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Bonjour à tous. Quelle foule nous avons ici aujourd'hui. Je n'ai pas vu autant de gens réunis depuis le concert de Bryan Adams. Il doit y avoir un grand spectacle en ville aujourd'hui.
Je m'appelle Mark Eyking. Je suis président du comité du commerce et, au nom de tous nos membres, je tiens à souhaiter la bienvenue à tous ceux qui sont ici aujourd'hui et à tout le monde qui couvre la réunion du comité, sans oublier bien sûr tous ceux qui nous regardent.
J'aimerais également souhaiter la bienvenue à deux ambassadeurs qui sont avec nous aujourd'hui, soit ceux du Mexique et de Taïwan.
Notre comité est très actif. Bien sûr, tout le monde sait que le Canada est un pays commerçant, mais, au cours des dernières années, depuis le début de la présente législature, nous avons été pas mal occupés à négocier l'accord commercial avec l'Europe et le PTP. Nous nous concentrons maintenant sur les relations présentes et futures avec nos partenaires commerciaux, les États-Unis et le Mexique, en ce qui touche le commerce nord-américain.
J'ai quelques détails pratiques à mentionner. Je sais que la foule est plus nombreuse que d'habitude, mais nous avons ici un service d'interprétation pour vous. Si vous n'êtes pas assis sur l'une des chaises vertes et que vous avez besoin d'interprétation, il y a des écouteurs à l'arrière pour vous. J'aimerais aussi vous rappeler qu'il n'est pas possible de prendre des photos durant la réunion.
Pourquoi nous rencontrons-nous ici en plein milieu de l'été? Eh bien, c'est un moment très important pour le Canada, les États-Unis et le Mexique, et nous avons invité aujourd'hui la , qui est la responsable pour les États-Unis.
Nous vous souhaitons la bienvenue. J'ai entendu dire que vous avez fait venir vos représentants. Vous avez été très occupée, et nous avons appris à vous connaître très bien. En ce qui concerne les autres accords commerciaux, vous nous avez honorés de votre présence chaque fois que nous avons eu besoin de vous. Nous vous remercions d'être venue, et je vous félicite personnellement pour l'équipe que vous avez rassemblée en vue des négociations futures.
Sans plus tarder, madame la ministre, bienvenue. Vous avez la parole.
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Merci beaucoup, Mark. J'aimerais vraiment remercier tous les membres du Comité de leur présence. Comme Mark l'a dit, on n'a pas l'habitude de tenir des audiences intenses du Comité au milieu du mois d'août. Selon moi, le fait que vous nous ayez rassemblés ici témoigne du travail acharné et du réel engagement de chaque membre du Comité pour ce qui est d'assurer à ses électeurs et aux Canadiens d'excellents résultats issus de ces discussions. C'est un privilège et un honneur pour moi d'être ici pour vous parler et je veux remercier tout le monde qui est présent. Comme Mark l'a fait remarquer, la salle est assez bondée pour une réunion estivale du Comité, et cela témoigne aussi, je pense, de l'importance que revêtent ces discussions pour les Canadiens.
J'aimerais présenter une déclaration liminaire, puis je serai heureuse de répondre à vos questions.
Je désire reconnaître que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Algonquins.
[Français]
Le commerce concerne les personnes. Il consiste à créer les conditions optimales pour favoriser la croissance, l'emploi ainsi que la prospérité des personnes et des familles des travailleurs. Voilà pourquoi nous modernisons l'ALENA. Voilà pourquoi nous saisissons cette occasion d'améliorer un accord qui est déjà bon. La zone de libre-échange nord-américain est devenue la plus grande zone économique au monde. Le Canada, les États-Unis et le Mexique représentent conjointement le quart du PIB mondial, alors qu'ils abritent 7 % de la population mondiale.
Depuis 1994, le commerce entre les partenaires de l'ALENA a, grosso modo, triplé. Ce marché régional vaut maintenant 19 billions de dollars et englobe 470 millions de consommateurs. Grâce à l'ALENA, l'économie du Canada est 2,5 % plus importante qu'elle ne le serait autrement. C'est comme si, depuis la ratification de l'ALENA, le Canada avait reçu annuellement un chèque de 20 milliards de dollars. En raison de l'ALENA, l'économie nord-américaine est fortement intégrée. La compétitivité de nos sociétés sur le marché mondial est accrue, et des emplois supplémentaires sont créés sur notre continent.
[Traduction]
Ces négociations historiques concernant l’ALENA doivent s’amorcer dans deux jours. Nous sommes enthousiastes à l’idée de commencer à travailler, surtout parce que nous savons que l’incertitude n’est jamais une bonne chose pour notre économie.
À chaque occasion, nous avons expliqué à nos amis du Sud — et bon nombre d'entre vous ont joué un rôle dans ces efforts — que le Canada est le plus important marché d'exportation des deux tiers des États américains et leur plus gros client en général, et de loin. De fait, le Canada achète plus des États-Unis que de la Chine, du Royaume-Uni et du Japon réunis. Je pense que nous sommes nombreux à avoir prononcé cette phrase au cours des derniers mois.
Nos partenaires américains ont écouté. À présent, ils comprennent, comme nous le faisons, que notre relation, le plus important partenariat économique à l’échelle mondiale, est équilibrée et mutuellement profitable. Ainsi, en 2016, les échanges de biens et de services entre le Canada et les États-Unis se sont élevés à 635,1 milliards de dollars américains. Ces échanges ont été quasiment parfaitement réciproques. De fait, les États-Unis ont engendré un léger surplus de 8,1 milliards de dollars américains, soit moins de 1,5 % de notre commerce total. Notre relation est donc très équilibrée.
Nous avons aussi collaboré énergiquement avec nos amis du Mexique. J'aimerais souhaiter la bienvenue à l'ambassadeur mexicain, mon ami Dionisio, dont nous avons célébré l'anniversaire autour d'un dîner à Mexico, avec le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l'Économie et du Commerce. Bien sûr, la relation a également supposé des conversations régulières entre le et le président mexicain Enrique Peña Nieto.
Fait plus important encore, nous avons écouté les Canadiens. Le gouvernement avait demandé aux citoyens de faire connaître leurs opinions et leurs préoccupations au sujet de l’ALENA; à ce jour, il a reçu plus de 21 000 mémoires. Parmi ces documents se trouvent des contributions de 16 universitaires et groupes de réflexion, de 158 associations et de 55 entreprises et sociétés.
Les objectifs des Canadiens dont je parlerai maintenant sont fondés sur ces vastes consultations. Ce processus ne fait que commencer. Nos négociations avec nos partenaires de l’ALENA seront guidées par des consultations continues auprès des Canadiens.
Voici donc certains objectifs fondamentaux du Canada.
Premièrement, nous voulons moderniser l’ALENA. L’accord a été conclu il y a 23 ans. Depuis, la révolution technologique a transformé les économies mondiale, nord-américaine et canadienne. L’ALENA doit en tenir compte afin que nous puissions nous assurer de conserver un secteur des technologies de pointe dynamique et concurrentiel à l’échelle mondiale et pour que tous les secteurs de notre économie puissent tirer pleinement parti de la révolution numérique.
[Français]
Deuxièmement, l'ALENA devrait être plus progressiste. Sur ce point, nous pourrons nous appuyer sur les idées de l'AECG, l'accord commercial le plus progressiste de l'histoire, qui a été amorcé par les conservateurs et fièrement achevé par notre gouvernement.
Plus particulièrement, nous pouvons rendre l'ALENA plus progressiste: d'abord, en insérant de solides mécanismes de protection relatifs au travail au coeur même de l'accord; deuxièmement, en intégrant des mesures de protection de l'environnement pour assurer qu'aucun des pays membres de l'ALENA ne peut réduire la protection de l'environnement en vue d'attirer les investissements, par exemple, et qui appuient pleinement les efforts pour s'attaquer aux changements climatiques; troisièmement, en ajoutant un nouveau chapitre sur les droits en matière d'égalité entre les sexes, conformément à notre engagement en la matière; quatrièmement, en ajoutant un chapitre sur les Autochtones, conformément à notre engagement consistant à améliorer notre relation avec les peuples autochtones; enfin, en réformant le processus de règlement des différends entre investisseurs et États pour nous assurer que les gouvernements possèdent un droit inattaquable d'édicter des règlements dans l'intérêt public.
Une des raisons qui soutiennent l'importance de ces éléments progressistes, en particulier dans les secteurs de l'environnement et du travail, tient au fait qu'ils représentent la façon dont nous garantissons que l'ALENA modernisé sera un accord de libre-échange exemplaire et un accord commercial équitable. De manière générale, les Canadiens soutiennent le libre-échange. Toutefois, leur enthousiasme s'étiole lorsque les accords commerciaux désavantagent injustement nos travailleurs en raison d'une norme élevée que nous exigeons de plein droit. Nous devons plutôt rechercher des accords commerciaux progressistes qui bénéficient à tous et qui aident les travailleurs au pays et à l'étranger à obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions.
Troisièmement, cette négociation est une occasion précieuse de faciliter la vie des gens d'affaires des deux côtés de la frontière en réduisant les lourdeurs administratives et en harmonisant les règlements. Nous partageons le désir du gouvernement américain de libérer nos entreprises de cette bureaucratie inutile. Ces négociations sont une occasion d'agir, tout à fait bienvenue, en vue d'atteindre cet objectif.
Quatrièmement, le Canada cherchera à obtenir des marchés publics plus libres, une réalisation importante de l'AECG. Les dispositions relatives à un contenu local dans le cadre des contrats gouvernementaux d'importance sont la malbouffe politique, alléchantes en surface mais malsaines à long terme. La libéralisation des marchés publics devrait aller de pair avec une meilleure harmonisation de la réglementation.
[Traduction]
Cinquièmement, nous voulons simplifier le déplacement des professionnels, lequel est de plus en plus essentiel pour que les entreprises puissent innover de part et d’autre des chaînes d’approvisionnement mixtes. Le chapitre 16 de l’ALENA, qui traite de l’admission temporaire des gens d’affaires, devrait être revu et étendu pour refléter les besoins de nos entreprises. Encore une fois, l’AECG pourrait servir de modèle.
Sixièmement, le Canada confirmera et préservera les éléments de l’ALENA que les Canadiens jugent essentiels dans l’intérêt national, y compris un processus pour s’assurer que les droits antidumping et compensateurs sont appliqués équitablement lorsque c’est vraiment nécessaire, l’exception dans l’accord visant à préserver la culture canadienne et le système de gestion de l’offre du Canada.
Durant toutes les discussions, nous nous présenterons à la table en faisant preuve de bonne volonté ainsi qu’en montrant la capacité et la volonté caractéristiques du Canada de parvenir à un compromis et de trouver des solutions gagnantes pour tout le monde. Toutefois, nous nous engageons à conclure un bon accord, pas n’importe quel accord.
[Français]
Ainsi, j'aimerais dire aujourd'hui aux Canadiens ce que je dirai mercredi à nos partenaires de négociation. Au cours de ces pourparlers, notre attitude sera conforme à notre caractère national, c'est-à-dire que nous travaillerons fort, nous nous appuierons sur des faits, nous serons cordiaux et nous serons animés par un esprit de bonne volonté et par la recherche de compromis. Nous savons également que la politesse et la force ne sont pas contradictoires. Ce n'est pas un hasard si le hockey est notre sport national.
Ces négociations marquent un moment très sérieux et lourd de conséquences pour nous tous. Les accords commerciaux sont toujours importants. S'ils sont bien faits, ils contribuent à créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne.
[Traduction]
La préparation à ces négociations a déjà pour effet d’unifier notre pays. Je suis stupéfaite et émue lorsque je vois tout le soutien et toute la collaboration que nous apportent, à mon équipe et à moi, le milieu des entreprises, des travailleurs, de la société civile, tous les ordres de gouvernement et beaucoup d'entre vous réunis autour de la table, même si nous ne sommes pas tous membres du même parti politique. À maintes reprises, des personnes m’ont dit à quel point elles étaient fières d’être canadiennes et à quel point elles étaient déterminées à faire tout en leur pouvoir pour apporter leur aide dans le cadre de ces négociations lourdes de conséquences.
Notre conseil de l’ALENA, un organe consultatif et bipartisan de premier plan, en est la preuve par excellence. Tous les Canadiens sont vraiment chanceux qu’à l’occasion de ces pourparlers, ils seront représentés par les meilleurs négociateurs commerciaux dans le monde. Les représentants commerciaux du Canada sont reconnus à l’échelle mondiale pour leurs exploits, et c'est un réel privilège pour moi de collaborer avec cette équipe extraordinaire de fonctionnaires canadiens. J'en profite pour reconnaître les excellents Canadiens qui sont assis à mes côtés et auxquels les membres du Comité pourront s'adresser directement plus tard: Tim Sargent, notre sous-ministre du Commerce; Steve Verheul, notre négociateur en chef pour l'AECG — que bon nombre des personnes dans la salle connaissent — et Martin Moen, qui travaille également très fort sur le dossier du bois d'oeuvre dans ses temps libres.
[Français]
Comme je l'ai déjà dit, ces négociations sont lourdes de conséquences. Nous allons peut-être vivre des moments dramatiques. Cependant, je suis foncièrement optimiste quant au résultat final.
Mon optimisme repose sur la réalité fondamentale suivante: les relations économiques entre le Canada et les États-Unis sont les plus importantes, les plus efficaces et les plus mutuellement avantageuses du monde entier. Nous le savons, et nos voisins américains le savent aussi.
[Traduction]
En me fondant sur ces agents économiques fondamentaux remarquables, je suis essentiellement optimiste au moment d'entamer ces négociations. En collaboration avec cette équipe fantastique de négociateurs commerciaux, nous travaillerons très fort et nous conclurons un excellent accord pour les Canadiens.
Merci. Je suis maintenant heureuse de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
J'apprécie vos commentaires concernant le fait de demeurer bref. Je vais faire du mieux que je peux, mais cinq minutes, avec un sujet si important...
D'abord, madame la ministre, je veux vous féliciter. Vous avez réuni une bonne équipe avec Steve Verheul, Martin et Tim. Je crois que le fait d'affecter Kirsten Hillman aux États-Unis a été une sage décision et montre que nous nous soucions du dossier. Je vous félicite donc à ce sujet.
Ensuite, je veux aussi parler de la façon dont nous avons travaillé ensemble pour veiller à ce que les États-Unis comprennent l'importance de notre relation et de la façon dont tout cela s'est passé. Je crois que les Américains — à l'échelon des gouverneurs, assurément — comprennent maintenant à coup sûr ce qui est en jeu. Je pense que, quand Trump a déclaré pour la deuxième fois qu'il souhaitait annuler l'ALENA, tout d'un coup, le milieu des affaires, au Canada comme aux États-Unis, s'est réveillé et a dit: « Attendez une minute, quelque chose de très grave se passe ici. » C'est pourquoi cet accord est si différent de tout autre accord commercial. Il s'agit d'une renégociation. Je pense que vous comprenez que c'est le genre de situation où nous irons à reculons plutôt que de l'avant si nous ne faisons pas bien les choses. Je crois que ce qui préoccupe le milieu des affaires, c'est la façon dont nous allons de l'avant.
Je vais parler un peu du processus des consultations: ce que nous faisons pour nous assurer que nous avons bien mené nos consultations et que nous nous sommes bien préparés, puis ce que nous faisons pendant que les négociations sont en cours de manière à tenir les gens activement informés de ce qui se passe et des enjeux.
Ensuite, madame la ministre, j'aimerais avoir une certaine idée des résultats. À quoi nous attendons-nous, au final, pour le milieu des affaires, de sorte qu'il puisse dire en regardant vers l'avenir: « Vous savez quoi? Quand cet accord sera conclu, le Canada sera encore plus compétitif sur le marché mondial et encore mieux placé pour exporter davantage partout dans le monde, parce que nous avons tout mis en ordre dans un bon accord de l'ALENA »?
Cinq minutes, c'est court. Je devrai donc aller très rapidement. J'aurai quelques questions à poser plus tard. Commençons d'abord par le processus. Comment allez-vous interagir avec le conseil? Comment les entreprises et d'autres groupes sont-ils en mesure d'interagir avec les négociateurs pendant que les négociations sont en cours?
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Merci beaucoup, Randy, de cette question très éclairée, comme toujours.
Je veux d'abord vous remercier personnellement de votre travail et remercier aussi les partis de l'autre côté de la Chambre. Je suis vraiment reconnaissante de la façon dont nous avons collaboré pour faire avancer les intérêts nationaux du Canada, particulièrement au sud de la frontière. Je suis heureuse que vous reconnaissiez, comme moi, l'excellence de nos négociateurs. C'est aussi vrai que le fait d'avoir Kirsten Hillman à Washington constitue un avantage. Je ne revendiquerai aucunement les honneurs liés à l'excellence de notre fonction publique, surtout dans ce domaine.
Je sais que Gerry, qui est assis à côté de vous, a beaucoup interagi avec Steve en tant que ministre de l'Agriculture.
Gerry, je crois que vous ne direz pas le contraire si j'affirme que nous avons tous deux — enfin, vous me contredirez peut-être sur certaines choses — nos négociateurs commerciaux en très haute estime. C'est très, très important.
Je souhaite simplement m'arrêter sur une chose que vous avez mentionnée, Randy, et avec laquelle je suis tout à fait d'accord. L'un des aspects particuliers de cette négociation et qui diffère des autres grandes ententes auxquelles le Canada a participé est le fait qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle négociation. Dans le cadre d'un nouvel accord commercial, on veut évidemment que cela fonctionne, car il peut offrir de grands avantages pour les Canadiens. Toutefois, comme je l'ai dit dans mon allocution ce matin, cela se rapproche plutôt de la rénovation d’une maison pendant qu'on y demeure. Cela rend l'opération très délicate. Une très grande partie de notre économie repose sur l'ALENA actuel, et c'est une chose que nous avons entendue dans le cadre de nos consultations jusqu'à présent. Les Canadiens en sont très conscients, et je tiens à assurer au Comité que mon équipe et moi sommes très au fait de la nature délicate de ce à quoi nous participons.
Vous m'avez posé une question au sujet des consultations; laissez-moi commencer par dire que nous nous concentrons sur deux choses. D'abord, nous travaillons de façon acharnée avec nos partenaires et nous souhaitons les sensibiliser.
Nous avons travaillé fort avec nos partenaires mexicains, et je vous remercie, Dionisio, d'être ici. Nous nous sommes concentrés tout particulièrement sur le travail de liaison avec les États-Unis, et vous y avez pris part.
Je veux seulement rappeler aux gens que nous avons effectué 185 visites aux États-Unis. Nous avons communiqué avec 300 décideurs américains, 200 membres du Congrès, 50 gouverneurs et lieutenants-gouverneurs. Pour ce qui est de nos efforts pour entendre les Canadiens à ce sujet, nous avons reçu plus de 22 500 mémoires de Canadiens, ainsi que des contributions d'universitaires, de groupes de réflexion, de 158 associations et de 55 sociétés.
Comme je l'ai mentionné dans mon allocution plus tôt aujourd'hui, notre intention est que les consultations auprès des Canadiens se poursuivent tout au long des négociations. Il s'agit d'un modèle très semblable à celui de l'AECG, et c'est pour cela que je me tourne vers Steve. Je crois que les démarches de l'AECG ont supposé un nombre sans précédent de mémoires d'intervenants et de consultations permanentes, et nous allons perpétuer cette pratique. Permettez-moi de dire que la main-d'oeuvre, l'environnement, les groupes autochtones et les femmes occuperont une place importante dans le cadre de ces consultations. Je crois que les gens sont au courant du Conseil de l'ALENA que nous avons mis en place.
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Je vous remercie beaucoup de cette question.
Nous avons tous des intérêts commerciaux et de très bonnes relations commerciales avec les États-Unis, mais, en ce qui concerne votre circonscription au Nouveau-Brunswick, je crois que vos relations sont particulièrement étroites et importantes. Les relations entre le Nouveau-Brunswick et le Maine sont absolument essentielles. Vous savez que 38 500 emplois au Maine dépendent directement du commerce avec le Canada, et que le Canada constitue de loin le plus grand marché d'exportation du Maine.
Puisque nous parlons des relations entre le Nouveau-Brunswick et le Maine, je voudrais exprimer ma gratitude tout particulièrement au gouverneur LePage, du Maine. J'ai été en contact étroit avec lui. Je lui parle aussi souvent au téléphone. Il s'agit d'une voix influente dans la présente administration et il comprend très, très bien les relations profondes et étroites entre le Maine et le Canada. Il les saisit en détail. En fait, il a une expérience personnelle dans le secteur forestier qui éclaire vraiment son point de vue d'une façon très utile, et j'ai trouvé qu'il était un défenseur formidable de ces relations et de leur importance pour le Maine. Il m'a aussi paru, non seulement dans le cadre de mes conversations avec lui, mais aussi dans sa défense à Washington, très bon pour expliquer un élément clé de nos relations économiques avec les États-Unis, c'est-à-dire, le fait que nous fabriquons des choses ensemble. Il s'agit d'un élément clé que l'on peut parfois oublier. Les gens peuvent percevoir le commerce simplement comme le fait de fabriquer une chose dans un pays et de la vendre dans un autre, mais les économies canadienne et américaine sont si étroitement liées qu'en réalité, nous faisons les choses ensemble. Un intrant est produit au Canada et vendu aux États-Unis. On retravaille cet intrant. Il traverse la frontière, et cela se produit encore et encore au cours de la fabrication de nombreux produits. Nous connaissons bien cela dans l'industrie automobile et le secteur manufacturier, mais c'est aussi vrai en ce qui concerne le commerce du Nouveau-Brunswick avec les États-Unis.
C'est pour cela que votre question est si importante, car nous avons réussi à rendre possibles ces relations commerciales étroitement liées et très efficaces. L'un des objectifs fondamentaux du Canada n'est pas seulement de maintenir cette relation, mais, comme je l'ai dit dans ma déclaration, nous souhaitons aussi utiliser cette négociation comme une réelle occasion de faciliter encore plus ce type de travail.
Une chose que nous avons entendue constamment dans le cadre de nos consultations, y compris à Edmonton vendredi, où je parlais aux gens du secteur agricole, c'est que les Canadiens perçoivent de façon très, très concrète et utile le fait de réduire la bureaucratie et de faciliter le commerce. En fait, l'une des choses utiles que la présente administration américaine nous a répétées, dans le cadre de conversations tant directes que publiques, c'est qu'elle souhaite réellement réduire la bureaucratie afin de permettre aux entreprises de faire plus facilement des affaires.
Je crois que le fait de réduire la bureaucratie et de faciliter encore plus nos liens économiques constituera l'un de nos principaux objectifs; cela tient à coeur à tous les Canadiens, y compris ceux du Nouveau-Brunswick.
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Madame Lapointe, je vous remercie de votre travail, ainsi que de votre question, qui est très importante.
Les provinces et les territoires sont non seulement impliqués dans les négociations concernant l'ALENA, mais elles sont aussi au coeur de nos relations commerciales avec les États-Unis. Comme chacun le sait, les relations entre les États-Unis et le Canada comportent plusieurs défis et enjeux. Nous travaillons toujours étroitement avec nos collègues et nos amis des provinces et des territoires.
Comme vous l'avez souligné, le Québec a un rôle particulier à jouer, à cause de l'importance de ses relations avec les États-Unis et de l'importance du Québec pour les États-Unis. Ainsi, j'ai dit plusieurs fois à l'administration américaine que l'électricité de la tour Trump provenait du Québec. Nos collègues américains doivent toujours se souvenir de l'importance de ces liens économiques.
Comme je l'ai dit, nous avons déjà tenu plusieurs consultations auprès des Canadiens, y inclus les provinces et les territoires. Ces consultations se poursuivront pendant les négociations. Lors de la négociation de l'AECG, nous avons vu que le Canada était plus fort quand les provinces, les territoires et les municipalités travaillaient de concert avec le fédéral. L'équipe la plus forte que nous puissions avoir est une véritable équipe canadienne.
Le Québec a joué un rôle particulier et très important lors des négociations de l'AECG, et je l'en remercie de nouveau. Jeudi, j'ai eu une conversation sur l'ALENA avec mes collègues des provinces et des territoires. J'ai parlé de l'approche du fédéral, et nous avons indiqué notre intention de continuer à collaborer. Plusieurs provinces et territoires enverront leurs experts et leurs fonctionnaires à Washington lors des premières négociations, ce qui sera fort utile.
M. Hoback a indiqué que les gouverneurs américains ont une grande importance et peuvent apporter beaucoup. Je suis du même avis. C'est peut-être le cas parce que les gouverneurs comprennent bien l'économie, étant plus près de la vraie vie du pays.
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Merci infiniment d'avoir posé la question, Peter, et de votre travail acharné sur ce dossier.
Je suis tout à fait d'accord avec l'orientation de votre question. Je représente également une circonscription diversifiée, tout comme un grand nombre d'entre nous, j'en suis certaine. Ma circonscription, en particulier, compte de très solides communautés portugaise et italienne, et il y a beaucoup d'enthousiasme à l'égard de l'AECG, qui va entrer en vigueur le 21 septembre, et nous en sommes très heureux. L'accord présente de réelles occasions pour ces communautés du Canada d'établir des relations encore plus étroites avec les collectivités d'où elles proviennent ainsi que d'utiliser leurs attaches culturelles pour renforcer certains avantages économiques pour l'Union européenne et le Canada.
Je souscris vraiment à votre opinion selon laquelle notre relation avec les États-Unis présente de nombreuses occasions de nature très semblable. Quand je parle aux Américains, je voudrais dire que non seulement nous sommes des amis et des voisins, mais qu'un très grand nombre d'entre nous avons des liens de parenté. Il est difficile de trouver un Canadien... et, dans certaines des régions frontalières des États-Unis, il est difficile de trouver un Américain — qui n'a pas de lien humain personnel étroit avec le Canada. Je pense qu'il s'agit de l'une des raisons pour lesquelles notre relation commerciale s'est avérée très solide et très efficace au fil du temps.
L'ancien ambassadeur des États-Unis au Canada aimait bien raconter une histoire. Lorsqu'il voyageait dans le Canada, il disait: « Alors, faites-vous beaucoup d'échanges commerciaux avec des entreprises étrangères? » et on lui répondait: « Oh, non, nous ne commerçons qu'avec les États-Unis. » Je pense que cette anecdote en dit beaucoup sur la façon dont les Canadiens voient le commerce avec notre plus grand partenaire commercial et voisin.
Pour ce qui est des occasions, vous avez mentionné précisément les petites et moyennes entreprises. Je pense qu'il s'agit d'un domaine qu'il importe de cibler. Dans le cadre des consultations que j'ai tenues personnellement — et je sais que mes négociateurs ont vécu la même expérience —, y compris à Edmonton, vendredi, j'ai entendu le même message selon lequel les formalités administratives sont un obstacle particulier pour ces entreprises. Nous avons même entendu des personnes affirmer qu'elles ne se donnaient pas la peine de recourir aux préférences de l'ALENA parce qu'il est très pénible de remplir tous les formulaires. L'un de nos objectifs de base — et je pense que c'est particulièrement pertinent pour les petites et moyennes entreprises — consisterait à utiliser ces négociations pour réduire les formalités administratives, pour poursuivre le très bon travail que nous faisons déjà relativement à l'harmonisation de la réglementation et pour réduire encore davantage les frictions dans cette relation commerciale.
Encore là, je veux mettre l'accent sur le fait que nous voyons là de réelles occasions dans notre approche de négociation, car cela correspond vraiment à quelque chose que nous avons entendu en public et en privé de la part de l'administration américaine, c'est-à-dire qu'elle se concentre sur la réduction des formalités administratives et sur le fait de faciliter la vie aux entreprises, et il s'agit d'une occasion pour elle de le faire.
Quand j'ai assisté avec le à la réunion des gouverneurs tenue dans le Rhode Island, les gouverneurs ont beaucoup mis l'accent exactement sur ce point. Ils disaient: « Utilisons cet accord comme une excellente occasion de réduire les formalités administratives et de faciliter la tâche aux entreprises. »
Je pense que Mark veut que j'arrête de parler, maintenant.
Des députés: Ah, ah!
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Je vous remercie de cette question, Kyle.
Vous avez parfaitement raison, le secteur de l'automobile, qui est si important dans votre circonscription, est important pour l'ensemble du Canada. Les préoccupations des acteurs du secteur de l'automobile, y compris celles des fabricants de pièces d'automobiles, comme NAPA, et celles des syndicats, constituent une priorité absolue pour notre gouvernement dans le cadre de nos négociations touchant l'ALENA.
Je veux aussi soulever un autre point parce que Gerry m'a posé une question concernant le bois d'oeuvre et que je n'ai pas eu assez de temps pour y répondre. Je vais simplement mentionner à ce sujet que je tiens à souligner la grande participation de Wilbur Ross dans le cadre des discussions. Il s'est vraiment plongé dans les détails de ce dossier et a vraiment participé directement, ce que j'apprécie beaucoup.
Pour ce qui est du domaine de l'automobile, nous menons des consultations de manière très active et énergique et continuerons de le faire à mesure que les négociations avancent. Nous échangeons avec les responsables des géants de l'automobile. Nous communiquons avec les responsables des fournisseurs de pièces d'automobiles à différents niveaux. Comme vous le savez, c'est une industrie très complexe. Je suis très heureuse que Linda soit un membre de notre conseil. Aussi, le fait que nous communiquions avec les responsables des syndicats est aussi un élément très important à nos yeux. Ils ont une excellente compréhension du secteur des pièces d'automobiles et apportent un point de vue important.
Un des éléments capitaux que notre secteur de l'automobile ajoute aux échanges sur l'ALENA, et que les représentants du Canada invoqueront souvent à la table de négociation, est le degré d'intégration et de complexité de nos échanges commerciaux avec les États-Unis. Flavio Volpe aime dire que nous fabriquons des choses ensemble. Don Walker se plaît à dire cela aussi à propos de Magna, n'est-ce pas? C'est vraiment ce qu'il faut faire valoir, le fait que notre relation, en particulier dans un secteur très intégré comme celui des pièces d'automobiles, concerne vraiment des secteurs très intégrés qui fonctionnent. Un des points sur lesquels nous allons vraiment insister au cours des négociations est le fait d'être conscient de la complexité de cette relation économique, et nous allons veiller à ce que les négociations le reflètent. Nous allons travailler fort pour faciliter encore plus les échanges commerciaux dans ce secteur.
Je souhaite aussi adresser des remerciements à tous les Canadiens qui travaillent dans le secteur de l'automobile. Randy a parlé au tout début des efforts que nous avons tous consentis pour communiquer avec nos partenaires et nos collègues américains. Ces efforts ont aussi été menés directement par les acteurs de ce secteur auprès de leurs homologues américains, et je crois que cela compte parmi les échanges les plus efficaces qui ont eu lieu jusqu'à maintenant entre les Canadiens et les Américains qui fabriquent des choses ensemble. Les gens du secteur de l'automobile ont été particulièrement efficaces pour tenir ce dialogue et s'assurer que leurs partenaires américains sont parfaitement conscients de l'importance de l'ALENA comme fondement de cette relation économique très efficace et intégrée.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, madame la ministre, de votre présence.
Madame, nous sommes ici depuis assez longtemps pour savoir que, dans les faits, ce sont ces personnes qui négocient. C'est notre travail, comme législateurs et parlementaires, de nous assurer que nos priorités sont communiquées de façon claire à nos excellents fonctionnaires, que vous avez mentionnés. J'ai trois questions et une sous-question. Elles portent sur des éléments au sujet desquels, j'imagine, à titre de ministre, vous diriez à vos négociateurs avant d'entamer les pourparlers « Écoutez, quoi que vous fassiez, assurez-vous de faire ceci et cela ».
Selon moi, nous n'avons pas obtenu de réponse claire concernant les produits laitiers. Donc voici ma première question: allez-vous troquer l'accès au secteur des produits laitiers, et les producteurs seront-ils présents, avec vous ou avec les négociateurs, à la table de négociation?
Deuxièmement — et ces questions sont pertinentes dans mon coin de pays, soit la circonscription de Chatham-Kent—Leamington —, conserverez-vous la souplesse nécessaire quant au format de contenants utilisés dans notre industrie de transformation? Cela est aussi très important pour nous.
Troisièmement, allez-vous tenir compte des incidences que des décisions comme l'établissement d'une taxe sur le carbone auront sur des industries comme celle des cultures de serre dans ma circonscription?
Quatrièmement, je sais que cela ne fait pas partie des négociations de libre-échange, mais, à titre de ministre, allez-vous continuer d'insister sur la construction du pont? Nous pouvons conclure toutes les bonnes ententes sur les échanges commerciaux que nous voulons, mais, si nous n'avons pas accès à nos marchés... Le pont doit être construit.
Pourriez-vous simplement répondre à ces quatre questions? Merci.
:
Je vous remercie de la question.
J'aimerais d'abord souligner un point que le président de notre comité a fait valoir. Bien sûr, les discussions avec les Américains sont un travail qui incombe au gouvernement. Toutefois, ce travail est aussi celui du Parlement et de l'ensemble des députés. Je sais que vous, les membres du Comité, avez déjà accompli beaucoup de travail relativement à cet enjeu. J'aimerais vous en remercier et dire que ce n'est que le début. Il nous reste beaucoup de travail à faire.
Comme vous le savez, le processus législatif des États-Unis est absolument essentiel pendant les négociations des accords commerciaux. Or vous, les députés de notre Parlement, avez une relation particulière et importante avec les députés américains. Je veux vous remercier du travail que vous avez déjà accompli et vous prier de le poursuivre. Ce n'est qu'un début. Beaucoup plus de travail doit encore être fait.
Dans le cadre de votre question, vous avez mentionné le travail qui a été commencé en janvier dernier. Comme j'ai déjà beaucoup parlé des consultations, j'aimerais aborder un autre point, à savoir que notre travail a commencé non pas en janvier ou en février dernier, mais au cours de l'été passé, avant les élections américaines.
Dans le cadre de mes fonctions de ministre du Commerce international, j'avais demandé à nos fonctionnaires de préparer du matériel sur l'ALENA. En effet, nous avions constaté que cet enjeu faisait partie de la campagne électorale aux États-Unis. Je tiens à le souligner parce que je pense qu'il est important pour les Canadiens d'être au fait du niveau de préparation du Canada. Cela fait plus d'un an que nous nous préparons. Je pense toujours aux examens et aux négociations. La préparation est l'aspect le plus important. J'aimerais remercier nos fonctionnaires du travail qu'ils ont entrepris il y a plus d'un an.
Je veux aussi souligner un autre aspect de nos discussions avec les Américains. En tant que Canadiens, je crois que nous comprenons le système américain mieux que tout le monde, mis à part les Américains eux-mêmes.
[Traduction]
Très bien, le temps est écoulé, je suis désolé.
[Français]
J'aimerais dire une dernière petite chose.
Nous comprenons que l'important n'est pas seulement les relations avec Washington ou les relations avec la Maison-Blanche, avec le président ou avec les secrétaires du Cabinet. Ces relations sont très importantes, mais il y en a d'autres à plusieurs niveaux. À mon avis, toute l'équipe canadienne, ce qui comprend aussi nos entreprises, a essayé de travailler avec ses homologues de tous les niveaux. C'est une chose très importante.