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Merci beaucoup. Bonjour à tous.
Je m'appelle Steve Verheul, et je suis le négociateur commercial en chef du Canada pour l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou l'AECG. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour participer à cette séance d'information technique sur l'AECG.
Pour commencer, je présenterai brièvement le marché de l'UE, puis j'aborderai les avantages que l'AECG apportera, selon nous, au milieu canadien des affaires et, par extension, à l'économie canadienne. Par la suite, je vous donnerai un aperçu des prochaines étapes vers l'entrée en vigueur de l'Accord.
Avec une économie de 20 billions de dollars et plus de 500 millions de consommateurs, l'UE constitue le plus grand marché du monde. Il s'agit d'un marché important pour les chaînes d'approvisionnement mondiales; il se trouve davantage d'entreprises du palmarès Fortune 500 dans l'UE qu'ailleurs dans le monde, y compris aux États-Unis. L'accès important à ces chaînes d'approvisionnement est une source considérable de débouchés pour les ambitions mondiales de nombreuses petites et moyennes entreprises canadiennes.
L'AECG conférera l'avantage du premier venu aux entreprises canadiennes par rapport à leurs concurrents provenant d'autres marchés, comme les États-Unis, qui n'ont pas encore conclu d'accord de libre-échange avec l'UE. En fait, le Canada gagne un accès préférentiel à presque un quart du marché mondial grâce à l'AECG. La combinaison de l'AECG et de l'ALENA confère au Canada un accès préférentiel à près de la moitié du marché mondial.
Permettez-moi maintenant de vous présenter brièvement la structure et le contenu de l'Accord.
À l'heure actuelle, seulement 25 % des lignes tarifaires de l'UE sur la marchandise canadienne sont exemptes de droits de douane. Dès l'entrée en vigueur de l'AECG, 98 % de ces lignes tarifaires seront exemptes de droits. Quand toutes les éliminations progressives seront terminées, soit sept ans après l'entrée en vigueur, ce pourcentage s'élèvera à 99 %.
L'élimination des droits tarifaires augmentera les possibilités d'exportation vers le marché de l'UE pour les producteurs, les transformateurs et les fabricants canadiens de produits agricoles, agroalimentaires, forestiers, halieutiques et de la mer, ainsi que de toute la gamme de biens industriels.
Pour des secteurs régionaux comme la pêche, les produits de la mer, l'agriculture et la forêt, l'AECG offre d'importantes possibilités de croissance des exportations canadiennes de produits à valeur ajoutée.
En général, l'UE applique des tarifs plus élevés sur les importations de produits finis à valeur ajoutée que la matière première et les ressources naturelles. Par conséquent, l'élimination des droits tarifaires en vertu de l'AECG crée de plus grandes possibilités d'exportation pour les biens canadiens à valeur ajoutée dans le marché de l'UE. Cette situation favorise donc le secteur de la transformation et de la fabrication au Canada.
Les engagements quant à l'accès des biens aux marchés comprennent aussi des dispositions pour favoriser le traitement non discriminatoire des biens canadiens dans le marché de l'UE, limiter les restrictions à l'exportation et à l'importation et établir un comité pour discuter des problèmes qui minent le commerce de biens, et ce, dans le but de résoudre les différends et d'éviter les conflits.
Les règles et les procédures d'origine permettent de déterminer si un produit est originaire d'une région et, par conséquent, s'il est admissible à un tarif préférentiel quand il est exporté d'une partie à une autre en vertu de l'AECG. Les règles d'origine que nous avons négociées témoignent des réalités canadiennes de production, en particulier la nature intégrée des chaînes d'approvisionnement en Amérique du Nord.
L'Accord prévoit notamment un contingent d'origine pour les automobiles dont la production annuelle d'automobiles au Canada, soit jusqu'à 100 000 véhicules, pourrait profiter en raison de l'élimination progressive du présent droit tarifaire de 10 % de l'UE.
Les procédures pour réclamer un tarif préférentiel sont claires et simples et s'apparentent à celles incluses dans d'autres accords du Canada.
De plus, les engagements de l'AECG portant sur les procédures douanières et la facilitation du commerce sont conçus pour réduire les délais de traitement à la frontière et rendre le transport de marchandises plus économique, plus rapide, plus prévisible et plus efficace.
L'AECG aidera les exportateurs canadiens en leur fournissant, par exemple, des décisions anticipées sur l'origine ou le classement tarifaire de leurs biens et en simplifiant et en automatisant les procédures douanières, lorsque c'est possible.
Les dispositions sur les obstacles techniques au commerce contribueront à nous assurer que les exigences réglementaires inutiles ou discriminatoires ne minent pas la valeur de l'accès à de nouveaux marchés pour les Canadiens. L'AECG s'appuie sur les règles énoncées dans l'Accord sur les obstacles techniques au commerce de l'OMC et fournit un certain nombre de moyens de régler les problèmes qui découlent de ces obstacles ou d'éviter qu'ils surgissent.
L'AECG est le premier accord commercial bilatéral dans lequel le Canada a inclus un chapitre entier sur la coopération en matière de réglementation, et ce chapitre a pour but d'améliorer la coopération et l'échange de renseignements au cours de l'élaboration de règlements.
L'AECG prévoit aussi un protocole sur l'évaluation de la conformité qui permettra aux entreprises canadiennes dans un certain nombre de secteurs de faire tester et certifier, ici au Canada, leurs produits destinés au marché européen. Il s'agit d'une innovation considérable qui permettra aux entreprises d'économiser de l'argent et de gagner du temps et qui sera particulièrement profitable pour les petites et moyennes entreprises.
Nous anticipons aussi que l'AECG ouvrira les portes du marché public de l'UE, qui se chiffre à 3 300 milliards de dollars. En vertu de l'Accord sur les marchés publics, ou l'AMP, de l'OMC, les entreprises canadiennes profitent déjà d'appels d'offres lancés par les institutions de l'UE et les 28 États membres de l'UE. L'AECG améliore cet accès en retirant les exclusions d'approvisionnement dans l'AMP prononcées par certaines entités de l'UE. De plus, l'AECG permet aux fournisseurs canadiens d'accéder à l'approvisionnement d'entités infranationales, comme les régions et les municipalités, et de services publics.
Au-delà des biens, l'AECG établit des règles par rapport au commerce des services. Elles sont regroupées dans un chapitre sur le commerce transfrontalier des services qui assurera un meilleur accès au marché et qui permettra d'ouvrir les marchés des pays de l'UE dans des secteurs comme les services professionnels, les services environnementaux, les services de construction et la recherche et le développement.
L'AECG comprend aussi de solides dispositions en matière de règlements nationaux qui favoriseront une plus grande prévisibilité et transparence. Les fournisseurs de services canadiens bénéficieront de l'accès le plus important que l'UE, qui est le plus grand importateur mondial de services, n'a jamais consenti dans un accord commercial. C'est aussi la première fois que l'UE accepte de s'engager de façon aussi ambitieuse en matière d'admission temporaire.
Le chapitre sur l'admission temporaire comprend des engagements qui facilitent les déplacements entre le Canada et l'UE pour des catégories de personnes d'affaires convenues mutuellement, comme celles des services après-vente et de location, des professionnels et du personnel clé, notamment les investisseurs et les personnes mutées au sein d'une société. Par exemple, dans certains pays et pour certains services, les autorités n'exigeront pas de permis de travail pour 90 jours dans une période de 6 mois en ce qui a trait à des activités comme des réunions, des consultations, des études de marché, des foires commerciales, des ventes ou des achats. Dans certains États membres, des fournisseurs de services hautement spécialisés en sous-traitance pourraient tirer profit de l'admission temporaire dans le cadre d'engagements plus ouverts et plus transparents comparativement aux engagements actuels de l'UE en vertu de l'Accord général sur le commerce des services de l'OMC. L'AECG comprend également des dispositions sur la propriété intellectuelle, la concurrence, les entreprises publiques et le développement durable.
Le Canada et l'UE se sont aussi engagés à des niveaux élevés de protection des travailleurs et de l'environnement et à l'application ferme de ces engagements. Le Canada a, pour la première fois, inclus directement ces engagements dans le texte de l'Accord afin de s'assurer que le commerce et la protection de l'environnement se renforceraient mutuellement et que la plus grande prospérité provenant de la libéralisation du commerce ne se produirait pas au détriment de l'environnement.
Des dispositions exhaustives sur le travail ont été incluses dans l'AECG afin de nous assurer que le libre-échange avec l'UE n'affecte pas les normes du travail. Les engagements dans l'AECG en matière de travail garantissent le maintien de normes élevées en matière de protection des travailleurs à mesure que le commerce bilatéral augmente à la suite de l'entrée en vigueur de l'Accord.
Pour la première fois dans un accord commercial, toutes les provinces et tous les territoires ont apposé leur signature aux chapitres sur le travail et l'environnement de l'AECG. Pour ce qui est de l'étape à laquelle nous sommes rendus, le Canada et l'UE ont terminé l'examen juridique du texte anglais, comme l'ont annoncé le 29 février la et son homologue de l'UE, la commissaire au commerce Malmström.
Comme je vous l'ai mentionné il y a quelques semaines, les révisions quant aux dispositions visant la protection des investissements et la résolution de conflits en matière d'investissement ont été faites dans le cadre de l'examen juridique. Voici ce que comprennent ces révisions: des dispositions renforcées sur le droit de réglementer de tous les ordres de gouvernement; un processus révisé pour la sélection des membres du tribunal pour trancher les litiges — plus particulièrement, les investisseurs ne pourront plus choisir les membres du tribunal —; des engagements plus détaillés en matière d'éthique pour les membres du tribunal et l'établissement d'un mécanisme d'appel qui deviendra opérationnel seulement une fois que le Canada et l'UE se seront entendus sur les règles administratives et opérationnelles de son fonctionnement.
Ces modifications ne réduisent pas le niveau de protection accordé aux investisseurs en vertu de l'Accord. Les investissements constituent une partie importante de la relation économique entre le Canada et l'UE. Les investissements directs connus des entreprises canadiennes dans l'UE se chiffraient à 166 milliards de dollars en 2014, soit environ 20 % des investissements directs connus du Canada à l'étranger. La même année, les investissements directs connus des entreprises européennes au Canada se chiffraient à 215 milliards de dollars, soit plus de 29 % des investissements étrangers connus au Canada.
Le commerce dans le secteur de l'investissement est différent du commerce dans le secteur des biens ou des services et il fonctionne selon des règles distinctes. Le chapitre sur les investissements de l'AECG est conçu pour donner aux investisseurs une certitude, une stabilité, une transparence et une protection accrues à l'égard de leurs investissements, en plus d'assurer l'accès des investisseurs canadiens et européens à leurs marchés respectifs.
Du même coup, les dispositions de l'accord n'empêcheront pas les gouvernements d'agir dans l'intérêt public — par exemple, de réglementer dans les domaines de la santé et de la sécurité et, comme je l'ai mentionné précédemment, dans le domaine du travail et de l'environnement. Cette compréhension a été consolidée dans l'AECG par l'ajout de clarifications concernant le droit de réglementation du gouvernement.
L'AECG établit également un mécanisme pour la résolution des litiges entre investisseurs et États afin de donner aux investisseurs l'occasion d'être dédommagés pour les violations présumées des obligations de protection de l'investissement, y compris en cas de discrimination ou d'expropriation.
Dans l'AECG, le Canada et l'Union européenne ont apporté des changements au processus régissant le fonctionnement des tribunaux en matière d'investissement, accentuant ainsi le niveau de transparence et l'impartialité du mécanisme et des membres du tribunal.
Enfin, en ce qui concerne les étapes à venir, le Canada et l'Union européenne terminent actuellement l'examen juridique du texte français ainsi que les textes des 21 autres langues du traité de l'Union européenne. L'examen devrait être terminé dans les prochains mois, ce qui nous permettra ensuite d'aller de l'avant avec nos processus de ratification nationaux respectifs.
Le Canada et l'Union européenne sont déterminés à finaliser la signature de l'AECG en 2016 et son entrée en vigueur au début de 2017.
Je serai heureux de répondre maintenant à vos questions.
Je vous remercie, monsieur le président.