Bonjour. J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins et à tous ceux qui assistent à la réunion.
Il s'agit de notre deuxième réunion sur l'impact des tarifs sur les affaires, les entreprises et les travailleurs canadiens. Notre première réunion a été très productive. Nous avons entendu de bons témoins, nous avons eu une discussion intéressante et nous avons posé des questions pertinentes.
Aujourd'hui, nous accueillons les représentants de cinq ministères.
Bienvenue, mesdames et messieurs. Ce n'est probablement pas votre première comparution devant le Comité. Nous disons toujours que les exposés devraient durer au plus cinq minutes, mais s'ils sont plus courts, cela nous convient aussi, car cela permet d'avoir plus de temps pour discuter avec les députés.
Il semble que nous aurons le temps de participer à deux séries de questions aujourd'hui.
Si mes collègues sont prêts, nous pouvons commencer. Nous entendrons d'abord Mme Campbell, du ministère des Affaires étrangères.
:
Bonjour, monsieur le président.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité permanent du commerce international.
[Traduction]
Je suis ici pour vous parler du contexte général de la diversification des échanges commerciaux, et certainement de l'expérience du Canada à cet égard au cours des dernières décennies. J'ai également très hâte de répondre à vos questions.
Comme vous le savez, le Canada est une nation commerçante. Ce qu'il est important de savoir au sujet de nos exportations de marchandises, c'est que nous représentons 0,5 % du PIB mondial, mais que nous sommes responsables de plus de 2,5 % des exportations à l'échelle mondiale. C'est seulement pour les marchandises. Je suis également heureuse de l'augmentation que nous avons observée dans le commerce des services — et nous en parlerons peut-être pendant la période de questions — dans tous les secteurs, de l'ingénierie aux services financiers. C'est un élément important de notre diversification.
Nous savons que la participation aux marchés étrangers améliore la productivité — la productivité des entreprises qui échangent de la technologie, des talents et des produits, ainsi que la productivité du Canada. Heureusement, les circonstances n'ont jamais été aussi favorables pour le Canada. En effet, la signature de l'accord commercial Canada-UE, le PGPTP qui, comme vous le savez, fait présentement l'objet d'un examen au Parlement, et de l'accord États-Unis-Mexique-Canada offre un accès sans précédent aux consommateurs de partout dans le monde. Nous serons le seul pays du G7 qui aura signé des accords de libre-échange avec tous les autres pays du G7. Notre population aura accès aux consommateurs les plus riches du monde, ce qui représente plus de 1,3 milliard de personnes. Je crois que ce sont de bonnes nouvelles pour les petites entreprises.
Dans sa lettre de mandat datée du 28 août, , s'est vu confier la direction de l'élaboration et de la mise en oeuvre d'une stratégie en matière de diversification commerciale. À la fin du mois de juin, on a annoncé un financement initial de 50 millions de dollars pour appuyer la diversification du marché des exportations. Je suis heureuse de vous dire que nous accélérons simplement un processus qui fonctionne déjà très bien.
J'aimerais communiquer trois messages principaux à votre comité. Tout d'abord, le Service des délégués commerciaux existe pour aider les entreprises de toutes tailles. En effet, nous avons des bureaux régionaux partout au pays, dans chaque région, que ce soit à Halifax, à Toronto, à Montréal, à Calgary ou à Vancouver, en passant par chaque province et grande ville, afin de travailler avec les petites entreprises. Nous invitons donc les membres du comité, dans leur rôle de député et dans le cadre de leurs fonctions parlementaires, à recommander le Service des délégués commerciaux aux représentants d'entreprises qu'ils rencontrent.
Deuxièmement, pourquoi travailler avec nous? C'est très simple. Les entreprises qui collaborent avec le Service des délégués commerciaux exportent 20 % de plus sur 25 % plus de marchés. Ce sont les données recueillies par notre économiste en chef et Statistique Canada sur une longue période. Au bout du compte, pour les entreprises, cela signifie davantage de clients, de commandes, de profits et d'emplois. Donc, s'il vous plaît, collaborez avec nous.
Troisièmement, que faisons-nous exactement? Nous fournissons des renseignements sur les marchés, nous ouvrons des portes et nous réglons des problèmes. Pendant la période de questions, je serai heureuse de vous parler de notre empreinte. Nous observons de plus en plus d'activités chez les entreprises canadiennes, y compris dans le cadre de nos liens fondamentaux avec les États-Unis, où nous avons des réseaux de villes et des réseaux d'États bien établis, en plus de notre ambassade à Washington. De plus, nous avons observé un intérêt toujours croissant dans nos bureaux de l'Asie. Nous avons 1 000 experts dans 160 bureaux partout dans le monde; ce sont essentiellement des agents de développement du commerce international pour les entreprises canadiennes de toutes tailles, et surtout pour les petites entreprises.
Je vais tenir compte des commentaires du président et je serai brève. Nous pouvons parler de données relatives au commerce. Nous pouvons parler de statistiques. Nous pouvons parler de l'augmentation des échanges commerciaux avec l'Union européenne. Nous pouvons parler du fait que malgré les défis auxquels le secteur de l'aluminium fait face en raison des tarifs illégaux imposés par les États-Unis — et certains de mes collègues parleront de ces défis —, nous avons observé une augmentation de l'ordre de 200 % des exportations d'aluminium vers l'Union européenne au cours de la dernière année.
Le Service des délégués commerciaux fait certainement ce qu'il peut pour appuyer énergiquement les petites entreprises canadiennes. J'aimerais terminer en invitant chacun d'entre vous à collaborer avec les entreprises et à les orienter vers le Service des délégués commerciaux. Nous voulons travailler pour les entreprises canadiennes.
[Français]
Je vous remercie.
Bonjour. Je vous remercie de cette occasion de comparaître devant vous pour parler de l'impact des tarifs douaniers sur les entreprises, les sociétés et les travailleurs canadiens, en particulier les secteurs canadiens de l'acier et de l'aluminium.
Permettez-moi d'abord de vous parler des responsabilités de mon ministère.
[Français]
Innovation, Sciences et Développement économique Canada est le principal ministère responsable de l'analyse et de l'élaboration des politiques portant sur le secteur manufacturier canadien, y compris les secteurs de l'acier et de l'aluminium. Il attache notamment une grande importance à l'innovation et à la compétitivité.
[Traduction]
J'aimerais vous parler un peu de l'importance des secteurs de l'acier et de l'aluminium pour le Canada. Ensemble, les industries de l'acier et de l'aluminium emploient environ 33 000 Canadiens et étaient responsables de presque 9 milliards de dollars dans le PIB canadien en 2017. Au Canada, il y a 10 entreprises qui produisent de l'acier et elles exploitent 16 aciéries dans cinq provinces. Il y a également trois grands producteurs d'aluminium qui exploitent des fonderies au Québec et en Colombie-Britannique.
Le Canada est actuellement le 17e plus grand producteur d'acier brut dans le monde et le 3e plus grand producteur d'aluminium primaire. En 2017, le Canada a produit environ 13,7 millions de tonnes d'acier brut et 3,2 millions de tonnes d'aluminium primaire.
[Français]
L'acier et l'aluminium sont d'importants intrants pour des industries telles que l'énergie et la construction. Ils sont également essentiels pour de nombreux secteurs manufacturiers comme l'automobile, l'aérospatiale, la transformation des métaux ainsi que les machines et le matériel.
Cela signifie que l'impact de l'actuelle situation du commerce nord-américain sur l'acier et l'aluminium va bien au-delà des intérêts des entreprises et des travailleurs de cette industrie.
[Traduction]
Les droits de douane imposés le 1er juin sur l'acier et l'aluminium en vertu de l'article 232 ont eu un certain nombre de répercussions. Les prix de l'aluminium et de l'acier ont augmenté de façon notable à l'échelle mondiale, mais également en Amérique du Nord.
Le prix mensuel de référence utilisé pour l'acier en Amérique du Nord a atteint des sommets inégalés depuis 2008. Depuis le début de l'année, le prix de référence pour les rouleaux laminés à chaud du Mid West américain est passé de 729 dollars américains la tonne en janvier à un sommet de 1 000 dollars américains par tonne en juillet. De ce sommet, le prix de référence a ensuite baissé à 956 dollars américains la tonne. Cette évolution contraste avec celle de 2017 et de 2016, lorsque le prix mensuel moyen était respectivement de 680 et de 571 dollars américains la tonne.
Globalement, pour 2018, la moyenne annuelle calculée à partir des prix mensuels a atteint 927 dollars américains la tonne.
La tendance des prix de l'aluminium est similaire à celle de l'acier. En effet, le prix mondial de l'aluminium est passé d'environ 2 000 dollars la tonne en janvier 2018 à 2 718 dollars la tonne au milieu d'avril 2017, bien qu'il soit présentement en baisse.
Durant les mois qui ont suivi l'imposition des droits de douane américains, le prix de l'aluminium global a bondi de plus de 40 %. Il ne fait aucun doute que ces hausses de prix sont le résultat des mesures commerciales en cours. Dans une certaine mesure, les prix élevés de l'acier et de l'aluminium ont contribué à atténuer les impacts pour les producteurs primaires.
Toutefois, une description complète de la situation révèle que ces entreprises ont également engagé des frais supplémentaires dans certaines circonstances en raison des tarifs. Par exemple, l'électricité, un intrant important pour les producteurs d'acier, a subi une augmentation de prix qui affaiblit davantage la compétitivité sur le plan des coûts.
[Français]
Le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique est conscient des difficultés que pourrait représenter, en aval, l'augmentation des prix pour les chaînes d'approvisionnement et les utilisateurs d'acier et d'aluminium. Le ministère surveille de près ces implications. La hausse des prix de l'acier et de l'aluminium augmente les coûts pour un grand nombre d'utilisateurs, mais il y a de nombreux facteurs à considérer, notamment les contrats d'approvisionnement, les volumes utilisés et la contribution au coût global d'un produit.
[Traduction]
Compte tenu de ces facteurs, nous avons communiqué régulièrement avec les intervenants des secteurs de l'automobile et de l'aérospatiale et d'autres fabricants pour discuter des tarifs douaniers américains sur l'aluminium. À l'instar d'autres ministères, ISDE a activement renseigné les entreprises sur les programmes qui peuvent aider l'industrie.
Nous nous sommes efforcés tout particulièrement de déterminer ce qui est nécessaire pour soutenir les secteurs de l'acier et de l'aluminium. Le programme gouvernemental annoncé à la fin juin prévoit 2 milliards de dollars pour ces secteurs et il sera administré par des ministères et des organismes dont les représentants comparaissent devant le Comité aujourd'hui et à la prochaine réunion. Ce financement comprend 800 millions de dollars de la Banque de développement du Canada, 900 millions de dollars d'Exportation et Développement Canada, 250 millions de dollars du Fonds stratégique pour l'innovation administré par ISDE, 50 millions de dollars par l'intermédiaire du Programme de diversification des exportations du Canada — administré par Affaires mondiales Canada —, ainsi que 75 millions de dollars d'Emploi et Développement social Canada.
Depuis l'annonce de cet ensemble de mesures gouvernementales, nous avons travaillé avec les entreprises pour les aider à comprendre qui est admissible à quel volet en vue de les aider à améliorer leurs activités et leurs positions concurrentielles.
En ce qui concerne le Fonds d'innovation stratégique, à ce jour, ISDE a reçu des soumissions totalisant plus d'un milliard de dollars. Ces soumissions visent à améliorer le coût et l'efficacité environnementale de la production, ainsi que l'offre de produits pour lesquels on observe une demande actuelle et future. Nous sommes également conscients du fait que les investissements aident nos producteurs à mieux servir le marché national.
Les négociations vont bien avec les entreprises. La première annonce est imminente et d'autres vont bientôt suivre. Les tarifs ont également des répercussions sur nos efforts pour résoudre le problème de surcapacité à l'échelle mondiale.
[Français]
En tant que membre du forum mondial du G20 portant sur la capacité excédentaire de production de l'acier, le Canada, en collaboration avec d'autres pays, veut déterminer quels pays subventionnent l'acier et l'expédient vers des destinations, partout dans le monde d'une manière qui perturbe les économies où les producteurs fonctionnent selon des principes fondés sur le marché. Ces négociations sont devenues particulièrement difficiles depuis que les États-Unis ont pris des mesures unilatérales.
[Traduction]
Depuis la création du Forum, le Canada n'a cessé d'encourager les gouvernements à faire preuve de transparence dans leur soutien à la capacité du secteur de l'acier et fait entendre son point de vue sur les mesures qui permettront d'atténuer ce problème. Nous devons être totalement transparents à l'égard de nos renseignements, afin d'encourager les autres à nous imiter. Il y a deux semaines, le Canada a participé à une réunion ministérielle du Forum mondial sur la capacité excédentaire de production de l'acier qui s'est tenue à Paris. Tous les pays membres ont convenu de prendre de nouvelles mesures pour résoudre le problème de capacité lié à l'acier. Le Canada maintient son engagement à assumer le leadership dans cet important effort multilatéral en vue de régler un problème qui nuit à la santé et à la stabilité financières du secteur canadien de l'acier.
Enfin, le gouvernement s'est engagé de manière exhaustive auprès de l'industrie de l'acier et de l'aluminium et d'autres intervenants touchés tout au long de cette situation difficile, et il a pris un certain nombre de mesures visant à atténuer les répercussions négatives. Au début de l'année, le gouvernement a apporté des modifications réglementaires au système de recours commerciaux du Canada, afin de traiter des enjeux de transbordement et de contournement. Par exemple, l'Agence des services frontaliers du Canada a profité d'une plus grande souplesse pour lutter contre les distorsions de prix et a reçu des fonds pour embaucher de nouveaux enquêteurs. Elle est maintenant en mesure de mener de nouveaux types d'enquêtes pour élucider les soupçons de contournement des tarifs douaniers.
Ces modifications réglementaires ont pour but de renforcer notre capacité de faire face aux importations déloyales qui entrent sur le marché canadien. De plus, le ministère des Finances a lancé une consultation sur les interventions de protection. Les mesures qui en résulteront permettront de stabiliser le marché en réponse aux augmentations subites des importations. Le gouvernement a également surveillé de près l'évolution des tendances commerciales par l'intermédiaire de comités de surveillance du commerce de l'acier et de l'aluminium. Les membres du comité de surveillance du commerce se sont réunis cette semaine. Ils se sont d'ailleurs réunis très souvent depuis l'imposition des tarifs, avec la pleine participation des intervenants de l'industrie.
Nous continuerons de travailler avec l'industrie de l'acier et de l'aluminium sur les répercussions des mesures commerciales américaines et nous lui offrirons tout le soutien dont elle a besoin.
Nous avons hâte de répondre à vos questions.
Merci.
Merci, monsieur le président et honorables membres du comité, de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui. Je m'appelle David Bhamjee, et je suis ici à titre de vice-président des Communications et des Affaires publiques, à Exportation et développement Canada.
[Français]
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui afin de vous fournir une mise à jour sur les mesures que prend EDC pour appuyer les exportateurs canadiens touchés par les tarifs sur l'acier et l'aluminium.
[Traduction]
Mon exposé sera bref. J'espère que cela permettra d'avoir plus de temps pour les questions.
Les industries de l'acier et de l'aluminium sont essentielles à notre économie, et EDC est fière de travailler avec elles. Nous avons des relations de longue date avec les entreprises d'aluminium et d'acier du Canada et par conséquent, elles nous connaissent bien. Pour vous mettre en contexte, EDC est une prêteuse internationale et un chef de file lorsqu'il s'agit d'aider les entreprises canadiennes à réduire les risques. Nous finançons des activités d'exportation. Nous offrons des services d'assurance, du réseautage et du soutien, afin de permettre aux entreprises canadiennes d'être concurrentielles sur la scène internationale.
En 2017, EDC a aidé plus d'entreprises que jamais auparavant — presque 9 400 entreprises, dont plus de 80 % étaient des petites et moyennes entreprises. Je le précise, car lorsque les entreprises canadiennes sont touchées, nous trouvons qu'il est important d'être là pour les aider. C'est ce dont nous voulons vous parler aujourd'hui.
Lorsque ces tarifs ont été imposés, nous avons fait appel à nos propres experts à l'interne, ainsi qu'à nos partenaires dans l'ensemble du gouvernement et à ceux de l'industrie pour mieux comprendre les répercussions potentielles et les mesures qu'EDC pouvait prendre pour les aider. À la suite de ces discussions et dans le cadre de la réponse globale du gouvernement aux tarifs, EDC mettra 900 millions de dollars en prêts et en assurances à la disposition des entreprises viables dans ce secteur au cours des deux prochaines années. Par l'entremise de cette capacité, nous sommes en mesure de fournir aux entreprises un accès à des solutions en matière de liquidité, de capitaux et de réduction des risques. Depuis le début de l'année, EDC a fourni 133 millions de dollars en soutien sous forme de financement et d'assurances à 27 entreprises du secteur.
Tout au long de cette initiative, nous nous sommes rendu compte que sa réussite serait liée à la sensibilisation; il fallait donc informer les entreprises canadiennes sur ce que nous pouvons faire pour les soutenir. Pour y arriver, le 1er août, EDC et la BDC ont communiqué avec plus d'un millier d'entreprises dans les secteurs de l'acier et de l'aluminium — qu'elles soient directement ou indirectement liées à ce secteur —, afin de les informer du soutien qui leur serait offert. À la suite de ces efforts, 27 demandes ont été présentées à EDC, et elles ont toutes fait l'objet d'un suivi. Des entreprises nous ont aussi simplement demandé plus d'information, sans nécessairement avoir besoin d'un service financier à ce moment-là. Dans les cas de demandes où l'appui d'EDC n'aurait pas été approprié, nous avons orienté ces demandes vers le partenaire approprié.
De plus, dans le cadre de l'engagement d'EDC auprès des membres du secteur, nous continuons de participer aux tables rondes du gouvernement du Canada. Nous avons créé un groupe de travail à l'interne afin d'assurer la coordination avec nos bureaux régionaux et nous avons lancé un site web spécialisé et un numéro sans frais, afin de veiller à ce que les entreprises soient mises en communication le plus rapidement possible avec le fournisseur de solutions qui correspond le mieux à leurs besoins. Nous demeurons en communication avec nos partenaires de l'ensemble du gouvernement, avec nos consommateurs et avec les intervenants de l'industrie, afin d'informer les entreprises des choix qui s'offrent à elles.
Encore une fois, je serai heureux de répondre à vos questions. Merci.
:
Tout d'abord, je tiens à m'excuser de mon retard. Apparemment, je ne suis pas très doué pour lire les indications, mais je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je suis Elisha Ram, sous-ministre adjoint délégué à la Direction générale des compétences et emploi, au ministère de l'Emploi et du Développement social.
EDSC offre une gamme de services et de programmes qui ont déjà été déployés afin d'aider les travailleurs et les employeurs qui ont subi les répercussions négatives des nouveaux tarifs visant l'acier et l'aluminium. Ces mesures sont notamment un soutien du revenu immédiat pour les travailleurs en chômage offert par le biais de l'assurance-emploi, ainsi que des ententes de travail partagé avec les travailleurs et les employeurs pour aider à éviter les mises à pied en attendant que les entreprises s'adaptent à la situation.
[Français]
Il y a aussi de la formation et des mesures d'aide à l'emploi financées par le gouvernement fédéral et mises en oeuvre par les provinces et territoires par l'entremise des ententes de transfert relatives au marché du travail.
[Traduction]
Depuis le printemps 2018, Service Canada, qui fait aussi partie de notre cadre, a communiqué de façon proactive avec plus de 120 employeurs, trois syndicats nationaux et trois syndicats régionaux, ainsi qu'avec les associations et d'autres intervenants de l'industrie de l'acier et de l'aluminium à l'échelle du pays.
Nous communiquons généralement avec les employeurs dans les 48 heures suivant des mises à pied ou des fermetures connues ou annoncées afin de leur offrir des renseignements dans le cadre de séances d'information présentées conjointement avec les provinces pour leur permettre ainsi d'obtenir une communication sans failles au sujet des programmes et des mesures de soutien qui leur sont offerts. Jusqu'à maintenant, 13 séances d'information ont été données à des employeurs, et nous envisageons d'en offrir d'autres.
De plus, le gouvernement a annoncé au cours de l'été 2018 de nouveaux investissements ciblés s'élevant à 75 millions de dollars sur quatre ans, par l'intermédiaire d'EDSC, pour aider à prévenir les mises à pied, dans la mesure du possible, et offrir de l'aide aux travailleurs touchés par les tarifs de douane. Ce montant comprend 25 millions de dollars sur trois ans pour des mesures spéciales temporaires de travail partagé.
Brièvement, le Programme de travail partagé est un programme d'adaptation conçu pour aider les employeurs et les travailleurs à coopérer afin d'éviter les mises à pied lorsque survient un ralentissement temporaire des activités normales de l'entreprise. Il s'agit du principal instrument à fournir un soutien du revenu de l'assurance-emploi aux travailleurs admissibles aux prestations d'assurance-emploi qui acceptent de réduire temporairement leurs heures de travail pour permettre à leur employeur de se redresser. Le programme profite particulièrement aux petites et moyennes entreprises, qui ont tendance à signer la majorité des ententes de travail partagé.
L'assouplissement des règles annoncé en juin 2018 inclut la prolongation temporaire de la durée des ententes de travail partagé pour les faire passer de 38 à 76 semaines. Il y a aussi l'abolition du délai de carence entre deux ententes et l'assouplissement des exigences du Plan de redressement de l'employeur. Ces mesures aideront les employeurs à demeurer viables, à prévenir des mises à pied et à éviter ou retarder de possibles fermetures. Elles offriront également aux employeurs et aux employés davantage de souplesse, et permettront aux employeurs de s'adapter tout en maintenant en poste leurs employés qualifiés.
Jusqu'à maintenant, 13 ententes de travail partagé liées aux tarifs américains sur l'acier et l'aluminium ont été signées, ce qui a permis d'éviter plus de 300 mises à pied et d'aider près de 700 employés. Nous continuons de travailler avec d'autres employeurs du secteur afin de veiller à ce qu'ils soient au courant de l'assouplissement des règles.
En outre, le gouvernement du Canada dégage 50 millions de dollars sur deux ans, dans le cadre des Ententes bilatérales sur le développement du marché du travail conclues avec les provinces et territoires. Grâce à ce financement additionnel, une enveloppe servira exclusivement à offrir aux travailleurs touchés par les tarifs une gamme de formations et de mesures d'aide à l'emploi qui les aidera à faire la transition vers de nouveaux emplois. Ils obtiendront notamment du counselling d'emploi, de l'aide à la recherche d'un emploi, de la formation axée sur les compétences et des subventions salariales ciblées, ce qui leur permettra d'acquérir diverses expériences de travail.
Nous allons bien sûr continuer à travailler étroitement avec les provinces afin de surveiller la situation de près et, ainsi, veiller à ce que les travailleurs et les employeurs touchés aient accès à l'aide et aux mesures de soutien dont ils ont besoin.
Merci. Je serai ravi de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais livrer ma présentation en anglais, mais je vais me faire un plaisir de répondre à vos questions en français, le moment venu.
[Traduction]
Comme vous le savez, la BDC est la seule banque canadienne à se consacrer aux entrepreneurs. Nous sommes une société d'État indépendante qui relève du Parlement par l'intermédiaire de la . Ce qu'il faut principalement savoir de la BDC, c'est que nous sommes complémentaires. Ce que cela signifie, c'est que nous fournissons du financement selon des modalités commerciales, mais nous assumons un plus grand risque que les autres banques au Canada. Nous offrons aussi, comme vous êtes nombreux à le savoir, du capital de risque et des services consultatifs.
Dans le secteur de l'acier et de l'aluminium, nous avons dégagé une enveloppe de 800 millions de dollars, comme Paul l'a dit précédemment, sur deux ans, pour les entreprises à plus haut risque, mais viables. L'enveloppe va essentiellement nous permettre d'assumer un plus grand risque, simplement en raison de la situation actuelle. En tant que société d'État, nous avons la responsabilité de répondre à l'appel. Le financement se fonde sur des conditions commerciales et peut s'accompagner de modalités de remboursement flexibles, ainsi que de nos services consultatifs.
Pour ce qui est de l'utilisation du financement, nous préconisons une innovation accrue. Nous voulons aider les PME du secteur de l'acier et de l'aluminium à essentiellement percer dans de nouveaux marchés, accroître leur efficacité opérationnelle et environnementale, et acheter du nouvel équipement et des nouvelles technologiques. Nous voulons les aider à réussir en dépit des mesures illégales que les États-Unis ont prises en les aidant à prendre de l'expansion et à évoluer dans d'autres marchés.
L'enveloppe — je suis ravi de le dire — était opérationnelle dès le premier jour, quand les Américains ont annoncé leurs mesures tarifaires. Le personnel sur le terrain a été immédiatement renseigné sur tous les détails. La BDC est efficace, car elle compte 123 centres d'affaires à l'échelle du pays, et plus de 2 200 employés et 600 gestionnaires de comptes. C'est ce qui change la donne. Nous avons une présence sur le terrain. Cela inclut, bien entendu, notre forte présence en Ontario et au Québec.
En ce qui concerne notre rayonnement, nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues d'EDC. Nous avons communiqué avec chacun des clients actuels et avec chaque entreprise qui aurait pu être touchée et — roulement de tambour, je vous prie — je vous donne les résultats, qui vont certainement vous intéresser. Au 30 septembre, après trois mois, nous avons consenti des prêts totalisant 131 millions de dollars à 189 clients. La clé, c'est que nous assumons un plus grand risque. Trente-sept pour cent des sommes autorisées sont affectées à des clients qui se situent en dessous de la cote du risque moyen pour nos prêts de premier rang. Cela signifie que nous travaillons avec des clients qui représentent un plus grand risque, et c'est exactement ce que nous voulions faire. Le tiers des 189 clients sont de nouveaux clients de la BDC, et n'importe quel banquier vous dira qu'un nouveau client, par définition, présente un plus grand risque, parce que vous ne le connaissez pas si bien. Mais nous sommes là pour en venir à connaître ces gens.
Sur le plan de la répartition par région, près de 80 % — 77 % — des autorisations visent des prêts au Québec et en Ontario, ce qui fait que ces deux régions ont plus de poids que l'ensemble de notre portefeuille. Nous nous attendions à cela, bien sûr, étant donné la concentration de l'industrie dans ces deux provinces.
Je vous remercie beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos témoins de leur présence. Je suis un véritable admirateur d'EDC et de la BDC, cela va sans dire.
Je veux adopter un angle un peu différent. En tant qu'ancien homme d'affaires, je comprends que si vous empruntez de l'argent, vous devez le rembourser. Ce que j'essaie de dire, c'est que le gouvernement a annoncé en grande pompe une aide de l'ordre de 2 milliards de dollars, mais en réalité, bon nombre des petites et moyennes entreprises auxquelles je parle ne sont pas capables d'accéder à cet argent, que ce soit pour le remboursement des droits, l'exonération des droits ou le report des droits. Le problème que j'y vois, c'est que prêter plus d'argent n'aide pas, à moins que nous obtenions une formidable entente et que nous arrivions à résoudre cela.
J'ai parlé à plus de 150 intervenants, cet été, dans trois provinces — le groupe des conservateurs s'est adressé à plus de 200 intervenants —, et je peux vous assurer que personne à qui j'ai parlé n'a pu avoir accès à cet argent. C'est en partie à cause de la façon dont les programmes sont organisés. Ce n'est pas fonction de ce que vous faites, parce que vous travaillez à l'intérieur de vos paramètres.
Quand je regarde le montant de 1,7 milliard de dollars, que les prêts soient consentis par l'intermédiaire de la BDC ou d'EDC, je vois un Fonds stratégique pour l'innovation de 250 millions de dollars qui, en passant — et je vous prie de me corriger si je me trompe —, n'est offert qu'aux sociétés qui ont des ventes de plus de 10 millions de dollars et qui comptent plus de 200 employés. Est-ce juste?
Je ne dis pas qu'il n'existe pas de programme. Ce que je dis, c'est que ces programmes ne sont pas accessibles à certaines de nos PME qui en ont le plus besoin. Le défi que je vois pour l'avenir... Je ne sais pas si vous avez les chiffres. Ce sont peut-être des chiffres que les Finances possèdent. Je me demande, monsieur le président, si nous ne devrions pas demander aux Finances ce que nous avons perçu. Selon les deux tableaux que nous avons, et les deux taux différents de 25 et de 10, je calcule que nous allons percevoir environ 2 milliards de dollars, plus ou moins. Mais qu'est-ce qui est versé en réalité, concernant l'aide ou le remboursement? Je ne parle pas de prêts additionnels, car — devinez quoi — ils doivent tous être remboursés. Nous apprécions ces prêts. Ils offrent un créneau, mais ce n'est pas exactement ce que nous envisageons.
Je regarde les 1,7 milliard de dollars en prêts, et les 250 millions de dollars qui sont allés au Fonds stratégique pour l'innovation, et je ne vois pas grand-chose, car c'est au cas par cas. En passant, c'est une surtaxe qui est imposée, et non un droit, ce qui fait qu'il est difficile d'être admissible à un programme de remise ou de remboursement de droits.
Quels types de programmes offrons-nous aux PME qui ne les obligeraient pas à rembourser une partie des tarifs illégaux et injustes qui ont été mentionnés, étant donné que la taxe est en réalité une surtaxe? Ce n'est pas un tarif, alors est-ce admissible au remboursement des droits?
Est-ce que quelqu'un veut répondre à cela?
Il me faut plus de cinq minutes. C'est impossible, en cinq minutes.
De toute façon, je vous écoute.
:
Je vais essayer de répondre.
En ce qui concerne le Fonds stratégique pour l'innovation, la taille du projet est en fait de l'ordre de 10 millions de dollars. C'est le minimum.
C'est en partie en raison de l'administration du financement. Dans le cadre de tels programmes, le financement est organisé de manière à soutenir l'investissement. Les sociétés doivent présenter des plans d'investissement, puis à la suite de négociations et en fonction de nos modalités, nous sommes en mesure de réduire l'intérêt sur une partie de l'investissement qu'ils vont faire. Le Fonds stratégique pour l'innovation est en mesure d'offrir du financement non remboursable, et nous l'avons fait. Il y a eu beaucoup d'annonces, au cours de la dernière année, notamment pour le secteur de l'automobile, comportant des éléments non remboursables sous la forme de subventions, en plus des prêts. Il y a de la flexibilité à cet égard.
Nous avons aussi, par l'intermédiaire du ministère, des agences de développement régionales qui ont des budgets en ce moment, et nous travaillons activement avec elles. Pour ce qui est du Fonds stratégique pour l'innovation, cependant, il faut que la société envisage un projet d'immobilisation ou un investissement. Nous n'avons pas, à ISDE, de programme qui convertirait les reçus de tarifs en argent comptant. C'est une des difficultés que nous avons rencontrées lors des discussions. Les dispositions relatives au remboursement des droits permettent cela, mais les critiques que vous avez entendues portent en partie sur le temps qu'il faut pour obtenir des réponses. Nous sommes tous conscients de cela. Je crois que vous entendrez parler de cela quand le ministère des Finances et l'ASFC viendront vous en parler. Ils travaillent à établir un processus le plus rapidement possible.
L'autre chose, c'est qu'aux États-Unis, il y a aussi un processus de remise. Avec les droits qu'ils perçoivent, il y a un processus qui permet aux sociétés de se faire rembourser l'argent. Ce que nous avons vu au début, quand les tarifs ont été imposés contre des entreprises canadiennes, c'est que bien des envois ne se sont pas fait pendant un certain temps, particulièrement du côté de l'acier. La raison de cela, c'est qu'ils attendaient que leurs clients aux États-Unis présentent les demandes de remise sur le site Web du département du Commerce des États-Unis. Il y a des données maintenant, et le Canada représente environ 20 % des demandes qui ont été faites au département du Commerce. Il faut évidemment qu'elles soient étudiées et approuvées, mais cela et la remise des droits sont les deux lignes de programmes les plus pertinentes que nous ayons, concernant le besoin que vous avez souligné.
:
Bien sûr. J'en serais ravie. J'aimerais à mon tour souligner le travail incroyable que la ministre Freeland, l'ambassadeur MacNaughton et Steve Verheul, notre négociateur en chef, ont accompli. En tant que fonctionnaire, j'associe presque cela à une guerre, et Steve et son équipe ont été partis pendant plus d'un an pour travailler à cela. Nous sommes ravis d'en être venus à une conclusion et d'en faire part aux Canadiens.
Comme vous le savez, l'accord a été annoncé, et il se fait en ce moment du travail technique qui nous permettra de présenter intégralement l'accord. Je pense que je peux mentionner quelques faits stylisés. Le premier est que le monde des affaires aime la certitude. Il peut donc maintenant avoir l'assurance que l'accès aux marchés des États-Unis et du Mexique n'est pas en jeu.
Le deuxième fait, que j'estime tout aussi important, est que les États-Unis demeurent notre principal partenaire commercial. Les États-Unis représentent pour bien des entreprises les roues d'entraînement qu'il leur faut pour se lancer sur les marchés mondiaux. Nous aurions tort de parler du monde et de la façon dont les entreprises, surtout les PME canadiennes, deviennent rentables et croissent le plus rapidement possible sans parler des marchés clés des États-Unis. Nous sommes donc enchantés d'avoir cet accès.
J'aimerais souligner, pour conclure, que nos négociateurs ne restent pas les bras croisés. Je note l'important travail que le Comité réalise au sujet de l'Asie. Il est essentiel de conclure le PTPGP, et nous serons l'un des premiers pays à ratifier cet accord et à le mettre en oeuvre.
Je salue le travail que vous entreprenez au sujet de l'ANASE et de nos homologues latino-américains. Ce travail va nous permettre de couvrir encore plus les chaînes d'approvisionnement du monde, les entreprises du Fortune 500, et les nouvelles TI et technologies propres novatrices que mes collègues d'EDC, de la BDC et d'ailleurs, comme vous l'avez entendu, amènent au Canada et que les Canadiens offrent au monde. Ce sera incessant.
Je terminerai en vous disant que le Service des délégués commerciaux offre un maximum de 50 000 $ aux entreprises de toute taille, mais en particulier aux PME, pour aller dans un marché qu'elles n'ont pas encore exploré.
Ce que je veux que le Comité retienne principalement, c'est de diriger vers nous les PME de tous genres. C'est un type de passeport vers la croissance très rapide, et c'est ce que nous faisons pour les entreprises.
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Je suis également ravie de dire qu'Affaires mondiales Canada a également le programme Opportunités mondiales pour les associations. Nous finançons en fait des associations commerciales, que ce soit des associations mondiales, nationales, régionales ou sectorielles, pour sensibiliser les gens aux occasions commerciales de façon générale, aux missions commerciales plus précisément, et à nos nouveaux accords de libre-échange.
Si vous me permettez de parler de notre équipe commerciale pour un moment, ce que vous entendez, c'est qu'un dialogue national doit avoir lieu sur trois vecteurs. Le premier est le fait d'encourager un plus grand nombre d'entreprises à prendre des risques calculés et réfléchis, en utilisant les services-conseils, puis de les mettre en communication, par exemple, avec l'un de nos 160 bureaux dans le monde.
Le deuxième est — et je prends note de la question de la députée du NPD — le temps d'intervention rapide, tout ce que nous pouvons faire. Je vois des gens que je connais qui dorment pratiquement au bureau les fins de semaine, mais ce sont ces ressources accrues, tout ce que nous pouvons faire pour favoriser des interventions rapides. Ce que je peux vous assurer, c'est que les hauts dirigeants, les ministres et les fonctionnaires sont prêts à faire tout en leur pouvoir.
Le troisième est certainement les efforts soutenus de votre comité, conjointement avec vos homologues américains, car la meilleure solution serait de mettre fin à ces mesures américaines. Par conséquent, je félicite ce comité pour tout le travail qu'il fait aux États-Unis, à tous les niveaux, afin de faire comprendre à nos homologues américains que ces mesures causent non seulement du tort aux Canadiens mais, comme Paul l'a mentionné quand il parlait de la hausse des prix, causent aussi du tort aux consommateurs américains. Ce n'est pas bon pour l'emploi dans nos pays.
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Ce que nous devons nous rappeler principalement, c'est que la politique américaine vise à ce que les usines américaines puissent rouvrir leurs portes. C'est le but, et surtout dans le secteur de l'acier mais aussi dans le secteur de l'aluminium.
Depuis le début, les Canadiens et d'autres producteurs concurrentiels sont dans la mire des Américains, si bien qu'il n'est pas surprenant que nous ayons adapté notre soutien pour mettre l'accent sur les entreprises qui seraient les plus touchées. Si ces entreprises perdaient leur avantage concurrentiel, cela aurait d'importantes répercussions.
Premièrement, ce serait comme lorsque la politique américaine réussissait et, deuxièmement, chacune de ces grandes usines se trouve dans un écosystème de petites et moyennes entreprises qui dépendent de leurs relations sur le marché — que ce soit pour les ventes ou les achats. L'industrie sidérurgique a environ trois marchés de produits de base: des ventes dans le secteur pétrolier et gazier, l'appui au secteur de la construction et le soutien à l'industrie automobile. De toute évidence, comme Ailish l'a dit il y a quelques instants, un élément clé pour avoir un accord de libre-échange réussi était d'assurer un avenir solide pour l'industrie de l'automobile au Canada. Le secteur de l'acier et de l'aluminium est étroitement lié à cet écosystème.
Le montant est de 250 millions de dollars. C'est le montant qui a été annoncé, et c'était pour les grands fournisseurs principalement. Pour répondre à la question précédente, c'est la raison pour laquelle nous avons fixé la limite à 200 employés et plus pour ce qui est de la taille de l'entreprise et à 10 millions et plus pour le projet. Je crois que c'est la taille standard des projets pour les investissements dans le cadre du FIS.
Le taux de participation est excellent. Nous n'avons pas annoncé l'initiative le 1er juillet, puis nous sommes disparus pour l'été. Nous travaillons activement avec ces entreprises. Nous avons organisé un certain nombre de tables rondes à Hamilton. Je participe régulièrement à des discussions avec toutes les entreprises qui présentent des demandes. Notre délai pour répondre à leurs questions — que ce soit pour les déclarations d'intérêt et les demandes, et la majorité des entreprises sont rendues à l'étape de la demande — est de moins de 24 heures.
Nous avons fait de cela notre priorité car nous reconnaissons que les PME sont durement touchées par les droits de douane. Quelques-unes des entreprises les plus importantes perdent des millions de dollars chaque jour et des dizaines de millions de dollars chaque mois. Les sommes qu'elles paient en droits de douane sont astronomiques. Si elles ne font pas leurs investissements de capitaux cette année, si elles n'investissent pas dans l'innovation et si elles n'investissent pas dans leur avenir, ces entreprises se retrouveront sur une pente glissante. Si elles n'investissent pas cette année, alors elles n'investiront pas l'année prochaine et ainsi de suite.
Pour revenir à la politique américaine, elle vise à ce que ces entreprises ne soient plus concurrentielles ou ferment leurs portes tôt ou tard, de manière à ce que les affaires du secteur soient rapatriées sur le marché américain.
Nous nous sommes donné comme objectif de soutenir ces entreprises.
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C'est pour le secteur de l'automobile, oui. Les automobiles sont faites d'acier et d'aluminium.
Vous avez parlé de concurrence. Je parcours l'accord et je n'y vois rien qui puisse nous rendre plus concurrentiels que ce qui se trouvait dans l'accord précédent... l'ALENA.
Tout à l'heure, vous avez parlé du dumping dans le secteur de l'acier. Ma collègue, Mme Ramsey, en a parlé. Dans le nouvel accord — je crois que c'est au chapitre 32, « Exceptions et dispositions générales » — se trouve l'article 32.10, « Accord de libre-échange avec les économies non marchandes ». L'un des outils dont nous disposions à titre de pays souverain, c'était cette capacité de négocier dans l'intérêt supérieur du Canada. Disons, par exemple, que la Chine procède au dumping. Si nous étions en mesure de passer un accord commercial avec la Chine en vue d'un meilleur accès pour nos produits, alors nous pourrions restreindre la quantité d'acier qui entre au Canada. Avec le nouvel accord, il semble que nous ayons abandonné notre souveraineté. Maintenant, lorsque nous voudrons parler d'un accord de libre-échange avec la Chine, il semble que les États-Unis et le Mexique auront le droit de veto.
En tant que fier Canadien, j'ai été choqué de voir cela. Quelle sera l'incidence d'un tel accord sur notre capacité à titre de représentants du gouvernement de travailler dans l'intérêt supérieur du Canada, si nos exigences ne s'harmonisent pas à celles des États-Unis?
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Avec un accord de libre-échange, je crois que c'est une relation économique d'un autre ordre, mais les règles en place nous permettent... Le secteur de l'acier est l'un des plus grands utilisateurs du processus du TCCE, je crois, et toutes les améliorations ont été apportées selon sa recommandation. C'est une réussite.
En fait, c'est intéressant. En examinant les données, on remarque qu'il n'y a pas eu de grandes quantités d'acier en provenance de la Chine dans l'économie canadienne. C'est parce que les ordonnances d'antidumping du TCCE fonctionnent et que l'ASFC travaille pour qu'il n'y ait pas de cela sur le marché.
Les pouvoirs qu'utilise ou songe à utiliser le , les mesures de sauvegarde, ne sont pas du tout altérés. Nous pouvons prendre ces décisions, je crois.
Je ne suis pas bien placé pour parler de cette partie de l'accord. Je vais laisser Ailish répondre, si elle le veut. De mon point de vue, notre capacité d'aborder les menaces d'une économie non marchande n'est pas réduite. En fait, je crois que nos intérêts et ceux des États-Unis sont tout à fait harmonisés à ce sujet. J'ai parlé du travail que je réalise à l'échelle internationale. Sur la scène mondiale, la question vise surtout la transparence des prix de la Chine et des autres économies non marchandes, et nous sommes sur la même longueur d'onde que les États-Unis à ce sujet, depuis plusieurs années.
Je crois que lorsque les tarifs ont été imposés, c'est l'un des points qui nous a le plus surpris, parce que les États-Unis sont un allié important du Canada dans la lutte contre le dumping qui nuit non seulement à l'économie américaine, mais aussi à la compétitivité de nos entreprises.
Je crois que c'est le sujet qui était abordé la dernière fois que j'ai témoigné devant vous, parce que c'était la principale menace, et les améliorations du TCCE ont permis de répondre à cela.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi tous les témoins.
Madame Campbell, au début de votre exposé, vous avez parlé de l'excellente équipe qui s'est rendue à Washington, et de la stratégie. Notre négociateur en chef était Steve Verheul; il a témoigné devant le Comité à plusieurs reprises. De plus, vous avez parlé de notre ministre, Chrystia , et de notre ambassadeur, David MacNaughton.
Pour faire leur travail de façon efficace, ils devaient être soutenus par une équipe robuste. Lorsqu'ils se rendent si loin, ils doivent se sentir appuyés. Je remercie toutes les personnes qui travaillent si bien au sein de l'équipe Commerce Canada.
On dit souvent que les crises donnent lieu à des possibilités. Dans le cadre de votre travail, et comme on plonge encore plus loin, de nombreuses aciéries et alumineries vous demandent votre appui, que ce soit EDC ou la BDC, ou vous demandent des services d'emploi. Est-ce que cela donne lieu à une possibilité quelconque d'aborder la question de la diversification?
Vous songez à situation de votre marché. Nous allons travailler avec vous pour maintenir ce marché, mais comment pouvez-vous croître? Où pouvez-vous aller? Certaines possibilités ont émané de l'AECG et d'autres émaneront du PTPGP ou de l'AEUMC.
Madame Campbell, je vous ai entendue dire que nos exportations d'aluminium vers l'Union européenne avaient augmenté de 200 %. Pouvez-vous me donner d'autres exemples comme celui-ci ou des exemples d'entreprises avec lesquelles vous travaillez? Est-ce que vous saisissez l'occasion de travailler à la diversification?
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Je crois que le Comité aime beaucoup les données, alors je vais vous en donner quelques-unes.
Au Canada, 1 200 grandes entreprises sont responsables de 60 % des exportations de marchandise. Cela signifie que lorsque Paul et les responsables des politiques recommandent l'ordonnancement stratégique des politiques, le soutien commercial et un soutien direct supplémentaire, nous devons souvent commencer par les entreprises d'attache clés de ces écosystèmes.
C'est pourquoi les mesures visant à protéger nos plus grandes aciéries et alumineries et le fonds d'innovation stratégique sont si importants. Je le dis en tant que native d'Hamilton, dont le grand-père gagnait un bon salaire de col bleu chez Stelco. Je ne pourrais être plus fière de ma ville natale.
Nous commençons là. Ensuite, nous passons aux 1 200 petites et moyennes entreprises — et c'est très fascinant — qui sont responsables de près de 30 % des exportations de marchandise. Cette deuxième tranche de 29,8 % des exportations repose sur 1 200 entreprises qui connaissent une croissance incroyable. Cela signifie que nous avons environ 42 000 petites entreprises responsables des derniers 10 %.
Ce que nous voulons, c'est convertir ce groupe, ce marché potentiel de PME, qui exporte déjà, mais vers un seul marché dans la grande majorité des cas: les États-Unis, et pour quelques produits seulement. Ce que vous voyez devant vous, c'est une équipe déterminée à travailler avec les entreprises existantes et à leur demander: « Comment pouvons-nous vous aider à innover, à créer de nouveaux produits, à trouver de nouveaux marchés et à prendre de plus grands risques? De quels outils avez-vous besoin? »
Je crois que le dialogue d'aujourd'hui nous est utile. Chacun d'entre nous demande à obtenir les recommandations du Comité au sujet des entreprises, qui vous parlent de ce dont elles ont besoin. Je crois que le deuxième message clé, c'est qu'il n'y a pas de mauvaise porte. Que vous arriviez par l'entremise d'un service numérique, d'un délégué commercial à l'international ou que vous nous rencontriez dans l'un des bureaux régionaux d'EDC, de la BDC ou du gouvernement du Canada, nous allons vous orienter vers le meilleur marché possible.
Mon dernier point, c'est que nous avons constaté une hausse dans nos bureaux asiatiques... à Tokyo, à Singapour, à Taïwan, à Shanghai et à Beijing. Nous avons constaté une augmentation de plus de 50 % de l'achalandage dans ces marchés. Cela signifie que les entreprises canadiennes ne « gaspillent » pas cette crise, si je puis dire. De façon plus positive, elles voient une occasion de vendre le Canada au reste du monde. C'est notre mission.
Merci à tous pour vos commentaires aujourd'hui. Mme Campbell a parlé de nos activités de promotion des intérêts auprès des États-Unis. Manifestement, en tant que comité du commerce, nous avons non seulement vu de multiples intervenants aux États-Unis, mais aussi nos homologues au pays. Le caucus de l'acier, dont Terry et moi-même faisons partie, s'est aussi rendu là-bas.
Nous avons fait l'effort, mais j'aimerais proposer au comité d'envoyer une lettre à nos homologues étatsuniens pour les implorer encore une fois d'éliminer les tarifs et les informer que notre position demeure la même et que nous aimerions travailler avec eux par tous les moyens possibles pour arriver à ce résultat. Je pense que c'est une façon de faire que le comité peut approuver pour communiquer avec nos homologues directs aux États-Unis. Je vais proposer que le comité en discute, afin de militer en faveur de cette élimination des tarifs.
La seconde chose est qu'il y a bien des petites et moyennes entreprises qui ne peuvent pas naviguer dans le site Web. Une d'elles nous a dit cette semaine — mardi, en fait — qu'elle n'a même pas une personne pour ce faire. Elle n'a pas les effectifs nécessaires pour dire à un employé de se renseigner pour savoir comment obtenir ces allégements. Il nous faut donc nous pencher de toute urgence sur la situation des PME. Au Canada, 42 000 PME ont besoin d'aide. Voilà où se situe le véritable potentiel, je pense, de notre futur commerce international. Je crois que c'est une question que nous devons vraiment aborder. Nous l'avons entendu à maintes reprises au comité, et ce, dans le contexte de tous les sujets dont nous avons discuté.
Lorsqu'il est question des personnes touchées, je m'interroge au sujet de la liste secondaire. Cette liste, qui a été créée pour tenter d'exercer des pressions sur les États-Unis, ne fonctionne pas. Elle n'est pas très efficace, selon nous. Nous avons quitté la table des négociations entourant l'AEUMC sans réussir à faire éliminer ces tarifs. Bien des personnes écrivent au comité, comme les fabricants de bateaux et les détaillants d'électroménagers, car elles en subissent vraiment les effets fâcheux et estiment n'avoir aucune place dans la lutte qu'on mène actuellement puisqu'elles se trouvent sur la liste secondaire.
J'ignore dans quelle mesure cette liste secondaire est efficace, sauf pour anéantir les entreprises canadiennes qui y figurent, car elles sont maintenant sujettes à ces tarifs. J'aimerais savoir ce que ces groupes vous ont dit et les mesures que l'on prend, concernant cette liste secondaire, pour les aider à surmonter les difficultés auxquelles elles font maintenant face avec ce tarif unilatéral.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus.
Avant d'en venir à mes questions, j'aimerais prendre du recul et jeter un coup d'oeil à ces tarifs prévus à l'article 232. Ils sont fondés sur le principe que le Canada pose en quelque sorte une menace à la sécurité nationale étatsunienne. Je pense que je parle pour toutes les personnes présentes lorsque je dis que c'est offensant et que cela ne pourrait pas être plus faux. Nous devons faire le bilan de ce qui se passe et prendre conscience du fait qu'il s'agit d'une décision irrationnelle du gouvernement des États-Unis, et que nous faisons de notre mieux pour la traiter dans ce contexte d'irrationalité. Je vous félicite pour le bon travail que vous avez fait compte tenu des circonstances.
J'ai passé l'été à parler à certains des fabricants dans ma circonscription qui sont touchés par cette décision. Quelques thèmes sont ressortis de ces discussions. Au Canada, nombre d'utilisateurs finaux et de fabricants n'ont pas la possibilité d'acheter des intrants canadiens pour fabriquer leurs produits. Leurs intrants sont importés des États-Unis, et nombre de leurs clients se trouvent aussi là-bas. Le tarif de 10 % devient rapidement un tarif de 20 %, ce qui gruge évidemment leurs marges de profit, qui sont loin d'être dans la gamme des 20 %. La situation devient vraiment insoutenable.
Cela dit, je pense qu'il y a aussi de la confusion à la frontière concernant la façon de classifier certaines choses qui la traversent. C'est en partie parce qu'il n'y a pas eu de véritable industrie pour composer avec la classification des produits traversant la frontière américaine. C'est juste qu'il n'a jamais été nécessaire de le faire. Ils font affaire avec leurs courtiers en douane et agents des douanes. Honnêtement, la situation porte à confusion.
La troisième question — et elle est importante — est qu'ils savent qu'il existe des programmes. Un des fabricants de ma circonscription a entre 110 et 120 employés. Son entreprise familiale a été fondée il y a une trentaine d'années. J'ai même travaillé pour eux un été et j'utilise certains de leurs produits. La confusion réside dans le fait que nous savons qu'il y a des programmes, mais pas comment y accéder. Ce n'est pas une petite entreprise de deux ou trois personnes. Elle a des ressources à consacrer à cette question. Un de ses vice-présidents a passé une journée ou deux par semaine à essayer de trouver une solution et il n'est pas arrivé à s'en sortir. Cela lui a été impossible. Il a fait appel à moi et a demandé toute l'aide qu'il pouvait recevoir de mon bureau pour essayer de tirer parti des programmes offerts. Des personnes comme lui se disent d'accord avec les tarifs comme mesures de représailles; elles affirment qu'ils étaient nécessaires et qu'il fallait les appliquer, mais elles reconnaissent qu'elles sont désavantagées et demandent de l'aide.
Si je peux retenir quelque chose aujourd'hui... et je pense qu'il en va de même pour mes collègues qui représentent très efficacement leur circonscription et se soucient vraiment beaucoup de leurs électeurs. Je me demande ce que je peux dire à quelqu'un concernant la personne avec laquelle je peux le mettre en contact, par exemple: « Nous allons vous aider à traverser cette épreuve. Voici la personne à qui vous devez parler. Voici les ressources à votre disposition. Nous espérons pouvoir vous aider du mieux que nous pouvons ».
Y a-t-il un guichet unique pour ce faire? Il me semble simplement que si cet homme avait du mal à s'y retrouver, il doit y avoir des dizaines ou des centaines d'autres entreprises dans la même situation.