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Bonne après-midi à tous.
Nous en sommes à la 40e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Nous sommes le mardi 15 mai 2012.
Aujourd'hui, nous reprenons notre étude sur la surveillance électronique. Des représentants de la compagnie 3M sont ici pour se faire entendre. Nous recevons donc M. Steve Chapin, vice-président, Solutions de repérage et de marquage. Il est accompagné d'Elise Maheu, directrice des Affaires gouvernementales. Nous vous souhaitons la bienvenue et nous avons bien hâte de vous entendre.
Notre étude tirant à sa fin, nous allons bientôt rédiger un rapport et formuler des recommandations au gouvernement. Par conséquent, nous serons ravis d'entendre ce que vous avez à dire. Nous écouterons d'abord votre déclaration préliminaire avant de passer aux deux séries de questions, si cela vous convient.
Monsieur Chapin, vous avez la parole.
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Merci. C'est un honneur d'être ici aujourd'hui. J'aimerais également vous remercier d'avoir commandé une température aussi belle qu'en Floride, j'ai l'impression d'être chez moi.
Je suis Steve Chapin, vice-président des Solutions de repérage et de marquage chez 3M. J'étais le PDG de Pro Tech Monitoring de 2001 à 2011 lorsque 3M a acheté ma société. Je continue de travailler de près sur tous les aspects de la surveillance électronique, et je peux affirmer être ravi de faire partie de la famille 3M.
J'ai une formation en ingénierie et non pas dans le domaine correctionnel, voilà pourquoi je vais mettre l'accent sur les avantages techniques et la valeur rattachée à une solution complète de surveillance électronique.
Tout d'abord, laissez-moi vous dire quelques mots au sujet de 3M. Cette société novatrice n'arrête jamais d'inventer de nouvelles solutions. Cette société, qui a un chiffre d'affaires de 29,6 milliards de dollars et qui a à son actif 50 000 produits, emploie environ 84 000 personnes un peu partout dans le monde et est implantée dans plus de 65 pays.
En 1951, 3M Canada a été créée, mais aujourd'hui, la société brasse des affaires dans le domaine manufacturier, de la recherche et du développement, des ventes, du marketing et de la logistique. La société emploie près de 1 900 personnes et dispose de huit installations manufacturières et bureaux des ventes d'un océan à l'autre.
Pour revenir à la surveillance électronique, c'est-à-dire l'aspect vraiment captivant, je souligne que notre équipe a été une pionnière dans l'utilisation de la technologie GPS pour surveiller les accusés en attente d'un procès et les délinquants libérés dans la collectivité. Bien que la technologie de base soit restée pratiquement la même — soit des récepteurs GPS, des modems sans fil ainsi que plusieurs dispositifs de sécurité — bon nombre d'améliorations ont été apportées au cours des 15 dernières années. J'ai apporté avec moi quelques-uns de mes jouets, simplement pour vous donner une idée du chemin parcouru.
Cet appareil a été le tout premier à être mis en marché en 1997. Nous en avons déployé environ 6 000 qui ont été utilisés sur le terrain jusqu'en 2009. En 1997, rappelez-vous de la technologie cellulaire qui était utilisée. Les appareils étaient assez gros.
Aujourd'hui, nous utilisons plutôt cet appareil-ci. C'est notre principal dispositif de repérage. Le délinquant porte cet appareil attaché au moyen d'un bracelet à la cheville de 2 onces qu'il ne peut retirer sans déclencher une alarme anti-sabotage. Le niveau de supervision de cet appareil est très élevé, car il permet une communication vocale et textuelle en temps réel avec le délinquant.
L'autre technologie qui viendrait à l'esprit de bien des gens quand ils parlent de GPS, c'est le dispositif de repérage monobloc. Tous les dispositifs sont intégrés en une seule pièce portée à la cheville du délinquant. Vous avez ainsi une petite idée de ce que notre technologie constitue réellement.
À l'heure actuelle, nous sommes un chef de file mondial en conception, fabrication et déploiement de systèmes personnalisés pour répondre aux besoins des collectivités que nous servons. Le repérage par GPS fait partie intégrante d'une solution de surveillance électronique qui comprend la vérification vocale, la radiofréquence classique appelée parfois la détention à domicile; des dispositifs passifs et actifs par technologie GPS dans des appareils en une ou deux pièces et de détection du taux d'alcoolémie. Toutes ces technologies sont contrôlées par une interface unique avec navigateur. Cette technologie est également employée dans d'autres domaines, dont le soin aux aînés, les soins de santé, la santé et sécurité au travail et le repérage en milieu carcéral.
Les études démontrent que la surveillance électronique est un moyen rentable d'utiliser la toute dernière technologie pour améliorer la sécurité publique, réduire la récidive et modifier le comportement du délinquant. La surveillance électronique est de plus en plus utilisée en peu partout dans le monde. 3M a des contrats pour la prestation de solutions dans 43 États et dans de nombreux pays, y compris la Colombie, l'Espagne, la France, la Pologne, les Pays-Bas et Singapour.
Parmi nos contrats les plus connus, citons celui avec la Californie, qui constitue le plus grand programme de GPS au monde, où 5 000 délinquants sont surveillés grâce à la technologie de 3M. Quant au contrat avec la Floride, il s'agit du programme GPS ayant la plus grande longévité au monde. La Floride était notre tout premier client, et aujourd'hui 2 700 délinquants sexuels et violents en probation sont surveillés grâce à notre technologie. Le Michigan a beaucoup recours à la surveillance électronique, grâce à une combinaison de radiofréquence et de GPS, sans compter l'équipement servant à mesurer le taux d'alcoolémie. Dans cet État, environ 5 000 délinquants font l'objet d'une surveillance électronique à titre de solution de rechange à l'incarcération et également d'un cadre de mise en liberté anticipée.
L'Espagne a un programme unique, où 750 couples ayant eu des problèmes de violence conjugale participent au moyen d'appareils GPS. Dans le cadre de ce programme, la victime de violence conjugale porte aussi un dispositif de repérage afin de l'alerter dans le cas où si l'agresseur se trouve à proximité.
La surveillance électronique ne peut pas permettre de prévenir un crime. Toutefois, il s'agit d'un outil de supervision très efficace qui permet à des agents qualifiés de surveiller un délinquant pour voir presque en temps réel s'il respecte les conditions établies, de recenser et corriger des anomalies dans les activités du délinquant et de l'aider à modifier son comportement.
En 2011, la Florida State University a effectué une étude à la demande du National Institute of Justice, soit un organisme gouvernemental affilié au département de la Justice. D'après cette étude, la surveillance électronique permet de réduire le risque d'échec présenté par les délinquants dans une proportion de 31 p. 100. On constate également que la surveillance électronique par GPS permet davantage de réduire le risque de non-conformité du délinquant que la technologie par radiofréquence.
Lorsqu'il s'agit de choisir un système ou un fournisseur, on met surtout l'accent sur le dispositif de repérage. Bien que ces appareils soient importants pour collecter des données, je tiens à mettre le comité en garde du fait qu'un système de surveillance électronique efficace ne repose pas uniquement sur l'appareil en soi. Il faut également qu'il y ait une formation des agents, une interface logicielle intuitive, des outils de gestion des cas personnalisés, des systèmes de sauvegarde, des protocoles bien élaborés au sein de l'organisme et un soutien continu d'experts.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de discuter des avantages de la surveillance électronique et des éléments clés qui font de ce programme une réussite.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup monsieur le président.
Je remercie les deux témoins d'être présents aujourd'hui.
Nous avions commencé cette étude il y a quelques mois, et pour certains d'entre nous, cette séance permet de nous rafraîchir la mémoire. Certaines des observations que vous avez formulées ont certainement permis de préciser des questions que nous avions posées précédemment.
Nous avons entendu des témoignages contradictoires, provenant manifestement de différents témoins, car certains témoins affirmaient que la surveillance électronique ne permet pas la réadaptation des détenus, alors que, comme vous l'avez affirmé, d'autres avancent qu'il s'agit principalement d'un outil de supervision qui peut aider à s'assurer que les délinquants respectent les conditions de leur mise en liberté.
Vous en avez parlé brièvement, mais je crois qu'il est important que vous nous parliez un peu plus du fait que la surveillance électronique ne se limite pas au dispositif lui-même. Pouvez-vous nous donner davantage de détails sur la formation des superviseurs et des responsables des dispositifs de repérage?
Pouvez-vous nous dire quel type de surveillance est nécessaire, d'après votre expérience? Quel matériel est nécessaire aux agents de libération conditionnelle qui assurent la surveillance?
C'est une excellente chose que vous ayez apporté un appareil avec vous. Monsieur le président, serait-ce possible de faire circuler le dispositif afin que nous puissions le regarder de près? Il serait fort utile que nous puissions le toucher pour bien comprendre de quoi il s'agit.
Pouvez-vous nous donner davantage d'explications sur les autres aspects de la surveillance électronique, outre le dispositif lui-même?
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Tout d’abord, je dois indiquer qu’il n’y a pas une seule solution à tous les problèmes. C’est la raison pour laquelle je parle beaucoup de plateformes intégrées, car il est important d’apparier la technologie au niveau de supervision dont le délinquant a besoin.
Le système que nous offrons est tout inclus et vise à donner à l’organisme un contrôle total de la surveillance des délinquants. Trop souvent, nous mettons des appareils de haute technologie dans les mains de personnes qui n’ont pas nécessairement l’expérience requise. La formation est donc un aspect très important du programme, et 3M s’en occupe directement par l’entremise de son personnel qualifié.
Notre système est conçu pour être personnalisé, c’est-à-dire que l’agent, au moyen de protocoles définis par l’organisme, établit des règles précises pour chaque délinquant. Si le délinquant suit les règles, il n’y aura aucune alerte. Si le délinquant enfreint une règle, une alarme est déclenchée vers l’organisme, soit par courriel ou message texte, et au moyen de protocoles établis, l’agent prend les mesures appropriées.
Les données qui sont transmises à l’agent ont trait non seulement à la localisation, mais également au comportement du délinquant. Ainsi, l’agent a l’idée des comportements types adoptés par le délinquant. En outre, nous pouvons établir des scénarios de type prédictif lorsque nous décelons un comportement inhabituel chez le délinquant. Cela nous indique que quelque chose est en train de se produire, et cela nous permet, dans une certaine mesure, d’alerter l’agent responsable.
Nous offrons également un service de repérage et de localisation de tous les délinquants. Nous pouvons assurer un suivi de la population de délinquants pour savoir exactement où ils se trouvent. Bien souvent, ils sont considérés d’office comme étant suspects lorsqu’un crime est commis. Nous pouvons confirmer l’endroit où se trouvaient les délinquants par rapport au lieu du crime et ainsi indiquer si le délinquant se trouvait tout près ou sur les lieux mêmes de l’incident. C’est tout aussi important, cette technologie nous permet également d'identifier les délinquants qui ne se trouvaient pas près du lieu du crime.
Dès le début du programme, nous avons découvert que non seulement nous pouvions surveiller les délinquants, mais également la façon dont les agents utilisent notre système. Par exemple, nous pouvons nous assurer que les agents ouvrent une session dans le système tous les jours et analysent les données de localisation sur les délinquants. Les agents ont établi des règles pour les délinquants de sorte que si ces derniers ne les respectent pas, une intervention rapide peut être effectuée par l’agent pour aider à changer le comportement du délinquant.
Enfin, toujours d’après notre expérience, nous en sommes venus à prendre des mesures pour s’assurer que les messages envoyés sont effectivement reçus par les agents responsables. Nous avons eu un incident malheureux il y a plusieurs années où notre système avait parfaitement fonctionné lorsqu’un délinquant s’est rendu dans une zone interdite et a violé une fillette. Un message d’alerte a été envoyé par notre système, mais c’était la veille du Nouvel An et l’agent responsable s’était endormi. Dorénavant, si l’organisme le désire, il est possible d’exiger que l’agent accuse réception des messages d’alerte. Si nous ne recevons aucune confirmation, nous envoyons le message à un autre agent, et continuons de procéder ainsi jusqu’à ce que quelqu’un réponde.
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Non. Si le délinquant enfreint l'une des conditions de surveillance, le dispositif communique automatiquement, alors aucune intervention n'est nécessaire. Le dispositif le calcule automatiquement et affiche le message.
Nous pouvons envoyer des messages automatisés au dispositif à partir du centre de données, et cela peut être demandé par l'agent en entrant simplement dans le système.
Lorsque l'agent reçoit un message texte sur son téléphone cellulaire qui indique que le délinquant ABC a enfreint telle règle, il peut répondre à partir de son téléphone cellulaire, et le message est envoyé au délinquant en passant par notre centre de données. Il peut donc répondre au délinquant facilement et rapidement.
Le dispositif peut aussi recevoir des appels téléphoniques de cinq numéros différents, parce que nous ne voulons pas, par exemple, que la petite amie du délinquant obtienne le numéro du téléphone cellulaire. Ensuite, la loi oblige qu'il puisse placer des appels 911 parce que c'est un appareil cellulaire, mais ce sont les seules voies de communication.
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La raison pour laquelle nous préférons la location c'est parce que nous pouvons continuellement mettre à niveau et améliorer notre produit. Lorsqu'une agence reçoit de nouvelles unités ou des unités de remplacement, si une unité devient trop usée ou si le délinquant semble s'en débarrasser — nous envoyons continuellement des unités — nous envoyons toujours l'unité avec la technologie la plus récente.
Pour revenir à votre question sur un délinquant qui entre dans un métro, le GPS ne fonctionnera absolument pas dans un métro. En fait, nous nous attendons à ce que le GPS ne fonctionne pas à l'intérieur de la plupart des édifices. Parfois, nous sommes chanceux, selon la structure de l'édifice, il fonctionne. Mais avec la technologie que nous utilisons, nous avons une technologie terrestre supplémentaire qui permet d'utiliser les tours cellulaires. Nous ne faisons pas de triangulation, mais nous connaissons l'emplacement des tours cellulaires et celui de la tour la plus proche, ou du relais cellulaire, qui peut se trouver dans une station de métro. Ce n'est pas aussi précis qu'un GPS, mais ce sont des renseignements complémentaires.
Des clients ou d'autres concurrents préfèrent d'autres technologies de surveillance, mais la plupart des technologies ne sont pas aussi précises que le GPS.