:
Mesdames et messieurs, je suis très heureux de déclarer ouverte cette séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, alors que nous poursuivons notre étude du projet de loi .
C'est avec grand plaisir que je souhaite la bienvenue aux représentants des importants groupes qui comparaîtront devant nous aujourd'hui.
De l'Alcohol Countermeasure Systems Corporation, nous accueillons M. Felix J.E. Comeau, le président et directeur général. Bienvenue, monsieur Comeau. Nous avons également parmi nous M. Abe Verghis, qui est superviseur aux Affaires réglementaires.
[Français]
De l'Association des chemins de fer du Canada, nous recevons M. Gérald Gauthier, qui en est le vice-président, et M. Simon-Pierre Paquette, qui y est conseiller juridique en droit de travail et de l'emploi.
Bienvenue, messieurs Gauthier et Paquette.
[Traduction]
De l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, nous accueillons Savannah Gentile, qui est directrice, Mobilisation et affaires juridiques. Bienvenue, madame Gentile.
Nous allons commencer tout de suite les témoignages. M. Comeau et M. Verghis seront les premiers à prendre la parole.
Bonjour, tout le monde. Merci de nous donner l'occasion de communiquer certains renseignements au Comité. Je rends hommage au Comité et au travail du gouvernement en ce qui a trait aux modifications proposées dans le projet de loi .
Il y a trois points à aborder à ce sujet. Le premier se rapporte au paragraphe 320.27(1) du projet de loi, selon lequel il faut entre autres des « motifs raisonnables » pour procéder à un test de dépistage de drogue. Les tribunaux sont saisis du critère des motifs raisonnables depuis de nombreuses années pour ce qui est de l'alcooltest, soit depuis le milieu des années 1970. Bien entendu, les tribunaux entendent d'innombrables affaires dans lesquelles la question est abordée. Dans le cas du paragraphe 320.27(1), je recommanderais plutôt que la portée du paragraphe 320.27(2) soit élargie de manière à comprendre un dépistage obligatoire des drogues au moyen de dispositifs de dépistage salivaire. La jurisprudence à cet effet remonte à 10 ans en Australie, un pays qui possède un programme national très efficace.
Le deuxième point à aborder concerne l'alinéa 320.28(2), selon lequel des « échantillons » de sang sont nécessaires pour faire d'autres analyses lorsque des drogues ont été consommées. Une fois de plus, lorsqu'on observe l'information recueillie au fil du temps et partout dans le monde, on constate que les échantillons de salive sont bien connus. En fait, il existe de très bonnes données qui appuient le recours aux échantillons de salive, aux échantillons de liquide buccal, plutôt qu'aux échantillons de sang. C'est simple et fiable.
Notre exposé comprend un graphique, qui sera présenté plus tard. Il illustre les travaux réalisés en 2004 par Huestis et Cone. Ces travaux ont été reproduits à maintes reprises, et ils indiquent que l'utilisation de liquide buccal pour le dépistage du THC permet de reproduire la concentration du composé chimique établie grâce à un échantillon de sang quelques minutes après l'avoir fumé. Un prélèvement de la contamination orale attribuable au cannabis est rapidement obtenu sur la cavité buccale, et on observe une trace de THC consommé par voie orale ainsi que du sang. C'est la même chose pour beaucoup d'autres drogues, mais c'est le THC qui nous intéressait.
Le troisième point concerne l'alinéa 320.28(4)a), qui autorise le prélèvement d'un échantillon de « liquide buccal ou d'urine ». Je propose de retirer le terme « urine » de ce passage du projet de loi, car l'urine est utile dans les prélèvements post-mortem. Nous nous intéressons aux conducteurs vivants. Le prélèvement d'urine porte sur ce qui était, sur le passé. Il est possible que la drogue qui vous intéresse soit là depuis des jours, des semaines, voire des mois. Cela n'a pas une très bonne valeur probante dans une affaire criminelle ou même une affaire entendue à l'échelle provinciale. Comme je l'ai dit, je recommande le retrait du terme « urine ».
Pour situer le contexte de ces observations, notamment dans le cas du THC, nous savons qu'aux États-Unis, et plus récemment au Canada, les experts en reconnaissance de drogues apportent une contribution dans les arrestations et les poursuites de conducteurs aux facultés affaiblies, alors que dans beaucoup d'autres régions du monde, notamment en Europe et en Australie, l'emploi de liquide buccal est le choix de prédilection. Dans le cas du THC, lorsqu'on se penche sur le temps d'absorption, nous observons que quelques minutes après avoir fumé un joint, ou une cigarette qui contient une quantité modeste de cannabis, la concentration de THC dans le sang peut atteindre de 140 à 150 nanogrammes par millilitre. On observe ensuite que la concentration passe en l'espace d'une heure à moins de 20 % de ce qu'elle était à son apogée. De deux à trois heures après la consommation, il reste relativement peu de THC à détecter dans le corps. Par conséquent, si on se fie uniquement aux tests de sobriété et au travail des experts en reconnaissance de drogues, on limite ainsi la capacité à recueillir des preuves lors du contrôle routier.
Comme je l'ai mentionné, en Europe et en Australie, où l'on procède ainsi depuis au moins 10 ans, on se sert du liquide buccal, et l'arrestation de conducteurs aux facultés affaiblies est très répandue.
Nous pouvons aller plus loin en regardant les travaux d'un autre chercheur. Ils ont été menés aux États-Unis, où on a observé la fréquence de la présence de THC dans les échantillons de sang après l'examen d'experts en reconnaissance de drogues. On peut constater qu'au moins 70 % des échantillons ont une faible valeur probante. Après la prise de l'échantillon, la concentration est en deçà de cinq microgrammes par litre. On parle d'un échantillon recueilli après l'examen d'un expert en reconnaissance de drogues. C'est très difficile.
Lorsqu'on se penche sur la loi et sur l'inclusion des drogues dans la catégorie de l'alcool, on veut tirer parti de ce qu'on a obtenu au cours des cinquante dernières années grâce aux alcooltests réalisés au Canada. L'alcool diffère beaucoup du THC, et vice versa. L'alcool se dissout dans l'eau. Il se répartit dans le corps. Ses effets sont proportionnels à sa concentration.
Ce n'est pas ainsi pour le THC, qui est liposoluble. Il s'attache aux molécules lipidiques dans le corps et demeure dans le cerveau plus longtemps que ce que révèle la concentration sanguine. Lors de contrôles routiers, il faut agir rapidement pour établir qu'un conducteur a les facultés affaiblies par la drogue, pour prélever un échantillon ayant une valeur probante et pour passer à la prochaine étape.
Dans le cas du prélèvement de liquide buccal, comme je l'ai mentionné, c'est très simple. Il faut tout simplement une trousse comme celle-ci. C'est tout. Il faut simplement passer un écouvillon sur la langue, et c'est fait. On appuie ensuite sur le bouton, et le test commence. Les résultats sont obtenus après cinq minutes. Voilà en quoi consiste un dépistage par prélèvement de liquide buccal.
Pour les analyses de confirmation, il se vend des trousses largement utilisées dans des pays comme l'Australie, où le liquide buccal sert d'échantillon secondaire ayant une valeur probante. Pour le prélever, il faut tout simplement une ventouse, qu'il faut maintenir quelques minutes dans la bouche. L'extrémité devient bleue, et vous avez votre échantillon. Il faut ensuite le mettre dans un flacon, l'emballer et indiquer qu'il revêt une valeur probante, et le tour est joué. La procédure pour prélever le liquide buccal est simple.
Je recommande que nous ayons recours au dépistage obligatoire de la consommation d'alcool et de drogues lors de contrôles routiers; que nous mettions l'accent sur le prélèvement de liquide buccal en plus du sang, car le sang figure déjà dans le Code criminel pour les infractions liées à l'alcool; et que nous ne limitions pas les policiers lors de contrôles routiers compte tenu du critère des motifs raisonnables, qui sera problématique devant les tribunaux, comme nous le savons.
Merci.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Je suis le vice-président de l'Association des chemins de fer du Canada, qui représente plus de 50 exploitants de chemins de fer marchandises et voyageurs, dont les 6 transporteurs de classe 1 et 40 chemins de fer locaux et régionaux, ainsi que de nombreux fournisseurs de services voyageurs et de banlieue, dont VIA Rail et GO Transit, et des chemins de fer touristiques. Certains de nos membres qui transportent des voyageurs sont aussi membres de l'Association canadienne du transport urbain, dont le représentant témoignera plus tard devant vous.
Je suis accompagné de Me Simon-Pierre Paquette, avocat en droit du travail et de l'emploi au CN, le plus gros chemin de fer du Canada. Nous témoignons devant vous au sujet d'un point sur lequel nous pouvons tous être d'accord: l'importance de travailler ensemble afin de maintenir la sécurité des opérations ferroviaires.
Dans son rapport final présenté le 30 novembre 2016, le Groupe de travail sur la légalisation du cannabis a souligné l'importance de tenir compte des implications pour la sécurité au travail des facultés affaiblies en raison de la consommation de marijuana dans des cadres critiques pour la sécurité comme le domaine du transport. D'où le projet de loi que vous étudiez aujourd'hui.
Les chemins de fer marchandises transportent tous les types de biens qui sont essentiels à l'économie du Canada et à sa population, notamment de nombreuses marchandises dangereuses comme l'essence, le carburant diesel, le gaz naturel liquéfié, le butane, l'ammoniac anhydre, le nitrate d'ammonium, le chlore et l’acide chlorhydrique. Ils transportent également du matériel militaire et des munitions pour les Forces armées canadiennes.
Le réseau ferroviaire du Canada fonctionne tous les jours, toute l'année, dans tous les principaux centres économiques et de population du Canada, et il traverse environ 30 000 passages à niveau fédéraux et provinciaux, ainsi que des endroits écosensibles comme des parcs nationaux. Le mouvement des biens par train requiert le respect absolu de la Loi sur la sécurité ferroviaire afin de minimiser les risques pour le public, les employés, l'environnement et la propriété privée et publique.
Notre secteur emploie quelque 33 000 employés, dont nombre occupent des postes critiques pour la sécurité, ce qui comprend toute personne qui participent à l'exploitation des trains sur les voies principales ou aux gares de triage, ou au contrôle du trafic.
Les chemins de fer du Canada s'engagent à exploiter le réseau le plus sécuritaire possible. Un aspect clé de cet engagement est d'assurer que les employés sont aptes au travail. Nous pensons qu'il est impératif de discuter de certaines questions de sécurité en même temps que du projet de légalisation de la marijuana.
Je me tourne maintenant vers Simon-Pierre, qui parlera de nos suggestions pour atténuer le risque que présente l'augmentation des accidents à la suite de la légalisation de la marijuana.
:
La marijuana réduit la vigilance, la concentration, la perception des distances et la capacité d'exécuter des tâches automatisées. Elle peut aussi ralentir le temps de réaction pendant de longues périodes. Ce ne sont là que quelques-uns de ses effets préjudiciables, qui posent des risques considérables pour la sécurité et augmentent le risque de blessures, pour l'usager et les personnes qui l'entourent, dans un environnement dynamique comme une gare de triage.
En tant qu'industrie, nous ne voulons pas réglementer ce que les gens font de leur temps libre. Mais en tant qu'employeurs, nous avons l'obligation d'assurer que nos employés sont aptes au travail et ne sont pas sous l'influence d’une substance, licite ou non, qui peut poser un risque pour la sécurité des opérations ferroviaires.
II n'existe pas de loi obligeant les tests de dépistage de drogue ou d'alcool pour un poste dans l'industrie des transports au Canada. Cette responsabilité incombe aux chemins de fer, dont les activités font souvent l'objet de contestations juridiques. Cette situation crée un ensemble disparate dans le secteur, ce qui nuit à la sécurité.
L'approche globale du Canada de la prévention des facultés affaiblies au travail dans des cadres critiques pour la sécurité est réactive, et non pas proactive. Par exemple, les employés dont les facultés semblent affaiblies peuvent être soumis à un test pour un motif raisonnable, mais cela dépend de l'observation par les pairs et, avec les drogues, peu de signes peuvent être détectés avant qu'un accident survienne. Les employés peuvent être testés après un accident, mais cela signifie que les autres méthodes ont échoué, et que la sécurité a été sérieusement compromise.
Dans le cadre d’opérations ferroviaires, les conséquences pour les employés, leurs collègues, le public et l'environnement peuvent être graves. La marijuana est la drogue la plus souvent détectée chez les employés qui échouent à un test de dépistage de drogue et d'alcool après un accident.
Nous sommes contents que ce projet de loi propose de renforcer le Code criminel en érigeant en infraction le fait d'exploiter de l'équipement ferroviaire au-delà de certaines concentrations de drogue dans le sang. Cependant, cette mesure, qui demeure réactive, ne permettra pas de prévenir les accidents. Dans un contexte où la marijuana est légalisée, l'accent doit être mis davantage sur la prévention.
Les tests de dépistage de drogue, dont les tests aléatoires, sont requis par la loi aux États-Unis. Le ministère des Transports américain considère que les tests aléatoires ont un effet dissuasif efficace, et le droit américain considère la dissuasion comme étant le but des tests aléatoires. Selon l’expérience de notre secteur, ce processus est très efficace.
Les deux chemins de fer de classe 1 du Canada et certains de nos membres réalisent leurs activités des deux côtés de la frontière entre le Canada et les États-Unis. Les tribunaux canadiens acceptent depuis longtemps que les employés canadiens soient sujets aux règles relatives aux tests aléatoires américains quand ils traversent la frontière. La Cour suprême du Canada a aussi accepté que les tests aléatoires soient autorisés dans des circonstances qui posent un risque élevé pour la sécurité.
Le moment est bien choisi pour harmoniser les approches du Canada et des États-Unis en matière de sécurité ferroviaire en adoptant des normes de contrôle similaires axées sur la prévention. Le cadre juridique existe, et le Parlement doit faire preuve de leadership pour établir un cadre réglementaire cohérent et fiable pour le secteur des transports du Canada, notamment: en établissant une limite lorsqu’on présume que les facultés sont affaiblies par la drogue; en approuvant un appareil fiable de dépistage instantané des drogues; et en rendant obligatoire le contrôle préventif de l'aptitude au travail des employés, surtout au moyen de tests de dépistage.
Merci. Nous serons heureux de répondre à vos questions du mieux que nous le pouvons dans les deux langues officielles.
:
Je m'appelle Savannah. Je suis directrice du service Mobilisation et affaires juridiques de l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry.
Je tiens d'abord à vous remercier d'avoir accepté notre changement de dernière minute. Notre présidente, Diana Majury, s'excuse de ne pas pouvoir être présente.
Nos préoccupations sont de nature générale. Je veux d'abord parler du manque de ressources à la disposition des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Nous craignons que ces personnes souffrent de l'adoption d'un projet de loi qui crée des peines et des sanctions plus sévères, et nous sommes d'avis que la prison n'est jamais une réponse utile aux crimes liés à la drogue. C'est une intervention qui survient trop tard et qui ne parvient pas à régler la source du problème.
Nous sommes d'autant plus préoccupés par l'accès à la justice. L'Association craint que le projet de loi ne touche de façon disproportionnée les membres de groupes ethnoculturels et marginalisés, qui sont plus susceptibles d'être arrêtés sur la route, d'être accusés et condamnés, et de recevoir des peines sévères. Et il s'agit des cas où ils ne plaident pas coupables au départ.
Nous craignons également qu'un projet de loi de ce genre se traduise par une criminalisation accrue de nos jeunes. Nous sommes d'avis que des ressources supplémentaires doivent être réaffectées aux communautés afin qu'elles soient mieux outillées pour sensibiliser les gens et panser les plaies.
Merci.
:
Mesdames et messieurs, nous poursuivons nos travaux avec notre deuxième groupe de témoins.
Nous avons le plaisir d'accueillir, du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, Mme Kathy Thompson, sous-ministre adjointe du Secteur de la sécurité communautaire et de la réduction du crime. Bienvenue, madame Thompson.
Nous accueillons également Mme Rachel Huggins, qui est gestionnaire, Politiques et développement, à la Division des crimes graves et du crime organisé du Secteur de la sécurité communautaire et de la réduction du crime. Bienvenue, madame Huggins.
Représentant la Gendarmerie royale du Canada, nous avons M. Kevin Brosseau, qui est sous-commissaire des Services de police contractuels et autochtone. Bienvenue, monsieur Brosseau.
Du ministère de la Justice, nous accueillons encore une fois Me Greg Yost, avocat à la Section de la politique en matière de droit pénal. Soyez le bienvenu, maître Yost.
Chers collègues, nous entendrons des exposés des représentants du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile ainsi que de la GRC, mais pas de celui du ministère de la Justice.
Je tiens simplement à vous informer que les deux personnes qui forment le troisième groupe de témoins voyagent par avion à partir de Toronto. Leurs vols respectifs sont à 21 heures. Toutefois, s'ils sont déjà arrivés, par un heureux hasard, et s'ils sont prêts à présenter leur exposé maintenant, je propose que nous leur permettions de le faire, de façon à ce qu'ils puissent participer à la discussion de ce groupe, ce qui nous permettrait de terminer avant la période des questions.
Madame Thompson, la parole est à vous.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion aujourd'hui de discuter avec vous du projet de loi du point de vue de l'application de la loi et de la sécurité publique.
Comme vous le savez, je m'appelle Kathy Thompson. Je suis sous-ministre adjointe du Secteur de la sécurité communautaire et de la réduction du crime au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile et je m'occupe principalement du dossier des drogues. Je suis accompagnée de certaines de mes collègues, et c'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions concernant le projet de loi du point de vue de notre ministère.
Je suis consciente que vous avez déjà eu l'occasion d'entendre le point de vue de la et des fonctionnaires du ministère de la Justice concernant le projet de loi. Vous avez également entendu divers autres témoins et intervenants, et nous suivons la discussion avec intérêt.
Le projet de loi prévoit la création de mesures renforcées pour les infractions liées à la conduite avec facultés affaiblies et la conduite avec facultés affaiblies par les drogues et l'alcool. La partie 1 vise la création de nouvelles infractions pénales pour quiconque a, dans les deux heures suivant le moment où il a conduit un véhicule, une concentration de drogue dans le sang égale ou supérieure à la concentration permise, et à autoriser les services policiers à utiliser des appareils de dépistage salivaire sur le bord des routes. La partie 2 du projet de loi C-46 vise à moderniser et à simplifier les dispositions du Code criminel relatives aux moyens de transport en abrogeant toutes les dispositions prévoyant des infractions relatives aux moyens de transport pour les remplacer par une nouvelle partie. Mon exposé d'aujourd'hui sera axé sur les enjeux liés à la partie 1 du projet de loi C-46. Comme le l'a indiqué récemment devant le Comité permanent de la santé dans le cadre de l'examen du projet de loi , la Loi sur le cannabis, cette mesure législative, le projet de loi C-46, vise à régler un problème existant concernant la conduite avec facultés affaiblies, mais aussi à assurer la sécurité publique dans l'optique de la création d'un nouveau régime sur le cannabis.
[Français]
Le gouvernement s'est engagé à soutenir la mise en oeuvre du projet de loi au moyen d'un processus de détection, de poursuite, de sensibilisation et d'éducation du public, afin d'envoyer un message clair aux Canadiens à l'effet que la conduite sous l'influence d'une drogue quelconque est dangereuse et criminelle.
[Traduction]
Pour commencer, concernant les aspects généraux de la sécurité publique dans le contexte d'application de la loi, la conduite avec facultés affaiblies demeure le crime qui tue et blesse le plus grand nombre de Canadiens. Bien que le nombre d'incidents liés à la conduite avec facultés affaiblies ait baissé, les statistiques récentes démontrent que le nombre d'incidents de conduite avec facultés affaiblies par la drogue déclarés par la police a augmenté de 11 % de 2015 à 2016, pour un total d'environ 3 100 incidents, ce qui représente environ 4 % du total des infractions pour conduite avec facultés affaiblies. On considère que les incidents liés à la drogue déclarés par la police sont sous-déclarés parce que le dépistage nécessite une formation spécialisée. Nous y reviendrons sous peu. Dans le cas d'un incident lié à l'alcool et à la drogue, il est plus facile pour les organismes d'application de la loi de porter uniquement des accusations pour conduite affaiblie par l'alcool. Les cas liés à la drogue sont plus difficiles à traiter; il faut prouver la conduite avec facultés affaiblies et prouver que cela découlait de la consommation de drogues. Contrairement à l'alcool, il n'existe aucune infraction distincte pour la conduite avec une concentration supérieure à la limite de drogue légale permise. En outre, les agents de première ligne manquent actuellement d'outils et de formation pour repérer les cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue.
Le 8 septembre 2017, le gouvernement a annoncé du financement en appui aux projets de loi et . Par rapport au projet de loi C-46, pour la conduite avec facultés affaiblies par la drogue, il s'est engagé à verser 161 millions de dollars, notamment pour les aspects suivants: la formation des agents de première ligne en techniques de dépistage des signes de facultés affaiblies par l'alcool; le renforcement des capacités des organismes d'application de la loi de partout au pays pour appuyer cette mesure; l'accès aux appareils de dépistage de drogue; le développement des politiques, l'intensification de la recherche, et la sensibilisation du public concernant la conduite avec facultés affaiblies par la drogue. Je sais que ce dernier point a été au centre de vos discussions.
[Français]
Un montant de 80 millions de dollars au cours des cinq prochaines années sera disponible, afin d'offrir un accès à des appareils de dépistage de drogues aux provinces et aux territoires et d'améliorer la formation de tous les policiers, pour qu'ils soient en mesure d'appliquer de nouvelles lois renforcées.
[Traduction]
Sécurité publique Canada a déjà commencé à travailler avec les provinces et territoires pour déterminer leur capacité actuelle pour le contrôle et le dépistage de la conduite avec facultés affaiblies. Ce travail préliminaire servira à déterminer comment répartir les fonds dans l'ensemble du pays; nous continuerons de collaborer avec tous nos partenaires pour préciser les modalités et veiller à l'utilisation optimale des fonds.
Pour renforcer les capacités des organismes d'application de la loi de partout au pays pour le dépistage de la conduite avec facultés affaiblies, il faut augmenter le nombre d'agents ayant une formation sur les tests de sobriété normalisés administrés sur place, ou TNSAP, ou le nombre d'experts en reconnaissance de drogue, ou ERD, comme nous les appelons. Quelque 3 400 agents ont reçu une formation de TNSAP au Canada, ce qui représente environ 15 % des agents de première ligne. Ces agents font passer une série de tests d'attention divisée au moment de l'interception. Ces tests fournissent la preuve relative à la conduite avec facultés affaiblies. Actuellement, les agents sont uniquement formés pour repérer les facultés affaiblies par l'alcool.
Si le conducteur échoue au test, l'agent a des motifs raisonnables de croire que le conducteur a les facultés affaiblies et peut alors demander que des tests approfondis soient faits par un expert en reconnaissance de drogues, c'est-à-dire un policier formé à la détection de facultés affaiblies par les drogues. Actuellement, on compte environ 600 ERD au pays. L'approche préconisée par le ministère de la Sécurité publique auprès des provinces et des territoires vise à porter à 7 000 — environ 33 % des agents de première ligne — le nombre d'agents ayant une formation de TNSAP au cours des deux ou trois prochaines années, et à atteindre 50 % de l'effectif d'ici cinq ans. Ce nombre continuera d'augmenter graduellement à mesure que les établissements de formation intégreront la nouvelle formation dans leurs programmes de base. Pour atteindre ces niveaux, on compte mettre en place un programme de formation des formateurs à l'échelle du pays, ce qui serait la meilleure approche. Quelque 250 agents supplémentaires recevront une formation d'expert en reconnaissance de drogues, ce qui portera le total à 800.
Outre la formation, l'accroissement de la capacité des organismes d'application de la loi de dépister les cas de conduite avec facultés affaiblies passe par les essais et le déploiement des dispositifs de dépistage de drogues au moyen d'un test salivaire. Sécurité publique Canada collabore avec la GRC et le ministère de la Justice pour l'élaboration de normes relatives à ces appareils. Notre ministère a également demandé aux fabricants de fournir des appareils aux fins de leur évaluation en fonction des normes. L'objectif est de présenter des recommandations à la ministre de la Justice concernant ces appareils, en vue d'un déploiement d'ici au printemps 2018.
[Français]
Au cours de l'hiver dernier, le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile et la GRC ont collaboré avec sept services de police à l'échelle du pays afin d'effectuer un essai pilote sur deux appareils de dépistage par prélèvement de salive. Les policiers ont indiqué que les appareils étaient généralement faciles à utiliser dans diverses conditions météorologiques et températures et divers éclairages.
[Traduction]
Un autre aspect essentiel des travaux que nous avons entrepris pour lutter contre la conduite avec facultés affaiblies par les drogues est la sensibilisation du public. Comme je l'ai indiqué plus tôt, nous sommes conscients que cela soulève un problème important. Plus tôt cette année, le ministère de la Sécurité publique et ses partenaires, dont la GRC, ont mené une campagne sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, pour encourager les Canadiens à rester sobres et dissiper certains mythes selon lesquels les policiers sont incapables de déterminer si vous conduisez avec les facultés affaiblies par les drogues. La campagne a été lancée autour du mois de mars de l'an dernier et a permis d'atteindre plus de 13 millions d'utilisateurs des médias sociaux. Sécurité publique Canada élargit actuellement son champ d'action et travaille à l'élaboration d'une campagne nationale pluriannuelle de sensibilisation sur la conduite avec les facultés affaiblies par les drogues. La campagne, qui cible particulièrement les jeunes, sera lancée sous peu, cet automne, dans divers médias: radio, télévision, presse écrite, cinéma et médias sociaux, évidemment.
En outre, ces efforts seront renforcés grâce à la collaboration avec les provinces et les territoires, les organismes d'application de la loi, les services de police autochtones et des organisations d'intervenants pertinentes comme MADD et l'Association canadienne des automobilistes, pour informer le public et prévenir la conduite avec facultés affaiblies par la drogue.
[Français]
On consacrera également des efforts fédéraux afin d'améliorer la recherche et la collecte de données, créant ainsi une meilleure compréhension des questions liées à la conduite avec facultés affaiblies par la drogue et permettant de mesurer et d'évaluer nos efforts et nos investissements dans ces domaines, et aussi de rendre des comptes.
[Traduction]
En résumé, monsieur le président, grâce à cette importante mesure législative et à ses efforts connexes, le gouvernement démontre qu'il est déterminé à adopter une politique de tolérance zéro à l'égard de la conduite avec facultés affaiblies par la drogue et qu'il compte agir avec célérité pour créer de nouvelles lois et lancer de nouvelles initiatives pour lutter contre ce crime. De leur côté, le ministère de la Sécurité publique et la GRC collabore à l'élaboration de documents d'appui, de programmes de formation et d'outils pour aider les organismes d'application de la loi et les services frontaliers canadiens dans l'application efficace et efficiente des lois en matière de conduite avec facultés affaiblies par la drogue.
Merci.
[Français]
Je vous remercie de l'occasion que vous m'offrez aujourd'hui de vous parler de la conduite avec les facultés affaiblies, particulièrement dans le contexte de la légalisation et de la réglementation du cannabis au Canada.
[Traduction]
Il est impossible d'ignorer le carnage qu'entraîne la conduite avec facultés affaiblies sur nos rues et nos routes. En 2015, environ 4 % des incidents de conduite avec facultés affaiblies étaient des cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue, comme Mme Thompson l'a indiqué. Toutefois, selon des sondages routiers, la conduite avec facultés affaiblies par la drogue serait aussi fréquente que la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool. Par conséquent, les policiers canadiens doivent avoir les outils et la formation nécessaires pour veiller à la sécurité de tous les utilisateurs de la route.
La conduite avec facultés affaiblies par l'alcool, le cannabis ou une autre drogue, prise à des fins récréatives ou sous ordonnance médicale, constitue une infraction criminelle. Ainsi, la GRC compte un groupe de plus de 900 agents formés pour faire subir des tests de sobriété normalisés sur place, et elle étend la formation à nos agents. De plus, la GRC met actuellement à jour le programme relatif aux tests de sobriété normalisés pour inclure une formation améliorée sur les drogues qui nuisent à la capacité de conduire. Ainsi, les agents de première ligne seront mieux préparés et mieux en mesure de repérer les personnes qui conduisent avec les facultés affaiblies par la drogue, l'alcool ou les deux.
Les policiers canadiens peuvent aussi suivre la formation des experts en reconnaissance de drogues qui est accréditée, comme vous le savez sans doute, par l'Association internationale des chefs de police, et supervisée par la GRC pour tous les policiers travaillant au Canada. Un expert en reconnaissance de drogues va soumettre un conducteur soupçonné d'avoir les facultés affaiblies par la drogue à une série de tests psychophysiques normalisés, et il peut recourir à des indicateurs cliniques pour déterminer s'il a bel et bien les facultés affaiblies par la drogue. Le cas échéant, un expert en reconnaissance de drogues peut également déterminer la catégorie de drogue consommée. Soulignons qu’en février dernier, la Cour suprême du Canada a statué que l'opinion d'un expert en reconnaissance de drogues est considérée comme un témoignage d'expert en cour.
À l'échelle du Canada, il y a environ 650 experts en reconnaissance de drogues formés et actifs: 202 sont des membres de la GRC et 450, des membres d'organismes municipaux ou provinciaux. Il est important de noter que ces chiffres changent quotidiennement en fonction des dates de renouvellement de la certification.
Les tests de sobriété normalisés sur place et l'avis d'experts en reconnaissance de drogues continueront d'être les principaux outils d'application de la loi utilisés dans le cadre d'enquêtes sur les cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue.
Dans l’intervalle, les Services nationaux de laboratoire judiciaire de la GRC sont là pour soutenir l'application des lois concernant la conduite avec facultés affaiblies par la drogue et la poursuite des délinquants. Les toxicologues judiciaires analysent les échantillons de fluides corporels reçus pour y déceler la présence et la concentration de drogue. Ils fournissent des rapports écrits ou des certificats destinés au tribunal, interprètent les effets de la drogue sur les gestes posés par les délinquants et présentent des témoignages d'expert devant les tribunaux.
Sachant que l’application des lois ne suffit pas, et en misant sur la prévention, la GRC continue de mener des activités de sensibilisation et de communication avec les Canadiens, et plus particulièrement avec les jeunes, pour les sensibiliser aux méfaits de la consommation de drogues, aux conséquences de la conduite avec facultés affaiblies et aux répercussions négatives possibles pour nos collectivités. Ces efforts doivent être clairs et cohérents tout au long du processus de légalisation et par la suite.
Tout le monde a le droit de rentrer à la maison en toute sécurité, et la GRC demeure inébranlable dans son engagement à sensibiliser davantage la population, à prévenir la conduite avec facultés affaiblies, à fournir les outils qu’il faut à ses policiers et à les former adéquatement. La GRC continuera aussi de travailler avec ses partenaires et les intervenants pour faire comprendre au public les dangers associés à la conduite avec facultés affaiblies par la drogue ou l'alcool.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Chers membres du Comité permanent de la justice, je tiens tout d'abord à vous remercier de votre invitation à comparaître devant vous aujourd'hui dans le cadre de votre étude sur le projet de loi .
Je m'appelle Patrick Leclerc et je suis président-directeur général de l'Association canadienne du transport urbain, soit l'ACTU.
L'ACTU est la porte-parole d'influence du secteur du transport collectif à l'échelle canadienne. Nous comptons parmi nos membres l'ensemble des réseaux de transport en commun partout au pays, des entreprises du secteur privé, des organismes gouvernementaux et des partenaires de la mobilité urbaine.
[Traduction]
La sécurité de nos collectivités est étroitement liée à la sécurité de nos réseaux de transport. Chaque année au Canada, nos membres font état de plus de deux milliards de déplacements, parcourent plus d'un milliard de kilomètres et sont présents sur les routes pendant plus de 53 millions d'heures, tout cela dans une situation de circulation mixte.
Il y a quelques années — vous vous en souviendrez peut-être —, l'ACTU a travaillé en étroite collaboration avec les dirigeants des services de transport, les syndicats, les députés et les sénateurs, et ils ont ainsi réussi à modifier dans l'unanimité le Code criminel afin que l'on considère comme une circonstance aggravante le fait que la victime de voies de fait est un conducteur de véhicule de transport en commun.
La raison de cela était simple. Chaque année au pays, il y a environ 2 000 cas de voies de fait contre des conducteurs d'autobus. C'est dangereux et inacceptable. Certains ont soulevé que 2 000 cas de voies de fait sur plus de deux milliards de déplacements représentent environ 0,000001 % de voies de fait par déplacement, mais tous étaient d'accord, y compris les membres de votre comité, pour dire que des voies de fait contre les conducteurs d'autobus représentaient un grave problème de sécurité publique qu'il fallait enrayer. C'était une question de sécurité alors, et nous sommes aujourd'hui de nouveau devant vous dans la même optique: celle de la sécurité publique.
Les usagers du transport en commun devraient se sentir en sécurité de grimper dans un autobus. En fait, c'est nettement plus sûr que de monter dans une voiture. Les passagers sont très importants pour nos conducteurs, qui se préoccupent constamment de leur sécurité. Ils sont bien formés, très professionnels, et fournissent un excellent service à nos collectivités. Il ne fait aucun doute, monsieur le président, que la grande majorité des conducteurs d'autobus ne conduiraient jamais un véhicule sous l'effet de la drogue ou de l'alcool.
[Français]
Malheureusement, il y a des cas où les conducteurs ou d'autres employés effectuent leurs tâches avec les facultés affaiblies par l'alcool ou par la drogue. Cette information nous vient de l'expérience des réseaux de transport américains, où les tests aléatoires sont obligatoires, ainsi que du récent programme mis en oeuvre par la Commission de transport de Toronto.
Bien qu'il s'agisse de l'exception et non de la règle, les rares cas où il y a conduite avec facultés affaiblies par l'alcool ou la drogue sont des cas de trop. Comme je l'ai mentionné, il ne s'agit pas seulement des conducteurs de véhicules. Lorsque les passagers prennent le transport en commun, leur sécurité dépend également du travail des mécaniciens, des superviseurs, des inspecteurs, des ingénieurs et des cadres, qui ont tous un rôle à jouer afin d'assurer la sécurité de l'ensemble des opérations du transport en commun.
[Traduction]
C'est une question de sécurité du public, mais aussi de sécurité en milieu de travail. Il incombe à la gestion de veiller à ce que les employés des services de transport soient en tout temps en sécurité. Les réseaux de transport comportent de la machinerie lourde et des tâches importantes sur le plan de la sécurité, et ce ne sont pas les façons qui manquent à une personne aux facultés affaiblies de mettre en danger ses collègues de travail. Les réseaux de transport en commun ne relèvent essentiellement pas de la compétence fédérale, mais le gouvernement doit manifestement faire preuve de leadership et donner des directives claires sur les questions de sécurité entourant la légalisation du cannabis, comme le recommande le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis.
En plus d'établir des mécanismes clairs pour permettre les tests aléatoires de dépistage d'alcool et de drogue pour les postes critiques sur le plan de la sécurité relevant de la compétence fédérale, le gouvernement doit faire preuve de leadership et travailler avec les provinces et territoires afin de veiller à ce qu'on adopte d'un océan à l'autre une approche uniforme de la sécurité publique et des postes critiques sur le plan de la sécurité du point de vue de la consommation de cannabis et des facultés affaiblies au travail.
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue de la TTC, Megan MacRae.
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Bonjour. Je vous remercie de cette invitation à prendre la parole devant le Comité sur la très importante question de la sécurité routière, ou dans notre cas, de la sécurité au travail.
Je suis ici aujourd'hui parce que je gère notre programme d'aptitude au travail depuis 2011 et que j'ai dirigé la mise en oeuvre de notre programme de dépistage aléatoire au début de l'année. J'interviens aussi activement dans nos cas d'arbitrage et nos diverses procédures judiciaires en cours.
Depuis un an, la TTC travaille avec divers employeurs et diverses associations d'employeurs, dont l'ACTU, à attirer l'attention sur les préoccupations en matière de sécurité au travail liées à la légalisation du cannabis.
Nous croyons qu'on sous-estime en ce moment le risque que courent les employés et le public de notre secteur, et que ce risque ne va qu'augmenter. Nous croyons que le gouvernement fédéral a un important rôle de leadership à jouer afin de veiller à ce que les mécanismes nécessaires soient en place pour assurer la sécurité au travail et la sécurité du public avant juillet 2018. Nous demandons au gouvernement fédéral de donner l'exemple aux provinces en mettant en place un programme obligatoire de dépistage aléatoire de la drogue et de l'alcool dans les industries où la sécurité est primordiale.
Nos lieux de travail sont, dans bien des cas, les voies publiques, et les actions de nos employés, en première ligne ou en arrière-plan, ont des incidences sur la sécurité du public.
La TTC est prise dans de longues et coûteuses actions en justice dont elle ne voit pas la fin. Nous ne sommes pas les seuls. D'après nous, les mesures législatives se font attendre depuis trop longtemps. La TTC a mis en oeuvre un programme de dépistage aléatoire le 8 mai dernier, et en moins de cinq mois, a eu 16 résultats positifs — plus de 50 % pour la marijuana —, cinq cas de présence d'alcool et deux refus. Cela s'ajoute aux avertissements de sécurité et aux infractions liées à l'alcool. Ces résultats nous ont surpris, car nous ne nous attendions pas à autant de cas.
En rejetant la demande d'injonction de la section locale 113 du Syndicat uni du transport visant à faire cesser notre programme de dépistage aléatoire, la Cour supérieure de justice de l'Ontario a déterminé que notre programme allait améliorer la sécurité du public. Le juge Marrocco était convaincu, selon la preuve que nous avions fournie, que la sécurité de nos employés et du public l'emportait sur toute préoccupation relative à la protection de la vie privée. Une très grande partie de la preuve présentée par la TTC n'a pas été contestée par le syndicat. Le juge a explicitement conclu, en se basant sur notre témoignage d'expert, que le seuil de concentration établi par la TTC pour le dépistage de drogue dans le fluide oral permet de détecter les personnes dont les capacités cognitives et motrices sont vraisemblablement affaiblies au moment du test.
Nos experts et témoins ont présenté des preuves montrant qu'ailleurs, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, où l'on a mis en oeuvre le dépistage aléatoire dans des milieux de travail semblables, le taux de résultats positifs a nettement diminué. Nous avons regardé l'expérience du Colorado et avons montré les effets sur la consommation et la sécurité du public.
La TTC utilise essentiellement la technologie axée sur le fluide oral. Bien que la TTC estime que cette technologie n'est pas assez invasive pour donner lieu à des préoccupations relatives à la protection de la vie privée, nous respectons ce droit protégé et soutenons que même si elle était vraiment invasive, le droit à la sécurité du public l'emporte sur le léger inconvénient que présente le dépistage aléatoire pour les personnes qui doivent s'y soumettre.
Comme je l'ai dit, la TTC utilise la technologie axée sur le fluide oral, et d'après nos experts, il existe suffisamment de preuves pour soutenir la notion selon laquelle on peut choisir des seuils de concentration de drogue correspondant à la période écoulée par rapport à une consommation récente et à un affaiblissement vraisemblable des capacités.
Je pourrais vous parler de diverses autres données, mais puisque le temps est limité, je vais me contenter de souligner que depuis la mise en place de notre programme d'aptitude au travail, en 2010, 163 personnes ont déclaré souffrir d'un trouble lié à l'utilisation d'une substance. Tous nos tests réalisés à la suite d'incidents présentaient des résultats positifs pour la drogue, ce qui est remarquable, car nous croyons que c'est révélateur de l'insuffisance des moyens visuels dont on dispose généralement pour déterminer si les facultés d'une personne sont affaiblies. Le dépistage au moment de la certification ou avant l'emploi a donné 216 résultats positifs. Ce sont des gens qui cherchent du travail et qui savent qu'ils seront soumis à un dépistage.
Sur ce, je vais céder la parole à mon collègue, Brian Leck.
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Le 8 mai dernier, la TTC a pris la mesure audacieuse de mener des tests aléatoires de dépistage d'alcool et de drogue pour tous les postes critiques sur le plan de la sécurité, ainsi que pour les postes de direction. Comme Megan l'a mentionné, quelque 21 membres du syndicat ont obtenu des résultats positifs ou ont refusé le test — des gens qui sans cela seraient en train de conduire des métros ou encore des autobus ou des tramways dans les rues achalandées de Toronto. Ces personnes n'étaient pas détectées ou vérifiées et restaient inconnues. On ne sait pas ce qu'on ne sait pas. Le dépistage aléatoire est la bonne façon de s'occuper des postes critiques sur le plan de la sécurité, en particulier dans l'industrie du transport en commun.
La TTC l'a fait parce que c'était la bonne chose à faire, mais je dirais que ce n'était pas la bonne manière de le faire. Nous sommes pris dans des litiges depuis six ans, et nous n'en voyons pas la fin. Nous avons un processus d'arbitrage qui dure depuis 2011 et qui se poursuit, et il y aura sans doute un contrôle judiciaire, un appel devant la Cour d'appel, puis devant la Cour suprême du Canada. Une décision sera peut-être rendue à ce sujet dans 10 ans. Le problème, c'est que ce n'est pas proactif du tout.
Dans tous les autres pays de la civilisation occidentale, il a fallu une horrible tragédie. En Angleterre, à Londres, il y a eu un terrible accident de métro qui a tué 5 personnes et en a blessé 540, à cause d'une personne dont les facultés étaient affaiblies par la consommation de marijuana. Peu de temps après, le gouvernement a adopté des contrôles législatifs visant le dépistage aléatoire. C'est la même chose pour New York, à cause d'un horrible accident. Et c'est la même chose en Australie et en Nouvelle-Zélande. Toutes ces démocraties occidentales ont réagi à des situations qui exigeaient la mise en oeuvre du dépistage aléatoire.
Nous espérons que le gouvernement fédéral fera preuve de leadership et qu'il prendra des mesures et établira des seuils et des exigences afin de garantir l'uniformité à l'échelle de l'industrie pour tous les postes critiques sur le plan de la sécurité. Sinon, nous aurons un ensemble hétéroclite de tests, de critères, d'arbitres et de juges qui, à des moments divers, vont arriver à des conclusions différentes, et ce, moyennant des coûts énormes pour toutes ces sociétés, qu'elles soient du secteur public ou privé. Inévitablement, si c'est la voie que nous prenons, de nombreuses familles et de nombreux particuliers vont en subir les conséquences tragiques.
Merci.
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Je suis heureuse de parler du projet pilote que le ministère de la Sécurité publique et la GRC ont réalisé en collaboration avec sept forces de police au pays. Je vais demander à Mme Huggins de parler plus particulièrement des taux de résultats faux positifs.
Comme vous l'avez dit, le projet pilote a été réalisé en décembre dernier dans l'ensemble du pays. Il englobait sept provinces et a duré environ 12 semaines. Nous avons testé l'appareil pour voir s'il fonctionnait bien dans différentes conditions météorologiques, d'éclairage, et ainsi de suite. Nous avons constaté que les agents étaient très à l'aise avec l'appareil, et qu'il fonctionnait très bien sous différentes conditions météorologiques. Le projet s'est déroulé délibérément entre décembre et février ou mars, en raison de nos grands hivers canadiens. Les dispositifs ont très bien fonctionné.
Certaines expériences permettront d'éclairer l'élaboration de procédures normalisées d’opération, comme le fait que certains échantillons de salive ont gelé après huit minutes. Mais dans l'ensemble, le projet pilote a été une réussite.
Les appareils devront tout de même être homologués conformément aux normes actuellement élaborées par le CDV. Il s'agissait de deux appareils parmi les nombreux qui sont sur le marché. C'était très encourageant, ce qui nous a incités à l'inclure au projet de loi proposé.
Je vais simplement demander à Mme Huggins de parler des taux de résultats faux positifs.
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Merci de votre question. Je vais m'en tenir à mon organisation.
Je sais que d'autres chefs de police s'expriment avec force sur le sujet. Je vais certainement dire qu'il serait utile d'avoir plus de temps, comme je l'ai mentionné. Cela nous permettrait de former plus d'agents, compte tenu des pressions qu'on exerce déjà pour que les forces de police possèdent un large éventail de compétences.
Cela dit, je répéterai que nous sanctionnons déjà cette infraction. Nous avons toutefois intensifié la formation. Nous sommes loin de nous tourner les pouces. Nous avons intensifié la formation relative au test de sobriété normalisé, ou TSN, et aux experts en reconnaissance de drogues, ou ERD. Nous les avons localisés stratégiquement, et je suis persuadé que d'autres services de police font de même. Nous prévoyons aussi faire plus de formation d'ici l'année prochaine, puis continuer sur cette voie. Je suppose qu'une partie du problème, c'est qu'on ne sait pas ce qui se passera lorsque le projet de loi ou la loi entrera en vigueur. À la lumière de ce qui s'est produit ailleurs, je suppose que nous pouvons nous attendre à une augmentation de la consommation.
L'autre volet que je veux vraiment souligner est la proactivité et le dialogue positif avec les collectivités. Je suis convaincu que nous ne pourrons pas échapper au problème de conduite avec facultés affaiblies en renforçant les lois, tant pour l'alcool que pour la drogue. Le commissaire précédent a dit que notre objectif serait de rendre le tout socialement inacceptable, au même titre qu'allumer une cigarette dans un restaurant. Je pense que c'est ce que notre campagne doit viser. Elle doit privilégier la prévention, en mobilisant proactivement les groupes communautaires — comme Mme Thompson l'a mentionné — tels que Mères contre l’alcool au volant, ou MADD, l'Association canadienne des automobilistes, ou CAA, les établissements autorisés et les écoles. L'objectif est d'arriver à réduire proactivement le nombre de personnes touchées, plutôt que de simplement essayer de faire respecter la loi et d'attraper ceux qui ont pris la mauvaise décision de consommer avant de prendre le volant.
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Vous êtes très gentils d'avoir accepté d'être avec nous par vidéoconférence et je tiens à vous remercier tous les deux.
Comme on vous l'a peut-être dit, je crois que nous risquons d'être appelés n'importe quand pour aller voter, et nous voudrions au moins entendre avant vos déclarations préliminaires. Nous vous serions très reconnaissants si, ensuite, vous pouviez revenir pour les questions. Mais commençons au moins par entendre les déclarations.
Nous accueillons donc M. Jan Ramaekers, professeur à Maastricht, dans les Pays-Bas. Soyez le bienvenu.
Nous avons aussi le Dr Randy Goossen, psychiatre, qui sera en contact avec nous depuis Winnipeg. Soyez le bienvenu.
Merci beaucoup, tous les deux, d'être avec nous.
Je demande à M. Ramaekers de commencer.
Je voudrais peut-être privilégier deux parties du projet de loi. Un aspect est que la conduite sous l'influence du cannabis sera punissable. Le Canada a l'intention de fixer des limites précises pour distinguer le niveau des peines. J'ai vu proposer comme indicateurs de peines à imposer les limites minimales de 2 et de 5 nanogrammes, essentiellement.
C'est un sujet intéressant. Ma première observation serait que la plus grande partie de la science sur laquelle s'appuie le choix des seuils en Europe, aux États-Unis et, je pense aussi, au Canada, se fonde sur ce que j'appellerais la recherche expérimentale. Le seul type de recherche qui ait pu corréler un effet en fonction d'une dose ou d'une concentration, pour l'affaiblissement des capacités par le THC et des compétences exigées pour la conduite en situation réelle provient vraiment de ce qu'on appellerait des études en laboratoire. On y invite des participants à subir un test de conduite ou peut-être un test de conduite dans des conditions simulées ou à participer à un certain nombre de tests neurocognitifs pour mesurer les temps de réaction et l'attention ainsi que les fonctions cognitives en général, toujours pendant qu'ils sont sous l'influence d'une dose unique ou aiguë de cannabis. Ils en auraient soit fumé au laboratoire ou s'en seraient fait administrer au moyen d'un vaporisateur ou autrement. Leurs réactions sont ensuite comparées aux leurs, mais dans des conditions où ils sont exposés à un placebo, quand ils n'ont pas fumé de cannabis.
C'est très bien organisé. Ces expériences permettent aussi le prélèvement d'échantillons de sang au moment où les capacités sont effectivement affaiblies. D'ordinaire, le THC, comme je suis sûr que vous l'avez tous vu, possède un profil pharmacocinétique de très grande amplitude, qui peut atteindre très rapidement, quand il est fumé, des concentrations maximales dans le sang, peut-être en cinq minutes. Selon la quantité effectivement fumée, la concentration pourrait atteindre, disons, 100 nanogrammes par millilitre. Après cinq minutes, elle redescendrait, également très rapidement...
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La courbe redescendrait très rapidement, et en moins de 60 minutes. En moins d'une heure, les concentrations de THC seraient inférieures à 10 nanogrammes et même à 5.
On peut parfaitement suivre tout ce processus en laboratoire. Cela signifie que nous avons été en mesure de relier certains niveaux d'affaiblissement des capacités à certaines concentrations de THC dans le sang ainsi que dans les sécrétions de la bouche. Ça marche bien. Tous les résultats de ces études montrent que 2 nanogrammes, par exemple, sont vraiment la limite inférieure au-dessus de laquelle l'affaiblissement des capacités se manifeste.
Si nous voulons transférer cette connaissance dans la vie réelle et dans la pratique, les concentrations mesurées par mes homologues en laboratoire ne sont pas nécessairement identiques à celles qu'un policier, par exemple, observerait ou qu'un laboratoire médico-légal analysant les échantillons de sang obtiendrait. La principale raison est que ces échantillons sont habituellement prélevés 2, 3 ou même 4 heures après l'accident.
Voilà le grand dilemme qui se pose maintenant à nous. Les concentrations de THC que nous mesurons représentent celles qui existaient au moment du prélèvement, pas nécessairement à celui de l'accident. C'est un pont qu'il faudra traverser d'une manière ou d'une autre. Il importe de se rappeler que, pour la majorité des accidentés dont on prélèvera un échantillon sanguin 2, 3 ou même plusieurs heures après l'accident, la majorité de ces échantillons présentera des concentrations très faibles de THC. Elles pourraient même être inférieures à 1 ou 2 nanogrammes. Ça ne signifie pas nécessairement que tous ces conducteurs étaient « négatifs » ou se trouvaient sous le seuil de THC au moment de l'accident.
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D'accord. Je crois avoir déjà communiqué une fiche d'information. Je vais donc commencer.
Monsieur le président, je vous remercie du privilège que vous m'accordez de prendre la parole devant votre comité.
Je voudrais formuler quelques remarques. En ma qualité de psychiatre, j'ai constaté les effets dévastateurs de certaines substances pour la vie de mes patients. Comme je le déclare ici dans mon exposé, l'alcool est un voleur, et il est clair qu'il gâche des vies en dérobant tout ce qui nous est précieux. De même, il est parfois difficile de distinguer la maladie puis la nécessité de gérer les conséquences des comportements hasardeux des conducteurs en état d'ébriété. Parfois, ça ne fait pas l'affaire de tout le monde, au point qu'on m'a signalé au collège des médecins pour avoir de mon côté dénoncé des cas problèmes. Un consommateur de cannabis est même allé jusqu'à me menacer de mort.
Ma dernière remarque est que j'espère que votre comité se rappellera les ravages des toxicomanies et du caractère impératif de l'intervention. Je demanderais qu'on rappelle à son honorable président la maladie de l'addiction et l'importance non seulement de la prévention mais aussi de la gestion de la sécurité routière, sans oublier celle de la promotion de la guérison des problèmes de santé mentale, des toxicomanies et du traitement des deux.
Je tiens à aborder rapidement quatre articles du projet de loi. Je préciserai lesquels au fur et à mesure.
Le projet de loi autorise le contrôle routier de l'alcoolémie. Je pense qu'il faut particulièrement envisager de revoir la possibilité que la police se voie accorder trop de liberté pour arrêter au hasard tout véhicule quand bon lui semble. D'accord, il y a des libertés qui, à cet égard, devraient être examinées et amplifiées, mais les paramètres qui permettent d'arrêter un véhicule au hasard pour un contrôle routier ne sont pas rien et ils ont besoin d'être bien définis, après examen rigoureux de toutes les conséquences.
J'ai des observations et des recommandations à formuler sur le projet de loi , s'il est adopté.
D'abord, je pense que le gouvernement fédéral devrait collaborer avec les provinces pour demander aux conducteurs qui ont réussi leur test de conduite de signer une attestation selon laquelle ils savent qu'ils seront exposés à des tests aléatoires. Ce n'est pas l'équivalent d'un consentement; il s'agit seulement qu'ils reconnaissent qu'ils sont parfaitement conscients que ces tests découlent du privilège de conduire un véhicule. On augmentera ainsi leur propre sécurité et celle du public. On les rendra plus réceptifs au changement proposé des contrôles routiers.
Ensuite, bien que ce soit évident, il faut déclarer que la vie privée de chacun sera sensiblement changée par les alcootests aléatoires. Je pense que notre police a besoin de plus de formation pour déceler les cas de conduite avec capacités affaiblies. Pour faire une comparaison cependant très extrême, l'agent chargé du contrôle des animaux ne devrait pas avoir besoin d'arrêter tous ceux qui promènent leur chien pour savoir si c'est un pitbull.
Ensuite, vu la pratique avérée du profilage de certains individus dans notre pays, il faut sérieusement envisager la possibilité de pondérer les pouvoirs considérables de la police qui lui permettent d'arrêter et de contrôler des individus, sachant que le projet de loi risque de l'autoriser à cibler délibérément ou pas certains sous-groupes de notre société.
Le document intitulé Contexte législatif: réformes des dispositions du Code criminel relatives aux moyens de transport (Projet de loi C-46) signale des faits intéressants. Je crois vous les avoir communiqués dans ma fiche. Malgré une réduction de 65 %, en 30 ans, des accidents de la route, le Canada se retrouve en même temps en queue de peloton pour ce qui concerne la sécurité. Le sachant, si nous cherchons à obtenir les résultats les plus significatifs possible en matière de sécurité routière, y a-t-il une raison pour ne pas abaisser de 80 à 50 le niveau d'alcoolémie? Nous progresserions ainsi comme les pays qui ont bénéficié, après avoir modifié leurs lois en ce sens, d'une baisse des seuils d'alcoolémie.
Si le projet de loi était adopté, je recommanderais que les contrôles envisagés pour les tests aléatoires de consommation de drogue et d'alcool soient autorisés simultanément.
J'utiliserais le projet de paragraphe 253(3). Comme je l'ai dit, il existe trois nouvelles infractions pour la conduite d'un véhicule avec les capacités affaiblies par le cannabis et d'autres drogues. Le projet de loi criminalise la conduite d'un véhicule, en fonction de la concentration de THC dans le sang du conducteur.
Si 2 nanogrammes de THC sont une infraction punissable dans le projet d'alinéa 253(3)b) pour la consommation de cannabis uniquement, ne serait-il pas mieux de conserver la même concentration de la drogue pour le projet de paragraphe 253(3)c), qui décrit l'infraction dans laquelle le cannabis est combiné à l'alcool? Au lieu de 2,5 nanogrammes, maintenez-la à 2, particulièrement lorsque, en combinaison avec l'alcool, l'affaiblissement des capacités risque d'être plus grand.
Bien que les tests pour déterminer la présence...
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Un point que j'aimerais soulever, c'est que si vous prenez les données relatives à la conduite avec facultés affaiblies, vous constaterez que le nombre de conducteurs chez lesquels on dépiste uniquement du cannabis n'est pas très élevé. En Europe, le taux est seulement de 3 ou 4 %, maximum. Aux États-Unis, il est peut-être deux fois plus élevé. Au Canada, je ne suis pas certain, mais le taux est probablement comparable à celui des États-Unis. Toutefois, le pourcentage de conducteurs chez lesquels on dépiste une combinaison de THC et de toute autre drogue ou d'alcool est plus grand. D'après moi, une mesure législative sur la conduite avec facultés affaiblies devrait cibler davantage ces conducteurs que ceux qui sont seulement sous l'influence de la marijuana.
Bien sûr, ils ne sont pas sans importance, mais les données montrent que la combinaison de cannabis et d'alcool est beaucoup plus fréquente. Ce que l'on voit, du moins dans la documentation scientifique, c'est que dès qu'il y a une combinaison de cannabis et d'alcool, l'affaiblissement des facultés et les risques d'accident augmentent.
Mon conseil serait de copier certaines lois qui ont été mises en oeuvre en Europe, des lois qui interdisent toute combinaison de cannabis et d'alcool, peu importe la concentration. Même si le taux d'alcoolémie est inférieur à 0,05 et le taux de THC dépasse 5 nanogrammes, la combinaison hausse toujours considérablement les risques d'accident. Je sais que dans votre projet de loi, vous tentez aussi d'établir une loi pour la consommation combinée de cannabis et d'alcool, mais les limites sont plus basses. Tout taux d'alcoolémie supérieur à 0,05 est considéré comme important.
À mon sens, toute combinaison, peu importe la concentration, devrait être une infraction. La mesure aurait une plus grande incidence parce que c'est vraiment la situation que l'on voit le plus souvent sur les routes.
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Nous vous remercions, monsieur Ramaekers, d'être resté avec nous. Si nous avons d'autres questions, nous vous les enverrons par courriel, mais je comprends qu'il est tard et je veux vous donner votre congé. Merci beaucoup d'être resté, et si nous avons d'autres questions, nous vous les transmettrons par courriel, au Dr Goossen aussi.
Maintenant, nous allons passer à notre prochain groupe de témoins. Nous sommes ravis d'accueillir, pour le dernier groupe de la journée, Mme Diane Kelsall, directrice de la rédaction du Canadian Medical Association Journal.
Nous recevons également M. Richard Compton, directeur de l'Office of Behavioural Safety Research du département des Transports des États-Unis.
Nous accueillons aussi M. Chris Halsor, fondateur et dirigeant principal d'Understanding Medical Marijuana, qui se joint à nous du Nevada.
Bienvenue à toutes et à tous.
Nous allons écouter vos exposés, puis nous passerons à la période de questions. Vos exposés peuvent durer un maximum de 8 à 10 minutes. Nous allons commencer par Mme Kelsall.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de m'avoir invitée à vous parler du projet de loi . Je suis médecin de famille et directrice de la rédaction par intérim du
Canadian Medical Association Journal, de
CMAJ Open et du CMAJ Group.
Je tiens à préciser dès le début que je ne représente pas les opinions de l'Association médicale canadienne ou de Joule, la filiale à laquelle appartient le CMAJ. Le CMAJ et les autres revues du CMAJ Group sont indépendants de leur propriétaire sur le plan de la rédaction.
Je tiens aussi à préciser que je ne suis pas spécialiste du cannabis ou de ses effets sur la conduite. Je sais que vous avez eu accès à des experts ce soir, et certains témoins à mes côtés sont manifestement des experts en la matière. Pour ma part, je vais vous présenter le point de vue d'une directrice de la rédaction d'une revue, d'un médecin et d'une personne dont le métier est d'évaluer des données probantes.
La mission du CMAJ, la plus grande revue médicale du Canada, est de défendre les connaissances d'importance pour la santé des Canadiens et du reste du monde. Notre vision est: des preuves exemplaires, des pratiques exemplaires, une santé exemplaire.
C'est pour cette raison que les deux mesures législatives concernant la légalisation du cannabis, les projets de loi et , me préoccupent et que j'ai écrit l'éditorial intitulé « La réforme législative sur le cannabis ne protège pas les jeunes Canadiens », qui a été publié dans le CMAJ en mai dernier. Je vous en ai fourni des copies. L'ironie de la chose, c'est que j'étais à Amsterdam lorsque l'article a été publié.
Qu'un si grand nombre de Canadiens, jeunes et adultes, croient que le cannabis est une substance inoffensive représente un échec. Cet échec est le nôtre, celui de l'éducation publique dans notre pays. Vous voyez, nous savons que ce n'est pas une substance inoffensive.
Qu'un si grand nombre de Canadiens, jeunes et adultes, croient qu'il est sécuritaire de conduire sous l'influence du cannabis, que certains croient même que le cannabis améliore leurs facultés au volant, représente un échec. Cet échec est le nôtre, celui de l'éducation publique dans notre pays. Vous voyez, nous savons que conduire sous l'influence du cannabis est synonyme de conduire avec les facultés affaiblies.
Qu'un si grand nombre de Canadiens, jeunes et adultes, consomment régulièrement du cannabis est un échec, notre échec, celui de l'éducation publique dans notre pays. Pourtant, nous sommes sur le point de lancer ce que je considère comme une expérience menée à l'échelle nationale; nous allons nous servir de nos jeunes comme cobayes pour voir ce qui arrive lorsque la marijuana est légalisée.
C'est pour cette raison qu'une mesure législative comme le projet de loi , l'objet de votre étude, est rendue nécessaire par la Loi sur le cannabis, afin de lutter contre l'augmentation possible des taux de conduite sous l'influence du cannabis. Nous avons vu de telles augmentations à la suite de la légalisation dans d'autres territoires, du moins initialement.
À titre de directrice de la rédaction d'une revue, j'anticipe les rapports de recherche qui seront probablement soumis au CMAJ dans les prochaines années, des rapports qui comprendront des graphiques sur lesquels une ligne verticale pointillée indiquera l'entrée en vigueur de la Loi sur le cannabis et qui montreront une augmentation de la consommation de cannabis, une augmentation des citations pour conduite avec facultés affaiblies, une augmentation des troubles de santé mentale chez les jeunes et peut-être même une augmentation des décès causés par les accidents de la route. Ces préoccupations m'empêchent de dormir. C'est pour cela que je suis ici aujourd'hui.
Vous voyez, la moindre augmentation des cas de conduite avec facultés affaiblies ou de la consommation de cannabis à la suite de la légalisation, aussi minime cette augmentation soit-elle, voudra dire que les dispositions législatives auront échoué. Elle sera la preuve que la consommation de cannabis et ses risques inhérents ne sont pas de réelles préoccupations et que les consommateurs croient qu'ils n'ont rien à craindre. Elle rendra encore plus évidente notre incapacité de communiquer efficacement les dangers du cannabis à la population et en particulier aux jeunes du Canada.
Nous ne sommes tout simplement pas prêts.
En légalisant le cannabis, nous envoyons aux jeunes Canadiens le message que sa consommation ne pose aucun danger, mais ce n'est pas ce que la population canadienne doit entendre. La Loi sur le cannabis contient des dispositions sur l'éducation du public, mais pas le projet de loi .
Le 20 septembre, Santé Canada a lancé un appel d'offres pour une campagne de santé publique ciblant précisément les jeunes Canadiens. Selon l'appel d'offres, la campagne aura pour but de faire en sorte que les Canadiens, en particulier les jeunes, soient bien renseignés sur les risques de santé et de sécurité associés à la consommation de cannabis, ainsi que sur les lois actuelles. La campagne ne sera pas lancée avant décembre. Pourtant, le gouvernement du Canada a l'intention de légaliser l'accès au cannabis dès juillet 2018. Quelque chose cloche.
Ainsi, nous avons six mois pour changer complètement la mentalité de nombreux Canadiens partout au pays à l'égard du cannabis; celle du conducteur de dépanneuse que j'ai vu fumer du cannabis dans son camion sur le chemin Merivale il y a quelques semaines; celle des jeunes que j'ai vus devant la clinique de cannabis sur la rue Bank en marchant jusqu'ici ce soir.
Combien de temps a-t-il fallu avant que les taux de tabagisme diminuent au Canada? Des décennies. Qu'a-t-il fallu? Il a fallu une stratégie pluriannuelle ciblée à plusieurs volets mettant à contribution tous les ordres de gouvernement simplement pour commencer à faire des progrès.
Pour que ces projets de loi soient des réussites, il faudrait que les taux de consommation de cannabis et de conduite avec facultés affaiblies diminuent à la suite de la légalisation. Or, c'est peu probable que cela se produise. Ce sera probablement le contraire. Nous ne sommes tout simplement pas prêts.
Je vous exhorte donc à travailler avec vos collègues de tous les partis pour ralentir le processus. Il n'y a pas de raison valable de légaliser la consommation de cannabis aussi rapidement.
Avant que le gouvernement songe à poursuivre son projet de légalisation du cannabis, il doit y avoir une campagne d'éducation du public convaincante, fondée sur des données probantes et axée sur les risques du cannabis pour la santé. Il faut aussi ajouter au projet de loi l'exigence de mener une campagne d'éducation du public sur les effets du cannabis sur la conduite. Nous devons voir que ces campagnes fonctionnent avant que le cannabis soit légalisé.
Il faut démontrer que les taux de consommation de cannabis et de conduite avec facultés affaiblies diminuent avant que le Canada légalise le cannabis. Comment pouvons-nous savoir s'ils ont diminué? Les campagnes doivent être accompagnées de programmes de recherche fiables qui évalueront les résultats avant que la Loi sur le cannabis soit adoptée.
Permettez-moi de répéter. Avant que le gouvernement songe à poursuivre son projet de légalisation du cannabis, nous devons constater une diminution significative sur les plans statistique et clinique des taux de consommation de cannabis et de conduite avec facultés affaiblies. Cette diminution doit être le résultat des campagnes d'éducation. Ce ne sont pas les nombres de clics, de pages vues, de « j'aime » ou d'autres mesures de participation aux campagnes qui comptent, car ce ne sont là que des résultats intermédiaires, qui ne se traduiront pas nécessairement en changements de comportement.
Nous devons plutôt constater des diminutions considérables des taux réels de consommation de cannabis et de conduite avec facultés affaiblies avant que le cannabis soit légalisé. C'est seulement à ce moment-là qu'il y aura le moindre espoir que la légalisation du cannabis, que je considère comme une expérience menée à l'échelle nationale, ne causera pas de dommages irrémédiables à la population du Canada, en particulier à nos jeunes.
Merci. Je serai ravie de répondre à vos questions.
Comme vous le savez sans doute, depuis de nombreuses années, les États américains modifient les restrictions légales relatives à la marijuana. Plusieurs États ont adopté des mesures qui autorisent la consommation de marijuana à des fins médicales. Certaines contiennent très peu de restrictions. Certains territoires ont décriminalisé la consommation de marijuana, et comme vous le savez, aujourd'hui, huit territoires ont légalisé la consommation de marijuana à des fins récréatives. Nous faisons face à un changement profond, et je pense qu'on s'attend à ce qu'il se poursuive durant les prochains cycles électoraux.
Je travaille au département des Transports des États-Unis, au sein de l'organisme chargé de la sécurité routière. La conduite avec facultés affaiblies par l'alcool et les drogues est ma priorité depuis 35 ans; c'est une de mes spécialités. Nous aimons nous fonder sur des données probantes.
Que puis-je dire au sujet de la marijuana et de la conduite? Je pense qu'il existe amplement de données probantes issues de recherches en laboratoire, de simulateurs de conduite, de recherches menées dans des véhicules sur des circuits fermés et même sur les routes qui montrent que la marijuana peut diminuer les capacités des conducteurs. Il s'agit d'une drogue psychotrope — c'est pour cette raison que beaucoup la consomment à des fins récréatives —, donc d'après moi il n'y a aucun doute qu'elle affaiblit les facultés de conduite. Elle ne transforme certainement personne en meilleur conducteur; ce n'est donc pas une bonne chose sur le plan de la sécurité routière.
À l'heure actuelle, nous pouvons très peu parler des risques d'accident associés à la conduite sous l'influence de la marijuana parce que c'est très compliqué de mener ce type de recherche. Je sais qu'on souhaite ardemment que quelqu'un fixe un niveau d'affaiblissement pour la marijuana, mais ce n'est tout simplement pas possible en ce moment. Nous ignorons s'il y aura un jour un équivalent à la concentration d'alcool dans le sang ou dans l'haleine.
Tout le monde connaît très bien le modèle employé pour l'alcool. Or, il ne peut pas être utilisé pour beaucoup d'autres drogues ou médicaments, que ce soit des médicaments sur ordonnance ou des drogues illicites, et il ne peut pas servir pour le THC, car il n'y a pas de lien avec l'agent psychoactif, le delta-9-tétrahydrocannabinol. On peut mesurer le taux dans le sang et dans le liquide buccal, mais on ne trouve pas la même corrélation entre ces taux et l'affaiblissement des facultés que dans le cas de l'alcool.
C'est certainement raisonnable et possible que les policiers dépistent les conducteurs aux facultés affaiblies par la marijuana, qu'ils les arrêtent et qu'ils les poursuivent. Comme j'essaie toujours de le faire remarquer à mes concitoyens, des recherches que nous avons faites montrent que de nombreuses personnes aux États-Unis refusent de se soumettre à un alcootest. Dans de nombreux États, c'est leur droit, et leur refus peut entraîner la suspension ou la révocation de leur permis de conduire. Près de 25 % des personnes arrêtées pour conduite avec facultés affaiblies par l'alcool refusent de se soumettre à un alcootest, et la grande majorité d'entre elles sont poursuivies, avec succès. Nous avons comparé des cas dans lesquels les poursuivants avaient accès à des résultats d'alcootest à des cas où il n'y avait pas de tels résultats, et les taux de condamnation étaient presque identiques.
L'absence d'un équivalent à l'alcootest n'est pas un obstacle à la condamnation. Les policiers doivent absolument recevoir de la formation sur le dépistage. Ils doivent savoir reconnaître les signes de l'affaiblissement des facultés par la marijuana. Ils doivent aussi recevoir de la formation sur l'observation rigoureuse et la prise de notes.
Je suis d'accord avec la témoin précédente, Mme Kelsall. Je crois que la légalisation d'une substance comme la marijuana donne au public une impression très positive. Il croit qu'il s'agit d'un produit sécuritaire. Les gens ne réalisent pas que, tout comme la conduite avec facultés affaiblies par l'alcool, il est dangereux de conduire avec des facultés affaiblies par la marijuana ou tout autre médicament psychotrope. Dans le cadre de la légalisation de la marijuana, il est absolument essentiel de rappeler au public que la conduite avec facultés affaiblies demeure une infraction, peu importe que le produit soit légal ou non. Il y a beaucoup d'éducation à faire.
Je sais que les appareils de dépistage de drogues au moyen d'un test salivaire suscitent beaucoup d'intérêt. Je crois que ces appareils pourraient être utiles aux policiers. Je sais que dans la plupart des États américains, il y a un arriéré énorme pour les tests de dépistage de drogues. Cela n'incite pas les policiers à prélever des échantillons de sang, à les envoyer au laboratoire et à attendre pendant des mois — parfois trois, quatre, cinq, voire six mois — avant d'obtenir les résultats. Les données actuelles semblent indiquer que ces appareils de dépistage sont assez précis. La qualité des résultats n'est pas équivalente à celle des tests qualitatifs faits en laboratoire, mais ces appareils semblent être assez précis. Je m'attends à ce que le recours à ces appareils augmente avec le temps. J'espère qu'avant que leur utilisation soit répandue, ces appareils feront l'objet d'essais adéquats. Des études ont déjà été menées sur ces appareils, mais la plupart étaient financées par les fabricants qui, évidemment, souhaitent ardemment faire la mise en marché de ces appareils.
Je vais m'arrêter ici. Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour. Mon nom est Chris Halsor, du Colorado. Je suis un avocat et j'ai été procureur pendant 14 ans. Permettez-moi de vous donner quelques informations générales à mon sujet. En tant que procureur de district adjoint, j'ai été chargé de certaines poursuites. J'ai été chargé de poursuites concernant des chiens sans laisse à des poursuites pour meurtre prémédité. J'ai fait ce travail pendant huit ans avant de devenir le premier procureur ressource du Colorado pour la sécurité routière. Essentiellement, j'étais responsable de la formation des policiers et des procureurs sur tout ce qui concerne la conduite avec facultés affaiblies.
J'ai commencé cet emploi en 2008. Vers 2009, la marijuana à des fins médicales a vraiment gagné en popularité au Colorado donnant à l'État la réputation d'épicentre de la marijuana légale. J'étais aux premières loges pour observer cette transformation. J'ai participé à la rédaction de la législation qui a franchi les étapes de la législature de l'État et cette rédaction. J'ai siégé à l'un des comités de réglementation sur les produits comestibles, l'emballage et la portion. J'ai également agi à titre de membre substitut au comité sur l'augmentation des prix. Au cours de mes cinq ou six années à titre de procureur ressource pour la sécurité routière, j'ai acquis une expertise dans le domaine de la marijuana légale de façon générale, et plus précisément en ce qui a trait à la conduite avec facultés affaiblies par la marijuana.
En 2014, j'ai quitté mon emploi pour fonder ma propre entreprise, Understanding Legal Marijuana. Aujourd'hui, ma principale fonction est de me rendre un peu partout aux États-Unis afin d'offrir de la formation, de participer à des conférences et de partager mes connaissances. D'ailleurs, je me suis rendu à quelques reprises au Canada. De plus, en septembre 2015, j'ai créé un cours sur les enquêtes relatives à la conduite avec facultés affaiblies par la marijuana dans le cadre duquel j'organise ce que j'appelle un « laboratoire vert ». Nous demandons à des volontaires — mais, pas à mes élèves en techniques policières, cela va de soi — de consommer de la marijuana afin de permettre aux agents de police de voir des gens sous l'influence de la marijuana et d'effectuer des contrôles routiers, comme le test normalisé de sobriété administré sur place.
Beaucoup de choses ont découlé de tout cela. Je vous parle aujourd'hui du Nevada, où les citoyens ont voté pour la marijuana à des fins récréatives. En janvier dernier, le procureur général du Nevada m'a embauché à titre d'avocat-contractuel afin d'occuper les mêmes fonctions que lorsque j'étais procureur ressource pour la sécurité routière. Je crois pouvoir offrir au Comité une expertise importante dans ce domaine. Je ne veux pas me présenter comme un défenseur, mais je serai heureux de répondre à vos questions.
Évidemment, il existe quelques différences entre le Canada et les États-Unis. Une des principales restrictions aux États-Unis, et dont il a déjà été question, c'est que, sur le plan fédéral, la marijuana est illégale. Pourtant, cela n'a pas empêché les États de mettre en place leurs propres réseaux de marijuana sans l'intervention du gouvernement fédéral. Cela a soulevé certaines questions difficiles en matière de sécurité publique. Par exemple, il est difficile de répondre aux questions concernant les facultés affaiblies et la toxicologie, car, selon le système fédéral actuel, pour effectuer une simple étude sur l'impact de la marijuana sur les humains, plusieurs agences fédérales doivent participer au processus de demande. Lorsqu'une telle demande est approuvée, les chercheurs doivent fournir de la marijuana provenant de la seule source légale permise pour la tenue d'études fédérales aux États-Unis, soit de l'Université du Mississippi. Cependant, les niveaux de THC de la marijuana produite à l'Université du Mississippi sont bien en deçà des niveaux de THC de la marijuana à des fins médicales et à des fins récréatives disponibles dans les États où la marijuana est légale.
De plus, nous ne pouvons pas mener d'études sur... il n'est question que des niveaux de THC de la marijuana fumée. Presque aucune recherche n'a été menée sur les produits comestibles, ni, à ma connaissance, sur la marijuana concentrée. Je suis désolé, mais je ne suis pas au courant de toutes les mesures législatives à l'étude au Parlement. Je ne peux donc pas en parler en détail.
Cela dit, pour ce qui est de déterminer le niveau du nanogramme, comme d'autres témoins l'ont dit, la littérature scientifique laisse entendre qu'il est impossible pour le moment de répondre à cette question.
Sachant qu'il est plus facile de fixer un niveau dans la loi, je dirais qu'il y a plusieurs choses dont il faut tenir compte avec la légalisation de la marijuana, à tout le moins, dans le contexte de la conduite avec facultés affaiblies.
Il faudra assurer la formation des policiers, ce qui demandera un investissement considérable. Je dirais que les méthodes élaborées au cours des dernières décennies en matière de dépistage de l'alcool ont servi de modèles pour les appareils de dépistage des drogues. Bien que certains de ces appareils soient pertinents pour le dépistage de la conduite avec facultés affaiblies par la marijuana et qu'ils s'appliquent pour ce genre de dépistage, ils ne sont pas aussi efficaces dans certains égards. Il serait utile de mener d'autres recherches. Il serait nécessaire d'adopter d'autres outils et de former les policiers sur des techniques plus avancées.
Par ailleurs, il a été question plus tôt des tests salivaires. Évidemment, je n'étais pas en ligne pour écouter, comme vous, le groupe de témoins précédent. Selon ce que j'ai pu comprendre et selon mes connaissances sur le sujet, les meilleurs appareils de dépistage de drogues au moyen de tests salivaires servent à détecter le delta-9-THC, l'ingrédient actif qui affaiblit les facultés. Toutefois, on n'utilise avec ces tests que la salive. Il n'y a aucune corrélation au sang. Ces tests permettent uniquement de savoir si un individu avait récemment dans son sang du THC.
Il s'agit d'un défi énorme, car les gens souhaitent avoir un système semblable à celui que nous avons pour l'alcool. Cela inclut le recours à ces appareils et un taux d'intoxication défini qui permet de déterminer si un individu a effectivement les facultés affaiblies.
Je crois, toutefois, que la question de la marijuana est beaucoup plus complexe. Au cours des deux dernières années, je me suis concentré principalement à enseigner aux agents de police et aux procureurs qu'il faut prouver qu'un individu a des facultés affaiblies et qu'il y a une différence entre des facultés affaiblies par la marijuana et des facultés affaiblies par l'alcool.
Beaucoup de choses seront dictées par la perception du public. Peu importe ce que disent les scientifiques et spécialistes, le public choisira peut-être de croire les informations conventionnelles et adhérer aux croyances populaires, comme « La marijuana n'est pas pire que l'alcool » et, pour une partie de votre population, « Je conduis mieux sous l'influence de la drogue. »
S'il choisit d'aller de l'avant avec la légalisation de la marijuana, le Canada devra mettre en place certaines ressources. À ce chapitre, la comptabilisation des données sera essentielle. C'est une chose pour laquelle les organismes d'application de la loi et autres organismes qui écoutent ces audiences ne sont pas équipés. Des fonds ont-ils été prévus pour cela?
De plus, lorsque les gens mourront sur les routes du Canada dans des accidents liés aux drogues, y aura-t-il des règles concernant les exigences à satisfaire dans le cadre d'une autopsie? Qu'est-ce qui sera testé? Y aura-t-il des tests corollaires afin de déterminer si la personne n'avait que de la marijuana dans son sang ou s'il y avait la présence d'un produit comme le delta-9-THC?
Je pourrais continuer encore longtemps, mais mon temps est limité. Je vais donc m'arrêter ici. Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur Rankin. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet.
En ce qui concerne la formation sur la conduite avec facultés affaiblies, je dirais que les États-Unis et le Canada se ressemblent. Dans le cadre de son programme de formation de base, le policier recevra une formation de 24 heures sur l'utilisation des tests de sobriété normalisés. Sachez qu'il y a trois tests pour détecter les cas de conduite avec facultés affaiblies: le test du nystagmus du regard horizontal, le test connu sous le nom de « marcher et se retourner » et le test connu sous le nom de « se tenir sur un pied ». Ce sont les tests normalisés de sobriété administrés sur place, et tout agent de police reçoit cette formation.
Au cours des 10 dernières années, une nouvelle formation a été mise au point. Il s'agit de la formation ARIDE. Cette formation d'une durée de 16 heures fait le pont entre le programme de formation de base et le programme plus avancé d'experts en reconnaissance de drogues. Habituellement, cela aide les policiers à identifier sept différentes catégories de drogues, tirées du programme d'experts en reconnaissance de drogues, qui est évidemment la formation la plus avancée.
Les experts en reconnaissance de drogues sont très compétents dans leur domaine. Ils représentent un infime pourcentage des forces policières. Ils font du très bon travail, mais ils ne sont pas nombreux, en partie parce que leur programme est très exigeant. Il est extrêmement difficile de devenir expert en reconnaissance de drogues et de conserver ce statut. Il y a différents niveaux de compétence chez les policiers. Un policier qui a reçu la formation de base sur les TSN peut-il repérer un conducteur aux facultés affaiblies par la marijuana? Oui, c'est possible, mais il y a différents degrés d'affaiblissement des facultés.
Lorsque je donne de la formation, dans le cadre de mes laboratoires verts, on compare les différents niveaux d'affaiblissement des facultés. Ce qui est difficile, avec la marijuana, c'est que bon nombre des facultés qui sont affaiblies sont mentales et non physiques. J'imagine que tout le monde ici serait en mesure de reconnaître une personne ivre. Il y a beaucoup de signes physiques. Toutefois, à quoi une personne sous l'influence de la drogue ressemble-t-elle? Je suppose que si vous en avez déjà vu une, vous pourriez l'expliquer dans vos mots, mais lorsque je pose la question aux agents de partout au pays, ils ont de la difficulté à me répondre. Prouver qu'une personne a consommé de la marijuana, c'est aussi prouver que ses facultés mentales étaient affaiblies, et ce n'est pas une mince tâche.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais exposer certains faits.
Dans une lettre rédigée par le gouverneur et le procureur général du Colorado à l'intention de l'honorable Jeff Sessions, procureur général des États-Unis, il était clair que le National Survey on Drug Use and Health, le NSDUH, réalisé en 2016, n'avait révélé...
... aucune modification statistiquement significative de la consommation de marijuana chez les jeunes du Colorado depuis 2007-2008. En fait, le plus récent rapport du NSDUH révèle que, entre 2013-2014 et 2015-2016 — la période durant laquelle les entreprises de vente de marijuana pour adultes ont ouvert leurs portes — la consommation de la marijuana chez les jeunes a diminué de 12 %.
De plus, on n'a constaté aucune augmentation de la consommation de la marijuana chez les adolescents de 8e, 10e et 12e années après la légalisation.
Je pense qu'il est également important de souligner, pour M. Halsor — et aux fins du compte rendu, que:
Au cours des six premiers mois de 2017, le nombre de conducteurs que la police de l'État du Colorado estimait être sous l'effet de la marijuana a diminué de 21 % comparativement aux six premiers mois en 2016.
On dit ensuite que même s'il s'agit d'une constatation encourageante, on continuera de déployer des efforts en ce sens.
Par conséquent, monsieur Halsor, vous avez dit que le nombre de personnes interceptées par la police au Colorado avait augmenté au cours de cette période. Le procureur général et le gouvernement disent le contraire; il y a eu une réduction de 21 %. Cela dit, étant donné que nous allons nous appuyer sur des données et des faits dans le cadre de cette étude, je pense qu'il est important de rétablir les faits.
Docteure Kelsall, saviez-vous qu'en 2016, votre journal a publié un article qui disait très clairement que les experts de la santé publique réclamaient des lois plus réalistes concernant le cannabis? On a réuni 100 personnes de l'Association canadienne de santé publique. On a demandé au gouvernement fédéral d'établir l'un des cadres réglementaires les plus rigoureux dans le monde en matière de légalisation, car on estime que ce qui se fait au pays depuis 40 ans ne fonctionne pas et que nous avons le plus haut taux de consommation de cannabis chez les étudiants et les jeunes. On nous a donc demandé de mettre en place un système qui exercerait un contrôle strict et qui ne donnerait pas lieu aux mêmes types de compromis que pour l'alcool.
Je vais vous donner un exemple. Je vais citer un article paru en 2016:
Le coordonnateur national de la lutte contre les drogues au Portugal, le Dr João Castel-Branco Goulão, a indiqué que la décriminalisation de toutes les drogues en 2001 avait permis au pays de se concentrer sur la prévention et le traitement de la toxicomanie, tout en permettant aux ressources policières de se consacrer aux vrais criminels.
Nous nous écartons du ce soir et nous abordons le territoire du . Revenons un peu au C-46. Docteure Kelsall, croyez-vous que dans le cadre que nous avons proposé dans le C-46, les antidémarreurs permettront de garder les récidivistes hors des routes et ainsi d'accroître la sécurité des citoyens?