milliards de dollars par année. Nous savons déjà que le PTP sera très avantageux pour les entreprises qui faisaient affaire avec le Japon, le Vietnam et la Malaisie, des pays avec lesquels nous n'avions jusqu'ici aucun accord commercial. Le Japon est la troisième économie du monde. Le Vietnam et la Malaisie comptent ensemble 120 millions d'habitants, et leur croissance économique varie entre 5 et 10 % par année.
Aujourd'hui, les entreprises oeuvrant dans les secteurs de l'agroalimentaire, des fruits de mer, du bois, de la machinerie et de l'équipement doivent payer des centaines de millions de dollars chaque année en tarifs douaniers. Nombre d'entre elles nous disent que le PTP leur permettra d'augmenter leurs exportations. Les producteurs et les transformateurs de boeuf, par exemple, pourront doubler ou tripler leurs exportations à destination du Japon, entre autres, et une hausse des échanges commerciaux implique un chiffre d'affaires accru pour les chemins de fer, les ports et les transporteurs aériens.
Ce qui m'amène à vous parler de la deuxième raison militant pour le PTP, selon moi. Le PTP met à jour des règles commerciales qui auraient dû l'être depuis longtemps. L'Organisation mondiale du commerce et l'ALENA ont vu le jour il y a plus de 20 ans et ne sont plus adaptés aux réalités d'aujourd'hui.
Songez aux grands changements qui se sont produits depuis ce temps, par exemple, l'expansion d'Internet. Il y a 20 ans, personne n'aurait pu imaginer qu'Internet serait aussi omniprésent qu'il l'est devenu. Aujourd'hui plus de 10 % du commerce des produits et 60 % du commerce des services se fait en ligne. Les industries du savoir, les services financiers, la consultation en gestion et les technologies de l'information figurent parmi les cinq secteurs qui, au Canada, connaissent la plus forte croissance des exportations. Pourtant, aucune disposition des accords commerciaux dont le Canada est actuellement signataire n'interdit aux pays de bloquer la circulation des données ou d'obliger les entreprises à stocker des données sur le territoire national. Le PTP y remédierait puisque, en un mot, il étendrait les règles du libre-échange au monde des communications en ligne.
N'oublions pas également que le PTP exige des pays signataires le maintien et l'application d'un solide cadre juridique et réglementaire, sous peine de sanctions économiques. Lorsque la conclusion du PTP a été annoncée, un groupe écologiste a même déclaré que cet accord comportait les plus solides dispositions de protection de l'environnement de tous les accords commerciaux déjà signés.
Le PTP contient aussi d'autres innovations importantes, notamment au sujet des sociétés d'État, de la transparence réglementaire et des petites entreprises.
La troisième et dernière raison pour laquelle le Canada devrait appuyer le PTP est d'ordre stratégique. C'est peut-être aussi la principale raison.
Pour les économies de taille moyenne qui dépendent du commerce international, comme c'est le cas de l'économie canadienne, affronter des géants comme la Chine, l'Inde et le Japon est un très mauvais choix comparativement au négociations multilatérales dont nous avons été traditionnellement un chef de file. Nous nous en sortons généralement beaucoup mieux en collaborant avec d'autres pays, et ils sont nombreux à se bousculer au portillon pour conclure un accord dont le Canada fait partie.
J'étais à la réunion de l'APEC l'année dernière, à Manille, lorsque les présidents des Philippines et de l'Indonésie nous ont annoncé que leur pays avait l'intention de se joindre au PTP. Du jour au lendemain, nous pourrions nous retrouver avec 350 millions de personnes de plus dans le marché du PTP, ce qui en augmenterait la taille de près de 50 %.
Taïwan et la Corée du Sud veulent, elles aussi, intégrer le PTP. Nous assistons à un phénomène que j'appellerais l'effet multiplicateur du PTP. Une occasion unique se présente à nous de collaborer avec nos partenaires et de façonner l'avenir du commerce international dans le monde. C'est non seulement dans notre intérêt économique de répondre à cet appel, mais c'est aussi dans notre intérêt national.
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Merci à vous et merci de me donner l'occasion de prendre la parole ici aujourd'hui.
Comme le président du Comité vient de le dire, je m'appelle Corinne Pohlmann. Je suis vice-présidente principale chargée des affaires nationales à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et je suis heureuse de pouvoir vous présenter la perspective de cette association concernant le Partenariat transpacifique.
J'aimerais préciser, pour commencer, que je ne suis pas une experte en commerce international et que la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante n'a pas participé aux discussions concernant le PTP, contrairement peut-être à d'autres groupes qui sont venus témoigner devant vous aujourd'hui. Cependant, je peux vous parler un peu des PME canadiennes et vous transmettre quelques-unes de leurs réflexions à propos du commerce international et des effets que cet accord pourrait avoir sur elles.
Vous devriez avoir sous les yeux un diaporama et un exposé dont j'espère pouvoir vous donner un aperçu au cours des prochaines minutes.
Premièrement, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est un organisme non partisan et sans but lucratif qui représente plus de 109 000 PME du Canada. Nos membres sont présents dans tous les secteurs de l'économie et dans toutes les régions du pays.
Il est important de se rappeler que les PME emploient 70 % des Canadiens qui travaillent dans le secteur privé. Elles créent la plupart des emplois et représentent environ la moitié du PIB du Canada. Donc, les questions qui ont de l'importance pour les PME risquent par le fait même d'avoir de vastes répercussions sur la création d'emplois dans l'économie.
Je tiens à vous rappeler que la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante n'a de comptes à rendre qu'à ses membres et qu'elle détermine son orientation en les sondant régulièrement. Une forte majorité de nos membres se sont montrés favorables au libre-échange dans tous les sondages que nous avons effectués jusqu'ici. La plupart d'entre eux considèrent que le commerce international est bon pour les PME, l'économie et les emplois au Canada.
Nous savons aussi que la plupart de nos membres semblent être bien placés pour profiter du PTP. Cependant, une minorité d'entre eux, notamment les producteurs des secteurs soumis à la gestion de l'offre et les fabricants de pièces d'automobile, sont fermement opposés à cet accord. Nous continuons d'être à l'écoute de nos membres pour connaître l'évolution de leur point de vue à mesure que nous apprenons les détails de l'accord, et nous tiendrons le gouvernement au courant des objections qui pourraient surgir. Par exemple, nous avons déjà informé le gouvernement de l'importance de voir à ce que les producteurs des secteurs soumis à la gestion de l'offre puissent être pleinement dédommagés des pertes économiques que leur fera éventuellement subir l'accord.
En premier lieu, il faut toutefois se demander quelle est l'ampleur des activités de commerce international des PME canadiennes. Environ une PME sur cinq a déjà vendu des produits ou des services dans un autre pays, tandis qu'environ la moitié en ont déjà acheté hors du Canada. Une proportion de 6 % des PME prévoit accroître son commerce avec l'étranger à l'avenir. Avec quels pays les PME ont-elles des échanges commerciaux? Les États-Unis demeurent de loin le pays où les PME sont les plus susceptibles d'exporter leurs produits ou leurs services. Suivent dans l'ordre l'Union européenne, le Mexique, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, puis la Chine. Trois des cinq premières destinations étant des pays membres du PTP, les PME concernées auraient avantage à ce que soient réduits les tarifs douaniers et les autres barrières commerciales qui ne leur facilitent pas la tâche d'accroître leur part de marché dans ces pays.
Une bonne proportion des PME qui n'exportent rien ne croient pas que leurs produits ou leurs services soient exportables de toute façon, mais 38 % d'entre elles pensent tout de même le contraire. Par conséquent, en veillant à ce que les accords commerciaux comme le PTP réduisent les obstacles que les PME potentiellement exportatrices doivent surmonter et en déployant des efforts accrus afin de faire connaître aux PME les avantages que l'exportation de produits ou de services pourrait avoir, pour elles et la population locale, on pourrait inciter un plus grand nombre de PME à se lancer à la conquête de nouveaux marchés.
En fin de compte, les PME souhaitent que les accords de libre-échange aient comme résultat une rationalisation de la réglementation et des normes, une simplification des procédures douanières, une réduction des tracasseries administratives et une baisse des coûts. Il semble qu'en négociant le PTP, on se soit efforcé de répondre à ces attentes dans une large mesure.
Selon ce que nous savons des nombreuses caractéristiques du PTP, celles qui sont énumérées ici figurent parmi les plus importantes si l'on veut que les PME partent à la conquête des marchés étrangers ou y accroissent leur présence. Il s'agit des caractéristiques suivantes: la réduction des taxes et des tarifs, une plus grande transparence des procédures douanières; la réduction des obstacles au commerce, en particulier dans la réglementation et la conformité aux normes, ce qui implique une réduction de la paperasse et une transparence accrue dans les exigences; un meilleur accès aux nouveaux marchés, ce qui est particulièrement important pour les fournisseurs de services, car ils constituent une proportion croissante et déjà considérable des PME désireuses d'exporter; un chapitre consacré aux PME.
Nous sommes heureux de constater l'existence d'un chapitre sur les PME dans le PTP, car on peut en conclure qu'aux yeux des pays signataires, les PME peuvent avoir des besoins particuliers, notamment des outils additionnels ou différents afin de pouvoir étendre leurs activités commerciales au-delà des frontières nationales. Nous sommes également heureux de constater que le chapitre en question prévoit la création, dans chaque pays, de sites Web conçus sur mesure pour répondre aux besoins des PME. Il sera très important que ces sites Web soient rédigés simplement et qu'ils puissent être aisément interreliés si cela s'avère utile.
Enfin, nous voyons d'un bon oeil que le comité dédié aux PME et formé de représentants de tous les pays se réunisse dans un délai d'un an pour discuter des questions intéressant les PME. Toutefois, nous trouvons certaines choses peu rassurantes, notamment que le comité en question ne comprenne que des fonctionnaires. Nous pensons que des représentants des PME devraient aussi faire partie du comité si l'on veut que les besoins et les inquiétudes des PME soient vraiment au coeur des travaux du comité.
Nous fondons beaucoup d'espoir sur la loi de ratification du PTP. Elle a l'air très bien sur papier, mais les PME en ressentiront-elles les effets sur le terrain? Observeront-elles une vraie différence?
En somme, la vaste majorité des membres de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est favorable à un libre-échange équitable. Nombre d'entre eux semblent être bien placés pour profiter du PTP, mais quelques-uns en éprouvent de vives inquiétudes, que nous avons communiquées au gouvernement. Nous avons déjà insisté sur l'importance de trouver des moyens d'atténuer les pertes économiques que subiront éventuellement les secteurs susceptibles d'être désavantagés par l'accord commercial.
Il est encourageant de voir que l'accord contient un chapitre entièrement consacré aux mesures qui devraient aider les PME à profiter des perspectives offertes par le PTP, mais il faudra joindre le geste à la parole pour que les petites entreprises en ressentent concrètement des effets bénéfiques.
Comme je l'ai dit au départ, la position de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est déterminée strictement par ses membres, alors nous continuerons d'écouter attentivement les réactions de nos membres à mesure que de nouveaux détails seront dévoilés. Nous continuerons de transmettre ces réactions au gouvernement fédéral, tandis qu'il poursuit ses consultations.
Merci de nous avoir donné l'occasion de vous faire cet exposé.
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Je vais commencer par ce point.
Nous avons lancé plusieurs initiatives pour aider les entreprises à mieux comprendre les débouchés sur les marchés mondiaux. Nous organisons chaque semaine, avec le Service des délégués commerciaux, des conférences téléphoniques avec nos membres de partout au pays et, pour tout dire, quiconque souhaite se joindre à nous pour parler des nouveaux débouchés sur les marchés.
L'an dernier, avec le ministre du Commerce de l'époque, nous avons lancé un projet appelé Réseau canadien d'entreprises, qui donne un accès direct aux occasions d'affaires sur le marché européen, mais qui va aussi au-delà de l'Europe, dans quelque 80 pays du monde.
Nous dirigeons également de nombreuses missions commerciales dans des marchés clés en collaboration avec Affaires mondiales Canada. Tout au long de l'année, nous en dirigerons trois ou quatre, ainsi que des visites technologiques, afin que les entreprises comprennent ce que font d'autres pays pour favoriser l'adoption des technologies et ce qui leur est offert sur le marché pour qu'elles adoptent les technologies au pays.
Nous appuyons énergiquement ces initiatives, mais encore une fois, nous savons qu'on pourrait faire beaucoup plus pour aider les entreprises, en particulier les petites entreprises.
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Je crois avoir soulevé cette question, et d'autres personnes l'ont peut-être fait aussi, alors je pourrais commencer.
La monnaie n'est qu'un exemple. La question de la réglementation en est un autre. Souvent, dans les accords commerciaux, les pays qui veulent nos ressources naturelles ne sont pas trop intéressés par nos produits finis. C'est une réalité, en particulier dans de nombreux marchés asiatiques; nous leur faisons concurrence dans beaucoup de secteurs de produits manufacturés à valeur ajoutée.
Ils peuvent utiliser et utilisent très efficacement une grande variété de mesures réglementaires afin de bloquer l'importation de produits à valeur ajoutée pour privilégier leurs propres chaînes d'approvisionnement, puis réexporter les biens en Amérique du Nord en utilisant nos ressources naturelles pour les produits finis.
Nous l'avons constaté. On s'est penché sur cette question. Je ne pense pas que ce soit mis en doute. La question est de savoir ce que nous devons faire dans le cadre d'un accord de libre-échange. C'est un point sur lequel nous avons insisté avant l'Accord économique et commercial global. Nous devions veiller à ce que la réglementation soit ouverte, équitable et transparente. Il est souvent arrivé, dans le passé, qu'elle ne le soit pas. Cet accord contribue grandement à uniformiser les règles du jeu dans le processus du PTP avec ces pays.
La monnaie est un élément qui n'a pas été couvert dans l'accord. Je sais que différents groupes proposent diverses solutions, notamment dans le secteur de l'automobile. Dans une étude que j'ai réalisée il y a une dizaine d'années, j'ai constaté que la fluctuation de la devise du Japon par rapport au dollar canadien entraînait une différence de 5 000 $ sur le prix d'un véhicule.
C'était donc un montant supplémentaire de 5 000 $ pour le Japon, et une économie de 5 000 $ pour le Canada, seulement pour une Camry, une voiture intermédiaire ordinaire. C'est une incidence assez importante pour un produit moyen.
La monnaie peut avoir une grande incidence sur le commerce. Nous le constatons actuellement avec la baisse de la valeur de notre dollar et les nouvelles possibilités d'exportation, mais je ne suis pas certain. Je sais qu'il y a des solutions aux problèmes. Nous aurions souhaité qu'il y ait un mécanisme dans le PTP permettant d'examiner plus en détail l'incidence de la monnaie, car je ne crois pas qu'on en ait fait assez pour examiner les causes profondes et les problèmes que cela entraîne. Mais il n'y en a pas, et c'est peut-être un élément sur lequel le Comité ou une autre instance pourrait se pencher, car c'est un problème important.
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Je dirai d'abord qu'on peut faire dire toutes sortes de choses aux études économiques. Cela dépend de l'économiste qu'on a embauché. J'ai beaucoup de respect pour les économistes, mais je ne me fie pas beaucoup aux chiffres qu'ils lancent. Ils utilisent divers modèles d'intrants et d'extrants qui sont tout au plus des hypothèses. Il n'y a pas de modèle solide.
Nous n'avons vu aucun chiffre que nous estimons réel. Avec le bon cadre, nous pensons qu'il pourrait y avoir de véritables possibilités et que l'on pourrait créer des emplois et attirer des investissements au Canada. Je ne suis pas sûr de croire à ces données sur les pertes d'emplois.
Par ailleurs, sur le plan du réseau de soutien, la Corée du Sud — qui ne fait pas partie de l'accord actuellement, mais qui pourrait en faire partie dans l'avenir, comme l'a dit M. Beatty — a mis en place une stratégie complète pour le secteur manufacturier qui est axée sur deux ou trois secteurs de l'économie. Nous ne parlons pas de choisir des gagnants et des perdants, mais les Sud-Coréens ont choisi quelques gagnants, et ils gagnent. Ils ont choisi de mettre l'accent sur les secteurs de la technologie et du transport. L'ensemble du réseau de soutien public a soutenu les entreprises de ces secteurs, ce qui leur a permis d'exporter des produits à valeur ajoutée à partir de la Corée du Sud.
On les a soutenues par des mécanismes de soutien direct à l'investissement. On peut appeler cela une subvention ou autre chose, mais le soutien à l'investissement existe dans la plupart des secteurs dans le monde. Le système de réglementation a été conçu pour appuyer les entreprises. Le système d'éducation a été conçu pour les appuyer, afin de leur fournir les compétences dont elles ont besoin. Puis, un organisme comparable au Service des délégués commerciaux a été créé expressément pour aider les entreprises de ces secteurs à trouver de nouveaux débouchés à l'étranger, et il s'occupe activement de faire connaître ces débouchés aux entreprises sud-coréennes.
C'est la même chose au Vietnam. Je rencontre régulièrement des délégués vietnamiens, et ils peuvent maintenant faire davantage d'échanges commerciaux avec le Canada. C'est aussi la même chose au Japon.
Nous avons quelques petites mesures de soutien de ce genre au Canada, mais elles n'ont jamais été regroupées dans un ensemble complet. Il y a beaucoup de choses...
Plutôt que d'examiner la question dans le cadre d'une étude, les entreprises l'ont examinée dans le cadre de leurs plans d'affaires.
Vous avez parlé, par exemple, du secteur manufacturier dans le sud-ouest de l'Ontario. J'ai grandi et vécu à Fergus, une ville située à 12 milles de Guelph, où se trouve la société Linamar. Linda Hasenfratz a été très claire au sujet du caractère essentiel du PTP pour son entreprise de fabrication de pièces d'automobiles. Chaque entreprise examinera la situation à sa façon.
Le gouvernement doit examiner les conséquences secteur par secteur et d'un point de vue général pour le Canada.
Nous avons vu des données qui indiquent qu'il pourrait y avoir des milliards de dollars en retombées économiques pour le Canada. Il est clair, également, qu'il serait désastreux pour le Canada de ne pas faire partie du PTP si le Mexique et les États-Unis en font partie.
Pourquoi? Parce que lorsque votre région ou mon ancienne région voudront implanter de nouvelles installations, les investisseurs se demanderont, s'ils veulent installer leur usine dans l'un des trois pays de l'ALENA, quels pays auront accès au marché du PTP. Si le Mexique et les États-Unis ont accès à ce marché alors que le Canada n'y a pas accès, les investisseurs iront ailleurs.
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C'est une excellente question.
Les accords commerciaux offrent de nouvelles possibilités, mais ils ne garantissent pas qu'on saura les saisir. C'est le véritable défi, un défi qui figurera, j'espère, parmi les priorités du Comité: comment pouvons-nous faire en sorte que les entreprises canadiennes saisissent l'occasion? Avons-nous, au Canada, des gens qui ont les compétences et l'expérience nécessaires pour commercialiser les services canadiens dans le monde?
Nous sommes obnubilés par le marché américain depuis des décennies. Les États-Unis sont depuis longtemps notre principal partenaire commercial et le demeureront. Nous devons toutefois élargir nos horizons et prendre conscience des occasions qu'offrent les marchés en plein essor, dont plusieurs sont situés à l'autre bout du monde.
Je trouve désolant que seulement 4 ou 5 % des étudiants canadiens, si je ne m'abuse, fassent une partie de leurs études à l'extérieur du Canada. L'expérience qu'ils acquièrent n'est donc pas aussi multiculturelle ou multilingue que celle des gens d'autres pays. Nous devons faire en sorte qu'il soit plus inspirant et plus facile d'oeuvrer sur la scène internationale et d'y réussir.
À l'époque où l'accord de libre-échange Canada-États-Unis a été conclu, nous avions les mêmes craintes: nous craignions que les Américains ne fassent qu'une bouchée du Canada. En réalité, toutefois, la part de marché du Canada a augmenté considérablement après l'élimination des obstacles au commerce. Le résultat sera le même cette-fois-ci, selon moi.
Si je pouvais attirer l'attention des membres du Comité sur un point, ce serait sur une faille de notre stratégie commerciale. Le Canada jouit d'un avantage concurrentiel important en raison de sa population diversifiée, une population multiculturelle et multilingue, qui compte des immigrants de première génération provenant de tous les pays, qui parlent la langue locale, ont toujours de la famille et des amis dans leur pays d'origine et connaissent très bien sa culture. Ces gens ont l'esprit de collaboration. Ils ont l'esprit d'entreprise, puisqu'ils ont tout quitté pour venir s'établir au Canada. Nous n'avons toutefois aucune stratégie pour tirer parti de cette ressource qui contribuerait grandement à notre réussite dans les marchés du monde entier.
C'est un axe d'intervention prometteur qui s'offre au Comité: celui-ci pourrait encourager le gouvernement à voir, dans la diaspora établie au Canada, un avantage stratégique essentiel à la croissance de nos échanges commerciaux internationaux.
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Évidemment, on entend aussi beaucoup de commentaires provenant du secteur de l'automobile, où les opinions sont partagées: certains appuient de tout coeur le PTP, mais d'autres s'inquiètent. Il est important de prendre du recul pour bien examiner la situation.
À titre de parlementaires, vous devrez tout d'abord déterminer si cet accord sert les intérêts du Canada, dans l'ensemble. Si on tient compte de tous les points positifs et de toutes les concessions, le résultat net est-il positif pour le Canada? Selon moi, oui, il est très positif.
Deuxièmement, vous devrez déterminer quels secteurs subiront des répercussions négatives et voir comment on pourrait les soutenir. À titre d'exemple, à l'époque où on négociait l'accord de libre-échange Canada-États-Unis, certains craignaient qu'il sonne le glas de l'industrie viticole canadienne. Les viticulteurs canadiens utilisaient des raisins Labrusca, mieux adaptés à la confection de confitures qu'à la viticulture. Nous avons constaté que d'autres producteurs pouvaient produire des biens de piètre qualité, et à coût moindre que nos producteurs.
Les dirigeants du secteur viticole ont demandé au gouvernement de les soutenir au moyen d'un programme de transition qui leur permettrait d'améliorer la qualité de leurs produits. Aujourd'hui, les vignobles canadiens occupent plus de territoire que jamais auparavant, ils gagnent des prix, et le secteur est plus rentable que jamais. Bref, le gouvernement doit déterminer comment collaborer avec les secteurs qui ont besoin d'un coup de pouce pour bien traverser la transition.
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Magna a bâti ses deux dernières usines à l'extérieur du Canada. Cela illustre ce que vous disiez.
Certains aspects ont suscité de vives critiques. Je comprends tout à fait le point de vue de M. Wilson à propos des États-Unis et de la collaboration Canada-États-Unis. Je suis d'accord. Évidemment, l'agriculture et la production alimentaire comptent parmi les principaux secteurs manufacturiers. Je dirais, pour ma part, que nous mettons trop d'oeufs dans le même panier américain.
Pendant notre désaccord avec les États-Unis au sujet de l'étiquetage indiquant le pays d'origine, nous avons constaté que la meilleure façon de tenir notre bout consistait à renforcer nos échanges commerciaux avec la Chine et le Japon et à retirer des produits des États-Unis. Ces gestes ont su capter l'attention des Américains.
Je ne suis pas vraiment convaincu que nous sommes indissociables des États-Unis et que nous ne pouvons pas agir unilatéralement. L'un de nos avantages, c'est que le Japon, le Mexique et l'Australie se tournent vers nous pour se mettre un peu à l'abri de l'esprit très autoritaire avec lequel les États-Unis abordent certains de leurs accords commerciaux.
Nous pouvons faire en sorte que les Américains se décident à régler ce dossier sans tarder. Nous devons faire preuve de leadership et voir à ce que cet accord soit ratifié.
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Puis-je faire une observation au sujet de la chaîne d'approvisionnement intégrée?
Chercher à percer de nouveaux marchés est important, soit, mais il y a une limite à la diversification qui peut être réussie à l'extérieur de l'Amérique du Nord. Un fournisseur de pièces d'automobile qui alimente une usine d'assemblage à Détroit ne sera pas en mesure d'envoyer sa marchandise en Corée du Sud ou au Japon, par exemple, où il existe des chaînes d'approvisionnement locales.
Il en va de même pour le matériel agricole. M. Hoback et moi-même avons discuté des nombreux fournisseurs de la Saskatchewan qui font affaire avec Case New Holland, par exemple. Il s'agit en général de chaînes d'approvisionnement régionales, peu susceptibles de se mettre soudainement à diversifier leurs marchés ailleurs, contrairement à d'autres entreprises. Pensons à Magna, Linamar, Martinrea, des entreprises internationales qui ont élargi leur présence.
Autrement dit, il est peu probable de voir un fabricant du Sud de l'Ontario fonctionnant à 95 % ou à 100 % de sa capacité — ce qui est courant de nos jours dans les usines de fabrication — se mettre spontanément à diversifier ses marchés. Il faut aider nos fabricants à prendre de l'expansion à l'étranger et à investir davantage au Canada, de sorte qu'ils pourront augmenter leurs exportations et saisir de nouvelles occasions d'affaires. Toutefois, en ce moment, étant donné la façon dont les choses sont organisées, il y a peu de chance que cela se produise. C'est la simple réalité.