Bonjour à tous. En ce mardi 29 janvier 2013, nous en sommes à la 66e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Avant d'accueillir nos invités d'aujourd'hui, je tiens à souhaiter la bienvenue aux membres du comité à notre retour du congé des Fêtes et du travail dans nos circonscriptions respectives.
Je suis ravi de tous vous revoir. Je me réjouis également de pouvoir reprendre cette étude que nous avons amorcée sur les aspects économiques liés aux services de police.
Parmi nos témoins d'aujourd'hui, nous recevons, du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, le sous-ministre adjoint du Secteur de la sécurité de la population et des partenariats, M. Shawn Tupper.
Bienvenue à vous, monsieur Tupper.
Est également des nôtres, le directeur général responsable des politiques en matière de police au sein du Secteur de la police et de l'application de la loi.
Monsieur Potter, bienvenue à nouveau.
De la Gendarmerie royale du Canada, nous accueillons le sous-commissaire pour la région de l'Est, M. Steve Graham.
Nous vous remercions de l'aide que vous nous apportez dans notre étude sur les aspects économiques des services de police au Canada.
Je précise qu'il s'agit en fait de la deuxième comparution pour certains d'entre vous. La séance précédente a dû être interrompue en raison de votes en Chambre, une des activités qui pimentent la vie des parlementaires. Comme nous n'avions pas pu aller au fond des choses à ce moment-là, je me réjouis de pouvoir vous accueillir de nouveau. Nous avons grand hâte d'entendre ce que vous avez à nous dire. Je vais maintenant donner la parole à M. Potter.
Nous vous écoutons.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous. Il est bien de se retrouver ici pour discuter des paramètres économiques des services de police, un sujet important. Comme il a été noté à notre dernière rencontre, cette vaste question a trait à l'évolution et à la viabilité des services de police en cette période de contraintes financières et d'augmentation des attentes du public.
Même si le gouvernement du Canada n'est qu'un des nombreux partenaires touchés par la question, le ministre de la Sécurité publique assure un rôle de leadership à cet égard. Le ministre a abordé la question à la même période l'an passé, à Charlottetown, lors d'une réunion des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la justice et de la sécurité publique. Lors de cette réunion, les participants se sont entendus sur deux étapes: d'abord, échanger des renseignements sur les initiatives qui ont amélioré l'efficacité et l'efficience des services de police; ensuite, organiser un sommet sur les paramètres économiques des services de police.
En fonction de ces deux étapes, lors de la réunion suivante des ministres FPP qui a eu lieu à Regina en octobre 2012, les ministres ont convenu qu'après le sommet, on tiendrait des consultations visant l'élaboration d'un programme commun en matière de services de police au Canada.
Je suis heureux d'affirmer que nous avons fait des progrès concernant ces trois étapes et j'aimerais faire le point sur ces progrès aujourd'hui.
Le sommet sur les paramètres économiques des services de police était un événement du gouvernement du Canada organisé par le ministre Toews, au nom de tous les ministres FPP. Il a eu lieu les 16 et 17 janvier à Ottawa. Trente conférenciers du Canada, des États-Unis, du Royaume Uni et de la Nouvelle-Zélande y ont pris part; il y avait aussi des participants représentant le milieu et les intervenants des services de police au Canada.
Le programme du sommet a été conçu en collaboration avec tous les gouvernements et les trois associations policières nationales. Il était fondé sur trois piliers de réforme: les économies au sein des services de police; les nouveaux modèles de sécurité des collectivités; et les économies au sein du système de justice.
Dans son mot de bienvenue au sommet, le ministre Toews a mentionné des éléments clés. Par exemple, il a abordé le changement à l'égard des attentes du public en précisant ce qui suit:
Il y a dix ans, le Canadien moyen acceptait facilement, presque sans poser de questions, les augmentations constantes des budgets des services de police.
Aujourd'hui, toutefois, on demande de plus en plus de preuves de la valeur des investissements que tous les gouvernements font dans les services publics, y compris les services de police.
Étant donné que les mesures de rendement des services policiers ne sont ni bien établies, ni bien appliquées, ni communiquées au public, il est difficile d'évaluer clairement l'efficience et l'efficacité des dépenses qui y sont liées.
Le ministre a également souligné les mesures prises pour appuyer les secteurs des activités policières relevant directement du gouvernement. Par exemple, la GRC réduit son financement annuel au moyen de réformes dans les services de soutien administratif et opérationnel. De plus, depuis l'entrée en vigueur en 2009 de la Loi sur le contrôle des dépenses, les augmentations de salaire, y compris pour les membres de la GRC, ont été maintenues à 1,5 p. 100. Il est prévu que ces mesures de compression des coûts favoriseront la durabilité des services de police de la GRC.
En conclusion, le ministre a mentionné que deux options s'offrent aux services de police: ils peuvent ne rien faire et possiblement avoir à faire des compressions en fonction de la situation financière de leur région; ou ils peuvent être proactifs, prendre une longueur d'avance, et avoir davantage de latitude concernant la conception et la mise en oeuvre de réformes structurelles progressives et efficaces en vue de mieux servir les Canadiens.
Dans son mot d'ouverture, la ministre Bond de la Colombie-Britannique, a repris plusieurs points de son homologue fédéral, le ministre Toews. Elle a souligné l'importance de tirer le meilleur rendement possible des investissements des contribuables dans les services de police et de trouver de nouvelles façons plus efficaces de faire les choses — que ce soit concernant la prestation de services de police, les enquêtes, la prévention du crime, la formation ou, le plus important, la collaboration. Pour ce faire, a-t-elle souligné, il faut remettre en question le statu quo, tâche qui n'est jamais aisée.
Ces allocutions prononcées par les deux ministres ont établi le contexte et l'orientation du sommet. Même si le sommet ne constitue qu'une étape d'un long processus, les deux journées ont été productives et remplies de présentations informatives et de discussions franches. Les commentaires des participants et les évaluations officielles qu'ils ont remplies ont confirmé que l'événement a été constructif et a permis de sensibiliser les participants, de donner des renseignements pratiques et de nous orienter dans la direction d'une efficience et d'une efficacité accrues des services de police par la voie de l'innovation et du changement.
Afin de continuer sur cette lancée, les trois associations policières nationales ont appuyé un cadre stratégique, ou programme commun. Sécurité publique Canada a présenté le programme commun lors du sommet, en fonction des discussions tenues avec d'autres gouvernements. Il sera élaboré de façon collaborative au cours des prochains mois.
Comme le ministre Toews l'a précisé dans son mot d'ouverture, seule, aucune des parties — pas même le gouvernement fédéral — ne peut acheter la solution aux défis auxquels le secteur se heurte. Mais, ensemble, nous pouvons déterminer les mesures nécessaires pour appuyer l'innovation et le changement, et nous partager les responsabilités.
À cet égard, il est encourageant de constater que l'Ontario, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique ont accepté d'être les champions de l'élaboration de l'un des trois piliers de la réforme au cours des prochains mois.
Fondée sur les discussions tenues au cours du sommet, la séance de clôture a présenté les domaines possibles à explorer dans le cadre d'un programme commun. Concernant les économies au sein des services de police, on pense notamment au renforcement de la civilarisation, à l'examen de l'efficience des services de police, à l'échange et à l'adoption de pratiques exemplaires, ainsi qu'à l'amélioration de la mesure du rendement, des rapports, de la capacité de recherche et de la coordination.
De plus, les mesures des deuxième et troisième piliers de la réforme pourraient comprendre le recensement et la validation de nouveaux modèles de sécurité communautaire, ainsi que le choix et l'avancement des priorités en matière de services de police pour la réforme du système de justice. Il est évident que pour progresser, il faut adopter des approches applicables à l'ensemble du système.
Pour faire suite au dialogue national entamé au sommet, nous lancerons, au cours du printemps et de l'été 2013, un vaste processus collaboratif visant l'élaboration du programme conjoint.
Un autre élément important, le répertoire des initiatives au Canada qui améliorent l'efficience et l'efficacité des services de police, a également été présenté au sommet.
Votre participation est la bienvenue sur cette question. Vous contribuerez ainsi au dialogue en cours et favoriserez les réformes nécessaires pour conserver l'avantage des services de police au Canada.
Les services de police jouissent actuellement d'une grande confiance du public, mais cette confiance peut uniquement être accrue si on nous voit prendre des mesures responsables; des mesures qui nous permettent de relever le défi présenté par les ressources limitées tout en améliorant les services grâce à une efficience et une efficacité accrues. Il s'agit d'une occasion que nous pouvons saisir en collaborant pour nous attaquer au problème de toutes parts et pour favoriser un changement durable au moyen d'un engagement à long terme.
Voilà qui met fin à mon mot d'ouverture. Je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
Merci beaucoup.
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Oui, nous pouvons certainement examiner le Royaume-Uni de plusieurs points de vue. Le nombre d'agents de police pour 100 000 habitants est en fait très élevé, de même que les dépenses par habitant. D'après moi, c'était des motifs pour améliorer l'efficacité dans ce pays.
Au Royaume-Uni, les budgets des dépenses des services de police, ces 10 ou 15 dernières années, ont augmenté à un rythme spectaculaire, plus rapide qu'ici. C'est, je pense, la raison des compressions. Le gouvernement central pratique des compressions notables, de l'ordre de 15 à 20 p. 100, aux services de police, ce qui s'accompagne de répercussions sensibles sur les agents de première ligne et sur le nombre de policiers en général.
Beaucoup de services de police examinent toute une gamme de moyens, que ce soit la technologie, la civilarisation, l'externalisation ou différents niveaux de service, pour, malgré les compressions, conserver un niveau élevé de service dans la collectivité locale et, dans la mesure du possible, réduire au minimum les répercussions subies par les services de première ligne. Ce qui se passe actuellement au Royaume-Uni représente toute une mutation.
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Les 10 dernières. C'est une augmentation incroyable. Elle me rappelle un peu l'explosion des coûts dans la santé, qui était due à de nombreux facteurs, certains démographiques, par exemple le vieillissement de la population, d'autres comme l'arrivée de technologies nouvelles et complexes, etc.
Nous entendons souvent dire — et c'est vrai pour la santé, depuis un certain nombre d'années — qu'il suffit de rendre la machine administrative plus efficace pour maîtriser nos coûts. Aujourd'hui, on constate, si vous avez lu Jeffrey Simpson récemment — il vient de faire un livre sur les soins de santé au Canada, mais, ici, je fais allusion à un article qu'il a publié récemment — que ce n'est pas la solution pour comprimer les coûts des soins de santé. Nous avons tout essayé à ce sujet.
Je me demande donc s'il est encore possible de faire des économies grâce à l'efficacité administrative, alors que la criminalité devient plus complexe, particulièrement la criminalité économique, qui, à ce qu'on dit, draine plus de ressources à la GRC. C'est extrêmement complexe. Vous affrontez une criminalité hautement technologique qui exige des agents ayant subi une longue formation. Les enquêtes sont plus complexes, et ainsi de suite.
Il y a aussi le problème général, pas seulement à la GRC, du coût très élevé des services de police en raison des généreuses pensions versées aux policiers. De fait, aux États-Unis, à ce que je sache, la recherche de moyens pour comprimer les coûts des services de police découle du passif des régimes de retraite. Dans certaines collectivités, tout le budget municipal est consacré à ce passif.
Je dois préciser que je suis convaincu de la possibilité de certaines efficacités administratives, mais je ne vois pas comment on peut résoudre un problème de 12 milliards de dollars uniquement par des améliorations administratives. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Je pense que les difficultés s'additionnent les unes aux autres. La première est que, souvent, nous ignorons quelle est l'efficacité de la plupart des services de police, en raison de la difficulté de la mesurer. On peut se servir de toute une gamme d'indicateurs. Un indicateur isolé donne souvent des renseignements mitigés ou ambigus. Il faut donc être prudent dans son utilisation et on peut vouloir privilégier l'utilisation d'une gamme d'indicateurs. Voilà pour l'aspect quantitatif.
Ensuite, quand on examine plus en profondeur le travail de la police, on y constate une dimension qualitative qui échappe aux mesures ordinaires. Il est vraiment difficile de disséquer le service de police et d'en déterminer l'efficacité. Ainsi, dans certains programmes au Royaume-Uni, des spécialistes du secteur privé, conjointement avec les policiers, ont examiné tous les processus, toutes les opérations quotidiennes de chaque agent, à la minute près, pour découvrir des aspects dont on peut augmenter l'efficacité et, souvent, ils découvrent des choses assez simples.
Une grande partie des services de police concerne la gestion de la demande. Qu'il s'agisse d'appels concernant des crimes ou des appels de service, on gère la demande des citoyens sur les services de police et il s'agit de le faire de la façon la plus efficace possible: comment classer les appels par ordre de priorité, comment, pour les appels non urgents, on a recours à un planning, comment on utilise la technologie, la technologie mobile, par exemple, et comment les agents, sur le terrain, sont mieux en mesure de répondre à ces appels.
Cette évaluation à la loupe faite, on est mieux en mesure de recommander des moyens pour améliorer l'efficacité du service de police.
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Pour moi, cela signifie l'une des deux choses suivantes. Cela veut dire de confier des services effectués à l'interne par les forces policières et, essentiellement, les impartir à des spécialistes de l'extérieur. Encore une fois, l'État dépensera, sauf que ce sera sur des entrepreneurs extérieurs, ce qui, parfois, n'est pas si économique.
Est-ce une autre façon de refiler les coûts à la population civile? Autrement dit, sommes-nous en train de préconiser la création d'un plus grand nombre de groupes de surveillance de quartier, ce qui réduira la nécessité de patrouilles policières, et ainsi de suite?
En ce qui concerne la gestion de la demande, le citoyen qui a été le témoin d'un cambriolage ou dont le dispositif d'alarme de sa maison a été déclenché ou ainsi de suite, vous expliquera qu'il n'a pas appelé la police parce qu'elle prend beaucoup de temps avant de présenter, etc. Les agents qui viennent et qui font un rapport diront — et ce n'est qu'anecdotique — « Le voleur sera aussi difficile à trouver qu'une aiguille dans une botte de foin, etc. ».
Il me semble qu'il y a une sorte de demande refoulée pour les services de police. Je ne pense pas qu'on puisse compter sur une réduction de la demande. Je pense simplement que le système est débordé. C'est ce que les citoyens semblent me dire.
Je suis vraiment curieux au sujet de la répartition des compétences concernant les services de police. Nous disons que cela relève des provinces, sauf la GRC, et, pourtant, nous disposons de toutes sortes de programmes fédéraux et de programmes de prévention de la criminalité, et le gouvernement...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Messieurs, j'aimerais vous remercier d'être présents aujourd'hui.
Cette étude est extrêmement importante. Elle nous permet d'avoir certaines clarifications sur la direction que l'on veut prendre et sur la façon de faire pour démêler tout cela. Il faut dire que c'est un enjeu important à l'échelle nationale.
Je suis favorable à ce que l'on regarde où on peut faire des économies et où l'argent doit être placé pour que ce soit le plus efficace possible. Nous voulons tous que nos forces policières soient les plus efficaces possible et qu'elles aient le meilleur budget qui soit.
Monsieur Potter, vous avez probablement entendu parler du Fonds de recrutement de policiers, qui va se terminer en mars 2013. Au Québec, il avait servi à lutter contre les gangs de rue. Il y a quatre ans, des escouades mixtes avaient été formées à cet effet. Cela a fonctionné incroyablement bien. Des résultats positifs ont été notés dès la première année, et à moindres coûts, puisque ces escouades étaient mixtes et se promenaient de ville en ville. Donc, moins de forces policières étaient utilisées pour faire un travail plus important sur un plus grand territoire. Cela a fonctionné extrêmement bien.
Aujourd'hui, on est malheureusement coincé, car on va abolir ce fonds de recrutement. Les escouades mixtes pour lutter contre les gangs de rue, qui fonctionnaient bien, ne vont malheureusement plus recevoir de financement. Selon moi, c'est un problème.
Quand un programme est efficace, ne pourrait-on pas y investir de l'argent et l'utiliser comme exemple au lieu de l'abolir? Ne pourrait-on pas utiliser ce type de programme à l'échelle nationale avec un autre type de fonds?
Comme j'ai mentionné plus tôt, je pense que ce n'est pas le rôle du gouvernement fédéral de donner des conseils aux services policiers du reste du Canada sur leurs programmes particuliers et sur la façon d'améliorer leur efficacité. Je pense que c'est plutôt de leur faciliter la tâche, en les informant, en leur faisant connaître les pratiques exemplaires, en mettant à leur disposition des aides pour la prise de cette décision avec les collectivités locales et les citoyens comme ils le jugeront bon.
Sur ce que vous avez dit sur la valeur de l'exemple, je pense que nous pouvons beaucoup apprendre de l'étranger, tant sur les structures qui appuient l'action de la police que sur les mesures individuelles de police.
Il y a un moment, votre collègue s'est interrogé sur la civilarisation. Ce n'est pas un phénomène nouveau. Il existe dans la police depuis très longtemps. Au Canada, nous comptons 69 000 policiers assermentés; 30 000 civils travaillent sur place, dans les services de police. Il s'agit, au fond, de faire appel aux diverses compétences de chacun et de les utiliser de la façon la plus efficace. Le policier assermenté possède certaines compétences, souvent pour répondre à une très large gamme de problèmes et de défis, sur le terrain, mais ce n'en fait pas nécessairement un spécialiste des technologies de l'information, par exemple.
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Merci beaucoup, monsieur Potter.
J'ai quelques questions pour vous.
Mais avant, je tiens à faire des observations sur les propos de M. Scarpaleggia, au début, selon qui les critiques de l'opposition n'étaient pas invités à la conférence. Pour mettre les choses au point, je ne pense pas que le gouvernement y ait aussi été invité. La liste des invités a été établie avec les provinces et tous les ordres de gouvernement.
Ensuite, c'est là qu'on a signalé les difficultés d'un passage, en 10 ans, d'un budget de 6 à 12 milliards de dollars pour les services de police, et la difficulté de garder la maîtrise de ces coûts tout en continuant à assurer la protection de la société, comme principe directeur général. Je me demande, alors que nous entamons ce rapport, si vous pouvez nous informer un peu sur le processus de l'affectation des montants. Nous voyons bien que le gouvernement fédéral a un rôle, mais nous savons aussi que c'est en grande partie du ressort des provinces.
Quel est le processus? Pour notre décision de distribuer de l'argent aux provinces, que ce soit la GRC ou les services de police municipaux, pouvez-vous donner au comité une idée de ce dont il s'agit? Est-ce par habitant? Qu'en est-il de la géographie, des régions rurales ou des vastes régions auxquelles il faut affecter des policiers? Où interviennent les appels? Comment répartit-on la location de ces fonds?
Je pense que cela fait partie des questions de M. Scarpaleggia quand, vers la fin, il a parlé du partage des compétences.
Je pense que, à ce sujet, il y a quelques aspects. Il y a les budgets généraux, qui sont déterminés par la situation financière de tel gouvernement, auxquels se greffent des éléments comme les conventions collectives conclues avec les associations de policiers, qui sont un facteur important dans ces budgets.
Par exemple, à Toronto, au cours des deux dernières années écoulées, des compressions budgétaires ont compliqué la situation. La ville a collaboré avec sa commission des services de police, laquelle a travaillé avec le service de police pour essayer de trouver des façons de rendre le service efficace et de faire des économies. Toutes les opérations ont fait l'objet d'un examen, qui a aussi porté sur les possibilités d'améliorer l'efficacité, d'appliquer ces solutions et d'atteindre les objectifs financiers généraux de la ville. À Toronto, c'est un processus permanent.
À mesure que l'examen d'un service de police s'approfondit — et Steve pourrait vous en parler beaucoup mieux que moi — on découvre des modèles d'affectation des ressources dont se servent la plupart des services de police comme la GRC pour déterminer de façon logique combien d'agents il faut à tel endroit, à tel moment. Ce sont des modèles assez perfectionnés qui tiennent compte de toute une gamme de facteurs pour parvenir à ce genre de décisions.
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Partout ailleurs au pays, c'est ce qu'on a compris. N'est-ce pas? C'est ce que je pense. Merci beaucoup.
Je tiens à poser une autre question. Un programme, qui fonctionne vraiment bien au Manitoba, y compris à Portage la Prairie, dans ma circonscription, est le programme de patrouilles de citoyens, qui est vraiment un bon exemple de... Quel est le mot?
M. Francis Scarpaleggia: « Civilarisation ».
Mme Candice Bergen: C'est ça. Ce programme existe depuis une vingtaine d'années, il n'est pas si nouveau que cela.
Est-ce qu'on en a discuté au sommet? Est-ce que ç'a fonctionné dans les autres provinces? Comme j'ai dit, cela marche très bien au Manitoba, mais je sais que, quand j'étais en Alberta, il semblait difficile d'organiser des initiatives et de les faire décoller.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce programme?
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C'est un modèle qui a été assez généralement utilisé.
Je distinguerais civilarisation et service de police à plusieurs niveaux, selon l'appellation ordinaire, qui consiste à embaucher des individus pour effectuer des tâches différentes et souvent plus simples que celles dont s'acquitterait un agent ordinaire de police. Prenons, par exemple, le Royaume-Uni, où on a mis en place un système assez robuste de services de police à plusieurs niveaux: il y a les agents de police assermentés, qui constituent la majorité du personnel; le personnel civil qui travaille dans le service de police et qui s'acquitte souvent de fonctions administratives et de fonctions de soutien; puis deux autres catégories de personnel policier.
La première est celle des agents de sécurité communautaire. Ces agents sont très présents dans les quartiers et la collectivité — dont ils comprennent les besoins, où ils rassemblent de l'information et où ils travaillent à la résolution de problèmes. C'est un autre niveau.
L'autre catégorie est exactement celle à laquelle vous avez fait allusion, celle des bénévoles. Au Royaume-Uni, on les appelle agents spéciaux. Nous en avons aussi au Canada. Différents services de police les utilisent à un degré variable, mais ils peuvent souvent être une ressource très utile pour répondre aux besoins en matière de services de police et aux besoins des collectivités en ce qui concerne la visibilité et d'autres fonctions plus rudimentaires qu'on ne veut pas nécessairement confier à un agent assermenté.
Oui, c'est un élément très important à mon avis. Il est absolument essentiel que les services de police participent pleinement aux réformes pour qu'elles aient un effet durable, et c'est pourquoi nous avons travaillé en étroite collaboration avec les trois grandes associations nationales, notamment l'Association canadienne des policiers, qui représente les policiers de première ligne, pour organiser le sommet. Le président et les membres ont participé activement à la préparation du sommet, ainsi qu'aux discussions pendant le sommet, et ils ont soulevé nombre des points importants.
Il y a eu également des débats intéressants, par exemple, entre les chercheurs qui ont examiné les réformes aux États-Unis et au Royaume-Uni. Leurs études ont révélé que dans bien des cas, les policiers de première ligne ne participaient pas à la planification des réformes et n'avaient pas leur mot à dire sur les améliorations à apporter, et c'est pourquoi nombre d'entre elles étaient un échec. C'est donc un élément important qu'il faut mettre au programme.
Au Royaume-Uni, les responsables se sont rendu compte de plus que lorsqu'ils veulent accroître l'efficacité, ils doivent inclure les policiers de première ligne dans le processus, non seulement pour avoir leur point de vue, mais également pour améliorer le rendement à long terme. C'est uniquement en les mobilisant que les réformes peuvent être durables.
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Merci, monsieur le président, et bienvenue à nos témoins.
J'aimerais revenir sur quelques points, car on entend des généralités et l'opposition aimerait bien qu'on ne retienne que cela. Je crois qu'il est important de revenir sur certains éléments pour les clarifier avant de passer aux questions.
On a entendu dire un peu plus tôt que les chefs n'avaient malheureusement pas été invités au sommet, une information que vous avez bien sûr démentie, monsieur Potter. Vous avez dit qu'ils l'ont bel et bien été et qu'on avait soigneusement préparé la liste des participants. C'est excellent.
Puis M. Tupper a précisé qu'il n'y avait eu aucune compression dans les programmes de lutte contre les gangs, et qu'on y injectait en fait plus d'argent aujourd'hui qu'au cours des dix dernières années.
Troisièmement, on a mentionné que les coupes dans le programme destiné aux Premières Nations inquiétaient, ce à quoi M. Tupper a répondu que ce programme avait été protégé et qu'il était stable.
On a également mentionné qu'il y avait eu des coupes dans les services de police de première ligne, ce à quoi vous avez répondu que le budget des services de police était passé de 6 milliards à 12 milliards au cours des dernières années, et qu'il n'y a eu aucune coupe dans les services de première ligne. Je consulte « Les ressources policières au Canada » et je remarque que le budget en dollar constant pour les ressources policières augmente chaque année, notamment pour ce qui est des recrues, car près des deux tiers des policiers — si je me souviens bien — s'apprêtent à prendre leur retraite.
Puis, on vient de dire qu'il y a eu des compressions à l'ASFC. Monsieur Potter, je sais que vous avez répondu ne pas être en mesure de commenter cette affirmation, mais comme la question vous intéresse sans doute beaucoup, je me permets de vous dire que le budget de l'ASFC a, en fait, augmenté de 26 p. 100. Il n'y a donc pas eu de compressions là non plus. J'ose espérer, donc, qu'on ne retiendra rien de tout cela.
Passons maintenant aux questions.
Au Yukon, la Gendarmerie royale du Canada a déployé beaucoup d'efforts pour améliorer son rendement et son modèle de fonctionnement. Ce point est en lien avec certaines questions abordées par M. Rousseau au sujet de la participation des policiers. La GRC a augmenté, par exemple, la durée des affectations, et c'est exactement ce que les policiers demandaient. Après deux ans, les agents commençaient à prendre pied dans la collectivité et ils se demandaient « Pourquoi ne pourrions-nous pas rester trois ou quatre ans? » C'est une des améliorations qui ont été apportées.
De plus, les services de police dans les réserves ont repris d'emblée au cours des quatre ou cinq dernières années, et les policiers à la retraite ont repris du service. C'est une idée qui a été très avantageuse pour les services de police et la GRC et qui a été proposée par les agents, qui disaient avoir besoin de ces gens pour la formation, pour les congés, etc.
La GRC vient en outre de conclure une entente avec le Centre correctionnel de Whitehorse au sujet des blocs cellulaires. Les blocs cellulaires ne relèvent plus du détachement, mais du centre correctionnel. Cela a accru l'efficacité et permet aux agents de passer plus de temps sur la route. C'est une idée qui a été proposée encore une fois par les agents de première ligne de la GRC et qui mise sur les partenariats et les liens au sein de la collectivité.
Si on veut faire le lien maintenant entre l'aspect pratique et législatif, y a-t-il des mesures législatives qui permettraient d'accroître l'efficacité administrative ou financière? Pensons par exemple à la Loi visant à accroître la responsabilité de la GRC. Il y a un coût énorme associé aux congés, aux griefs internes, etc., et la loi peut réduire ce fardeau en partie, mais qu'en est-il des produits de la criminalité? Les sommes que les agents de police génèrent en luttant contre la criminalité sont habituellement versées au Trésor public. Ne pourrait-on pas trouver une façon novatrice d'en réacheminer une partie directement vers les services de police? Y a-t-il d'autres mesures législatives?
Je pose la question à qui veut bien y répondre.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est bon d'être de retour.
Merci à nos témoins de s'être déplacés.
Je trouve intéressant que M. Toews dise dans son allocution que nous devons tous être solidaires; en tant que directeur général des politiques en matière de police, vous savez que ce n'est pas le cas. Certains services de police au pays tirent de l'arrière. Je vais vous en donner un exemple dans un instant.
Dans son allocution à la conférence, tout comme vous aujourd'hui, M. Toews part du principe que tous les services de police au pays se trouvent à un certain niveau, c'est-à-dire qu'ils possèdent des compétences de base et qu'ils doivent maintenant, comme vous le dites, s'améliorer. Toutefois, à titre de directeur général, vous savez très bien que certains services de police, comme ceux des Premières nations, sont très loin d'être efficaces.
Dans le nord de l'Ontario, nous avons quelques services de police des Premières nations, et ils ne s'en tirent pas trop mal sur le réseau routier. Toutefois, lorsqu'ils doivent desservir 39 collectivités accessibles seulement par avion et que l'argent n'est pas au rendez-vous...
M. Toews a mentionné, et je m'en souviens, qu'on ne peut pas acheter la solution, mais un service de police comme celui de Nishnawbe-Aski dans le nord-ouest de l'Ontario n'a pratiquement aucun équipement de communications. Les agents n'ont que des cellulaires. Ils n'ont pas de logement adéquat. Un jeune agent a même dû être évacué d'urgence l'an dernier, si je me souviens bien, pour une rupture de la rate en raison des moisissures dans sa maison. Les agents doivent constamment prolonger leurs séjours d'une semaine ou deux, car il n'y a personne pour les remplacer. Les agents de la Police provinciale de l'Ontario, qui avaient l'habitude de prendre le relais, ont cessé de le faire au cours des deux dernières années, car leurs budgets ont aussi été coupés.
La question n'a sans doute pas été abordée lors de la conférence, mais quand on parle de planification et d'efficacité pour un service de police comme celui de Nishnawbe-Aski dans le nord-ouest de l'Ontario, qui n'arrive pas à faire son travail... Vous êtes certainement au courant de tous les problèmes dans les collectivités du nord de l'Ontario, en particulier celles qui sont accessibles uniquement par avion, les problèmes de drogue, d'alcool, etc., et tous les autres problèmes qui en découlent.
Y a-t-il quelque chose de prévu, à tout le moins, pour que ces services de police puissent atteindre les mêmes standards qu'ailleurs au pays?
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Les discussions se poursuivent au sujet du programme des services de police des Premières Nations et des investissements qui sont requis.
J'aimerais tout d'abord préciser qu'il ne faut pas oublier que le programme des services de police des Premières Nations vise à fournir des services en sus des services déjà fournis par les provinces. Il n'y a pas de collectivités qui n'ont pas de services de police, car les provinces offrent des services de base partout.
Vous avez soulevé toutefois un problème important pour les services de police au Canada, et c'est celui des collectivités éloignées qui n'ont pas d'accès routier. Ce n'est pas un problème qui touche seulement les collectivités autochtones. Le fait est que nous avons au Canada des collectivités qui ne sont accessibles que par avion, et cela présente des défis. Les collectivités autochtones sont éloignées dans nombre de provinces et territoires, et elles sont donc aux prises avec ce problème de façon générale.
Nous avons fourni des conseils au gouvernement, et il discute de l'avenir du programme avec les provinces et les territoires, ainsi que des fonds requis. Nous examinons les divers aspects des services de police des Premières Nations exactement de la même manière que Mark examine les divers aspects des services de police dans leur ensemble, c'est-à-dire dans l'optique de trouver le modèle le plus efficace et le plus rentable. Nous avons un programme qui coûte 120 millions de dollars, et nous devons prendre le temps d'examiner si ces sommes sont bien investies.
Comme vous l'avez si bien dit, il y a des défis à relever dans ces collectivités au sujet notamment des installations et des outils nécessaires pour assurer les services de police. Nous sommes en pourparlers à l'heure actuelle avec les provinces et les territoires, partout au pays, pour remédier aux problèmes et tenter de trouver les modèles qui nous permettront de bien financer les services nécessaires.
En Alberta, les services de police sont offerts tantôt par les municipalités, tantôt par la GRC, notamment dans la circonscription que je représente, Medicine Hat. Je pense à quelques collectivités notamment. La ville de Brooks, par exemple, utilise les services de la GRC, tandis que celle de Taber, tout comme celle de Medicine Hat, possède un service de police municipal.
Monsieur le sous-commissaire, pourriez-vous me dire, en ce qui a trait aux provinces et aux ententes conclues avec le gouvernement fédéral concernant les services de la GRC, qui paie quoi, notamment dans le cas de la ville de Brooks, qui utilise ces services, et la petite ville de Redcliff?
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Je peux tenter de répondre à votre question de manière générale.
Nous n'avons pas de détails, en deux mots, car, pour être honnête, il n'y a pas eu beaucoup de réductions de coûts dans les services de police au niveau macro au Canada jusqu'à tout récemment, soit la dernière année environ. Cela ne fait que commencer. J'ai parlé de Toronto un peu plus tôt, qui a commencé à réduire son budget, ou du moins à limiter sa croissance. Il serait intéressant de savoir quels changements administratifs ils ont apportés pour y arriver. Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, la GRC s'y emploie actuellement.
Le Royaume-Uni est un autre bon exemple. Le pays s'est doté d'un organisme central qui examine les efforts déployés pour réformer les services de police, ainsi que les économies réalisées. On commence à décortiquer le tout pour savoir ce qui génère ces économies principalement. Est-ce l'utilisation de la technologie? Est-ce le recours à du personnel civil? Est-ce le recours à des services de police multiples, etc.? On s'emploie à le faire.
Nous sommes très loin d'avoir atteint un tel niveau de mesures et de rapports, et qui plus est, la réforme des services de police n'en est pas rendue à un point où nous pourrions mesurer le tout de manière systématique pour obtenir des données anecdotiques sur la situation au Canada. Le Royaume-Uni possède un système de suivi et d'analyse beaucoup plus avancé que le nôtre pour mesurer les efforts de réforme et les gains d'efficacité obtenus.
Le répertoire est un processus continu. C'est un engagement qui a été pris à la rencontre de Charlottetown. Les initiatives prises à un endroit peuvent sembler anodines, mais dans les faits, elles peuvent aussi être un élément fondamental dans les efforts de réforme. Pour un service de police, il n'est pas facile de s'autoanalyser pour apporter des réformes, innover et accroître son efficacité. Il peut donc être très utile pour lui d'avoir accès à des exemples de mesures prises ailleurs au pays ou dans le monde, qui ont fonctionné ou qui n'ont pas fonctionné, pour s'en inspirer et peut-être les adapter en fonction de ses besoins.
Nous sommes encore en train de recueillir de l'information auprès des gouvernements fédéral et provincaux et des services de police. Nous espérons être en mesure de produire bientôt un document que nous pourrons mettre à la disposition de nos collègues provinciaux et territoriaux, d'abord et avant tout, afin qu'ils puissent avoir accès à l'ensemble des données. Nous avons été en mesure de leur présenter une première ébauche au sommet, mais le travail se poursuit et il nous faudra un peu plus de temps pour produire une version finale. Le répertoire sera un outil très important.
Le répertoire s'inspire en outre des initiatives mises en place dans d'autres pays. Aux États-Unis, le ministère de la Justice a un outil en ligne appelé « CrimeSolutions.gov ». Je vous recommande d'y jeter un coup d'oeil. Le site est très bien fait et on y parle de diverses initiatives en lien avec le maintien de l'ordre axé sur la résolution des problèmes, les milieux troubles, l'accroissement des patrouilles dans certains secteurs, les équipes intégrées, etc. On y parle de ces initiatives et des recherches factuelles qui ont été réalisées pour valider leur efficacité. Le site est très facile à consulter. On présente une liste de diverses initiatives qui ont été mises en place un peu partout aux États-Unis, ainsi que le résultat des analyses solides qui ont été menées pour en mesurer l'efficacité. Il serait très utile pour nous au Canada d'avoir un modèle du genre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Il y a beaucoup d'idées que je trouve intéressantes aujourd'hui, d'autant plus que le gouvernement semble s'éloigner, en partie du moins, de son approche traditionnelle en matière de criminalité pour opter plutôt pour l'approche que nous prônions, soit celle de bâtir des collectivités plus sûres.
Comme le ministre n'a pas comparu devant nous, je crois qu'il sera intéressant de voir notre rapport. Je présume qu'il répondra au rapport que nous lui soumettrons sur la question des aspects économiques liés aux services de police. Je suis très heureux de voir, par ailleurs, qu'on met l'accent sur les partenariats et la consultation.
J'aimerais maintenant discuter précisément de santé mentale. Nous avons été à même de constater à quel point les problèmes de santé mentale peuvent coûter cher au système carcéral et à quel point il est difficile d'y remédier. Il y a environ 10 ans, je siégeais à la commission des services de police de ma localité et nous avons discuté des coûts importants que représentaient les problèmes de santé mentale pour notre service de police. Un policier peut devoir, par exemple, rester à l'hôpital avec un patient en crise jusqu'à l'arrivée du médecin. Cela peut prendre six ou sept heures parfois, et c'est du temps qu'il ne peut pas consacrer à la prévention de la criminalité.
J'ai discuté dernièrement avec des chefs de police municipaux et l'inspecteur de la GRC à West Shore dans la circonscription que je représente. Le problème est toujours présent en Colombie-Britannique. Lorsque les gens ont des problèmes de santé mentale et qu'ils sont en crise, même s'il y a des ressources dans la collectivité, il est plutôt rare que cela se produise entre 9 h et 17 h, soit aux heures où les organismes ont l'habitude d'être ouverts. Les crises se produisent plutôt le soir et la fin de semaine, et les seules ressources communautaires disponibles à ce même sont en fait les services de police.
La question a-t-elle été abordée au sommet? Y a-t-il une façon pour nous de nous assurer que dans notre étude, l'on se penche sur les problèmes de santé mentale et le fait que ce sont les policiers qui doivent s'en occuper?
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, je vous souhaite la bienvenue.
Dans l'étude des aspects économiques liés aux services de police, il faut surtout tenir compte des salaires. Vous avez signalé que les coûts sont passés de 6 à 12 milliards de dollars au cours de la dernière décennie et que les salaires des policiers ont augmenté de 40 p. 100.
Ces augmentations ont causé beaucoup de problèmes dans ma circonscription, particulièrement pour bien de petites localités rurales, qui ont éprouvé beaucoup de difficultés à composer avec les coûts des services de police, et qui cherchent toutes sortes de façons de les réduire.
On évoque une augmentation de 40 p. 100 du salaire des policiers, alors que l'augmentation est de 11 p. 100 pour le Canadien moyen.
Monsieur Potter, pouvez-vous m'expliquer pourquoi il y a un tel écart?
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Selon moi, nous sommes quelque peu chanceux au Canada, puisque nous avons été proactifs face à ce problème. Rares sont les problèmes qui donnent la possibilité de se comparer avec ce qui se fait ailleurs dans le monde, d'analyser les tendances dans les autres pays et les nôtres pour nous permettre de nous attaquer à ce problème proactivement avant d'être tenus d'adopter une stratégie radicale ou draconienne. Nous envisageons des mesures judicieuses pour gérer la croissance des coûts des services de police des dernières années au Canada.
Il n'y a pas que les coûts des services de police. Les dépenses publiques ont augmenté à un rythme effréné, tant au Canada que dans bien d'autres pays. Dans certains secteurs des dépenses publiques, vous constatez qu'on s'efforce de trouver des façons de s'adapter aux réalités financières en tablant sur l'amélioration de l'efficacité et de l'efficience.
Les États-Unis et le Royaume-Uni n'ont certes pas eu la chance que nous avons eue. Ces deux pays ont dû composer avec de telles baisses de recettes qu'ils n'ont pas pu se dire: « Très bien, nous allons prendre le temps d'analyser exhaustivement comment améliorer nos services de police, leur efficacité et leur efficience, ainsi que d'élaborer des stratégies judicieuses. » Souvent, il a fallu réagir en quelques mois.
Certaines villes américaines ont fait faillite. Des États américains ont procédé à des réductions de 20, de 30 ou de 40 p. 100 de leur budget affecté aux services de police, et ce, en quelques mois. Le Royaume-Uni met en vigueur des réductions de 15 à 20 p. 100, en fonction des services de police en cause.
Ce sont des réductions importantes. Nous avons la chance d'avoir pu agir proactivement. Ce genre de situation financière ne se répétera pas ici, espérons-le, mais nous devons néanmoins tenir compte de nos réalités financières, comme nous l'avons vu lorsque nous avons examiné l'ensemble de notre situation financière. Il s'agit de donner à l'ensemble des services de police l'occasion d'envisager quelles sont les meilleures stratégies et d'élaborer les solutions opportunes en fonction des besoins des localités et des citoyens, dans le délai qui nous est imparti.
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Comme c'est le cas dans presque tous les domaines, il y a des hauts et des bas.
Je vais survoler la question de la santé mentale des personnes avec lesquelles la police doit composer et les autres genres d'intervention. Prenez le taux de criminalité des dix dernières années. Vous remarquerez qu'il a diminué nettement, alors que les demandes d'intervention ne fluctuent généralement pas. Les policiers s'affairent donc à d'autres tâches, dont intervenir auprès de personnes atteintes de maladie mentale.
Les services de police m'évoquent souvent un cours d'eau. Ils constituent le dernier filet, à bien des égards. Plus il y a d'interventions en amont, moins le filet n'a de prises, ce qui est important sur les plans des coûts, de la gestion des interventions, de la formation et de la complexité du service. Et, surtout, les policiers ne sont pas affectés à des interventions pour lesquelles ils ne possèdent pas les compétences nécessaires.
Le problème se pose certainement dans les petites collectivités, notamment où l'on ne peut compter sur de tels soutiens. Ce qui peut être accompli à l'extérieur du système pour améliorer l'accès et permettre aux localités de se prendre davantage en main, c'est certainement un gage de sécurité pour l'ensemble de la collectivité, ce qui est la priorité absolue.
Je voudrais aborder brièvement trois points.
Dans la foulée de ce qui vient d'être dit, il serait essentiel d'entendre l'avis d'un responsable des services de police de Calgary et peut-être également d'Halifax et de Vancouver. Pendant une demi-journée, j'ai discuté avec des policiers de Calgary sur leur travail. Ce qu'ils font est remarquable. Ils comptent sur l'aide du système de santé de l'Alberta, des écoles, des responsables de la santé mentale, des organismes de désintoxication et des offices du logement. Ils ne se réunissent pas qu'une fois toutes les six semaines, mais comme vous l'avez dit, ils connaissent très bien les personnes auprès de qui ils doivent intervenir, notamment les toxicomanes qui ont commis un délit mineur, qui ont davantage besoin d'aide pour se départir de leur toxicomanie. Ils peuvent donc compter sur l'aide immédiate de ces intervenants, qui ne sont pas des policiers. Dans de tels cas, le policier sait à qui s'adresser.
C'est un excellent modèle qui peut être adapté rapidement à une petite localité comme celle d'où je viens et où les gens se connaissent davantage et savent qui il faut appeler, notamment le responsable de l'office du logement à Morden au Manitoba ou la personne à contacter pour aider quelqu'un à obtenir un traitement. On peut adapter ce modèle. Il suffit tout simplement d'étudier son fonctionnement et de l'adapter à une plus petite ville.
J'espère que nous pourrons convoquer quelqu'un pour nous expliquer tout cela — notamment le chef Rick Hanson —, parce que ce modèle offre de belles possibilités.
Il est intéressant que l'un des plus graves problèmes soit d'ordre pratique: la protection de la vie privée. Il a fallu du temps pour que se noue la collaboration. Les responsables d'un programme ne voulait pas discuter avec ceux d'un autre programme. On prétextait des problèmes de protection de la vie privée. C'est un problème d'ordre pratique. Une fois que ces difficultés ont été aplanies, tous ont baissé la garde et accepté de collaborer.
Monsieur Potter, qu'entendez-vous par « services de police à plusieurs niveaux »? Vous avez utilisé cette expression, qui m'était inconnue auparavant.