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Merci, monsieur le président.
Merci aux membres du comité. Je constate que bon nombre d'entre eux ont pris quelques couleurs. Je sais que nous sommes en été. Je vous remercie tous d'être venus aujourd'hui au mois d'août. Je sais que nous sommes en été, ce qui veut dire que vous êtes revenus de vos circonscriptions, que vous avez peut-être modifié des projets personnels, mais j'apprécie énormément la possibilité de vous parler de l'approche qu'a adoptée le gouvernement au processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada, le nouveau processus que nous avons exposé le 2 août.
Comme vous le savez, l'honorable juge Thomas Cromwell va prendre sa retraite le 1er septembre 2016, ce qui créera un poste vacant que nous aimerions combler au cours de la session d'automne de la Cour. Comme cela est mentionné dans ma lettre de mandat, le gouvernement du Canada a décidé que le processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada sera transparent, inclusif et axé sur la reddition de comptes aux Canadiens; ce processus prévoit la participation de tous les partis qui siègent à la Chambre des communes ainsi que la consultation de tous les intervenants concernés, et il exigera que les personnes nommées à ce tribunal soient effectivement bilingues.
Mon but aujourd'hui est double: premièrement, vous décrire le nouveau processus, en montrant comment il s'inspire de ces valeurs et d'autres valeurs fondamentales et, deuxièmement, prendre connaissance des opinions et des points de vue des membres du comité, compte tenu de leur expérience et de leur expertise.
Avant de poursuivre, je tiens à insister sur le fait que notre gouvernement aborde le processus de nomination à la Cour suprême du Canada en étant très conscient des responsabilités qui lui incombent. Le comité sait fort bien que la Cour suprême est un pilier essentiel de l'architecture constitutionnelle du Canada. À titre de tribunal de dernier ressort sur toutes les questions juridiques, y compris sur les questions constitutionnelles, la Cour suprême joue un rôle essentiel dans la défense et la promotion des droits fondamentaux et de la suprématie de la loi. C'est pourquoi la façon dont nous choisissons les juges de la Cour suprême revêt une importance extrême. En renforçant la crédibilité du processus de nomination, nous amènerons les Canadiens à respecter encore davantage cette institution fondamentale.
La nomination d'un juge à la Cour suprême du Canada est une des décisions les plus importantes que prend le premier ministre. Les arrêts de ce tribunal suprême nous touchent tous. Ils influencent notre économie, nos valeurs culturelles et notre définition des droits et responsabilités collectifs et individuels. Tout au cours de notre histoire, nous avons, la plupart du temps, réussi à obtenir les services d'éminents juristes qui nous ont fourni d'excellents services, mais le processus utilisé pour nommer les juges à la Cour suprême est opaque, désuet et il doit être révisé. Nous croyons que les Canadiens méritent que soit mis sur pied un processus cohérent et rigoureux qui soit transparent et inclusif et qui reflète des normes élevées en matière de reddition de comptes.
Je vais maintenant décrire brièvement comment s'articulent ces trois valeurs importantes — transparence, inclusivité et reddition de comptes — dans le cadre du nouveau processus de sélection. Je mentionnerai ensuite deux autres facteurs qui jouent un rôle tout aussi important, à savoir la nécessité de préserver l'indépendance de la magistrature et le souci de trouver des juristes éminents qui soient à l'image de la diversité de notre pays.
Un processus transparent est un processus qui est clair, ouvert et facile à comprendre. Son fonctionnement doit donc être clairement expliqué au public. C'est pourquoi nous n'avons pas seulement fourni une description détaillée des diverses étapes du processus, mais également de l'information, notamment sur les critères utilisés pour évaluer les candidats et sur l'identité des personnes chargées de le faire. La semaine dernière, nous avons affiché cette information en ligne pour que les Canadiens puissent prendre connaissance de la façon dont le prochain juge sera choisi et pour qu'ils comprennent le processus suivi. Je comparais devant vous aujourd'hui dans le cadre de cet important effort qui vise à expliquer à la population le processus et à faire en sorte qu'il soit clair pour tous.
La transparence est également un préalable à la reddition de comptes. Quand le processus et les critères utilisés pour prendre des décisions ne sont pas rendus publics, il est difficile de demander aux décideurs de rendre des comptes sur la façon dont ils ont exercé leurs attributions. C'est pourquoi le processus veut être ouvert, transparent et fondé sur des critères préétablis et accessibles au public. Comme je vais le préciser dans un instant dans mes remarques, vous, les membres du Comité de la justice et des droits de la personne, allez jouer un rôle essentiel pour amener le gouvernement à rendre des comptes, à la fois au sujet des candidats retenus et du respect du processus adopté.
Un processus inclusif permet à un vaste éventail de candidats, présentant une très grande diversité d'antécédents, d'être susceptibles d'être choisis. C'est un processus qui se caractérise par l'ouverture et la participation. L'inclusivité doit marquer certains éléments comme la façon dont la liste de présélection des candidats est établie. En outre, un processus inclusif évite de prévoir des procédures ou des critères qui risqueraient d'empêcher certaines personnes faisant partie de groupes traditionnellement sous-représentés d'être prises en compte en toute justice et équité.
Une autre valeur est celle de l'indépendance de la magistrature, un principe qui découle directement de la Constitution. Les juges doivent être, et sembler être, justes, impartiaux et ouverts d'esprit, ne pas être rattachés à des groupes ou à des intérêts particuliers. Les juges de la Cour suprême ne doivent jamais être perçus comme étant dépendants de ceux qui les ont choisis ou nommés, ni être redevables de quoi que ce soit envers ces personnes. Un comité consultatif, non partisan et indépendant, que je vais décrire dans un moment, respecte ce principe.
En outre, le processus de sélection doit, d'une façon générale, préserver l'intégrité de la Cour suprême et de la magistrature, de façon à préserver la confiance de la population dans cette institution. Il faut donc écarter tout processus qui risquerait, même de façon involontaire, de compromettre l'institution qu'est la magistrature ou la réputation de certains juges. Il faut, par exemple, que toutes les personnes qui participent au processus respectent le caractère confidentiel des renseignements touchant les candidats. Le processus de sélection doit être conçu de façon à pouvoir identifier les personnes qui possèdent des qualités personnelles et professionnelles exceptionnelles. Les candidats doivent être évalués en fonction de critères objectifs qui précisent les aptitudes professionnelles et les qualités personnelles nécessaires pour être juge à la Cour suprême du Canada. C'est dans ce but que les consultations et les décisions prises à chaque étape du processus de sélection seront encadrées par les critères de sélection qui ont été publiés sur le site Web du Commissariat à la magistrature fédérale, critères que je vais exposer plus tard dans mes commentaires.
La société canadienne présente une grande diversité, ce qui a des répercussions importantes sur le processus de sélection. Les juges de la Cour suprême du Canada doivent être capables de se prononcer sur des questions juridiques complexes touchant des personnes qui reflètent une grande diversité d'expériences, de formations et de points de vue. C'est pourquoi un des critères de sélection est la capacité de prendre en compte toute la diversité des points de vue, des perspectives et des expériences de vie, notamment celles qui concernent les groupes qui ont été historiquement désavantagés dans la société canadienne.
La diversité au sein de la Cour suprême est importante pour deux grandes raisons: premièrement, le fait de regrouper des personnes ayant différents points de vue et expériences de vie enrichit le processus décisionnel collégial de la Cour; deuxièmement, le fait que la Cour suprême soit à l'image diverse de la société ne peut que renforcer la confiance de la population dans ce tribunal. C'est pourquoi les critères de sélection exigent que les candidatures soient examinées en veillant à ce que les membres de la Cour suprême reflètent le plus possible la diversité de la société canadienne.
Le processus de sélection que je vais décrire maintenant a été conçu dans le dessein de refléter concrètement ces valeurs et ces objectifs.
Au coeur du processus, on trouve un comité consultatif, non partisan et indépendant qui est chargé d'identifier les candidats susceptibles d'être nommés.
Le comité composé de sept membres est présidé par Kim Campbell, ancienne première ministre, également ancienne ministre de la Justice et consule générale du Canada, et qui est aujourd'hui la directrice fondatrice du Peter Lougheed College à l'Université de l'Alberta.
Le comité comprend également quatre membres nommés par des organisations professionnelles indépendantes. Ce sont Richard J. Scott, ancien juge en chef de la Cour d'appel du Manitoba et à l'heure actuelle avocat dans un cabinet de Winnipeg, proposé par le Conseil canadien de la magistrature, Susan Ursel, associée principale dans un cabinet de Toronto et qui agit comme soutien à la recherche juridique pour le projet Envisioning Global LGBT Human Rights, proposée par l'Association du Barreau canadien, Jeff Hirsch, président de la Fédération des ordres professionnels de juristes du Canada et associé dans un cabinet d'avocats de Winnipeg, proposé par les Ordres professionnels de juristes du Canada, et Camille Cameron, doyenne de la Faculté de droit Schulich de l'Université Dalhousie et présidente du Conseil des doyens et des doyennes des facultés de droit du Canada, et proposée par ce Conseil.
Le comité consultatif comprend également deux personnes non juristes, nommées par le gouvernement, qui ont été choisies pour leur leadership et leurs activités communautaires extraordinaires: Stephen Kakfwi, ancien premier ministre des Territoires du Nord-Ouest et président de la Nation dénée, qui travaille actuellement à mieux faire reconnaître les réalités que vivent les populations autochtones au Canada et Lili-Anna Pereša, présidente et directrice générale du Centraide du Grand Montréal.
Nous estimons qu'il est important de prévoir la participation d'organismes intéressés et respectés de façon à assurer l'objectivité et l'indépendance du processus. Les représentants des milieux juridiques qui font partie du comité consultatif jouent un rôle essentiel dans l'évaluation des qualifications professionnelles des candidats. Les membres du comité non juristes apportent une contribution importante et des points de vue différents aux délibérations du comité consultatif.
À la différence des processus antérieurs, le comité consultatif ne va pas prendre comme point de départ une première liste de candidats proposés par le gouvernement; il va plutôt examiner le dossier des personnes qui auront soumis leur candidature lors d'un processus ouvert. Le caractère ouvert du processus est sans précédent. Le comité consultatif doit également inviter des candidats exceptionnels à présenter leur candidature de façon à constituer un bassin de candidats aussi large et diversifié que possible. J'invite les personnes qui nous regardent à songer à des candidats qualifiés et à les inviter à présenter leurs noms. Je continuerai à diffuser ce message dans toutes sortes d'instances.
Le processus de demandes sera ouvert à tous les Canadiens, quelle que soit leur région d'origine. Le gouvernement est très conscient de l'existence d'une coutume importante en matière de représentation régionale et il privilégie la diversité régionale au sein de la Cour. Le premier ministre a expressément demandé au comité consultatif de fournir une liste de trois à cinq candidats qualifiés et effectivement bilingues, notamment des candidats de la région de l'Atlantique. En procédant à cette sélection, il a invité le comité à prendre en compte la coutume favorisant la représentation régionale au sein de la Cour.
Le comité consultatif évaluera les candidats selon les critères d'évaluation qui ont été rendus publics et conformément à l'engagement qu'a pris notre gouvernement d'exiger que les candidats à la Cour suprême soient effectivement bilingues. Dans le cadre de ce processus d'évaluation, le comité consultatif consultera le juge en chef du Canada et ainsi que les intervenants clés qu'il estime appropriés. Je pense que le comité procédera à des consultations très larges et très diverses.
Les objectifs d'ouverture et de transparence vont se refléter à toutes les étapes du processus, mais certains aspects actuels du processus, comme les délibérations du comité consultatif, demeureront de nature confidentielle. Il s'agit de protéger le droit à la vie privée des candidats et de susciter des discussions franches et sincères avec tous les candidats.
Dans le but de favoriser la transparence, le comité consultatif remettra dans le mois suivant la nomination d'un juge, un rapport contenant des renseignements au sujet du processus, notamment les données statistiques concernant les demandes reçues, la façon dont le comité a rempli son mandat et les coûts associés au processus. Ce rapport sera rendu public et pourra également comprendre des recommandations sur les façons d'améliorer le processus.
Après avoir achevé l'évaluation des candidats, le comité consultatif transmettra une liste restreinte contenant trois à cinq candidats qui sera remise au premier ministre, accompagnée d'explications sur la façon dont ces personnes répondent aux exigences légales et aux critères d'évaluation. Tous les candidats figurant sur la liste restreinte devront être effectivement bilingues, conformément à l'évaluation objective qu'aura effectuée le Commissariat à la magistrature fédérale.
J'examinerai ensuite la liste restreinte des candidats avec le juge en chef du Canada, avec les procureurs généraux territoriaux et provinciaux concernés, avec mes collègues du cabinet et les porte-parole de l'opposition, ainsi qu'avec les membres de votre comité et du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles. Ces consultations au sujet de la liste restreinte me permettront de formuler des recommandations au premier ministre pour ce qui est du nom que le gouvernement devrait retenir. Le premier ministre et moi estimons que la tâche consistant à choisir un nom parmi une liste d'éminents juristes qualifiés sera complexe et qu'elle nous incitera à la modestie; nous souhaiterons énormément recevoir vos avis.
Lorsque le premier ministre aura annoncé le nom du candidat du gouvernement, je comparaîtrai devant votre comité avec la présidente du comité consultatif pour expliquer le déroulement du processus ainsi que les raisons pour lesquelles notre candidat répond aux critères d'évaluation. Le principal but de cette séance sera de vous permettre, à vous les parlementaires, d'amener le gouvernement à rendre des comptes au sujet de la façon dont le candidat a été choisi. Il s'écoulera une semaine entre l'annonce du candidat et la séance du comité pour que ses membres aient le temps de se préparer.
En plus de cette séance, le candidat participera à une session de questions et réponses animée par un professeur de droit, avec les membres de votre comité, du Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles, ainsi qu'avec des représentants du Bloc québécois et du Parti vert. Le étudiera les avis du comité avant de rendre une décision définitive.
Avant de conclure, j'aimerais dire quelques mots des critères d'évaluation qui vont guider toutes les décisions prises au cours de ce processus.
Les critères d'évaluation concernent les aptitudes, l'expérience et les qualités exceptionnelles que doivent posséder les candidats. Ces critères touchent également les besoins institutionnels de la Cour suprême. Comme je l'ai mentionné plus tôt, ces critères ont été publiés sur le site Web du Commissariat à la magistrature fédérale. Je vous invite à visiter ce site, étant donné que le document qui présente ces critères explique également les raisons pour lesquelles chaque critère a été retenu.
Les candidats feront l'objet d'une évaluation basée sur leurs aptitudes et leur expérience personnelles suivantes: connaissance supérieure démontrée du droit, aptitudes analytiques supérieures, capacité à résoudre des problèmes juridiques complexes, conscience du contexte social dans lequel les litiges surviennent et capacité à résumer les renseignements pertinents, clarté de pensée se manifestant particulière dans l'écrit, capacité à travailler dans des délais très serrés tout en examinant attentivement et avec diligence un volume important de documents écrits dans tous les domaines du droit, engagement à l'égard du service public.
Les candidats seront également évalués en fonction des qualités personnelles suivantes: intégrité personnelle et professionnelle irréprochable, respect et considération envers les autres, capacité à tenir compte d'opinions, de points de vue et d'expériences de vie variés, y compris concernant des groupes traditionnellement désavantagés de la société canadienne, force morale, discrétion et ouverture d'esprit.
Enfin, le comité consultatif tiendra également compte, dans son évaluation, des besoins institutionnels de la Cour: assurer un équilibre entre l'expertise en droit public et celle en droit privé, en tenant compte des tendances historiques de répartition de ces domaines dans les pourvois introduits devant la Cour suprême, expertise dans les domaines précis dont il est régulièrement question dans les pourvois et qui sont actuellement sous-représentés à la Cour et veiller à ce que les membres de la Cour suprême reflètent la diversité de la société canadienne.
Le gouvernement est convaincu que les critères d'évaluation appliqués aux candidats vont permettre d'identifier des candidats exceptionnels pour notre tribunal de dernier ressort.
En conclusion, je vous remercie encore une fois d'être venus et de vous être réunis aujourd'hui pour étudier un sujet qui est d'une importance extrême pour les Canadiens. Je serais heureuse de comparaître devant vous encore une fois sur le même sujet. Monsieur le président, je serai heureuse de répondre aux questions et également très heureuse d'entendre les points de vue ou les commentaires des membres du comité.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme la ministre. Je la remercie de sa présence parmi nous.
Je vais commencer par dresser, en toile de fond, une brève analyse de l'été que nous avons tous vécu en tant que parlementaires. Je crois que nous voyons actuellement un problème qui illustre un changement fondamental dans l'attitude du pouvoir exécutif par rapport au pouvoir législatif. Je m'explique à cet égard.
Que ce soit au sujet du déploiement de nos troupes en Lettonie sans la moindre discussion au sein du Parlement— alors que les libéraux, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, réclamaient haut et fort que chaque fois que nous allions envoyer nos militaires dans un autre pays, il fallait que le Parlement soit consulté— , ou encore au sujet des discussions qui ont eu lieu au sein même du Bureau du premier ministre avec le directeur parlementaire du budget — ce n'est pas le directeur du premier ministre du budget, mais bien le directeur parlementaire du budget —, nous avons vu cette tendance lourde se manifester encore une fois au grand jour. Il y a eu une simple lettre qui a été envoyée non pas à tous les journaux en même temps, mais à deux journaux, soit au quotidien The Globe and Mail, où elle a été publiée en version papier, et à La Presse où, évidemment, il n'existe pas en semaine de version papier.
J'ai tenté de comprendre la nature juridique de ce que nous avons entre nos mains aujourd'hui. J'ai tenté, autant que faire se peut, de vérifier dans la loi ce qu'on dit au sujet des textes réglementaires, mais je n'ai rien trouvé. On parle d'une publication dans la Gazette du Canada, mais on ne parle pas d'une publication dans la “gâzette” On essaie en vain de savoir s'il s'agit d'un changement substantiel ou d'un changement de fond, comme l'a dit la Cour suprême dans l'affaire Nadon. Un tel changement de fond dans l'affaire Nadon a été déclaré ultra vires même en ce qui a trait au Parlement du Canada. À fortiori, il est ultra vires, pour le pouvoir exécutif, d'apporter des changements de fond de cette nature. Comme mon collègue du Parti conservateur et ancien procureur général a eu l'occasion de le dire, une telle habitude centenaire de nommer des gens d'une région comme celle de l'Atlantique ne peut pas être rompue comme si de rien n'était. Si cela se produit, on est en train de traiter de quelque chose qui est totalement éphémère.
Ma première question à la ministre concerne un des premiers critères qu'elle a abordé aujourd'hui — et je tiens, en l'évoquant, à remercier l'ancien député d'Acadie—Bathurst, M. Yvon Godin, qui s'est battu autant comme autant pour en faire un critère de nomination à la Cour suprême —, soit qu'un juge soit en mesure de comprendre et de lire les deux langues officielles.
Je suis ici depuis neuf ans. Or, c'est au moins la troisième version complètement différente concernant les critères de nomination à la Cour suprême que je vois depuis que je suis ici. Si la ministre est sincère quand elle nous dit qu'elle veut que les juges soient bilingues, pourquoi n'a-t-elle encore rien fait à cet égard? Les libéraux sont au pouvoir depuis presque un an. Nous savons depuis le mois de mars que le juge Cromwell va quitter son poste. Pourtant, tout est en train de se faire à la hâte. C'est totalement éphémère. Il n'y a rien de pérenne dans ce qui est en train d'être annoncé.
Si la ministre considère le bilinguisme comme étant une caractéristique importante pour qu'une personne soit nommée à la Cour suprême, pourquoi se contente-t-elle d'une feuille de papier remise à deux journaux par son premier ministre? Pourquoi ne pas avoir utilisé les pouvoirs qui sont les siens, avec une majorité au sein de la Chambre des communes, pour enchâsser cela dans une loi? Pourquoi se contenter de quelque chose d'aussi éphémère?