:
Bonjour à tous. Je tiens aussi à souhaiter la bienvenue au Comité du commerce à tous les députés qui nous rendent visite.
La réunion d'aujourd'hui est très importante. Nous en avons déjà discuté. La réunion concerne les difficiles problèmes commerciaux auxquels est confrontée notre industrie du canola. C'est une industrie très importante. Le canola est une culture qui a été mise au point au Canada et qui crée plus de 250 000 emplois, verse 11 milliards de dollars en salaires et génère des ventes de près de 30 milliards de dollars.
Avant de commencer, je tiens à informer le Comité que les choses fonctionnent assez bien, aux yeux de nos whips, relativement à notre voyage très important aux États-Unis sur lequel nous travaillons actuellement avec le comité des voies et moyens. Il semble possible que nous y allions du 8 au 10. Je tiens simplement à dire aux membres des partis qu'ils devraient fournir les noms des voyageurs qui les accompagnent. Actuellement, les choses s'annoncent bien, et ce pourrait être une réunion très importante.
Sans plus tarder, nous allons commencer tout de suite notre réunion. La réunion est bien remplie aujourd'hui. Il faudra avoir fini à 17 h 30 pile, parce qu'il y a des votes.
:
Merci, monsieur le président et merci chers collègues. Je vous remercie de l'invitation de comparaître devant le Comité.
Je crois depuis longtemps que les comités parlementaires forment le cœur de notre démocratie. C'est là où nous sommes tenus responsables de nos actes. C'est là où nous avons des débats enflammés sur les politiques publiques, et notre vision des choses et nos points de vue sont parfois opposés. Les réunions sont ouvertes au public, et on y tient les genres de discussion qui rendent notre démocratie aussi dynamique.
Je suis heureux d'être ici pour parler d'un enjeu très important, particulièrement pour moi, en tant que Manitobain, parce que je sais à quel point nos industries agricole et agroalimentaire sont importantes. Je sais à quel point les marchés d'exportation sont cruciaux pour le mieux-être des Canadiens de l'Ouest. Je sais que ces industries sont des créateurs de richesse pour l'économie des Prairies et, en fait, l'économie nationale.
Je sais aussi, comme tous les membres du Comité d'ailleurs, que la Chine est un marché clé pour nos exportateurs de canola. Il y a une donnée qui me revient toujours à l'esprit. Si je devais vous demander en quelle année la famille Richardson a conclu son premier accord avec la Chine, que répondriez-vous? Vous ne répondriez probablement pas 1910. Depuis plus d'un siècle, nous, dans les Prairies, vendons du blé à la Chine. Depuis plus de 100 ans, les agriculteurs des Prairies cultivent et vendent des produits de la plus haute qualité à l'échelle internationale à des clients en Chine.
En tant qu'ancien chef de la direction du Business Council of Manitoba, je sais à quel point nos exportations agricoles sont cruciales à l'ensemble de l'économie, pas seulement dans les Prairies, mais dans tout le pays. Si nos agriculteurs souffrent, nous souffrons tous. Si nos agriculteurs ont du succès, nous en partageons tous les retombées.
En tant que ministre de la Diversification du commerce international, j'estime qu'il importe de maintenir notre relation commerciale avec la Chine. La Chine est le deuxième partenaire commercial en importance du Canada et représente un marché capital pour les exportateurs canadiens. En 2018, les échanges de marchandises entre le Canada et la Chine se sont élevés à 102,2 milliards de dollars. Les exportations canadiennes totales de produits agricoles et agroalimentaires, de poissons et de fruits de mer en Chine ont été évaluées à 10,5 milliards de dollars en 2018, comparativement à 8 milliards de dollars en 2017. C'est aussi beaucoup plus qu'il y a deux ans. Les exportations canadiennes totales vers la Chine de graines, d'huile et de tourteau de canola en 2018 ont été évaluées à 4,3 milliards de dollars, une augmentation comparativement aux 3,6 milliards de dollars de 2017 et aux 2,7 milliards de dollars de 2016.
Cependant, malgré l'ampleur et la force de nos liens bilatéraux, comme c'est le cas dans le cadre de toute relation diplomatique, notre relation avec la Chine n'est pas sans difficulté. C'est aussi vrai aujourd'hui que dans le passé, aussi vrai que ce l'était en 2009, la dernière fois que la Chine a eu maille à partir avec le Canada au sujet du canola.
Nous avons été extrêmement déçus de la décision de la Chine d'arrêter l'importation de canola canadien. La semaine dernière, le et moi avons rencontré des cadres de Richardson, à Winnipeg. La et moi avons aussi rencontré Viterra et le Conseil canadien du canola vendredi dernier, à Saskatoon. Fait important, au cours de ces journées, nous avons aussi rencontré nos homologues, les ministres de l'Agriculture et les ministres du Commerce du Manitoba et de la Saskatchewan, en plus de rencontrer le premier ministre de la Saskatchewan, ce qui montre bien que nous travaillons coude à coude avec l'industrie, les producteurs et nos homologues provinciaux.
Je tiens à remercier nos partenaires provinciaux de leur effort de collaboration et de leur soutien dans ce dossier très important. Nous sommes tous déterminés à régler le problème pour nos cultivateurs.
Chers collègues, ce n'est pas un enjeu partisan. Je vais vous dire ce que nous avons dit aux producteurs et à nos homologues. Notre gouvernement s'est saisi du dossier. Nous reconnaissons l'impact potentiel de la décision de la Chine et nous travaillons dur pour rétablir nos exportations vers la Chine et atténuer l'impact de sa décision sur notre secteur du canola et, par le fait même, sur l'économie dans son ensemble.
Hier, nous avons annoncé la formation d'un groupe de travail, qui inclut des représentants du Conseil canadien du canola, de la Canola Growers Association, de l'entreprise Richardson, de Viterra et, non seulement du gouvernement fédéral, mais aussi des gouvernements de l'Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan.
L'ACIA et nos fonctionnaires travaillent avec diligence auprès des Chinois pour réfuter les motifs de l'arrêt des importations canadiennes.
Pendant que ces efforts se poursuivent, nous cherchons d'autres marchés pour le canola canadien. J'ai passé beaucoup de temps au téléphone pour augmenter nos exportations de canola vers d'autres marchés. J'ai discuté avec mes homologues dans d'autres pays du monde entier pour accroître nos exportations de canola, et je continuerai de le faire.
Notre gouvernement est déterminé, comme vous le savez, à diversifier son commerce et à trouver de nouveaux marchés pour les exportateurs canadiens. Le nouveau PTPGP et le nouvel AECG créent d'importantes occasions d'exportation pour les Canadiens, le PTPGP, à lui seul, devant générer 780 millions de dollars de nouvelles exportations de canola.
Le Canada compte maintenant 14 accords commerciaux couvrant 1,5 milliard de consommateurs dans sa zone de libre-échange, avec un accès à un PIB combiné de près de 50 billions de dollars.
Chers collègues, nous sommes le seul pays du G7 à avoir un lien de libre-échange avec les six autres membres, ce qui met le Canada en position d'être un chef de file international et un carrefour d'investissement.
Notre gouvernement travaille avec diligence pour aider plus de Canadiens à exporter plus de marchandises dans plus d'endroits, créant ainsi des emplois et plus de richesse aux quatre coins du pays.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les membres du Comité de l'accent qu'ils mettent sur cet enjeu important et de nous avoir appelés ici aujourd'hui pour répondre à vos questions.
Il n'y a rien de plus canadien que le canola.
[Français]
C'est un emblème de la science et de l'innovation agricole au Canada; c'est aussi une réussite dont nous sommes très fiers.
[Traduction]
Le canola est une culture d'assolement stable pour bon nombre d'agriculteurs qui contribue à hauteur de près de 27 milliards de dollars par année à l'économie canadienne, et cette contribution a triplé au cours des 10 dernières années. Nos producteurs créent un produit de première qualité, et les données scientifiques et systèmes d'inspection qui soutiennent nos exportations sont de niveau mondial.
Notre gouvernement sait que l'accès à de solides marchés pour notre canola canadien de haute qualité signifie plus d'argent dans les poches de nos agriculteurs et de bons emplois pour les Canadiens de la classe moyenne.
[Français]
Comme vous le savez, la Chine a suspendu les permis d'exportation de semences de canola de deux entreprises canadiennes. Elle a également renforcé ses mesures d'inspection à l'égard de toutes nos semences de canola. Nous réaffirmons notre soutien aux producteurs et nous mettons tout en oeuvre, avec nos partenaires et les intervenants de l'industrie, pour régler ce dossier.
[Traduction]
Comme l'a mentionné le la semaine dernière, le Canada est prêt à envoyer une délégation technique de haut niveau en Chine.
J'ai récemment envoyé une lettre à mon homologue chinois pour demander l'envoi d'une délégation dirigée par la présidente de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui sera accompagnée de son équipe d'experts de la protection des végétaux et bénéficierait du soutien d'experts techniques des provinces des Prairies.
[Français]
Entretemps, les spécialistes des deux pays continuent d'échanger de l'information, et le dialogue se poursuit. À peine 10 jours après ma nomination au poste de ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, je me suis rendue en Alberta, au Manitoba et en Colombie-Britannique. Ici, à Ottawa, et dans l'Ouest, j'ai déjà rencontré des dizaines de représentants de l'industrie, des producteurs et des transformateurs.
[Traduction]
Vendredi dernier, avec le ministre Carr, nous étions à Saskatoon pour rencontrer nos homologues provinciaux et des dirigeants du milieu agricole.
Une solide collaboration et un dialogue continu entre l'industrie et les gouvernements sont d'une importance cruciale. C'est la raison pour laquelle nous avons créé un groupe de travail qui inclut le Conseil du canola, la Canola Growers Association, Richardson, Viterra et des représentants du gouvernement fédéral et des gouvernements de l'Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan.
[Français]
Le groupe de travail assurera une approche coordonnée et collaborative en vue de résoudre ce problème lié à l'accès au marché du canola en Chine. Le groupe étudiera aussi les possibilités quant à l'ouverture de nouveaux marchés à court et à long terme.
[Traduction]
De plus, nous savons que les producteurs canadiens de canola sont préoccupés par l'ensemencement, le stockage, les prix et les liquidités. Nous comprenons.
[Français]
Nous continuons d'explorer l'ensemble des outils actuels de gestion des risques et de soutien afin d'aider le plus possible l'industrie et nos fermiers.
[Traduction]
Monsieur le président, le Canada possède une industrie du canola de niveau mondial. Notre gouvernement continuera de travailler en collaboration avec ses partenaires et les intervenants pour trouver une solution fondée sur la science aux problèmes auxquels l'industrie est actuellement confrontée.
[Français]
Nous continuerons à soutenir fermement nos producteurs.
:
Malheureusement, j'ai seulement cinq minutes. Je ne veux pas être impoli, mais c'est urgent. L'ensemencement aura lieu dans la circonscription de John probablement au cours des deux prochaines semaines. Le 1
er mai, l'ensemencement sera commencé. C'est la raison pour laquelle j'ai vraiment souligné aux membres du Comité, lorsque nous avons demandé pour la première fois une réunion d'urgence il y a environ trois semaines, qu'il fallait faire les choses plus rapidement afin de leur fournir le plus de renseignements possible... afin qu'ils puissent prendre les meilleures décisions.
Je comprends maintenant le motif de la délégation technique. Je suis déçu que ce ne soit pas déjà en train de se faire. Selon moi, c'est quelque chose qui aurait dû être fait il y a deux ou trois semaines, et c'est quelque chose qui aurait déjà dû être rayé de la liste. Selon moi, nous avons fait tout ce que nous pouvions faire au Canada.
Monsieur Carr, je crois vous avoir vu dans les médias dire que l'ACIA avait examiné à nouveau les échantillons et qu'il n'y avait absolument rien qui cloche. Nous savons déjà que, au bout du compte, il sera déterminé qu'il n'y a aucun problème avec notre canola. C'est un produit sécuritaire. En fait, il y a autre chose. C'est un message politique.
Vous devez tout de même cocher cette case, et je comprends, mais, du même souffle, vous devez planifier des solutions de rechange. La réalité, c'est que si la case a été cochée et si nous avons dit que, effectivement, le canola est sécuritaire, et nous n'avons pas modifié nos processus, et que c'est en fait un enjeu politique, qu'êtes-vous prêts à faire?
:
Selon moi, ce que les agriculteurs disent, c'est qu'ils veulent savoir que, au moment des récoltes, à l'automne, vous aurez fait quelque chose et vous aurez mis en place quelque chose de tangible afin que les Chinois comprennent qu'il y a des conséquences au fait de mélanger politique et nourriture. C'est mauvais pour leur réputation, mais aussi cela mine nos moyens de subsistance.
Quel genre de chose avez-vous mis sur la liste? Lorsque vous parlez à vos homologues au sein du gouvernement chinois, vous leur dites qu'ils doivent savoir qu'il y aura des conséquences si ce n'est pas vraiment un problème lié à l'ACIA et si on constate au bout du compte que c'est un enjeu politique — et c'est ce que tout le monde croit —, alors il y aura des conséquences. Avez-vous examiné la liste et ce à quoi elle pourrait ressembler?
C'est similaire à ce que nous avons fait pour ce qui est de l'étiquetage du pays d'origine du côté des États-Unis, lorsque nous avons dit, d'accord, voici les contre-tarifs. Nous avons été très stratégiques, et nous avions un objectif vraiment unique à atteindre grâce à ces listes.
Je crois savoir, monsieur Verheul, que vous avez participé à la création de certaines de ces listes.
Est-ce quelque chose que vous avez fait à l'heure actuelle?
:
Nous avons signé des accords commerciaux. Nous avons signé un accord commercial avec l'Union européenne, et cela signifie qu'il y a maintenant 500 millions de consommateurs dans la zone de libre-échange du Canada. Nous avons signé l'ALENA n
o 2, faute d'un meilleur acronyme. En outre, ce qui est très important pour le canola en particulier, nous avons signé et ratifié le PTPGP.
Fait important, nous étions parmi les six premiers pays à le ratifier. Nous avons traité le dossier en un temps record à la Chambre des communes et devant le Sénat, et je tiens à prendre un moment pour remercier mes collègues conservateurs, en particulier , qui a beaucoup travaillé dans ce dossier. En raison de la coopération de l'opposition et du Sénat, nous avons pu ratifier le PTPGP avant la fin de l'année, ce qui signifie que nous avons eu deux réductions de tarif, une à la fin de décembre 2018, et l'autre au début de 2019. Cela signifie que nos producteurs ont été les premiers à tirer parti de ce marché. Nous savons que, durant le mois de janvier seulement, nos exportations dans les pays du PTPGP ont augmenté de 17 % comparativement à l'année précédente.
C'est le genre de diversification des marchés qui importe. Nous vendons maintenant du canola à 50 pays à l'échelle internationale, et nous continuons de redoubler d'efforts pour nous assurer que des pays autres que la Chine n'oublient pas que nous avons du canola de haute qualité à vendre et pour approfondir nos relations commerciales avec eux.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis heureux d'être ici.
Merci beaucoup, monsieur le ministre Carr et madame la ministre Bibeau, de comparaître aujourd'hui. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que nous avons là un produit de niveau mondial et que nous devrions en être très fiers. Je suis aussi vraiment d'accord avec l'approche d'Équipe Canada dont vous avez parlé dans votre déclaration préliminaire.
Je suis membre du comité permanent de l'agriculture. L'année dernière, nous avons parcouru le Canada. Nous avons entendu les agriculteurs râler au sujet des normes exigeantes de l'ACIA, mais, en même temps, ils comprenaient que ce sont ces normes qui nous permettent de nous élever au-dessus de la mêlée... Et que, lorsqu'on voit la feuille d'érable sur les produits agricoles, on sait qu'ils respectent des normes de classe mondiale. Nous avons testé à nouveau nos produits, et nous n'avons jamais eu de préoccupation phytosanitaire relativement à notre canola, alors nous savons que les allégations de nature scientifique formulées ne tiennent pas vraiment la route.
En présumant qu'il s'agit en fait d'un problème de nature politique et que — je le dis de façon hypothétique — c'est lié à la situation de Huawei et d'autres problèmes associés à notre relation bilatérale, lorsqu'on regarde les antécédents peu reluisants de la Chine en matière de respect des règles de l'OMC, de quelle façon pouvons-nous nous assurer que, si nous réglons cette crise précise, monsieur le ministre Carr, nous aurons tous les outils en place pour aller de l'avant et nous assurer que ça ne se reproduira plus? Qu'est-ce que le gouvernement du Canada amènera à la table de négociations afin que nos producteurs agricoles ne se retrouvent pas, dans une année ou deux ou peut-être même dans cinq ans, exactement dans la même situation? Nous savons que nos agriculteurs sont très préoccupés actuellement.
:
Je suis heureux que la question ait été posée, parce qu'elle va droit au coeur de l'angoisse que de nombreux pays du monde ressentent à l'heure actuelle dans cet ordre commercial fondé sur des règles, c'est-à-dire que l'Organisation mondiale du commerce doit être réformée, et bientôt, parce que les Américains n'ont pas nommé de juges de la cour d'appel et que tout le mécanisme de règlement des différends de l'OMC est en péril.
Le Canada a mené une initiative internationale pour réformer l'OMC qui englobe l'UE et les pays de chaque continent. Ce n'est pas facile. J'aime à dire que si vous invitez 164 de vos voisins dans votre cour un soir de juillet, que vous leur préparez un barbecue et que vous discutez de l'endroit où devrait se trouver la tour de téléphonie cellulaire, croyez-vous que vous parviendrez à un consensus entre les 164? Probablement pas, peu importe à quel point vos hamburgers sont bons.
Pour réformer l'OMC, vous devez obtenir le consensus entre 164 pays, donc par où commencez-vous? Vous commencez par ceux qui conviennent avec nous que la libéralisation du commerce et un ordre commercial fondé sur des règles sont dans l'intérêt du monde, comme ils le sont depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous faisons preuve d'un fort dynamisme pour rassembler les membres de ce groupe. La première réunion s'est tenue à Ottawa, et nous en avons tenu une deuxième en Europe, en janvier. Nous nous réunirons de nouveau à Paris en mai, puis au Japon en juin.
Nous croyons qu'un mouvement en faveur de la réforme de ces règles très importantes est en train de se créer. Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que si cette réforme fonctionne, au bout du compte, les Chinois et les Américains devront l'appuyer.
Je peux peut-être commencer par rappeler à tout le monde qui participe au groupe: le Conseil canadien du canola, la Canadian Canola Growers Association, les deux entreprises concernées, Richardson et Viterra, et évidemment, notre gouvernement fédéral, mais aussi nos homologues de l'Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan.
Je serai représentée par mon sous-ministre dans ce groupe. Je pourrais aussi les rencontrer. La première réunion téléphonique a été prévue pour ce jeudi.
Je dirais qu'ils ont trois objectifs. Le premier, c'est de s'assurer que nous collaborons et que nous échangeons des renseignements tout au long du processus; le deuxième, que nous travaillons sur d'autres marchés; et le troisième, que nous abordons, comme je l'ai dit plus tôt, et améliorons peut-être les différents programmes en place pour soutenir les agriculteurs dans cette situation particulière. Ce sont les principaux objectifs du groupe de travail.
:
La Chine est la deuxième économie du monde. Elle est de loin le plus grand importateur de canola canadien. Son marché croît rapidement et il continuera de le faire.
Je prends pas mal mes aises, en passant, pour rappeler cette date, en 1910, lorsque les Richardson ont signé leur premier contrat avec la Chine. C'était il y a longtemps. Je vais risquer le tout pour le tout et dire que nous ferons encore des affaires avec la Chine dans 100 ans.
C'est une période difficile pour les relations canado-chinoises. Nous avons des désaccords importants sur le traitement des citoyens canadiens en Chine qui, nous le croyons, ont été arrêtés de façon arbitraire. Il y a un problème avec le cas d'un ressortissant canadien dont la peine a été commuée en peine de mort. Nous parlons de ces enjeux.
On a posé plus tôt une question au sujet de la communauté internationale. Je ne crois pas que j'aie eu des discussions avec tous mes homologues à l'échelle internationale sans que ne soient soulevées les valeurs canadiennes à l'égard de notre relation avec la Chine. C'est notre responsabilité.
Comme nous croyons en un ordre commercial international mondial fondé sur des règles, nous avons des alliés. Ces alliés comprennent que c'est dans l'intérêt de leurs gens de savoir que, lorsque vous signez un accord, vous pouvez régler les différends par des moyens qui seront acceptés par les deux parties. C'est pourquoi nous travaillons d'arrache-pied à l'échelle internationale, pas seulement dans le but de dégager un consensus sur la façon de réformer l'OMC, mais aussi pour que le Canada forme des alliances avec ceux qui comprennent ce à quoi nous faisons maintenant face dans certaines de nos relations bilatérales.
Nous cheminons sur ces deux fronts.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les ministres d'être ici pour cet enjeu très important. Je peux vous dire que mes producteurs en Alberta sont préoccupés par cette question. On ne saurait trop insister sur l'urgence de la situation. Comme mon collègue l'a dit, ils seront nombreux à se diriger vers les champs au cours des prochaines semaines.
J'aimerais juste mentionner quelque chose à l'intention du ministre Carr. Je sais que vous avez dit que vous attendez que les Chinois se prononcent sur cette question et que c'est un problème scientifique. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine, Geng Shuang, a déjà dit, en réponse à la question de savoir si c'est lié à l'arrestation de Meng et à Huawei, que c'est une question raisonnable et bonne sur le plan scientifique et que « la partie canadienne devrait prendre des mesures concrètes pour corriger ses erreurs précédentes ». Ce sont ses mots. La Chine admet qu'il s'agit d'un enjeu politique. J'espère que le gouvernement s'en occupe, tout autant que de l'aspect scientifique. Nous devons comprendre la réalité à laquelle nous sommes exposés ici.
J'aimerais poser une question aux deux ministres — l'un ou l'autre peut y répondre. Au total, 23 millions d'acres de canola ont été plantés en 2018. Comme je l'ai dit, nos cultivateurs sont en ce moment même chez eux en train de prendre quelques décisions très difficiles. Doivent-ils planter du canola? Bon nombre d'entre eux ont dépensé des centaines de milliers de dollars pour leurs intrants. Ils ont acheté les semences ainsi que l'engrais.
Oui ou non? Ces producteurs devraient-ils planter du canola cette saison-ci ou devraient-ils envisager autre chose?
:
Madame la ministre, comme vous le savez, il y a un très grand nombre de circonscriptions et d'agriculteurs touchés. Vous pouvez voir combien de députés sont présents à la table ici aujourd'hui. Bon nombre d'entre eux n'ont pas l'occasion de prendre la parole, mais je les remercie d'être ici. Nous avons M. Kitchen de Souris—Moose Mountain, de la Saskatchewan; M. Maguire, de Brandon—Souris, du Manitoba; et M. Dreeshen, de Red Deer—Mountain View, de l'Alberta.
Je suis heureux de vous voir ici, messieurs.
Une voix: Il y en a d'autres aussi [(Inaudible].
Le président: Je sais, mais ils pourront poser des questions. Ces messieurs sont ici parce que la question les intéresse vivement, mais ils n'auront pas la chance de prendre la parole. C'est pourquoi j'ai tenu à les nommer.
Nous avons quelques personnes qui partagent leur temps. Lorsque des membres le font, ils devraient garder à l'esprit que leurs collègues doivent obtenir assez de temps pour poser leurs questions.
Nous passerons directement aux libéraux. M. Hébert est le premier et il partage son temps avec M. Peterson.
Allez-y, monsieur Hébert.
:
Merci, monsieur le président.
D'abord, je voudrais vous féliciter, madame la ministre. Je vous remercie de votre présence.
Mon collègue a dit que vous étiez la première femme à la tête de ce ministère, et en plus, vous venez du Québec. Je vous dis deux fois bravo.
Madame Bibeau, votre circonscription est située en milieu agricole et je suis certain que vous êtes en mesure de comprendre les besoins des agriculteurs. Vous savez de quoi il est question, quand on parle de l'industrie agricole. Mes questions iront dans ce sens.
De quelle façon l'industrie agricole participe-t-elle aux démarches que vous entreprenez? Comment gardez-vous informés de vos efforts les représentants de l'industrie?
:
Je travaille sur ce dossier depuis le jour deux de mon mandat de ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. J'ai des discussions avec des experts du ministère ou de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ainsi qu'avec mes homologues des provinces et les différentes associations qui représentent les producteurs de grains, plus particulièrement les producteurs de canola. Ces discussions ont commencé dès le début de mon mandat et elles se poursuivent sans relâche. Depuis le début, nous échangeons beaucoup d'information.
Je vous avoue qu'au début, quand les gens du ministère me parlaient de l'approche basée sur la science, je me suis demandé ce que les producteurs en pensaient. Je me suis aperçue que cette approche faisait vraiment l'unanimité. Tout le monde s'entend pour dire à quel point il est important de trouver une solution véritablement basée sur des données probantes. Nos produits agricoles sont de grande qualité et ont une excellente réputation, et nous devons préserver cette réputation. Il y a aussi notre système d'inspection des exportations, qui est exemplaire à l'échelle internationale. Il faut protéger ce système à tout prix.
Des représentants de la Chine nous disent avoir trouvé des irrégularités dans nos envois de canola et nous voulons savoir ce qu'ils ont trouvé. Nous avons fait des analyses avant ces envois et après, quand nous avons eu l'information sur les échantillons, et nous n'avons toujours rien trouvé.
Les experts doivent s'asseoir ensemble et discuter de cette question. En ce moment, des discussions ont lieu par téléphone et par vidéoconférence, mais, de mon côté, j'ai envoyé une lettre à mon homologue chinois pour qu'il accepte de recevoir une délégation de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, afin d'analyser plus avant la question.
C'est bien que l'ACIA soit présente parce que nous devons régler cette question avant de déterminer la nature exacte du problème. Je pense que tout le monde a tiré la conclusion suivante: on doit s'occuper de l'aspect scientifique du problème et l'éliminer ensuite de l'équation le plus rapidement possible afin de s'attaquer au coeur du problème. Si c'est de nature politique, alors il faut nous en occuper.
En réglant ces aspects, avons-nous changé nos processus d'examen à l'égard du canola? Pensez-vous qu'on aurait pu commettre une erreur dans le processus, ce qui aurait créé un problème avec ce que nous avons exporté en Chine?
Absolument pas. D'accord. Ce sera consigné au compte rendu.
Avez-vous vu quelque chose dans les échantillons, lorsque vous les avez réexaminés, qui vous a fait dire qu'il y avait un problème ou qui a soulevé des préoccupations qui seraient inhabituelles en comparaison d'autres exemples que vous avez eus dans d'autres entreprises?
:
Merci, monsieur le président.
Nous avons entendu aujourd'hui des témoignages de représentants de Viterra et de Richardson devant le comité de l'agriculture. Les représentants de Richardson, en particulier, ont souligné la très longue histoire commerciale de l'entreprise avec la Chine et la relation qu'elle entretient avec elle depuis plus de 100 ans. Les deux entreprises ont rappelé le fait que, en particulier avec le canola, il n'y a pas du tout de préoccupations phytosanitaires. Je sais que vous avez pleinement confiance dans nos méthodes et la façon dont nous procédons à des tests pour déterminer la présence de phytoravageurs dans nos conteneurs destinés à l'exportation. Je sais que vous apposez des certificats sur les conteneurs afin que le pays importateur puisse voir qu'ils ont été vérifiés avant de quitter les ports canadiens. Depuis tout ce temps, puisque nous avons commencé à faire le commerce du canola avec la Chine en 1994, celle-ci n'a éprouvé aucun problème. Elle a eu quelques préoccupations certaines années, mais, dans l'ensemble, tout s'est bien passé. D'autres pays ont confiance dans notre système et n'ont éprouvé aucun problème.
Lorsque vous dites que vous avez une équipe qui est prête et disposée à aller en Chine au pied levé, je crois comprendre que nous attendons des visas et l'invitation officielle de la Chine. Est-ce là où nous en sommes à l'heure actuelle? En général, combien de temps faut-il pour ce genre de choses? À quel moment devons-nous commencer à nous inquiéter qu'il s'agisse d'un délai déraisonnable?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais apporter une précision au sujet d'une question qu'a posée M. Fonseca au sujet des erreurs commises par le passé. L'extrait suivant vient d'une réponse qu'a donnée le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine, Geng Shuang, lorsqu'on lui a posé une question précise au sujet de Mme Meng. Sa déclaration intégrale était la suivante:
En ce qui concerne les relations entre la Chine et le Canada, nous espérons que le Canada pourra travailler avec nous afin de promouvoir l'élaboration solide et stable de relations bilatérales. Le Canada devrait adopter des mesures concrètes pour corriger ses erreurs du passé.
Il n'était pas question de l'aspect scientifique; cela portait sur la politique et les affaires étrangères. Je voulais simplement la lire afin qu'elle figure au compte rendu en réponse à la question qu'il a posée à cet égard.
Pour en revenir à ce que disait Mme Ludwig — et je sais, MM. Forsyth et Verheul, que vous êtes les mieux placés pour répondre à la question —, le ministre du Commerce a dit qu'il chercherait de nouveaux marchés dans le but d'y envoyer les graines de canola qui étaient destinées à la Chine.
Je crois comprendre qu'aucun pays n'a la capacité de trituration nécessaire pour possiblement remplacer la Chine au chapitre de la quantité de produit qui devait être exporté vers ce pays et traité là-bas. Est-ce exact, ou est-il possible que d'autres marchés fassent l'acquisition de ce qui se rapproche de plusieurs millions de tonnes de graines de canola?
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais lire quelques motions à ajouter au compte rendu. Nous nous en occuperons jeudi prochain et nous pourrions peut-être en discuter un peu maintenant.
Les deux premières seront abordées jeudi. Voici la première:
Que le Comité convoque des représentants d'associations et des producteurs de l’industrie à témoigner pour discuter des conséquences de la décision de la Chine de ne plus acheter de canola canadien.
La deuxième motion serait:
Que le Comité invite des représentants chinois, notamment l'ambassadeur, pour discuter de la relation entre le Canada et la Chine en ce qui concerne le canola.
La troisième motion, que nous devrions rapidement aborder si nous en avons le temps, est la suivante:
Que le Comité envoie une lettre demandant au Président de tenir un débat d'urgence sur le canola.
Nous devrions peut-être envisager de faire cela en tant que comité. Il s'agit de quelque chose de très important pour les agriculteurs. Nous constatons que le temps est compté. À mon avis, si cela provenait du Comité, le Président pourrait plus facilement prendre une décision pour aller de l'avant.