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Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de nous donner l'occasion de contribuer à votre examen du , qui modifie la Loi sur les banques et d'autres lois fédérales.
Je m'appelle Terry Campbell et je suis vice-président aux politiques, à l'Association des banquiers canadiens. Je suis accompagné de mes collègues Karen Michell, vice-présidente aux opérations bancaires, et Linda Routledge, directrice des affaires des consommateurs.
Monsieur le président et membres du comité, le secteur bancaire croit fermement qu'il est important que le cadre législatif et réglementaire fasse l'objet d'un examen régulier afin de suivre l'évolution de la technologie, de permettre l'abolition des dispositions désuètes qui ne reflètent plus la réalité de l'industrie et de faire en sorte qu'il soit le plus efficace possible pour favoriser les intérêts des consommateurs canadiens et la compétitivité de l'industrie. Les banques et les autres institutions financières du Canada exercent leurs activités dans un environnement où le fardeau réglementaire augmente rapidement, surtout dans le contexte d'une explosion de la réglementation internationale, qui se répercute sur l'environnement réglementaire du Canada. Puisque celui-ci influe sur la capacité des institutions d'innover et de servir leurs clients, il est essentiel que les artisans de la politique et les législateurs, ici, au Canada, s'assurent que le cadre législatif est le plus souple possible et n'impose pas de mesures inutiles ou normatives.
Compte tenu de ces principes, nous sommes profondément déçus que le gouvernement n'ait pas adopté nos propositions de modifications aux règles en matière d'assurance. À notre avis, les faits à l'appui de ces modifications — les avantages pour les consommateurs qui découleraient du retrait de restrictions désuètes et l'expérience favorable d'autres pays qui n'imposent pas ces restrictions — indiquent tous qu'il s'agit d'une bonne politique d'intérêt public sensée. Néanmoins, le gouvernement a clairement signifié que les règles en matière d'assurance ne seront pas modifiées. Nous dirigeons donc notre attention vers le .
Comme les observations de ce matin l'ont fait comprendre, le projet de loi est axé sur des questions techniques, sur lesquelles porte notre intervention d'aujourd'hui. Toutefois, le fait que ces questions soient techniques ne signifie pas qu'elles ne sont pas importantes pour les consommateurs ou pour le fonctionnement efficace du marché. En effet, dans certains domaines clés, le gouvernement a pris des mesures favorables pour moderniser le cadre.
L'une de ces mesures que nous tenons à souligner ce matin a trait à la proposition du gouvernement de modifier la Loi sur les lettres de change afin de permettre l'instauration de l'imagerie des chèques par voie électronique. Bien que le Canada possède l'un des systèmes de compensation des chèques les plus efficaces du monde, ce système repose encore largement sur la compensation physique de chèques papier. Les chèques tirés sur une banque et encaissés ou déposés dans une autre doivent être transportés physiquement entre les banques et les centres de traitement — parfois d'un bout à l'autre du pays — avant de pouvoir être compensés. Les modifications proposées permettraient aux institutions financières d'utiliser des images électroniques des chèques. En fait, au lieu du transport physique des chèques papier, des images de ceux-ci pourraient être envoyées par voie électronique. Le fait d'accroître l'efficacité d'un système déjà efficace permettra d'accélérer la compensation des chèques, de réduire la durée des retenues de fonds et de diminuer le risque, ce qui a son importance.
Tout cela se traduira par des avantages concrets pour les consommateurs. En fait, le secteur bancaire travaille avec le gouvernement sur cette question et a convenu de réduire la durée maximale des retenues de fonds du très faible nombre de chèques qui en font l'objet, de dix jours ouvrables à sept jours ouvrables d'ici avril, et de la ramener ensuite à quatre jours ouvrables une fois que le système d'imagerie des chèques de l'Association canadienne des paiements sera entièrement mis en place.
Une autre mesure favorable du , ce sont les propositions visant à rationaliser le régime d'établissement de succursales de banques étrangères. Le marché des services financiers du Canada est très concurrentiel, comptant quelque 50 filiales et succursales de banques étrangères qui livrent concurrence dans les services aux particuliers et aux entreprises.
Bien que le marché du Canada soit ouvert à l'entrée des banques étrangères, le cadre législatif actuel est très complexe et lourd, et il est difficile de s'y retrouver. Les règles s'appliquent à la fois aux banques étrangères proprement dites ainsi qu'aux « quasi-banques », c'est-à-dire des entreprises qui ne sont pas des banques dans leur pays et qui veulent exercer au Canada des activités qui ne seraient pas normalement réglementées. Il en résulte une série de règles alambiquées et de procédures d'approbation applicables aux « quasi-banques », qui ne semblent pas nécessaires.
Les détails seront énoncés dans la réglementation, mais il semble que le aide à rationaliser le système en rendant plus cohérentes les règles sur les banques étrangères proprement dites qui souhaitent entrer au Canada.
Même si nous pensons que le prévoit des mesures favorables, nous sommes d'avis que, dans certains domaines, des modifications ciblées permettraient de l'améliorer. Par exemple, à l'article 31, le gouvernement propose d'élargir les exigences en matière de déclaration qui s'appliquent actuellement aux régimes de dépôt enregistrés, comme les REER.
Nous comprenons l'intention du gouvernement, mais nous sommes d'avis que le libellé actuel du projet de loi est tout simplement impossible à appliquer. Le projet de loi ne fait pas adéquatement la distinction entre les régimes enregistrés, les comptes de dépôt et les produits de dépôt, et ne tient pas bien compte du fait que les régimes enregistrés renferment souvent des produits qui ne sont pas assujettis à la réglementation fédérale ou qui sont offerts par des institutions qui ne sont pas de régie fédérale. Bref, nous pensons que le libellé actuel risque d'aller à l'encontre des objectifs du gouvernement et de susciter la confusion chez les clients.
Cette disposition doit être revue. Il s'agit d'un domaine très technique et nous proposons de travailler avec le gouvernement afin d'explorer des moyens de régler ces questions techniques.
Un autre point que nous tenons à souligner a trait aux sociétés de portefeuille bancaires. Comme vous le savez, lors de la réforme de 2001, au moment de la révision quinquennale, les banques ont été autorisées à se structurer en sociétés de portefeuille bancaires, à l'instar des banques d'autres pays. Cette option promettait une plus grande souplesse et un système de réglementation plus ciblé et rationalisé.
Malheureusement, bien que la réforme de 2001 ait prévu le pouvoir de créer des sociétés de portefeuille bancaires, d'autres règles de la Loi sur les banques rendent la conversion à cette structure très difficile pour les banques et ajoutent en fait à la réglementation, plutôt que de la rationaliser. Dans la pratique, six ans après la réforme de 2001, le modèle de société de portefeuille n'est toujours pas une option utilisable.
En fait, ces règles prévoient en substance ceci: une banque peut exercer des activités, comme l'offre de prêts ou de garanties, avec ses filiales sans aucune restriction. Toutefois, si ces filiales deviennent des sociétés sœurs de la banque, dans le cadre d'une société de portefeuille bancaire, des restrictions s'imposent à ces activités entre la banque et ses sociétés sœurs, même si aucun risque n'est ajouté au système.
Nous travaillons avec le gouvernement et le Bureau du surintendant afin de régler ces enjeux, mais il reste du pain sur la planche. Étant donné son intérêt pour le fonctionnement efficace du système financier, nous encourageons le comité à presser le gouvernement de prendre des mesures pour assurer que le modèle de société de portefeuille constitue une option viable pour l'industrie.
Monsieur le président et membres du comité, en guise de conclusion, je vous remercie beaucoup, au nom de mes collègues, de nous avoir donné l'occasion de vous livrer vos réflexions et de discuter avec vous.
En résumé, même si nous proposons quelques améliorations que nous vous invitons à examiner, nous croyons qu'il s'agit d'un projet de loi technique qui apporte des améliorations utiles dans l'intérêt des consommateurs et de l'efficacité du système. Bien entendu, c'est un travail jamais achevé que celui qui consiste à rendre le système réglementaire le plus efficace possible et le plus apte à favoriser l'innovation et la compétitivité internationale. Le constitue une étape importante de ce processus. Il va de soi que nous poursuivrons avec empressement notre travail avec le gouvernement et les membres du comité pour atteindre ces importants objectifs.
Voilà qui met fin à mon intervention. Nous avons hâte d'échanger avec vous.
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Merci, monsieur le président.
Merci à M. Campbell et aux autres témoins. Je présume que tous voudront intervenir de temps à autre.
Comme vous le savez, chaque fois qu'il est question de banques, chacun a des problèmes à raconter, et on finit par dévier dans toutes sortes de directions. Je ne crois pas qu'il y ait parmi les députés beaucoup de désaccords sur le fond du projet de loi, mais il y a quelques détails qui dérangent, et c'est peut-être l'occasion d'y voir.
J'ai généralement l'impression que les modifications proposées visent à nous faire entrer dans le XXe siècle, alors que nous sommes au XXIe. Elles ne touchent pas la question essentielle: les Canadiens se sont lancés avec beaucoup d'enthousiasme dans les opérations bancaires électroniques, utilisant leur ordinateur, les guichets bancaires automatiques, etc. L'enjeu, c'est leurs attentes à l'égard du réseau électronique face à des banques et à un régime de réglementation qui, à certains égards, n'ont pas suivi.
J'ai fait allusion tout à l'heure à une question posée au ministre. Je voudrais que vous et les autres témoins essayiez d'y répondre. Lorsqu'on retire de l'argent d'un compte pour payer une facture, ce qui relève sans doute du système de compensation, l'opération n'est pas instantanée. Est-ce qu'on veut toujours travailler avec des liasses de chèques au Canada? Que les délais soient de quatre ou de sept jours, cela est complètement décalé par rapport aux transferts électroniques, par les temps qui courent. Je voudrais connaître vos réflexions générales. Vous avez entendu la question précise.
Un courriel que j'ai reçu d'un électeur va dans le même sens que ma question, et je vous demande ce que vous en pensez: « Nous visualisons nos états de compte au moyen du service de paiement électronique et de présentation depuis que ce service est offert. À la différence d'autres factures mensuelles, » par exemple l'électricité, les impôts fonciers, etc., « que nous visualisons au moyen des serveurs, il n'est pas possible de télécharger l'image de notre état de compte Visa. » Pour quelque raison étrange, ce consommateur ne peut pas voir son compte évoluer au cours du mois.
Ma réflexion générale, c'est que vous semblez déjà en retard sur notre temps, et que les motifs d'exaspération et les contrariétés vont se multiplier. Je vous invite à répondre, vous et les autres représentantes, non seulement à la demande de renseignements que j'ai envoyée au ministre, mais aussi à cette question précise.
À l'ère de l'électronique, nous avons tous l'habitude des communications instantanées. Il suffit d'appuyer sur un bouton pour s'échanger un courriel. Toutefois, pour le règlement des paiements, nous avons un système très perfectionné et sûr, et il suppose un certain nombre de processus sous-jacents. Pour le paiement des factures, un certain nombre d'émetteurs de factures participent à l'Association canadienne des paiements et respectent la règle H6. Je vous invite à demander des précisions à l'Association. La règle dit que tout émetteur qui se soumet à la règle accepte que la date du paiement est celle où le montant est inscrit au compte, de façon qu'il n'y ait ni intérêts à payer, ni perte à subir.
Quant aux émetteurs de factures qui n'adhèrent pas au système, aussi bien eux que l'institution financière informent le consommateur qu'il doit payer ses factures un ou deux jours à l'avance pour avoir l'assurance que l'opération se fait. Si tous les émetteurs de factures et les toutes les institutions financières étaient interconnectées, le système ne serait pas meilleur que son maillon le plus faible. Ce qui se passe plutôt, c'est un traitement par lots en fin de journée, et les fonds sont transférés de l'institution financière du payeur à l'émetteur de factures.
Quant aux aspects techniques, je vous invite à interroger l'ACP. Le système est très sûr, et il offre un certain nombre d'avantages aux consommateurs. Au Canada, grâce à notre système de paiement, celui qui dépose un chèque peut avoir accès aux fonds immédiatement dans la vaste majorité des cas. En somme, c'est l'institution financière qui fait crédit au consommateur.
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Considérons ce qui se passe dans le monde et les organismes de réglementation du Canada, comme l'ACFC ou le BSIF. Tous les organismes sont financés par les banques et autres institutions financières. Il faut se demander d'où viendrait l'argent, sinon.
L'une de vos questions est un excellent exemple qui illustre la question de l'indépendance et montre comment éviter les problèmes de conflit d'intérêts dans le système de protection du consommateur. Le Canada a un système d'ombudsman de toute première qualité, l'OSBI, ou Ombudsman des services bancaires et d'investissement.
L'OSBI est financé par des droits que paient les banques, mais il y a toute une gamme de protections et de structures en place qui garantit l'indépendance. Le conseil d'administration compte neuf personnes, dont six sont indépendantes, et les indépendants font les nominations. Le secteur bancaire n'a rien à y voir. On y trouve de nombreuses personnes très renseignées. Le sénateur Plamondon a siégé au conseil, il y a quelques années.
Le conseil ne peut révoquer l'ombudsman ni même revoir ses décisions. Si on en arrive au point de destituer l'ombudsman, seuls les indépendants peuvent le faire. Tout un ensemble de protections garantit l'indépendance de l'organisme. Nous avons donc l'impression que, lorsqu'on s'adresse à lui, tout se passe très bien.
Autre chose. Notre système d'ombudsman est très puissant, car personne ne veut être blâmé par lui. L'ombudsman a le pouvoir de dénoncer une institution. Sauf erreur — et Linda pourra me corriger —, il n'est jamais arrivé, depuis 11 ans que le bureau d'ombudsman existe, que les banques contestent ses décisions.
Je comprends le point de vue du député, mais il existe toute une série de mesures de protection.
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Très bien. Pour ce qui est de la démarche, je crois que la meilleure réponse, c'est que nous avons abordé le problème avec le ministère. Nous avons travaillé sur les préoccupations d'ordre technique de façon assez détaillée pour que le ministère les comprenne.
Selon nous, monsieur, la loi ne parle que des régimes. Si on essaie d'y voir clair, il est très difficile de dire avec précision à quoi les exigences s'appliquent. Au régime même? Aux produits détenus dans le régime? Aux comptes? Les comptes de REER peuvent comprendre des comptes de dépôt, des participations à des fonds communs de placement et d'autres éléments. Ce n'est pas clair.
Il y a une autre question. Nous discutons de la Loi sur les banques, mais le projet de loi modifie aussi une série d'autres lois, par exemple la Loi sur les sociétés de fiducie et de prêt. Les sociétés de fiducie peuvent offrir des produits directement ou agir comme fiduciaires, de sorte qu'une foule d'autres régimes peuvent être assujettis à ces exigences, alors que ce n'était peut-être pas l'intention du législateur.
Nous essayons de travailler avec le ministère et d'indiquer des points qu'il voudra peut-être prendre en considération. Nous verrons comment les choses se passeront.
Linda, auriez-vous quelque chose à ajouter à ce sujet.
Merci, monsieur Campbell, de votre présence et de vos observations. Il y a eu des échanges entre les partis ou au comité au sujet du projet de loi, et tous sont généralement d'accord pour dire que le projet de loi, qui est en grande partie technique, est un bon progrès et qu'il modernisera le système. Nous avons hâte d'entendre d'autres points de vue et vos recommandations, à l'étape de l'étude article par article, sur les modifications à apporter pour éliminer les points de friction et faire en sorte que le système marche bien et atteigne ses objectifs.
Il reste difficile d'accueillir des banquiers et de ne pas parler d'autres choses. Une des préoccupations de la population canadienne est la suivante: à un moment où le secteur bancaire réalise des bénéfices croissants et semble bien se débrouiller, au Canada et à l'étranger, de même que dans les activités de courtage, les frais bancaires prolifèrent, parfois sans que les consommateurs puissent y comprendre grand-chose. Je voudrais que vous profitiez de cette occasion pour m'expliquer comment on établit les frais pour les guichets automatiques, par exemple. Pourquoi ces différences? Si je suis au restaurant et si j'ai accès à un guichet, je vais payer des frais différents de ceux qui seraient exigés si j'allais à ma banque locale ou dans une banque concurrente et utilisait leurs guichets.
Pouvez-vous m'aider à comprendre un peu mieux la démarche qui est suivie?
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre en vous posant une question au sujet du délai dans les transactions. Je pense qu'il y a deux aspects: il y a la réalité pratique — vous nous avez expliqué un peu tout à l'heure comment fonctionne la mécanique, la protection et la sécurité —, mais il y a aussi la perception des gens.
On m'en parle souvent dans mon comté et je l'ai déjà vécu moi-même. Je prendrais peut-être des exemples personnels, qui n'ont pas été déformés par les intermédiaires. Quand nous payons notre compte de carte de crédit, l'argent est retiré de notre compte de banque. Cependant, si nous allons voir sur Internet notre compte Visa, MasterCard ou peu importe, la transaction n'apparaît pas immédiatement. Évidemment, quelques jours plus tard, elle apparaîtra, avec la date à laquelle le montant a été retiré.
Or, dans l'esprit des consommateurs, il y a un moment où ils ne savent pas où est l'argent. C'est présenté de cette façon. Ne serait-il pas mieux d'avoir des retenues sur les comptes, plutôt que retirer l'argent du compte? Il y a quelque chose d'un peu préoccupant pour les gens, qui se questionnent.
Je peux vous donner un autre exemple concret que j'ai vécu l'an passé à la même période. J'ai reçu un chèque de mon courtier et je lui en ai donné un pour investir dans un REER. Cela s'est produit le même jour, c'était la même transaction. J'ai déposé mon chèque immédiatement. Le montant du chèque était supérieur à 1 000 $. D'habitude, l'institution bancaire autorise automatiquement, sans délai, un montant inférieur à 1 000 $. On prend le reste du solde sur ma marge de crédit, ce qui fait que ma marge de crédit devient négative, alors que mon compte affiche un montant positif du même ordre. Cependant, je ne peux pas transférer l'argent de l'un à l'autre pour arrêter de payer des intérêts.
Lorsque j'ai appelé mon banquier, il m'a dit que lorsque je fais un chèque, ils paient l'autre institution immédiatement. Alors, il faut qu'il y ait de l'argent dans mon compte. Je lui ai demandé si l'autre institution leur donnait l'argent immédiatement. Il m'a répondu qu'il fallait attendre cinq, six ou sept jours. Quelque chose n'est pas cohérent. Quand je fais un chèque, pourquoi prend-on immédiatement l'argent dans mon compte, prétendument, alors que quand je dépose un chèque, il y a un délai?
Il y a une incohérence dans ce mécanisme. Il y a quelque chose de très concret, de très palpable. Même s'il s'agit d'une transaction par Internet, l'argent est retiré ou il ne l'est pas, mais il ne peut être dans les limbes.
Pouvez-vous faire quelque chose au sujet de la perception et de la réalisation des transactions en temps réel?
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Je vais utiliser ma minute en commençant par dire que, bien honnêtement, un grand nombre de pays peuvent tirer bien des leçons du régime canadien de réglementation et de l'industrie canadienne. Aux États-Unis, par exemple, la fragmentation est très poussée. Nous avons un régime national.
Je voudrais revenir au point soulevé par M. Del Mastro. Examinons le régime réglementaire du Canada. Il est possible de le rendre plus efficace.
En Australie, au Royaume-Uni... Il y a dix ans, il y avait aux États-Unis neuf, dix, une demi-douzaine d'autorités différentes. Ils ont tout regroupé en une seule autorité des services financiers.
Au Québec, il y avait toute une série d'organismes de réglementation, et ils ont été regroupés pour former l'AMF. Même chose en Australie.
Sur ce plan, le Canada pourrait vraiment s'améliorer. Plus la structure du régime de réglementation est efficace, mieux c'est pour les consommateurs: meilleure application des dispositions, coûts plus faibles, efficacité plus grande.
Voilà ma réponse de 30 secondes.
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Nous travaillons sur un certain nombre de questions qui ne se rattachent pas au projet de loi, et le travail se poursuivra. J'ai parlé du code d'application volontaire pour les opérations électroniques, qui nous semble un élément important. Il a été question d'un organisme unique de réglementation du marché des valeurs mobilières. Cela nous semble bon également pour la protection des investisseurs. Nous devons continuer à travailler là-dessus. Nous devrons travailler sur un certain nombre de dossiers importants.
Nous continuons de travailler avec les provinces, dans un esprit de collaboration je dirais, pour renforcer les services d'ombudsman, ce qui est un élément important du système, à notre avis.
L'ACFC va évoluer avec le temps. Il y a place par exemple pour assurer une formation continue du consommateur, l'éducation financière, etc. Du reste, le comité sénatorial l'a dit, et d'autres personnes qui s'expriment bien ont signalé ce besoin. Les gouvernements doivent continuer à travailler sur ces questions.
Il faut avouer que le projet de loi, sur le plan de la consommation et sur bien d'autres plans, n'apporte pas des changements aussi radicaux que ceux de 2001, par exemple. C'est à ce moment que l'ACFC a été créée. Il améliore néanmoins les dispositions sur la communication de l'information et apporte quelques avantages concrets. C'est un progrès, et il répond partiellement au rapport du comité sénatorial. Il y a encore des choses à venir.
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Mon autre question porte sur les frais des guichets automatiques. Elle a en grande partie reçu réponse. L'une des questions soulevées au Parlement du Canada par divers partis d'opposition — et nous partageons parfois les mêmes préoccupations — est que, dans d'autres pays, il n'y a pas de frais d'utilisation de ces guichets. Vous avez fort bien expliqué pourquoi les institutions canadiennes en imposent.
Vous dites que les Canadiens sont parmi les plus grands usagers des guichets automatiques, que nous avons l'un des meilleurs systèmes au monde. Nous pourrions soutenir que c'est parce que nous payons des frais élevés. Vous pouvez donc bâtir le réseau, et continuer à le bâtir.
Il faut pouvoir l'expliquer correctement, surtout lorsque des gens essaient de payer le solde de leur carte de crédit ou leur facture à temps pour éviter de payer des intérêts. Lorsque les consommateurs utilisent les services des institutions bancaires et constatent qu'elles font de gros bénéfices au moment même où eux-mêmes ont du mal à joindre les deux bouts, il faut faire très attention, non seulement pour présenter des explications acceptables, mais aussi pour offrir des services à la hauteur des frais exigés et pouvoir...
Quand on va faire le plein, on voit le petit tableau affiché par les sociétés pétrolières qui dit exactement quels sont les profits par rapport aux coûts de production, et quelle est la part de chacun. Je me demande s'il n'y aurait pas une meilleure façon d'expliquer la situation à vos clients, nos électeurs, pour leur montrer pourquoi ces frais sont une aussi bonne affaire que vous le dites.
Auriez-vous quelque chose à répondre?
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... votre réaction à notre idée d'éliminer les frais a été très vive. Je voudrais vous présenter un scénario.
Tout le monde n'habite pas à Toronto ou à Montréal. Beaucoup d'entre nous habitons dans des localités rurales, dans des petites localités qui avaient autrefois des succursales bancaires. Les succursales sont disparues, et les consommateurs n'ont plus de choix. Vous dites que les guichets automatiques sont une commodité. À certains endroits, ce n'est pas le cas, et certains consommateurs qui ont du mal à joindre les deux bouts, pour qui le moindre sou compte, trouvent que c'est un vrai problème de payer ces frais, alors qu'ils n'ont d'autre choix que d'aller au guichet automatique. Voilà le scénario.
Vous avez dit tout à l'heure qu'il fallait répondre aux besoins des consommateurs, et nous entendons ce que les gens disent des frais bancaires. Nous répondons nous aussi à leurs besoins en soulevant le problème. Voici ma question. Pourquoi avons-nous des frais semblables alors que les banques réalisent des bénéfices énormes? Les consommateurs le constatent, et ils ne croient pas que leur 1,50 $ fera une grande différence. Ne pouvez-vous pas absorber ces frais ailleurs? Au fond, vous dites que vous êtes les alliés du consommateur, mais du même souffle, vous dites que, si ces frais ne leur plaisent pas, ils n'ont qu'à aller ailleurs.
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Comme nous l'avons dit et l'avons expliqué dans notre document, nous avons au Canada un système dans lequel les guichets bancaires automatiques ne sont qu'une des nombreuses possibilités pour aller chercher ses fonds ou payer des biens et services. Cela fait partie du réseau proposé aux clients: opérations bancaires en lignes ou téléphoniques, guichets des succursales, etc.
Depuis quelques années, une autre chose qui prend beaucoup d'expansion, ce sont les réseaux des points de vente. Il est intéressant de faire une comparaison avec ce qui se passe au Royaume-Uni. Là-bas, cette formule ne semble pas aussi répandue pour les consommateurs. Au Canada, les consommateurs s'en servent pour payer leurs achats et pour obtenir de l'argent liquide. Si on utilise sa carte de débit à un point de vente pour payer ses épiceries, on peut en même temps obtenir de l'argent. C'est intéressant, car les marchands semblent apprécier cette formule également. Pour la petite entreprise, c'est lucratif et c'est un moyen de gérer l'encaisse.
Au Canada, le système donne différentes possibilités, un choix, des moyens commodes pour les clients.
Je voudrais revenir à ce que mon collègue a dit du caractère abordable des services. Au Canada, il y a aussi toute une gamme de forfaits. L'ACFC et les banques encouragent les consommateurs à discuter avec eux pour voir quelles formules répondent le mieux aux besoins, quelles sont les habitudes de retrait, etc.