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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité.
Nous sommes fiers d'être parmi vous. Nous le sommes particulièrement parce que notre député, Ryan Leef, est un membre du comité.
Cet après-midi, je parle au nom de Mike Nixon, ministre de la Justice et procureur général du Yukon. Le ministre Nixon m'a demandé de dire ce qui suit.
Je vais commencer par deux précisions.
Premièrement, nos commentaires, aujourd'hui, sont de nature plutôt générale. Il ne s'agit pas de commentaires techniques sur le projet de loi modificatif en tant que tel, le projet de loi C-42. Nous n'avons pas vraiment de problème précis concernant les dispositions modificatrices qui figurent dans le projet de loi C-42.
Deuxièmement, nous n'avons pas nécessairement beaucoup de choses à dire, mais, si vous le voulez bien, monsieur le président, je vais présenter une brève déclaration préliminaire.
Le gouvernement du Yukon appuie de tout cœur les modifications qui figurent dans le projet de loi C-42. Nous y sommes favorables en grande partie parce que nous partageons, au Yukon, les préoccupations entendues partout au pays au sujet de la GRC.
Il y a deux ans, en décembre 2010, nous avons réalisé notre propre évaluation des services de police et produit un rapport, intitulé Terrain d'entente. Bon nombre des constatations qui figurent dans ce rapport et des recommandations qui y sont formulées rejoignent les modifications du projet de loi C-42, alors nous appuyons fortement les efforts déployés par le Parlement à cet égard.
Monsieur le président, je m'arrête pour vous demander quel est le temps dont je dispose pour présenter ma déclaration préliminaire.
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Dans ce cas-là, monsieur le président, je vais poursuivre.
Comme beaucoup d'autres endroits du pays, le Yukon a conclu un nouvel accord sur les services de police. Comme vous le savez, la durée de vie de l'accord est de 20 ans. Ces changements arrivent à un très bon moment. En fait, durant la négociation des nouveaux accords que nous avons conclus, le gouvernement du Yukon et d'autres partenaires contractuels ont mentionné le besoin d'apporter une bonne partie des réformes qui figurent dans le projet de loi C-42, y compris le système de plaintes du public contre la GRC et le système disciplinaire interne de la Gendarmerie. Assurément, en ce qui a trait aux discussions que nous avons eues avec nos homologues de Sécurité publique Canada, nous nous attendions à une modification du régime législatif de la GRC. C'est ce que nous avions cru comprendre. Nous sommes donc heureux de voir que c'est bel et bien le cas. Nous connaissons aussi le travail du Conseil de mise en œuvre de la réforme et les recommandations qu'il a formulées à ce sujet.
Nous reconnaissons bien sûr qu'il est difficile, pour une organisation et encore davantage pour une organisation policière, de se renouveler et d'aller de l'avant au XXIe siècle en s'appuyant sur une législation archaïque. C'est une autre raison pour laquelle nous appuyons les changements. Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, monsieur le président, le Yukon a réalisé d'importantes consultations publiques en 2010 sur les services de police dans le cadre d'une évaluation à ce sujet. L'évaluation des services de police a été mise sur pied à la suite du décès sous garde, en 2008, de Raymond Silverfox, dans la cellule d'un service de police. L'événement a poussé la GRC, le gouvernement du Yukon et le Conseil des Premières nations du Yukon à travailler en collaboration pour réaliser une importante évaluation des services de police, qui s'est conclue par la production d'un rapport intitulé Terrain d'entente, il y a deux ans.
Dans le cadre de l'évaluation, des membres du public nous ont parlé du système de discipline interne et du fait qu'ils considéraient qu'il s'agissait d'un système mystérieux et très opaque, système qu'ils qualifiaient en général d'éloigné et d'inaccessible. C'est ce que nous ont dit les Yukonnais au sujet du processus de plainte. En outre, le système ne semblait pas tenir compte des caractéristiques culturelles et des réalités liées à la prestation de services de police dans une région éloignée du nord du Canada.
Monsieur le président, bon nombre des 33 recommandations qui figurent dans le rapport Terrain d'entente sont liées directement aux modifications prévues dans le projet de loi C-42, comme celles liées au système de discipline interne et au régime de plaintes du public. Comme je l'ai mentionné, nous sommes favorables aux modifications parce que les Yukonnais nous ont demandé ces changements, et nous savons qu'ils relèvent de la compétence fédérale. Nous espérons évidemment que la nouvelle Commission civile d'examen et de traitement des plaintes permettra de combler ce qui est considéré actuellement comme des lacunes du système de gestion des plaintes et des plaignants.
Au Yukon, nous avons pris des arrangements avec l'Alberta pour établir un régime d'enquêtes liées aux incidents graves qui impliquent des membres de la GRC, qui mise sur la Serious Incident Response Team de l'Alberta — ASIRT, c'est son nom. Il est évident que le projet de loi C-42 va dans le même sens, car il prévoit la tenue d'enquêtes indépendantes en cas d'incidents graves et transforme la politique en loi.
En conclusion, monsieur le président, nous espérons que l'application de ces modifications législatives renforcera notre lien contractuel avec la GRC, et que les pratiques concrètes sur le terrain seront le reflet des très bonnes intentions définies dans le projet de loi C-42.
Voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité d'avoir reconnu le besoin d'entendre les points de vue des membres subalternes sur le projet de loi C-42.
Je m'appelle Rob Creasser, et je suis le porte-parole national de l'Association professionnelle de la police montée du Canada. J'ai servi dans la GRC pendant 28 ans et je suis maintenant à la retraite. Je suis accompagné du caporal Patrick Mehain, qui est un membre actuel de la GRC à Coquitlam, en Colombie-Britannique, et qui a 15 ans d'ancienneté.
L'un des principaux problèmes actuels au sein de la GRC, c'est les énormes déséquilibres de pouvoir au sein de l'organisation. Le projet de loi C-42, plutôt que d'atténuer ces problèmes, les accentue de façon exponentielle.
Lorsqu'on a demandé au sergent d'état-major Abe Townsend si les représentants des relations fonctionnelles avaient été consultés durant l'ébauche du projet de loi C-42 , il a déclaré que de telles consultations n'avaient pas encore eu lieu. Cependant, lorsqu'il a témoigné devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale du Sénat, à Ottawa, le 21 juin 2012, le commissaire a déclaré que le Programme des RRF était essentiel au sein de la GRC.
Cette contradiction ne nous surprend pas, parce que c'est ainsi que fonctionne le processus de consultation au sein de la GRC. La direction procède à des consultations uniquement lorsqu'elle veut transmettre ses directives aux membres subalternes. Et pendant ce temps-là, les représentants des relations fonctionnelles continuent d'espérer la tenue de consultations en bonne et due forme. Pour l'instant, les membres de la Gendarmerie continuent d'être victimes d'intimidation et de harcèlement et d'essuyer des retards non fondés dans le cadre des processus de règlement de griefs.
Même si nous sommes préoccupés par de nombreuses dispositions du projet de loi, nous nous en tiendrons aux quatre rubriques principales suivantes: les violations de la Charte, l'indépendance de la GRC de toute ingérence politique, les pouvoirs extrêmes accordés au commissaire et les enjeux touchant les femmes et le harcèlement. Nous allons aussi vous mentionner trois mesures simples qui permettraient de régler les principaux problèmes de harcèlement et d'intimidation au sein de la GRC tout en responsabilisant davantage celle-ci.
En ce qui a trait aux violations de la Charte, touchant les déclarations obligatoires et les paragraphes 40(1) et 40(2) proposés, l'exigence selon laquelle un membre doit produire une déclaration même s'il s'incrimine par le fait même est contraire aux droits prévus dans la Charte et doit être retirée.
Les mandats ex parte liés au processus disciplinaire aux termes du paragraphe 40.2(1) proposé constituent, eux aussi, une violation des droits des membres prévus dans la Charte relativement aux fouilles et aux saisies abusives. C'est surprenant, parce que dans son témoignage, le commissaire Paulson a dit que les agents de police ont joué un rôle crucial dans le cadre de l'ébauche du projet de loi. Cependant, de très évidentes violations de la Charte, que les membres de la GRC ne peuvent pas commettre dans le cadre d'enquêtes criminelles, deviennent, pour je ne sais quelle raison, acceptables lorsqu'il s'agit des agents de police, qui sont aussi des citoyens.
En ce qui a trait à l'indépendance de toute ingérence politique, la nomination du commissaire et des sous-commissaires à titre amovible dans le paragraphe 5(3) proposé fait en sorte que la fonction de commissaire s'expose à des problèmes d'ingérence politique en matière d'application de la loi. Le commissaire et les sous-commissaires de la GRC devraient être nommés à titre amovible par un comité parlementaire bipartisan indépendant et avoir des comptes à lui rendre afin de s'assurer qu'elle ne devient pas l'instrument de visées politiques.
Le surintendant principal Craig MacMillan a mentionné divers problèmes au sein de la GRC dans sa thèse de doctorat A Modern Star Chamber: An Analysis of Ordered Statements int the Royal Canadian Mounted Police. Cependant, il a fait totalement fi de sa recherche sur la culture de la GRC lorsqu'il a participé à la rédaction du projet de loi C-42.
Cela met en lumière un autre problème important que le projet de loi C-42 ne règle pas: le fait que le système de promotion actuel a été utilisé très efficacement pour réduire au silence les membres mécontents en leur promettant, dans un premier temps, des promotions, puis, si cela ne fonctionne pas, en les menaçant sur le plan professionnel en leur refusant des occasions professionnelles et de l'avancement.
En ce qui a trait à la sécurité nationale, les paragraphes 31(1.3) et 31(1.4) proposés permettent au ministre de la Sécurité publique de demander à la GRC d'intervenir sous prétexte d'assurer la sécurité nationale, sans avoir à lui fournir de preuve d'une menace. On a obligé la GRC à enfreindre certaines lois canadiennes sur l'utilisation de renseignements obtenus sous la torture. En tant qu'agents de police, nous jurons non seulement de protéger la vie et la propriété, mais aussi de traduire en justice ceux qui violent nos lois.
Le terrorisme est certes une préoccupation, mais nous pouvons apprendre de l'expérience de nos compatriotes transatlantiques du Royaume-Uni, qui ont créé un comité sur la sécurité nationale qui inclut des membres de tous les partis politiques du Parlement. Un tel comité inclurait aussi les chefs de la GRC, du SCRS, de l'ASFC et du CSTC ainsi que des juges spéciaux qui entendraient la preuve du gouvernement et rendraient une décision finale. De cette façon, on fait participer les intervenants responsables de la sécurité nationale et ceux qui ont fait le serment de faire appliquer les décisions canadiennes et internationales en matière de droit.
En ce qui a trait aux pouvoirs accordés au commissaire, nous vous renvoyons aux alinéas 20.2(1)c), 20.2(1)e), 20.2(1)g), 20.2(1)i) et 20.2(1)k) et aux paragraphes 20.2(3) et 20.2(4) proposés. Le commissaire de la GRC a toujours eu le pouvoir de congédier des membres qui n'ont pas tenu leur promesse de faire respecter la loi. Nous reconnaissons qu'il faut rationaliser ce processus, mais le projet de loi C-42 accorde beaucoup trop de pouvoirs à la fonction de commissaire. La GRC a déjà eu des problèmes parce que des commissaires ont abusé de ce pouvoir.
Nous sommes aussi préoccupés par le fait que les membres doivent consulter le médecin désigné par la direction.
En ce qui a trait au fait de congédier des gens pour des raisons économiques, la Gendarmerie dépense des dizaines de milliers de dollars pour recruter, former et équiper les membres, puis elle les congédie, ce qui revient, en fait, à jeter à la poubelle l'argent dépensé et l'expérience que les membres ont acquise dans le cadre d'enquêtes. Quand la situation s'améliorera, il faudra encore dépenser l'argent des contribuables pour reprendre le processus. Cette disposition fait aussi en sorte que l'emploi des membres peut devenir un autre outil de harcèlement et d'intimidation pour les gestionnaires.
Le pouvoir du commissaire de la GRC, aux termes du paragraphe 20.2(4) proposé, de déléguer le pouvoir de congédiement à des subalternes est aussi problématique. La GRC est principalement composée de petits lieux de travail — des détachements —, ce qui fait en sorte que des membres de très bas niveau pourraient prendre des décisions ayant un impact sur l'ensemble de la Gendarmerie, malgré le manque criant de formation.
Enfin, en ce qui a trait aux enjeux touchant les femmes et au harcèlement, le paragraphe 31(1.2) interdit de déposer des griefs concernant le droit à l'équité salariale. La discrimination liée au sexe et le harcèlement sont deux des plus gros problèmes au sein de la GRC. Cette disposition du projet de loi permet en fait de légitimiser le traitement inégal des femmes et des membres de minorités visibles au sein de la GRC.
Aux termes du projet de loi C-42, il n'y a aucune disposition de protection des dénonciateurs au sein de la Gendarmerie. Le projet de loi interdit expressément à un membre de parler en public des enjeux touchant la Gendarmerie et définit les sanctions auxquelles un membre récalcitrant s'expose.
Si le projet de loi C-42 est adopté tel quel, y compris les violations de la Charte et les moyens qui permettent aux gestionnaires de continuer à abuser de leurs pouvoirs, plutôt que de corriger les problèmes qui ont miné la GRC, notre Parlement fait la promotion de comportements répréhensibles et du copinage en légitimisant ce type de comportement.
Dans sa thèse de doctorat, le surintendant principal MacMillan a déclaré ce qui suit:
Une des constatations de la recherche, c'est que le type de représentation des employés au sein de la GRC, qui a été créée, payée et gérée par la direction, contribue à la vulnérabilité réelle ou perçue des membres. Les employés d’autres corps de police bénéficient d'une certaine protection grâce à leur appartenance à une association d'employés. Ce n'est pas le cas au sein de la GRC. Les membres n'ont tout simplement pas le soutien nécessaire, moral ou financier, pour contester les mesures inappropriées de la direction. Le fait de refuser aux membres le choix du type de représentation dont ils bénéficient mine les nouvelles philosophies d'habilitation et de gestion autoproclamées par la GRC.
Si le Parlement veut vraiment tâcher de régler les problèmes qui minent actuellement la GRC, il peut prendre trois mesures à la fois simples et efficaces.
La première mesure consiste à créer un processus de négociation collective pour gérer les relations patronales-syndicales au sein de la GRC.
La deuxième mesure consiste à créer un processus d'arbitrage indépendant exécutoire pour régler les griefs que la direction et les employés n'arrivent pas à régler. Il faut s'assurer que l'arbitre est indépendant du gouvernement, du Conseil du Trésor, de la direction de la GRC et des représentants syndicaux de la Gendarmerie. Au sein du service de police de Vancouver, par exemple, les griefs se règlent, en moyenne, en un maximum de 28 jours. Le processus de la GRC est beaucoup plus long; certains griefs ont déjà duré plus de sept ans.
Enfin, la troisième mesure consiste à adopter une loi qui abroge l'article 96 de la Loi sur la GRC, ce qui permettrait aux membres de pouvoir organiser un vote libre et réellement démocratique pour élire des représentants syndicaux indépendants à leurs frais.
Les membres subalternes de la GRC sont fiers d'être au service des citoyens du pays à tous les niveaux, du municipal à l'international. Nous demandons simplement d'être traités avec la même dignité et d'avoir les mêmes droits que tous les autres citoyens canadiens.
Merci.
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Selon nous, le problème concernant le projet de loi C-42, c'est que la rationalisation mine l'application régulière de la loi à laquelle tous les membres devraient avoir droit en ce qui a trait à la tenue d'une audience équitable, etc.
Selon nous, le commissaire et ses représentants peuvent prendre des décisions en fonction du fait qu'un agent a présenté une déclaration ou non. Ils peuvent prendre une décision qui aura un impact sur la carrière de quelqu'un, congédier quelqu'un ou faire ce qu'ils veulent. Par conséquent, il faut témoigner ou, au bout du compte, risquer de perdre son emploi.
Un des problèmes du système de grief, c'est que, en tant que membre de la GRC, on peut déposer des griefs contre absolument tout. Si je n'aime pas quoi que ce soit, je peux déposer un grief. Je peux le faire pour absolument tout.
Nous reconnaissons qu'il faut accélérer le processus et qu'il faut définir ce qui peut ou non faire l'objet de griefs. Notre problème, comme vous l'avez dit, échappe à la portée du projet de loi. Il y a trop de choses laissées en suspens ou qui ne sont pas précisées dans notre convention collective pour que nous puissions comprendre. En tant que membre, je peux penser que j'ai le droit de faire telle ou telle chose, et la direction peut voir les choses autrement.
Un des problèmes que nous avons depuis longtemps, c'est que nous sommes censés relever du Conseil du Trésor. Cependant, il y a des exceptions dans chaque partie de la Loi sur la GRC qui permettent au commandant ou à l'officier responsable de modifier cette décision simplement parce que cela facilite les choses au sein de son secteur d'activité ou en améliore l'efficacité, même si nous sommes supposés être régis par le Conseil du Trésor. Selon nous, le libellé actuel du projet de loi donne beaucoup trop de pouvoirs au commissaire. Comme Rob l'a déclaré plus tôt, le commissaire a toujours eu le pouvoir de congédier des gens. Ça n'a jamais causé de problème.
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Merci beaucoup, monsieur le président
Je remercie également les témoins. Merci de comparaître aujourd'hui, que ce soit par vidéoconférence ou en personne.
Comme je cumule 20 années d'expérience dans les services de police, je pense que je peux comprendre certains points que vous avez soulevés.
En ce qui concerne la Charte et la présentation de déclarations, la loi sur les services de police de certaines provinces, comme celle de l'Ontario, oblige les représentants des forces de l'ordre à tenir un calepin. Ce calepin est la propriété des citoyens de l'Ontario — pas des policiers —, et ce qui y figure constitue essentiellement un document de travail. Il m'apparaît donc nécessaire de préciser que, parfois, lorsqu'il est question de forcer un agent à fournir des renseignements contre son gré, dans 90 p. 100 des cas, il s'agit d'information contenue dans ce calepin ou de notes liées à l'enquête. Et une enquête, ça doit être consigné dans un document de travail.
Vous mentionnez la Charte. Quand je prends la parole, j'essaie toujours de me faire comprendre des gens à la maison qui ne maîtrisent pas le sujet. En Ontario, bien entendu, la situation est un peu différente, alors quand vous invoquez la Charte des droits, parlez-vous du cas d'un policier accusé d'avoir enfreint le Code criminel? Est-ce que vous dites que le fait d'obliger ce policier à fournir des renseignements contre son gré constitue une violation de la Charte?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis retraité de la GRC depuis trois ans. J'avais le rang de sergent d'état-major. J'ai travaillé pendant 40 ans au sein de la GRC. Trente-trois de ces années ont été passées comme représentant divisionnaire, c'est-à-dire que je représentais les membres à l'interne. Au début, vous avez entendu la présentation de M. Townsend. J'ai fait le même type de travail que lui au sein de la GRC. J'ai ainsi représenté des membres de la GRC pendant 33 ans. Je pense être en bonne position pour vous expliquer comment fonctionne le harcèlement, la discipline et toutes ces choses.
Cependant, j'aimerais attirer l'attention du comité sur le fait que la version actuelle de Loi sur la Gendarmerie royale du Canada a été initiée en 1976 par le fameux rapport Marin, qui émanait de la commission dirigée par le juge René Marin. J'espère que vous pourrez prendre connaissance de ce rapport, car vous y verrez les quelque 200 recommandations qu'il contient. Deux des principales recommandations stipulaient que le Comité externe d'examen des plaintes du public et le Comité externe d'examen des griefs des membres de la GRC soient indépendants. Le rapport recommandait qu'ils soient non seulement indépendants, mais aussi qu'ils rendent des décisions exécutoires. Il a fallu dix ans avant que cela devienne une loi. Elle a été adoptée en 1988. Donc, énormément de travail a été fait à cet égard.
Par ailleurs, il y a deux ans, le projet de loi a été déposé à la Chambre des communes. Mon collègue va vous en citer quelques extraits ultérieurement. Cela dit, depuis que la loi a été adoptée, voici quelle est la situation.
Si je suis ici aujourd'hui, c'est entre autres pour vous souligner une multitude de rapports qui ont été produits: le rapport Brown, le rapport de l'Université de Montréal et les soumissions relatives au groupe de travail. Je les ai tous ici pour que vous puissiez les consulter. Vous verrez exactement quelle est la problématique à la GRC en ce qui a trait au harcèlement, à l'intimidation et à l'incapacité de la haute direction de la GRC d'être responsable à cet égard. Je dis bien « être responsable » parce que, pendant toutes ces années — comme mon confrère l'a mentionné plus tôt —, ces gens n'ont été redevables à personne.
C'est la raison pour laquelle vous avez toujours cette ambiguïté, en tant que parlementaires, à l'égard de ce qu'il faut faire avec une grosse organisation comme la Gendarmerie royale du Canada. Ces gens ne sont pas officiellement redevables à qui que ce soit.
À des fins de comparaison, un chef de police est redevable à un comité. Vous avez un ensemble de personnes qui vont réviser ses décisions. Ce sont des décisions indépendantes. Comme vous pourrez le constater, le mémoire qu'on a soumis au comité a été préparé de façon très ordonnée et très concise. Ainsi, vous pourrez comprendre exactement ce qu'on veut dire.
Je vous donne un exemple de décisions concernant des griefs déposés par les membres. La décision TG-192 — que je vais vous laisser — stipule ce qui suit:
[Traduction]
Ce grief contestait aussi une décision de la GRC de ne pas confirmer le bien-fondé d'une plainte de harcèlement présentée par un membre.
[Français]
Ce n'est qu'un exemple de décision, mais vous allez voir qu'il y en a plusieurs.
La décision qui a été rendue dit ceci:
[Traduction]
Le commissaire n'était pas d'accord avec la décision du Comité de confirmer le bien-fondé de la plainte de harcèlement relative au premier incident et a rejeté le grief.
[Français]
C'est toujours ce qu'on voit à la GRC parce que les comités ne sont pas indépendants pour rendre une décision. C'est ce qui arrive quand vous remettez une décision à une personne en situation d'autorité C'est ce qui existe présentement à la GRC et le projet de loi C-42 n'y changera rien. Vous allez vous retrouver avec les mêmes situations, qui sont à la source de toutes les enquêtes qui ont eu lieu et qui auront encore lieu à l'avenir.
:
Merci, monsieur le président.
Distingués députés, nous vous remercions infiniment de l'occasion que vous nous donnez de nous présenter devant vous aujourd'hui. Je vais procéder assez rapidement étant donné le temps restreint que nous avons.
Comme mon collègue l'a mentionné plus tôt, je suis actuellement retraité de la GRC depuis le début juin 2011. J'ai été membre de la GRC pendant 35 ans. J'ai terminé au grade de sergent d'état-major. Pendant plus de 30 ans, dont les 20 années précédant ma retraite, j'ai agi en qualité de représentant divisionnaire élu pour un total de huit mandats quasi consécutifs.
Je voudrais aborder une question qui sème la confusion chez moi. La présentation du projet de loi C-42 fait suite au dépôt du projet de loi C-43, déposé en deuxième lecture le 13 décembre 2010. Ce projet de loi s'intitule Loi édictant la Loi sur la modernisation des relations de travail dans la Gendarmerie royale du Canada, modifiant la Loi sur la Gendarmerie royale du Canada et apportant des modifications corrélatives à d'autres lois.
À l'époque, ce projet de loi a été déposé par un ministre important du Parti conservateur, M. Stockwell Day. Ce projet de loi visait principalement à instituer tout un régime de relations de travail où un système d'arbitrage indépendant aurait été dirigé par l'entremise de la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique.
Lors de sa présentation à la Chambre, le ministre Day faisait référence à la décision d'une cour de l'Ontario. Il a dit ce qui suit:
C'est une loi qui répondrait aux demandes de la cour et qui prévoirait que certaines dispositions soient suivies et que certaines garanties constitutionnelles pour la représentation des membres soient mises en place, mais qui laisserait ce choix aux membres de la GRC. C'est le noeud du problème.
Ce sont les propos même du ministre.
Le ministre a aussi dit:
La loi sur la modernisation dont nous sommes saisis traite d'un bon nombre d'aspects du processus disciplinaire et de traitement des griefs qui aideraient les membres du public et de la GRC.
Enfin, il a ajouté ceci:
Je crois qu'il y avait déjà un certain appui pour la mise en place de cette loi en attendant la décision du tribunal [étant donné qu'à l'époque la décision était devant la Cour d'appel de l'Ontario] de sorte que, quelle que soit cette décision, les membres de la GRC, ces hommes et ces femmes qui consacrent leur vie à nous protéger et à nous servir de façon si admirable, aient l'assurance qu'un mécanisme sera en place pour veiller à leurs intérêts. J'invite mes collègues à analyser minutieusement la Loi sur la modernisation des relations de travail dans la Gendarmerie royale du Canada. J'espère qu'ils l'appuieront. Elle est le fruit d'une démarche non partisane.
Merci.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui du projet de loi , Loi visant à accroître la responsabilité de la Gendarmerie royale du Canada.
Je m'adresse à vous aujourd'hui au nom de l'Association canadienne des policiers, qui représente plus de 50 000 agents de première ligne à l'échelle canadienne — y compris des employés de la GRC — répartis dans plus de 160 associations membres.
J'ai seulement quelques observations préliminaires à livrer, puis je serai heureux de répondre à toute question que vous pourriez avoir.
J'aimerais amorcer mon témoignage en disant qu'il est extrêmement important pour nous, en tant que policiers de la GRC ou d'un service de police provincial ou municipal, d'avoir la confiance de la population que nous servons. Bien que des événements récents aient certainement fait en sorte que le comportement de nos collègues à la GRC est maintenant scruté à la loupe, nous ne saurions trop insister sur le fait que les hommes et les femmes qui forment le service de police national du Canada, dans l'ensemble, font honneur à notre pays et aux collectivités qu'ils représentent.
Le projet de loi contient plusieurs éléments positifs. Cependant, certaines dispositions sont préoccupantes, et j'aimerais profiter de cette occasion pour les mettre brièvement en relief, surtout du point de vue d'un agent de première ligne.
Le premier point que je vais aborder, c'est qu'il est certes souhaitable de rationaliser le processus disciplinaire et la procédure de règlement des griefs concernant les membres de la GRC. À cet égard, le projet de loi accorde au commissaire des pouvoirs extraordinaires qui vont au-delà de ceux qu'on pourrait trouver dans d'autres services de police au Canada.
Par exemple, en Ontario, un policier qui fait l'objet d'un processus disciplinaire conserve le droit d'interjeter appel de la décision à la Commission civile des services policiers de l'Ontario, organe quasi judiciaire qui mène un examen impartial du processus et qui rend ensuite une décision.
Je dirais que, sans possibilité additionnelle d'interjeter appel ou — chose encore plus importante — de le faire à un organisme indépendant, il est possible que les membres de la GRC perdent confiance dans l'impartialité du processus auquel ils sont soumis, surtout dans les situations où le commissaire a délégué son pouvoir disciplinaire.
L'article 40 du projet de loi est un autre aspect très préoccupant, car il a trait aux enquêtes menées quand un membre de la GRC a enfreint le code de déontologie de l'organisation. Premièrement, il est énoncé dans le projet de loi qu'un agent peut être tenu de témoigner contre lui-même. Deuxièmement, le projet de loi énonce les conditions justifiant l'émission d'un mandat en vertu de la Loi sur la GRC en vue de procéder potentiellement à une fouille dans la résidence d'un membre de la GRC sous la direction du commissaire ou d'un autre agent à qui ce pouvoir a été délégué. C'est particulièrement troublant, car il est question d'un processus administratif visant en grande partie à gérer des problèmes de conduite d'agents de la GRC qui sont survenus dans l'exercice de leurs fonctions.
Malheureusement, même si ces dispositions législatives — espérons-le — procédaient de bonnes intentions, elles constituent vraisemblablement une violation des droits et libertés fondamentaux qui sont garantis par la Charte à tous les citoyens canadiens et ne devraient pas être bafoués simplement parce qu'une personne est un membre de la GRC. D'ailleurs, je ne peux qu'imaginer l'indignation du public qui s'ensuivrait si nos agents de première ligne menaient leurs enquêtes criminelles en vertu de dispositions semblables à celles que contient le projet de loi .
Un dernier point que j'aimerais souligner émane du témoignage présenté au comité en ce qui a trait aux voies de recours possibles qui s'offriraient aux membres de la GRC à la suite de la décision de les renvoyer.
Des responsables du ministère de la Sécurité publique, y compris M. Richard Wex et M. Mark Potter, ont fait valoir qu'un agent qui souhaiterait interjeter appel d'une décision rendue par le commissaire en application des nouvelles dispositions proposées dans le projet de loi pourrait toujours demander un contrôle judiciaire.
Malheureusement, cette possibilité se heurte à un problème de longue date que l'Association canadienne des policiers essaie de corriger, à savoir le fait que la GRC est le seul service de police au Canada dont les membres continuent à voir leur droit d'association se faire brimer.
À coup sûr, les contrôles judiciaires constituent un aspect important, mais les membres du comité savent que les procédures judiciaires sont coûteuses et que, s'il n'y a pas d'association pour représenter le membre ou pour l'aider à composer avec les coûts, ce dernier n'aura peut-être pas les moyens d'assurer sa défense s'il s'agit d'un agent qui vient de perdre son emploi à la suite d'une sanction disciplinaire prise dans le cadre d'un processus administratif, dans la majorité des cas.
Certes, ce n'était qu'un bref survol des éléments du projet de loi qui préoccupent l'Association canadienne des policiers. Je serai heureux de fournir plus d'explications ou de précisions en réponse aux questions des membres du comité concernant les points que j'ai abordés ou tout autre aspect pour lequel mes observations pourraient être utiles avant que vous commenciez à débattre en profondeur du projet de loi.
Pour conclure, il est certain que nos collègues de la GRC font face à des difficultés sans précédent, mais il faut trouver un juste équilibre. Nous ne pouvons pas prendre des mesures visant à restaurer ou à améliorer la confiance du public envers la GRC qui auraient pour effet d'affaiblir la confiance de ses membres envers leur employeur. Le personnel de direction et les agents de première ligne peuvent trouver un terrain d'entente, comme en font foi les conventions collectives signées par divers services de police provinciaux et municipaux de partout au Canada. J'espère que le comité sera en mesure d'amender le projet de loi à cette étape du processus afin de trouver l'équilibre qui permettrait à la GRC de continuer à bien remplir son rôle de service de police national du Canada.
Je vous remercie de votre temps, et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de vous présenter nos commentaires sur ce projet de loi qui importe beaucoup à notre organisation, autant qu'à vous et au gouvernement.
Les commissions de police qui sont nos membres sont responsables de la gouvernance et de la surveillance de plus de 75 p. 100 des services de police municipaux au Canada. Elles gèrent les services de police de leur municipalité, fixent des priorités, établissent des politiques et représentent l'intérêt public en matière de gouvernance et de surveillance civiles. C'est en raison de cet objectif de gouvernance et de surveillance que nous sommes généralement en faveur du projet de loi .
Il y a plus de cinq ans que des représentants du ministère de la Sécurité publique nous ont consultés — j'étais du nombre — au sujet d'enjeux liés à la gouvernance et à la surveillance de la GRC. Nous croyons que le projet de loi C-42 constitue un pas dans la bonne direction en vue de renforcer la responsabilité, de moderniser les pratiques en matière de ressources humaines de la Gendarmerie et d'accroître la surveillance civile. Il faut espérer que ces mesures accroîtront la confiance du public à l'endroit de la GRC, laquelle, comme l'ont souligné le ministre Toews et d'autres, a été malmenée dernièrement.
À cette fin, nous applaudissons les objectifs énoncés dans le préambule du projet de loi.
Plutôt que de parler d'un aspect particulier du projet de loi, je souhaite commenter de façon générale certaines des propositions touchant la gouvernance et la surveillance en ce qui concerne les conséquences de certaines dispositions.
Notre intérêt pour la gouvernance et la surveillance efficaces de la GRC comporte deux volets. Premièrement, dans la mesure où la GRC offre des services de police par contrat à des collectivités locales, nous croyons qu'elle devrait être dotée d'un système de gouvernance semblable à ceux des services de police municipaux. Deuxièmement, dans la mesure où la GRC participe à des opérations conjointes et dispense des services de police intégrés avec nos services de police municipaux, nous croyons qu'elle devrait faire l'objet d'une surveillance efficace comparable à celle qui vise ses pendants municipaux.
La gouvernance locale dans des administrations où la GRC offre des services de police par contrat est une question qui nous importe, et il devrait en être de même pour la Gendarmerie et le gouvernement. Environ 65 p. 100 du budget de la GRC — selon ce qu'on nous a dit — provient des services de police à contrat. De plus, outre la prestation de services de police aux provinces et aux territoires, la GRC sert plus de 200 municipalités et 165 collectivités autochtones à l'échelle du Canada.
Le projet de loi traduit effectivement une tentative de dissiper certaines préoccupations locales. Bien qu'avantageuses, il ne s'agit pas de mesures qui renforcent la gouvernance locale dans les administrations où sont en vigueur des contrats de services de police. Nous vous demandons instamment de tenir compte de cet aspect dans vos délibérations. Voici une observation tirée d'un rapport sur les services de police municipale à contrat offerts par la GRC à l'intention de la Fédération canadienne des municipalités en 2009:
Un certain nombre de caractéristiques sont généralement reconnues comme étant essentielles à la bonne gouvernance, elles dont le fait d'être comptable, transparent, réceptif, efficace et efficient, équitable et inclusif. La plupart des répondants avaient des préoccupations liées à la gouvernance sur ces plans en ce qui concerne des services de police municipale offerts par la GRC.
La responsabilité à l'égard de la collectivité est perçue par nombre de municipalités comme une faible priorité pour la GRC, qui attache davantage d'importance à la responsabilité à l'égard de la Direction générale de la GRC.
L'attention à la gouvernance en général — et pas seulement à la gouvernance locale — fait largement défaut au projet de loi C-42. Nous — et j'entends par là l'ACCP — avançons qu'une gouvernance solide améliorerait beaucoup la responsabilité et la transparence de la GRC. C'est à nos yeux un enjeu de taille, surtout compte tenu des pouvoirs accrus qu'on propose de conférer au commissaire en vertu du projet de loi C-42. C'est un aspect dont nous avons discuté en profondeur durant nos consultations avec les représentants de la Sécurité publique.
Nous avons remis au du comité une lettre datée du 18 octobre qui traite la question de façon approfondie, alors je n'en dirai pas plus, outre que nous estimons respectueusement que l'adoption d'un système de gouvernance moderne et efficace pour la GRC renforcera la confiance et mènera à une plus grande responsabilité devant les élus, les contribuables et, surtout, les collectivités servies par la GRC.
J'aimerais maintenant parler de la surveillance efficace envisagée en tant qu'élément distinct de la gouvernance, particulièrement du point de vue des collectivités où un contrat de services de police n'est pas en vigueur, mais dont les services de police participaient néanmoins à des opérations conjointes et offrent des services de police intégrés avec la GRC.
La situation actuelle est inacceptable, comme je l'ai découvert en ma qualité de président du Conseil de services policiers de Toronto durant le Sommet du G20 à Toronto. Le service de police que nous surveillons — c'est-à-dire le Service de police de Toronto — était soumis à un système de surveillance provinciale et locale, mais la GRC n'était assujettie à rien de semblable alors qu'elle jouait un rôle dans ce projet de services de police intégrés extrêmement délicat ayant d'importantes répercussions sur le plan de la sécurité nationale.
Le mécanisme de surveillance actuel, la CPP, a été qualifié de gravement inadéquat par plusieurs témoins qui ont comparu devant le comité. Je crois que les dispositions du projet de loi contribueront beaucoup à rétablir cette lacune. Nous nous réjouissons du fait que la CCETP proposée aura le pouvoir d'entreprendre des examens relatifs aux politiques et aux procédures de la GRC, aura accès à plus de documents que c'est actuellement le cas, pourra exiger la production d'éléments de preuve et traiter plus rapidement les plaintes du public.
Nous sommes aussi très favorables à la capacité des ministres provinciaux responsables des services de police de déclencher des enquêtes et à celle d'organismes de surveillance provinciaux d'entreprendre des enquêtes indépendantes et conjointes. Ce sont de bonnes mesures qui devraient contribuer à renforcer la confiance du public.
Toutefois, nous partageons les préoccupations qui vous ont déjà été exposées au sujet de certaines autres dispositions du projet de loi. Nous craignons qu'elles nuisent à une véritable surveillance efficace. En particulier, nous vous demandons instamment d'examiner les dispositions touchant la justification des restrictions concernant les documents auxquels la CCETP pourrait ne pas avoir accès, la capacité du commissaire d'interrompre une enquête en raison de la possibilité d'une enquête criminelle, la capacité du commissaire de refuser d'enquêter sur une plainte alors que le président de la CCETP est d'avis que cela irait dans l'intérêt public, l'absence de normes de service exigeant de la gendarmerie qu'elle prenne des mesures opportunes alors que de telles normes sont envisagées pour la commission, et l'absence de ce que le président intérimaire de la CPP, Ian McPhail, a qualifié de « régime d'examen ferme » dans ses commentaires à votre endroit.
Nous partageons l'inquiétude du sergent d'état-major Abe Townsend en ce qui concerne la concentration de pouvoirs confiés à un seul service, d'une part, et l'incapacité de la commission de formuler des recommandations contraignantes de l'autre. Ce sont les mots du sergent d'état-major Townsend.
Enfin, nous sommes en désaccord avec la déclaration du directeur général Mark Potter selon laquelle la responsabilité première de la CCETP consisterait à examiner les plaintes du public et le projet de loi rendrait les examens conditionnels à la disponibilité des ressources, entre autres. Si ces déséquilibres ne sont pas corrigés, nous craignons que la nouvelle commission, malgré les pouvoirs accrus qui lui sont conférés, soit perçue comme exerçant ses activités contre le gré de l'institution même — et à son chef — qu'elle est censée surveiller. À notre avis, cela ne contribuera pas à la réalisation de l'objectif du projet de loi C-42, à savoir le renforcement de la confiance du public grâce à une responsabilisation accrue.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions, et je vous remercie beaucoup.
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Je dois vous contredire, monsieur Hiebert. Presque tous les employés, dont ceux qui travaillent dans la fonction publique, ont le droit de ne pas s'incriminer eux-mêmes et ne sont pas obligés de fournir une déclaration qui pourrait entraîner la prise de mesures disciplinaires à leur endroit ou leur licenciement.
Je crois que nous serions tous d'accord avec vous pour dire que, lorsque l'intérêt public entre en jeu, il faut qu'il y ait un certain équilibre, et l'équilibre doit refléter les préoccupations exprimées par plusieurs témoins ici, y compris M. Mukherjee, le témoin de l'ACP et M. Townsend, et aussi par M. Scarpaleggia dans sa question.
La tâche difficile qui vous attend ici est de créer un équilibre entre le droit des membres de la GRC de ne pas être assujettis au pouvoir absolu et arbitraire d'un commissaire qui serait, de fait, juge, juré et bourreau, d'une part, et la défense de l'intérêt public, d'autre part, pour ce qui est de veiller à ce que l'institution...
La GRC, autrefois une grande source de fierté pour notre pays, a vu sa réputation ternie par les actes de quelques membres, alors il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. C'est ce que vous allez faire si vous conférez plus de pouvoirs à quelqu'un qui détient déjà un pouvoir absolu. Pour moi, votre idée de forcer les membres de la GRC à renoncer à tous leurs droits et à s'incriminer eux-mêmes dans ce contexte, avec tout le respect que je vous dois, trahit une ignorance du fonctionnement réel du système. Selon l'article 5 de la Loi sur la GRC, le commissaire a une autorité et un pouvoir absolus à l'endroit des membres de la GRC. Pouvez-vous me dire pourquoi une personne dans cette position a besoin de plus de pouvoirs?