:
Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à vous dire que le gouvernement souscrit totalement à l'intention du projet de loi . Mme James a présenté ce projet de loi dans le but de donner au commissaire le pouvoir d'empêcher un contrevenant de faire des plaintes vexatoires ou entachées de mauvaise foi.
Lors du débat en deuxième lecture, j'ai indiqué que le gouvernement allait proposer à l'étape du comité des amendements visant à renforcer ce projet de loi, et c'est justement ce que je fais avec celui-ci. Cet amendement aurait différents effets que je vais vous exposer, de manière à ce que chacun sache bien ce que nous souhaitons accomplir.
Nous voulons nous assurer que le projet de loi est conforme à la loi et au règlement en vigueur. Cette motion modifierait le projet de loi pour veiller à ce qu'il atteigne l'objectif visé, soit limiter le nombre de plaintes formulées par des réclamants quérulents et de mauvaise foi, tout en réglant les difficultés opérationnelles qui s'ensuivent. Nous voulons aussi faire en sorte que le libellé du projet de loi soit conforme au reste de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (LSCMLC).
Une très faible proportion des dispositions actuelles de cette loi sont mises en application par voie législative. Comme M. Sapers nous l'indiquait également, c'est par le truchement du règlement que la plupart de ces dispositions s'appliquent. Lorsque Mme James a présenté son projet de loi, elle a bien évidemment opté pour la voie législative, car elle ne pouvait pas faire autrement. Le gouvernement souhaite aller de l'avant dans la quête des résultats visés par ce projet de loi, mais veut aussi procéder de manière conforme au libellé de la loi.
Selon la loi en vigueur, le processus de règlement des griefs est défini dans le Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. L'amendement proposé permet le traitement des plaintes vexatoires et non fondées via l'application des dispositions réglementaires qui régissent le processus de règlement des griefs. Il s'agit de faire en sorte que le projet de loi soit conforme au mode de règlement des griefs établis dans la LSCMLC.
Comme je l'ai indiqué, ce processus est actuellement défini dans la réglementation. Certains témoins y ont également fait allusion. Le gouvernement est d'avis que l'on devrait continuer d'utiliser pour ce faire le règlement de préférence à la loi.
Comme je le soulignais, M. Sapers semble également partager cette opinion. Je conviens qu'il ne ressort pas nécessairement de son témoignage une approbation des objectifs visés par ce projet de loi, mais il a bel et bien dit qu'il était plus logique que cela se fasse par voie réglementaire, plutôt qu'au moyen de la loi. Il a reconnu lors de sa comparution que l'ajout d'un « fardeau législatif » rendrait plus difficile et plus coûteuse l'administration du processus de règlement des griefs.
Nous sommes d'accord. C'est pourquoi cet amendement fait tomber l'administration du processus de grief sous le coup du règlement, plutôt que de la loi. C'est le premier résultat visé.
Deuxièmement, l'amendement proposé au projet de loi permettra au commissaire d'interdire à un délinquant de présenter une nouvelle plainte ou un nouveau grief, sauf avec son autorisation, s'il a de façon persistante présenté des plaintes ou des griefs mal fondés, vexatoires ou entachés de mauvaise foi.
En l'absence d'un tel amendement, le commissaire ne serait malheureusement pas autorisé à empêcher les plaignants quérulents de présenter autant de plaintes qu'ils le désirent. Nous voulons donc que cette autorisation soit stipulée dans la loi, mais appliquée au moyen du règlement. Je traiterai plus tard du règlement afin que tous soient bien assurés de la bonne marche du processus.
En outre, l'amendement aurait pour effet de porter de six mois à un an le délai de réexamen des interdictions visant les plaignants quérulents. Suivant certains témoignages que nous avons entendus lors de nos audiences, le délai de six mois serait fort probablement lourd à administrer pour SCC. Le gouvernement estime donc qu'il est sans doute plus réaliste de prévoir un réexamen au bout d'un an.
Quatrièmement, la motion prévoit que le commissaire devra communiquer par écrit au plaignant quérulent ses motifs pour confirmer ou lever l'interdiction. C'est une autre disposition qui doit être inscrite dans la loi.
Les modifications correspondantes pourraient être apportées au Règlement sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, de manière à mieux guider le traitement des plaignants quérulents, conformément au projet de loi présenté par Mme James. Le processus pourrait donc continuer de s'appliquer par voie réglementaire comme c'est le cas actuellement. Comme l'a également souligné M. Sapers lors de sa comparution, l'avenue réglementaire est à privilégier pour bon nombre des changements envisagés.
Je voudrais maintenant vous donner un aperçu des dispositions réglementaires requises de telle sorte que tous les nouveaux éléments prévus dans le projet de loi se concrétisent bel et bien dans la réglementation.
Le règlement soulignerait le devoir d'équité et l'obligation pour le commissaire ou son substitut d'informer le délinquant de l'interdiction proposée en lui accordant un délai raisonnable pour présenter par écrit son argumentation.
Le règlement préciserait également la marche à suivre pour donner l'autorisation de présenter une plainte lorsqu'il a été démontré, par exemple, que la plainte ne constitue pas un abus de procédure et que l'on tient compte du droit de chacun à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne. Ce serait donc inscrit dans le règlement.
Autrement dit, même lorsqu'un délinquant a été désigné plaignant quérulent, on lui reconnaîtra le droit de présenter ultérieurement tout grief légitime que l'on devra traiter. Nous voulions nous assurer que cela soit bien précisé.
Il sera aussi établi clairement dans le règlement que la décision du directeur de pénitencier de refuser une autorisation semblable sera finale et ne pourra pas faire l'objet d'un grief. Sinon, le processus risquerait de s'éterniser. Nous estimons donc nécessaire d'accorder au directeur de pénitencier le pouvoir de trancher de manière définitive.
Je tiens aussi à rappeler à tous que la totalité des dispositions réglementaires sont soumises à l'analyse du Comité mixte permanent d'examen de la réglementation qui vise à en assurer la conformité. Ces dispositions sont aussi rendues publiques. Je crois qu'un comité pourrait les étudier s'il choisissait de le faire.
Cet amendement aurait de plus pour effet de supprimer certains articles du projet de loi qui ne sont pas nécessairement logiques, et qui seraient difficilement applicables et facilement contestables.
C'est le cas notamment du paragraph 91.1(6) proposé qui ajouterait au fardeau du SCC et dont le libellé est trop vague. Encore là, nous estimons que cela devrait se faire dans le cadre du plan de traitement correctionnel du délinquant, plutôt qu'au moyen d'un nouveau plan distinct. Nous avons d'ailleurs entendu des témoignages à cet effet.
De même, le paragraphe 91.2(1) proposé aurait sans doute l'effet non souhaité d'accroître encore davantage le fardeau administratif du SCC. Étant donné la cohorte de délinquants visés par le projet de loi, il est fort probable que ceux-ci inonderaient le système sous un flot de documents additionnels qui outrepasseraient la capacité de traitement de SCC. C'est donc une autre disposition que le gouvernement ne juge pas applicable.
Par ailleurs, le paragraphe 91.2(3) proposé prévoit que « le décideur ne peut refuser d'entendre une plainte ou un grief qui pourrait entraîner des conséquences irrémédiables... ». À notre avis, on créerait ainsi une échappatoire en permettant aux délinquants de soutenir qu'un grief non réglé leur cause des conséquences défavorables. Nous voudrions donc qu'il soit bien établi que les griefs légitimes pourront être entendus, mais qu'il ne sera pas possible pour les plaignants quérulents de se servir de cette échappatoire pour présenter des plaintes à l'infini.
De plus, l'article 91.3 proposé n'est pas nécessaire, car il est déjà établi implicitement que tout le monde a le droit de demander un contrôle judiciaire. Nous le savons déjà. C'est notre droit à tous.
En terminant, monsieur le président, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'expliquer cet amendement. Je suis persuadée que l'on voudra en débattre.
La marraine du projet de loi a déclaré ce qui suit lors du débat en deuxième lecture:
Quels sont les changements précis que je propose dans mon projet de loi C-293? Très simplement, il permettrait au commissaire du Service correctionnel du Canada ou à son substitut de désigner un délinquant plaignant quérulent. À partir de là, le délinquant devrait étayer ses recours futurs sur des justifications plus rigoureuses.
Avec l'amendement que nous proposons ici, nous nous inscrivons dans la droite lignée des objectifs visés par la marraine du projet de loi. Je répète que nous souhaitons d'abord et avant tout nous assurer que l'application est guidée par voie réglementaire, le mode législatif étant retenu pour certaines dispositions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Comme chacun sait, nous sommes d'avis que ce projet de loi d'initiative parlementaire est une mesure malavisée ne s'attaquant qu'à une petite portion des problèmes affectant le régime de traitement des plaintes et des griefs. Je ne crois pas que cet amendement fasse quoi que ce soit pour rectifier le tir à notre satisfaction. Quoi qu'il en soit, il y a du bon dans certaines des dispositions proposées... ou tout au moins dans celle exigeant que les motifs soient communiqués par écrit.
Quoi qu'il en soit, l'amendement que nous allions suggérer relativement au régime en place s'appliquera selon moi au nouveau paragraphe 91.1(2) que vous proposez. Je vais laisser Mme Doré Lefebvre vous en parler plus en détail dans un instant, mais je crois que nous pouvons...
Nous souhaitions ajouter les termes « compte tenu du niveau de scolarité du plaignant ainsi que de son état de santé mentale ». Étant donné la manière dont vous avez reformulé l'article en question, je crois que notre amendement devient essentiellement un sous-amendement au vôtre. Je vais laisser ma collègue expliquer le tout dans un moment. Il y a un changement que nous jugeons acceptable, et c'est celui exigeant la communication des motifs par écrit.
Vous parlez beaucoup du règlement. Ce n'est toutefois pas le règlement que nous étudions actuellement, et rien ne nous garantit que ceux qui se pencheront sur le règlement pourront s'inspirer de notre discussion ou des témoignages entendus devant le comité. Ceci dit très respectueusement, j'estime donc que vous y allez en quelque sorte d'une promesse creuse en affirmant que ces mesures vont figurer dans le règlement, alors que rien ne nous assure que ce sera vraiment le cas. De toute évidence, les rédacteurs de ce projet de loi dans sa version originale, qui n'ont pas eu la chance d'assister aux audiences de notre comité, n'en sont pas arrivés à ces conclusions. Je crains que ce ne soit la même chose pour tous les absents qui ne seront pas nécessairement à même de dégager la même interprétation logique que les membres du comité.
Si je ne m'abuse, il était question dans la version originale du projet de loi de l'application d'une norme plus élevée pour les plaintes ultérieures de ceux qui auront été désignés plaignants quérulents. On semble maintenant vouloir leur interdire carrément de présenter des plaintes pendant une période d'un an. M. Sapers a indiqué très clairement que les retards dans le processus de règlement des plaintes et des griefs figuraient parmi les problèmes à régler. En prenant une année pour sortir quelqu'un du système, on risque en fait d'accroître les pressions et les problèmes et d'inciter la personne visée à manifester sa colère ou sa frustration par d'autres moyens.
Bien que je comprenne qu'un délai d'un an puisse être préférable pour SCC du point de vue administratif, je ne suis pas persuadé qu'il soit avantageux pour le processus de règlement des plaintes et des griefs qu'une interdiction soit imposée à une personne pour une année complète. En l'espace d'une année, le délinquant peut être déménagé d'un établissement pénitentiaire à un autre. Il peut se passer toutes sortes de choses susceptibles de changer complètement la situation d'une personne. Alors, plutôt que de considérer comme une bonne chose la prolongation du délai d'interdiction qui passerait à un an, je dirais que cela risque d'aggraver considérablement la situation de la personne désignée.
Pour tous ces motifs, nous ne pourrons pas appuyer cet amendement sans que l'on prenne en considération le nôtre suivant lequel, si le projet de loi est adopté, les décisions à ce sujet devraient être prises en tenant compte du niveau de scolarité du plaignant ainsi que de son état de santé mentale. C'est l'essence même de l'amendement que nous souhaitions proposer de notre côté.
Je vais maintenant laisser Mme Doré Lefebvre vous en parler plus en détail, mais je vous répète que notre amendement pourrait sans doute s'appliquer au nouveau paragraphe 91.1(2).
Peut-être que la présidence pourra m'indiquer s'il convient pour nous de proposer maintenant un sous-amendement.
Je vais parler des préoccupations de M. Garrison, puis de l'amendement. Je pense que les deux questions sont liées.
Nous comprenons que, même si l'opposition veut sans doute comme nous prendre des mesures contre les plaignants quérulents, elle ne soutient pas le projet de loi. Cet amendement ne changerait pas forcément sa position. Du côté gouvernemental, nous appuyons bien sûr le projet de loi. Nous voulons que son bien-fondé soit reconnu, mais nous croyons que c'est mieux gérable et plus logique s'il modifie le règlement, comme le fait le reste de la loi.
En ce qui a trait à la préoccupation de M. Garrison quant à l'absence de processus publique ou d'examen des règlements, je lui rappelle simplement que toute la réglementation est du domaine public. Le Comité d'examen de la réglementation doit étudier les règlements et il peut le faire avec grand soin. Il peut aussi nous demander des renseignements. C'est important de le mentionner.
Cela dit, nous désapprouvons l'ajout au projet de loi de la question du niveau de scolarité ou de l'état de santé mentale, qui est bien sûr prise en compte dans toutes les décisions. Le commissaire a affirmé que tous les facteurs relatifs au détenu étaient considérés, mais je suis contre l'ajout de la question de la santé mentale pour les mêmes raisons qui expliquent notre amendement. Nous voulons accorder les capacités fondamentales dans le projet de loi, mais la procédure et ce genre de détails concernent peut-être plus la réglementation.
Je veux enfin parler de la préoccupation de M. Garrison liée à la disposition sur les six mois, par rapport à un an. Tout le monde doit savoir que l'adoption du projet et l'interdiction au délinquant de présenter une nouvelle plainte ou un nouveau grief, sauf avec l'autorisation du commissaire, ne signifient pas que la personne ne peut, en aucun cas, présenter une autre plainte en moins d'un an. En fait, c'est le contraire.
Je répète que le règlement établirait le processus permettant de présenter une plainte — même si c'est dans la même année — si, par exemple, la plainte ne constitue pas un abus de procédure et qu'il faut se pencher sur la vie, la liberté et la sécurité de la personne.
Le règlement garantirait un processus clair et simple permettant de déposer une autre plainte. Aucun député ne veut interdire en toute circonstance à un plaignant quérulent de présenter une autre plainte légitime en moins d'un an. Nous voulons l'inscrire dans le règlement, parce que c'est ainsi que toute la loi fonctionne.
Malheureusement, nous ne pouvons pas soutenir votre amendement, qui ne doit pas faire partie du projet de loi selon nous. Mais j'espère avoir répondu à un certain nombre de vos préoccupations.
:
Merci beaucoup d'avoir bien voulu m'accueillir, monsieur le président.
[Français]
Je remercie le comité de m'accueillir cet après-midi.
[Traduction]
Tout d'abord, je suis très fier de parler du projet de loi , qui constitue un pas dans la bonne direction, responsabiliser davantage les délinquants et améliorer les mesures de dédommagement.
Permettez-moi d'abord d'affirmer le bon sens, tout simplement, du projet de loi. Grâce à cette loi, les indemnités accordées aux délinquants, dans le cadre d'actions ou de poursuites en justice contre Sa Majesté la Reine du chef du Canada, serviront à acquitter leurs obligations financières et non à garnir leur portefeuille.
Le projet de loi parvient à ce résultat grâce à la modification du libellé de l'article intitulé « But du système correctionnel » de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui, actuellement, ne fait allusion qu'à la garde et à la surveillance ainsi qu'à la réadaptation et à la réinsertion. Le nouveau libellé précisera le but du système correctionnel fédéral, par l'ajout suivant: « en encourageant la responsabilisation des délinquants afin qu'ils s'acquittent de leurs obligations envers la société ».
Le projet de loi établit l'ordre de priorité du remboursement de ses dettes par le délinquant à qui un tribunal a accordé une indemnité à la suite d'une action ou de poursuites contre la Couronne. Cela signifie essentiellement que le délinquant devra d'abord acquitter ses dettes avant d'empocher l'indemnité, ce qui, à mon avis, relève du simple bon sens.
L'ordre de priorité est le suivant: d'abord, les montants dus au titre d'une ordonnance alimentaire au profit d'un enfant ou d'un époux; ensuite, au titre d'une ordonnance de dédommagement, puis les suramendes compensatoires, enfin les montants à verser en vertu du jugement rendu par un tribunal civil. Le reliquat, après le remboursement de toutes ces dettes, ira au délinquant.
Un excellent exemple de la nécessité de ces mesures est le cas du meurtrier récidiviste Gregory McMaster, qui possédait, depuis sa jeunesse, un épais dossier criminel constitué d'agressions, d'infractions à main armée, de cambriolages et du meurtre de trois Canadiens et d'un policier du Minnesota.
Pendant son séjour dans le système correctionnel, M. McMaster a intenté quatre poursuites qui lui ont permis d'empocher directement les indemnités plutôt que de s'acquitter de ses obligations pour la société.
Le cas de Peter Collins montre également pourquoi, en la matière, il faut prendre des mesures. En 1983, M. Collins a tué un policier et, depuis, il purge sa peine dans un pénitencier du Service correctionnel du Canada. Il a déposé une plainte contre ce service auprès de la Commission canadienne des droits de la personne, prétendant qu'il faisait l'objet de discrimination délibérée par le personnel correctionnel, qui exigeait de lui qu'il se tienne debout, comme c'est la règle, pendant le dénombrement ordinaire des détenus. Il prétendait qu'un handicap l'empêchait d'obtempérer et que le personnel continuait, de manière injuste, à l'obliger à rester debout.
La Commission lui a accordé 7 500 $, pour souffrances et douleurs, plus 2 500 $ d'indemnité spéciale, en raison de l'insouciance du personnel qui était au courant de son handicap. Il a empoché directement l'indemnité.
Le projet de loi corrigera le problème des dettes non acquittées par les délinquants indemnisés judiciairement, en s'assurant que toute indemnité qui leur serait due, par suite d'une action ou d'une poursuite intentée contre Sa Majesté du chef du Canada, sera imputée sur ses obligations financières, y compris du fait d'ordonnances alimentaires au profit d'un enfant ou d'ordonnances de dédommagement.
Souvent négligés, l'époux et les enfants du délinquant sont également des victimes de ses crimes. Je ne saurais trop insister là-dessus. Je crois que son conjoint, peu importe son sexe, vit dans la honte et dans la souffrance. Toutes ces personnes sont des victimes, au même titre que les victimes des crimes perpétrés.
Si le soutien de la famille est reconnu coupable, c'en est fini, d'un coup, de la stabilité financière de la famille. Des enfants innocents pourraient se retrouver sans nourriture, sans logement chauffé ou sans vêtements. Ces problèmes d'argent peuvent être extrêmement nuisibles pour les enfants et pour toutes les victimes. C'est donc normal de faire profiter d'abord la famille de l'indemnité accordée au délinquant.
Ensuite, cet argent devrait servir à réparer les dommages ou les blessures causés par le délinquant quand il a commis son crime. Notre gouvernement a toujours souligné l'importance de protéger les droits des victimes et de les privilégier par rapport à ceux des criminels. Le projet de loi s'efforce d'aller encore plus dans ce sens.
Les victimes d'un crime peuvent devoir surmonter des années de détresse physique et émotionnelle. Ce n'est que justice de tenir compte de leur rétablissement et de leur stabilité avant de remettre aux délinquants le solde d'une indemnité.
Mesdames et messieurs, je suis en mesure de parler de la détresse émotionnelle des victimes; je ne pourrais pas vous parler de détresse physique, mais de détresse émotionnelle, oui! Il y a une trentaine d'années, quelqu'un est entré dans ma maison de Sudbury, pendant que notre famille dormait; dans la chambre que je partageais avec mon épouse il a volé mon portefeuille, que j'avais déposé sur ma commode. Il n'a réveillé personne. Il m'est impossible de décrire le traumatisme éprouvé, au réveil, quand on constate que quelqu'un s'est immiscé dans l'intimité du foyer et subtilisé de l'argent.
C'était il y a 30 ans, mais je me rappelle toujours la détresse émotionnelle qu'a fait subir cet incident à ma femme et à mes enfants, particulièrement, mais à moi aussi, dans une certaine mesure.
À l'époque, personne ne fermait sa porte à clé. Je peux vous assurer que, depuis, je n'oublie jamais de le faire. J'ai connu cette expérience. Personne n'a été physiquement blessé, mais la détresse émotionnelle était bien là.
En outre, leurs biens sont souvent saccagés — dans notre cas, ce n'est pas arrivé — pendant la commission du crime, et, souvent, les victimes sont dans l'impossibilité de payer les réparations.
Grâce au projet de loi, on tiendra compte du montant des suramendes compensatoires avant de remettre au délinquant le solde de l'indemnité qu'on lui a accordée.
Les deux priorités suivantes, qui visent également à aider les victimes, comprennent le paiement de toute suramende compensatoire découlant de décisions rendues par des tribunaux civils contre le délinquant. Ce n'est qu'après que ces montants prioritaires auront été versés que le reliquat sera payé au délinquant. Le processus est juste. Ce n'est que justice que les délinquants ne puissent profiter d'une indemnité, pendant qu'ils sont en prison, qu'après avoir payé leurs dettes.
Le projet de loi prévoit des mesures vigoureuses pour responsabiliser davantage les délinquants et améliorer les ordonnances de dédommagement visant à protéger les conjoints, les enfants et les victimes des criminels.
Depuis son élection, notre gouvernement a pris des mesures pour sécuriser les rues et les collectivités du Canada. Le projet de loi s'en inspire. Non seulement faut-il que les délinquants ne puissent pas circuler librement dans nos rues, il faut, en plus, les tenir responsables de leurs actions. Le projet de loi les responsabilise, ce qui aide à leur réadaptation.
Beaucoup de délinquants n'ont jamais été responsables un seul jour de leur vie. Les mesures prévues dans le projet de loi leur enseigneront que, dans la société, nous avons des obligations à tenir. Le projet de loi vise à le leur rappeler. Les mesures proposées les aideront à se responsabiliser davantage de leur réadaptation, en leur permettant de devenir des membres responsables de la société.
L'importance accordée à la responsabilisation des délinquants, dans le projet de loi, aide à corriger leur comportement négatif, ce qui est l'objectif final de notre système correctionnel. Les mesures qui encouragent la responsabilisation des délinquants les prépareront, au bout du compte, à leurs responsabilités à leur sortie de prison et les aideront à se réinsérer dans la société canadienne. Le remboursement de leur dette à la société commence par le remboursement des dettes aux victimes.
Comme notre gouvernement l'a déclaré à la Chambre des communes, nous espérons amender le projet de loi pour mieux clarifier le rôle du Service correctionnel du Canada dans l'administration et l'application de ces dispositions.
Je me réjouis d'avance des amendements qu'apportera le comité. Depuis le dépôt du projet de loi, j'ai rencontré un certain nombre de victimes et un groupe qui prend leur défense dans ma circonscription de Stormont—Dundas—South Glengarry. J'ai, par exemple, rencontré une association locale, dans ma circonscription, qui se donne beaucoup de mal pour aider les victimes de crimes. L'appui au projet de loi bénéficie d'une écrasante majorité.
Le message de ce groupe et de mes électeurs, de tous les électeurs, est qu'il faut renforcer les droits des victimes. À propos, il faut également faire de même pour les droits des propriétaires. On semble déplorer souvent que les droits les plus souvent bafoués sont ceux des victimes et des propriétaires.
On veut responsabiliser les délinquants pour leurs actions et mettre en place des mécanismes pour protéger les victimes des crimes.
Notre gouvernement a écouté les victimes d’actes criminels et est déterminé à respecter la promesse qu’il a faite dans le discours du Trône de 2011 de faire passer les droits des victimes avant ceux des criminels. L’adoption du projet de loi constitue un autre grand pas dans cette direction.
J’ai hâte d’entendre le point de vue de mes collègues et des témoins qui participeront à l’étude du projet de loi.
Et chers collègues, j’ai commencé ma déclaration préliminaire en disant que le projet de loi relève simplement du bon sens. J’espère que vous êtes d’accord avec moi et j’ai hâte de répondre à vos questions et d’entendre votre point de vue.
Merci beaucoup.
:
J'en ai besoin pour relire mon écriture.
Merci beaucoup, monsieur le président, pour ces remarques perspicaces.
Merci beaucoup aux témoins d'avoir accepté l'invitation du comité aujourd'hui et d'avoir présenté ce projet de loi.
J'ai un peu d'expérience avec le système de justice pénale. Ayant assisté à une myriade de procès, j'ai probablement passé quatre années de ma vie dans des salles d'audience. J'ai entendu des juges dire qu'il était hautement improbable que le prisonnier puisse jamais payer les dédommagements prévus par l'ordonnance émise, parfois pour des crimes graves.
Mais je vois les choses sous un autre angle. Je me mets à votre place et à celle des victimes, parce que vous avez vous-même été victime d'un crime et avez parlé à des victimes dont la vie a été bouleversée à jamais. Vous nous avez dit qu'il y avait différents types de victimes. On parle de personnes qui n'ont généralement pas la même conscience sociale que la plupart d'entre nous, parce que la plupart des gens ne commettent pas de crime et ne passent pas de temps en prison. Ces personnes sont plus souvent qu'autrement de mauvais conjoints, de mauvais pères, de mauvaises mères, etc. Alors pour moi, ce projet de loi vise les pères, les partenaires et les maris indignes.
Il y a aussi les criminels à cravate — les personnes qui escroquent leurs actionnaires et leurs employés, et qui peuvent très bien récolter le fruit d'autres investissements alors qu'ils sont en prison. Vous savez, le multimillionnaire qui sort de prison pour aller vivre sur son yacht, tandis que ceux qui ont investi dans sa compagnie pastiche...
Dans une législature précédente, le comité a entendu des témoins lui dire que des victimes s'étaient enlevé la vie, notamment à Montréal — j'oublie dans quelle affaire exactement. Ce projet de loi vise aussi ce genre d'individus qui sont tenus de verser des dédommagements.
À mes amis d'en face qui s'inquiètent toujours beaucoup du sort des criminels, je vous suggère de vous inquiéter plutôt du sort du Canadien moyen qui a été victime d'un criminel à cravate et qui ne pourra peut-être pas... Par l'intermédiaire du Code criminel, le projet de loi permet au système de s'attaquer à ce genre de chose.
Aviez-vous pensé à cela, monsieur Lauzon?
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Merci, monsieur Lauzon. Je suis heureux que vous soyez ici avec nous aujourd'hui.
Vous avez parlé des criminels à cravate. Les victimes d'Earl Jones étaient des citoyens de ma circonscription, et lui-même a mené ses affaires dans ma circonscription, alors je sais quelles répercussions peut avoir ce genre de crime. Les parents de certains de mes amis ont été victimes de cette fraude, et un des mes anciens camarades de classe a mené les poursuites au nom des victimes d'Earl Jones. Je l'ai mis en contact avec l'avocat qui l'a plus tard aidé à récupérer les sommes que le gouvernement avait recueilli en impôts sur les revenus fictifs. Alors je connais très bien le dossier.
Vous avez raison, ce sont des crimes graves. Je dirais que c'est un crime grave non violent et violent à la fois, parce que techniquement, aucun geste violent n'est posé, mais les répercussions demeurent violentes pour les victimes. Comme vous l'avez souligné, certaines choisissent de s'enlever la vie, une autre manifestation de la violence. C'est donc un type de crime très particulier, unique en son genre d'une certaine façon.
Je pense que votre comparaison était intéressante, entre ce qui arrive au citoyen moyen qui ne verse pas ses paiements de pension alimentaire et ce qui arrive au détenu qui ne le fait pas non plus. On peut par exemple révoquer le permis de conduire de l'homme libre, mais on ne peut recourir à cette mesure pour le détenu qui, on présume, n'a pas besoin de son permis en prison.
Je sais que ce ne serait pas nécessairement toujours pratique, mais si le détenu reçoit une indemnité et qu'il est tenu de verser une pension alimentaire à ses enfants ou à sa conjointe, est-ce que la famille a droit aux recours habituels? Pourrait-elle le poursuivre en justice? J'imagine que les détenus ne sont pas à l'abri des poursuites judiciaires. Peut-être qu'ils le sont, je l'ignore.
Je comprends votre analogie par rapport au permis de conduire, mais quand vous dites qu'il y a d'autres moyens pour traiter avec les pères indignes qui ne sont pas en prison, dois-je comprendre que les mêmes moyens peuvent être employés avec ceux qui sont en prison? Est-il possible d'intenter des poursuites contre le détenu pour l'obliger à faire les paiements?