:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la réunion no 67 du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 3 octobre 2022, le Comité reprend son étude des expériences vécues par les vétéranes.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride et les députés, tout comme les témoins, peuvent y participer en personne ou par l'entremise de l'application Zoom.
Pour garantir le bon déroulement de la rencontre, j'aimerais vous demander d'attendre que je vous donne la parole.
Vous avez, en ligne, l'interprétation. Vous pouvez choisir l'anglais, le français ou le parquet pour entendre ce qui se dit ici.
Comme vous le savez, cette salle est munie d'un système audio assez performant, mais il faut faire attention, durant la séance, pour éviter de causer des dommages auditifs à nos interprètes. Ainsi, pendant que vous avez la parole, évitez d'avoir les écouteurs trop proches du micro pour éviter de perturber l'interprétation, et pour protéger l'ouïe de nos interprètes.
Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
Tous les tests de connexion ont été faits.
Je dois aussi donner un avertissement de traumatisme psychique, compte tenu de l'étude que nous sommes en train de faire.
Avant d'accueillir nos témoins, j'aimerais vous donner un avertissement. Nous allons discuter d'expériences liées à la santé mentale. Cela peut être un élément déclencheur pour les gens ici avec nous, les téléspectateurs, les membres et leur personnel qui ont vécu des expériences similaires. Si vous vous sentez bouleversés ou si vous avez besoin d'aide, veuillez en informer le greffier.
[Traduction]
Nous avons parmi nous aujourd'hui des représentants du Centre de soutien et de ressources sur l'inconduite sexuelle du MDN. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, adressez-vous au greffier ou à ces personnes.
Merci de votre présence.
[Français]
Avant d'accueillir nos témoins — nous en avons une sur place et deux en ligne —, je dois encore aborder un élément.
[Traduction]
J'aimerais prendre une minute pour faire une proposition au Comité en tant que président. Il n'y aura pas vraiment de discussion, ou vous pouvez vous adresser à moi.
Durant l'étude spéciale que nous menons sur les anciennes combattantes, comme vous pouvez le voir, nous avons mis en place un avertissement. C'est la première fois que nous réalisons ce type d'étude. L'étude est importante pour les anciennes combattantes et pour nous. Toutefois, depuis la dernière réunion, des collègues et des témoins m'ont dit que certaines anciennes combattantes ne souhaitaient pas venir témoigner parce qu'elles avaient l'impression d'avoir été utilisées ou écartées.
J'ai le devoir d'informer les membres du Comité que j'ai chargé le greffier d'organiser dès que possible une séance de deux heures de formation sur les traumatismes. Il s'agit d'une formation gratuite qui nous aidera à savoir comment nous comporter avec les personnes qui souffrent d'un traumatisme, qu'il s'agisse d'un trouble de stress post-traumatique ou non.
[Français]
Il est important que les vétéranes qui viennent témoigner se sentent à l'aise de relater les situations extrêmement difficiles qu'elles ont vécues. Elles sont très courageuses de venir témoigner ici, devant nous et devant les caméras. Nous avons pris des mesures, dès le début de cette étude, pour les accompagner expressément lorsqu'elles participent à ce comité.
[Traduction]
J'aimerais savoir si j'ai le consentement unanime des membres du Comité pour prévoir la tenue de cette formation le plus rapidement possible.
Des députés: D'accord.
Le président: Je vous remercie.
Je suis maintenant ravi de souhaiter la bienvenue aux témoins que nous accueillons ici aujourd'hui, qui comparaissent à titre personnel.
Nous avons Alice Aiken, vétérane, vice-présidente de la recherche et de l'innovation, Université Dalhousie, par vidéoconférence.
Nous avons Nicole Langlois, vétérane.
[Français]
Elle se joint à nous en personne et devra partir vers 17 heures. Plusieurs députés nous disent aussi qu'ils aimeraient que la réunion soit terminée à 17 h 30.
[Traduction]
Par vidéoconférence, nous accueillons Brigitte Laverdure, vétérane.
[Français]
Madame Langlois, vous aurez l'honneur de commencer. Votre temps de parole sera chronométré et je vous ferai signe lorsqu'il vous restera une minute.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président, et merci, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je suis la bombardière à la retraite Nicole Langlois. J'ai servi pendant sept ans dans l'armée de réserve, dans l'artillerie de campagne, de 1990 à 1997.
Parmi les expériences marquantes que j'ai vécues dans l'armée, il y a eu de nombreux cours et exercices de combat avec la 78e Batterie de campagne du 20e RRCA et avec l'école de combat du RRCA à Shilo, le 1 RCHA et le 2 PPCLI. Il y a également eu le déploiement avec l'ONU et l'OTAN en 1992, avec le 1 RCHA. J'ai servi en tant que gardienne de la paix dans la batterie rurale aux postes d'observation de la zone du contingent canadien. C'était la première fois que des femmes jouaient un rôle en première ligne. J'ai été formée pour le déploiement avec le 1 RCHA en ex‑Yougoslavie en 1995, mais le déploiement a été annulé. J'ai suivi une formation de prédéploiement avec le 2 PPCLI et je suis devenue conductrice de véhicule chenillé M113.
Pendant cette période, j'ai été confrontée à des obstacles que personne ne devrait jamais avoir à franchir. Les obstacles auxquels je me suis heurtée sont des obstacles physiques et mentaux.
Lors de ma formation à la conduite du véhicule chenillé M113, je devais régulièrement déplacer, porter et manipuler des objets d'un poids plusieurs fois supérieur à ce qu'une personne de mon sexe ou de ma stature physique peut manipuler en toute sécurité. Il n'y avait pas d'équipement de sécurité pour soutenir le dos, ni de protection pour les yeux ni de protection auditive minimale. J'utilisais un levier de trois pieds et, sans aide, je serrais toute la chenille pendant que les instructeurs me réprimandaient sur mes supposées insuffisances en tant que conductrice de véhicule à chenilles. La nature du travail, les conditions dans lesquelles il a été effectué et l'approche adoptée par les instructeurs étaient dangereuses et abusives.
Ce type de traitement minait la position officielle de l'armée canadienne en matière d'inclusion des soldates à des postes de combat. Il témoignait de la volonté de nombreux soldats d'écarter les femmes de ces métiers autrefois réservés aux hommes et de les reléguer à des postes de soutien. Je tiens à préciser que j'ai réussi la formation M113.
Pendant mon service, je n'ai jamais cherché à obtenir de l'aide pour des blessures physiques ou des problèmes de santé mentale. Demander de l'aide était mal vu. C'était un signe de faiblesse. J'avais l'impression qu'on me laisserait partir si j'admettais que j'avais mal.
J'ai été confrontée à des obstacles parce que je suis une femme et une mère. J'ai été victime de violences verbales, ce qui m'a causé du stress mental. À l'époque, peu de soldates bénéficiaient de soutien de leurs camarades, pairs et officiers supérieurs. Les femmes étaient considérées par beaucoup comme des objets ou des personnes inférieures. Le harcèlement sexuel et l'exhibition de matériel pornographique en compagnie d'autres personnes étaient monnaie courante. J'ai entendu dire, mais je n'ai aucune preuve formelle, que certains de mes supérieurs ne souhaitaient pas me garder en raison de mon sexe et de mon statut de parent. Le fait d'être un parent célibataire, en particulier une femme et dans un métier de combat à cette époque, n'était pas aussi bien soutenu qu'il ne l'est aujourd'hui.
Je crois que j'étais une bonne soldate et que je me suis acquittée de mes tâches avec diligence. Je suis sûre que le manque de respect et de soutien de la part des deux régiments en raison de mon sexe et de mon statut de parent a contribué à aggraver le syndrome de stress post-traumatique dont je souffrais et dont je souffre encore.
J'étais une mère célibataire dans l'armée, ce qui était très difficile. Devenir mère a joué un rôle énorme dans ma vie, et j'ai eu l'impression que je devais choisir entre l'armée et la maternité. En fin de compte, j'ai décidé qu'il était plus important d'être mère. Quand je repense à cette décision, il est évident que certains de mes supérieurs m'ont fait croire que je devais choisir entre le service et la maternité.
Après avoir pris ma retraite de l'armée, j'ai constaté que toute ma formation était destinée à des emplois essentiellement masculins. J'ai connu de nombreux moments difficiles au cours desquels je me suis interrogée sur le but de ma vie. Je me suis demandé ce que je voulais faire de ma vie. J'ai fait de l'introspection et tout ce que je voyais, c'était que j'avais un passé militaire. Qui va embaucher quelqu'un qui est un ancien combattant?
J'ai trouvé un emploi civil en tant qu'enseignante suppléante dans le New Hampshire, aux États-Unis. Je n'avais pas de formation officielle comme un baccalauréat en éducation. L'école a regardé mes qualifications militaires et a dit, « Elle a des qualités de chef. » Elle a également vu que j'étais une source de leadership en étant une mère de famille. Pour une fois, le fait d'être une ex‑militaire était un point positif.
J'ai occupé divers autres emplois, tels que conductrice d'autobus scolaire, entraîneuse sportive, agente de sécurité, concierge et conférencière. Cependant, les conséquences de mon service militaire entravent ma vie.
Au cours des deux dernières décennies et demie, je n'ai pas réalisé que j'avais besoin d'une aide mentale et physique pour tenter d'alléger les torts que j'ai subis durant la période où j'ai exercé le métier des armes de combat de l'armée.
Mon affectation onusienne à Chypre m'a laissé des séquelles physiques et émotionnelles durables. J'ai été hospitalisée en raison d'une blessure au dos et, à un moment donné, je me suis également blessé au genou. Ces deux blessures me font encore souffrir aujourd'hui. Les expériences que j'ai vécues à Chypre ont également contribué à la persistance de mon trouble de stress post-traumatique.
Mon orgueil m'a empêché de parler à qui que ce soit, car je ne pouvais pas envisager qu'une soldate puisse admettre sa faiblesse, mais lorsque je me suis sentie complètement terrassée, je me suis mise à la recherche d'une aide psychologique. Malheureusement, les professionnels à qui j'ai eu affaire n'avaient aucune expérience des soldats à la retraite. À cause de cela, j'ai été mal diagnostiquée et je n'ai jamais reçu de traitement approprié pour mon trouble de stress post-traumatique.
En 2018, j'étais à bout de nerfs et j'ai appelé Anciens Combattants Canada afin de demander si je pouvais obtenir une aide appropriée pour mes blessures physiques et les dommages mentaux causés par mon passage dans l'armée.
Les traitements physiques que j'ai reçus ont commencé par une rééducation visant à tenter de ramener mon corps à un état normal pour mon âge. Il y a cependant des blessures physiques à long terme qu'aucune rééducation ne peut réparer. Depuis, Anciens Combattants Canada m'a envoyé voir un médecin pour qu'il m'aide à soigner mes blessures au dos et à gérer la douleur. Présentement, tous ces traitements sont suspendus, car je lutte contre le cancer.
Après avoir quitté l'armée, j'ai passé de nombreuses années à souffrir d'anxiété et de dépression et à être incapable de me détendre. Même aujourd'hui, j'ai l'impression que je devrais être en alerte pour quelque chose qui devrait se produire, mais qui ne se produit jamais. Je suis nerveuse et j'ai l'impression qu'il y a un vide dans ma vie. Or, parallèlement à cela, j'ai aussi l'impression qu'on ne me prendra pas au sérieux. J'ai toujours l'impression d'être en train de lutter et d'être plongée dans de mauvais souvenirs qui ne s'estompent pas.
Anciens Combattants Canada m'a mis en contact avec un professionnel de la santé mentale qui m'a diagnostiqué un trouble de stress post-traumatique. Mon traitement comprend des médicaments, une thérapie et des groupes de soutien par les pairs. Les groupes de soutien par les pairs m'ont été particulièrement utiles.
Pour ce qui est de mes perspectives à long terme, disons qu'à mon âge, je devrais encore travailler, sauf que mes blessures physiques et mentales m'en empêchent. Le ministère des Anciens Combattants a fini par reconnaître cet état de fait et il me donne du soutien.
Pour ce qui est des moyens d'améliorer la situation des femmes en service à l'heure actuelle, trois idées me viennent à l'esprit. D'abord, il faudrait faire de la publicité pour informer les anciennes combattantes des services particuliers qui leur sont offerts. Ensuite, il faudrait se servir de la formation pour lutter contre la stigmatisation des anciens combattants qui demandent de l'aide. Enfin, il faudrait offrir une formation à tous les militaires et anciens combattants afin de lutter contre les idées reçues sur la santé mentale au sein de la population militaire.
Une excellente étude a été réalisée au Royaume-Uni, intitulée Exploring Barriers to Mental Health Treatment in the Female Veteran Population: A Qualitative Study. Vous pouvez la consulter en suivant le lien consigné dans ma déclaration.
J'ai également inclus les lettres de trois anciens combattants qui sont toujours mes amis aujourd'hui et qui corroborent mon expérience. Vous les avez déjà lues.
Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que tous les membres du Comité.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui.
Je m'appelle Alice Aiken. J'ai servi dans la marine canadienne, d'abord dans la réserve navale, puis dans la force régulière, de 1984 à 1998. Lorsque j'ai quitté l'armée, j'étais lieutenante de vaisseau.
Lorsque j'étais dans la réserve, j'ai fait partie de la première classe de femmes autorisées à suivre l'entraînement à la navigation. On m'appelait officière MARS, pour « maritime service », ou service maritime. Nous étions les premières à apprendre à naviguer. J'ai ensuite travaillé à plein temps en tant que réserviste — c'était pendant la première guerre du Golfe —, au quartier général, ici à Halifax.
Ensuite, je suis retournée à l'université pour devenir physiothérapeute, puis j'ai rejoint la force régulière à ce moment‑là, et l'armée a payé mes études à Dalhousie. J'ai ensuite été postée à Kingston de 1994 à 1998 en tant que physiothérapeute, d'abord au Collège militaire royal du Canada, puis à la base principale. J'étais la directrice du service de physiothérapie.
Lorsque j'ai pris ma retraite, j'ai travaillé en clinique à temps plein et j'ai fait une maîtrise et un doctorat à temps partiel à l'université Queen's. Je suis devenue membre du corps enseignant en 2006 et, peu de temps après, j'ai travaillé avec un groupe de personnes. J'ai été la fondatrice et la première directrice scientifique de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans.
Au cours de ma carrière militaire, j'ai vu beaucoup de blessures. Je parlerai de mes propres expériences dans un instant, mais j'ai vu beaucoup de blessures, de mauvais traitements et de problèmes de santé mentale. En me tournant vers la recherche, j'ai tenté de faire profiter les autres de mon expérience. Je suis très fière de dire que l'institut existe toujours aujourd'hui. Il s'agit d'un réseau qui regroupe 46 universités canadiennes et 13 partenaires internationaux, et qui a pour fonction de mener des recherches sur la santé des militaires, des vétérans et des familles.
J'ai quitté l'institut, mais pas la recherche. Je continue à faire des recherches dans ce domaine et, en fait, avec l'une de mes équipes, j'ai réalisé une recherche très approfondie au sujet des données présentées dans le rapport Deschamps.
Je fais du travail en épidémiologie. Je comprends très bien les différences de santé physique entre les anciens combattants et les anciennes combattantes, alors si cela peut être utile au Comité, je serai heureuse de parler de cela également. C'est mon domaine de recherche.
Mes intérêts partagés m'ont permis de tirer beaucoup de bien de l'armée. J'ai appris à être une grande leader. On m'a offert des responsabilités à un très jeune âge, surtout en tant qu'officière, mais cela comportait aussi des inconvénients. Lors de l'entraînement à la navigation, nous entendions souvent dire que si nous passions, c'était seulement parce que nous étions des femmes. Nous entendions des commentaires misogynes ou sexistes. Le vendredi soir, vous ne pouviez pas entrer au mess sans entendre des commentaires sexistes. Il y avait aussi des commentaires misogynes sur le lieu de travail; on se faisait appeler « ma chère » par un subordonné, ou d'autres choses de ce genre.
Je dirais que j'ai eu quelques expériences désagréables, mais comme je suis une personne assez directe, j'ai pu les prendre de front. Je pense que lorsqu'on dénonce un mauvais comportement — et j'étais en mesure de le faire en tant qu'officière —, cela peut souvent aider.
Je dirai que cela laisse des traces. Lorsqu'elles ont entamé un recours collectif, je me suis jointe à elles parce que je voulais raconter ce qui m'était arrivé. Je voulais que l'armée soit différente pour d'autres personnes, parce qu'il y a de bonnes choses qui découlent du service militaire, des choses que j'apprécie énormément encore aujourd'hui. Une bonne partie des personnes que je vois régulièrement sont des amis que je me suis faits dans l'armée, et nous sommes contents de ce que nous y avons appris.
Je dois dire que j'ai été quelque peu déçue du processus qui a présidé à la tenue de l'enquête. Il semble qu'il y a eu beaucoup d'argent, mais très peu de soutien. En fait, j'ai participé à la poursuite parce que je voulais raconter mon histoire, et je n'arrête pas de recevoir des notes disant: « Nous devons parler à 20 000 d'entre vous, et nous en sommes au numéro 438. » C'est, selon moi, inacceptable.
Je vous remercie de m'avoir invitée.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs très chers députés.
J'aimerais vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité.
Ma carrière militaire de 17 ans fut parsemée d'événements assez traumatisants, et ceux-ci ont toujours un effet dans mon quotidien. Cependant, avec les années, j'ai apprivoisé certaines façons de gérer ces symptômes.
Aujourd'hui, en 2023, 43 ans plus tard, je revis l'agression sexuelle dont j'ai été victime lors de mon entraînement de base, à Saint‑Jean. Cette agression n'a pas été commise par un collègue de peloton, mais par un haut gradé, qui savait très bien que je ne parlerais pas, par crainte d'être renvoyée des Forces armées canadiennes. À cette époque, j'étais âgée de 17 ans. J'ai dû faire face aux démons du silence et accepter de n'être qu'un visage pour ce prédateur. J'ai pu trouver la force et le courage de ne pas abandonner mon rêve de devenir technicienne en cellule d'avion et d'accéder à cette belle carrière.
Malheureusement, depuis novembre 2017, je me retrouve dans le tourbillon du recours collectif pour inconduite sexuelle au ministère de la Défense nationale. J'essaie aussi de faire reconnaître cet événement dans mon dossier d'Anciens Combattants Canada, qui est toujours en processus d'appel au TACRA, le Tribunal des anciens combattants (révision et appel).
Depuis qu'on parle de mon dossier dans les médias, mon trouble de stress post-traumatique s'est aggravé sérieusement.
Le 24 mai 1986, j'ai fait face à la mort du capitaine Tristan De Koninck, lorsque celui-ci s'est écrasé, avec son F‑18, sur la base de Summerside, à l'Île-du-Prince‑Édouard. Faisant partie de l'équipe de la Défense de la base, mon devoir était de récupérer le pilote et les pièces de l'aéronef. Dois-je mentionner qu'il n'est pas normal pour quiconque de récupérer des restes humains? J'étais jeune et je me disais que cela faisait partie de mon travail. Nous n'avons eu aucun soutien psychologique ni aucun suivi médical.
Le 14 novembre 1988, à Bagotville, au Québec, j'ai moi-même eu peur pour ma vie. En effet, j'ai soudainement été projetée à 75 pieds dans les airs quand un pilote de T‑33, en préparation pour la piste, a fait une fausse manœuvre; j'ai reçu le souffle des réacteurs dans le dos. J'ai dû subir une chirurgie au genou gauche à la suite de cet incident. Si je n'avais pas porté les vêtements d'hiver appropriés, une partie de mon corps aurait été brûlée. Encore une fois, aucun soutien psychologique ne m'a été offert, et aucun rapport d'incident n'a été rédigé contre le pilote, car celui-ci n'a aucunement avorté le démarrage.
Après plusieurs années à travailler dans des postes administratifs, compte tenu de ma condition physique, c'est-à-dire de mon genou gauche, et à subir des évaluations de métier, j'ai été déclassée et libérée pour raison médicale. Je me suis sentie comme un vieux torchon qu'on envoie dans la poubelle une fois souillé. Ma sortie des forces a été misérable et je me suis sentie seule dans le processus. Depuis, j'ai toujours eu à me battre contre le système pour faire reconnaître mon état de santé à Anciens Combattants Canada. J'avais l'impression de ne pas être écoutée parce que j'étais une femme qui exerçait un métier non traditionnel et que je n'avais pas à être là.
En conclusion, je crois qu'il n'existe aucune attitude proactive au ministère de la Défense nationale et à Anciens Combattants Canada lorsqu'un individu subit un traumatisme en service. Depuis plus de 10 ans, j'apporte mon aide aux individus, avant ou après leur sortie des forces armées. La majorité d'entre eux ne savent même pas qu'ils ont droit aux services et aux soins d'Anciens Combattants Canada.
En terminant, j'aimerais remercier de son soutien mon psychiatre, le Dr Hugues Poirier. En effet, depuis l'ouverture du dossier sur les inconduites sexuelles, lui seul se soucie de mon état psychologique, qui est très fragile.
Je vous remercie de m'avoir accordé de votre temps.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, je voudrais raconter quelque chose de très court.
Mon mari et moi avons suivi des séances de counseling alors que nous étions un jeune couple. Lorsque l'intervenant a dit que les femmes étaient des tasses à thé en porcelaine fine, mon mari s'est penché et a dit: « Cathay, tu es la plus belle tasse en pyrex que j'aie jamais rencontrée. » Je tiens à dire aujourd'hui que je me sens comme une tasse a thé en votre présence. C'est un honneur d'être dans cette salle aujourd'hui. Je vous remercie de votre contribution. Vous êtes très courageuses et votre présence me réjouit au plus haut point.
Je vais commencer par Mme Langlois. J'ai été frappée par beaucoup de petits segments de votre allocution.
Tout d'abord, vous avez parlé de leadership. Ils ont reconnu votre leadership en tant que mère. Je tiens à vous en féliciter. Il n'y a rien de mieux. Le fait que vous ayez eu à endurer tout ce que vous avez dû endurer tout en étant mère est éloquent, alors je vous lève mon chapeau pour ça.
Vous avez dit avoir perçu qu'il y avait un désir d'écarter les femmes. Nous devons nous demander pourquoi toutes ces souffrances ont été infligées aux femmes qui se sont enrôlées. On dirait qu'elles ont été jetées dans la mêlée sans la moindre réflexion, organisation ou considération.
Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
Je tiens tout d'abord à remercier les trois témoins d'être venues nous raconter ce qu'elles avaient vécu. C'est très émouvant de les entendre. Vous semblez toutes être des pionnières et des anciennes combattantes dans le sens où vous avez été parmi les premières dans vos domaines respectifs, que ce soit la marine, les forces terrestres ou l'artillerie. Il semble que vous ayez été jetées dans la mêlée aux termes d'une politique, mais sans qu'il y ait eu suffisamment d'aménagements pour que cela corresponde à ce que vous étiez censées faire.
Avec le recul, nous regardons cela et nous pensons à l'analyse comparative entre les sexes plus, mais on ne dirait pas que c'était de mise à l'époque. Or, je pense qu'il est plus que jamais impératif que cela se fasse. Je crois que vos témoignages démontrent que cette analyse doit être faite pour chaque politique gouvernementale et pour chaque mise en œuvre de quoi que ce soit, y compris dans les forces armées.
Je tiens tout d'abord à vous remercier, madame Langlois, de votre service. Je sais qu'il est très difficile d'être là pour parler de votre expérience. Il est également remarquable de voir tout ce que vous avez pu faire en tant que mère tout en étant dans l'armée. Il est important pour notre étude de savoir ce que vous faites.
Nous devons vraiment poursuivre notre travail pour améliorer les programmes et les services pour tous les anciens combattants, en particulier pour les femmes.
D'après votre expérience, quels sont les principaux problèmes auxquels sont confrontées les anciennes combattantes lors de leur transition vers la vie civile?
Vous en avez parlé un peu. Certaines personnes vous ont donné un coup de pouce en respectant vos compétences en matière de leadership et vous ont donné une chance d'être enseignante.
Quels sont les autres problèmes que les anciennes combattantes doivent affronter lors de leur transition vers la vie civile?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins d'aujourd'hui pour leur incroyable bravoure et pour leur service.
Je pense qu'il est important de reconnaître qu'il faut beaucoup de courage pour faire partie de la première cohorte à se lancer dans quoi que ce soit, et il est très clair que personne n'est vraiment préparé. Il n'y a eu aucune orientation pour dire « Ça va être difficile », et les personnes à qui vous vous adressez n'ont pas de responsabilité de s'assurer que le cheminement est aussi sûr que possible. Je vous remercie donc d'être ici pour nous aider à essayer de rendre le cheminement plus sûr pour d'autres anciennes combattantes et pour les autres membres féminins en service à l'avenir.
Ce que j'ai entendu dans vos trois témoignages... Je vais poser une question. Je commencerai par vous, madame Langlois, puis j'interrogerai les autres témoins en ligne à ce sujet.
Ce que j'ai entendu dans tous vos témoignages est qu'on vous a souvent réduit au silence et que vous pensiez que, si vous en parliez, cette réalité vous serait peut-être renvoyée de manière négative. En outre, vous étiez dans un environnement où l'on vous demandait de « prendre sur vous », même si vous faisiez des choses que n'importe quelle personne de votre stature physique aurait eu du mal à faire... C'était tout à fait normal, mais on vous traitait comme si vous faisiez quelque chose de mal. On retrouve exactement le même type d'abus que dans le cas des agressions sexuelles dont certaines de nos témoins nous ont parlé aujourd'hui, en ce sens que vous n'étiez pas en mesure d'en parler.
Je sais que lorsque vous passez du côté d'Anciens Combattants Canada, si les choses ne sont pas documentées, il est très difficile d'obtenir les soutiens dont vous avez besoin. Pourriez-vous nous parler de ce problème et nous dire comment on vous a forcée à garder le silence. Lorsque vous vous êtes retrouvée du côté d'Ancien Combattant Canada, comment avez-vous dû essayer de leur faire comprendre ce qui vous était arrivé pour obtenir ce dont vous aviez besoin pour guérir?
Je suis d'accord. Lorsque j'ai quitté l'armée en 1998... Je ne sais pas si Mme Langlois a vécu la même expérience, mais à la base de Kingston, quelqu'un s'est assis avec moi, a examiné mon dossier médical et m'a dit: « D'accord, vous avez subi ces blessures. Nous allons déposer une demande auprès d'Anciens Combattants Canada. Nous allons vous aider. » Je sais qu'en 2007, lorsque mon époux a quitté l'armée, il n'a pas bénéficié du même traitement. Ils ont déposé une demande, et je me suis dit « Oh, voilà un excellent service », mais il a fallu des années de démarches auprès d'Anciens Combattants Canada, et les gens me posaient des questions.
N'oubliez pas qu'à cette époque, j'étais une professionnelle de la santé et ils me posaient des questions ridicules sur l'anatomie et des choses qu'ils ne comprenaient même pas. J'ai dû m'asseoir devant un tribunal et expliquer pourquoi je m'étais blessée. Eh bien, je suis tombée et je me suis blessée. Pourquoi devais‑je me justifier? J'ai rempli un formulaire CF 98. J'ai fait tout ce qu'il fallait faire. C'était un véritable cauchemar, et nous avons vécu le même cauchemar lorsque nous avons présenté la demande de mon époux.
Je ne suis pas sûre que ce soit différent pour les hommes, mais il avait servi plus longtemps que moi et il venait de l'armée. J'étais dans la marine, donc c'était aussi différent.
Le processus était réellement horrible à l'époque. Aujourd'hui, si vous souhaitez ajouter quoi que ce soit à votre demande — car nous savons que la plupart des anciens combattants ne présentent leur demande que 15 ans ou plus après avoir quitté le service —, votre dossier est bloqué jusqu'à ce qu'une décision soit prise, ce qui n'a aucun sens.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie tous nos témoins de comparaître aujourd'hui. Je sais que c'est une conversation très difficile pour vous toutes. La présente étude aura des répercussions non seulement pour les personnes qui viennent nous parler, mais aussi pour nous.
J'ai déjà présidé ce comité ainsi que le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées pendant l'étude du projet de loi , soit l'étude sur la violence et le harcèlement au travail qui a été réalisée en 2018. Il est important pour nous d'entendre ces histoires et de comprendre les défis qui existent encore. Une fois de plus, je vous remercie toutes sincèrement de votre présence et de vos témoignages.
Mes questions d'aujourd'hui s'adressent à Mme Laverdure. Je tiens à vous remercier, vous et toutes les témoins ici présentes, de votre service militaire. Je crois que vous préconisez la reconnaissance des droits des vétérans gais et des groupes 2ELGBTQIA+. Je tiens également à vous remercier de votre engagement et de votre soutien à l'égard de ces groupes. Je pense qu'il est vraiment important qu'en tant que gouvernement, nous soyons beaucoup plus inclusifs, surtout au sein des Forces armées canadiennes.
Je connais très bien les groupes consultatifs de la Défense, et je sais qu'il se fait beaucoup de travail dans les bases partout au Canada. Cependant, je veux parler particulièrement de la nouvelle , qui a déclaré au Comité que l'inclusion et la diversité sont l'une de ses principales priorités. J'aimerais vous demander quels sont les principaux problèmes auxquels les vétéranes, et plus particulièrement celles qui font partie de la communauté 2ELGBTQIA+, sont confrontées lorsqu'elles effectuent la transition vers la vie civile.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur May, sauf le respect que je vous dois, nous étions ensemble au Comité permanent des anciens combattants, il y a quatre ans. Vous parliez de défis et je suis bien d'accord avec vous. Cela dit, à un moment donné, on commence à connaître les défis, et vous les connaissez encore mieux que moi parce que vous avez plus d'expérience. Nous ciblons les défis depuis quatre ans. Depuis quatre ans, nous faisons des recommandations dans des rapports extraordinaires faits de façon extrêmement professionnelle. Or les fichues recommandations que nous faisons, aussi intelligentes soient-elles, trop souvent, ne sont ni suivies ni écoutées. C'était mon petit volet éditorial.
Madame Langlois, encore une fois, je vous remercie de votre témoignage.
J'ai une question un peu bête à vous poser. Croyez-vous que, pour éviter les agressions sexuelles ou le harcèlement sexuel dans l'armée, il pourrait être pertinent, à l'intérieur du processus de sélection des commandants, de leur faire subir des évaluations psychologiques?
:
Oui. Je dirais que lorsque j'ai quitté l'armée, je l'ai fait pour plusieurs raisons. L'armée n'allait pas nous affecter ensemble, mon mari et moi. J'avais une belle occasion d'emploi à l'extérieur. Il y a un certain nombre de raisons qui expliquent ma libération.
Même si les femmes étaient traitées différemment — , et ce, ouvertement —, je suis tout de même sortie de l'aventure avec le sentiment impérieux d'être extrêmement fière d'avoir servi dans l'armée, et je le suis encore aujourd'hui, mais ensuite, on entre dans le cycle d'Anciens Combattants qui prend des années et des années. J'ai eu deux accidents démontrés avec preuves à l'appui, et on me pose continuellement des questions ridicules. On me répète tout le temps: « Non, non, non, nous avons besoin d'une déclaration d'un chirurgien orthopédiste. » Vous en avez trois; pourquoi en avez-vous besoin d'une autre? Que sommes-nous donc en train de faire?
J'avais une capacité d'auto-efficacité dans le système de santé, et je recevais constamment des appels de mes anciens patients militaires qui étaient hors d'eux, qui pleuraient et qui me disaient: « Je ne sais pas comment composer avec ce système. Je ne sais pas quoi faire. » Or, il s'agissait de personnes ayant mené de longues et brillantes carrières, d'illustres carrières, et qui ont essentiellement été laissées en plan.
Je dirai que je pense que les choses se sont un peu améliorées lorsque Walt Natynczyk était sous-ministre, parce qu'il a compris, mais je suis d'accord avec ma collègue, Mme Laverdure, pour dire qu'il y a encore beaucoup d'employés qui travaillent là‑bas qui ne sont pas vétéranes. Ce sont des vétérans, et le service militaire des femmes est encore perçu comme étant de moindre importance. C'est toujours le cas. Personne ne remet en question le fait que mon mari était un vétéran, mais on me dit: « Oh, étiez-vous vraiment vétérane? »
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie également de votre excellente recommandation au sujet d'une formation pour tous les membres de notre comité sur les traumatismes, afin que les témoins se sentent plus en sécurité.
[Traduction]
Je pense que vous avez fait des merveilles pour vous assurer que plus jamais nos gens ne se sentent ignorés ou aient l'impression qu'une question est inappropriée. Pour nous tous, je pense que le fait de savoir comment mieux agir à cet égard rendra le Comité bien meilleur.
Je tiens moi aussi à remercier toutes les témoins, non seulement de leur service militaire, mais aussi de leur courage et de leur détermination à faire mieux. Je pense que c'est ce que nous devons faire. Nous avons vraiment besoin de vos conseils concernant les recommandations qui devraient figurer dans notre rapport.
[Français]
Je crois que, pour Mme Laverdure, les recommandations porteront sur le soutien aux droits de la communauté LGBTQ2S.
[Traduction]
Y a‑t‑il des recommandations qui, selon vous, aideraient à mieux servir la communauté qui vous a mandatée pour la soutenir? Si ces gens ont besoin de votre soutien, c'est habituellement parce qu'ils n'en obtiennent pas ailleurs.
J'aimerais savoir ce qui, selon vous, pourrait être fait différemment pour les femmes qui s'identifient à cette communauté, puis je peux me taire.
Madame Aiken, j'adore l'idée que vous et votre mari, tous deux vétérans, procédiez déjà à un essai en temps réel pour voir ce qui est différent. J'aimerais beaucoup que vous nous disiez si les hommes se font poser autant de questions stupides. Y a‑t‑il une différence entre les sexes?
Par ailleurs, dans tous les travaux de recherche que vous avez effectués et avec l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, ou ICRSMV... Il semble qu'il y ait de très bons articles dans la revue savante de l'ICRSMV sur la différence entre les sexes ou sur les vétéranes. Certains membres du Comité aimeraient peut-être les lire.
J'ai été étonnée de constater que cette excellente revue n'est pas sur PubMed. Comment pouvons-nous l'obtenir pour que ceux qui ne connaissent peut-être pas son existence puissent trouver l'excellent travail qui s'y trouve lorsqu'ils font des recherches sur un sujet?
Selon vous, certains articles devraient-ils faire partie de notre rapport en ce qui concerne le vécu des vétéranes et de leur famille, leur expérience périnatale et tout ce qui, nous le savons, devrait y figurer?
J’aimerais que vous nous disiez toutes les deux ce que vous aimeriez voir dans les recommandations pour veiller à ce que les gens soient traités correctement et à ce qu’ils ne soient pas contre-interrogés au sujet de quelque chose qui est manifestement clair.
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Merci beaucoup, madame Laverdure.
Nous allons maintenant passer aux travaux du Comité.
Chères témoins, vous pouvez rester avec nous, si vous le souhaitez. Nous n'en avons pas pour très longtemps, mais, si vous devez nous quitter, il n'y a pas de problème. Je veux donc en profiter pour vous remercier de vos témoignages et de votre courage.
Nous avions avec nous, à titre personnel, Mme Alice Aiken qui est vétérane et vice-présidente, Recherche et innovation à l'Université Dalhousie; Mme Brigitte Laverdure, qui est vétérane; et nous avons salué tout à l'heure Mme Nicole Langlois, qui a dû partir.
Sur ce, nous passons donc aux travaux du Comité; le public peut rester lui aussi.
La dernière fois, je vous avais dit que nous avions une motion qui demandait à deux ministres de se présenter pendant deux heures. Après tout le travail du greffier du Comité, elles vont se présenter mardi prochain à 13 heures.
On peut donc proposer d'inviter d'autres témoins qui sont des vétéranes. La deuxième heure serait consacrée à l'étude sur le Monument commémoratif national de la mission du Canada en Afghanistan.
Étant donné que nous n'avons pas pu répondre exactement à la motion, il revient aux membres du Comité de décider ce qu'il faut faire.
Je cède la parole à M. Richards.