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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter du projet de loi C-350. Permettez-moi de vous présenter Mme Alexandra Budgell du ministère de la Justice, qui m'accompagne aujourd'hui. Je ferai des observations en notre nom à tous les deux.
Monsieur le président, il est important de préciser dès le départ que le projet de loi C-350 ne s'applique pas seulement aux indemnités qui sont accordées aux délinquants à la suite d'une action ou d'une poursuite en justice contre le Service correctionnel du Canada. Il s'applique aussi aux indemnités qui sont accordées aux délinquants par n'importe quel ministère du gouvernement. Cela dit, j'aimerais prendre quelques minutes pour vous parler du processus en vertu duquel le SCC reçoit et traite actuellement les actions ou poursuites en justice qui sont intentées par les délinquants sous responsabilité fédérale. Ensuite, j'expliquerai comment nous faisons actuellement le suivi de certaines obligations dont les délinquants doivent s'acquitter.
Monsieur le président, les délinquants ont les mêmes droits que les autres citoyens en ce qui concerne l'accès au système de justice. Ainsi, conformément au Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition et aux politiques du SCC, les détenus ont accès, dans des limites raisonnables, aux services d'un avocat et aux tribunaux ainsi qu'à des textes juridiques. Les délinquants peuvent avoir recours au système d'aide juridique d'une province, ou encore retenir les services d'un avocat du secteur privé et régler les frais de justice avec leurs propres fonds.
La plupart du temps, les actions en justice qu'intentent les délinquants contre le SCC portent sur des décisions ou des mesures précises: réponse du SCC à un grief, réévaluation de la cote de sécurité, transfèrement. Cela comprend aussi les cas où un délinquant subit des blessures physiques et estime que le SCC est en faute. Dans des cas comme ceux-là, le SCC est habituellement représenté par un avocat du ministère de la Justice. Si l'avocat détermine que le SCC peut, en vertu de la loi, être tenu responsable et que le délinquant a subi des dommages, un règlement à l'amiable peut être conclu. Sinon, le SCC contestera l'action en cour.
En plus de ce cadre juridique officiel, le SCC possède un cadre de politique qui explique comment les délinquants qui ont subi une perte peuvent présenter une réclamation. La Directive du commissaire no 234, intitulée « Réclamations concernant des effets personnels d'employés et de détenus et programme d'indemnisation des délinquants en cas d'accident », décrit la marche à suivre lorsqu'un détenu souhaite présenter une réclamation contre l'État. Selon cette directive, une réclamation peut être présentée lorsqu'on détermine que le SCC n’a pas pris toutes les mesures raisonnables pour protéger les effets du délinquant. La directive mentionne également qu'une réclamation peut être présentée dans les cas où des effets personnels ont été endommagés ou perdus. Lorsqu'un délinquant présente une réclamation, le SCC examine les circonstances entourant les incidents afin de déterminer s'il y a eu négligence de la part du SCC ou du délinquant
Si l'on conclut qu'il y a eu négligence de la part du SCC, la réclamation est acceptée et un montant pouvant aller jusqu'à la valeur de remplacement de l'article est versé au délinquant. Si le SCC refuse la réclamation, et que le délinquant n'est pas d'accord avec cette décision, on l'informe qu'il peut se prévaloir de la procédure officielle de règlement des plaintes et des griefs des détenus.
Le SCC possède déjà certaines informations sur les obligations financières des délinquants, notamment sur les ordonnances de dédommagement des victimes, les suramendes compensatoires et les amendes municipales, provinciales ou fédérales. Ces informations nous sont transmises directement par les tribunaux et sont consignées dans le Système de gestion des délinquants, ou le SGD.
Puisque le projet de loi C-10 oblige maintenant le SCC à inclure les obligations imposées par un tribunal dans le plan correctionnel des délinquants, nous sommes en train de mettre le SGD à jour pour qu'il soit plus facile de consigner les obligations civiles et criminelles des délinquants et d'en assurer le suivi. À l'heure actuelle, nos processus se résument à enregistrer l'information dès qu'on en prend connaissance et à encourager les détenus à accepter leurs responsabilités financières telles qu'attribuées par la cour. Le projet de loi C-350 exigerait que le SCC élabore un processus différent pour dépister et enregistrer les dettes des délinquants. Ce processus inclurait des attestations formelles de tous les créanciers concernant la dette en question et les montants dus.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, j'aimerais vous remercier encore une fois de me donner l'occasion de comparaître devant vous pour discuter des effets du projet de loi C-350 sur le SCC. En terminant, je tiens à vous rappeler que le SCC considère la réadaptation comme un engagement à double sens. Le SCC doit offrir aux délinquants la possibilité d'acquérir les compétences dont ils ont besoin pour changer leur comportement criminel. En retour, les délinquants doivent utiliser les outils et les possibilités que nous leur offrons pour retourner dans la société en tant que citoyens productifs et respectueux des lois. Nous devons prendre des mesures qui permettent aux délinquants d'être davantage responsables de leur réadaptation et d'avoir davantage de responsabilités envers la société.
Nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, madame Budgell et monsieur Toller, de votre présence ici. Nous sommes heureux de vous accueillir parmi nos premiers témoins.
Nous avons parlé au parrain du projet de loi et nous avons entendu son témoignage. Nous avons maintenant une bonne idée des raisons pour lesquelles il a présenté le projet de loi. Il a beaucoup parlé des gens de sa circonscription qui sont ou qui ont été victimes d'actes criminels. Il a également insisté sur le fait que les enfants et les conjoints des détenus sont, eux aussi, des victimes. Bien souvent, ils subissent les conséquences des actes commis par le détenu, notamment l'arrêt de paiements comme les pensions alimentaires au profit d'un enfant ou d'un époux.
Bref, nous avons une bonne idée des raisons, mais nous sommes ravis que vous soyez ici afin de répondre à quelques questions très précises.
Monsieur Toller, dans vos observations, vous avez dit que vous vouliez préciser, dès le départ, que le projet de loi s'applique non seulement aux indemnités qui sont accordées aux délinquants à la suite d'une action ou d'une poursuite en justice contre le Service correctionnel du Canada, mais aussi à celles qui sont accordées aux délinquants par n'importe quel ministère du gouvernement.
Vous avez expliqué comment les indemnités seraient accordées dans le contexte du SCC. Qu'en est-il des indemnités versées aux délinquants par d'autres ministères? Pourriez-vous nous expliquer ce point ou nous en donner quelques exemples?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Toller et madame Budgell, de comparaître aujourd'hui.
De ce côté-ci de la Chambre, nous avons voté pour que le projet de loi soit renvoyé au comité, parce que nous reconnaissons que l'idée d'encourager la responsabilisation est un bon principe. Toutefois, nous nous interrogeons au sujet des mécanismes prévus dans le projet de loi.
Monsieur Toller, à la fin de vos observations — que j'ai d'ailleurs trouvé fort judicieuses —, vous avez dit ceci:
Nous devons prendre des mesures qui permettent aux délinquants d'être davantage responsables de leur réadaptation et d'avoir davantage de responsabilités envers la société.
Cela laisse entendre, me semble-t-il, que le projet de loi n'est qu'un des outils nécessaires pour la réadaptation, la réinsertion, etc. Quelle priorité accorderiez-vous aux autres outils mis à votre disposition, outre le projet de loi, pour promouvoir le sens des responsabilités chez les délinquants?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Budgell et monsieur Toller, je vous remercie d'être ici pour répondre à nos questions sur le projet de loi .
Il y a des propositions intéressantes, surtout en ce qui a trait à l'appui aux victimes.
Je suis aussi intéressée par la réhabilitation des délinquants. J'ai rencontré, il a quelques semaines, un directeur de prison qui m'expliquait qu'il fonctionnait beaucoup avec la réhabilitation. Il me disait qu'une telle personne pourrait habiter à deux maisons de chez moi et qu'il voulait que cette personne redevienne un bon citoyen et qu'elle ne soit plus dangereuse pour la communauté. On fonctionne aussi beaucoup avec la réhabilitation, au Québec.
J'ai vu dans vos remarques, à la fin de votre allocution, que vous parlez d'acquisition de compétences dont les délinquants auraient besoin pour changer leur comportement criminel. Comment pourrait-on appliquer l'acquisition de compétences à ce type de projet de loi ou à cette façon de faire? Y aurait-il une façon de faire pour mettre en oeuvre le projet de loi C-350, ou les mesures qu'il contient, tout en responsabilisant, et peut-être en impliquant les détenus dans le processus?
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Merci. J'aimerais répondre en anglais, si vous le permettez. Mon français n'est pas très bon.
[Traduction]
C'est une question très intéressante. Comme certains l'ont indiqué plus tôt, le volet financier de la responsabilisation des délinquants n'est qu'un élément de la boîte à outils. Est-ce que ce serait raisonnable, donc, pour notre personnel, si vous jetez un coup d'oeil...? Je vais prendre les suramendes compensatoires comme exemple. Dans les cas où les suramendes compensatoires n'ont pas été levées par les tribunaux, on en discuterait sérieusement avec le personnel concerné, à savoir si accepter une telle responsabilité pourrait préparer les détenus à réintégrer la société.
Avec tout ce que cela implique de finir ses études, d'acquérir des compétences de travail, de changer ses fréquentations, de se dissocier d'un gang, de surmonter les dépendances qui ont peut-être mené à la détention — problèmes de drogues, de maîtrise de la colère ou toute autre difficulté du genre —, il n'est pas rare que nous commencions à planifier leur retour dans la société dès le premier jour. Et les membres de la famille prennent part au processus lorsque le détenu a un réseau de soutien. Les réseaux de soutien peuvent se présenter sous différentes formes.
Si les détenus ont des dettes non payées, peu importe leur nature, on les encouragera toujours à accepter leurs dettes et à accepter leurs obligations envers la société, de façon à les rendre responsables.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, bonjour.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui concerne la responsabilisation des délinquants.
[Traduction]
Comme vous le savez peut-être, le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels a été créé pour donner une voix aux victimes au niveau fédéral.
Nous le faisons grâce à notre mandat, qui est le suivant: recevoir et examiner les plaintes des victimes; promouvoir les programmes et les services fédéraux offerts aux victimes d'actes criminels et en faciliter l'accès, en fournissant de l'information et des services d'aiguillage; promouvoir les principes fondamentaux de justice pour les victimes d'actes criminels; faire connaître au personnel du système de justice pénale et aux responsables des orientations politiques les besoins et les préoccupations des victimes; cerner les nouveaux enjeux et les problèmes systémiques qui ont un impact négatif sur les victimes d'actes criminels.
Le bureau aide les victimes de deux façons: individuellement et collectivement. Nous aidons les victimes individuellement en leur parlant tous les jours, en répondant à leurs questions et en donnant suite à leurs plaintes. Nous aidons les victimes collectivement en examinant d'importants dossiers et en formulant des recommandations à l'intention du gouvernement fédéral afin qu'il améliore ses lois, ses politiques et ses programmes pour mieux soutenir les victimes d'actes criminels.
J'aimerais remercier le comité de m'avoir invitée aujourd'hui pour parler du remboursement des dettes des délinquants, au titre d'une ordonnance rendue par un tribunal, et de ses incidences sur les victimes d'actes criminels.
S'il est adopté, le projet de loi contribuera à faire en sorte que les délinquants soient tenus responsables de leurs dettes monétaires, y compris les montants qu'ils doivent verser au titre d'une ordonnance alimentaire au profit d'un enfant ou d'un époux ou au titre d'une ordonnance de dédommagement, les suramendes compensatoires fédérales et les montants à verser au titre d'un jugement rendu par un tribunal civil. Les délinquants qui réussissent à obtenir une indemnité monétaire du gouvernement seraient donc tenus de s'acquitter des obligations qui leur sont imposées par le tribunal.
Concernant le dédommagement et la suramende compensatoire fédérale, ce projet de loi établit un mécanisme par lequel les délinquants seront en outre tenus responsables de réparer les torts qu'ils ont causés aux victimes, mécanisme qui renforce le sens de la responsabilité et la responsabilisation. À l'instar des mesures de saisie déjà prévues par la législation fédérale qui permettent de verser une pension alimentaire à l'époux et à l'enfant, ce projet de loi ira plus loin pour assurer que les délinquants soient responsables de leurs dettes.
Notre bureau appuie les mesures visant à mieux répondre aux besoins des victimes d'actes criminels. Puisque le projet de loi accentue la responsabilité des délinquants et vise à faire en sorte que les victimes d'actes criminels reçoivent l'argent qu'on leur doit et qu'elles aient accès à des services à la suite d'un acte criminel, notre bureau est en faveur de l'adoption de ce projet de loi.
Pour vous donner une idée des conséquences financières de la victimisation, une récente étude du ministre de la Justice estime que l'ensemble des coûts tangibles et intangibles des infractions au Code criminel commises au Canada en 2008 s'élevaient à environ 99,6 milliards de dollars. En tenant compte des coûts combinés mesurés dans cette étude, on estime que le fardeau financier imposé aux victimes, qui peut inclure la perte de salaires, les dépenses liées aux soins médicaux, aux biens volés et aux dommages matériels, correspond à 83 p. 100 du coût total de la criminalité. C'est tout à fait inacceptable.
Compte tenu de ce fardeau, les mesures concrètes de soutien, y compris le dédommagement et la suramende compensatoire fédérale, deviennent extrêmement importantes pour les victimes. Elles permettent de compenser les pertes et de faciliter l'accès à des services grandement nécessaires. Elles permettent aussi de reconnaître les torts causés aux victimes et de réparer ces torts au nom des délinquants.
En outre, quand on sait que la victimisation se produit souvent dans un contexte familial, le versement d'une pension alimentaire au profit de l'époux ou de l'enfant peut être extrêmement important pour les victimes. Diverses statistiques servent à établir les liens familiaux entre les délinquants sous responsabilité fédérale et leurs victimes, dont le nombre d'homicides résolus en 2009; cette statistique montre que 33,6 p. 100 des victimes ont été tuées par un membre de leur famille. Comme on estime que les victimes d'actes criminels supportent 83 p. 100 des coûts de la criminalité et que les délinquants sous responsabilité fédérale sont souvent des membres de la famille des victimes, il est nécessaire, pour répondre aux besoins des victimes d'actes criminels, d'adopter des mesures pour que les victimes reçoivent le remboursement des dettes qu'on leur doit, y compris les pensions alimentaires, ainsi qu'un dédommagement.
Le dédommagement est un paiement que le délinquant verse à une victime pour couvrir les dépenses résultant de l'acte criminel, comme les dépenses liées à la perte de propriété, aux dommages matériels ou aux blessures. Lorsqu'une ordonnance de dédommagement est rendue, le délinquant doit verser le montant prescrit directement à la victime nommée dans l'ordonnance. À défaut de paiement, la victime peut s'adresser à un tribunal civil et recourir aux mesures d'exécution civile pour le recouvrement des sommes dues.
Les conseils et les services d'un avocat sont souvent nécessaires pour entreprendre ces démarches de recouvrement, qui peuvent être excessivement coûteuses. Pour les victimes d'actes criminels qui ont déjà subi une perte et un traumatisme, le fait de devoir retracer les sommes d'argent qu'on leur doit par suite d'un acte criminel commis contre elles constitue un autre fardeau juridique et financier très accablant. On ne peut et on ne doit pas accepter cette réalité. Les victimes ne méritent pas d'être victimisées à nouveau. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire et opportun d'adopter des mesures qui faciliteront le dédommagement des victimes par les délinquants.
Outre le dédommagement, la suramende compensatoire fédérale est aussi un paiement important fait par les délinquants pour soutenir financièrement les services offerts aux victimes par les provinces et les territoires. Elle permet aussi d'établir un lien entre l'infraction commise et la responsabilité du délinquant envers la victime. Le gouvernement a récemment annoncé qu'il allait déposer un projet de loi pour doubler et appliquer automatiquement la suramende compensatoire fédérale. Il s'agit d'une mesure très positive prise à la suite des recommandations formulées par notre bureau.
Le fait de doubler et d'appliquer automatiquement la suramende permettra certes de mieux répondre aux besoins des victimes, mais il est nécessaire de se doter de mécanismes comme le projet de loi pour garantir que les délinquants versent cette suramende et s'assurer ainsi que les services provinciaux et territoriaux offerts aux victimes reçoivent le financement dont ils ont besoin et qu'ils méritent. Ce projet de loi est une mesure modeste qui contribuera à la responsabilisation des délinquants.
Toutefois, des mesures doivent être mises en oeuvre pour garantir que les délinquants versent les sommes prescrites par les tribunaux, peu importe qu'ils aient reçu ou non une indemnité monétaire du gouvernement; les délinquants seront ainsi tenus responsables de leurs dettes et les torts faits aux victimes seront réparés. À cette fin, mon bureau a présenté plusieurs recommandations au gouvernement pour faciliter la réparation des torts faits aux victimes et pour obliger les délinquants à respecter les ordonnances des tribunaux à l'égard des victimes.
Ces recommandations ont été formulées dans notre dernier rapport, intitulé Réorienter la conversation. Les voici: obliger les juges à envisager la possibilité de rendre une ordonnance de dédommagement dans tous les cas où l'infraction a fait une victime et à motiver leurs décisions de ne pas rendre une telle ordonnance, en adoptant des dispositions semblables à celles relatives à la suramende compensatoire fédérale; conférer aux victimes le droit de demander un dédommagement et le droit de porter en appel une décision rejetant cette demande; remettre aux victimes des lignes directrices détaillées sur la façon d'étayer leurs pertes en vue d'obtenir un dédommagement; ne plus exiger que le montant du dédommagement soit facilement déterminable ou permettre au tribunal de rendre une ordonnance de dédommagement dont le montant est « à déterminer » si tous les frais ne sont pas connus au moment de l'infliction de la peine; examiner la capacité du gouvernement fédéral de déduire le montant du dédommagement des paiements fédéraux, comme les chèques de remboursement de TPS et les prestations d'assurance-emploi; tenir les délinquants responsables en imposant des conditions qui font en sorte qu'ils se conforment aux ordonnances de dédommagement et à la suramende compensatoire fédérale et en autorisant le Service correctionnel du Canada à déduire des montants raisonnables du revenu d'un délinquant.
Ces recommandations adressées au gouvernement visent à faciliter la réparation des torts faits aux victimes et à obliger les délinquants à respecter les ordonnances des tribunaux à l'égard des victimes.
En conclusion, si le projet de loi est adopté, il contribuera à faire en sorte que les délinquants soient tenus responsables des dettes monétaires qu'ils doivent, y compris les pensions alimentaires au profit de l'époux et de l'enfant, le dédommagement, la suramende compensatoire fédérale et les décisions rendues par les tribunaux civils. Ce projet de loi permettra d'assurer que les délinquants qui réussissent à obtenir des indemnités monétaires du gouvernement soient obligés de payer leurs dettes conformément aux ordonnances des tribunaux.
Pour une victime, qu'un délinquant rembourse ses dettes financières, en versant notamment un dédommagement et la suramende compensatoire fédérale, lorsqu'il reçoit une indemnité monétaire semblerait relever du simple bon sens. En fait, bon nombre de victimes et même la majorité des Canadiens seraient probablement surpris d'apprendre que ce n'est pas déjà le cas.
Pour cette raison, nous appuyons l'adoption du projet de loi . Toutefois, les députés doivent comprendre qu'il faudra des solutions plus globales, au-delà des mesures proposées par ce projet de loi, pour que les délinquants soient tenus davantage responsables à l'égard des dédommagements prescrits par les tribunaux et de la suramende compensatoire fédérale.
Merci. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Je savais que M. Toller témoignerait avant moi, et j'ai donc essayé de voir combien d'argent entrerait en jeu. Je crois avoir obtenu les mêmes données que M. Toller a présentées, ou des données semblables.
Mais je peux vous dire que, tous les jours, nous entendons des victimes d'actes criminels de partout au pays. Lorsque nous parlons des coûts de la criminalité, ce sont des coûts tangibles et intangibles, et ce sont de vraies personnes qui sont touchées. Je comprends que je parle ici à titre d'ombudsman fédérale, et que la responsabilité des services directs aux victimes relève en grande partie des provinces et des territoires, mais je peux vous dire qu'il n'y a pas... Nous devons trouver de meilleures façons d'alléger le fardeau financier des victimes d'actes criminels.
Encore une fois, je comprends pourquoi il était si important d'imposer la suramende compensatoire fédérale, qui sert à financer directement les provinces et les territoires qui fournissent ces services. Des victimes des quatre coins du Canada n'ont pas les moyens de payer des services de counselling — et je sais qu'il s'agit d'une responsabilité provinciale — ou de payer les services de base dont elles ont besoin. Il faut donc faire tout ce que nous pouvons pour assurer ces services et éliminer le fardeau financier des victimes d'actes criminels.
Il y a six ans seulement, nous avons commencé à soutenir financièrement les victimes pour qu'elles assistent aux audiences de libération conditionnelle, en leur fournissant le transport de base et l'hébergement à cette fin. Nous avons commencé à offrir ce financement il y a environ six ans. Nous parlons donc d'un soutien très élémentaire — d'un soutien concret — pour les victimes d'actes criminels, qui portent le fardeau des coûts de la criminalité dans notre pays.
Il s'agit donc d'une mesure modeste. Par ailleurs, j'ai dit à la fin de ma déclaration que le projet de loi est une mesure parmi d'autres, mais que nous devons examiner toute la question du dédommagement.
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Très bien. Je crois qu'il est important de constater qu'il y a un lien entre le gouvernement fédéral et les ordonnances des tribunaux de la famille. Il est possible que le gouvernement fédéral n'ait pas la capacité d'intervenir directement pour faire en sorte que les délinquants assument leurs responsabilités familiales, mais il y a une composante fédérale ici.
Je vous remercie d'avoir attiré notre attention sur cet aspect, parce que je pense qu'il faut nous le rappeler de temps à autre.
Je crois — en fait, j'en suis certain, et vous l'avez mentionné dans votre déclaration préliminaire — que le projet de loi place les préoccupations des victimes avant les criminels. Du moins, c'est l'impression que j'ai. Nous constatons, ou du moins j'ai constaté dans le cadre de mes fonctions antérieures, et je crois que vous pouvez l'affirmer également, qu'il y a tout un système de freins et de contrepoids qui tient compte des gens qui sont amenés devant le système de justice pénale. En fait, le système se concentre sur la personne accusée. Évidemment, comme nous l'avons vu dernièrement dans les journaux et dans les efforts déployés par le gouvernement actuel et d'autres organismes comme le vôtre, on constate que la victime devrait occuper une place tout aussi importante dans notre système de justice pénale.
Je me demande si vous croyez que, par ce projet de loi, on commence à s'occuper des victimes, du sort des victimes, en tenant compte des circonstances dans lesquelles une personne est accusée. Autrement dit, pour utiliser un langage simple, croyez-vous que ce projet de loi place les préoccupations de la victime avant le criminel?
Je me demande également si vous pouvez parler davantage, comme vous l'avez mentionné, des nouvelles épreuves subies par les victimes...
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame O'Sullivan, d'être présente et de nous faire part de votre façon de voir les choses. Il est franchement agréable d'entendre un point de vue différent autour de cette table. Compte tenu de votre travail, notamment, vous connaissez bien les besoins des victimes.
Je suis d'accord sur plusieurs aspects du projet de loi . Normalement, dans une société, une personne doit s'acquitter de ses obligations. En fait, toutes les victimes devraient avoir accès à une indemnisation de ce genre. Dans votre rapport, qui appelle à un plus grand respect pour les victimes, vous avez émis plusieurs recommandations très intéressantes, qui devraient être prises en considération.
Comme vous, nous croyons que le projet de loi comporte des améliorations, surtout par rapport à celui qui l'a précédé, soit le projet de loi C-292. Entre autres, les indemnités vont désormais être partagées de façon plus égale entre toutes les parties. Il y a en outre un ordre de priorité établi.
Par contre, le projet de loi ne semble s'attaquer qu'à une petite partie de ce grand problème qu'est l'indemnisation des victimes. Aimeriez-vous que d'autres améliorations soient apportées à ce projet de loi? J'irais même un peu plus loin en vous posant la question suivante. Si vous aviez la possibilité d'amender ce projet de loi ou de le rendre plus parfait, quels changements proposeriez-vous?
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Je vous remercie de poser cette question, parce que j'aimerais ajouter toutes les recommandations ayant trait au dédommagement qui ont été formulées dans notre rapport
Réorienter la conversation.
Je crois que nous parlons d'équilibre ici. Ce projet de loi concerne, comme je l'ai dit... J'essaie de trouver les données pour voir ce que seraient les sommes d'argent réelles, qui sont plus modestes. Nous parlons des coûts énormes de la criminalité, et je crois que les recommandations sur le dédommagement que nous avons présentées dans le rapport visent très précisément à faire en sorte que le Canada prenne un virage fondamental et commence à s'occuper des victimes et des pertes qu'elles ont subies.
Encore une fois, lorsque je m'adresse aux comités, je tient à parler d'équilibre parce qu'une solution n'exclut pas l'autre. Quand on songe à notre système de justice pénale ainsi qu'à la santé et à la sécurité des communautés, on inclut tout, de la prévention jusqu'à l'intervention, jusqu'à l'intervention précoce et jusqu'où nous mène notre système de justice pénale. Dans bien des cas, les besoins des victimes débordent du cadre du système de justice pénale et ne disparaissent pas lorsque le procès se termine.
Nous pouvons commencer avec certaines recommandations très pratiques que nous avons formulées dans ce rapport. Je songe à l'annonce récente d'une mesure qui rend obligatoire la suramende compensatoire et qui fait doubler cette somme, ce qui permettra de recueillir des fonds pour les provinces et les territoires. Mais je crois aussi qu'il faut prendre des mesures très concrètes pour assurer un dédommagement réel et voir comment nous gérons tout cela au niveau national.
L'une des choses qui revient souvent dans ces conversations — et j'ai eu l'occasion d'en entendre quelques-unes également —, c'est la capacité de payer du délinquant, compte tenu des petites sommes d'argent qu'il gagne. Toutefois, lorsqu'il est libéré...
Il existe un programme aux États-Unis que nous devrions peut-être examiner. Je dois faire un peu plus de recherche à ce sujet. Ce programme touche à la responsabilité financière du détenu. Il s'agit essentiellement de travailler avec les détenus pour qu'ils comprennent ce que signifie la responsabilité financière, y compris le remboursement des dettes lorsqu'ils retrouvent leur liberté et réintègrent la société. Cela nous ramène à certains commentaires qui ont été exprimés, à savoir que ces dettes sont encore en souffrance. Je réitère ma position en disant que même si beaucoup ont de la difficulté à rembourser ces dettes, je vais songer d'abord aux victimes.
Alors qu'elles peuvent obtenir certains services de base, les victimes comprennent que la majorité des délinquants réintègrent la société et elles ne veulent pas qu'ils récidivent. Aucune des victimes que j'ai rencontrées ne souhaite cela. Elles vous diront qu'elles ne veulent pas que d'autres subissent ce qu'elles ont subi. Elles comprennent que les détenus ont besoin d'aide lorsqu'ils sont incarcérés et lorsqu'ils réintègrent la société. Ce qu'elles ne peuvent pas comprendre, c'est pourquoi elles n'ont pas accès au soutien qui est offert aux délinquants.
Il s'agit donc de rééquilibrer les choses et de mettre de l'avant des mesures pratiques pour vraiment alléger le fardeau financier des victimes. Quand on sait que 83 p. 100 des coûts tangibles et intangibles de la criminalité au Canada sont assumés par les victimes, il faut trouver de nouvelles façons de faire. Il y a donc des recommandations très positives dans le rapport.
Je vous remercie d'avoir posé cette question.
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Pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas vous parler d'un cas particulier, mais je peux vous dire ce que nous entendons souvent. Si une victime communique avec notre bureau pour une affaire qui ne relève pas du gouvernement fédéral, nous l'aiguillons vers le service qui pourra lui fournir la meilleure information possible. Nous recevons donc des appels concernant des mesures de soutien ou d'aide financière, qui relèvent des provinces. Nous les dirigeons donc vers le bureau provincial ou territorial approprié, en particulier si le problème concerne une pension alimentaire ou ce type de soutien familial.
Je vous remercie de poser cette question parce que, lorsqu'on parle du coût de la criminalité et du manque de ressources pour les victimes, nous essayons de mettre un visage humain sur tout cela. Quiconque nous écoute ici peut penser à une personne qu'il connaît et qui a été victime d'un acte criminel. Il y a des choses extraordinaires qui se font dans notre pays également, quand on songe à l'aide de première ligne et aux gens qui font un travail phénoménal pour offrir cette aide. Il ne faut pas le perdre de vue. Il faut s'assurer qu'ils obtiennent les ressources nécessaires pour offrir ce service. C'est pourquoi nous devons chercher, si je peux dire cela, à respecter les mandats des gouvernements, mais aussi à réfléchir ensemble, stratégiquement, sur la façon de se mobiliser et d'offrir ce soutien. C'est exactement l'objet de votre étude.
Ce que nous propose ce projet de loi, que nous appuyons, c'est une liste de priorités très pratique. Toutefois, je pense que nous devons trouver, au Canada, de meilleures façons de soutenir les victimes d'actes criminels par des mesures d'aide financière concrètes, parce que les services qui sont offerts varient dans l'ensemble du pays, selon ce que les provinces et les territoires peuvent mettre en place. Pour dire vrai, il y a aussi l'éloignement des régions et l'accès qui entrent en jeu. J'entends parler des problèmes de capacité et des besoins de formation également.
Il y a toute une série de questions qu'il faut examiner. Mais, au bout du compte, les victimes d'actes criminels dans notre pays devraient pouvoir obtenir l'aide dont elles ont besoin. Je répète que chaque victime est unique. Ces mesures de soutien peuvent prendre la forme d'une aide financière pour certains, d'une aide au logement, d'un accompagnement tout au long du processus judiciaire ou d'un counselling à long terme. Les victimes d'actes criminels ont donc des besoins très concrets, et nous devons nous assurer qu'elles ont accès à ces mesures d'aide en temps opportun.
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Je vais laisser M. Toller vous répondre concernant les comptes des délinquants et les questions qui s'y rattachent.
Je veux dire que je suis ici pour appuyer le projet de loi , car il contribuera à faire en sorte que les contrevenants soient tenus responsables de leurs dettes.
Pour ce qui est de la question plus générale du dédommagement, je ne vais pas répéter toutes nos recommandations; vous les trouverez dans notre rapport dont nous vous avons remis des exemplaires. Je pense que nous devons tenir compte du tableau global.
J'ai trouvé quelques données par l'intermédiaire du bureau du directeur des relations parlementaires du SCC concernant ces indemnités accordées à des délinquants. Il faut toutefois préciser que le SCC ne conserve pas de statistiques sur les réclamations de moins de 1 000 $ contre la Couronne. Les données ne sont donc pas exhaustives, mais j'ai pu notamment constaté que les réclamations contre la Couronne ont totalisé 2 500 000 $ entre 2006 et 2007. De ce total, des indemnités de 279 000 $ ont été versées à des détenus dans 26 causes. Il existe donc certaines données, mais je répète qu'elles ne sont pas exhaustives et que ce ne sont pas les miennes.
Je me suis renseignée auprès de Statistique Canada concernant toutes les ordonnances de dédommagement dans les cas de condamnation par un tribunal pénal pour adultes, mais il n'existe pas de données détaillées. Elles sont regroupées selon l'instance — fédérale, provinciale ou territoriale. Par exemple, en 2009-2010, il y avait plus de 6 000 cas de condamnation, près de 7 000 en fait, par un tribunal de juridiction criminelle pour adultes qui prévoyaient le dédommagement par le coupable.
En analysant ces données, j'ai constaté que les dédommagements peuvent entre autres être problématiques parce que, dans bien des cas et pour bien des motifs différents, les tribunaux n'en ordonnent pas l'exécution.
Si vous êtes victime d'un acte criminel et souhaitez obtenir un dédommagement, vous devez en faire la demande au prononcé de la peine. À titre d'exemple, si j'ai subi une perte matérielle ou une blessure découlant de voies de fait qui m'a fait perdre deux semaines de rémunération, je dois produire la preuve des pertes encourues au moment du prononcé de la peine. Si personne ne me le dit, je ne saurai jamais que c'est ce que je dois faire. Je dois produire des reçus et des factures à l'appui de ma réclamation. Il faut aussi demander au procureur de la couronne de réclamer le dédommagement.
C'est une problématique très vaste. Je sais que vous n'avez pas beaucoup de temps, mais je souhaitais vous en brosser un tableau général.
Même lorsqu'une ordonnance de dédommagement est effectivement rendue, la victime doit poursuivre le contrevenant au civil s'il ne verse pas les sommes dues. Nous devons mettre en place les cadres nécessaires pour que le processus de dédommagement se déroule plus efficacement au Canada.
Merci.
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Parmi les choses qui m'ont interpellée à l'écoute des informations fournies par le Service correctionnel du Canada, il y a l'absence des mécanismes et des cadres nécessaires pour déterminer la façon dont les délinquants peuvent verser un dédommagement.
Je répète qu'il nous faut absolument voir à ce que ces mécanismes et ces cadres soient en place. Il semblerait qu'il nous soit même impossible d'obtenir des données exhaustives sur le nombre d'indemnisations accordées, l'identité des bénéficiaires, l'endroit où les sommes se retrouvent et des choses semblables.
J'ai bien pesé mon intervention en m'interrogeant sur la volonté véritable de participer au processus. C'est pourquoi j'ai cité comme exemple le programme de responsabilité financière des détenus aux États-Unis. La mise en place d'un tel programme et la transmission de ces compétences peuvent permettre d'en faire bien davantage une fois qu'un contrevenant est de retour dans la collectivité.
Je reprends certaines des observations de l'un des membres ici présents en indiquant qu'au bout du compte, il y a des sommes qui sont dues. C'est une question de responsabilisation.
Il s'agit d'intégrer une perspective à plus long terme. Certains dossiers peuvent être réglés rapidement, mais d'autres exigent plus de temps. Nous devons réfléchir à ces considérations.
J'en reviens aux recommandations formulées dans le rapport. Vous y verrez qu'il s'agit surtout de mettre en place un cadre qui nous permettra de suivre la situation et de rendre des comptes à l'égard de tous les éléments en cause, de la suramende compensatoire fédérale jusqu'aux ordonnances de dédommagement. Il convient toutefois également d'examiner la situation de façon plus générale pour toutes les questions concernant le dédommagement et le soutien financier concret aux victimes.