:
Bonjour tout le monde. Nous entamons la 29
eséance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Nous sommes le jeudi, 8 mars 2012.
Nous allons poursuivre notre étude sur le recours à la surveillance électronique du point de vue du système correctionnel et de la libération conditionnelle ainsi que de l'exécution de la loi dans le domaine de l'immigration afin d'en déterminer l'efficacité, la rentabilité et l'état de préparation à la mise en oeuvre.
Je tiens à rappeler aux membres que, vers la fin de la réunion, nous aurons le temps de nous pencher sur les affaires du comité. Nous allons raccourcir un peu le temps prévu pour chaque partie. Nous achèverons notre première heure entre 16 h 15 et 16 h 20. La deuxième débutera à 16 h 20 et s'achèvera à 17 h 10. Cela nous laissera assez de temps pour les travaux du comité.
Pour la première heure, nous accueillerons du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, Claudette Deschênes, sous-ministre adjointe, Opérations, et Caroline Melis, directrice générale, Gestion opérationnelle et coordination.
À ce que j'ai compris, elles ont une déclaration préliminaire à faire. Nous sommes prêts à vous entendre et nous vous poserons ensuite quelques questions.
Bienvenue à notre comité.
Bonjour. Si vous voulez réduire le temps qui nous a été alloué, nous y consentirons volontiers.
Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Je m'appelle Claudette Deschênes, et je suis sous-ministre adjointe du secteur des opérations à Citoyenneté et Immigration Canada.
Caroline Melis, directrice générale de la Direction générale de la gestion opérationnelle et de la coordination de notre Ministère, se joint à moi aujourd'hui.
[Français]
J'ai le plaisir de prendre la parole devant ce comité pour la première fois. J'espère que mes remarques vous seront utiles dans le cadre de votre étude sur la surveillance électronique.
Afin de traiter de cette question relativement au système d'immigration du Canada, il est important que je vous donne un peu de contexte historique. Il ne s'agit pas de remonter jusqu'à l'histoire ancestrale, mais seulement de remonter à la dernière décennie.
[Traduction]
En 2002, le Parlement a adopté la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, ou LIPR. Cette loi a remplacé l'ancienne Loi sur l'immigration en tant que principale loi fédérale qui régit le système d'immigration du Canada.
Le système d'immigration du Canada est, naturellement, grand et complexe, et englobe plusieurs opérations, politiques et activités différentes. La LIPR, loi qui régit ce système, est également complexe. En effet, elle comporte de nombreux articles et parties, qui portent sur chaque aspect de l'immigration au Canada.
Aux fins de cette présentation sur la surveillance électronique, j'aimerais mettre l'accent sur deux articles seulement de la LIPR.
Tout d'abord, l'article 4: « la mise en application ». Avant l'entrée en vigueur de la LIPR, le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration jouait un certain nombre de rôles en matière de renseignement, d'interdiction, d'application de la loi et de sécurité des frontières, au sein du système d'immigration. Mais en vertu de l'article 4 de la LIPR, ces rôles particuliers incombent maintenant au ministre de la Sécurité publique.
[Français]
Environ 18 mois après l'adoption de la LIPR, le gouvernement de l'époque a créé l'Agence des services frontaliers du Canada qui relève du ministre de la Sécurité publique. L'Agence est maintenant responsable de bon nombre de ces rôles liés à l'application de la loi et de la sécurité au sein du système d'immigration.
Un autre article de la LIPR, soit l'article 56, traite de la mise en liberté des personnes en détention. Cet article énonce que: « l'agent peut mettre le résident permanent ou l'étranger en liberté [...] » tout en précisant qu'« il peut assortir la mise en liberté des conditions qu'il estime nécessaires ».
C'est l'article 56 de la LIPR qui régirait l'utilisation de la surveillance électronique au sein du système d'immigration. Au terme de la loi, cet article relève clairement du ministère de la Sécurité publique et non de Citoyenneté et Immigration Canada.
[Traduction]
Je tiens à préciser que tout au long des années qui se sont écoulées depuis la création de l'Agence des services frontaliers du Canada, cette dernière et Citoyenneté et Immigration Canada ont développé une relation de travail très bonne et très efficace, et que nous en sommes tous les deux très fiers. En fait, Caroline et moi avons toutes deux travaillé à l'Agence pendant un certain temps au moment de sa création. Nous collaborons quotidiennement de plusieurs façons à d'innombrables aspects du système d'immigration.
Ce qu'il faut absolument comprendre ici, c'est que ces liens de collaboration sont rendus possibles en raison des rôles complémentaires, mais différents et strictement définis que nous jouons au sein du système d'immigration.
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais citer quelques passages qui se trouvent dans le protocole d'entente entre CIC et l'ASFC, car ils précisent ces rôles de manière très succincte.
[Français]
Selon le protocole d'entente: « CIC est responsable d'attirer et d'accueillir les personnes du monde entier, d'enrichir le développement économique, social et culturel du Canada tout en contribuant à la santé et à la sécurité des Canadiens et des Canadiennes, de protéger ceux qui ont besoin de la protection du Canada et de prévoir l'octroi de la citoyenneté, au moyen de l'administration de la LIPR et de la Loi sur la citoyenneté. »
[Traduction]
Pour ce qui est de l'ASFC, selon le protocole, l'ASFC a été créée par décret en conseil, le 12 décembre 2003 et les responsabilités relatives à l'exécution de la loi et aux renseignements sur l'immigration prévus par la LIPR ont été transférées de CIC à l'ASFC, et l'ASFC est responsable de fournir des services frontaliers intégrés qui favorisent à la fois la sécurité nationale, la sécurité du publique et le commerce. Elle s'acquitte de ce mandat par l'administration et l'exécution de diverses lois, dont la LIPR, afin de faciliter la libre circulation des personnes et des marchandises qui entrent et sortent du Canada.
Cette explication démontre le fait que, quand il s'agit de questions d'application de la loi en matière d'immigration, notamment la surveillance électronique, le mandat d'application relève de l'ASFC et du ministre de la Sécurité publique, et non du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.
Monsieur le président, je vous remercie encore de m'avoir invitée à comparaître devant le comité aujourd'hui. J'espère que mon discours d'ouverture a été utile au comité, et ma collègue et moi serons heureuses de répondre à vos questions à ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence ici aujourd'hui.
En cette journée où il s'agit de rendre hommage aux femmes et au rôle qu'elles jouent au sein du gouvernement, je tiens à informer le comité que nous avons eu trois témoins devant le Comité de la défense ce matin. Elles étaient toutes sous-ministres adjointes principales de la Défense nationale et du Service extérieur du Canada, et elles étaient donc toutes des femmes. Et voilà que nous accueillons deux autres témoins de sexe féminin. On aurait donc tort de présumer qu'il y a sous-représentation de femmes extrêmement douées contribuant au mieux-être de notre pays.
Je vous remercie de votre présence ici aujourd'hui.
Ma première question porte sur une partie de l'information que vous vous avez donnée, et il y a une bonne raison à ma manière de formuler les questions. Elles s'adressent à l'une de vous ou à toutes les deux.
Êtes-vous au courant des statistiques sur le nombre total de personnes qui sont renvoyées du Canada chaque année? Si vous ne connaissez pas le chiffre exact, vous pourriez peut-être nous donner une estimation.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter à mon tour une heureuse Journée internationale de la femme à toutes mes collègues ici présentes et à toutes celles qui nous suivent sur Internet ou à la télévision.
À en croire les chiffres, nous pourrions certainement faire davantage pour l'avancement des femmes au Canada. Je sais que les statistiques révèlent que nous n'avons pas autant de femmes qu'il faudrait dans certains postes de hiérarchie supérieure, mais c'est là un tout autre débat.
Je retourne au sujet qui nous occupe.
Le rôle du ministère de l'Immigration, qui est le vôtre, c'est d'ordonner que les gens soient expulsés, et une fois que cette ordonnance est émise, il appartient à l'ASFC de la mettre à exécution.
:
S'il s'agit de gens qui revendiquent le statut de réfugié, par exemple, nous rédigeons un rapport sur eux une fois que le processus est amorcé. Le rapport demeure en suspens tout au long du processus. Ils devront éventuellement comparaître devant le CRIS quelques mois plus tard — voire des années plus tard, mais cela va être réglé — où ils devront justifier leur demande. Le CRIS trancherait ensuite en la matière, déterminant s'ils sont oui ou non considérés comme des réfugiés.
S'il s'agit de réfugiés, nous leur donnerions bien entendu l'information pertinente qui leur permettra de présenter une demande de résidence permanente et le processus se poursuivra comme il correspond à cette catégorie.
S'ils se font refuser le statut de réfugié, le mandat de renvoi peut dès lors être exécuté, et c'est donc à ce moment-là que l'ASFC serait avisée, non pas nécessairement par CIC mais plutôt par le CRIS. Ces dossiers iront ensuite s'ajouter aux cas demeurés en suspens, où ils attendront qu'on leur donne suite et que l'on procède au renvoi.
Entre-temps, le client peut revendiquer le statut au Canada. Si nous en prenions connaissance, nous aviserions sans doute l'ASFC que cette personne n'a pas le droit de demeurer au Canada.
Si la personne revendique le statut de réfugié ou un statut analogue et qu'à ce moment-là nous apprenons qu'elle a un casier judiciaire aux États-Unis ou ailleurs, nous appellerions sans doute la police ou l'ASFC afin que l'on vienne interviewer la personne dès le début du processus.
:
Nous reprenons notre réunion.
Nous entendrons notre deuxième groupe par vidéoconférence, d'Edmonton, en Alberta. Nous avons James Clover, gestionnaire de projet des opérations électroniques de l'Unité d'évaluation du comportement, du service de police d'Edmonton, ainsi que Robert Aloisio, directeur de l'expansion commerciale, de SafeTracks GPS Solutions Inc.
Tout d'abord, nous voulons vous remercier d'avoir pris le temps et fait l'effort de venir nous dire ce que vous faites. Comme vous le savez, dans notre étude, nous nous intéressons à la surveillance électronique du point de vue du système correctionnel et de libération sous condition, ainsi que de l'exécution de la loi dans le domaine de l'immigration, afin d'en déterminer l'efficacité, la rentabilité et l'état de préparation à la mise en œuvre.
Le comité vous souhaite la bienvenue de loin, jusqu'à Edmonton, et vous remercie. Vous avez peut-être une déclaration liminaire ou des commentaires à faire. Nous aimerions également que vous puissiez répondre à quelques questions des membres du comité.
:
D'accord. Pas de problème.
Il s'agit du principal dispositif que nous utilisons pour la surveillance électronique au Canada. Je vais parler de quelques aspects techniques qui expliquent son intérêt.
La première chose que vous allez voir est le haut-parleur bilatéral intégré. On peut donc communiquer avec le délinquant. C'est parfait pour une infraction aux conditions, une recharge de la pile ou autre. On peut avoir une conférence à trois dans un centre de surveillance et un agent de surveillance peut communiquer directement avec l'appareil. Nous avons également intégré une alerte audio de 95 décibels. Cette fonction est très utile si un délinquant se rend dans un secteur interdit, un secteur d'exclusion. On peut alors déclencher la sirène.
L'élément important de cet appareil est ce que j'appelle le bracelet sécurisé. Il vous sera peut-être difficile de le voir, mais le bracelet sécurisé est renforcé avec du titane et est fixé à la jambe du délinquant. À l'intérieur se trouve un morceau de fibre optique et si le délinquant tente de le briser ou de le retirer, nous entendons immédiatement une alarme à notre centre de surveillance. l'avantage de ce bracelet renforcé au titane est qu'il est très difficile à enlever. Je ne dis pas que c'est impossible, mais le dispositif empêche le délinquant de le retirer. Le matériel est donc un élément important.
Je voulais également vous parler de la partie logicielle. Bien entendu, c'est l'autre aspect de la surveillance électronique: le logiciel est ce à quoi l'appareil est connecté. Nous avons été chercher le meilleur logiciel que nous pouvions trouver. Vous devez savoir que nous l'avons transféré au Canada de sorte que nous avons tous les serveurs, le stockage des données et tout le reste, tout est au Canada. C'est un système complètement autonome, et nous travaillons spécialement pour le Canada.
Nous avons également incorporé un centre de surveillance. Avec cette technologie, on va avoir des infractions, des recharges de pile ou des alertes. Nous avons un centre d'intervention 911 entièrement canadien pour traiter ce genre d'alarmes. Par conséquent, notre solution est construite de bout en bout pour le Canada.
Voilà ce dont SafeTracks voulait parler aujourd'hui.
:
Je suis détective au service de police d'Edmonton depuis presque 15 ans. Je suis actuellement affecté à l'Unité d'évaluation du comportement. Notre tâche principale consiste à surveiller et à évaluer les délinquants à haut risque qui vivent à Edmonton. La plupart des délinquants que mon équipe surveille sont ce que nous appelons des délinquants qui ont contracté un engagement de ne pas troubler l'ordre public aux termes de l'article 810. Il s'agit de délinquants qui ont purgé une peine dans une prison fédérale, n'ont pas bénéficié d'une libération sous condition en raison du risque qu'ils représentent pour la société, qui ont purgé leur peine au complet et n'ont pas obtenu une libération progressive et protégée dans la collectivité. Le rôle de mon unité est notamment de comparaître devant un tribunal et d'obtenir les conditions de surveillance.
Nous avons réussi à obtenir des fonds grâce au ministre de la Justice et procureur général de l'Alberta pour un projet pilote de trois ans visant à utiliser cette technologie pour améliorer notre surveillance. J'encourage les membres du comité, s'ils ne l'ont pas déjà fait, à se renseigner sur ce que fait l'Alberta au sujet de cette recherche à l'Université de Calgary, au Calgary Police Service, à la GRC à Red Deer et au Edmonton Police Service.
Depuis septembre 2010 environ, nous n'avons eu la possibilité d'utiliser cette technologie que dix fois. Il s'agit d'informer le comité dans la perspective de la police... la fonction du groupe d'utilisateurs est la surveillance policière. En général, les délinquants sur lesquels j'utilise cette technologie sont des délinquants sexuels. La surveillance électronique assure une conformité proactive des délinquants aux conditions judiciaires. On peut évaluer le risque en étudiant le style de vie. Les délinquants sont motivés et incités à se conformer et à respecter les conditions et les styles de vie que l'on essaie d'encourager. On essaie de prouver la participation des délinquants dans le cadre des enquêtes en cours ou de les disculper. On essaie de montrer que le Edmonton Police Service et la police en général font de leur mieux pour surveiller les délinquants, les aider à faire la transition avant de retourner dans la société et de maintenir la sécurité publique.
Au moment de décider quand utiliser ces appareils, je pense qu'il est important de tenir compte, par exemple, de l'infraction à l'origine de la peine et des restrictions géographiques. On étudie la victimologie, le fait que les victimes sont étrangères ou familières. On étudie les conditions des heures de rentrée. Y a-t-il des conditions aux heures de rentrée? On étudie les conditions de résidence. Le comportement que l'on tente de surveiller ou de gérer est-il celui d'un prédateur? Le délinquant est-il un récidiviste? Existe-t-il un risque de fuite? Ce délinquant évite-il sciemment la surveillance du SCC ou du Edmonton Police Service? Le délinquant fera-t-il l'objet d'une mesure conservatoire lors de sa prochaine infraction, s'agit-il d'une surveillance à long terme ou d'un délinquant dangereux? Quelle est l'historique de la gestion du délinquant? Qu'avons-nous fait auparavant et que devons-nous faire maintenant? Répétons-nous toujours les mêmes choses ou devons-nous modifier notre façon de travailler avec le délinquant pour que la surveillance soit efficace, à la fois pour lui et pour la société?
Finalement, j'aimerais parler très brièvement des principes qui découlent de tout cela. J'ai établi un certain nombre de principes que mon projet a adoptés, et j'en parle le plus souvent possible. Mais je tiens à souligner qu'il s'agit du point de vue de la police et qu'il ne sera pas nécessairement le même dans le contexte de I'immigration ou du service correctionnel, que la surveillance électronique par GPS ne remplace pas l'incarcération, que la surveillance électronique prive une personne de sa liberté et, en tant que tel, ne devrait être utilisée que lorsque cela est légitime et approprié, et de la façon la plus humaine possible.
La surveillance électronique n'est pas une mesure punitive, mais un outil complémentaire visant à encourager le délinquant à respecter les conditions de surveillance et à fournir à l'équipe de gestion des cas les moyens d'améliorer sa responsabilisation. Dans la mesure du possible, les données de la surveillance électronique ne devraient pas servir de seule source de preuve. Les données devraient être utilisées conjointement avec d'autres conditions, stratégies de gestion et techniques d'enquête.
La surveillance électronique ne peut remplacer la gestion traditionnelle des délinquants ni le soutien communautaire. La surveillance électronique a ses limites, comme toutes les technologies, et devrait servir à compléter la stratégie de supervision propre à chaque délinquant. On doit surveiller de très près la surveillance électronique.
Finalement, la surveillance électronique ne doit pas être une mesure visant à réduire la charge de travail de l'équipe de gestion des cas. Les activités de surveillance électronique par GPS constituent une tâche supplémentaire qui exige de nouvelles capacités. Les opérations de surveillance électronique peuvent être structurées de telle façon, par exemple l'utilisation d'une surveillance par un tiers, qu'elles réduisent les ressources nécessaires pour gérer un délinquant suivi par GPS, mais le recours à la surveillance électronique est une nouvelle responsabilité tant pour le délinquant que pour l'équipe de gestion des cas.
Je veux bien répondre à vos questions.
:
Je vais essayer de décrire le système de façon aussi précise que possible, mais, encore une fois, c'est directement fonction de l'application spécifique.
Quand la communication est constante, notre appareil, et celui-ci en particulier — tenez, je vous le montre encore une fois — a la possibilité d'enregistrer des localisations GPS, qu'il fait parvenir au serveur, ce qui permet de suivre les déplacements du contrevenant minute par minute.
Le grand avantage de notre technologie c'est qu'en fait, elle est hybride. Nous pouvons à tout moment reconfigurer les réglages et faire passer l'intervalle des repérages d'une minute à 15 minutes ou à 30 minutes.
Par ailleurs, nous ne demandons qu'à adapter une application donnée à la situation spécifique d'un contrevenant, en fonction des recommandations reçues, bien entendu.
:
Vous posez une excellente question, et je voudrais essayer d'y répondre également.
Donc, pour que ce soit clair pour tout le monde, cet appareil utilise le système GPS, qui est un système universel de géolocalisation, basé sur un réseau cellulaire servant à transférer les informations, exactement comme votre téléphone cellulaire. Et l'appareil est capable d'envoyer un signal d'alarme à notre centre de surveillance en l'espace de cinq secondes.
Pour répondre à votre question concernant les procédures, l'un des points forts de notre logiciel et de la façon dont notre architecture est conçue, c'est que l'agent chargé de la surveillance — et je vais m'appuyer sur l'inspecteur Clover pour illustrer mon propos — peut se mettre en réseau et sélectionner la mesure à prendre pour chaque alerte en particulier. Imaginons, toujours à titre d'exemple, que le système nous signale un contrevenant sur le point d'entrer dans une zone d'exclusion, là où il n'a pas le droit d'aller. L'agent peut alors décider qu'il veut qu'une sirène soit déclenchée, ou qu'on lui adresse un courriel et que l'on contacte les agents un, deux, trois et quatre, par exemple. Vous voyez donc que nous pouvons moduler les mesures à volonté.
Je me bornerai à dire que ce système permet d'alerter l'agent chargé de la surveillance dans les délais les plus rapides permis par la technologie. Ensuite, bien entendu, c'est à eux de se rendre sur place et d'agir.
:
Je pense que le couvre-feu domiciliaire est un bon exemple d'avantage immédiat. Si je suis obligé de déployer une patrouille de deux hommes de patrouille pour m'assurer que le contrevenant est bien chez lui à 22 heures, cela exige du temps, de l'argent, des ressources et cela me prive de deux hommes de patrouille. Avec la surveillance électronique, j'obtiens ce résultat de façon pratiquement instantanée. Je sais que le contrevenant est chez lui à l'heure prescrite.
Mais il y a d'autres exemples, comme l'évaluation du risque. Une partie de ma tâche consiste à évaluer le risque posé par un contrevenant. Or, ce risque évolue à mesure que le contrevenant traverse différents cycles de criminalité. De mon côté, je peux étudier les données fournies par le GPS. C'est un outil supplémentaire pour évaluer le mode de vie du contrevenant et où il en est de son cycle de criminalité. Par exemple, est-ce qu'il a tendance à se rendre dans les quartiers où se pratique la prostitution? Se trouve-t-il dans un quartier connu pour le trafic de drogues? Ou est-ce qu'il va au travail, comme il nous l'affirme, et mène-t-il une existence conforme à la loi?
Cela dit, si l'on se place sous l'angle de mon unité et de sa mission de maintien de l'ordre, il y a quand même plusieurs inconvénients. Tout d'abord, la continuité du financement. L'argent manque un peu partout et il y a un grand nombre de contrevenants à surveiller. C'est pourquoi je dois sélectionner soigneusement les personnes à qui je fais placer le bracelet. C'est une lourde responsabilité, parce qu'une fois le bracelet posé, c'est à moi et à mon unité qu'il incombe de veiller à suivre les données. Or, ces données me permettent de suivre le contrevenant sur une carte, mais elles ne me disent pas s'il se dispose à violer quelqu'un; elles m'indiqueront simplement l'endroit où il a peut-être violé quelqu'un.
Sur le plan du maintien de l'ordre, le recours à la détention préventive complique les choses. Je ne suis pas en train de préconiser l'utilisation de bracelets de surveillance électronique pour remplacer l'incarcération. Si quelqu'un doit être incarcéré, il n'y a pas d'alternative sur le plan du maintien de l'ordre. C'est au tribunal de décider si une personne doit être détenue ou peut être libérée. Les forces de l'ordre ne sont pas traditionnellement responsables de la surveillance des personnes libérées sous caution, cela relève généralement de la province. En Alberta, nous sommes très regardants quant à l'utilisation de cette technologie avant le déroulement du procès, au moins sous l'angle du travail de la police.
:
Je vois, une sorte de rapport avantages-coûts.
S'agissant de la charge de travail, vous avez absolument raison: lorsqu'on affecte les membres des patrouilles à la surveillance électronique, cela réduit la charge de travail des patrouilles elles-mêmes. Mais il faut alors tenir compte du coût du suivi de la surveillance électronique, de l'installation du bracelet, de la liaison constante avec l'appareil, et de la réception du signal. Donc, je conviens que cela allège quelque peu la charge de travail, mais sans l'éliminer, il faut bien en être conscient.
S'agissant de la surveillance des libérations sous caution, là encore je suis d'accord avec vous, monsieur, pour dire que la police pourra, par exemple, enquêter sur les violations d'ordonnances d'engagement. Mais ce qui est en cause, c'est la surveillance en tant que telle. Quel est l'organisme responsable de suivre les mouvements de l'inculpé avant le procès? Ce que je crains, ce sont des cas comme ceux que nous avons déjà rencontrés, d'individus auxquels on a posé un bracelet avant le procès, qui n'ont donc pas comparu au tribunal et n'ont pas eu de sentence. Étant donné que les tribunaux peuvent prendre deux ou trois ans pour se prononcer, cet individu pourrait être assujetti au port du bracelet pendant toute la période d'attente, du moins en théorie. Alors, qui va en assumer les frais et qui va suivre les données produites par le système? Du point de vue de mon unité de police — c'est-à-dire de trois personnes —, je crains fort que cela ne me retombe dessus.
Quant à votre dernière question, à savoir est-ce que ce système présente des avantages et est-ce que je m'en servirais, la réponse est oui, sans la moindre hésitation. Je pense que le système présente des avantages très spécifiques dans le domaine du maintien de l'ordre. Je pense aux cas de contrevenants à haut risque dont la police assume à présent de façon quasi exclusive la responsabilité du suivi… Je suis également d'accord pour dire que cette technologie représente un outil tout à fait approprié pour le Service correctionnel. Qu'il s'agisse du palier provincial ou du palier fédéral, cela correspond à leur mandat et à leurs besoins, et cela correspond à la mission qu'ils sont censés assumer.
Le système présente donc, sans aucun doute, un avantage du point de vue du maintien de l'ordre, mais dans des cas extrêmement spécifiques: je ne crois pas que j'en ferais une adoption à grande échelle.
:
Merci beaucoup, monsieur Côté.
Nous tenons à remercier nos témoins d'Edmonton de s'être joints à nous aujourd'hui. Laissez-moi vous dire que j'ai trouvé votre présence très utile. Votre exposé et vos réponses aux questions nous ont bien informés sur cette nouvelle technologie et nous ont clairement fait comprendre les préoccupations qu'elles suscitent chez vous.
Nous vous remercions. Nous allons probablement tous attendre que M. Rathgeber nous parle de votre rencontre et de son éventuel examen des bracelets. Vous pourriez lui en faire porter un — je sais que le whip de notre parti serait content de savoir où se trouve M. Rathgeber, lui aussi.
Merci beaucoup d'avoir comparu devant notre comité.
Nous allons suspendre la séance pour un moment, puis nous passerons aux travaux du comité.
[La séance se poursuit à huis clos.]