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Bonjour, chers collègues.
[Traduction]
Soyez les bienvenus. Nous tenons, en ce mardi 1er novembre 2011, la 10e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude sur les drogues et l'alcool dans les prisons.
Je précise pour nos invités que nous étudions un certain nombre d'aspects de ce problème. Il ne s'agit pas seulement des drogues dans les prisons. C'est une étude des moyens de faire entrer des drogues et de l'alcool dans nos prisons et de l'effet que ces substances ont sur la réinsertion sociale des délinquants, sur la sécurité des agents de correction et, au fond, sur la criminalité en général dans nos établissements.
Ce matin, nous accueillons deux témoins qui sont venus du Yukon. Notre comité est conscient du temps et des efforts que nos témoins ont déjà consacrés à la séance d'aujourd'hui. Nous sommes fiers que des témoins soient venus de l'une des régions les plus éloignées de notre grand pays pour nous présenter leurs témoignages personnels.
Tony Van De Mortel est agent de correction au Centre correctionnel de Whitehorse.
Ken Putnam est un ex-membre de la GRC, qui a pris sa retraite après 33 années de service. Il a par la suite travaillé comme enquêteur au sein des unités de sécurité des communautés et des quartiers du Yukon, qui s'intéressaient au trafic des drogues, à la prostitution et au commerce illégal de l'alcool. Il a continué de travailler dans ces unités lorsqu'elles ont élargi leur rôle pour englober les inspections et les normes au Centre correctionnel de Whitehorse.
Notre comité vous est reconnaissant de vos années de service là-bas et de votre contribution à ce dossier.
J'invite chacun d'entre vous à présenter son exposé, puis nous passerons aux questions des membres du comité.
Commençons par notre agent de correction. Monsieur Van De Mortel, je vous en prie.
Soyez le bienvenu.
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Monsieur le président, je m'appelle Tony Van De Mortel. Je suis agent de correction au Centre correctionnel de Whitehorse — le CCW — au Yukon. Je suis agent de correction depuis trois ans et demi. Le CCW est le seul établissement correctionnel territorial du Yukon. C’est un centre à niveaux multiples. On y trouve des détenus des deux sexes et, comme on l’a fait remarquer, des détenus sous responsabilité fédérale, qui y sont pour de courtes périodes et pour diverses raisons. Le CCW est aussi un centre de détention provisoire où l’on trouve des accusés qui attendent leur procès.
Monsieur le président, votre comité examine le problème des drogues et de l’alcool dans les pénitenciers fédéraux. Je suis ici pour vous parler de mon expérience personnelle qui, je l’espère, vous donnera une perspective différente sur cet enjeu.
Le 10 octobre 2009, 45 minutes seulement après le début de mon quart, je me rends dans le bloc cellulaire central du CCW en réponse à un cas d’agitation. Les détenus de la cellule 6 se battent avec des agents qui font le même quart que moi. Nous réussissons à rétablir l’ordre, mais pas avant que deux agents soient étranglés par derrière et qu’on me fracture le nez. L’os du nez est visible et j’ai aussi la jambe cassée.
Les détenus avaient bu un alcool de fabrication artisanale qu’ils cachaient depuis deux semaines. Ce soir-là, on a dû m’opérer pour me reconstruire le nez, et on m’a mis la jambe dans le plâtre. J’ai porté un plâtre au nez pendant quatre semaines, et à la jambe pendant sept semaines et demie. Six mois après l’incident, je suis retourné au travail, où j’ai assumé de nouvelles tâches. Je n’ai jamais pu reprendre complètement mes fonctions d’avant, et j’ai dû effectuer des heures et des heures d’exercices de physiothérapie très pénibles. Je ne peux pas rester debout pendant plus de 40 minutes et je ne peux pas rester assis longtemps non plus. Je prends des Advil ou des Tylenol 3 deux ou trois fois par semaine pour soulager un peu la douleur, qui ne part jamais tout à fait. Les spécialistes m’ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire de plus et que ma jambe ne s’améliorerait pas. Le cartilage autour de l’os cassé sera toujours inégal, et l’os est entaillé à l’articulation.
Monsieur le président, je vous ai seulement parlé des séquelles physiques... Ma vie a été bouleversée d’autres façons aussi. Ma famille a vécu et continue de vivre des moments très difficiles. J’ai un fils qui a des besoins particuliers et qui ne voulait pas m’approcher quand j’avais le nez plâtré. Ma femme devait me conduire partout, tout faire à la maison, même déneiger l’entrée — et vous pouvez imaginer, monsieur le président, qu’il y en a de la neige, au Yukon. Nous ne pouvons plus passer autant de moments précieux ensemble, puisque j’ai dû dire adieu aux longues randonnées et à d’autres activités de plein air. Mon travail est devenu une source de stress continuel pour ma famille, qui craint pour ma sécurité. Je suis toujours fatigué, et la douleur ne me lâche jamais. C’est très frustrant.
Et ce n’est pas tout, monsieur le président. Mes collègues et mes clients — les détenus du CCW — ont aussi été touchés. Ce genre d’incident a des effets sur leur sentiment de sécurité et sur le climat de confiance au centre. Le personnel de première ligne est celui qui est le plus capable, grâce à son influence, d’amener les détenus à adopter et à garder un comportement sociable. C’est parce que les agents de correction sont ceux qui côtoient le plus les détenus. Ils sont là tous les jours, 24 heures sur 24. Notre établissement applique un modèle de surveillance directe. Les agents exercent leurs fonctions au sein même des unités résidentielles. Ils travaillent avec les détenus, participent à des programmes avec eux et leur offrent de l’aide pour toutes sortes de tâches quotidiennes et d’activités d’apprentissage. Les agents tiennent des registres sur les progrès réalisés et aident à gérer les dossiers de cas des détenus qui concernent directement le plan de l’établissement.
Comme vous pouvez l’imaginer, monsieur le président, les cas de violence envers le personnel fragilisent la relation entre agents et détenus, qui est cruciale. Personne ne sort gagnant de tels incidents. Je peux vous assurer, monsieur le président, que la vaste majorité des détenus comprennent les risques que présente l’alcool de fabrication artisanale, que ce soit pour la santé ou la vie dans le pénitencier.
Je recommande au Comité que les efforts faits pour favoriser le soutien, l'espoir et le soulagement des détenus, assurer la sécurité du personnel et bien faire comprendre l’importance cruciale de la relation entre agents et détenus tiennent comptent de la nécessité absolue de mettre les prisons à l’abri des alcools de fabrication artisanale.
Par ailleurs, je ne saurais trop insister sur le fait que, même si les programmes de traitement de la toxicomanie sont essentiels, le personnel de première ligne demeure le groupe le plus important et le plus influent dans la vie des détenus, et c’est lui qui est le plus capable d’amener les détenus à adopter et à garder un comportement sociable. Pour cette raison, il doit disposer des outils, de la formation, de l’équipement et du soutien nécessaires pour tenir les drogues illicites et l’alcool en dehors et pour interagir avec les détenus dans un climat de sécurité satisfaisant.
J’irais jusqu’à dire, monsieur le président, que les agents sont le programme.
Je vous remercie de votre temps. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci. Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de m’offrir l'occasion de vous rencontrer aujourd’hui.
Je sais que votre comité étudie la question de la consommation de drogues et d’alcool dans les prisons fédérales, et bien que je n’aie pas travaillé dans un établissement fédéral, selon moi, mon expérience personnelle et professionnelle peut vous donner une perspective très différente qui, je l’espère, ajoutera à votre examen une dimension additionnelle que vous n’aviez peut-être pas envisagée.
Monsieur le président, les drogues pénètrent dans les établissements carcéraux du pays d’abord et avant tout parce qu’il y en a dans les rues. Les drogues entrent, elles ne sortent pas. Alors, en partant de cette prémisse, vous verrez en quoi ma vie professionnelle et ma vie personnelle peuvent vous aider dans la tâche importante qui vous revient.
Monsieur le président, comme vous l'avez dit, je suis à la retraite après avoir servi pendant 33 ans dans la Gendarmerie royale du Canada en Alberta, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et au Yukon. J’ai pris ma retraite en 2005. J'étais alors au détachement de Whitehorse, avec le grade de chef de veille.
J’ai toujours été un agent de première ligne. Tout au long de ma carrière, j’ai participé à des enquêtes en rapport avec la drogue et j'ai été aux premières loges pour constater les méfaits des drogues sur les individus, les familles et les communautés. Cela, monsieur le président, suppose que les centres correctionnels sont des milieux communautaires.
Après ma retraite, j’ai travaillé au gouvernement du Yukon à la mise en oeuvre d’un nouveau programme de sécurité dans la communauté et les quartiers, qui vise à éliminer les lieux de consommation de drogues et les commerces clandestins d’alcool. Notre unité a fermé le pire lieu de consommation et de trafic de crack qui existait à Whitehorse depuis plus de 20 ans.
À la suite de la promulgation de la nouvelle loi et des règlements sur les services correctionnels, on m’a chargé d’enquêter sur des incidents graves survenus au centre correctionnel de Whitehorse, notamment des agressions graves contre des gardiens, des individus poignardés et divers incidents violents, entre autres ceux qui impliquaient des drogues.
Autrement dit, mes connaissances sur le processus par lequel les drogues arrivent dans une localité puis passent de la collectivité au milieu correctionnel viennent essentiellement de mon expérience d’enquêteur. C’est vrai, mais mon histoire va bien plus loin que ça.
Le 14 janvier de cette année, mon épouse Lana m’a appelé au travail à 7 h 14, et j'ai compris à sa voix qu'elle était bouleversée. Elle m’a supplié de venir immédiatement à la maison, en ajoutant « nos vies sont finies! » Je me suis précipité à la maison où j’ai trouvé mon épouse hystérique sur le perron. Elle m’a dit « Il est au sous-sol. Dépêche-toi! » J'ai dégringolé les marches et j’ai trouvé notre fils de 22 ans, Christopher, pendu à un appareil de musculation Bowflex.
Après 33 années dans la police, je pensais avoir tout vu et être blindé, mais rien ne m’avait préparé à une telle scène. Mon garçon avait lutté contre l'alcoolisme et la toxicomanie pendant six ans. Christopher avait fait sept ou huit séjours en prison et suivi cinq cures de désintoxication.
Il y a quelques points à souligner à propos de cette expérience, une expérience qu’aucun parent ne devrait être obligé de vivre.
Mon épouse Lana et moi-même n’avons jamais cessé de soutenir Christopher et de lui venir en aide. Nous avons dépensé au moins 100 000 $ en programmes de traitement d’un bout à l’autre du pays, mais nous avons dû reconnaître que, malheureusement, la solution la plus sûre pour Christopher, c’était la prison. Je dis cela pour plusieurs raisons. Le personnel, au Yukon, est conscient d’oeuvrer auprès de personnes — pas de détenus — qui sont membres d’une communauté plus vaste en dehors de la prison. Nous savions que c’était la meilleure façon pour Christopher d'éviter la tentation et de ne pas pouvoir facilement se procurer de la drogue. Bref, cela nous garantissait qu’il serait sobre, « clean » et en sécurité, et c'était une excellente chose.
Nul doute qu’il y a en prison de la drogue, des pressions, des dettes à payer, de la violence, de l’intimidation et de la brutalité, mais ces problèmes étaient et sont encore moindres, en raison des efforts continus et éclairés du personnel pour empêcher l’introduction de drogues et les actes de violence.
Il faut continuer d'améliorer la situation pour que les détenus qui sont prêts à changer aient un maximum de chance de se réhabiliter et de guérir. Je crois, monsieur le président, que c’est aussi ce que désirent la plupart des détenus.
À ce sujet — ce que veulent les détenus —, j'ai rencontré des centaines, voire des milliers de personnes qui souffraient de toxicomanie. Elles ont fait de multiples séjours en prison et elles me considèrent peut-être comme le type qui les y a envoyées. J'ai toujours eu d'assez bonnes relations, si on peut dire, avec les gens à qui j'ai eu affaire dans la rue. Au cours des 20 dernières années, j'ai été accosté à diverses reprises par des gens que je n'avais pas vus depuis cinq ou six ans. Dans ces cas, ils sont toujours un peu mal à l'aise. Ils me demandent « Comment allez-vous? » et je réponds « Ça va, et toi? » La première chose qu'ils me disent, c'est qu'ils ont cessé de boire il y a cinq ans. Ils veulent que je le sache. Ils veulent que je sache que leur cas n'était pas désespéré. Plusieurs me l'ont dit, alors quand j'affirme que c'est ce que veulent la majorité des détenus, je crois que c'est vrai.
Il y a les toxicomanes et il y a ceux qui alimentent cette dépendance aux drogues en faisant clairement et sciemment un choix criminel. Les détenus aux prises avec la toxicomanie ont de toute évidence besoin du soutien du personnel de première ligne et de programmes de traitement efficaces. Évidemment, ils doivent être déterminés à changer et à relever un immense défi.
La présence de drogues affaiblit la volonté de gens déjà en difficulté, d’autant plus qu’ils subissent directement les pressions de la population carcérale, et la drogue mobilise les ressources et le temps des agents de correction et les empêche de faire ce qu'ils font le mieux, c’est-à-dire offrir un leadership, des conseils et un exemple. Elle braque les détenus contre les agents, puisque ceux qui font le trafic des drogues isolent, brutalisent et agressent les détenus qui acceptent le soutien positif du personnel. Je le sais d’après l’expérience directe de Christopher en prison. Je n’aurais pas pu en parler auparavant parce que le code des détenus transcende les murs de la prison et s'insinue dangereusement dans toute la collectivité. L’existence de Christopher serait devenue intenable, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la prison.
Il me vient souvent l’idée que j’aurais peut-être dû en parler plus tôt et plus fort. J’appuie sans réserve l’objectif de Service correctionnel Canada, qui veut débarrasser le réseau carcéral de toutes les drogues. Cet idéal ne paraît peut-être pas très réaliste, mais il faut fixer un objectif élevé, car l’application de demi-mesures serait néfaste.
C’est triste à dire, mais plus le séjour de Christopher en prison était long, et plus il restait sobre longtemps après être sorti. Je suis sûr que ce constat témoigne de l’influence positive qu’ont les bons soins et le dévouement du personnel qui travaille dans un contexte et dans des circonstances que la plupart des Canadiens ignorent. Derrière ces murs et dans des conditions optimales, je suis fermement convaincu qu'on peut trouver de l'aide et de l’espoir et qu'on peut guérir.
Qu'est-ce qui nous attend? Je voudrais avoir toutes les réponses, mais je ne les ai pas. Lana et moi, nous aurions souhaité que Christopher vienne ici raconter lui-même son histoire, mais il est trop tard.
Monsieur le président, je vous soumets respectueusement les recommandations suivantes, au nom de Christopher.
Premièrement, le gouvernement doit appuyer l’objectif de Service correctionnel Canada qui consiste à éliminer les drogues des établissements correctionnels. C’est ce que veulent les détenus.
Deuxièmement, le gouvernement devrait appuyer la prestation de services de transition aux détenus à leur sortie de prison, pour qu’ils puissent continuer à recevoir des traitements et d’autres formes de soutien qui augmenteront leurs chances de réussir.
Troisièmement, le gouvernement devrait envisager de réglementer et de contrôler les centres de traitement pour vérifier l’intégrité, l’uniformité et l'orientation des groupes qui sont payés pour offrir des services aux toxicomanes. Ce ne sont pas seulement les toxicomanes qui ont désespérément besoin de changement; leurs familles sont elles aussi vulnérables à la fraude quand elles essaient en vain de prêter secours à ceux qui leur sont chers.
Il y a cinq ans environ, nous avons envoyé notre fils dans un centre de traitement à l'extérieur de Montréal. C'était un programme de 90 jours. Mon épouse, Lana, avait tout arrangé par téléphone. Elle avait parlé à des gens dans ce centre. Au bout d'une trentaine de jours, Christopher nous a appelés pour nous dire qu'il y avait eu une descente au centre. Je lui ai demandé de quoi il parlait. Il m'a répondu que les policiers avaient effectué une descente pour trouver des drogues. Je ne le croyais pas, alors il m'a dit de chercher dans Google, que c'était aux nouvelles. C'est ce que j'ai fait. En réalité, il n'y avait pas eu de descente au centre même, mais les propriétaires, le directeur et le personnel de ce centre de traitement entretenaient des liens étroits avec une bande à l'extérieur de Montréal — je crois que c'est la West End Gang. Ils ont été accusés et arrêtés, et 22,2 tonnes de hachisch qu'ils avaient importé d'Afrique ont été saisies à Montréal. C'était une opération conjointe de la police du Québec et de la GRC.
Je raconte cette histoire parce que quand on cherche un centre de traitement, on utilise le téléphone. Les gens sont désespérés, ils pleurent, ils veulent de l'aide pour leur enfant ou leur conjoint. Souvent, ceux à qui ils parlent au téléphone sont des vendeurs. Ce sont eux qui vous vendent le service. Il faut être extrêmement prudent quand on cherche un établissement de traitement adéquat. Nous en avons trouvé quelques-uns qui étaient bons, mais il y en avait aussi de moins bien.
Ma quatrième recommandation est que le gouvernement doit continuer à mettre en place les meilleurs programmes de traitement possible pour la population carcérale, ce qui inclut l'intervention quotidienne du personnel de première ligne auprès des détenus, puisque ce sont les agents qui ont le plus d'influence sur les détenus avec lesquels ils sont en contact 24 heures par jour 7 jours par semaine.
Cinquièmement, pour ce qui est des traitements, le gouvernement doit favoriser une meilleure intégration entre les divers organes d'exécution de la loi pour qu’ils puissent échanger librement de l'information et s'aider mutuellement. Actuellement, les systèmes d’information et les enquêtes indépendantes limitent l’efficacité des méthodes utilisées par les diverses entités chargées de combattre les drogues. Le fait d’agir isolément entrave constamment les efforts pour contrer le trafic de drogues qui intéresse plusieurs compétences distinctes.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Putnam, monsieur Van De Mortel, d'être venus nous faire part de vos expériences.
Monsieur Putnam, je crois que votre fils serait fier de vous pour ce que vous faites aujourd'hui, tout comme le vôtre, monsieur Van De Mortel. Vous nous rendez un immense service en venant ici. Merci également pour ce que vous avez fait et ce que vous continuez de faire pour aider notre société, à titre d'ex-agent de la GRC, monsieur Putnam, et d'agent de correction, monsieur Van De Mortel.
Il est particulièrement important que vous soyez ici aujourd'hui, parce que souvent les témoins qui viennent nous voir, même s'ils ont une certaine expérience concrète dans notre domaine d'étude... parfois, les mémoires sont extrêmement théoriques. Il est très difficile de se faire une idée précise de ce qui se passe sur le terrain. C'est pourquoi notre visite à Collins Bay et à Joyceville, la semaine dernière, a été si instructive.
Monsieur Van De Mortel, l'incident dont vous avez été victime cette nuit-là, quand vous avez été blessé, était dû à la consommation d'alcool de fabrication artisanale. On nous a dit que ce n'était pas des boissons particulièrement appétissantes, qu'elles étaient faites de choses qu'on ne songerait jamais à utiliser pour fabriquer de l'alcool.
Comment prévenez-vous la fabrication de ces boissons? Est-ce possible? Est-ce que les détenus, du simple fait qu'ils ont accès à des aliments, etc., ne vont pas toujours réussir à produire ces boissons artisanales?
En répondant à cette question, est-ce que vous pourriez mentionner un point que vous ou M. Putnam avez soulevé, quand vous avez dit que ce ne sera plus seulement la présence de stores devant les fenêtres dans les blocs cellulaires, qu'il y aura — et j'oublie le terme utilisé — plus de supervision directe. Est-ce que cela empêchera la fabrication artisanale d'alcool? Qu'entend-on par supervision directe, en passant?
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Votre long voyage en valait vraiment la peine. Merci d'être venus du Yukon pour nous faire part de quelques expériences personnelles qui, je crois, ont aidé tous nos membres, indépendamment du parti. Nous vous en remercions. Nous vous souhaitons bonne chance pour vous remettre des expériences que vous nous avez expliquées et de leurs conséquences. Acceptez tous nos voeux, pour vous-mêmes et vos familles.
Nous allons nous interrompre un instant. Cela ne signifie pas que nous allons nous lever et sortir. Peut-être que M. Putnam et M. Van De Mortel peuvent attendre au fond de la salle ou même à l'extérieur, je sais que certains de nos membres aimeraient leur serrer la main et les remercier.
Nous avons besoin d'environ cinq minutes pour traiter d'affaires du comité, pour nous préparer à la séance de jeudi, savoir s'il y a des questions au sujet du programme de jeudi, et il semble y en avoir.
Nous allons suspendre la séance et reprendre dans 30 secondes.
Je vous signalerai que nous reprenons. Nos discussions ne seront pas télévisées.
Au fond, si j'ai bien compris, nous devrions créer un comité directeur très bientôt. Il semble qu'il nous faudra peut-être étudier des dispositions législatives. Si tel est le cas, il me faudra une liste de témoins, pour que notre greffier et nos analystes puissent se préparer et entrer en contact avec certaines de ces personnes, pour qu'à notre retour, après la semaine de relâche, nous puissions les accueillir ici.
En règle générale, nous commençons par le ministre ou le ministère, puis nous passons aux témoins. Alors tous les partis, le gouvernement et les partis de l'opposition, devraient commencer à songer à des noms qui pourraient figurer sur notre liste de témoins.
Madame Hoeppner.