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Bonjour à tous. Bienvenue au Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes.
Nous avons été très occupés depuis le début de cette session. En ce moment, notre principal enjeu est évidemment le PTP, mais nous examinons également d’autres questions commerciales. Nous mettons la dernière main à l’accord européen, mais avons également bien d’autres questions à régler, tout particulièrement avec les États-Unis. Il y a la question du bois d’oeuvre résineux et quelques questions agricoles. L’industrie laitière et l’industrie du poulet ont des problèmes avec les États-Unis. Notre comité est passablement occupé, mais notre principale attention est axée sur le PTP.
Je m’appelle Mark Eyking. Je suis le président du comité, qui est composé de membres issus de partout au pays. Tous les membres ne sont pas ici, mais le comité est bien représenté. Il y a Mme Ramsey et M. Van Kesteren du Sud de l’Ontario, M. Ritz de la Saskatchewan, Mme Ludwig du Nouveau-Brunswick, Mme Lapointe du Québec et M. Dhaliwal de la Colombie-Britannique. Toutes les régions du Canada sont bien représentées.
Nous sommes arrivés dans votre belle province hier soir. Nous avons fait le trajet en autobus et ce fut très agréable. C’est une belle région. J’y suis venu de très nombreuses fois, étant un agriculteur du Cap-Breton. Vous avez le bonheur de posséder des ressources et une merveilleuse population. Nous avons goûté à la cuisine locale hier soir. Nous avons dégusté du homard et des pommes de terre. Ce fut donc une très belle façon d’amorcer la prochaine étape de notre tournée.
Nous avons visité jusqu’à présent six provinces. Vous êtes la septième. Nous avons terminé notre visite au Nouveau-Brunswick hier. Nous allons visiter le Canada atlantique tout au long de la semaine. Nous irons à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse. Nous avons organisé des vidéoconférences avec les territoires. Nous avons reçu plus de 125 mémoires et avons entendu plus de 260 témoins. Nous avons une approche un peu différente de nombreux autres comités. Nous acceptons les courriels des Canadiens moyens sur ce qu’ils pensent du PTP. À l’heure actuelle, nous avons reçu plus de 20 000 courriels. Nous avons également des séances à micro ouvert lors de chacune de nos réunions, au cours desquelles nous entendons de nombreux Canadiens de l’ensemble du pays.
Notre processus de consultation se terminera en octobre. Nous rédigerons notre rapport en novembre et en décembre. Ce rapport sera ensuite déposé à la Chambre des communes.
Merci d’être venus. Tous vos commentaires seront pris en compte lors de la rédaction de notre rapport.
Comme vous avez pu le constater hier soir si vous avez regardé le débat aux États-Unis, le PTP y a été abordé. Nous ferons notre part au Canada pour nous assurer que nous disposons d’un bon rapport. Nous surveillerons également de très près ce qu’ils font aux États-Unis, parce que cela aura des répercussions sur la direction que nous devons suivre.
Nous avons d’emblée des agriculteurs, ou des représentants d’agriculteurs ce matin. Je suis un producteur de légumes du Cap-Breton. Je connais donc de nombreux agriculteurs de l’Î.-P.-É. J’ai fait des études dans un collège agricole avec bon nombre d’entre eux. Ce sont tous des gens très agréables.
Sans plus tarder, nous allons commencer. Des représentants de Dairy Farmers of Prince Edward Island, du Syndicat national des cultivateurs et de la P.E.I. Federation of Agriculture sont présents parmi nous ce matin.
Nous essayons habituellement de donner cinq minutes à chaque groupe. Lorsque ce délai sera dépassé, j’allumerai ma lumière ou ferai un rappel et vous pourrez alors conclure. Il y aura ensuite un dialogue ouvert avec les députés. Cette formule a très bien fonctionné jusqu’à présent et tout le monde semble avoir l’occasion d’émettre son opinion.
Pour commencer, nous accueillons Dairy Farmers of Prince Edward Island. Nous allons entendre M. Douglas Thompson et M. Ronald Maynard.
Je donne maintenant la parole à celui d’entre vous qui veut commencer. Je vous en prie.
Merci beaucoup. Je m’appelle Ron Maynard. Je suis producteur laitier de l’Île-du-Prince-Édouard et secrétaire de Dairy Farmers of Prince Edward Island.
Dairy Farmers of Prince Edward Island est heureux de comparaître devant le comité. Il est important de souligner que le secteur laitier canadien contribue énormément à l’économie canadienne. Il apporte une contribution de 19,9 milliards de dollars au PIB et verse 3,8 milliards de dollars en taxes chaque année. Il crée 221 000 emplois permanents à temps plein et, dans 7 des 10 provinces canadiennes, il est un des deux plus importants secteurs agricoles. Il se classe au deuxième rang à l’Île-du-Prince-Édouard, après la culture des pommes de terre.
De plus, contrairement au secteur laitier d’autres territoires de compétence où les revenus des producteurs sont hautement subventionnés, le secteur laitier du Canada ne reçoit aucune subvention directe et tire ses revenus du marché, un marché qui serait encore réduit par l’accès accordé dans le cadre de l’AECG et du PTP.
Selon les premières estimations du gouvernement, l’accès au lait et aux produits laitiers accordé s’élèverait à 3,25 %. Après avoir examiné quelques chiffres, nous croyons que cet accès serait probablement plus près de 4 %. Le remplacement de la production de lait découlant de cet accord ne sera jamais produit au Canada et se traduira par une perte de revenus permanente pouvant atteindre jusqu’à 246 millions de dollars pour nos exploitants agricoles et l’économie canadienne.
Qui plus est, ces chiffres ne tiennent pas compte des répercussions de l’AECG. Pour pouvoir conclure l’AECG, le Canada a offert un accès de 2 % au marché des produits laitiers canadien, comme ce qui a été accordé à l’Union européenne. L’accès accordé dans le cadre de cet accord permettra à l’Union européenne d’expédier 16 000 tonnes de plus de fromage, soit un ajout de 17 000 tonnes de fromage de fabrique pour le Canada. L’expropriation du marché du fromage canadien en vertu de l’AECG représente une perte de revenus pour les fermiers canadiens pouvant atteindre jusqu’à 116 millions de ventes dans la transformation en fromage annuellement et à perpétuité.
Malheureusement, l’effet cumulatif de l’AECG et du PTP aura une incidence considérable sur le bénéfice net des producteurs laitiers canadiens, année après année. Il s’agit de pertes qui ne peuvent pas être remplacées par les exportations. En fait, seulement 9 % de la production laitière est commercialisée dans le monde. Les produits laitiers sont essentiellement produits au pays pour répondre aux besoins locaux.
Bien que nous travaillions à une stratégie pour profiter des possibilités d’exportation, celles-ci demeurent limitées en raison de la décision du comité de l’OMC de 2002 selon laquelle toute vente à l’exportation faite à un prix moins élevé que le prix national constitue une subvention à l’exportation.
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Un peu comme c’est le cas pour l’AECG, l’administration du contingent tarifaire est très importante pour que ces produits soient importés d’une façon qui concorde avec la gestion de l’offre et qui assure la stabilité du marché canadien du lait et des produits laitiers. C’est particulièrement vrai pour le beurre, car cet accord empêchera la Commission canadienne du lait d’importer le contingent tarifaire du PTP pour le beurre, comme elle le fait actuellement pour le contingent de l’OMC. Il faut bien déterminer qui sera en mesure d’importer et clarifier le rôle que la Commission peut jouer pour limiter les incidences de cet accord.
Nous sommes heureux que les normes canadiennes sur la composition du fromage aient été préservées dans l’accord du PTP, mais nous nous demandons si la réglementation et les normes canadiennes seront appliquées aux biens importés. L’hormone de croissance somatotropine bovine recombinante, par exemple, est interdite au Canada, mais est utilisée dans d’autres pays.
De plus, certaines exigences en matière d’étiquetage pour la quantité de sucre, de sodium et de gras trans mentionnés dans la lettre de mandat du ministre de la Santé diffèrent d’un pays à l’autre. Elles ont d’importantes incidences sur les entreprises canadiennes, qui se retrouveraient en désavantage concurrentiel si les importateurs ne devaient pas respecter la même réglementation. Cela pourrait aussi créer de la confusion chez les consommateurs canadiens, qui pourraient avoir de la difficulté avec les produits qui ne sont pas faits selon les normes canadiennes élevées.
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Après la conclusion des négociations du PTP en octobre 2015, pour éviter des effets négatifs sur les producteurs laitiers canadiens découlant des résultats combinés de l’AECG et du PTP... En guise d’indemnisation des exploitants agricoles sous gestion de l’offre pour les pertes causées par le PTP, le gouvernement du Canada a annoncé des mesures d’atténuation multiples et un plan d’indemnisation de 4,3 milliards de dollars sur 15 ans.
Il ne faut pas oublier que, même si l’indemnisation initiale de 4,3 milliards sur 15 ans représentait une somme significative, il s’agit d’un investissement du gouvernement dans l’ensemble des secteurs sous gestion de l’offre – poulets, œufs, dinde, œufs d’incubation et produits laitiers – pour atténuer les effets de l’AECG et du PTP. Au moment de l’annonce, le gouvernement a précisé que la totalité de la portion des 4,3 milliards liés à l’AECG était destinée aux produits laitiers, mais il n’a pas spécifié que le montant de la partie du plan liée au PTP était destiné à chacun des produits sous gestion de l’offre.
Après avoir annoncé son intention de consulter le secteur des produits laitiers sur l’indemnisation pour l’AECG dans les 30 jours en mai 2016, le gouvernement a demandé aux Producteurs laitiers du Canada de soumettre un cadre d’indemnisation pour l’AECG au ministre du Commerce international et au ministre de l’Agriculture, ce qui a été fait le 18 mai. À ce jour, le gouvernement n’a pas encore pris d’engagement et n’a émis aucun commentaire sur la proposition pour le plan d’indemnisation pour l’AECG.
En plus d’attendre un engagement en ce qui a trait à l’indemnisation proposée pour l’AECG, les DFPEI et leurs partenaires des Producteurs laitiers du Canada continuent à attendre un plan visant spécialement à atténuer les effets du PTP, s’il entrait en vigueur. Le plan de 4,3 milliards initialement proposé pour les producteurs sous gestion de l’offre demeure le minimum attendu d’un plan combiné pour l’AECG et le PTP.
En conclusion, les DFPEI, ainsi que leurs partenaires des Producteurs laitiers du Canada, n’ont jamais été contre une stratégie commerciale canadienne, tant qu’elle n’entraîne pas de conséquences négatives pour les producteurs laitiers. Notre position est simple: les producteurs laitiers ne devraient pas faire les frais des accords commerciaux du pays.
Même si nous préférerions que l’accord du PTP n’accorde aucun accès supplémentaire au marché des produits laitiers, nous reconnaissons que le gouvernement a résisté aux demandes des autres pays et s’est engagé à réduire le fardeau au moyen de mesures d’atténuation et d’un plan d’indemnisation. Le gouvernement a choisi de faire des concessions pour les produits laitiers afin de conclure l’accord commercial du PTP. L’indemnisation des producteurs agricoles pour la perte de revenus faisait partie de l’indemnisation que le gouvernement canadien était prêt à faire.
M. Douglas Thompson: Il y a certaines choses à l’Île-du-Prince-Édouard...
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C’est pas mal tout ce qu’il y a à dire.
Un autre élément d’information est que nous avons 168 fermes laitières ici à l’Île-du-Prince-Édouard. Nous envisageons de perdre en moyenne 74 vaches. Cela signifie que 10 fermes devront fermer leurs portes à cause de la baisse des ventes de lait à l’Île-du-Prince-Édouard. C’est 10 fermes sur 168. C’est ce qu’il faut retenir.
L’autre aspect est que les 17 000 tonnes qui arriveront seront fort probablement des fromages fins. Ici, à l’Île-du-Prince-Édouard, notre principal transformateur est un transformateur de fromages. Les fromages fins, soit le féta et le havarti, sont son principal produit, alors il sera touché encore plus que les transformateurs d’autres endroits. C’est une coopérative qui appartient à des producteurs de l’Île-du-Prince-Édouard.
Merci beaucoup de votre temps.
Comme on l’a indiqué, je suis membre de l’Union nationale des fermiers. Je suis coordonnateur régional des Maritimes et membre du conseil national.
Doug Campbell devait être ici avec moi. Doug est un exploitant de ferme laitière de l’ouest de la province. Il a vraisemblablement été retardé. Il est rare que surviennent des bouchons de circulation à l’Île-du-Prince-Édouard mais j’ai moi-même été retardé par un tel bouchon, ce matin, en venant ici. Il y a eu un accident sur le pont Hillsborough et d’après ce que l’on disait, il y en avait également eu un certain nombre d’autres, dans les environs. Avec un peu de chance, il nous rejoindra sous peu.
L’Union nationale des fermiers s’oppose à l’Accord sur le Partenariat transpacifique et recommande que celui-ci ne soit pas ratifié par le Canada. Nos commentaires porteront principalement sur les torts que causera le PTP sur les systèmes canadiens de gestion de l’offre, tout particulièrement dans le secteur laitier; sur les torts que causeront ses règles en matière d’approvisionnement au développement des systèmes d’alimentation locaux, sur l’absence d’avantages qu’il présente pour d’autres aspects de l’agriculture et sur les inacceptables restrictions qui résulteraient des mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États du PTP sur la souveraineté de gouvernements élus démocratiquement.
Sur la question du PTP et de la gestion de l’offre, celle-ci repose sur trois piliers: les mesures de discipline en matière de production, les contrôles à l’importation et l’établissement des prix selon les coûts de production. Ces trois piliers sont interreliés de sorte qu’en affaiblissant l’un d’entre eux, on affaiblit le système dans son ensemble.
Au cours des cinq premières années de l’Accord sur le PTP, les onze autres pays visés par celui-ci obtiendraient un accès libre de droits à 3,5 % du marché laitier canadien actuel, à 2,3 % du marché des oeufs, à 2,1 % du marché du poulet ainsi qu’à un certain pourcentage dans les secteurs de l’incubation de poulet et de dinde à chair. Au cours des années suivantes, une disposition prévoit également l’augmentation de l’accès libre de droits à ces marchés.
Les gouvernements des parties au PTP que sont les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont adopté une approche axée sur les exportations pour leur secteur laitier laquelle s’est traduite par de très fortes pertes pour leurs exploitants agricoles quand les prix mondiaux du lait ont chuté de manière extrêmement dramatique. Plutôt que d’inciter leurs membres à se discipliner pour répondre à la demande, ces pays cherchent à vendre plus de lait pour ouvrir le marché canadien. Cependant, cette approche ne permettra pas de résoudre leurs problèmes.
Vendre plus à un prix qui se situe en deçà du coût de production engendrera tout simplement une augmentation des pertes, une accentuation de la dette et mènera certains exploitants agricoles à mettre un terme à leurs activités. Il me semble que le prix des exploitants agricoles européens se situe actuellement à la moitié de celui qu’obtiennent les exploitants agricoles canadiens de sorte que la pression se fait sentir à l’échelle internationale.
La lettre d’entente accessoire conclue par le Canada en marge du PTP avec l’Australie prévoit ce qui suit:
Le Canada confirme que les produits laitiers de l’Australie, y compris les importations classées à la position 3504 du SH comme les concentrés de protéines de lait, peuvent être utilisés dans la plus grande mesure possible dans les activités de transformation de produits laitiers au Canada, ce qui comprend la fabrication de fromage.
Les importations de concentrés de protéines de lait présentent un caractère tout à fait controversé et ceux-ci sont utilisés par les transformateurs pour remplacer le lait produit au Canada. En vertu de l’Accord sur le PTP, 80 % des importations de lait de consommation devront être traitées au Canada.
La lettre accessoire conclue entre le Canada et les États-Unis engage les deux parties à se soumettre à une évaluation du caractère équivalent de leurs dispositions réglementaires mutuelles en matière de sécurité du lait de consommation, cette évaluation devant être achevée avant la fin de 2017. La détermination du caractère équivalent permettra de mener au traitement, au Canada, du lait de consommation produit aux États-Unis malgré le fait que la réglementation américaine autorise le double du nombre de cellules somatiques, un indicateur clé de la qualité et de la santé du troupeau; bien évidemment, nous ne retrouvons pas ici non plus de somatotrophine bovine (STb) dans votre lait.
Considérés conjointement, le texte du PTP et celui des deux lettres d’entente accessoires priveraient les exploitants agricoles canadiens d’un accès non restreint à notre propre marché laitier et transféreraient une partie importante de celui-ci à des producteurs étrangers. La consommation canadienne de produits laitiers croît lentement du fait que l’évolution des goûts et que le vieillissement de la population ont entraîné une réduction de la consommation par habitant de produits laitiers. Les concessions au plan du marché prévues en vertu du PTP s’ajoutent à celles qui ont déjà été faites par l’entremise de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et qui découlent de la ratification de l’Accord économique et commercial global (AECG). Chacune de ces ententes réduit petit à petit la part de notre marché canadien qui revient à nos exploitants agricoles en augmentant la quantité des importations libres de droits autorisées.
Ce sont les jeunes gens qui aspirent à devenir des exploitants agricoles dans les secteurs du lait, des oeufs, du poulet et de la dinde qui subiront la majeure partie du contrecoup de cette perte de marché dans nos secteurs visés par une gestion de l’offre. À défaut de marchés appuyant l’arrivée de nouveaux intervenants, ceux-ci se verront privés d’une telle occasion. Il se peut qu’un certain nombre d’exploitants agricoles parvenus à l’âge de la retraite soient disposés à accepter un dédommagement pour tenir compte des pertes liées au PTP. L’Union nationale des fermiers rejette cette option du fait de l’injustice qu’elle cause aux générations futures d’agriculteurs.
Les règles en matière d’approvisionnement local prévues en vertu du PTP signifient que les gouvernements et les organismes publics ne pourront mettre en oeuvre des programmes visant l’achat de produits locaux pour appuyer la vitalité de l’agriculture locale. S’il devait être ratifié, l’Accord sur le PTP, au même titre que l’AECG, empêcherait les gouvernements d’intégrer des exigences en matière de contenu local à leurs contrats d’approvisionnement. Il exigerait de tous les gouvernements qu’ils aient recours à un système de soumission pour conférer aux sociétés des pays ayant ratifié le PTP la même chance de fournir ces biens et services. Si des entreprises étrangères devaient obtenir ces marchés, les emplois, les bénéfices et les effets multiplicateurs découlant de ceux-ci seraient réalisés à l’extérieur du Canada.
Les règles en matière d’approvisionnement opposent injustement des entreprises locales concurrentielles à de grandes sociétés.
Nous sommes d’avis qu’il y a des conflits très clairs entre une partie importante de ce qui a été offert, tout particulièrement en rapport avec les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États et le changement climatique, au Canada. Le Canada a signé l’accord de Paris et nous nous sommes engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour freiner l’augmentation des températures, à travers le monde. Nous estimons que le PTP permettrait aux sociétés de poursuivre les gouvernements pour obtenir un dédommagement du fait de la perte de bénéfices futurs. Je pense que nous devons nous pencher sur la question du changement climatique et que le PTP compliquera cette question.
Les accords commerciaux comme le PTP portent, en principe, sur les échanges commerciaux. Ils sont ultimement élaborés pour limiter le pouvoir des gouvernements nationaux par rapport à leurs propres économies et pour étendre la portée des sociétés multinationales. Ces accords contiennent des mécanismes de cliquet, comme le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États qui rendent difficile voire impossible, pour les pays, de revenir sur des concessions consenties aux sociétés et de reconquérir leur contrôle démocratique.
Le fait de confier ces pouvoirs à des sociétés en ratifiant le PTP serait à la fois antidémocratique et contraire aux intérêts des Canadiens, y compris ceux des générations futures.
Merci.
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Bonjour. Mon nom est Mary Robinson, et je suis membre de la sixième génération d’une famille qui exploite une ferme à l’Île-du-Prince-Édouard. Nous cultivons les pommes de terre, le soya, les céréales et le foin. De plus, je suis actuellement présidente de la Prince Edward Island Federation of Agriculture (PEIFA). Notre directeur, Robert Godfrey, m’accompagne aujourd’hui.
Nous tenons à vous remercier pour cette occasion de prendre la parole aujourd’hui à Charlottetown. Nous savons que ce comité a rencontré des gens dans des villes d’un bout à l’autre du Canada pour entendre ce que les gens ont à dire sur ce sujet, et nous apprécions le fait de participer à cette démarche.
La PEIFA est la plus importante organisation agricole de nature générale de la province, y représentant les intérêts de 80 % à 85 % des exploitations agricoles. Nous avons environ 600 fermes membres, ainsi que 15 organisations de produits différents, allant des producteurs de bovins et de produits laitiers, ainsi que des producteurs de pommes de terre et de fraises aux éleveurs d’animaux à fourrure et aux producteurs de miel. Nous jouissons d’une grande diversité, et cette grande diversité dans la composition des membres s’accompagne aussi d’une diversité sur le plan des accords commerciaux. Nous représentons autant les intérêts offensifs que défensifs, un peu comme le gouvernement fédéral du Canada.
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La PEIFA aimerait remercier les négociateurs de défendre les intérêts du Canada à la fois pour les exportateurs et les secteurs soumis à la gestion de l’offre. Nous sommes conscients des pressions qu’ils ont subies tout au long des négociations. La PEIFA appuie le Partenariat transpacifique (PTP). Le rapport d’incidence économique d’Affaires mondiales Canada, publié plus tôt ce mois-ci, a brossé un tableau qui illustre l’importance de cet accord, soit un gain évalué à 4,3 milliards de dollars au titre du produit intérieur brut du Canada. On y a également souligné la perte potentielle de 5,3 milliards de dollars si cet accord était conclu sans le Canada. C’est là une occasion que le Canada doit saisir, tout comme notre communauté agricole.
Désormais, le travail du gouvernement est de faire en sorte qu’il y ait des gains réels de marché pour nos exportateurs. Il est également important que le gouvernement s’engage à mettre en place un programme d’indemnisation pour les pertes que nos secteurs soumis à la gestion de l’offre peuvent subir à la suite de cet accord. Cet accord aura une incidence sur nos produits soumis à la gestion de l’offre. Nos collègues, les Dairy Farmers of P.E.I., s’occuperont de cela, mais nous voulons absolument faire écho à leurs préoccupations.
En ce qui concerne les échanges commerciaux, la PEIFA a toujours soutenu la position adoptée à l’égard des produits soumis à la gestion de l’offre: le commerce est essentiel pour l’économie canadienne, mais il devrait être réalisé d’une manière qui n’engendre aucune incidence négative sur les fermes soumises à la gestion l’offre. Ce secteur ne devrait pas avoir à payer le prix des accords commerciaux conclus par une nation. C’est aussi simple que cela.
Vous vous souviendrez que l’on s’était engagé à mettre sur pied un programme d’indemnisation en octobre dernier, comme Ron l’a dit il y a quelques minutes. La PEIFA demande au gouvernement de s’engager à faire de même. Les indemnisations des agriculteurs soumis à la gestion de l’offre pour les pertes de revenus font partie du compromis que le gouvernement canadien était prêt à faire. Le secteur soumis à la gestion de l’offre estime que les droits d’accès, et donc la perte de revenus potentiels, seront considérables. L’industrie laitière, l’un de nos membres les plus importants et l’un des plus grands secteurs agricoles de l’Î.-P.-É., estime qu’il y aura une baisse dans l’économie, à l’échelle du Canada, de 246 millions de dollars par année. Les secteurs du poulet, des oeufs et de la dinde prévoient également d’importantes pertes de revenus à la suite de la mise en oeuvre du PTP. Ces mouvements de produits seront comblés par des exploitants agricoles étrangers et entraîneront des pertes réelles pour les exploitants des fermes de l’île soumises à la gestion de l’offre. Nous espérons que l’annonce de la mise en place de ce programme se fera bientôt.
En outre, on a promis de combler les nombreuses fuites dans le régime actuel d’importation des produits soumis à la gestion de l’offre. Dans de nombreux cas, ces failles permettent presque autant les importations de produits soumis à la gestion de l’offre que les contingents tarifaires actuels. Nos secteurs soumis à la gestion de l’offre tireraient certainement profit d’un système plus robuste qui ferait en sorte que les importations respectent les limites prévues.
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Sur le plan des exportations, le gain réel pour le Canada, c’est d’être sur un pied d’égalité, sur les marchés japonais, avec nos concurrents des États-Unis, de l’Australie et du Mexique. Cependant, ces gains ne se concrétiseront que si le Canada est signataire du PTP, puisque l’Australie a déjà conclu un accord de libre-échange avec le Japon. Comme vous le savez, si le Canada ne ratifie pas le PTP, ces gains seront perdus au profit des Australiens.
La PEIFA a entendu parler de certains rapports américains qui laissent entendre que le Congrès souhaite modifier certaines des dispositions du PTP ou adopter d’autres lois qui modifieraient le PTP. Sans mentionner la rhétorique entourant la campagne présidentielle, dans le cadre de laquelle les deux candidats se sont publiquement opposés à la version actuelle de l’accord.
Il est important de se rappeler que ce sont les détails qui posent problème. Les problèmes phytosanitaires peuvent constituer, et ont constitué, un obstacle non tarifaire pour les produits agricoles. L’industrie de la pomme de terre de l’Î.-P.-É., le plus grand contributeur économique agricole de notre économie, est particulièrement sensible à cela. La PEIFA demande au gouvernement du Canada de garder cela à l’esprit à mesure que le processus progresse. Nous demandons au gouvernement canadien de demeurer vigilant tout au long du processus de ratification des 12 pays membres du PTP, afin de veiller à ce qu’aucune modification ne soit apportée qui pourrait compromettre les intérêts du Canada, et plus particulièrement, les intérêts liés au secteur agricole.
Maintenant que le Canada a négocié avec succès un accord commercial avec l’Union européenne et le PTP, la PEIFA demande au gouvernement de rencontrer les représentants de l’industrie en vue d’élaborer une stratégie d’exportation globale, qui permettrait de déterminer ce dont ont besoin les agriculteurs canadiens, y compris les agriculteurs de l’Île-du-Prince-Édouard, pour tirer pleinement parti de ces accords commerciaux.
Enfin, nous tenons à vous assurer que la PEIFA et notre partenaire national, la Fédération canadienne de l’agriculture, sont prêts à travailler en collaboration et en partenariat avec vous et notre gouvernement pour promouvoir les intérêts des agriculteurs canadiens.
Je vous remercie du temps que vous m’avez accordé.
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Merci, mesdames et messieurs, pour vos exposés. Je suis heureux de retrouver un certain nombre d’entre vous que j’ai rencontrés au fil des ans.
Une famille qui exploite une ferme depuis six générations, Mary, c’est fantastique. Et pour les six prochaines générations? Cela est certes possible. Le monde est affamé et, bien sûr, on compte sur le Canada. On reconnaît l’excellent travail que font les agriculteurs et les transformateurs dans la fourniture de produits alimentaires de qualité, bons et sûrs.
Les obstacles non tarifaires au commerce constituent toujours une énorme barrière à la stabilité et à la prévisibilité des corridors commerciaux. Il y a eu beaucoup de bruit du fait que seulement six chapitres du PTP abordent la question des tarifs, et il y a beaucoup d’autres chapitres qui toucheraient à la question des obstacles non tarifaires au commerce. Il y a des chapitres sur les normes en matière de sécurité alimentaire, afin de s’assurer que les produits qui entrent au Canada sont fabriqués selon des normes identiques aux nôtres, et ne sont pas de moindre qualité. Nous avons commencé ce travail il y a un certain nombre d’années déjà, dans le cadre de l’initiative Par-delà la frontière avec les États-Unis, qui a résulté en des intrants et en des extrants, en la mise au point de médicaments vétérinaires, entre autres, et en plusieurs produits plus abordables et plus rapidement accessibles.
Ensuite, bien sûr, il existe des normes relatives à l’environnement et au travail afin de faire en sorte que d’autres pays s’élèvent au niveau des normes canadiennes, et non pas pour que nous nous suivions les leurs. C’est un accord commercial très complet. Oui, il y a des compromis à faire pour le secteur agricole.
Ma question touche le point que vous avez soulevé. Aux États-Unis, en ce moment, avec la campagne électorale en cours, nous avons droit à beaucoup de discours. Si les États-Unis ne ratifient pas l’accord, le Canada devrait-il continuer à vouloir faire partie des 11 autres pays membres du PTP?
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Oui, je ne suis pas en désaccord avec vous sur ce point. Je pousserais un peu plus, cependant, sur le fait que nous avons besoin de la diversité dans notre portefeuille commercial, comme vous le faites dans le cas des investissements. Vous avez mentionné différentes cultures, Mary, et c’est pourquoi vous ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier, littéralement. Voilà un très mauvais cliché, mais il est vrai.
Je suis entièrement convaincu que nous devrions aller de l’avant dans la conclusion d’accords commerciaux qui profitent à l’ensemble du Canada, oui, absolument. Toutefois, au bout du compte, je pense qu’il est très important que nous pénétrions ce marché du Pacifique, car c’est là où le prochain flux aura lieu.
La parole est aux agriculteurs laitiers. Messieurs, je vous remercie pour l’excellent travail que vous faites d’un bout à l’autre du Canada. Il y a certains renseignements erronés dans ce que vous avez mentionné. Vous avez parlé de 16 000 tonnes et de 17 000 tonnes en relation avec l’Accord économique et commercial global. Je ne sais pas où vous avez obtenu ces chiffres.
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Oui, j’étais au courant de ces chiffres. Ces chiffres sont statiques; ils ne sont pas indexés. Il s’agit d’un nombre fini et, par conséquent, dans 20 ans, ce sera toujours le même. Mais pendant que nous veillons à la croissance de notre marché, il y a possibilité d’absorber ce fromage.
Rien ne dit que tout le fromage sera du fromage fin. Les acheteurs et les vendeurs décideront de ce qui sera sur le marché. Je suis aussi très fier du fait que les fromagers canadiens participent aux foires commerciales européennes et qu’ils remportent des prix. Ils commencent à développer ce marché, ainsi que l’exportation de leur fromage sur ce marché. Il y a des compensations que l’on trouve au niveau du marché.
L’établissement de normes pour les concours de fromage a été une vive réussite. Cela a été mentionné dans l’un des chapitres qui auraient été terminés et bloqués. Nous ne pouvions pas revenir sur cela. Mais nous l’avons fait. Nous avons pu apporter des modifications à tous ces chapitres et travailler pour l’intérêt supérieur du Canada.
Il y a deux autres questions... en fait, il y en a plus de deux, mais les deux différends commerciaux les plus répandus sont ceux qui touchent le lait diafiltré et la volaille de réforme. Du travail se fait à ce sujet. Nous avons tenu des audiences. Je sais que le ministre essaie d’accélérer les choses. J’ai dit l’autre jour, devant le Comité, que les gens qui collaborent avec les fonctionnaires ont déjà accéléré la vitesse à laquelle ils travaillent. Ils savent ce qui doit être fait pour changer les choses.
Je suis étonné de constater que d’autres pays peuvent utiliser ces échappatoires tarifaires, si vous voulez, dans le cas d’exportations touchées par les accords de l’Organisation mondiale du commerce, et nous, nous ne le pouvons pas en tant que pays.
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Merci beaucoup pour vos présentations. Je pense que vous avez très bien exposé le fait que cet accord commercial représente un prix énorme à payer pour le secteur laitier. L'un des premiers présentateurs que nous avons eus au Comité a été l'Association des producteurs laitiers du Canada. Pour moi, il est incroyable que nous envisagions d'exposer notre marché laitier à d'énormes pertes, qu'une injection de 4,3 milliards de dollars sur 15 ans ne saura éponger, avec la perte de fermes familiales. Je viens d'une circonscription rurale. Je comprends l'impact de ceci. Je pense que la plupart des Canadiens seraient scandalisés d'apprendre que ceci est en cours de discussion dans le cadre du Partenariat transpacifique.
J'aimerais répondre à quelque chose que M. Godfrey a dit au sujet de l'étude sur l'impact économique. Le montant de 4,3 milliards de dollars prévu par le gouvernement s'étale actuellement sur 24 ans. S'ils donnent les 4,3 milliards de dollars à l'industrie laitière sur 15 ans, nous serons en situation déficitaire. Nous avons mis beaucoup de pression sur le gouvernement pour qu'il confirme s'il va honorer le montant offert aux producteurs laitiers par le gouvernement conservateur précédent, sachant que ce n'est pas assez pour assurer la survie de l'industrie dans l'avenir.
Il s'agit de fermes laitières lesquelles, je le suppose, comme dans ma circonscription, existent depuis des centaines d'années, plus de 100 ans, depuis la Confédération ou même avant, comme nous savons que c'est le cas ici à l'Île-du-Prince-Édouard. Il y a un fort prix à payer en gestion de l'offre dans notre secteur agricole pour avoir accès à ce qui semble être un seul marché: le Japon. Nous sommes en train de conclure un accord qui entraînera des pertes incroyables dans toutes nos communautés et qui se répercuteront.
Je voudrais vous demander quel impact aurait la perte de 10 fermes sur votre communauté dans une province comme l'Île-du-Prince-Édouard. À quoi cela ressemblerait-il? Je sais que dans mes cinq municipalités, il existe des emplois secondaires qui dépendent de l'agriculture. Dans ma région, la perte de 10 fermes aurait des conséquences désastreuses.
Je suis heureuse de voir qu'une dame a pris la relève de l'entreprise familiale et qu'il s'agit de la sixième génération. Cela me fait vraiment plaisir. C'est très beau.
J'ai écouté vos commentaires, qui étaient tous très intéressants. Or comme le disait Mme Ramsey, nous n'avons que cinq minutes.
Vous avez dit plus tôt être fort préoccupé à l'idée que l'accord du Partenariat transpacifique soit signé, mais que le Canada n'y soit pas partie prenante.
L'Île-du-Prince-Édouard a des problèmes en ce qui concerne les produits laitiers, mais de façon générale, le fait de signer l'accord du PTP serait-t-il avantageux pour la province?
Pour l'ensemble des produits, est-ce que cela représenterait une augmentation des exportations?
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Le problème est la logistique. Si je suis un petit agriculteur canadien, tout le monde veut du volume. Je ne peux pas atteindre les normes. Je n’ai pas les moyens de remplir vos exigences d’exportation, d’importation et de permis pour un petit volume. C’est un problème pour les plus petits transformateurs, comme nous le voyons ici à l’Île-du-Prince-Édouard. Si je suis dans l’industrie laitière, si je suis un des grands, Agropur, Parmalat ou Saputo, je suis déjà une multinationale. Cela m’ouvre de nouvelles occasions.
Si je suis un petit transformateur, cela devient un véritable défi de mettre en place la distribution, le marketing et tout le reste. C’est le défi que nous voyons dans l’AECG. Nous voyons que ce marché-là est ouvert aux produits canadiens, mais c’est la logistique d’y entrer. À l’heure actuelle, les importateurs qui entrent ajoutent 10 % à leur volume. Ils ont déjà la distribution dans le marché et tout le reste en place.
L’exportation c’est bien beau, mais nous pensons que la meilleure occasion, c’est d’alimenter les Canadiens. En agriculture et en élevage laitier, c’est ce que nous faisons. Le marché est en croissance. Mais pas pour le lait liquide, sans aucun doute. Il grandit dans les produits spécialisés: yogourt, fromages fins, ingrédients. Cela est relié à votre question sur les usines de produits laitiers. Nous devons être présents dans ce marché, parce que c’est là qu’est l’avenir, dans les ingrédients.
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Tout le monde, c’est ma première visite dans l’île. Merci de votre hospitalité. J’ai visité toutes les provinces et j’ai gardé la meilleure pour la fin. Je suis sincère quand je dis cela.
J’ai entendu des applaudissements, et vous pouvez applaudir, parce que j’ai appelé ma femme hier soir et je lui ai dit: « Nous déménageons. Je vais t’amener dans cette île. »
Des voix : Oh, oh!
M. Dave van Kesteren : Quel magnifique endroit. Je viens de l’une des plus belles régions agricoles du pays. Je serais même prêt à dire que c’est la meilleure. À ce point-ci, le comté de Kent, dans le sud-ouest de l’Ontario, fait pousser de tout.
Par contre, hier soir j’ai vu du maïs, et je ne pense pas qu’il était là comme fourrage. Est-ce que je me trompe? Vous allez bien récolter ce maïs? Vous faites pousser du maïs ici.
Il y a nombre d’années, mon beau-père avait une ferme à 40 kilomètres au nord de London. Si vous tirez une ligne droite, cela se situe nettement au sud de Boston, au moins, pour vous donner une idée. La grande nouvelle à ce moment-là c’est qu’ils commençaient à faire pousser du soja. Quand je regarde l’Île-du-Prince-Édouard aujourd’hui, wow, vous êtes au tout début de quelque chose d’excitant. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais c’est un moment extraordinaire de l’année pour vous.
Nous venons d’acheter des terres agricoles, et je n’hésite pas à dévoiler que nous avons payé 10 000 $ l’acre. Nous pensions avoir perdu la tête. Les terres se vendent en ce moment 20 000 $ l’acre dans le comté de Kent. J’ai entendu parler du prix des terres par ici, et je pense que nous devrions commencer à acheter.
Vous avez un énorme potentiel dans cette île. Nous avons parlé hier à des gens de Cavendish de leur production de pommes de terre: 1,5 milliard de livres. Si vous regardez la population mondiale, quel potentiel de croissance.
Je veux tout d’abord vous encourager; je pense que vous, Canadiens de l’île, avez sans doute l’un des plus grands potentiels que j’ai vus jusqu’à présent dans le pays. Je sais que vous faites face à des défis. Je voulais faire ce commentaire, par-dessus tout.
Il y a un excellent potentiel de croissance pour votre industrie de la pomme de terre. Nous n’en avons pas parlé et pourtant, quand les gens parlent de l’Île-du-Prince-Édouard, ils parlent de pommes de terre. Mary, Robert ou Reg, voulez-vous me dire ce que vous pensez de l’industrie de la pomme de terre, son avenir, certains des défis auxquels vous faites face, et peut-être où vous voyez le plus grand potentiel de croissance?
Moi qui viens d’une région et d’une ferme où l’on cultive la pomme de terre, je dois dire qu’avec la situation actuelle de la sélection végétale et de la génétique, avec l’amélioration de la conservation et tout ce que nous faisons dans nos fermes, meilleure agronomie, spécifique au site, et tout le reste, nous n’avons pas constaté en général de baisse des rendements.
Dans ma ferme, nous n’irriguons pas. Je suis une des six propriétaires de la ferme. Je ne suis pas toute seule. Nous ne voulons pas irriguer. Nous ne cultivons pas pour la transformation. Nous cultivons pour la table. Nos rendements sont stables ou en croissance d’année en année. Cela a beaucoup à voir avec Mère Nature. Il y a des gens qui ne recherchent pas des rendements plus élevés; ce qu’ils veulent, c’est un produit différent.
Nous avons la Little Potato Company qui cultive de petites pommes de terre. Ceci signifie qu’ils le font en moins de temps et qu’ils ont un rendement moins élevé. Il est dans la nature du fermier de vouloir le plus par acre, mais le résultat financier dit autre chose.
Membres du panel, vous nous avez donné une bonne introduction à l’agriculture à l’Î.-P.-É., une bonne photo instantanée. J’ai perçu un grand intérêt pour l’agriculture chez les membres du panel. Nous allons avoir d’autres groupes d’agriculteurs ici ce matin, et nous allons pouvoir poser certaines questions.
Merci beaucoup d’être venus. Vous êtes les bienvenus si vous voulez rester. Nous avons plusieurs autres sessions ici ce matin.
Étant donné que nous avons un peu dépassé le temps alloué, nous allons prendre seulement 5 ou 10 minutes de pause et recommencer. Je demanderais s’il vous plaît aux députés de ne pas aller trop loin.
Nous allons suspendre.
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Nous allons reprendre la réunion.
Bienvenue à tous ceux d’entre vous qui viennent d’arriver, et en particulier aux nouveaux membres de notre second panel.
Je m’appelle Mark Eyking et je préside le Comité sur le commerce de la Chambre des communes. La majeure partie des membres du Comité sont avec nous aujourd’hui. Nous avons dû en laisser quelques-uns à Ottawa pour nous occuper des affaires en cours. Beaucoup de nos députés viennent de partout dans le pays.
Nous sommes un comité très occupé. Nous traitons de commerce, et le Canada est un pays qui fait beaucoup de commerce extérieur. Nous nous occupons en ce moment de l’AECG. Nous nous occupons du bois d’œuvre, et nous nous occupons de questions agricoles avec les États-Unis. Mais notre concentration principale est le PTP. Comme vous le savez bien, le PTP touche 12 pays, 40 % du PIB mondial et 800 millions de personnes; c’est donc un sujet important. Comme beaucoup d’entre vous le savent sans doute, il en a été fortement question dans le débat aux États-Unis hier soir; c’est donc un sujet chaud.
Nous savions que c’était un sujet important. Notre comité s’est attelé à cette étude au début de l’année. Nous avons déjà visité sept provinces et nous allons finir par les provinces de l’Atlantique cette semaine. Nous avons parlé aux territoires par vidéoconférence. Nous avons reçu beaucoup d’apports. Nous avons eu au-delà de 125 mémoires, 265 témoins et 20 000 courriels, et ce n’est pas terminé.
Nous avons l’intention de conclure notre étude fin octobre. Ensuite, nous allons préparer un rapport pour la Chambre des communes. Nous espérons le présenter d’ici la fin de l’année ou au début de l’année prochaine.
Il y a beaucoup d’intérêt, et c’est quelque chose que nous constatons en traversant le pays. Je pense que plus les Canadiens en savent sur l’accord et plus ils donnent leur point de vue.
Nous accueillons les membres du panel pour la deuxième heure. Tout d’abord, nous avons de l’interprétation. Je pense que c’est le canal un de vos écouteurs, mais je n’en suis pas certain. Dans la mesure du possible, essayez de limiter votre présentation à cinq minutes. Je demanderais également aux députés de s’en tenir à environ cinq minutes. De cette façon-là, nous pouvons souvent donner notre apport ici et les choses vont bien durant l’heure.
Sans autre forme de procès, je vais commencer par M. Jordan MacPhee, de la Coalition de l’environnement de l’Île-du-Prince-Édouard. À vous, monsieur.
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La Coalition de l’environnement de l’Île-du-Prince-Édouard, ou Éco-Î.-P.-É., est un organisme non gouvernemental qui a été établi en 1989. Le travail de notre organisme se concentre sur l’éducation du public, les événements communautaires et la défense des droits sur des sujets ayant trait à l’environnement à l’Île-du-Prince-Édouard et à l’utilisation de nos ressources naturelles. La question du commerce tombe dans cette concentration.
Éco-Î.-P.-É. est d’avis que le Canada ne devrait pas ratifier le Partenariat transpacifique, ou PTP. Les raisons principales de notre position contre le PTP sont les suivantes: premièrement, il va mettre une pression supplémentaire des systèmes environnementaux qui sont déjà à la limite au Canada et à l’Île-du-Prince-Édouard, en échange d’avantages économiques mineurs; deuxièmement, le mécanisme de résolution des différends entre États et investisseurs permettra aux entreprises de poursuivre en justice le gouvernement pour ses politiques fédérales et provinciales, et le PTP affaiblira notre capacité de légiférer efficacement des contrôles environnementaux dans l’intérêt de nos citoyens canadiens. Troisièmement, les contribuables canadiens deviendront responsables financièrement des contestations judiciaires entamées par des groupes d’intérêt privés contre la législation fédérale et provinciale, y compris notamment la législation environnementale. Pris ensemble, cela aurait pour effet final de miner la souveraineté du Canada en faveur des intérêts des entreprises.
Le PTP semble s’inscrire dans une tendance des dernières décennies et reflète le penchant des gouvernements occidentaux à affaiblir leurs institutions démocratiques dans l’espoir d’une croissance économique à tout prix, sans préoccupation critique pour les conséquences de cette croissance. Nous ne sommes pas contre le libre-échange en soi, mais, avant de signer un accord, il est crucial pour un pays de considérer comment et à qui sont distribués les avantages et les coûts de cet accord, et si l’accord global est bénéfique pour les Canadiens et la société dans son ensemble. Nous comprenons que le PTP va concentrer la majorité des avantages entre les mains de certains groupes, tout en dirigeant la plupart des coûts et des conséquences négatives vers la majorité de la population, et tout en affaiblissant l’autorité législative du Canada.
Nous aimerions donner au Comité du contexte à propos de notre situation économique et environnementale locale à l’Île-du-Prince-Édouard en vue d’illustrer comment le PTP, s’il est ratifié, nous affecterait en tant que province. Selon le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard, 12 % de notre économie dépend de l’agriculture, des pêcheries et de la transformation alimentaire. Les habitants de l’île sont conscients de certaines des pressions environnementales que cause l’industrie agricole. C’est un sujet sensible à l’Île-du-Prince-Édouard car tout le monde compte un agriculteur parmi ses amis ou les membres de sa famille.
Ces pressions comprennent une forte utilisation d’engrais azotés et de pesticides, l’écoulement et le lessivage de ces produits chimiques dans la nappe phréatique et les cours d’eau voisins, l’érosion du sol fertile des fermes de l’île, laissant un sol endommagé qui est moins productif et moins en mesure de retenir l’humidité, ce qui a pour résultat une demande croissante de quantités sans cesse plus grandes d’eau de la nappe phréatique de l’île à des fins d’irrigation.
Nous voulons être entièrement clairs : Éco-Î.-P.-É. n’est pas contre les agriculteurs de l’île. Nous comprenons les pressions économiques qu’ils vivent aujourd’hui, et les réalités auxquelles ils doivent faire face pour gagner leur vie. De nombreux agriculteurs ont la responsabilité de centaines de milliers ou même de millions de dollars en immobilisations, et il leur est impossible de changer soudainement de modèle de production.
Le PTP n’est cependant pas la réponse aux problèmes des agriculteurs, comme nous l’avons vu avec les accords de libre-échange dans le passé. Selon Statistiques Canada, depuis la signature de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1987, les exportations agricoles ont été multipliées par trois, mais durant cette même période la dette des agriculteurs de l’Île-du-Prince-Édouard est passée de 157 millions en 1987 à 748 millions en 2015, multipliée par quatre en moins de 30 ans. Cette tendance d’une augmentation des exportations jumelée à une augmentation de l’endettement se retrouve partout au Canada, puisque la dette est passée de 23 milliards de dollars en 1987 à 91 milliards en 2015, là encore multipliée par quatre.
Si le Canada ratifie le PTP, cela augmenterait la dépendance économique de l’Île-du-Prince-Édouard à l’exportation de produits agricoles, ce qui emprisonnerait encore plus les agriculteurs dans un système de production qui nuit déjà aux systèmes de l’environnement sur lesquels nous comptons pour faire pousser ce que nous mangeons. Par la même occasion, il n’existe pratiquement aucun incitatif pour encourager les jeunes à se lancer dans l’agriculture. Si je me fie à ma propre expérience de jeune personne à l’Île-du-Prince-Édouard qui tente de démarrer une entreprise agricole, je sais combien il est difficile de gérer les difficultés financières et autres problèmes du démarrage d’une ferme même à petite échelle.
En tant que pays, nous devons penser à l’avenir de nos industries et à la génération montante qui tente de construire une économie qui comprend réellement les limites écologiques à la croissance. Le PTP fait exactement le contraire. L’espoir serait que le PTP offre un avantage économique substantiel au Canada, mais même les tenants du PTP estiment que les avantages économiques seraient mineurs en termes de croissance prévue du PIB si le Canada venait à ratifier l’accord. Selon un document de travail du Peterson Institute de janvier 2016, rédigé en faveur du PTP, le gain de PIB prévu pour le Canada d’ici 2025 est estimé à 0,9 %, l’un des plus faibles parmi les signataires potentiels du PTP. Parmi ceux qui sont moins optimistes, on compte Dan Ciuriak, ancien économiste en chef adjoint à Affaires étrangères et Commerce international Canada, qui a estimé le gain net en PIB à 0,1 % seulement d’ici 2035.
Dans un cas comme dans l’autre, les avantages sont minimes comparés aux prévisions de déficit récemment annoncées par ce gouvernement fédéral et, comparés au PIB global du Canada, ils représentent à peine une erreur d’arrondissement.
Notre dernière préoccupation centrale a trait au mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, également connu comme le droit des entreprises étrangères de poursuivre des gouvernements souverains devant des tribunaux privés.
En mars 2015, un tribunal de l’ALENA a entendu une contestation de Bilcon, une entreprise qui proposait une carrière en Nouvelle-Écosse qui a été refusée, et a tranché contre le Canada. Bilcon demande maintenant 300 millions de dollars de dommages pour perte de bénéfices potentiels futurs. Donal McRae était le représentant du Canada au tribunal d’arbitrage. Parlant des effets négatifs du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, il dit:
Une fois de plus, un vent froid va s’abattre sur les comités de revue environnementale, qui se préoccuperont de ne pas accorder trop d’importance aux considérations socioéconomiques et autres considérations de l’environnement humain par crainte que cela se traduise par une poursuite en dommages en vertu du chapitre 11 de l’ALENA. À ce sujet, la décision de la majorité représentera un grand pas en arrière pour la protection environnementale.
En résumé, la position d’Éco-Î.-P.-É. est que le PTP va augmenter les contraintes sur l’environnement en échange de faibles résultats économiques, va miner la souveraineté du Canada et va rendre le gouvernement fédéral, et donc les contribuables canadiens, vulnérables à des poursuites coûteuses de la part d’intérêts privés. Pour ces raisons, Éco-Î.-P.-É. recommande que le Canada ne ratifie pas le PTP.
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Bonjour à vous, monsieur le président, et aux membres du comité du commerce international. Je m’appelle Ian MacPherson et je suis directeur exécutif de la Prince Edward Island Fishermen’s Association. Se joint à moi aujourd’hui le président de notre association, M. Craig Avery, qui compte plus de 40 ans d’expérience dans la pêche commerciale au homard.
Traditionnellement, le secteur de la pêche au homard n’a pas eu un lien direct avec le commerce international. Notre intention aujourd’hui est cependant de donner au comité un aperçu de l’industrie du homard à l’Île-du-Prince-Édouard du point de vue du pêcheur, et de l’importance de la croissance des marchés au cours des dernières années.
La Prince Edward Island Fishermen’s Association, PEIFA, représente près de 1 300 pêcheurs de homard dans l’Île-du-Prince-Édouard. Bien que notre espèce principale soit le homard, nos membres pêchent également du hareng, du maquereau, du flétan, du thon rouge, du crabe des neiges et des pétoncles. Les pêcheries, avec l’agriculture et le tourisme, sont l’un des trois principaux moteurs économiques de l’Île-du-Prince-Édouard.
Une des raisons principales pour lesquelles notre organisme voulait être ici aujourd’hui était pour faire des commentaires sur le changement substantiel qui s’est produit dans l’industrie du homard au cours des cinq dernières années, et sur la façon dont notre organisme travaille diligemment pour éviter un retour aux fortes fluctuations de prix du passé. Nous voyons la diversification des marchés comme une composante-clé d’une stratégie globale qui donnera des rendements appropriés à toutes les composantes de la chaîne d’approvisionnement. Pour la discussion d’aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur l’exportation et le commerce du homard, bien que nombre de ces points de discussions puissent s’appliquer également à d’autres espèces.
Aussi récemment qu'en 2012, le prix que les pêcheurs recevaient pour le homard était nettement inférieur aux niveaux de prix des 10 années précédentes. Avec la hausse des coûts de production, ceci rendait de nombreuses flottes du Canada Atlantique non viables à des prix qui tournaient autour de 3 dollars la livre. À la suite d’une interruption des activités à l’échelle du golfe, les pêcheurs ont pris l’engagement ferme de réformer leur industrie. Même si un certain nombre de programmes existaient déjà, comme la réduction et la mise à la retraite des permis, et des mesures de durabilité augmentées, les pêcheurs de homard ont réalisé qu’ils étaient trop à la merci de divers marchés d’exportation traditionnels.
Historiquement, l’Île-du-Prince-Édouard a produit beaucoup plus de homard transformé que de homard vivant. La norme était dans le passé des ratios de 80 % de homard transformé contre 20 % de homard vivant. Nous voyons aujourd’hui ce ratio diminuer en raison de l’addition de plus de capacité d’entreposage de homard vivant à l’Île-du-Prince-Édouard. Le produit transformé demeure cependant le marché principal pour la plupart de nos homards.
Même s’il existe des coopératives où les pêcheurs prennent part à la fois à la pêche et à la production, la plupart des pêcheurs traitent avec des acheteurs commissionnaires qui vendent aux transformateurs et à l’extérieur de l’île. Au cours des deux dernières années, nous voyons également plus de pêcheurs participer directement à l’exportation du homard vivant.
Beaucoup des éléments de la chaîne d’approvisionnement ont travaillé fort au cours des trois dernières années pour améliorer le rendement financier pour les pêcheurs, mais le travail n’est pas terminé. Les marchés traditionnels aux États-Unis et en Europe demeurent importants. Cependant, avec la multiplication des prises par deux au cours d’une période récente de six ans, il est essentiel de développer des marchés de rechange. Pour placer cette augmentation en contexte, la prise de homard dans l’Île-du-Prince-Édouard est passée de 16 millions à 30 millions de livres au cours de la période. On parle ici de la prise annuelle.
Cette récente expansion des marchés asiatiques au cours des cinq dernières années a été un facteur qui a contribué à la hausse des rendements financiers pour les pêcheurs. Beaucoup de cette augmentation des ventes a été attribuée à l’émergence de la classe moyenne dans des pays comme la Corée et la Chine, où des articles comme le homard étaient inabordables dans le passé.
PEIFA a investi dans notre propre marque, qui est détenue et contrôlée par les pêcheurs. Même si nous n’en sommes qu’aux étapes initiales du développement du marché, nous constatons un intérêt marqué de la part des acheteurs internationaux et des consommateurs qui recherchent un lien plus direct avec les pêcheurs. Du point de vue du pêcheur, il est essentiel que tout accord commercial comporte des clauses qui couvrent des facteurs tels que la durabilité de la ressource, des pratiques d’emploi équitables, des composantes de rémunération équitables et des pratiques de pêche qui ne soient pas nuisibles à l’environnement.
PEIFA et Pêches et Océans Canada travaillent sur diverses initiatives régionales qui vont contribuer à une meilleure efficience de nos pêcheries. Le modèle de propriétaire-exploitant qui fonctionne bien dans de nombreux pays du monde est solide et efficace au Canada. Des organismes tels que PEIFA soutiennent fortement la pérennité de ces commerces indépendants. Chacun de nos capitaines a fait un investissement financier substantiel dans sa flotte, qui se traduit par un lien direct avec nos pêcheries. Il est important que tout accord commercial envisagé ne se concentre pas uniquement sur l’augmentation des volumes de commerce. La baisse des droits de douane actuels devrait avoir un effet positif sur l’industrie canadienne du homard; la concentration de notre expansion de marché devrait cependant porter sur une augmentation de la valeur des exportations, plutôt que d’essayer d’augmenter les volumes à tout prix. Cela va demander un léger ajustement de point de vue de la part des gouvernements, tant fédéral que provinciaux.
Dans le passé, le Canada occupait une meilleure position mondiale dans l’exportation des produits de la mer que notre classement actuel. Il est important de garder ceci présent à l’esprit pour éviter de rechercher une croissance des exportations au détriment de la durabilité de la ressource.
PEIFA et notre marque Master Lobster sommes à la recherche de partenariats stratégiques qui se convertiront en relations à long terme bénéfiques pour le Canada et pour nos partenaires commerciaux. Nous sommes conscients du fait que ceci ne se fait pas en un jour. Cependant, avoir ces buts en tête sera très avantageux pour le Canada à long terme.
Nos océans canadiens sont des ressources d’une grande valeur que nous avons le privilège d’exploiter au nom des habitants du Canada. Les pêcheurs de la Prince Edward Island Fishermen’s Association prennent cette responsabilité très au sérieux et soutiennent que les facteurs de durabilité de la ressource, de pratiques d’emploi équitables, de pratiques de rémunération équitables, de protection de l’environnement et de pérennité de la flotte de propriétaires-exploitants doivent être les piliers de tout accord avant sa ratification.
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Bonjour, et bienvenue, en particulier à ceux qui visitent l’Î.-P.-É pour la première fois.
Je m’appelle Greg Donald. Je suis directeur général du Prince Edward Island Potato Board. Le Potato Board est un organisme de cultivateurs de pomme de terre ici à l’Î.-P.-É. Nous représentons également les marchands et les exportateurs sur l’île.
J’aimerais commencer par parler des points-clés ayant trait à cet accord, le fait que nous soutenons le PTP. Nous soutenons certainement des opportunités avec des pays où nous pouvons éliminer les droits de douane, égaliser les conditions concurrentielles et générer des occasions pour tous les secteurs, en particulier notre secteur de transformation, mais également la pomme de terre fraîche et la pomme de terre de semence.
J’aimerais également mettre l’accent sur le fait qu’une composante très importante du PTP est l’inclusion de dispositions au sujet des questions et préoccupations phytosanitaires. C’est très important. Je sais qu’il existe des exemples d’accords commerciaux dans le passé, en particulier pour la pomme de terre, où ces questions n’ont pas été traitées. Il est très important que cette disposition ait été identifiée et se retrouve dans l’accord. Je souleverais également la question du fait qu’il nous faut des ressources adéquates au sein de l’ACIA, dans la division santé des plantes, pour traiter de cette question.
Je signalerais également que nous avons vu un autre accord où des difficultés sont survenues aux niveaux des quotas sous droits de douane. Nous espérons que ce n’est pas quelque chose qui se retrouve dans cet accord.
Mon dernier point serait le besoin de poursuivre l’investissement en recherche agricole, en particulier dans la pomme de terre, et dans la sélection afin de mieux répondre aux besoins des pays où il existe des opportunités. Ce sont là les questions principales.
Voici quelques mots sur notre industrie et sur la commission. L’industrie de la pomme de terre est l’épine dorsale de l’économie ici à l’Î.-P.-É. Elle contribue directement ou indirectement plus d’un milliard de dollars à l’économie d’ici, et elle est donc importante pour nous. Nous comptons environ 200 fermes familiales. J’ai, comme nous tous, eu l’occasion de visiter beaucoup d’endroits du monde. Il s’agit de petites fermes familiales, pas de fermes industrielles. Je ne suis pas réellement certain de la façon de les définir, mais ce sont de petites fermes familiales ici à l’Î.-P.-É. Nous produisons environ 2,5 milliards de livres de pommes de terre, soit environ 25 % de la production du Canada. Environ 60 % de notre production va à la transformation pour des frites, des croustilles et autres produits transformés, 30 % va au marché de la pomme de terre fraîche, de la pomme de terre de table, et 10 % devient de la pomme de terre de semence.
Pour l’ensemble des exportations agricoles de l’Î.-P.-É, nous avons pour 2014-2015 un chiffre d’environ 345 millions de dollars. De ce montant total en dollars, environ 85 % est constitué de pommes de terre. On parle de pommes de terres fraîches et de pommes de terre transformées, c’est donc très significatif. Au cours de l’année écoulée, nous avons expédié de la pomme de terre de semence à huit pays dans le monde, de la pomme de terre fraîche à 15 à 20 pays et de la pomme de terre transformée à près de 40 pays. Comme c’est le cas pour beaucoup d’autres produits, les États-Unis sont de loin notre plus grand partenaire commercial sur ceci. De ce montant, 296 millions de dollars, soit 81 %, vont aux États-Unis. Il existe évidemment une relation avec eux, et ils sont très importants pour nous. Ceci étant dit, comme n’importe quel commerce, il est important pour nous de continuer à ouvrir des portes et à grandir. Malheureusement les portes continuent à se fermer, et il est donc important de diversifier nos marchés et de rechercher des occasions de croissance. C’est très important, et nous estimons que le PTP nous offre cette opportunité.
Ce sont là les principales choses que je voulais dire. Une fois de plus, pour résumer les points d’intérêt, les droits de douane et les questions phytosanitaires sont très importants, il nous faut les ressources pour y parvenir et, surtout, la poursuite de l’investissement dans des programmes comme Growing Forward pour soutenir un bon niveau de recherche et développement de choses comme de nouvelles variétés de pommes de terre.
Merci beaucoup.
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Avez-vous déjà pensé à... parce que dans l’Est, nous recevons du homard, mais cela ne fait pas partie de notre culture.
M. Gerry Ritz: Ici, c’est l’Est. Vous, vous êtes au centre du Canada.
M. Dave Van Kesteren: Oui, je suppose que c’est le cas. Eh bien, nous ne sommes pas vraiment au Centre. Winnipeg est au centre. L’Ouest nous appelle l’Est.
Nous ne pensons pas au homard, sauf lorsque nous venons ici. Est-ce qu’une initiative ou un plan a été mis en place pour promouvoir davantage le homard au Canada... lors du festival du homard, pour en distribuer partout au pays?
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Bien. Nous allons revenir aux pommes de terre.
Nous venons de mentionner brièvement ce chiffre qu’ils nous ont donné, 1,5 milliard de dollars, et nous avons parlé de l’histoire de la pomme de terre: comment elle constituait la base de l’alimentation en Europe dans les années 1700, la façon dont elle a remplacé les produits céréaliers et le fait qu’en Asie, le riz demeure l’aliment de base.
En tant qu’organisation, vous devez envisager que ce potentiel de croissance pourrait soudainement vous donner accès à un vaste marché. Est-ce que vous serez prêts lorsque cette occasion se présentera? Car nous savons tous que la pomme de terre est le meilleur aliment qui soit.
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En fait, les pays de l’Asie et du Pacifique constitueraient probablement l’un des plus grands domaines de croissance, en particulier pour les produits transformés. C’est ce que nous observons aujourd’hui, et il s’agit certainement d’un important domaine de croissance pour le secteur de la transformation. C’est la situation aujourd’hui.
Évidemment, à l’Île-du-Prince-Édouard, il y a une limite au nombre de pommes de terre que nous pouvons produire. J’ai eu le plaisir d’arriver ici plus tôt et d’entendre les commentaires de certains des autres groupes. Notre île possède donc une capacité, et à mesure que nous nous tournons vers l’avenir, comme toute entreprise le ferait, il faut trouver la meilleure façon de nous distinguer, d’obtenir un prix supérieur pour notre produit, et en même temps d’accroître notre productivité. C’est sur cet aspect que nous nous concentrons, et pour ce faire, nous mettons l’accent sur les systèmes de rotation et l’amélioration.
Certains de ces pays d’Asie sont également de grands producteurs de pommes de terre, ce qui est important de noter. Nous savons que la Chine, par exemple, produit 20 fois plus de pommes de terre que le Canada, et l’année dernière, elle a annoncé que la pomme de terre était leur nouvel aliment de base pour la production alimentaire.
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Je vous remercie pour les présentations d’aujourd’hui.
Monsieur MacPhee, vous avez mentionné une chose que je veux approfondir un peu plus. Il s’agit du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, le processus de résolution qui est prévu dans le PTP. Pour les gens qui ne connaissent pas ce processus, au chapitre 11 de l’Accord de libre-échange nord-américain, l’ALENA, c’était la première fois que deux pays développés s’engageaient ensemble dans ce type de système de résolution. Auparavant, c’était toujours un pays en développement qui poursuivait le pays développé. Ce qu’on a pu voir avec l’ALENA, c’est que nous sommes devenus le pays le plus poursuivi au monde en vertu de cette disposition. Donc, 190 millions de dollars ont été payés, mais la demande atteint maintenant des milliards de dollars, et actuellement, il y a des poursuites contre nous qui s’accumulent, car elles portent tout simplement sur ces pertes projetées qui sont sorties de nulle part.
Nous avons un système judiciaire très progressiste au Canada, alors je pense que c’est la raison pour laquelle la plupart des Canadiens se questionnent sur la nécessité de cette non-réciprocité... essentiellement un tribunal à but lucratif composé de trois arbitres qui est chargé de déterminer si oui ou non nous pouvons légiférer pour le bien du Canada.
Vous avez dit que cela affaiblit la capacité législative, et en tant que membre du Parlement, cela me préoccupe beaucoup. Nous voyons des cas partout au Canada; vous avez notamment mentionné le cas de la carrière, et puisque vous êtes ici pour parler surtout de l’environnement, vous savez qu’il y a des coûts humains énormes associés au fait de ne pas pouvoir légiférer pour le bien des Canadiens, notamment en matière d’environnement.
J’aimerais vous demander si vous croyez que le mécanisme de résolution des différends nuira à notre capacité de légiférer ou de réglementer, et par conséquent d’honorer essentiellement ce que nous avons signé à Paris concernant nos engagements environnementaux envers les Canadiens.
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Je vous remercie pour ces excellentes présentations.
Permettez-moi de passer rapidement sur ce que j’ai entendu dans le groupe d’experts ce matin, en commençant par M. Donald, sur le besoin de diversifier les marchés, en tenant compte du programme Cultivons l’avenir, et de poursuivre la recherche dans le secteur de la production des pommes de terre. M. MacPhee, un des aspects qui m’interpellent concerne le plan de relève, dont nous avons parlé dans un groupe d’experts précédent, et le besoin pour nos jeunes d’accéder à ce marché. Dans le secteur de la production de homards, ces aspects sont les ressources, l’incapacité, la pêche responsable, le travail équitable, l’application du modèle propriétaire-exploitant, l’éducation, le Japon, les produits à valeur élevée, la modification des produits, possiblement pour le homard, en ce qui concerne les exigences en matière d’infrastructures. M. Eyking vient tout juste de demander s’il s’agissait d’un conteneur réfrigéré de 40 pieds.
À quelles ressources avez-vous tous accès à l’Île-du-Prince-Édouard pour appuyer le commerce? Avez-vous accès au service des délégués commerciaux, aux services provinciaux, à l’Équipe Commerce Î.-P.-É.? Quelles sont celles qui vous sont les plus profitables? Quelles sont les occasions qui nous permettent de tous vous aider dans ces secteurs à l’aide de nos programmes?
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Je suppose que je peux commencer. Je dirais tout ce que vous avez mentionné et nous ne manquerons pas de faire appel à vous. Sur votre liste, j’aimerais souligner dès le départ l’importance de traiter des questions phytosanitaires...
Mme Karen Ludwig: Oui, excusez-moi. C’était également sur ma liste.
M. Greg Donald: ... lorsqu’il s’agit de pommes de terre, à cause de l’aspect hautement politique. Je vous ai entendu poser une excellente question plus tôt en matière de barrières commerciales non tarifaires. Il existe beaucoup d’occasions pour celles qui touchent les pommes de terre. C’est pourquoi je ne peux insister assez sur l’importance d’avoir des ressources adéquates pour traiter ces questions dans la Division de la production et de la protection des végétaux de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
De plus, je soulignerais que l’accès au marché est très important. Il y a plusieurs pays où il existe des occasions à l’heure actuelle. De nouveau, en toute franchise, nous pouvons livrer des pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard d’aussi bonne ou de meilleure qualité, qu’il s’agisse de qualité et de protection des végétaux. Nos principaux partenaires d’affaires font du commerce avec ces pays, du commerce important, et nous devrions nous aussi faire affaire avec eux. Il faut accorder plus d’attention, dans la division de l’accès aux marchés, pour travailler à la question des pommes de terre.
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Bien entendu, nous comprenons que la troisième mouture de Cultivons l’avenir est en cours de discussions. Il y a des pourparlers au sujet d’un programme similaire, je crois, pour inclure le secteur des fruits de mer. Nous avons été exclus de certains de ces programmes dans le passé et nous encourageons tous les intervenants à appuyer ce genre d’initiative. La marque canadienne est reconnue sur les marchés, mais il faut aussi l’appuyer avec la promotion et la mise en marché pertinentes.
Nous sommes de nouveaux joueurs. L’Agence de promotion économique du Canada atlantique, le soutien de la province et l’Équipe Commerce Î.-P.-É. nous ont certainement très bien aidés à poursuivre notre courbe d’apprentissage accélérée, et nous avons bénéficié d’excellents mécanismes de soutien. Je sais que M. King, de l’association des transformateurs, s’exprimera cet après-midi. Je ne peux pas parler en son nom, mais certains investissements en infrastructures, comme la capacité de stockage de produits vivants et l’augmentation de cette capacité, améliorent l’efficacité de nos usines et nous offrent plus de souplesse. Les usines de transformation de l’Île-du-Prince-Édouard ont besoin de nous, comme producteurs...
Mme Karen Ludwig: Exactement.
M. Ian MacPherson: ... et nous avons aussi besoin d’eux, et nous voulons conserver ces emplois au Canada atlantique.
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Je vous remercie, mesdames et messieurs, pour les présentations que vous avez faites ici aujourd’hui. C’est de l’information pertinente que nous pourrons certainement mettre à profit.
Jordan, nous allons commencer par vous. Vous avez mentionné un certain nombre de choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord au sujet des dettes et des actifs agricoles. La situation est meilleure qu’il y a 30 ans, pour ce qui est du ratio d’endettement. Les fermiers d’ici... et Mary peut probablement en témoigner. Le revenu net est en croissance constante. Il a baissé un peu cette année, mais il a battu des records au cours des quatre dernières années sur cinq. Donc les choses vont bien dans les fermes et nous voulons que cela demeure ainsi.
Il existe des programmes pour les jeunes entrepreneurs fermiers qui ont des idées, par l’entremise de Financement agricole Canada. Cet organisme a des enveloppes budgétaires distinctes pour lesquelles il y a une faible demande. Tout ce dont les jeunes ont besoin, c’est d’un bon plan d’affaires qui explique leur projet, comment le réaliser, puis Financement agricole Canada prendra une décision. Ils auront une bien meilleure chance parce que cet organisme comprend leurs besoins. C’est une enveloppe budgétaire distincte qui est consacrée précisément à ce qu’ils veulent faire. Il leur faudra aussi prévoir comment traiter la saisonnalité des légumes frais. Je suis de votre avis. C’est une question de valeur, pas de volume. Ian a très bien fait ressortir cet aspect. Toutefois, il existe des programmes qui ne sont pas très bien connus, il faut donc veiller à en prendre connaissance.
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Oui, en fait, vous superposez plusieurs choses. Mais en fin de compte, ne manquez pas de parler aux fermiers. Ils vous diront qu’ils mènent une bonne vie.
En ce qui concerne tout l’aspect de la diversification du commerce, de la stabilité et de la constance des marchés, je vais consulter les spécialistes des pommes de terre un court instant au sujet des questions phytosanitaires. Nous discutons sans cesse avec notre principal partenaire commercial. Le problème que nous avons avec les États-Unis, et nous avons déjà eu cette discussion, Greg, c’est que nous obtiendrons une entente avec le ministère de l’agriculture américain, mais par la suite les États la changeront un par un.
Si vous encouragez une initiative de type Partenariat transpacifique, où les États-Unis signent au nom des États, et si les États décident de jouer aux plus fins en matière phytosanitaire, vous pouvez invoquer la clause sur le règlement des différends entre investisseurs et États, et réellement les amener en cour pour les mettre au pas et appliquer cette nouvelle réglementation. Le règlement des différends entre investisseurs et États ne nuit pas seulement au Canada, si vous voulez le classer ainsi, mais il crée un niveau de jeu que nous pouvons utiliser à notre avantage dans certains types de situations adverses. Nous avons mené cette bataille avec la gale verruqueuse de la pomme de terre, le nématode à kyste de la pomme de terre, les plants de pommes de terre et les pommes de terre de table.
Je voulais aborder aussi un certain nombre d’autres choses, mais nous n’aurons jamais assez de temps
Il n’y a jamais assez d’argent pour tout ce que nous devons accomplir en matière de mise en marché, mais avec la troisième mouture de Cultivons l’avenir, ou quel que soit son nouveau nom, à l’avenir il y aura beaucoup de travail à accomplir, et il faut que ce travail soit axé sur l’innovation, le marketing, etc.
En m’adressant aux spécialistes du homard, les pêcheries ont toujours été quelque peu hors normes. Elles sont régies par Pêches et Océans Canada, mais la mise en marché est faite par Agriculture Canada. Il y a toujours ces allers-retours pour savoir qui sera l’exécutant et comment ce sera fait. Il y a un certain nombre de foires commerciales alimentaires dans le monde auxquelles vous, les spécialistes, prenez part et où vous établissez ces relations. C’est une question d’établir des liens.
Le Japon est un marché de choix qui a de la valeur. Je partage votre avis, la valeur a préséance sur le volume. Le Canada est reconnu dans le monde entier, un produit de base par produit de base, comme un fournisseur de premier ordre de produits de qualité. Nous exigeons pour ceux-ci des prix un peu plus élevés, mais nous les obtenons. Le Japon achète maintenant davantage de blé à un prix plus élevé que sous l’ancien régime de la Commission canadienne du blé.
Nos services consulaires produisent un travail colossal sur le plan commercial. Nous leur avons fait prendre de l’expansion et je sais que les Libéraux ont la même intention, parce que cela nous est profitable. Ce sont des gens instruits. Pour la toute première fois depuis les cinq dernières années, du personnel d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments fait partie des ambassades et des consulats à travers le monde, et il est là pour vous aider parce qu’il comprend les dossiers. Ce n’est pas un employé d’Affaires mondiales Canada avec un dossier d’Agriculture et Agroalimentaire Canada; c’est un employé d’Agriculture et Agroalimentaire Canada qui gère votre dossier. Servez-vous-en. Établissez ces contacts, avec les ambassadeurs ou par l’intermédiaire de la mise en marché, avec l’aide de Fred Gorrell et son équipe à Agriculture Canada.
Je sais que j’ai épuisé le temps qui m’était accordé. C’est dommage.
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Nous allons poursuivre notre processus de consultation concernant le PTP.
Ceci est notre troisième groupe spécial. Plusieurs experts très intéressants sont venus nous parler des divers points de vue et industries de l'Île-du-Prince-Édouard, par rapport à cet important accord dont il est actuellement question, soit l’Accord sur le PTP, qui touche 12 pays, 800 millions de personnes et 40 % du PIB mondial. Notre comité s’est déplacé à travers le pays. Nous nous sommes rendus dans sept provinces et nous terminons nos travaux dans la région de l’Atlantique. Nous sommes également à l’écoute des citoyens. Nous avons reçu plus de 20 000 courriels et nous les accueillerons en octobre. Après le mois d’octobre, nous préparerons notre rapport et nous le soumettrons à la Chambre des communes.
Je remercie les experts d’être venus nous rencontrer. La façon dont nous procédons est la suivante: nous commençons par donner la parole à chacun d’entre vous pendant environ cinq minutes de sorte que vous puissiez nous présenter vos antécédents et nous faire part de vos réflexions, après quoi nous cédons la parole aux députés afin qu’ils puissent dialoguer avec vous.
Nous accueillons deux groupes. Certains témoins proviennent du secteur de l’aérospatiale tandis que d’autres proviennent de Trade Justice P.E.I. Il est possible que nous rencontrions plus tard des représentants du secteur de la transformation des fruits de mer, mais nous verrons comment les choses se dérouleront. Si tel n’est pas le cas, nous tenterons de les intégrer au groupe suivant.
Sans plus attendre, nous allons débuter par Trade Justice P.E.I. Nous vous serions reconnaissants de limiter votre exposé à une durée de cinq minutes.
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Merci beaucoup de nous avoir invités à nous adresser à vous aujourd’hui.
Trade Justice P.E.I. représente 20 groupes de l’Île et des centaines de personnes vivant à l’Île-du-Prince-Édouard qui s’opposent au Partenariat transpacifique. L’idée selon laquelle l’élimination de tous les obstacles au commerce nous permettra tous de devenir prospères est de plus en plus difficile à accepter par les temps qui courent. Le Partenariat se bute tant à l’opinion qu’aux éléments probants. De récents rapports de l’Université Tufts portant sur l’Accord économique et commercial global (AECG) comme sur le Partenariat transpacifique ont permis de confirmer que ce sont les grandes sociétés, plutôt que les travailleurs, qui profitent de tels accords et que le fait de tenter d’augmenter les exportations plutôt que de rehausser la demande nationale ne constitue pas une stratégie de croissance durable pour le Canada.
Nulle part cette réalité est-elle démontrée de façon plus claire qu’à l’Île-du-Prince-Édouard, où une telle approche sous-tend la mise en place de modèles agricoles insoutenables, tout en nous privant de notre droit démocratique de faire adopter des lois dans l’intérêt du public. Tous les ans, nous sommes témoins de la destruction de poissons dans nos rivières et nos estuaires deviennent périodiquement anoxiques du fait des importantes quantités d’engrais à base d’azote utilisées.
Notre stratégie actuelle en matière d’agriculture privilégie la production de très fortes quantités de pommes de terre. Pour y parvenir, nous devons pratiquer la monoculture d’une plante qui est très fortement tributaire de l’utilisation d’importantes quantités d’engrais chimiques et de pesticides qui ont des effets dévastateurs sur notre environnement. Les écosystèmes de l’Île-du-Prince-Édouard ne peuvent tout simplement plus soutenir ce type d’agriculture.
Parmi nos préoccupations en rapport avec le PTP figurent son incidence négative sur la gestion de l’offre et les communautés rurales, la préférence accordée à la privatisation de même que l’approche privilégiant uniquement l’expansion de l’agriculture industrielle.
Aujourd’hui, nous voulons traiter de trois enjeux: les soins de santé, le règlement des différends entre investisseurs et États et les droits en matière de travail. La perte de la démocratie constitue un axe qui sous-tend chacun de ces trois thèmes.
L’exigence selon laquelle le Canada devrait étendre la protection conférée par un brevet aux sociétés pharmaceutiques empêche toute tentative future de contrôle du prix des médicaments de la part d’un gouvernement. On estime que cette mesure se traduira, pour les résidents de l’Île, par une augmentation annuelle du coût des médicaments variant entre 2 millions et 3 millions de dollars. À l’Île-du-Prince-Édouard, des services comme la dialyse et les services d’urgence en région rurale ont récemment été menacés du fait de compressions budgétaires. Toute augmentation du coût des médicaments accentuera encore plus les pressions qui se font sentir sur le budget de la santé de la province, mettant ainsi encore plus en péril les services. Les droits concédés aux sociétés par le biais des règles relatives à l’accès aux marchés et des dispositions relatives au règlement des différends entre investisseurs et États créent des obstacles au renforcement du régime d’assurance-maladie. Il serait en effet possible de contester l’intégration de services tels qu’un régime d’assurance-médicaments, qu’un régime de soins dentaires et qu’un régime de soins à domicile au programme public national.
Les dispositions relatives au règlement des différends entre investisseurs et États que l’on retrouve dans le PTP concèdent aux sociétés le droit extraordinaire de poursuivre les contribuables chaque fois que des dispositions législatives d’intérêt public les empêchent de réaliser des bénéfices. Les tribunaux qui entendent ces causes ne relèvent pas du système juridique canadien et peuvent ordonner aux gouvernements de verser des millions de dollars aux sociétés. Cela équivaut à un énorme transfert de risque des sociétés aux fonds publics. C’est à la fois injuste et antidémocratique.
Comme Canadiens vivant dans la région de l’Atlantique, nous connaissons très bien trois dossiers propres à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) qui démontrent bien l’effet du règlement des différends entre investisseurs et États sur la législation d’intérêt public: l’affaire Bilcon, en Nouvelle-Écosse, le dossier opposant ExxonMobil à la Couronne relativement à une politique en matière de création d’emplois de Terre-Neuve et les menaces auxquelles ont été soumis les efforts engagés par la province du Nouveau-Brunswick pour implanter un régime public d’assurance-automobile, en 2004.
L’écosystème de l’Île-du-Prince-Édouard est très fragile. Notre seule source d’eau est notre eau souterraine et les demandes formulées par notre collectivité en matière de politiques protégeant nos sols, nos rivières et notre industrie des mollusques et crustacés incluent un moratoire sur l’hydrofracturation hydraulique, l’interdiction des activités de forage pétrolier dans les eaux intérieures, des mesures de contrôle sur l’utilisation des terres ainsi qu’un moratoire sur les puits à haute capacité. Ces politiques pourraient toutes être des cibles du règlement des différends entre investisseurs et États.
En vertu du PTP, les entreprises faisant affaire au Canada seront plus libres de transférer des travailleurs spécialisés et des employés techniques au Canada, même si des travailleurs canadiens sont en mesure d’occuper ces emplois. Dans une région confrontée à un haut taux de chômage, comme c’est le cas de l’Île-du-Prince-Édouard, une telle disposition est particulièrement offensante.
Les études en faveur du PTP laissent entrevoir des gains économiques minimes tandis que les modèles employés sont tout à fait irréalistes. Les études critiques s’appuyant sur des modèles plus réalistes laissent entrevoir des pertes d’emploi accrues et une augmentation des inégalités. Près de 93 % des exportations de l’Île-du-Prince-Édouard à destination des pays visés par le PTP sont déjà libres de droits de douane.
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Bon matin. Merci de nous offrir la possibilité de commenter l’accord du Partenariat transpacifique. Avant de le faire, cependant, j’aimerais d’abord vous dresser une certaine mise en contexte historique de l’industrie de l’aérospatiale et de la défense sur l’Île-du-Prince-Édouard. J’espère que cette mise en contexte vous aide à mieux comprendre l’importance de cette industrie pour l’économie de la province.
Notre industrie elle-même n’existe que depuis 25 ans. Sa naissance remonte à une annonce faite par le gouvernement fédéral en 1989 concernant la fermeture de la BFC Summerside, qui abritait le 413e Escadron de transport et de sauvetage. Une des solutions utilisées en guise de stratégie de redressement économique a été la privatisation des installations de la base et l’utilisation de ces actifs à des fins de poursuite d’initiatives de développement de l’aérospatiale et de la formation.
En 1991, les actifs de la base ont été cédés à une nouvelle entité, la Slemon Park Corporation, et, peu de temps après, deux entreprises se sont installées dans l’ancien hangar 8 : Atlantic Turbines International, une entreprise spécialisée dans l’entretien, la réparation et la révision générale de moteurs à turbine à gaz employant 20 personnes dès sa première année, puis Bendix-Avelex, une entreprise d’entretien, de réparation et de révision générale de moteurs à turbine à gaz et de régulateurs carburant employant 16 personnes dès sa première année. Aujourd’hui, Atlantic Turbines s’appelle Vector Aerospace et fait travailler plus de 450 personnes, tandis que Bendix-Avelex est devenue Honeywell Aerospace, Summerside et emploie près de 100 personnes.
Plusieurs autres entreprises se sont depuis établies soit à Slemon Park soit ailleurs sur l’Île-du-Prince-Édouard, dont à Summerside et à Charlottetown. Quant à la dynamique de cette industrie dans la province, elle est centrée sur l’entretien, la réparation et la révision générale d’appareils commerciaux ainsi que sur la fabrication. De plus, on dénombre un certain nombre de compagnies maritimes qui poursuivent activement des initiatives dans le cadre de la stratégie nationale en matière de construction navale.
Depuis ces premiers jours, la croissance se maintient. La première année, les deux entreprises ont réalisé des ventes combinées de 45 000 $; en 2015, 11 entreprises ont généré un chiffre d’affaires totalisant près de 430 millions de dollars, dont 75 % de ventes liées à l’exportation. De plus, l’industrie emploie plus de 950 personnes. À ce jour, il est clair que le secteur de l’aérospatiale et de la défense est très important pour l’économie de l’Île-du-Prince-Édouard, et ce, non seulement sur les plans des ventes à l’exportation, de la masse salariale et de la fiscalité, mais aussi en matière de diversification de l’économie.
Aujourd’hui, l’aérospatiale et la défense forment ensemble la troisième industrie en importance dans la province et c’est une industrie qui se tire bien d’affaire à l’échelle nationale. En fait, une récente étude d’impact économique a conclu que, parmi les dix provinces, l’industrie de l’aérospatiale et de la défense de l’Île-du-Prince-Édouard se classe au deuxième rang après celle du Québec pour ce qui est de la valeur par habitant de ses exportations internationales.
Maintenant, avec cette mise en contexte historique en arrière-plan, le secteur de l’aérospatiale et de la défense de l’Île-du-Prince-Édouard dépend de revenus à l’exportation. Par extension, nous accueillons favorablement tout effort visant à faciliter l’accès aux marchés d’exportation. En règle générale, nous appuyons l’accord du Partenariat transpacifique. Cependant, nous allons aussi affirmer que nous ne connaissons pas tous les effets que l’accord aurait sur notre industrie ici sur l’Île-du-Prince-Édouard. Nous comprenons que des tarifs cesseraient de s’appliquer aux pièces aéronautiques, mais nous ne sommes pas sûrs des effets que l’accord aurait sur les services d’entretien, de réparation et de révision générale.
De plus, nous ne savons pas trop dans quelle mesure les efforts de normalisation ont été bien définis jusqu’à maintenant, particulièrement en ce qui concerne l’adoption des normes AS9100 et ISO 9000 en vertu du groupe d’assurance qualité de l’aérospatiale dans la région Asie-Pacifique et d’ISO.
Pour conclure, nous sommes généralement favorables au PTP. Nous ne voyons poindre aucun changement majeur des règles du jeu dans notre industrie. Cependant, nous comptons suivre de près le progrès réalisé et la définition des normes, notamment en matière des règlements techniques et des procédures d’évaluation de la conformité, incluant en matière de mise à l’essai, d’inspection et de vérification.
Merci beaucoup.
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Merci, mesdames et messieurs, pour vos présentations aujourd’hui.
Les accords commerciaux sont aussi diversifiés que les avis recueillis d’un bout à l’autre du pays sur le bien-fondé de leur existence. C’est quelque chose que nous constatons à répétition et notre travail consiste donc à voir clair dans tout cela en vue de préparer un rapport qui reflète ce que nous avons entendu. Au bout du compte, ce sera au gouvernement en place de prendre la décision finale.
Le secteur de l’aérospatiale ici a une formidable histoire. Nous l’avons vu croître exponentiellement sous nos yeux au cours d’un certain nombre d’années. Vous avez réalisé un travail remarquable.
Maintenant, nous parlons de construction navale. Dans les travaux que vous réalisez déjà, faites-vous partie de chaînes d’approvisionnement mondiales? Vous approvisionnez-vous en pièces uniquement ici sur l’Île-du-Prince-Édouard ou avez-vous plutôt une visée internationale?
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Je représente la Seafood Processors Association of P.E.I., qui est principalement composée d’entreprises de transformation de homards et de moules. De toute évidence, les exportations constituent la grande partie de nos activités. Actuellement, 75 % de nos exportations d’animaux vivants vont aux États-Unis et 11 % sont dirigées vers la Chine. Environ 76 % des homards surgelés sont exportés vers les États-Unis, et 12 % au Japon, puis nous avons les marchés européens. La quasi-totalité des moules sont exportées aux États-Unis.
Nous sommes évidemment très intéressés aux nouvelles occasions commerciales. Au cours des six ou sept dernières années, nous avons travaillé très fort pour proposer des produits à valeur ajoutée, de sorte que nous puissions vraiment révolutionner la manière dont nous exerçons nos activités sur une base quotidienne. Nous avons découvert un marché potentiel extraordinaire, plus particulièrement pour le homard. La demande mondiale pour notre produit est énorme. Notre travail a été de pénétrer le marché, de produire les produits dont le marché a besoin et de surmonter certains obstacles.
Les moules... J’essaie toujours de parler des deux industries, puisqu’elles composent mes membres. Il y a un certain intérêt pour qu’il soit possible que les moules surgelées pénètrent certains de ces nouveaux marchés. Les moules ont longtemps été un produit frais et il est donc difficile de tenter de vendre ce produit aux marchés étrangers. Nous travaillons sur de nouveaux processus pour prolonger la durée de conservation, mais la meilleure possibilité pour les marchés étrangers serait le homard, non seulement pour l’Île-du-Prince-Édouard, mais aussi pour la région.
Vous êtes nombreux à connaître également les problèmes de main-d'oeuvre auxquels nous sommes confrontés. Toutes ces choses vont de pair. Nous sommes curieux de connaître les occasions qui pourraient être reliées au PTP; il en va de même avec l’AECG.
Nous voulons travailler en étroite collaboration avec les industries. Cependant, notre industrie doit encore accélérer sa croissance dans ce monde, et vu la manière dont le monde évolue et dont l’accès aux marchés mondiaux évolue également, il y a tout lieu de croire que la façon dont nous effectuons la transformation dans cette région changera considérablement au cours des 15 à 20 prochaines années.
Pour l’essentiel, je suis ici pour essayer de répondre au pied levé au plus grand nombre de questions que je peux et, de nouveau, veuillez excuser mon retard...
La pénurie de main-d’oeuvre dans l’industrie du homard pique beaucoup ma curiosité. Dans ma région, le problème est qu’il y a un surplus de main-d’oeuvre prête à travailler dans les homarderies en raison du rendement en chair des homards, et ce sont les autres secteurs d’activités qui en souffrent. Il s’agit essentiellement du même problème; les industries jouent en fait sur les facteurs d’incitation et d’attraction.
En ce qui a trait au programme de travailleurs étrangers temporaires, notre gouvernement le passe actuellement en revue et il a produit un rapport à ce sujet. Je me souviens très bien que David Ganong, de Ganong Bros., m’a répété à plusieurs reprises au cours de la dernière année que le hic avec ce programme, c’est le mot « temporaires »; que nous devrions les attirer avec un « programme de travailleurs étrangers » tout court.
À ce chapitre, connaissez-vous la Stratégie de croissance pour l’Atlantique, destinée aux quatre provinces de l’Atlantique?
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Merci à vous tous d’être présents.
Monsieur King, je vais commencer par vous.
Je racontais aux gens à Saint John que la ville de Wheatley, qui se trouve dans ma circonscription, possède le plus grand port de pêche en eau douce au monde. Vous avez probablement déjà entendu parler de Wheatley. En termes de superficie, ce n’est pas beaucoup plus grand que cette région, mais pour un port de pêche en eau douce, il est dans...
Nous partageons beaucoup de vos préoccupations. Nous avons parlé tout à l’heure du programme de travailleurs étrangers. Je sais que cela vous intéresse assurément, nous avons entendu parler de véritables problèmes auxquels sont confrontés les personnes qui vivent de la pêche, les pêcheurs... Je ne sais même plus si ce terme est politiquement correct.
Une voix: Pêcheurs.
M. Dave Van Kesteren: Pêcheurs. C’est réglé.
Vivez-vous la même situation ici à l’Île-du-Prince-Édouard?
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L’une des meilleures choses que nous ayons faites au cours des deux dernières années est d’embaucher des groupes d’aînés qui travaillent quatre heures par jour.
Le problème avec cette industrie est que le produit est frais et vivant. Ce n’est pas comme la carotte que vous pouvez laisser sur le plancher le vendredi après-midi puis revenir plus tard. Lorsque 75 000 livres de homard sont prises par jour, quelqu’un doit s’en occuper. Auparavant, cela voulait dire que tu entrais au travail à 8 heures le matin et que tu ne savais pas à quelle heure tu rentrerais à la maison. Il n’était pas impossible que tu travailles jusqu’à 21 heures ce jour-là ou même plus tard... De longues, longues journées.
Certaines installations font entrer des aînés pour un quart de quatre heures en soirée de façon à raccourcir la journée de travail des autres. Encore une fois, ce n’est qu’un petit exemple, mais c’est une façon créative d’essayer de... Les élèves du secondaire n’étaient pas admissibles au programme avant d’avoir terminé leurs examens et leur année scolaire, mais ils pouvaient travailler quelques soirs et fins de semaine. Durant la haute saison, en mai et en juin, cela enlève beaucoup de pression aux installations.
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Merci, Monsieur le président
Je suis heureux de vous voir. Vous faites tous un travail extraordinaire. Comme vous le dites, tout est vraiment une question de travail et de rapidité pour un produit avec une date ou une heure de péremption, en fait.
À quel type de pression êtes-vous soumis, étant donné qu’une partie de votre traitement est saisonnière? Comme vous l’avez dit, vous recevez 75 000 livres de homard et vous devez vous en occuper. L’autre partie est presque annuelle, car vous avez des moules et des huîtres cultivées, et ainsi de suite, ce qui est bon, parce que cela garde votre activité de traitement en fonction toute l’année. La pression de l’activité saisonnière, en plus du traitement des mollusques cultivés, comment la gérez-vous?
Nous étions au Nouveau-Brunswick et l’autorité portuaire nous a fait faire une visite par la suite, ce qui était très agréable. Nous recevons des panélistes, ils parlent de leurs activités ou de ce dont ils s’occupent. Si nous avions le temps de visiter vos installations et de comprendre ce que vous faites, ce serait génial.
Nous manquons de temps et nous devons nous rendre à Terre-Neuve ce soir, mais nous vous sommes reconnaissants d’être venus, tous, et d’avoir entendu vos différents points de vue. Nous allons maintenant prendre une pause d’une demi-heure et nous reviendrons pour notre dernier groupe.
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Bon après-midi à tous et bienvenue, tout particulièrement aux nouveaux témoins que nous avons. Ce sera notre dernier groupe pour la journée.
Comme beaucoup d’entre vous le savent, nous étudions le PTP et nous consultons les Canadiens.
Notre comité est très occupé. Nous terminons avec l’entente européenne et nous traitons beaucoup d’enjeux qui touchent les États-Unis — le bois d’oeuvre et les produits agricoles — mais nous nous sommes principalement concentrés sur le PTP depuis quelques mois. Nous avons visité sept provinces et il nous reste quelques provinces dans notre tournée de l’Atlantique. Nous avons consulté les Territoires par vidéo.
Nous avons reçu plus de 125 mémoires, 200 témoins et 20 000 courriels. Nous sommes l’un des premiers comités de la Chambre des communes qui s’est ouvert au public pour avoir son avis, et nous avons donc reçu plus de 20 000 courriels. Nous avons également une tribune libre à la fin pour n’importe qui du grand public qui veut formuler des commentaires. Ça s’est plutôt bien déroulé.
Il nous reste encore quelques rencontres à notre retour à Ottawa et nous terminerons probablement à la fin d’octobre. Ensuite, nous devons rassembler le tout et préparer un rapport, ce qui prendra au moins un mois à peu près. Et ensuite, nous le présenterons à la Chambre des communes à la fin de l’année.
Oui, c’est toute une affaire, comme beaucoup d’entre vous le savent. Ça touche 12 pays, 40 % du PIB mondial et 800 millions de personnes. Nous entendons de tout pendant que nous parcourons le pays. Nous entendons le pour et le contre, et certaines personnes veulent que des choses soient changées. Bien entendu, nous surveillons attentivement ce qui se passe au sud. Le PTP a été soulevé, hier soir, dans le débat entre les deux candidats présidentiels. Souvent, ce qui se passe là-bas a également des répercussions sur ce que nous finissons par faire ici.
Sans plus attendre, nous avons les producteurs de bétail de l’Île-du-Prince-Édouard, la coalition pour la santé de l’Île-du-Prince-Édouard et le Sierra Club.
Les producteurs de bétail passeront en premier. Nous avons Brian Morrison et Rinnie Bradley.
Si vous pouviez parler pendant environ cinq minutes, nous vous en serions reconnaissants, car nous pourrions ainsi avoir du temps pour le dialogue avec les députés. Si vous dépassez cinq minutes, je devrai vous demander de conclure.
Allez-y, mesdames et messieurs.
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Merci de me donner l’occasion de m’exprimer aujourd’hui.
Je m’appelle Brian Morrison et je suis le président de l’association Prince Edward Island Cattle Producers.
Le PTP, pour notre province... nous sommes une province exportatrice et bien sûr, nous avons la seule usine de transformation du boeuf inspectée par le gouvernement fédéral, à l’est de l’Ontario, si je ne m’abuse. Pour que notre usine rapporte et que nos producteurs réalisent des profits, nous devons utiliser l’animal en entier. Dans d’autres pays, on utilise des parties différentes de l’animal, de sorte que l’exportation est une situation gagnante pour notre province si nous sommes en mesure d’accéder à des marchés internationaux présentant moins d’obstacles, bien sûr.
Toute chose comporte des avantages et des inconvénients, nous le savons bien. Le Canada est essentiellement un pays exportateur, alors, plus nous parvenons à exporter des produits vers des marchés où ils sont désirés et où des pièces différentes de l’animal sont appréciées, mieux c’est. Le gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard nous a ciblés comme étant une île exportatrice de produits alimentaires, si bien que nous mettons fortement l’accent sur les marchés à créneaux, qu’il s’agisse de bétail, de homard, de fruits de mer, de soja, etc. Peu importe ce que nous produisons ou cultivons, ce n’est pas en quantité importante, alors nous devons trouver des clients partout au monde désirant un produit précis, et aller de l’avant. Nous appuyons fortement les initiatives relatives au commerce en tant que province exportatrice, bien sûr. Sur ce plan, de nombreuses questions me dépassent.
Nous disposons d’une petite usine de transformation du soja sur l’Île-du-Prince-Édouard, qui expédie l’équivalent de plus de 10 000 acres de marchandise vers la Chine. Grâce aux droits de douane et au nombre d’obstacles réduits pour ce secteur, le producteur est en mesure de réaliser davantage de profits. Puisque nous avons une petite usine de transformation du boeuf à l’Île-du-Prince-Édouard, nous cherchons activement des marchés à créneaux partout au monde intéressés à notre produit, que ce soit du boeuf Wagyu pouvant être exporté, ou simplement des pièces différentes de la bête utilisées dans d’autres parties du monde, qui ne le sont pas en Amérique du Nord. Il est très important pour nous, en tant que province exportatrice, de diversifier les pays avec lesquels nous concluons des ententes commerciales et de profiter de droits de douane inférieurs.
Nous travaillons fort en tant qu’association d’exportation du boeuf. Par exemple, aujourd’hui, l’équivalent en viande de six bêtes en provenance de mon exploitation exporté la semaine dernière vient de parvenir à Hong Kong. Nous nous efforçons de bâtir des relations dans différents coins du monde où des produits précis sont désirés, et lorsqu’on est une exploitation à petite échelle comme la nôtre, nous pouvons nous adapter rapidement aux marchés à créneaux plus petits et augmenter les profits pour le producteur primaire, qui peut alors prendre de l’expansion...
J’aimerais légèrement revenir en arrière. Nous avons 400 producteurs de boeuf à l’Île-du-Prince-Édouard, et la plupart d’entre eux sont des exploitations agricoles familiales, de petites entreprises, où oeuvrent père, fils, petit-fils, etc. Nous pouvons nous adapter plus rapidement aux petits marchés et aux marchés à créneau du monde entier. Voilà sur quoi notre association met largement l’accent.
Une fois de plus, je vais un peu trop vite, mais je veux vraiment vous remercier d’être venus à l’Île-du-Prince-Édouard et de nous donner l’occasion de vous faire une présentation aujourd’hui.
Je vais maintenant donner brièvement la parole à Rinnie, puis nous répondrons ensuite aux questions.
Alors que tout le monde mangeait du homard hier soir, j’ai choisi un hambourgeois. Il était fait à partir de boeuf de l’Île-du-Prince-Édouard. C’était vraiment délicieux. J’ai retrouvé le goût de mon enfance, où nous avions du boeuf nourri à l’herbe et j’ai toujours été amateur. Mais vous avez raison, parfois, nous ne pouvons faire concurrence aux immenses parcs d’engraissement des quatre coins du monde. Nous devons plutôt nous faire une place dans les marchés à créneaux. Le boeuf nourri à l’herbe, sans hormones, peut constituer un créneau convoité mondialement et c’est très important.
Quoi qu’il en soit, merci pour votre présentation.
Nous allons passer à la Coalition pour la santé de l’Î.-P.-É. Nous avons parmi nous Mme Boyd.
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Merci d'avoir invité la Prince Edward Island Coalition à participer à cette audience.
Notre coalition de groupes communautaires et de groupes ouvriers existe depuis 1979 et constate d'énormes problèmes avec les accords commerciaux comme le Partenariat transpacifique (PTP).
Premièrement, il est important que les Canadiens puissent avoir accès aux médicaments dont ils ont besoin, mais les compagnies pharmaceutiques canadiennes sont au deuxième rang mondial derrière les États-Unis pour les prix les plus élevés. Le Canada a besoin d'un régime public d'assurance-médicaments accessible à tous les Canadiens. Le Canada réaliserait ainsi des économies de près de 11 milliards de dollars annuellement, ce qui représenterait 45 millions de dollars pour l'Île-du-Prince-Édouard.
Le chapitre du PTP portant sur la propriété intellectuelle pourrait nuire à cette initiative en empêchant le Canada d'acheter des médicaments en vrac à des prix beaucoup moins élevés. En prolongeant les brevets, le PTP ferait augmenter les coûts d'au moins 5 %, soit 636 millions de dollars par année. L'Accord économique et commercial global (AECG) pourrait ajouter un autre 6,2 % à 12,9 %, soit 850 millions à 1,6 milliard de dollars.
Pour cette province, les coûts de l'AECG passeraient de 3,8 millions à 6 millions de dollars d'ici 2023, alors que 23 % des Canadiens ne peuvent se payer les médicaments qui leur sont prescrits.
De plus, la disponibilité des médicaments génériques sur le point d'arriver sur le marché serait retardée de cinq ans. Il est raisonnable de croire que si les deux accords sont ratifiés, ces coûts seraient cumulatifs.
Quatre-vingt-onze pour cent des Canadiens veulent un régime public d'assurance-médicaments avec accès égal à tous. Nous craignons que le PTP et l'AECG puissent constituer un obstacle à une telle initiative et fassent augmenter les coûts bien au-delà des moyens financiers des personnes déjà défavorisées
Le nous a affirmé que le gouvernement fédéral compenserait les provinces pour une partie de la hausse des coûts. On a dit la même chose au sujet de la gestion de l'offre. Pourquoi s'attaquer à des programmes qui servent très bien les Canadiens, les détruire avec des accords commerciaux, puis déclarer: « Nous offrirons des compensations »? Cela n'a aucun sens. Quelle sorte de pays voulons-nous nous donner?
Deuxièmement, notre coalition estime qu'il n'y a pas suffisamment de protection dans le PTP et dans l'AECG pour notre système public d'assurance-maladie. Les soins de santé ne devraient pas faire partie des accords commerciaux. Ce n'est pas un produit échangeable ni une marchandise à but lucratif. Les dispositions du PTP et celles de l'AECG n'offrent aucune protection pour les soins de santé contre les dispositions relatives aux différends investisseur-État.
En vertu du PTP, le Canada s'exposerait à des contestations judiciaires des grandes entreprises, si celles-ci estiment que nous privilégions les intérêts des Canadiens. Cela est déjà le cas avec Eli Lilly pour l'extension des brevets ici, et avec le fabricant de tabac Philip Morris qui conteste la banalisation des emballages de cigarettes en Australie.
Le chapitre relatif au règlement des différends investisseur-état pourrait limiter considérablement la prestation de soins de santé du Canada et causer un climat de méfiance chez les décideurs.
Roy Romanow a déclaré que le système public de soins de santé du Canada appartient aux Canadiens. C'est le programme des citoyens, payé par nos impôts, et qui est fondé sur les valeurs canadiennes d'entraide. Nous chérissons le fait que chaque Canadien a droit à des soins médicaux gratuits dans le cabinet d'un médecin et à l'hôpital. Nous voulons que ce même principe s'applique à ceux qui ont besoin de médicaments. Nous devons élargir et améliorer l'assurance-maladie, et ne pas l'exposer aux dangers et aux obstacles du programme commercial du libre marché.
Troisièmement, le PTP mettrait de la pression sur le Canada pour qu'il accélère l'homologation des médicaments, ce qui ferait augmenter les 3 à 4 % de nouveaux médicaments qui doivent être retirés chaque année pour des questions de sécurité.
Quatrièmement, le PTP mettrait fin à gestion de l'offre et ouvrirait nos frontières à une plus grande quantité de produits laitiers en provenance des États-Unis. Au Canada, nous avons déjà livré une bataille et obtenu gain de cause avec la somatotropine bovine recombinante (STbr) dans le lait. En vertu du PTP, cette substance ne serait ni traçable, ni inscrite sur les étiquettes. Les Canadiens ne veulent pas qu'on leur impose cette hormone.
Priver les agriculteurs de la gestion de l'offre affaiblirait nos normes actuelles. Le PTP est essentiellement un accord financier protégeant les investissements multinationaux et la propriété intellectuelle. Il ne vise pas à protéger les soins de santé. Notre balance commerciale affiche de meilleurs résultats pour les pays avec lesquels nous n'avons pas d'accords commerciaux. Les soins de santé du Canada sont trop importants pour qu'ils fassent partie du PTP et de son processus de négociation. Les valeurs et les principes de notre système public de soins de santé ne laissent pas de place à une influence des grandes entreprises. Les soins de santé ne sont pas une entreprise, et une privatisation du système irait à l'encontre du bien commun de tous les Canadiens.
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D'accord, j'aurais une ou deux choses à mentionner, rapidement.
Nous sommes préoccupés par l'article 7.1 du chapitre sur les obstacles techniques au commerce où il est écrit:
Chacune des Parties autorise les personnes d’une autre Partie à participer à l’élaboration de règlements techniques, normes et procédures d’évaluation de la conformité par ses organismes du gouvernement central selon des modalités qui sont non moins favorables que celles qu’elle accorde à ses propres personnes.
Nous posons la question suivante: où est la souveraineté?
Enfin, nous avons des préoccupations à l'échelle internationale. Des groupes comme Médecins Sans Frontières ont lancé des avertissements au sujet de l'extension des brevets de médicaments et des répercussions que cela pourrait avoir sur la scène mondiale pour les gens qui meurent de maladies guérissables parce qu'ils ne peuvent pas se procurer de médicaments.
Je terminerai en déclarant que le Canada a toujours été un pays qui prenait toutes ces questions à coeur, et qu'en signant ces accords, cela causera du tort non seulement aux Canadiens et à notre capacité de maintenir notre système de soins de santé, mais aura également des répercussions partout dans le monde, surtout pour les gens qui vivent dans la pauvreté dans l'hémisphère Sud.
Je m’appelle Tony Reddin. Je suis bénévole auprès du Sierra Club ici à l’Île-du-Prince-Édouard. Comme vous le savez j’espère, le Sierra Club est le plus ancien organisme environnemental d’intérêt public en Amérique du Nord. Je souhaite vous entretenir particulièrement de questions environnementales, en particulier du changement climatique et de l’effet négatif qu’aura le PTP sur les mesures que nous pouvons prendre pour atténuer ce phénomène qui, selon nous en tant que citoyens, constitue une priorité importante pour le gouvernement fédéral.
Tout d’abord, il est bon de rappeler que notre planète est en difficulté. Le déboisement à grande échelle s’est accéléré, entraînant la perte de diversité et l’érosion des sols. La production mondiale de la pêche est menacée d’effondrement. Les perturbations climatiques risquent de déstabiliser les ressources alimentaires mondiales, de nuire au développement économique et de menacer les communautés en raison d’événements météorologiques extrêmes et de l’élévation du niveau de la mer. Les communautés sont en fait déjà menacées, et nous en avons vu de nombreux exemples, y compris ici même à l’Î.-P.-É.
À mesure que nous approchons des seuils de tolérance de la planète, le besoin se fait de plus en plus sentir pour des politiques climatiques solides, des lois ambitieuses en matière d’environnement, et une action résolue de la part des gouvernements, « action » étant ici le mot clé. J’apprécie cette occasion de pouvoir parler et d’être écouté, mais ce qu’il faut, c’est passer à l’action, et le plus tôt sera le mieux.
Malheureusement, au moment même où nous avons besoin d’action politique, les règles en matière d’investissement dans les accords commerciaux comme le PTP limitent la capacité des gouvernements d’établir des politiques qui soient dans l’intérêt public.
Bien que l’investissement étranger dans le commerce international puisse favoriser le développement économique, les règles actuelles vont beaucoup trop loin, accordant de nombreux privilèges aux grandes sociétés, et ce, au détriment du bien commun et de l’environnement, et l’on prévoit un élargissement des règles les plus nuisibles dans le cadre du PTP.
Le Sierra Club des États-Unis a préparé d’excellents documents sur ces enjeux, et je vous transmettrai le plus important, sur lequel sont basées mes remarques. Il traite du PTP et des divers accords environnementaux, particulièrement les accords multilatéraux entre le Canada et les États-Unis. Le chapitre du PTP sur l’environnement ne respecte pas ces accords. Il s’agit d’accords internationaux que nous avons signés, et pourtant le PTP risque d’affaiblir, voire de détruire, ces ententes critiques pour la protection de l’environnement.
Je ne les citerai pas tous, bien entendu. Il y a l’accord sur le changement climatique, que nous connaissons tous. Il a été signé à Paris. Il existe une norme pour ce genre d’accord, ainsi que les précédents, à savoir si nous allons les respecter. Pour ce faire, il faut que les pays respectent leurs engagements en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui a été signée à Paris ou qui sera signée. Il faut que ces accords protègent expressément la capacité des pays d’adopter, de maintenir et de mettre en oeuvre des règles et des politiques pour combattre le changement climatique, y compris des normes en matière d’émissions de gaz à effet de serre, des tarifs de rachat, un plafond ou une taxe sur le carbone, et tout programme connexe d’ajustement fiscal à la frontière ou d’énergie renouvelable, ou d’autres programmes gouvernementaux qui favorisent la production locale d’énergies propres et de solutions vertes ainsi que des normes ou des étiquettes d’efficacité énergétique.
Le chapitre du PTP sur l’environnement ne fait même pas mention de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et pourtant, il est évident que l’accroissement du commerce qui est prévu augmenterait considérablement les émissions perturbatrices puisqu’il entraînerait une hausse des activités de transport. Il accroîtrait la consommation, ce qui, là encore, augmenterait les émissions, et hausserait les exportations de combustibles fossiles. Il existe des exemples très probants de cet effet que j’espère pouvoir citer. En dépit de ces effets et de la probabilité que le PTP augmente les émissions responsables du changement climatique, le PTP ne fait même pas mention de « changement climatique ». Une version antérieure y faisait allusion, mais ceci a été modifié dans la version finale de l’entente.
Au lieu de cela, il contient une affirmation non obligatoire à l’effet que la transition à une économie à faibles émissions nécessite une action collective, mais il ne contient aucune exigence relative à une telle action — action étant ici encore le mot clé — ni pour empêcher que le PTP ne vienne augmenter les émissions perturbatrices pour le climat. Le chapitre du PTP sur l’environnement omet d’exiger que les pays membres respectent leurs engagements en vertu de la CCNUCC, et ce, malgré le fait que tous les pays membres du PTP sont également signataires de la convention.
Enfin, il n’offre aucune protection contre les règles du PTP autorisant les investisseurs et les gouvernements étrangers à contester les politiques en matière de climat et d’énergie propre devant des tribunaux commerciaux n’ayant pas de comptes à rendre. Il ne comporte aucune garantie pour les programmes d’emploi vert qui iraient à l’encontre des règles d’approvisionnement ou des restrictions sur les exportations de combustibles fossiles susceptibles d’enfreindre les règles tu PTP sur le commerce de produits, pour les étiquettes d’efficacité énergétique pouvant être vues comme des entraves au commerce, ou pour les mécanismes d’ajustement qui pourraient contredire les règles du PTP, même s’ils renforcent l’efficacité de l’atténuation des gaz à effet de serre à l’échelle nationale, ou pour une gamme de politiques en matière de changement climatique qui pourraient être contestées par les producteurs étrangers de combustibles fossiles à titre d’infractions aux droits spéciaux conférés aux investisseurs étrangers en vertu du PTP. En l’absence de protection pour ce type de politiques dans les règles du PTP favorables aux pollueurs, le PTP risque non seulement de hausser les émissions nuisibles au climat, mais également de nuire aux efforts nationaux visant à les réduire.
Il faut par conséquent rejeter le PTP afin d’en éviter les effets négatifs sur les interventions destinées à atténuer les changements climatiques.
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Je pense vraiment que le Canada doit travailler davantage sur son autosuffisance. Il doit bâtir ses propres marchés, certainement, et doit éviter la vente et l’échange de matières premières. Il doit retrouver un certain degré d’industrialisation.
Ce que nous avons fait, avec les accords commerciaux, c’est que maintenant, les gens disent que l’on peut obtenir de l’argent en vendant ses matières premières et ses ressources énergétiques au reste du monde. Tout le monde dit qu’il faut oublier l’industrialisation, et que c’est la manière facile de procéder. Le commerce des matières premières est une énorme erreur. Dans tous les secteurs, nous perdons continuellement.
Nous avons le défi de bâtir une économie verte au Canada, qui dans 10 ans produirait des millions d’emplois. Cela nous aiderait beaucoup à faire face à tous les problèmes liés aux changements climatiques que nous avons. Pourquoi ne pas se mettre au travail, bâtir, créer ces emplois pour les Canadiens, et renforcer la nation? Nous serons plus forts face aux autres nations.
Je ne suis pas contre le commerce, mais le type...
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Je vous remercie pour toutes ces présentations.
Du côté de l’association des producteurs bovins, assurément, nous avons entendu cela dans toutes les provinces, et à l’échelle fédérale aussi. Nous comprenons que le marché auquel vous souhaitez avoir accès est le Japon. Malheureusement, comme vous l’avez entendu dans ce panel en particulier, très souvent, nous entendons que cette entente concerne bien plus que les barrières tarifaires et non tarifaires. Les six chapitres qui portent sur le type de commerce qui vous intéresse ne sont pas le problème. Ce sont les 24 autres chapitres, sur 30 chapitres au total, qui sont préoccupants.
Les répercussions environnementales sont très concrètes. Les dossiers de règlement des différends entre un investisseur et un État qui visent le Canada comportent assez souvent un thème environnemental. L’affaire Bilcon, où le processus d’évaluation environnementale a été remis en question au fédéral et au provincial, et l’affaire Murphy Oil, où la responsabilité sociale des entreprises envers les communautés dans lesquelles elles se trouvent était en jeu, en sont des exemples. Regardons l’affaire AbitibiBowater et l’affaire Lone Pine, au sujet de la fracturation hydraulique, au Québec. Les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral ont constamment eu les mains liées lorsque leurs législateurs tentaient d’apporter des améliorations sur le plan environnemental pour tous les Canadiens.
C’est légitime. Cela se passe actuellement, absolument, et des centaines de millions de dollars sont en jeu. Ces dossiers sont en cours. Ils ont des répercussions sur la manière dont nous pourrons légiférer.
Vous avez mentionné l’accord de Paris. Jacqueline Wilson, une avocate de l’Association canadienne du droit de l’environnement, s’est présentée devant notre Comité. Elle a dit que le chapitre portant sur l’environnement du PTP ne protégeait pas l’environnement. D’une part, il ne sera probablement pas respecté, et d’autre part il est loin d’être assez robuste pour faire contrepoids aux dispositions du PTP qui sont néfastes sur le plan environnemental.
Pourriez-vous nous faire part de vos commentaires à ce sujet?
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J'ai lu ça. C'est formidable, félicitations.
Dans les pays européens, ils ont cela et c'est pourquoi le prix des médicaments est si bas. Nous n'avons pas cela au Canada. Nous en avons besoin, et il est fort étonnant que nous ne l'ayons pas déjà. Espérons que cela vienne prochainement. Mais nous affrontons de puissantes compagnies pharmaceutiques. C'est un problème que soulève cet accord commercial. Ces compagnies examinent nos droits de propriété intellectuelle et cherchent des façons d'accroître leur contrôle sur notre marché. Nous menons moins de recherches et faisons travailler moins de personnes dans ce secteur.
Sachant que ces grandes compagnies pharmaceutiques font trois fois plus d'argent que n'importe quelle société Fortune 500, on peut imaginer les profits qu'elles dégagent, et elles en veulent toujours plus, et plus de contrôle. Nous allons les affronter de plein fouet et c'est correct, nous serons les scouts du Canada ou les chiens de poche des États-Unis et des grandes entreprises en signant le PTP. Nous nous rendons tellement vulnérables que ce n'en est même pas drôle.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
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Je ne saurais vous le dire, monsieur Wallace.
Vous savez très bien que le Canada a mené énormément de recherche dans ce domaine. Le problème est le suivant: à mesure que nous continuons de prolonger les brevets, et nous avions une entente stipulant que 10 % des activités de recherche et de développement se feraient au Canada, ce qui n’a jamais été le cas... À mon avis, le PTP ne nous accorderait pas suffisamment de temps de développement en raison du pouvoir que détiennent les compagnies pharmaceutiques. Elles veulent apporter des changements. Vous le voyez bien.
C’est incroyable. Au moins 85 % des médicaments vendus au Canada aujourd’hui ne sont pas de nouveaux médicaments. Ce sont des mises à jour perpétuelles de médicaments existants. Nous allons observer de plus en plus de pressions exercées par des compagnies pour commercialiser leurs médicaments rapidement, ce qui comporte des risques sur le plan de la sécurité de ces médicaments. C’est pourquoi nous affirmons que le Canada doit se doter d’un programme pharmaceutique public en plus de notre système national pour protéger les Canadiens et leur assurer la gratuité des médicaments dont ils ont besoin, car trop de Canadiens n’ont pas les moyens de se procurer les médicaments prescrits par leur médecin. Pourquoi un accord commercial qui prolonge indûment les choses? Nous devons régler le problème qui sévit ici au pays le plus rapidement possible.
C’est une chose. Je ne vois aucun autre scénario possible.
Pour ce qui est d’élaborer un scénario, faites-vous référence à un scénario qui nous aiderait à exercer un contrôle sur notre industrie pharmaceutique au bénéfice des Canadiens?
Brian et Rinnie, pour ce qui est du marché du bœuf, nous exportons 50 % de ce que nous produisons ici au Canada, et nos exportations de porc sont très similaires à celle du bœuf. Pour ce qui est du marché des céréales, 80 à 90 % de notre production est exportée dans certains cas. Nous apprenons à ajouter non seulement du volume dans nos exportations, mais également de la valeur.
Nous parlons ici de petits producteurs, ce qui est bien, car ils sont en mesure de s’adapter aux besoins dans plusieurs de ces autres pays et de leur vendre non seulement ce que nous avons, mais aussi ce qu’ils veulent. C’est de là qu’est né le Centre d’excellence du bœuf canadien à Calgary dont le personnel nous montre comment trancher notre bœuf sans perdre la qualité des viandes, etc. Il s’agit d’une bonne nouvelle et là encore, tout est une question de valeur.
Brian, vous avez indiqué qu’on devrait vendre dans d’autres pays les produits pour lesquels nous obtenons un prix moindre ici. Je crois que le meilleur exemple de ce fait est la viande qui était vendue aux États-Unis pour couvrir essentiellement le coût du transport. Cette viande est maintenant vendue dans les pays de la ceinture du Pacifique, dont certains d’entre eux tentaient de négocier de nouveaux contrats pour la vente des confits, et nous en obtenons un prix de viande de qualité AA. Plutôt que de laisser aller ces produits pour couvrir le coût de transport, nous obtenons un prix de produits de qualité AA. À cela il faut ajouter d’autres produits, comme la farine d’os et même les peaux, les tripes et les abats, et tout ce dont vous parlez, qui permettent d’obtenir de 200 à 300 $ de plus par animal que nous n’obtenions jamais auparavant, simplement nous réorientons maintenant notre marché. C’est ce qui constitue la nature même de ces accords commerciaux, qui permettent de leur procurer les produits dont ils ont besoin, tout en travaillant de concert avec eux et en leur offrant cette valeur ajoutée.
Dans un autre exemple, vous soulignez que vous avez exporté du bœuf directement à Hong Kong. Lorsque nous avons accédé au marché du bœuf dans cette région pour la première fois, les parties vendues étaient les estomacs et les langues — et je ne vois pas ces parties sur beaucoup de menus au Canada — à raison d’environ 7 millions de dollars par année. Ce qui représente une énorme valeur pour des parties de viande qui se retrouvaient dans le broyeur ou directement aux rebuts. C’est ce que permet la vente à l’étranger en se tournant vers les pays d’outre-mer. Cette situation permet aussi de s’assurer de l’honnêteté des Américains. L’étiquetage indiquant le pays d’origine nous a fait très mal. Un bon portefeuille d’actions diversifiées est une chose, mais un bon portefeuille de commerce diversifié est encore mieux.
Si vous avez d’autres commentaires sur la valeur que l’on peut obtenir en accédant à ces autres marchés, j’aimerais les entendre.
Cela met fin au dialogue avec les députés et avec notre quatrième et dernier comité aujourd’hui. Chers témoins, nous vous remercions d’avoir pris le temps de venir ici pour nous présenter votre opinion et vos impressions, qui sont toutes très importantes.
Si vous réalisez que vous n’avez pas eu la chance de nous faire part de certains commentaires, nous allons accepter tous les commentaires que vous voudrez ajouter jusqu’à la fin octobre.
Merci encore. Nous prendrons une pause de quelques minutes et nous donnerons ensuite la parole au public. Je voudrais aussi rappeler au public que vous aurez deux minutes pour prendre la parole. Je vous demande donc de regrouper vos idées pour les exprimer en deux minutes.
Nous allons suspendre la séance.
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Nous allons poursuivre avec nos consultations sur le PTP.
Nous donnons maintenant la parole au public. Je vous rappelle que vous disposez de deux minutes. Nous avons deux micros, nous passerons donc du micro un au micro deux, puis nous reviendrons au micro un. Je demanderais à Ana Whealtey de prendre le micro un et à Edith Perry de prendre le micro deux. Nous allons commencer. Merci d’être brefs.
Lorsque vos deux minutes seront écoulées, je lèverai une feuille blanche. Si vous avez des propositions à faire, vous pouvez prendre deux minutes et demie. Nous pouvons nous en accommoder. Nous passerons ensuite au prochain interlocuteur.
Allez-y Ana. Le micro est à vous.
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D’accord, je vous remercie.
Je représente aujourd’hui la Food Security Network de l’Île-du-Prince-Édouard. Notre réseau se consacre à changer les attitudes et les politiques gouvernementales en vue de réaliser une production et une distribution alimentaire durables sur le plan environnemental; l’accès à des aliments abordables et sains pour tous; un revenu décent pour les producteurs d’aliments; et l’autosuffisance alimentaire de la province. Notre organisme a été fondé en 2008 et regroupe des membres qui défendent des causes environnementales, des diététiciens, des personnes qui luttent pour l’égalité, des personnes souffrant de handicaps, ainsi que des membres de la Medical Society of PEI et de l’Alliance pour une saine alimentation. Des agriculteurs et des pêcheurs font également partie de notre réseau.
L’Île-du-Prince-Édouard est parfois appelée le jardin du golfe, l’île nourricière du Canada ou la ferme d’un million d’acres. Cette province regorge de bonnes terres cultivables. Elle est entourée d’un riche écosystème marin, et compte de nombreux agriculteurs et pêcheurs qui possèdent de longues traditions, les connaissances et les compétences permettant de tirer profit de ces dons de la nature et de produire des aliments sains et de grande qualité. Par contre, d’une part, il y a aussi ici un enfant sur cinq qui vit dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire. C’est l’Île-du-Prince-Édouard qui a le taux d’insécurité alimentaire le plus élevé de toutes les provinces canadiennes.
D’autre part, nous n’avons pas déployé tous les efforts nécessaires pour cultiver ce jardin du golfe. Nos politiques alimentaires et agricoles sont axées sur la monoculture des pommes de terre destinée à la transformation en frites, ce qui ne constitue pas de véritables aliments, et sur le marché de l’exportation. Il s’agit d’un modèle d’industrie qui demande une utilisation intensive d’engrais, de pesticides et d’eau, et qui a des effets dévastateurs sur notre environnement.
La mortalité des poissons par le lessivage des pesticides dans nos ruisseaux et des épisodes d’anoxie dans plusieurs de nos estuaires, qui se produisent régulièrement, constitue une pratique commerciale coûteuse pour l’environnement. L’épuisement de nos sols et de la matière organique, la perte de sol causée par l’érosion et les concentrations élevées de nitrates dans nos eaux peuvent également engendrer des coûts environnementaux importants.
Nous voulons un système alimentaire durable qui repose sur la souveraineté alimentaire et qui soit contrôlé au niveau local. Nous sommes principalement préoccupés par les incidences du PTP sur notre industrie laitière et ses producteurs, qui est un exemple de système qui procure des aliments sains dans la province. Nous sommes inquiets par rapport aux droits qui sont conférés aux sociétés, notamment au sujet des dispositions concernant les relations entre les investisseurs et les États et l’approvisionnement qui nuisent à la capacité de notre gouvernement d’élaborer des politiques qui favorisent un système alimentaire local et une production alimentaire durable sur le plan environnemental.
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Je suis une aînée canadienne qui est née et a grandi dans les Prairies et qui compte des agriculteurs des deux côtés de ma famille. J’ai épousé un vétérinaire qui a grandi sur une ferme de la Nouvelle-Écosse, voilà ce qui résume mes expériences. Qu’est-ce que je pense de cet accord commercial? Pas grand-chose.
Est-ce que des accords commerciaux ont profité à la plupart des citoyens jusqu’ici? Non. Ils n’ont certes pas été profitables pour moi et pour de nombreux autres citoyens de nos collectivités, y compris les membres de ma famille élargie de partout au pays.
Je n’en ajouterai pas plus parce que je crois que vous avez d’innombrables exposés à présenter avec toutes sortes de faits, de chiffres, et ainsi de suite.
Ma plus grande inquiétude par rapport à ce qui se produira à l’Île-du-Prince-Édouard, aux Prairies et partout au Canada, c’est l’eau. L’eau deviendra-t-elle le nouveau pétrole? Fera-t-elle naître un climat de Far West où un éleveur avec un certain pouvoir pourra protéger son approvisionnement en eau, qui est notre bien commun?
Je suis également inquiète que la propriété des sociétés, le monopole des médicaments sur ordonnance, la gestion de l’offre en agriculture et les intérêts des sociétés l’emportent sur tout. Certains membres de mon entourage et moi avons un surnom pour le PTP; nous l’appelons « l’accord des droits des investisseurs corporatifs ».
Voilà. Veuillez noter que mes commentaires écrits sont un peu plus étoffés.
J’occupe actuellement les fonctions de président de Save Our Seas and Shores, un organisme Canada atlantique qui a pour mission de protéger la santé du golfe Saint-Laurent.
Le golfe du Saint-Laurent est reconnu scientifiquement comme étant la région marine du Canada la plus diversifiée et productive sur le plan biologique. Un rapport de 2009 du MPO estime que la valeur économique des industries dans le golfe s’élève à 2,7 milliards de dollars par année, et maintient 52 300 emplois ou plus. Certes un bon nombre de ces industries comptent sur les ressources renouvelables du golfe, et un écosystème sain et durable est essentiel pour le développement de ces industries.
Les membres de mon organisme et moi-même sommes très inquiets que le PTP mine la capacité des gouvernements canadiens (le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux) à adopter et faire respecter des lois environnementales qui permettront de maintenir ces écosystèmes de manière durable.
Je vous donnerai quelques exemples qui montrent que ce type d’accord commercial mine la capacité des gouvernements de maintenir les lois, et coûte certainement beaucoup d’argent aux contribuables.
Prenons par exemple le cas de la société américaine Bilcon ici dans les Maritimes, à Digby en Nouvelle-Écosse. Cette société propose de construire une grande carrière sur la péninsule de Digby. La préoccupation des citoyens de la région a amené la création d’une commission d’examen environnementale, le type d’évaluation environnementale la plus rigoureuse qu’il soit. La commission d’examen a finalement rejeté le projet de construction.
Bilcon a fait appel de la décision en ayant recours au tribunal de l’ALENA qui a tranché en sa faveur, en dehors de notre système judiciaire bien entendu. L’arbitre dissident du gouvernement n’a relevé aucune violation aux règles de l’ALENA, il a discuté de l’importance des considérations socioéconomiques pour les évaluations environnementales, et a décrit la décision du tribunal comme étant un énorme pas en arrière par rapport à la protection environnementale.
Pour conclure, permettre essentiellement aux sociétés de poursuivre le gouvernement pour des profits non perçus présente un risque pour les contribuables canadiens et un risque encore plus grand pour nos lois environnementales.
Merci.
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Bonjour, je m’appelle Andrew Lush et je vais vous parler du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), et plus particulièrement de la fracturation hydraulique. C’est un bon suivi de ce dont Colin nous a parlé, surtout qu’une des sociétés qui devraient participer au forage dans le golfe du Saint-Laurent a été responsable du déversement de fluides de fracturation radioactifs toxiques sur l’Île-du-Prince-Édouard en 2007.
En examinant des renseignements publiés sur le Web concernant le mécanisme de RDIE, j’ai lu un rapport de l’Université Columbia et je me suis dit que tout était dans ce rapport. Ils ont analysé le mécanisme de règlement, ils ont toutes les réponses, et celui-ci est truffé de nombreux problèmes. Après avoir abordé brièvement la fracturation hydraulique en lien avec le RDIE, je vous lirais la conclusion du rapport que je laisserai à votre disposition.
Notre groupe a été créé à la fin de 2012 pour sensibiliser les gens sur les risques des opérations de fracturation hydraulique à grand volume de type « slick-water » sur l’Île-du-Prince-Édouard. Nombreuses sont les personnes qui croient qu’il n’y aura jamais d’opérations de fracturation hydraulique ici, mais si vous jetez un coup d’oeil sur la carte, vous constaterez que nous sommes entourés de permis de prospection et de forage dans l’océan et dans toutes les autres provinces de l’est, dans le sud du Québec, comme nous en avons discuté plus tôt, et dans l’ensemble de la région des provinces maritimes.
L’Île-du-Prince-Édouard met actuellement en oeuvre une loi sur l’eau, et il est à espérer que cette loi interdira les fracturations hydrauliques. Cette province est la seule de toute la région qui n’a pas adopté une interdiction ou un moratoire à ce jour. En fait, les sociétés peuvent acheter un permis de recherche en vue de réaliser des opérations de fracturation hydraulique au coût de 40 ¢ l’acre, ce qui se traduit automatiquement par un droit de forage dans les autres provinces. Nous sommes donc menacés par ce droit en ce moment. Une société pourrait venir ici demain, acheter les permis pour une région, et effectuer un forage d’essai. Un mécanisme comme le RDIE est déjà prévu dans l’ALENA, et il sera aussi prévu dans le PTP. Cela pourra permettre aux sociétés de poursuivre le gouvernement fédéral pour qu’elles puissent continuer leurs opérations de fracturation, même si notre loi sur l’eau ou n’importe quelle loi interdit la fracturation.
En gardant cela à l’esprit, je vais vous lire la conclusion du rapport, puisque mes deux minutes sont écoulées.
Globalement, les États-Unis affirment avoir apporté plusieurs améliorations au mécanisme de RDIE et aux normes de protection des investisseurs prévus dans de PTP. Tandis que des réformes à cet effet seraient les bienvenues, les modifications apportées au PTP répondent aux préoccupations fondamentales sous-jacentes relatives au RDIE et à la protection des investissements importants. Dans certains cas, ces modifications ne représentent que des changements mineurs relativement aux marges, tandis que dans d’autres cas, les dispositions constituent un pas en arrière. Au coeur de ces modifications, le RDIE et la protection des investisseurs dans les traités prévoient un puissant mécanisme permettant aux investisseurs étrangers d’engager des poursuites contre les gouvernements qui auront une incidence fondamentale sur la manière dont les lois en vigueur sont élaborées, interprétées et appliquées, et écartent les rôles des résidents et des institutions de l’endroit en définissant et en appliquant les normes publiques. Pour cette raison, le PTP devrait abandonner le RDIE dans son ensemble ou le remplacer par un tout nouveau mécanisme réformé qui répond aux innombrables préoccupations toujours présentes dans le PTP.
Je vous laisse ce rapport si vous voulez le consulter.
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Je vous remercie beaucoup de me donner l’occasion de comparaître devant ce comité. Je m’appelle Leo Broderick, je suis membre du Conseil des Canadiens, et je sais que le Conseil des Canadiens a présenté des exposés à votre comité un peu partout au pays.
Pour toutes les raisons évoquées aujourd’hui, notre organisme appuie les personnes qui s’opposent au PTP, et nous avons également déjà indiqué ces raisons.
J’aimerais ajouter une préoccupation qui n’a pas été exprimée encore. Le président Obama a indiqué récemment que le Partenariat transpacifique était plus qu’un accord commercial. Il a poursuivi en affirmant que les États-Unis doivent dicter les règles de l’économie mondiale, et que s’ils ne le faisaient pas le gouvernement chinois le ferait à sa place. Nous sommes inquiets que le PTP soit étroitement lié à la montée du militarisme américain dans la région de l’Asie-Pacifique. Nous savons que la politique étrangère des États-Unis à l’égard de l’Asie a changé considérablement, et que la force militaire américaine s’est retirée du Moyen-Orient.
Nous savons aussi que les habitants des 12 pays faisant partie du PTP, dont le Canada, ne veulent pas du PTP, et que si nous signons cet accord commercial, notre pays sera encore engagé dans un militarisme accru dirigé par les États-Unis d’Amérique. N’oublions pas que les États-Unis tentent toujours de s’accrocher au pouvoir mondial, et le Canada ne doit pas être un partenaire des États-Unis comme il est prévu avec cet accord commercial en Asie. Leur politique consiste à isoler la Chine. Nous savons aussi que ce pays est un important producteur d’armes militaires, et que la production militaire est tenue dans le plus grand secret aux États-Unis.
Nous disons non au PTP pour de nombreuses raisons, mais surtout parce que nous craignons la montée du militarisme et la menace pour la paix et la sécurité des habitants.
Merci.
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Merci. Je suis Teresa Doyle, musicienne.
Selon la récente analyse faite par Affaires mondiales Canada, le PTP augmenterait le PIB de seulement 0,127 %, et pas avant 2040. Nous ne gagnons pratiquement rien dans cet accord commercial, mais nous en donnons énormément. En fait, il reste peu d’obstacles au commerce dans le monde.
Ceci n’est pas un accord sur le commerce. C’est un accord sur l’investissement et un coup d’argent pour la classe des milliardaires.
Ce mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, beaucoup de pays, comme l’Australie, ne l’incluent pas. Depuis 2011, ils ne l’incluent plus dans leurs accords commerciaux. Beaucoup de pays européens s’en éloignent également. Je ne comprends pas pourquoi le Canada est si décontracté à ce sujet, car nous sommes le pays le plus souvent poursuivi du monde entier. Cela nous empêche de prendre nos propres décisions dans notre propre démocratie et nos propres lois sur l’environnement et l’emploi. Cela entrave la démocratie et l’action environnementale en matière de changement climatique.
Qui va y trouver son compte? Cela coûte en moyenne 8 millions de dollars d’entamer une poursuite en vertu du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États. Parmi les entreprises qui poursuivent les gouvernements, 90 % font plus de 1 milliard de dollars par an. C’est un coup d’argent pour la classe des milliardaires, et il faut y mettre un terme maintenant, parce que l’environnement et la démocratie ne sont pas des facteurs externes.
Nous devons étudier de près tous ces accords commerciaux que nous avons signés pour voir s’ils sont vraiment utiles aux Canadiens, parce que, quand les libéraux ont gagné le pouvoir l’an dernier et sorti Stephen Harper, nous nous attendions à un changement de politique. Nous nous attendons à une action véritable sur le climat, le commerce et la démocratie.
Si vous voulez éliminer un droit de douane injuste, regardez ce que vivent les musiciens canadiens. Les musiciens américains arrivent ici à pleines portes, et c’est le cas depuis des décennies. Nous les accueillons à bras ouverts, sans frais. Moi, si je veux aller aux États-Unis, je dois demander un visa qui coûte 450 $ et attendre 120 jours avant d’entrer dans le pays. Voilà un petit droit de douane sur lequel vous pourriez travailler, mais en attendant laissez-nous notre démocratie.
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Je m’appelle Devan England. Je suis développeur de logiciels et je fais partie de l’industrie canadienne du logiciel depuis plus de neuf ans.
J’aimerais commencer par remercier le Comité de me donner l’occasion de parler aujourd’hui contre le Partenariat transpacifique et de partager mon point de vue sur les raisons pour lesquelles il ne devrait pas être ratifié.
Le PTP est un grand accord qui contient de nombreux éléments. Il apporte des changements à la réglementation qui touchent non seulement le commerce, mais des choses comme les protections environnementales, les produits pharmaceutiques et la protection de la vie privée en ligne.
Un des domaines qui me préoccupe particulièrement à titre de technologue est la section sur la propriété intellectuelle. Par exemple, la protection de droit d’auteur dure généralement au Canada pour la vie de l’auteur et durant 50 ans après son décès. Le PTP exigerait d’augmenter ce terme à la vie de l’auteur plus 70 ans. L’argument en faveur d’une augmentation de la durée est que cela encouragerait plus d’innovation, mais c’est complètement faux.
Pensez-y. Seriez-vous découragé d’écrire un livre parce vous allez avoir des droits exclusifs durant seulement 50 ans après votre mort, plutôt que 70 ans? Bien sûr que non. Des changements comme ceux-là ne bénéficient pas aux innovateurs d’aujourd’hui. Ils ne sont bénéfiques que pour les détenteurs des droits d’innovateurs du passé décédés depuis longtemps.
Rufus Pollock, chercheur à l’Université de Cambridge, a calculé que le terme idéal pour la protection de droit d’auteur serait d’envion 14 ans, point final. C’est l’équilibre entre encourager l’innovation en octroyant une exclusivité et permettre l’innovation subséquente en mettant fin à l’exclusivité.
Le PTP cherche également à introduire des mesures anti-contournement dans nos lois sur le droit d’auteur. En un mot, cela signifie que toute limitation à un logiciel qui est reliée de quelque façon que ce soit à un droit d’auteur ne peut pas être éliminée sans contrevenir à la législation sur le droit d’auteur.
Une analogie dans le monde concret serait que la loi qui rend illégal de voler une voiture rende également illégal d’ouvrir la voiture par un moyen autre que la clé originale. Si vous avez enfermé la clé dans l’auto, vous ne pouvez pas l’ouvrir avec un cintre. Vous ne pouvez pas appeler un serrurier pour l’ouvrir pour vous. Il n’y aurait même pas de serruriers, parce que les outils du métier seraient illégaux. Vous ne pourriez même pas faire une copie de la clé au cas où vous perdriez l’original.
Les lois anti-contournement existent aux États-Unis depuis un certain temps, et elles ont été largement abusées pour éviter leur abus, pour éliminer une saine concurrence dans le marché et soutenir des buts commerciaux qui n’ont rien à voir avec le droit d’auteur.
Ceci se produit aux dépens des consommateurs et du public en général. Si les dispositions du PTP sur la propriété intellectuelle étaient présentées séparément, je n’ai aucun doute qu’elles seraient rapidement rejetées. Elles ne sont objectivement pas dans l’intérêt public; dans ce cas-là, pourquoi sont-elles là? Peut-être parce que, dans un document qui fait des milliers de pages, les changements à la propriété intellectuelle semblent relativement minimes.
Considérez ce qui se produirait si tout le PTP avait été présenté non pas comme un accord monolithique, mais comme une série de propositions ciblées qu’il serait possible d’évaluer individuellement. Pour chaque pays participant, les changements acceptés représenteraient mieux les valeurs de ses citoyens. Si l’intérêt public est véritablement la priorité, c’est ainsi que le PTP devrait être présenté.
Merci.
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Darcie Lanthier
en français, mais ici, à l’Île-du-Prince-Édouard, on dit « Darcie Lanthier » et c’est comme ça.
Je viens de noter mes commentaires lorsque j’étais assise là, donc ils font sans doute moins de deux minutes.
Je suis technicienne en génie de systèmes — un grand titre. Je travaille dans le secteur des énergies renouvelables, particulièrement dans le solaire. La principale fonction des gouvernements est de protéger les citoyens des grandes sociétés. Le PTP est un outil qui protège les grandes sociétés des citoyens. Des accords commerciaux sont conclus entre nations pour éliminer les petits obstacles, comme dans le domaine de la musique et des produits manufacturés. Les mécanismes de règlement des différends pour les États investisseurs ne visent pas le commerce. Celui-ci en particulier a trait aux bénéfices des sociétés. À titre de spécialiste des énergies renouvelables, j’ai assisté à la conférence des ministres de l’Énergie qui a eu lieu à Charlottetown, et j’ai entendu le vice-président de Suncor qualifier les sables bitumineux « d’occasion d’investissement pour l’Asie » 14 fois en 15 minutes.
Le vice-président d’Irving a dit à l’auditoire de ne pas avoir honte: « après tout, nous ne sommes pas l’industrie du tabac ». Ils sont pires. Le secteur pétrolier fait obstacle aux énergies renouvelables depuis des décennies. Ils travaillent contre le progrès en matière de changement climatique. Ils ont tué plus de gens que l’industrie du tabac, et ils élimineront les générations à venir. On ne peut pas leur permettre de retenir les services d’un petit groupe d’avocats du secteur privé et d’insister pour que leur droit aux bénéfices a préséance sur notre droit à l’avenir.
Merci.
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Merci beaucoup. Mes commentaires seront brefs.
Je ne représente aucune organisation. Je suis ici à titre de citoyen engagé qui souhaite faire une déclaration publique officielle.
Je m’appelle Cameron Macduffee. J’habite l’Île-du-Prince-Édouard. Je ne suis pas en faveur de la ratification du Partenariat transpacifique par le gouvernement canadien, car je crois que celui-ci porte atteinte à notre démocratie en faisant passer les droits des investisseurs étrangers avant les droits et les besoins des citoyens canadiens.
Si je comprends bien, le PTP donne aux investisseurs étrangers le droit de poursuivre le gouvernement canadien en justice s’il fait passer la santé de nos citoyens, notre économie et notre environnement avant les perspectives de bénéfices des investisseurs étrangers. En lisant des passages de cet accord, je constate à maintes et maintes reprises qu’il fait passer le droit aux bénéfices des investisseurs étrangers et des multinationales avant le bien-être de la population. Je pense que ceci crée un précédent dangereux, car j’estime que les grandes entreprises ont une responsabilité envers les gens et la société, et non le contraire.
Je crois que si le gouvernement canadien tient sérieusement à maintenir l’intégrité de notre démocratie et à préserver la santé de notre économie, notre environnement et le bien-être de tous les citoyens canadiens, il ne doit pas appuyer le Partenariat transpacifique.
Merci beaucoup.