Merci d'être venus.
Comme nos témoins le savent, le Comité a fait une assez importante tournée pancanadienne et une étude très approfondie sur le Partenariat transpacifique initial. Nous avons accueilli beaucoup de témoins, et nous avons entendu beaucoup de commentaires d'intervenants, de membres de la collectivité et de citoyens canadiens.
Bien sûr, il y a un nouvel accord potentiel, le PTPGP. Ce qu'a demandé notre Comité — et nous sommes heureux que vous soyez venus — c'est un aperçu des différences entre les deux ententes.
Nous n'avons pas fixé de délai.
Monsieur Christie, vous êtes le principal témoin. La parole est à vous, peu importe la façon dont vous voulez procéder. Lorsque vous aurez terminé, nous passerons à un dialogue entre les députés et je vous demande de ne pas hésiter à intervenir à ce moment-là. Nous n'allons pas être trop stricts en ce qui concerne l'horaire aujourd'hui. Nous voulons surtout nous assurer que l'information passe de part et d'autre.
Excusez-moi, quelqu'un voit-il les conservateurs?
Monsieur Christie, je vais devoir attendre leur arrivée quelques minutes, car ils aimeraient entendre votre exposé.
Par ailleurs, les membres du Comité savent qu'il n'y aura pas de réunion jeudi.
Les préparatifs de notre voyage à Washington vont bon train. Il y a pas mal de personnes à rencontrer. Le Ways and Means Committee n'a pas encore tout confirmé, mais nous avons une belle brochette de personnes à rencontrer.
Je suppose que tout le monde a réservé son billet d'avion.
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Merci, monsieur le président.
J'ai une déclaration préparée à vous présenter pour lancer notre discussion.
Je tiens à commencer par vous remercier de l'invitation à comparaître aujourd'hui devant le Comité pour faire le point sur l'accord commercial récemment signé, l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste, aussi appelé PTPGP.
Je suis le sous-ministre adjoint associé de la Division des négociations et des politiques commerciales à Affaires mondiales Canada. J'ai aussi été négociateur en chef pour le Canada dans le cadre de négociations du PTPGP, mais pas dans le cadre des négociations sur le Partenariat transpacifique initial. Comme vous vous en souviendrez peut-être, je vous ai rencontré plus tôt cette année lorsque le a comparu devant le Comité pour discuter de l'accord. Je suis bien sûr ravi d'être à nouveau parmi vous.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi de vous présenter les collègues qui se joignent à moi aujourd'hui. Ces collègues sont responsables des négociations liées à certains aspects clés du PTPGP. Kendal Hembroff est la directrice des négociations et des politiques commerciales de la Division Asie d'Affaires mondiales Canada. Il y a ensuite Pierre Bouchard, directeur des Affaires bilatérales et régionales du travail d'Emploi et Développement social Canada, Garth Ehrhardt, directeur adjoint responsable des douanes et de l'accès aux marchés des marchandises d'Affaires mondiales, Julie Boisvert, directrice adjointe de la politique commerciale sur l'investissement, elle aussi pour Affaires mondiales Canada, et David Norris, l'un de nos agents de politique commerciale principaux de la division des droits de propriété intellectuelle d'Affaires mondiales Canada.
En guise de mise en contexte, permettez-moi de vous tracer un bref aperçu du PTPGP, de même que des principales différences entre cet accord et le PTP initial. Le PTPGP est un nouveau traité international, distinct du PTP. Les discussions quant à la possibilité d'un nouvel accord ont commencé peu après l'annonce du président Trump voulant que les États-Unis n'avaient pas l'intention de ratifier l'accord. Cette annonce a été faite en janvier 2017.
En tant qu'étape suivante, le Chili a tenu une rencontre de haut niveau la même année pour entamer des discussions quant aux possibles plans futurs relativement au PTP, une fois que les États-Unis se seraient retirés. Le Canada a ensuite tenu la première rencontre de hauts fonctionnaires en mai de la même année, à Toronto, une réunion qui a permis de réunir des représentants principaux de tous les pays pour déterminer s'il était possible d'aller de l'avant.
Puis, plus tard le même mois, toujours en mai, en marge d'une réunion des ministres du Commerce sous l'égide de la perte, ces ministres, justement, nous ont demandé à nous, les représentants, d'évaluer les options visant la conclusion d'un accord auquel les États-Unis ne participeraient pas. À la suite d'un certain nombre de séances de négociation de hauts fonctionnaires, y compris celles qui ont mené à un accord sur les principaux éléments du PTPGP, en novembre 2017, un nouvel accord a été conclu le 23 janvier de cette année, à Tokyo.
Le nouvel accord porte sur quasiment tous les aspects du commerce entre les parties. Il tient compte d'un ensemble d'enjeux, dans le but ultime de faciliter les échanges commerciaux dans la région. Le PTPGP réunit un marché comptant 495 millions de personnes et représentant 13,5 % du PIB mondial.
[Français]
Depuis le 4 novembre 2015, le gouvernement du Canada a entrepris des consultations exhaustives sur le PTP.
L'automne dernier, le gouvernement a repris ces consultations dans le but d'obtenir l'opinion des Canadiens sur un nouvel accord potentiel avec les membres restants du PTP.
Au cours de ces consultations, nous avons appris que la communauté des entreprises canadiennes voit le PTP, et maintenant le PTPGP, comme l'occasion importante qu'a le Canada de diversifier son commerce et d'étendre l'accès aux exportateurs et aux investisseurs canadiens aux marchés d'Asie-Pacifique.
Par ailleurs, les Canadiens ont montré quelques inquiétudes en lien avec certaines dispositions portant sur la propriété intellectuelle, le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, la culture, l'industrie automobile, ainsi que la gestion de l'offre.
La rétroaction reçue par le gouvernement au cours de ces consultations a formé la base de l'approche du Canada dans les négociations du PTPGP, au cours desquelles nous avons obtenu d'excellents résultats pour les Canadiens en réponse à plusieurs de leurs inquiétudes.
[Traduction]
Le PTPGP incorpore par renvoi les dispositions du PTP, à l'exception d'un nombre limité de dispositions opérationnelles. Le PTPGP suspend aussi 22 dispositions contenues dans le PTP: les parties du PTPGP se sont entendues pour ne pas les mettre en oeuvre dans l'accord. Cela signifie que, à l'exception de ces suspensions, le PTPGP compte la totalité des engagements et des règlements d'accès aux marchés du PTP initial.
Comme vous l'aurez vu dans la liste de 22 dispositions suspendues, elles concernent principalement la propriété intellectuelle et le mécanisme de règlement des différends entre investisseur et États, ce qui prend en considération plusieurs des inquiétudes des Canadiens relativement au PTP, des préoccupations qui avaient été soulevées durant notre processus de consultation. Ces 22 dispositions seront suspendues indéfiniment et ne seront mises en oeuvre qu'au moyen d'un consensus entre les parties.
Le PTPGP inclut aussi un certain nombre d'instruments connexes, dont certains sont nouveaux, et dont certains figuraient dans l'accord initial. Par exemple, le Canada a obtenu des lettres d'accompagnement exécutoires sur la culture des autres pays du PTPGP. Ces lettres préservent la flexibilité du Canada quant à l'adoption et au maintien de programmes et de politiques appuyant la création, la distribution et le développement d'expression ou de contenu artistique canadien, y compris dans un environnement numérique. Cette mesure dissipe l'une des préoccupations principales exprimées par les intervenants au sujet du PTP.
Le Canada a aussi obtenu des lettres d'accompagnement exécutoires avec l'Australie et la Malaisie sur l'industrie automobile afin de s'assurer que les constructeurs de véhicules canadiens puissent exporter leur production aux tarifs préférentiels prévus dans le PTPGP. De plus, le Canada a obtenu un accord exécutoire avec le Japon qui inclut des engagements importants quant aux normes et règlements portant sur l'automobile. Cette entente parallèle avec le Japon pourra être appliquée par l'intermédiaire d'un processus de règlement des différends en vertu du droit international.
Monsieur le président, vu l'absence des États-Unis du PTPGP, une différence majeure entre les deux accords concerne les avantages escomptés. Selon les modèles économiques préparés par le Bureau de l'économiste en chef d'Affaires mondiales Canada, le PTPGP devrait entraîner une augmentation du PIB du Canada de 4,2 milliards de dollars d'ici 2040, soit plus que les 3,4 milliards de dollars de gains prévus dans le cadre du PTP auquel étaient partie les États-Unis, notamment en raison d'un meilleur accès pour les entreprises et les producteurs canadiens aux principaux pays du PTPGP, comme le Japon, en l'absence de concurrence américaine.
En ce qui concerne les prochaines étapes, les parties du PTPGP sont actuellement en train de mettre en oeuvre et de ratifier leurs procédures nationales. L'accord entrera en vigueur 60 jours après l'avis présenté à six pays au dépositaire du PTPGP, la Nouvelle-Zélande, précisant que leurs procédures nationales sont terminées. Le Canada travaille rapidement pour mettre en oeuvre et ratifier ses propres procédures intérieures, y compris la rédaction de la loi de mise en oeuvre qui sera déposée une fois le projet de loi terminé.
En conclusion, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, comme le l'a souvent dit, le commerce se fait au fil des décennies, et c'est la raison pour laquelle il est important de mener correctement les accords commerciaux. Le PTPGP est un accord important pour le Canada et il nous apportera des avantages considérables à long terme.
Merci beaucoup. Voilà qui conclut ma déclaration préliminaire.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions et vos commentaires.
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Dans l'accord initial, nous aurions pu respecter la règle d'origine de 45 % de la valeur d'une automobile, vu qu'un nombre important de pièces provenant des États-Unis auraient été comptabilisées dans les véhicules fabriqués au Canada. En l'absence des États-Unis, il n'aurait pas été possible de respecter le seuil de 45 % dans tous les cas.
Nous avons examiné les pays avec lesquels nous avions déjà un accord de libre-échange et, par conséquent, un accès en franchise de droits. Puis, il y avait trois autres pays, y compris le Japon, qui avaient un tarif de la nation la plus favorisée de zéro. Mis à part ces pays, il y en avait trois qui imposaient des tarifs prohibitifs: l'Australie, la Malaisie et le Vietnam.
Les lettres d'accompagnement que nous avons pu négocier et signer avec l'Australie et la Malaisie nous permettent essentiellement de respecter des règles d'origine plus libérales, étant donné que nous n'aurions pas pu respecter le seuil de 45 % pour vendre des véhicules en franchise de droits dans leurs marchés. Dans le cas de la Malaisie, il y a un tarif de 30 % sur les automobiles. En Australie, le tarif est beaucoup plus bas.
Même si, à l'heure actuelle, il ne s'agit pas là de marchés d'exportation clés pour les fabricants canadiens de véhicules, nous voulions nous assurer que les règles du jeu soient équitables et que nos fabricants aient accès à ces marchés en franchise de droit.
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Merci d'être là aujourd'hui.
J'aimerais poursuivre sur ce qui a été dit au sujet de la lettre d'accompagnement et, plus particulièrement, sur le secteur de l'automobile. Personne ici n'est surpris d'apprendre que l'industrie automobile est très mécontente de cet accord, à part, je dirais, l'industrie automobile japonaise. L'ACCV, les trois Grands de Détroit, l'AFPA et Unifor ont parlé ouvertement des risques et des pertes. Je viens de l'Ontario, de la capitale de l'automobile du Canada, à Windsor-Essex, et c'est donc très préoccupant pour nous que cet accord ait maintenant été signé.
Lorsque vous parlez du secteur manufacturier, dans l'analyse initiale qui a été faite par AMC, on reconnaissait que l'accord nuirait à ce secteur. Puis, lorsqu'on regarde ce qui s'est par la suite passé dans le PTPGP relativement au Japon, je pense qu'il faut souligner que, pour chaque véhicule que le Canada exporte au Japon, le Japon en exporte 900 au Canada. Le Japon est l'un des marchés les plus prohibitifs au monde pour nous. Ces groupes ont dit que les lettres d'accompagnement que vous venez de mentionner avec la Malaisie et l'Australie sont insignifiantes dans ce contexte plus général.
Ma question, aujourd'hui, porte en fait sur le secteur manufacturier. Comment en sommes-nous arrivés à ces dispositions affaiblies? Pourquoi n'avons-nous pas passé plus de temps à la table de négociation afin d'obtenir une meilleure entente pour le secteur manufacturier?
J'ai remarqué avec intérêt que, selon vos modèles économiques, lorsque les Américains étaient de la partie, le bénéfice pour le Canada s'élevait à 3,4 milliards de dollars, mais une fois les Américains sortis du tableau, on parle plutôt de 4,2 milliards de dollars. On dirait, toujours selon votre modélisation, que, en ce qui concerne cet accord précis, il y aura en fait un avantage supplémentaire de 800 millions de dollars pour le Canada, qui, nous en conviendrons tous, j'en suis sûr, est une bonne chose.
J'aimerais en savoir un peu plus sur les secteurs de l'automobile et de la fabrication. Je viens d'Oshawa, où General Motors est un gros employeur. Je me demandais, en comparant l'accord initial et le nouvel accord — et je suis sûr que vous avez réalisé une analyse des coûts et des avantages — si vous avez fait des modèles liés aux pertes d'emploi. Y aura-t-il des augmentations ou des diminutions? En quoi se comparent les modélisations de l'ancien accord et du nouveau en ce qui a trait aux pertes d'emploi? Et est-ce le genre d'analyse que vous avez réalisée?
L'analyse de l'incidence économique révèle qu'il y aura 4,2 milliards de dollars de gain en 22 ans, d'ici 2030; 4,2 milliards de dollars, ironiquement, c'est le montant du PIB que le Canada génère chaque jour. On parle d'une journée d'augmentation en 22 ans. Je trouvais intéressant de le dire pour le compte rendu.
La deuxième chose dont je voulais parler, c'est l'élément progressiste. Nous savons que le préambule n'a pas force exécutoire, et ce, peu importe les éléments progressistes qu'on y inclut. Lorsqu'il est question de l'environnement, on n'utilise même pas les mots « changement climatique » dans l'accord. Je ne sais pas si on peut dire que c'est progressiste, pour être honnête, vu nos engagements dans l'Accord de Paris et ce que nous devons faire.
Nous avons accepté de maintenir le texte initial sur la main-d'oeuvre, un texte qui était fondé sur le modèle américain, un modèle qui s'est révélé inefficace devant les tribunaux commerciaux.
Le Canada savait que ce texte était inutile, mais nous ne l'avons pas changé. Pourquoi n'avons-nous pas tenté de le changer et comment diable pouvons-nous dire que l'accord est progressiste?