Je souhaite la bienvenue à tous les visiteurs à l'arrière de la salle alors que nous poursuivons les consultations du Comité permanent du commerce international auprès des Canadiens et de parties prenantes sur les répercussions du Partenariat transpacifique ou le PTP.
Il est agréable d'être de retour à Ottawa, j'imagine. Nous avons visité six provinces jusqu'à présent. Nous avons commencé par la Colombie-Britannique, puis nous sommes passés aux provinces de l'Ouest, pour ensuite nous rendre au Québec et en Ontario la semaine dernière. Nous sommes de retour à Ottawa et nous nous rendrons dans la région atlantique. Nous gardons le meilleur pour la fin. Nous attendons la venue de la saison de la pêche et nous nous rendrons là-bas pour goûter aux produits de la mer cet automne.
Nous avons organisé beaucoup de consultations partout au pays. Nous avons entendu de nombreux intervenants, notamment des secteurs de la santé et de l'agriculture, mais nous n'avons pas entendu beaucoup de représentants de l'industrie des produits de la mer jusqu'à maintenant. Ce sera l'objet de notre rencontre d'aujourd'hui.
Je dois prévenir les témoins: ces temps-ci à Ottawa, nous pouvons être appelés à voter à tout moment. Une situation qui pourrait survenir aujourd'hui, mais nous allons procéder comme s'il n'y avait aucun vote et puis on verra.
Aujourd'hui, nous avons deux témoins dans notre premier groupe. Clearwater Seafoods et l'Union des pêcheurs des Maritimes.
Je ne sais pas si le représentant de l'Union des pêcheurs des Maritimes est au téléphone et s'il peut nous entendre ou je ne sais pas s'il se joindra à nous un peu plus tard.
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Au nom de Clearwater Seafoods, j'aimerais remercier le Comité de me donner l'occasion de témoigner à propos de cet enjeu important. Cette année, notre entreprise célèbre son 40
e anniversaire — 40 ans d'excellence et de commerce durable de produits de la mer. Pour Clearwater, le commerce international a commencé avec un simple chargement de camion de homards de la Nouvelle-Écosse vendus à Boston. Aujourd'hui, nous vendons les meilleurs produits de la mer du Canada dans plus de 30 pays.
Nous estimons que le libre-échange et le Partenariat transpacifique sont essentiels à notre succès à l'avenir. Nous aimerions féliciter le gouvernement fédéral pour le leadership dont il a fait preuve dans le renforcement des relations commerciales qui profitent à nos économies locales.
Clearwater Seafoods est un fournisseur mondial de premier plan de crustacés sauvages de qualité supérieure. Notre entreprise a été fondée en 1976 et elle est aujourd'hui la plus grande entreprise intégrée verticalement en Amérique du Nord faisant la distribution et la transformation de crustacés de première qualité. Notre entreprise est l'une des plus grandes titulaires de quotas et de permis pour la pêche des crustacés dans le Canada atlantique et elle est l'une des seules entreprises de pêche au Canada cotée en bourse. Nous possédons des navires-usines à la fine pointe disposant de technologies de transformation pour la congélation en mer, en plus de la capacité avancée de transformation, d'entreposage et de distribution terrestre. Clearwater Seafoods compte environ 1 400 employés dans les collectivités côtières partout dans la région atlantique.
Clearwater est dotée de plateformes mondiales considérables pour la vente, le marketing et la distribution. Comme je l'ai mentionné, nous vendons nos produits dans plus de 30 pays, le tiers de notre commerce ayant lieu en Asie.
En 2015, nous avons vendu pour environ 150 millions de dollars de produits dans les pays faisant partie du PTP. À l'exclusion des pays de l'ALENA, c'est-à-dire les États-Unis et le Mexique, les ventes vers les pays inclus dans le PTP se chiffraient à 72,4 millions de dollars. À lui seul, le Japon comptait pour presque 14 % des ventes de Clearwater en 2015.
Clearwater a toujours été en faveur de la réduction des barrières au commerce partout dans le monde. En 1976, quand nous nous sommes lancés en affaire, nous étions un petit distributeur de homards comptant sur un point de vente local et des activités d'exportation de gros dans le marché des produits de la mer de Boston. Dans les années qui ont suivi, Clearwater a été à l'origine du concept d'entreposage prolongé et d'expédition par avion des homards vivants vers le Japon et l'Europe.
Clearwater possède de l'expérience dans l'ouverture et le développement de marchés étrangers pour les produits de la mer canadiens. Nous avons récemment appuyé la ratification de l'entente commerciale entre le Canada et l'Union européenne, et nous participons souvent à des foires commerciales partout dans le monde, y compris en Asie, pour tisser des liens avec nos clients et aller à la conquête de marchés pour les produits de la mer canadiens de première qualité.
Pour ce qui est de l'importance de la région Asie-Pacifique pour les produits de la mer en général, le secteur canadien des produits de la mer dépend des marchés d'exportation pour prospérer. Nos océans regorgent de ressources qui dépassent largement la demande canadienne en produits de la mer. Selon les estimations de Statistique Canada, la valeur des exportations de produits de la mer au Canada était d'environ 6 milliards de dollars en 2015. Les pays de l'Asie-Pacifique représentent des marchés importants pour les produits de la mer canadiens. En 2015, la valeur estimée des exportations de produits de la mer canadiens vers les pays du Partenariat transpacifique se chiffrait à environ 400 millions de dollars, représentant près de 8 % des exportations de produits de la mer canadiens. De ce chiffre, le Japon comptait pour 261 millions de dollars d'exportations et le Vietnam pour 106 millions de dollars, faisant de ces pays les plus importants marchés du PTP pour les produits de la mer canadiens.
Au Japon, les importations de produits de la mer comptent pour 50 % de la consommation nationale de ces produits. Toutefois, les tarifs imposés sont assez élevés et dans certains cas grimpent jusqu'à 15 %. Le PTP éliminera les deux tiers de ces tarifs, puis les éliminera complètement d'ici 15 ans. Un fait important pour la bonification de notre relation commerciale avec le Japon pour ce qui est des produits de la mer.
Au Vietnam, les importations comptent pour seulement 8 % de la consommation de produits de la mer, ce qui donne lieu à un excellent potentiel de croissance. On estime que la consommation pourrait augmenter d'environ 8 % entre 2016 et 2020. Au Vietnam, les tarifs peuvent s'élever jusqu'à 34 % pour les produits de la mer canadiens. Grâce au PTP, 83 % de ces tarifs seront éliminés immédiatement et la totalité sera éliminée d'ici 10 ans.
Je reviens maintenant à l'incidence du Partenariat transpacifique pour Clearwater. Clearwater livre concurrence à l'échelle mondiale pour l'obtention de parts de marché et les tarifs...
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je ne sais pas si les vice-présidents M. Hoback ou Mme Ramsey sont présents aujourd'hui.
Nous vous remercions de cette invitation à comparaître devant le comité aujourd'hui.
Je travaille depuis une douzaine d'années pour l'Union des pêcheurs des Maritimes à Shediac, au Nouveau-Brunswick. C'est là où se situe son siège social. Nous représentons des pêcheurs côtiers de la côte Est du Nouveau-Brunswick et de trois régions de la Nouvelle-Écosse, soit la région du Cap-Breton, — nous travaillons avec Mme Ludwig, qui est membre de votre comité — les régions de Pictou et d'Antigonish et aussi les régions du Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, qui sont à l'autre extrémité de la province.
Nous représentons plus de 1 300 pêcheurs de homard, de hareng, de flétan et une multitude d'autres espèces côtières. Nous représentons aussi des pêcheurs propriétaires-opérateurs. Ils sont propriétaires de leur entreprise et opèrent leur bateau. Ces gens vivent dans la communauté, dépensent leur revenu dans la communauté et restent dans les régions pour les voir s'épanouir.
C'est très important, puisque cette pêche côtière réussit à faire vivre, à faire croître et à dynamiser des centaines de communautés dans les provinces de l'Atlantique. Sans cette industrie, il serait très difficile d'occuper le territoire des provinces de l'Atlantique, surtout à l'heure actuelle, car la situation est difficile économiquement. J'inclus aussi le Québec, puisque la pêche y est très importante. Évidemment, il faut aussi inclure la région du Pacifique. On connaît cette région un peu moins, bien qu'on ait souvent des contacts avec les gens de cette région.
Je soulignerais que je suis aussi président de la Fédération des pêcheurs indépendants du Canada, un organisme qui regroupe toutes ces organisations de pêcheurs, comme l'Union des pêcheurs des Maritimes, et qui représente plus de 7 000 pêcheurs indépendants. Ils possèdent et opèrent leurs bateaux au Canada dans les cinq provinces qui donnent sur l'Atlantique et opèrent aussi dans l'Ouest canadien.
Nous appuyons la diminution des barrières et des frais tarifaires partout dans le monde, surtout pour nos pêcheries les plus importantes. Nos pêcheurs sont, avant tout, des pêcheurs de homards et de crustacés. C'est très important, d'autant plus que c'est une pêche destinée à l'exportation. En effet, les homards et les crustacés sont vendus dans une très grande proportion à l'extérieur du Canada. Toute diminution des barrières tarifaires existantes augmente le potentiel de ventes des espèces les plus importantes pour nos pêcheurs. Cela permet d'augmenter la valeur des produits et la compétitivité du Canada dans le secteur des fruits de mer.
J'aimerais partager avec vous certaines statistiques et ce qu'elles signifient. Il est assez triste — j'aimerais souligner cela très fortement — que l'industrie de la pêche soit l'une des industries les plus sous-estimées au Canada, alors que c'est l'une des industries ayant le plus de potentiel au pays. C'est comme cela depuis plusieurs années, puisque la pêche repose sur des milieux marins très imprévisibles. Il est très difficile de faire des études scientifiques puisqu'on parle de la mer. Les choses ne sont pas visibles et faciles d'accès. Le milieu est très imprévisible puisqu'il y a beaucoup de prédateurs et beaucoup d'autres activités qui se déroulent en mer. De plus, certaines humaines ont un impact sur nos pêches.
Il est très important de souligner l'importance et le potentiel des pêches.
Au cours surtout des 50 dernières années, il y a eu des hauts et des bas, mais la preuve est faite aujourd'hui que le potentiel est énorme.
Prenons uniquement l'exemple du homard. En 2014, la quantité de homards pêchés se chiffrait à 352 millions de livres. La valeur du homard du Canada — je devrais plutôt dire de l'Atlantique puisque c'est surtout là qu'il est pêché — atteint aujourd'hui 1,5 milliard de dollars. Cela représente une augmentation d'environ 33 % au cours des cinq dernières années. C'est imprévisible, mais le potentiel est énorme.
J'aimerais dire rapidement deux dernières choses qui sont très importantes.
D'abord, la stratégie concernant le homard et les crustacés est de créer un triangle de demande, soit en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. Nous dépendons trop fortement de l'Amérique du Nord, qui représente environ 86 % de nos exportations. C'est un pourcentage qui est trop élevé. Il faut diversifier nos ventes. C'est pour cela que les accords de libre-échange et la diminution des barrières es tarifaires sont très importants si nous voulons développer encore davantage le marché de l'Asie.
Le dernier point que je voulais souligner est aussi très important. Dans les négociations des accords de libre-échange, il faut absolument respecter les politiques et les règles du jeu canadiennes. En Atlantique, il y a une politique du propriétaire-opérateur. Celle-ci est très importante pour faire en sorte que les bénéfices de la pêche restent dans les mains des pêcheurs, qu'ils se rendent jusqu'aux communautés et que l'argent gagné soit dépensé chez nous.
Comme je l'ai expliqué, l'occupation du territoire et les économies de centaines de communautés qui n'ont rien d'autre pour faire fonctionner leur économie sont en jeu. C'est donc extrêmement important et non négociable. Il est très important de le souligner.
En conclusion, il est clair que nous appuyons des diminutions tarifaires dans la région du Pacifique. Il est très important pour l'avenir de développer ce triangle de demande partout dans le monde, afin de mieux valoriser nos produits de la mer et, surtout, les crustacés qui sont très importants pour nous.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président. Merci pour vos exposés ce matin, mesdames et messieurs.
Je connais bien Clearwater et l'excellent travail que vous réalisez au Japon. Il y a environ un an, j'ai rencontré votre président dans un test de dégustation avec des Japonais. Les chefs avaient surtout préparé du homard, mais aussi une dizaine d'autres plats. Tout s'est très bien déroulé. Nous avons exhibé un homard colossal de 20 livres pour donner une idée de la taille de l'industrie.
Christian, vous avez tout à fait raison de dire que l'industrie a besoin du commerce pour prendre de l'expansion. Nous savons qu'elle a du potentiel. C'est la première fois que j'entends parler d'un triangle de commerce, mais vous avez visé dans le mille. Plus il y a de gens à la recherche d'un produit, plus ce produit prendra de la valeur.
Avec le premier ministre, nous avons visité l'usine d'Alibaba, à Hangzhou, en Chine. En l'honneur du premier ministre, Jack Ma a dit qu'il allait vendre du homard canadien. Il n'a fallu que neuf minutes pour écouler les 250 000 homards. Vous avez bien raison de parler de la région Asie-Pacifique. Le Vietnam a beaucoup de mal à obtenir un produit canadien de haute qualité.
Nous sommes à une étape délicate du PTP. Nous semblons attendre que les Américains ratifient le traité avant d'emboîter le pas. S'agit-il de la bonne décision, ou devrions-nous ouvrir la marche sans attendre le prochain président? Ni les démocrates ni les républicains ne semblent en faveur de ce traité. Devrions-nous donner l'exemple en allant de l'avant?
Christine, je vais commencer par vous.
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Si vous me le permettez, j'aimerais intervenir à ce sujet. C'est une très bonne question et je partage les préoccupations qui viennent d'être exprimées.
Nous travaillons depuis déjà cinq ans à essayer de trouver les meilleures solutions qui devraient convenir aux pêcheurs, à ceux qui désirent quitter l'industrie et, surtout, à ceux qui désirent la rejoindre.
Il y a toujours un roulement assez important. C'est bizarre puisque, il y a quatre ou cinq ans, on était très préoccupés par le départ de nos pêcheurs, surtout de nos aides-pêcheurs. Ils sont allés dans l'Ouest refaire leur vie. Certains sont restés dans cette région pendant une dizaine d'années.
Présentement, à cause des chocs économiques, il y a un retour vers l'Atlantique. Il y a donc davantage d'intérêt pour la relève dans les pêches, mais on ne dépend pas de ces bonnes nouvelles, qui sont très sporadiques. Elles arrivent de cette façon selon la conjoncture économique. On travaille très fort pour trouver des solutions permettant aux familles de conserver les permis mais aussi, d'abord et avant tout, de respecter et de faire attention à la politique des pêcheurs propriétaires et de la séparation des flottilles de l'Atlantique. Cette politique est extrêmement importante et cruciale pour nos pêcheurs.
Il y a la politique du propriétaire-opérateur et celle de la séparation de la flottille. Cela semble être des termes très compliqués, mais en fait, le terme « propriétaire-opérateur » veut dire que le pêcheur est propriétaire de son entreprise. Évidemment, des membres de sa famille peuvent travailler dans l'entreprise, mais il en est le propriétaire. Son nom est sur le bateau et c'est lui qui l'opère. Cela demeure une propriété et c'est très près de nos communautés. Il y a aussi un avantage pour ces communautés, car plusieurs pêcheurs y vivent, y habitent et y font leurs dépenses, qu'elles soient liées à la pêche ou à d'autres choses. Ils occupent nos territoires qui, autrement, auraient très peu d'activités économiques. C'est donc extrêmement important.
La séparation de la flottille signifie que ce n'est que le secteur de la capture, donc les pêcheurs eux-mêmes qui peuvent détenir ces permis. Une société, un dentiste à Toronto ou quelqu'un de l'extérieur qui n'a pas vraiment de lien direct avec la pêche ne peut pas détenir un privilège de pêche. Un droit de pêche, cela n'existe pas; c'est un privilège de pêche. Il ne faut pas oublier que l'industrie de la pêche n'est pas comme d'autres industries qui existent au Canada. C'est une industrie où les gens sont propriétaires et où il y a des intérêts communs.
Selon la loi, tous les Canadiens ont le droit de recevoir des bénéfices de ces pêches. C'est pour cela que c'est un partage de cette propriété commune. La pêche n'est pas une propriété privée.
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Je vais faire un bref commentaire.
Le fait qu'on ait subventionné fortement des énormes flottilles est une préoccupation à travers le monde. J'ai moi-même été témoin de cela dans certaines régions européennes où il y a des flottilles composées d'énormes navires qui ressemblaient presque à des navires de guerre.
Évidemment, cela a selon nous des conséquences néfastes sur l'environnement et sur la conservation des espèces à travers le monde. Si on trace un très gros portrait de la situation, on constate qu'il est difficile de maintenir et de conserver plusieurs de nos espèces de façon durable.
À mon avis, ces situations suscitent des réflexions dans des pays qui ont abusé ou qui abusent actuellement du système. Ces pays essaient d'aller un peu trop vers le « bigger is better ». Cela incite aussi à la réflexion. On se demande si ces stratégies ont réellement fonctionné. Fait-on face aux mêmes problèmes avec un petit nombre de flottilles composées d'énormes navires qu'avec ce qu'on avait il y a une cinquantaine d'années ou une génération passée, où il y avait beaucoup plus de petits navires et où beaucoup plus de gens profitaient des bénéfices? De plus, ces bénéfices restaient à l'intérieur des pays et étaient partagés entre beaucoup plus de personnes.
L'Écosse est justement en train de réfléchir à la possibilité de revenir à des flottilles composée d'un plus grand nombre de bateaux ayant de moins gros moyens, afin de mieux partager les bénéfices du monde de la pêche.
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Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, madame Penney. Bienvenue à vous aussi, Christian. C'est une discussion fascinante.
Dans ma circonscription, il y a le plus grand port de pêche d'eau douce dans le monde; il s'agit de Wheatley. Mais je dois admettre que j'en ai beaucoup à apprendre sur l'industrie de la pêche. Je me réjouis à l'avance du voyage que nous allons effectuer dans l'Est.
Monsieur Brun, votre passion est quelque peu différente de ce à quoi nous sommes habitués. Je suppose que votre syndicat est plus préoccupé par la propriété privée, c'est-à-dire des gens qui ont des bateaux et ce sont eux qui composent ce syndicat. Je partage certaines de vos préoccupations. Je n'en connais pas suffisamment sur l'industrie pour prendre une décision éclairée ou prendre position, mais je suis certainement prêt à écouter. Et je comprends votre point de vue.
Ce matin, nous parlons du PTP. Ce que nous voulons vraiment entendre, comme on dit, c'est « Vous êtes pour ou vous êtes contre ». Je vous demande donc, monsieur Brun, quelle est votre position sur le PTP? Êtes-vous pour ou êtes-vous contre?
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Bonjour tout le monde. Je m'appelle Christina Burridge. Je suis la directrice exécutive de la B.C. Seafood Alliance. L'alliance est un organisme-cadre dont les 17 membres représentent environ 90 % des fruits de mer sauvages récoltés sur la côte Ouest du Canada, et cela représente environ 850 millions de dollars annuellement.
Nous collaborons étroitement avec la Seafood Producers Association de la Colombie-Britannique. Ils représentent les grands transformateurs de fruits de mer sauvages, et nos deux associations collaborent étroitement. Nos positions s'harmonisent presque toujours, et c'est certainement le cas en matière de politiques commerciales.
Il y a trois choses que l'on attend du gouvernement: un accès garanti à la ressource, un cadre réglementaire moderne et stable et l'accès au marché. Voilà les trois choses que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes.
Presque toutes les importations de fruits de mer qui arrivent au Canada sont en franchise de douanes, et notre objectif est que nos partenaires commerciaux nous offrent le même accès. La Colombie-Britannique exporte environ 1 milliard de dollars annuellement de fruits de mer sauvages et d'élevage; environ deux tiers vont aux États-Unis, et un tiers vers l'Asie. L'accès aux États-Unis se fait déjà en franchise de douanes en vertu de l'ALENA. Presque toutes les exportations vers l'Asie, environ 337 millions de dollars, sont constituées de fruits de mer sauvages tels que les crevettes, le crabe, la morue charbonnière, le saumon, la panope, les oursins et les concombres de mer. Il s'agit d'environ 179 millions de dollars vers la Chine; 108 millions de dollars vers le Japon; 31 millions de dollars vers Hong Kong; et environ 19 millions de dollars vers le Vietnam.
Le Japon et le Vietnam représentent les victoires immédiates pour nous dans le Partenariat transpacifique, mais comme beaucoup d'autres, nous espérons que la Chine s'y joigne éventuellement. Les tarifs sur les produits de la mer au Japon varient de 2,5 à 10,5 %, et presque toutes les importations vers le Vietnam font l'objet d'un tarif de 20 %. Notre plus proche compétiteur est l'Alaska, qui produit les mêmes espèces dans les mêmes formats et les vend aux mêmes marchés, mais à l'avantage de produire un volume 10 fois plus grand que nous.
Nous avons vu directement les gains faits par les exportateurs de fruits de mer de l'Alaska lorsque l'ALE KORUS avec la Corée est entré en vigueur en 2012, trois ans avant l'entrée en vigueur de l'accord Canada-Corée. Ces exportateurs ont profité d'un avantage commercial grâce à des tarifs plus bas qu'il nous a été difficile d'égaler.
Ce serait catastrophique pour nous si les États-Unis ratifiaient le PTP, mais pas le Canada; cela rendrait immédiatement nos produits non concurrentiels au Japon et au Vietnam, et nous ne pourrions pas créer de nouveaux marchés dans la région du PTP, comme en Malaisie, au Brunei ou au Pérou.
En plus des avantages tarifaires du PTP, nous croyons fermement que la codification des règles aidera les exportateurs canadiens à composer avec les barrières non tarifaires, comme celles des enjeux phytosanitaires. Des règles uniformes appliquées uniformément profitent à tous les exportateurs.
Nous appuyons le PTP, parce que l'accès à des consommateurs prospères, et de plus en plus prospères, dans la région du Pacifique est la meilleure façon de faire augmenter la valeur d'une ressource limitée. L'accès signifie, premièrement, plus d'argent dans l'économie canadienne, et des emplois et des revenus pour les familles et les collectivités tout le long de la côte. C'est le moteur de notre secteur.
Merci de m'avoir donné l'occasion de faire cette brève déclaration.
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Merci. Bonjour et merci de m'avoir invité à comparaître devant vous ce matin.
Brièvement, l'ASP est l'association professionnelle qui représente les transformateurs des produits de la mer de la province. Les membres produisent la vaste majorité de la production totale, qui se chiffre à environ 1 milliard de dollars, quoique cela varie d'une année à l'autre.
Comme vous le savez bien, l'industrie des produits de la mer dépend du commerce international. À ce jour, j'ai comparu devant trois comités parlementaires dont deux fois, soit 66 %, devant le Comité du commerce et non pas, comme on a pu le croire, devant le Comité des pêches et des océans. Il est utile de comparaître devant le Comité des pêches pour parler de l'octroi de permis et d'allocations, mais il est vraiment très approprié pour nous de participer à une réunion du Comité du commerce, parce que nous sommes un secteur commercial.
Il y a quelques années, à titre d'exemple, je suis allé à Boston et j'ai été impressionné de voir la délégation de l'Île-du-Prince-Édouard, qui comprenait un certain nombre de ministres. J'ai serré la main à l'un d'eux et lui ai dit: « Vous devez être le ministre des Pêches », il m'a répondu: « Non, je suis le ministre des Affaires et je suis l'hôte de la réception, car la pêche est un secteur commercial. Nous ne sommes pas ici pour parler de permis ou d'allocations. Nous sommes ici pour vendre et pour faire des affaires. » J'ai trouvé cela tout à fait raisonnable.
Cette année, à Boston, nous étions représentés par notre ministre des Pêches et notre premier ministre provincial, ce que nous avons vraiment apprécié.
Comme je le disais, nous dépendons du commerce international. Même si les Canadiens doublaient, triplaient ou même quadruplaient leur consommation de produits de la mer — ce qui serait très bien —, ils n'arriveraient pas à manger tout ce que nous produisons. Nous devons vendre à l'étranger. Nous sommes heureux de vendre nos produits au Canada, dans nos provinces respectives et ailleurs au pays, mais le fait est que 80 à 90 % de la production de Terre-Neuve-et-Labrador, et, je pense, 76 % de la production canadienne, est vendue sur les marchés internationaux. Cela a toujours été ainsi et le sera toujours. C'est d'ailleurs la raison qui a attiré les premiers colons — lorsque la morue, dans notre cas, approvisionnait le marché européen. C'est assez remarquable. Nous avons des centaines d'années d'expérience dans le commerce, et ce sera toujours ainsi.
Donc, puisque nous devons vendre — et c'est pour cette raison que j'appuie le PTP — nous voulons simplement nous assurer que les règles du jeu sont équitables pour tous, que nos produits sont vendus et distribués sur des marchés qui n'appliquent pas de droits défavorables ou punitifs ni d'autres obstacles non commerciaux, comme ceux que Christina vient de mentionner.
Nous vendons un excellent produit. Cela, nous le savons. Je dis souvent aux gens que c'est la dernière protéine sauvage. Mis à part la chasse sportive, c'est la dernière protéine sauvage au monde, et cela souligne l'importance de bien gérer les pêches pour qu'elles soient durables, et, à cet égard, nous apprécions l'aide du gouvernement par l'entremise du MPO.
Nous savons également que la demande est très forte pour les produits de la mer, qu'ils soient sauvages ou de culture. Mes membres pratiquent surtout la pêche en mer, plutôt que l'aquaculture, et cela a de nombreuses conséquences, mais nous savons que la demande est très élevée et nous savons que notre produit est excellent.
Plus précisément, pour ce qui est du PTP et de la raison pour laquelle nous pensons que c'est un bon accord pour les produits de la mer et notre industrie, et pour laquelle notre association professionnelle l'appuie, permettez-moi de vous donner quelques exemples rapidement.
Premièrement, nous exportons la plupart de nos produits, comme je le disais il y a un instant. Nous allons toujours exporter et nous voulons pouvoir le faire dans de bonnes conditions.
Deuxièmement, les pays du PTP représentent une proportion importante et croissante des principaux marchés mondiaux des produits de la mer, à la fois des marchés établis et de nouveaux débouchés qui se développent.
Troisièmement, les pays représentés au PTP imposent sur les produits de la mer des tarifs assez élevés. Ils peuvent atteindre 34 %. C'est beaucoup. Prenez n'importe quelle petite, moyenne ou grande entreprise, et imaginez les marges dont elle a besoin pour être rentable; or, ce genre de tarifs empêchent le consommateur d'avoir accès à un poisson de qualité, ils restreignent l'accès au marché et limitent les endroits où nous pouvons vendre.
Cela m'amène à ma quatrième raison. L'effet de la réduction des tarifs ne se limite pas à ce qui se passe sur les marchés visés, en l'occurrence ceux du PTP. Lorsque les tarifs changent dans un marché donné, ou plusieurs marchés, comme c'est le cas pour cet accord, cela peut modifier le flux des échanges commerciaux qui ne sont pas parties à l'accord, et cela peut également procurer certains avantages.
J'ai déjà fait valoir cet argument au sujet de l'AECG. À titre d'exemple, nous vendons en moyenne 70 % de notre crabe des neiges aux États-Unis et 30 % au Japon. Dans le cadre de l'AECG, le tarif de 8 % sur le crabe des neiges sera éliminé sur ce marché, et ce marché s'ouvrira à notre crabe des neiges. La question n'est pas simplement de savoir quelle sera l'augmentation de nos ventes de produits en Europe, mais également — écoutez bien — de quelle manière cette nouvelle dynamique créée par les débouchés en Europe vont modifier nos rendements aux États-Unis et au Japon.
En théorie, je pense que nous allons vendre du crabe des neiges en Europe; en théorie toujours, nous pourrions ne pas vendre une autre livre de crabe des neiges là-bas. Mais le rendement sur les autres marchés pourrait quand même augmenter, puisque nous aurons ce potentiel.
C'est comme cela que ça fonctionne. Je pense que cela s'applique également au PTP. C'est pourquoi nous sommes en faveur d'accords commerciaux qui éliminent ou réduisent les tarifs, et c'est pourquoi nous avons également appuyé l'AECG.
En terminant, nous appuyons l'AECG, nous sommes en faveur de l'élimination des tarifs sur les produits de la mer et nous souhaitons que les règles du jeu soient plus équitables pour la vente de nos produits, car nous sommes une industrie commerçante.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui et je serai heureux de répondre à vos questions.